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07/02 St Romuald, abbé

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

A Fabriano, translation de S Romuald (1467). Né vers 951, fondateur des Camaldules en 1012. Mort en 1027. Fête en 1595.

Textes de la Messe

(En Carême, on fait seulement mémoire du Saint avec les trois oraisons suivantes)
die 7 februarii
le 7 février
SANCTI ROMUALDI
SAINT ROMUALD
Abbatis
Abbé
III classis (ante CR 1960 : duplex maius)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Os iusti, de Communi Abbatum, cum orationibus ut infra :Messe Os iusti, du Commun des Abbés, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio. CCollecte
Intercéssio nos, quǽsumus, Dómine, beáti Romuáldi Abbátis comméndet : ut, quod nostris méritis non valémus, eius patrocínio assequámur. Per Dóminum nostrum.Que l’intercession du bienheureux Abbé Romuald, nous recommande, s’il vous plaît, auprès de vous, Seigneur, afin que nous obtenions, par son patronage, ce que nous ne pouvons attendre de nos mérites.
Secreta CSecrète
Sacris altáribus, Dómine, hóstias superpósitas sanctus Romuáldus Abbas, quǽsumus, in salútem nobis proveníre depóscat. Per Dóminum.Nous vous en supplions, Seigneur, que Saint Romuald, abbé, nous obtienne que les offrandes déposées sur vos sacrés autels nous soient utiles pour notre salut.
Postcommunio CPostcommunion
Prótegat nos, Dómine, cum tui perceptióne sacraménti beátus Romuáldus Abbas, pro nobis intercedéndo : ut et conversatiónis eius experiámur insígnia, et intercessiónis percipiámus suffrágia. Per Dóminum nostrum.O Seigneur, que le bienheureux Abbé Romuald, nous protège, en intercédant pour nous en ce moment où nous avons reçu votre sacrement, afin que nous imitions les remarquables exemples de sa vie et que nous recevions les fruits de son intercession.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Romuald naquit à Ravenne ; Serge, son père, était de noble race. Il se retira dès sa jeunesse dans le monastère de Classe, proche de la ville pour y faire pénitence. Là, les entretiens d’un saint religieux l’enflammèrent d’un zèle ardent pour la piété. Ayant eu dans l’église, pendant la nuit, deux apparitions de saint Apollinaire, il se fit moine, selon la prédiction que lui avait faite le serviteur de Dieu. Bientôt il se rendit sur les terres des Vénitiens, auprès de Marin, célèbre alors par la sainteté de sa vie et l’austérité de sa discipline, afin de l’avoir pour maître et pour guide dans la voie étroite et sublime de la perfection.

Cinquième leçon. Attaqué par Satan, qui lui dressait des embûches, et par l’envie des hommes, il en devenait d’autant plus humble, s’exerçait assidûment aux jeûnes et à la prière, et se livrait à la méditation des choses célestes, en versant d’abondantes larmes : son visage était néanmoins toujours si joyeux qu’il réjouissait ceux qui le considéraient. Il fut en grand honneur auprès des princes et des rois, et plusieurs, par son conseil, renonçant aux attraits du monde, se retirèrent dans la solitude. Brûlant du désir du martyre, il partit pour la Pannonie dans l’espoir de l’y trouver : mais une maladie qui le tourmentait quand il avançait, et qui lui était enlevée lorsqu’il revenait sur ses pas, le contraignit de s’en retourner.

Sixième leçon. Il fut illustre par des miracles pendant sa vie et après sa mort ; il eut aussi l’esprit de prophétie. Comme le patriarche Jacob, il aperçut en vision une échelle s’élevant de la terre au ciel, par laquelle montaient et descendaient des hommes vêtus de blanc, et il reconnut dans cette vision merveilleuse les moines Camaldules, dont il a fondé l’institut. Enfin, après avoir vécu cent vingt ans et servi Dieu pendant un siècle par la vie la plus austère, il s’en alla vers lui l’an du salut mil vingt-sept. Son corps ayant été trouvé intact cinq ans après sa sépulture, on le déposa avec honneur dans l’église de son Ordre, à Fabriano.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La série des Martyrs est interrompue pour deux jours sur le Cycle sacré ; nous fêtons aujourd’hui un des héros de la pénitence, Romuald, l’ange des forêts de Camaldoli. C’est un des fils du grand patriarche Benoît ; père, après lui, d’une longue postérité. La filiation bénédictine se poursuit, directe, jusqu’à la fin des temps ; mais du tronc de cet arbre puissant sortent en ligne collatérale quatre glorieux rameaux toujours adhérents, et auxquels l’Esprit-Saint a donné vie et fécondité pour de longs siècles ; ce sont : Camaldoli par Romuald, Cluny par Odon, Vallombreuse par Jean Gualbert, et Cîteaux par Robert de Molesmes.

