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02/07 Visitation de la Vierge Marie

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

On trouvera un historique et un commentaire de la fête ici.

Textes de la Messe

Die 2 Iulii
Le 2 juillet
IN VISITATIONE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS
VISITATION DE LA BSE VIERGE MARIE
II classis (ante CR 1960 : duplex II classis)
IIème classe (avant 1960 : double IIème classe)
Ant. ad Introitum. Sedulius.Introït
Salve, sancta Parens, eníxa puérpera Regem : qui cælum terrámque regit in sǽcula sæculórum.Salut, ô Mère sainte ; mère qui avez enfanté le Roi qui régit le ciel et la terre dans les siècles des siècles.
Ps. 44, 2.
Eructávit cor meum verbum bonum : dico ego ópera mea Regi.De mon cœur a jailli une parole excellente, c’est que je consacre mes œuvres à mon Roi.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Fámulis tuis, quǽsumus, Dómine, cæléstis grátiæ munus impertíre : ut, quibus beátæ Vírginis partus éxstitit salútis exórdium ; Visitatiónis eius votiva sollémnitas, pacis tríbuat increméntum. Per Dóminum.Seigneur, nous vous prions d’accorder à vos serviteurs le don de la grâce céleste : et, comme l’enfantement de la bienheureuse Vierge a été le principe de leur salut ; qu’ainsi la pieuse solennité de sa Visitation leur procure un accroissement de paix.
Et fit commemoratio Ss. Processi et Martiniani Mm.Et on fait mémoire des Sts Processus et Martinien, Martyrs.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos sanctórum Mártyrum tuórum Procéssi et Martiniáni gloriósis confessiónibus circúmdas et prótegis : da nobis et eórum imitatióne profícere, et intercessióne gaudére. Per Dóminum nostrum.Dieu, vous nous donnez dans la glorieuse profession de foi de vos saints Martyrs Processus et Martinien un gage de votre secours et de votre protection : accordez-nous de profiter de leur exemple et de nous réjouir de leur intercession.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du Livre de la Sagesse.
Cant. 2, 8-14.
Ecce, iste venit sáliens in móntibus, transíliens colles ; símilis est diléctus meus cápreæ hinnulóque cervórum. En, ipse stat post paríetem nostrum, respíciens per fenéstras, prospíciens per cancéllos. En, diléctus meus lóquitur mihi : Surge, própera, amíca mea, colúmba mea, formósa mea, et veni. Iam enim hiems tránsiit, imber ábiit et recéssit. Flores apparuérunt in terra nostra, tempus putatiónis advénit : vox túrturis audíta est in terra nostra : ficus prótulit grossos suos : víneæ floréntes dedérunt odórem suum. Surge, amíca mea, speciósa mea, et veni : colúmba mea in foramínibus petra, in cavérna macériæ, osténde mihi fáciem tuam, sonet vox tua in áuribus meis : vox enim tua dulcis et fácies tua decóra.Voici qu’il vient, bondissant sur les montagnes, sautant sur les collines. Mon bien-aimé est semblable à la gazelle, ou au faon des biches. Le voici, il est derrière notre mur, regardant par la fenêtre, épiant par le treillis. Voici, mon bien-aimé me dit : "Lève-toi, hâte-toi, mon amie, ma colombe, ma belle, et viens ! Car voici que l’hiver est fini ; la pluie a cessé, elle a disparu. Les fleurs ont paru sur notre terre, le temps des chants est arrivé ; la voix de la tourterelle s’est fait entendre dans nos campagnes ; le figuier pousse ses fruits naissants, les vignes en fleur donnent son parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! Ma colombe, qui te tiens dans la fente du rocher, dans l’abri des parois escarpées, montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles ; car ta voix est douce, et ton visage charmant.
Graduale. Graduel
Benedícta et venerábilis es, Virgo María : quæ sine tactu pudóris invénia es Mater Salvatóris.Vous êtes bénie et digne de vénération, Vierge Marie, qui avez été mère du Sauveur, sans que votre pureté ait subi d’atteinte.
V/. Virgo, Dei Génetrix, quem totus non capit orbis, in tua se clausit víscera factus homo.V/. Vierge, Mère de Dieu, Celui que tout l’univers ne peut contenir, s’est enfermé dans votre sein en se faisant homme.
Allelúia, allelúia. V/. Felix es, sacra Virgo María, et omni laude digníssima : quia ex te ortus est sol iustítiæ, Christus, Deus noster. Allelúia.Alléluia, alléluia. V/. Vous êtes heureuse, sainte Vierge Marie, et tout à fait digne de louange, car de vous est sorti le soleil de justice, le Christ notre Dieu. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 1, 39-47.
In illo témpore : Exsúrgens María ábiit in montána cum festinatióne in civitátem Iuda : et intrávit in domum Zacharíæ et salutávit Elísabeth. Et factum est, ut audivit salutatiónem Maríæ Elísabeth, exsultávit infans in útero eius : et repléta est Spíritu Sancto Elísabeth, et exclamávit voce magna et dixit : Benedícta tu inter mulíeres, et benedíctus fructus ventris tui. Et unde hoc mihi, ut véniat Mater Dómini mei ad me ? Ecce enim, ut facta est vox salutatiónis tuæ in áuribus meis, exsultávit in gáudio infans in útero meo. Et beáta, quæ credidísti, quóniam perficiéntur ea, quæ dicta sunt tibi a Dómino. Et ait María : Magníficat ánima mea Dóminum : et exsultávit spíritus meus in Deo, salutári meo.En ces jours-là : Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne, en une ville de Juda. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. Et elle s’écria à haute voix, disant : "Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a cru ! Car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur !" Et Marie dit : "Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur".
Credo
Ant. ad Offertorium.Offertoire
Beáta es, Virgo María, quæ ómnium portásti Creatórem : genuísti qui te fecit, et in ætérnum pérmanes Virgo.Vous êtes bienheureuse, Vierge Marie, qui avez porté le Créateur de toutes choses ; vous avez enfanté celui qui vous a créée, et vous demeurez à jamais Vierge.
Secreta.Secrète
Unigéniti tui, Dómine, nobis succúrrat humánitas : ut, qui, natus de Vírgine, Matris integritátem non mínuit, sed sacrávit ; in Visitatiónis eius sollémniis, nostris nos piáculis éxuens, oblatiónem nostram tibi fáciat accéptam Iesus Christus, Dóminus noster : Qui tecum vivit.Qu’elle nous porte secours, Seigneur, la bonté de votre Fils unique, qui né d’une Vierge, n’a point altéré l’intégrité de sa Mère mais l’a consacrée, afin que nous purifiant de nos fautes en la solennité de sa Visitation, il vous rende notre oblation agréable, lui Jésus-Christ Notre-Seigneur qui…
Pro Ss. MartyribusPour les saints Martyrs
SecretaSecrète
Súscipe, Dómine, preces et múnera : quæ ut tuo sint digna conspéctu. Sanctórum tuórum précibus adiuvémur. Per Dóminum.Recevez, Seigneur, nos supplications ainsi que nos offrandes et pour qu’elles se trouvent dignes de vos regards, faites que nous soyons aidés des prières de vos saints.
Præfatio de B. Maria Virg. Et te in Visitatióne. Préface de la bienheureuse Vierge Marie Et, en la Visitation de la Bse....
Ant. ad Communionem.Communion
Beáta viscera Maríæ Vírginis, quæ portavérunt ætérni Patris Fílium.Bienheureux le sein de la Vierge Marie, qui a porté le Fils du Père éternel.
Postcommunio.Postcommunion
Súmpsimus, Dómine, celebritátis ánnuæ votiva sacraménta : præsta, quǽsumus ; ut et temporális vitæ nobis remédia prǽbeant et ætérnæ. Per Dóminum.Nous avons reçu, Seigneur, les choses saintes qui vous sont offertes en cette solennité annuelle, faites, nous vous en supplions, qu’elles nous donnent les remèdes spirituels utiles à la vie temporelle et conduisant à la vie éternelle.