Aujourd’hui, Romuald réclame nos hommages ; et si les Martyrs que nous avons déjà rencontrés, et que nous rencontrerons encore sur la route qui nous conduit à l’expiation quadragésimale, nous offrent un précieux enseignement par le mépris qu’ils ont fait de la vie, les saints pénitents, comme le grand Abbé de Camaldoli, nous présentent une leçon plus pratique encore. Ceux qui sont à Jésus-Christ, dit l’Apôtre, ont crucifié leur chair avec ses vices et ses convoitises [1] ; c’est donc la condition commune de tout chrétien ; mais quel puissant encouragement nous donnent ces généreux athlètes de la mortification qui ont sanctifié les déserts par les œuvres héroïques de leur pénitence, enlevant ainsi toute excuse à notre lâcheté qui s’effraie des légères satisfactions que Dieu exige pour nous rendre ses bonnes grâces ! Acceptons la leçon qui nous est donnée, et offrons de bon cœur au Seigneur que nous avons offensé le tribut de notre repentir, avec les œuvres qui purifient les âmes.

Ami de Dieu, Romuald, que votre vie a été différente de la nôtre ! Nous aimonsle monde et ses agitations ; c’est à peine si la pensée de Dieu traverse quelquefois nos journées d’un fugitif souvenir ; plus rarement encore est-elle le mobile de nos actions. Cependant chaque heure qui s’écoule nous approche de ce moment où nous nous trouverons en face de Dieu, chargés de nos œuvres bonnes et mauvaises, sans que rien ne puisse plus modifier la sentence que nous nous serons préparée. Vous n’avez pas entendu ainsi la vie, ô Romuald ! Il vous a semblé qu’une pensée unique devait la remplir tout entière, un seul intérêt la préoccuper, et vous avez marché constamment en présence de Dieu. Pour n’être pas distrait de ce grand et cher objet, vous avez cherché le désert ; là, sous la règle du saint Patriarche des moines, vous avez lutté contre le démon et la chair ; vos larmes ont lavé vos péchés, si légers en comparaison des nôtres ; votre cœur, régénéré dans la pénitence, a pris son essor d’amour vers le Sauveur des hommes, et vous eussiez voulu lui offrir jusqu’à votre sang. Vos mérites sont notre bien aujourd’hui, par cette heureuse communion que le Seigneur a daigné établir entre les plus saintes âmes et nous pécheurs. Aidez-nous donc dans la carrière de pénitence qui commencera bientôt ; nous avons tant besoin de mettre la faiblesse de nos œuvres à couvert sous la plénitude des vôtres ! Au fond de votre solitude, sous les ombrages de votre Éden de Camaldoli, vous aimiez les hommes vos frères, et jamais ils n’approchèrent de vous sans être captivés par votre aimable et douce charité : montrez-leur que vous les aimez toujours. Souvenez-vous aussi de l’Ordre que vous avez fondé ; fécondez ses restes vénérables, et faites qu’il soit toujours aux âmes que le Seigneur y appelle une échelle sûre pour monter jusqu’à lui.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La fête de ce célèbre réformateur de la vie anachorétique au XIe siècle (+ 1027) qui, au temps des Othons, joua un si grand rôle dans l’histoire de Rome et du suprême pontificat, fut instituée par Clément VIII ; toutefois elle ne fut pas fixée au 19 juin, jour de son trépas, à cause de la fête des martyrs Gervais et Protais, mais au 7 février, anniversaire de la translation de son corps à Fabriano, dans le monastère de Saint-Blaise, où il repose encore.

La messe est celle du Commun des abbés, comme le jour de saint Sabbas, le 5 décembre ; et il est à remarquer que l’austère Grégoire XVI, qui pourtant avait appartenu comme moine à la Congrégation cénobitique des Camaldules, née de saint Romuald, ne crut pas opportun d’apporter à l’office divin quelque modification propre à favoriser le culte envers son saint Fondateur, pas même une oraison spéciale.

A Rome un riche autel est dédié à saint Romuald dans la basilique de Saint-André au Clivus Scauri (devenue Saint-Grégoire) ; en outre il était titulaire d’une petite église située près du forum de Trajan, qui a été détruite il y a quelques années. Le tableau d’André Sacchi, qui en ornait l’autel principal, et représente la fameuse vision de l’échelle par laquelle les moines vêtus de blanc montaient au ciel, se trouve maintenant à la pinacothèque vaticane.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

La pénitence dans l’allégresse du cœur.