Pro Ss. MartyribusPour les saints Martyrs
PostcommunioPostcommunion
Córporis sacri et pretiósi Sánguinis repléti libámine, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, quod pia devotióne gérimus, certa redemptióne capiámus. Per eúndem Dóminum.Rassasiés par le Corps sacré et le précieux Sang qui vous ont été offerts en sacrifice, nous vous demandons, ô Seigneur, notre Dieu, que nous possédions, là où notre rédemption sera assurée, ce que nous portons maintenant avec une pieuse dévotion.

Office

La veille.

Avant 1960, on fait mémoire de la Visitation aux 2ndes Vêpres de la Fête du Précieux Sang.

Ant. Beáta es, María, quæ credidísti : perficiéntur in te quæ dicta sunt tibi a Dómino, allelúia. Ant. Vous êtes bienheureuse, Marie, vous qui avez cru : car ce qui vous a été dit par le Seigneur s’accomplira en vous, alléluia [1].
V/. Benedícta tu in muliéribus. V/. Vous êtes bénie entre les femmes [2].
R/. Et benedíctus fructus ventris tui. R/. Et le fruit de votre sein est béni.
OratioPrière
Fámulis tuis, quǽsumus, Dómine, cæléstis grátiæ munus impertíre : ut, quibus beátæ Vírginis partus éxstitit salútis exórdium ; Visitatiónis eius votiva sollémnitas, pacis tríbuat increméntum. Per Dóminum.Seigneur, nous vous prions d’accorder à vos serviteurs le don de la grâce céleste : et, comme l’enfantement de la bienheureuse Vierge a été le principe de leur salut ; qu’ainsi la pieuse solennité de sa Visitation leur procure un accroissement de paix.

A Matines.

Invitatorium Invitatoire
Visitatiónem Vírginis Maríæ celebrémus : * Christum eius Fílium adorémus Dóminum.Célébrons la Visitation de la Vierge Marie, * Adorons son Fils, le Christ, notre Seigneur.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne
Quem terra, pontus, sídera
Colunt, adórant, prǽdicant,
Trinam regéntem máchinam,
Claustrum Maríæ báiulat.
Celui que terre, mer, astres
vénèrent, adorent, annoncent,
Celui qui régit ce triple monde,
Marie le porte caché dans son sein [3].
Cui luna, sol et ómnia
Desérviunt per témpora,
Perfúsa cæli grátia,
Gestant puéllæ víscera.
Celui que lune, soleil et toutes choses
servent en tout temps,
est porté par les entrailles d’une jeune vierge,
toute pénétrée de la grâce céleste.
Beáta Mater múnere,
Cuius, supérnus Artifex
Mundum pugíllo cóntinens,
Ventris sub arca clausus est.
La bienheureuse mère, par la grâce,
dans l’arche [4] de son sein,
renferme l’Artisan suprême
qui tient le monde dans sa main.
Beáta cæli núntio,
Fœcúnda Sancto Spíritu,
Desiderátus géntibus
Cuius per alvum fusus est.
Bienheureuse, à la parole d’un messager du ciel,
féconde par le Saint-Esprit,
et son sein donne au monde
le désiré des nations.
Iesu tibi sit glória,
Qui natus es de Vírgine,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
O Jésus, gloire à vous
qui êtes né de la Vierge,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier,
dans les siècles éternels.
Ainsi soit-il.
In I NocturnoAu 1er Nocturne [5]
Ant. 1 Benedícta tu * in muliéribus, et benedíctus fructus ventris tui.Ant. 1 Vous êtes bénie * entre les femmes et le fruit de votre sein est béni [6].
Psaume 8
Ant. 2 Sicut myrrha * elécta, odórem dedísti suavitátis, sancta Dei Génetrix.Ant. 2 Comme une myrrhe [7] * de choix vous avez exhalé un parfum suave, ô sainte Mère de Dieu [8].
Psaume 18
Ant. 3 Ante torum * huius Vírginis frequentáte nobis dúlcia cántica drámatis.Ant. 3 Devant le trône * de cette Vierge, chantez-nous souvent de doux cantiques qui nous rappellent ses saintes actions.
Psaume 23
V/. Spécie tua et pulchritúdine tua.V/. Dans votre gloire et votre beauté [9].
R/. Inténde, próspere procéde, et regna.R/. Avancez heureusement, avancez et régnez [10].
Lectio i1ère leçon
De Cánticis cánticorum.Du Cantique des cantiques.
Cap. 2, 1-7.
Ego flos campi et lílium convállium. Sicut lílium inter spinas, sic amíca mea inter fílias. Sicut malus inter ligna silvárum, sic diléctus meus inter fílios. Sub umbra illíus quem desideráveram sedi, et fructus eius dulci gútturi meo. Introdúxit me in cellam vináriam, ordinávit in me caritátem. Fulcíte me flóribus, stipáte me malis, quia amóre lángueo. Læva eius sub cápite meo, et déxtera illíus amplexábitur me. Adiúro vos, fíliæ Ierúsalem, per cápreas cervósque campórum, ne suscitétis neque evigiláre faciátis diléctam, quoadúsque ipsa velit.Je suis la fleur des champs et le lis des vallées [11]. Comme le lis entre les épines, ainsi est mon amie entre les filles. Comme le pommier est entre les arbres des forêts, ainsi est mon bien-aimé entre les fils des hommes. A l’ombre de celui que j’avais désiré, je me suis assise ; et son fruit est doux à ma bouche [12]. Il m’a introduite dans son cellier à vin : il a ordonné, en moi, la charité. Soutenez-moi avec des fleurs, fortifiez-moi avec des fruits, parce que je languis d’amour. Sa main gauche sera sous ma tête, et sa main droite m’embrassera. Je vous conjure filles de Jérusalem, par les chevreuils et les cerfs des campagnes, ne dérangez pas et ne réveillez pas la bien-aimée, jusqu’à ce qu’elle-même le veuille.
R/. Surge, própera, amíca mea, formósa mea, et veni : iam enim hiems tránsiit, imber ábiit et recéssit [13] : * Vox túrturis audíta est in terra nostra.R/. Lève-toi, hâte-toi, mon amie, ma toute belle, et viens ; car déjà l’hiver est passé, la pluie est partie, elle s’est retirée : * La voix de la tourterelle a été entendue dans notre terre.
V/. Intrávit María in domum Zacharíæ et salutávit Elísabeth.V/. Marie entra dans la maison de Zacharie, et elle salua Élisabeth [14].
* Vox túrturis audíta est in terra nostra. * La voix de la tourterelle a été entendue dans notre terre.
Lectio ii2e leçon
Cap. 2, 8-13.
Vox dilécti mei : ecce iste venit sáliens in móntibus, transíliens colles. Símilis est diléctus meus cápreæ hinnulóque cervórum. En ipse stat post paríetem nostrum respíciens per fenéstras, prospíciens per cancéllos. En diléctus meus lóquitur mihi : Surge, própera, amíca mea, colúmba mea, formósa mea, et veni. Iam enim hiems tránsiit, imber ábiit et recéssit, flores apparuérunt in terra nostra, tempus putatiónis advénit, vox túrturis audíta est in terra nostra, ficus prótulit grossos suos, víneæ floréntes dedérunt odórem suum.Voix de mon bien-aimé : Le voici qui vient, sautant sur les montagnes, franchissant les collines ; mon bien-aimé est semblable au chevreuil et au faon des biches : le voici qui se tient derrière notre muraille, regardant par les fenêtres, observant au travers des barreaux [15]. Voilà mon bien-aimé qui parle : Lève-toi, hâte-toi, mon amie, ma colombe, ma toute belle, et viens [16]. Car déjà l’hiver est passé, la pluie est partie, elle s’est retirée. Les fleurs ont paru sur notre terre, le temps de tailler la vigne est venu [17] : la voix de la tourterelle a été entendue dans notre terre ; le figuier a poussé ses figues vertes ; les vignes en fleur ont répandu leur odeur.
R/. Quæ est ista quæ procéssit sicut sol, et formósa tamquam Ierúsalem ? [18] * Vidérunt eam fíliæ Sion, et beátam dixérunt, et regínæ laudavérunt eam.R/. Quelle est celle-ci qui s’avance comme le soleil, et belle comme Jérusalem ? * Les filles de Sion l’ont vue et l’ont dite bienheureuse, et les reines l’ont louée [19].
V/. Et sicut dies verni circúmdabant eam flores rosárum et lília convállium.V/. Et comme un jour de printemps, les rosés l’entouraient, ainsi que les lys des vallées [20].