Saint Romuald. — Jour de mort : 19 juin 1027. Tombeau : dans le couvent de Saint-Blaise, à Fabriano. Image : on le représente avec l’habit blanc des Camaldules, avec une échelle céleste sur laquelle ses moines montent au ciel. Sa vie : Saint Romuald, le fondateur des Camaldules, hésita dans sa jeunesse entre Dieu et le monde. Mais son père ayant tué un parent en duel, et lui-même ayant été forcé d’assister à cet acte sanglant, il se retira pour une pénitence de quarante jours dans le monastère de Saint-Apollinaire, près de Ravenne, dans lequel il entra ensuite comme moine. Puis il se mit à l’école du solitaire Marin. Il fonda ensuite un Ordre d’ermites qu’on appela les Camaldules, du nom de son célèbre ermitage. C’est un des Ordres d’hommes les plus sévères de l’Occident (à proprement parler, c’est une branche de l’Ordre des Bénédictins). Les religieux vivent dans des petites maisons isolées, observant un silence et un jeûne continuels, s’occupant à la prière et au travail des mains. Romuald avait la grâce particulière de convertir les pécheurs, spécialement les puissants de ce monde. Il mourut vêtu de son cilice, sans s’être jamais couché sur un lit, après avoir passé sa vie dans la plus dure pénitence. Il était âgé d’un peu plus de soixante-dix ans. Son disciple, le saint docteur de l’Église, Pierre Damien, écrivit sa biographie. « La grandeur de sa vie consiste dans une conception et un développement austère et simple, bien que toujours original, de sa vocation religieuse. Romuald était, dans le plus intime de son être, un ascète, un moine. Certes, ce n’était pas un moine possédant cette sérénité calme et assurée, cette mesure et cet équilibre, dont saint Benoît a fait l’idéal du moine, idéal, qu’il a lui-même réalisé dans sa vie. Ce n’était pas non plus un organisateur qui, par une législation sage, perpétue son esprit dans son œuvre. Son image nous rappelle les austères figures monastiques des déserts d’Orient. Il nous fait penser à ces hommes qui, par la plus dure mortification et la plus sévère pénitence, donnèrent à un monde débauché, de sérieux exemples, pour l’amener à la réflexion et la conversion. L’exemple de sa vie fut la prédication la plus efficace. Et ce souvenir perpétue la vie de saint Romuald. »

De la vie de saint Romuald. — Romuald, qui n’était pas très habile dans la lecture, se trompait souvent. Aussitôt Marin, qui se tenait en face de lui, lui donnait un coup de baguette sur la joue gauche. A la fin, Romuald trouva que c’était trop : « Ah ! cher maître », dit-il modestement, « frappez-moi désormais sur la joue droite. Mon oreille gauche est presque sourde. » Le maître fut surpris d’une telle patience et désormais il modéra ses corrections trop sévères. Il avait coutume de dire : « Mieux vaut réciter un — psaume avec piété et componction que d’en réciter cent avec un esprit distrait. » Quand le saint sentit sa fin prochaine, et qu’après tant de pérégrinations, il fut sur le point d’entreprendre le voyage de la céleste patrie, il se retira dans le monastère de Val di Castro. Là il se fit bâtir une petite cellule et une petite chapelle pour attendre la mort dans le silence. Malgré les défaillances de son corps sénile, il ne se coucha pas et, autant que possible, il n’abandonna pas son jeûne austère. Un jour, la respiration devint plus difficile, ses forces l’abandonnèrent et il sentit une grande fatigue. Vers le coucher du soleil, il ordonna aux deux frères qui le veillaient de s’en aller, de fermer la cellule et de ne revenir que pour les Laudes du matin. Cependant, ils restèrent près de la porte et écoutèrent. Au bout d’un certain temps, ils n’entendirent plus de respiration. Ils entrèrent et firent de la lumière. Romuald était décédé comme il l’avait prédit, vingt ans avant, aux frères, dans la solitude et le silence. Aujourd’hui est l’anniversaire de la translation de ses reliques

La messe (Os justi) du commun des Abbés. — L’Abbé occupe une place intermédiaire entre les confesseurs pontifes et les confesseurs non pontifes : il est, dans sa famille religieuse, chef et père, mais il ne possède pas la plénitude du sacerdoce comme l’Évêque. Cela est exprimé dans la messe. Nous le voyons comme l’administrateur fidèle qui est placé à la tête de sa « famille » religieuse pour lui distribuer en temps voulu la juste mesure de froment (Comm. ; le même verset se trouve au Commun des Pontifes, et des docteurs) ; le religieux a suivi le conseil du Seigneur de la manière la plus fidèle, il a « tout quitté », « sa maison, ses frères, son père, sa mère et ses champs », pour l’amour du Seigneur, c’est pourquoi il aura, plus que d’autres, part à la gloire du retour du Seigneur (Év.). Aujourd’hui, au jour de sa mort, il est entré dans la gloire, « le désir de son cœur » a été comblé, il est couronné de la « couronne de pierres précieuses » (Grad. Off.). Nous aussi, nous pouvons, à la messe, participer à cette gloire. Dans la leçon, il est question de son élévation à la dignité d’Abbé et du mystérieux dialogue de Dieu avec lui. Rempli de l’esprit de la plus austère pénitence, Romuald fonda un nouvel Ordre d’ermites. Mais il laissa à ses disciples, avec la charge d’expier pour les autres, la joie du cœur et la liturgie commune. Le visage de ce saint austère était si joyeux que tous ceux qui le voyaient se réjouissaient. Dans la liturgie, nous pouvons unir l’esprit de pénitence et la joie.

[1] Gal. V, 24.