* Vidérunt eam fíliæ Sion, et beátam dixérunt, et regínæ laudavérunt eam. * Les filles de Sion l’ont vue et l’ont dite bienheureuse, et les reines l’ont louée.
Lectio iii3e leçon
Cap. 2, 13-17.
Surge, amíca mea, speciósa mea, et veni, colúmba mea, in foramínibus petræ, in cavérna macériæ, osténde mihi fáciem tuam, sonet vox tua in áuribus meis : vox enim tua dulcis, et fácies tua decóra. Cápite nobis vulpes párvulas, quæ demoliúntur víneas ; nam vínea nostra flóruit. Diléctus meus mihi, et ego illi, páscitur inter lília, donec aspíret dies, et inclinéntur umbræ. Revértere ; símilis esto, dilécte mi, cápreæ hinnulóque cervórum super montes Bether.Lève-toi, mon amie, mon éclatante beauté, et viens ; ma colombe cachée dans les trous de la pierre, dans le creux du mur de l’enclos, montre-moi ta face, que ta voix retentisse à mes oreilles ; car ta voix est douce et ta face gracieuse. Prenez-nous les petits renards qui ravagent les vignes : car notre vigne a fleuri. Mon bien-aimé est à moi et moi à lui (qui se repaît parmi les lis) jusqu’à ce que le jour paraisse et que les ombres s’enfuient. Retourne, sois semblable, mon bien-aimé, au chevreuil et au faon des biches sur les montagnes de Béther.
R/. Repléta est Spíritu Sancto Elísabeth et exclamávit : Benedícta tu inter mulíeres, et benedíctus fructus ventris tui [21] : * Et unde hoc mihi, ut véniat mater Dómini mei ad me ?R/. Élisabeth fut remplie du Saint-Esprit, et s’écria : Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de votre sein est béni : * Et d’où m’arrive-t-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ?
V/. Ecce enim, ut facta est vox salutatiónis tuæ in áuribus meis, exsultávit in gáudio infans in útero meo.V/. Car, dès que la voix de votre salutation est venue à mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein.
* Et unde hoc mihi, ut véniat mater Dómini mei ad me ? Glória Patri. * Et unde hoc mihi, ut véniat mater Dómini mei ad me ?* Et d’où m’arrive-t-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ? Gloire au Père. * Et d’où m’arrive-t-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ?
In II NocturnoAu 2nd Nocturne [22]
Ant. 4 Spécie tua * et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde, et regna.Ant. 4 Dans votre dignité * et votre beauté, avancez, avancez avec succès et régnez [23].
Psaume 44
Ant. 5 Adiuvábit eam * Deus vultu suo : Deus in médio eius, non commovébitur.Ant. 5 Dieu la protège * de son regard : Dieu est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée [24].
Psaume 45
Ant. 6 Sicut lætántium * ómnium nostrum habitátio est in te, sancta Dei Génetrix.Ant. 6 Comme celui de tous ceux qui possèdent la vraie joie [25], * notre refuge est en vous, sainte Mère de Dieu [26].
Psaume 86
V/. Adiuvábit eam Deus vultu suo.V/. Dieu la protège de son regard [27].
R/. Deus in médio eius, non commovébitur.R/. Dieu est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée.
Lectio iv4e leçon
Sermo sancti Ioánnis Chrysóstomi.Sermon de saint Jean Chrysostome.
Apud Metaphr. mense Iulio
Cum ad nos advenísset Redémptor nostri géneris, venit prótinus ad suum amícum Ioánnem, dum adhuc esset in ventre matris. Quem cum ex útero in útero aspexísset Ioánnes, términos natúræ concútiens, exclámat : Vídeo Dóminum, qui natúræ impósuit términos, et non exspécto tempus nascéndi. Novem ménsium tempus mihi non est hic necessárium ; in me est enim, qui est ætérnus. Egrédiar ex hoc tenebróso tabernáculo, rerum admirabílium compendiósam prædicábo cognitiónem. Sum signum : significábo Christi advéntum. Sum tuba : próferam Fílii Dei in carne dispensatiónem. Tuba canam ; eo ipso patérnæ linguæ benedícam, et eam traham, ut loquátur. Tuba canam, eo ipso patérnæ linguæ benedícam, et eam traham, ut loquátur. Tuba canam, et úterum matérnum vivificábo.Lorsque le Rédempteur de notre race fut venu, il alla aussitôt près de Jean, son ami, tandis que celui-ci était encore dans le sein de sa mère. Du sein d’Élisabeth, Jean reconnut Jésus-Christ dans le sein de Marie ; et faisant tressaillir son enveloppe naturelle, il s’écrie : Je vois le Seigneur, qui a établi des limites à la nature et je n’attends pas le temps de naître : le terme des neuf mois ne m’est point ici nécessaire, car j’ai en moi celui qui est éternel ; je sortirai de cette demeure ténébreuse, je prêcherai la connaissance sommaire de choses admirables. Je suis un signe : je présagerai l’avènement du Christ. Je suis une trompette : j’annoncerai le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu. Je retentirai comme une trompette, je bénirai la langue de mon père et la délierai afin qu’elle parle. Je retentirai comme une trompette, et je vivifierai le sein de ma mère.
R/. Ecce iste venit sáliens in móntibus, transíliens colles : * Símilis est diléctus meus cápreæ hinnulóque cervórum.R/. Le voici qui vient, sautant sur les montagnes, franchissant les collines [28] : * Mon bien-aimé est semblable au chevreuil et au faon des biches.
V/. Exsultávit ut gigas ad curréndam viam, a summo cælo egréssio eius.V/. Il s’est élancé comme un géant pour parcourir sa carrière ; à l’extrémité du ciel est sa sortie [29].
* Símilis est diléctus meus cápreæ hinnulóque cervórum. * Mon bien-aimé est semblable au chevreuil et au faon des biches.
Lectio v5e leçon
Vides, o dilécte, quam sit novum et admirábile mystérium. Nondum náscitur, et sáltibus lóquitur ; nondum appáret, et minas inténtat ; nondum ei permíttitur clamáre, et per facta audítur ; nondum ducit vitam, et Deum prǽdicat ; nondum áspicit lucem, et solem índicat ; nondum páritur, et próperat præcúrrere. Non fert enim, præsénte Dómino, continéri ; non sústinet natúræ exspectáre términos ; sed conténdit rúmpere cárcerem ventris, et studet præsignificáre veniéntem Salvatórem. Accéssit, inquit, qui solvit víncula ; et quid ego sédeo vinctus, et retíneor ut máneam ? Venit Verbum, ut ómnia constítuat ; et ego adhuc máneo deténtus ? Exíbo, præcúrram, et prædicábo ómnibus : Ecce Agnus Dei, qui tollit peccátum mundi.Tu vois, ô bien-aimé, combien ce mystère est nouveau et admirable. Jean n’est pas encore né, et il s’exprime par des tressaillements ; il ne paraît pas encore, et il adresse des menaces ; il n’est pas encore en état de pousser des cris, et il se fait entendre par des actes ; il n’a pas commencé sa vie, et il publie la gloire de Dieu ; il ne voit pas encore la lumière, et il montre le vrai Soleil ; il n’est pas encore mis au monde, et il se hâte d’agir en précurseur. Car, à la présence du Seigneur, il ne peut plus se contenir, il ne supporte pas d’attendre le terme fixé par la nature ; mais il s’efforce de rompre la prison du sein de sa mère et il s’applique à faire connaître d’avance l’avènement du Sauveur. Il est arrivé, dit-il, celui qui brise les entraves : et pourquoi, moi, reste-je là enchaîné, et suis-je là pour y demeurer ? Le Verbe est arrivé pour constituer toutes choses : et moi je reste encore ici captif ! Je sortirai, je courrai en avant, à tous je dirai bien haut : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » [30].
R/. Congratulámini mihi, omnes qui dilígitis Dóminum : quia cum essem párvula, plácui Altíssimo, * Et de meis viscéribus génui Deum et hóminem.R/. Vous tous qui aimez le Seigneur, réjouissez-vous avec moi, parce que comme j’étais petite [31], j’ai plu au Très-Haut : * Et de mes entrailles j’ai enfanté le Dieu-Homme.
V/. Beátam me dicent omnes generatiónes, quia ancíllam húmilem respéxit Deus.V/. Toutes les générations me diront bienheureuse, parce que Dieu a regardé son humble servante [32].
* Et de meis viscéribus génui Deum et hóminem. * Et de mes entrailles j’ai enfanté le Dieu-Homme.
Lectio vi6e leçon
Sed dic nobis, Ioánnes, cum adhuc in tenebróso matris útero contineáris, quómodo intuéris et audis ? quómodo res divínas contempláris ? quómodo éxsilis et exsúltas ? Magnum est, inquit, quod perágitur mystérium, et actus ab humána remótus comprehensióne. Mérito ínnovo natúram propter eum, qui est innovatúrus ea quæ sunt supra natúram. Vídeo, etsi adhuc in útero sim ; quóniam in útero gestári vídeo solem iustítiæ. Auribus percípio, quóniam nascor vox magni Verbi. Exclámo, quóniam Fílium Patris unigénitum consídero carne indútum. Exsúlto, quóniam univérsi Effectórem vídeo formam, hóminis suscípere. Exsílio, quóniam mundi Redemptórem cógito incorporátum. Præcúrro advéntum eius, et quodámmodo vobis prǽeo confessióne.Mais dis-nous, Jean, comment, encore enfermé dans l’obscure demeure du sein maternel, peux-tu voir et entendre ? Comment contemples-tu les choses divines ? Comment peux-tu avoir des tressaillements et des transports ? C’est là, dit-il, un grand mystère qui s’accomplit, et un acte qui dépasse l’intelligence humaine. Il faut bien que j’innove dans l’ordre naturel, à cause de celui qui doit innover dans l’ordre surnaturel. Je vois, étant encore dans le sein de ma mère, parce que le Soleil que porte le sein virginal m’éclaire et me fait voir. Mes oreilles entendent parce que je nais pour être la voix de celui qui est le Verbe par excellence. Je jette des exclamations, parce que je considère le Fils unique de Dieu enveloppé de chair. J’exulte, parce que je vois le Créateur de l’univers s’approprier la nature humaine. Je suis transporté, parce que le Rédempteur du monde a pris un corps. Je suis le Précurseur de son avènement, et je viens en quelque sorte au-devant de vous pour en témoigner.
R/. Beáta quæ credidísti, quóniam perficiéntur in te quæ dicta sunt tibi a Dómino. Et ait María [33] : * Magníficat ánima mea Dóminum.R/. Vous êtes bienheureuse, vous qui avez cru, car ce qui a été dit par le Seigneur s’accomplira en vous. Et Marie dit : * Mon âme glorifie le Seigneur.
V/. Veníte, et audíte, et narrábo quanta fecit Deus ánimæ meæ.V/. Venez et écoutez, et je raconterai quelles grandes choses Dieu a faites pour mon âme [34].
* Magníficat ánima mea Dóminum. Glória Patri. * Magníficat ánima mea Dóminum.* Mon âme glorifie le Seigneur. Gloire au Père. * Mon âme glorifie le Seigneur.
In III NocturnoAu 3ème Nocturne [35]
Ant. 7 Gaude, María Virgo : * cunctas hǽreses sola interemísti in univérso mundo.Ant. 7 Réjouissez-vous, Vierge Marie : * vous seule avez détruit toutes les hérésies dans le monde entier [36].
Psaume 95
Ant. 8 Dignáre me * laudáre te, Virgo sacráta : da mihi virtútem contra hostes tuos.Ant. 8 Rendez-moi digne * de vous louer, ô Vierge sainte ; donnez-moi de la force contre vos ennemis [37].
Psaume 96
Ant. 9 Post partum, * Virgo, ínvioláta permansísti : Dei Génetrix, intercéde pro nobis.Ant. 9 Après l’enfantement, * ô Vierge vous êtes demeurée dans votre intégrité première ; Mère de Dieu, intercédez pour nous.
Psaume 97
V/. Elégit eam Deus, et præelégit eam.V/. Dieu l’a élue et choisie avec prédilection.
R/. In tabernáculo suo habitáre facit eam.R/. Il l’a fait habiter dans son tabernacle.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
Cap. 1, 39-47.
In illo témpore : Exsúrgens María ábiit in montána cum festinatióne in civitáte Iuda : et intrávit in domum Zacharíæ, et salutávit Elísabeth. Et réliqua.En ce temps-là : Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne, en une ville de Juda. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Et le reste.
Homilía sancti Ambrósii Epíscopi.Homélie de saint Ambroise, Évêqu.
Liber 2 Comment. in Lucæ cap. 1, post initium
Contuéndum est, quia supérior venit ad inferiórem, ut inférior adiuvétur : María ad Elísabeth, Christus ad Ioánnem. Dénique étiam póstea, ut sanctificáret baptísmum Ioánnis, Dóminus venit ad baptísmum. Cito quoque advéntus Maríæ et præséntiæ divínæ benefícia declarántur. Vide distinctiónem singulorúmque verbórum proprietátem. Vocem prior Elísabeth audívit, sed Ioánnes prior grátiam sensit. Illa natúræ órdine audívit, iste exsultávit ratióne mystérii. Illa Maríæ, iste Dómini sensit advéntum. Istæ grátiam loquúntur, illi intus operántur, pietatísque mystérium matérnis adoriúntur proféctibus ; duplicíque miráculo prophétant matres spíritu parvulórum. Exsultávit infans, repléta est mater. Non prius mater repléta, quam fílius ; sed, cum fílius esset replétus Spíritu Sancto, replévit et matrem.Remarquons-le : la supériorité vient à l’infériorité pour lui être utile ; Marie se rend vers Élisabeth, le Christ va trouver Jean. C’est aussi pour sanctifier le baptême de Jean, que le Seigneur ira plus tard à ce baptême. Remarquons en outre que les bienfaits de la divine présence ne tardent pas à se manifester. Distinguez bien tout, et notez la signification propre de chacun des termes. Ce fut Élisabeth qui, la première, entendit la voix, suivant l’ordre de la nature ; mais Jean fut le premier à recevoir la grâce, d’après l’économie du mystère. Élisabeth s’est ressentie de l’approche de Marie, et Jean, de l’approche du Seigneur. Élisabeth et Marie s’entretiennent de la grâce ; les deux enfants la produisent en elles : mystérieux et premier office d’une piété filiale qui s’annonce par les biens procurés à leurs mères ; un double miracle fait qu’elles prophétisent l’une et l’autre sous l’inspiration de leurs enfants. Jean tressaillit. Élisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint ; la mère n’est pas remplie avant son fils, mais le fils a été rempli d’abord, et ensuite il remplit sa mère.
R/. Beátam me dicent omnes generatiónes, * Quia fecit mihi Dóminus magna qui potens est, et sanctum nomen eius.R/. Toutes les générations me diront bienheureuse [38] : * Car le Seigneur, lui qui est puissant, m’a fait de grandes choses, et son nom est saint.
V/. Et misericórdia eius a progénie in progénies timéntibus eum.V/. Et sa miséricorde se répand d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
* Quia fecit mihi Dóminus magna qui potens est, et sanctum nomen eius.* Car le Seigneur, lui qui est puissant, m’a fait de grandes choses, et son nom est saint.
Lectio viii8e leçon
Et unde hoc mihi, ut véniat Mater Dómini mei ad me ? Hoc est, Quo tantum bonum mihi áccidit, ut mater Dómini mei véniat ad me ? Miráculum séntio, agnósco mystérium : Mater Dómini Verbo fœta, Deo plena est. Mansit autem María cum illa ménsibus tribus, et revérsa est in domum suam. Bene indúcitur sancta María et exhibuísse offícium, et mýsticum númerum custodísse.« Et d’où me vient-il que la Mère de mon Seigneur me visite ? [39] » Ce qui veut dire : Quel grand bien c’est pour moi, que la Mère de mon Seigneur me visite ! J’aperçois le miracle, je m’explique le mystère : celle qui est appelée ici la Mère du Seigneur a conçu le Verbe, elle est remplie de la divinité. « Or, Marie demeura trois mois avec Élisabeth, et s’en retourna dans sa maison » [40]. L’Évangéliste a bien raison de nous présenter la sainte Vierge accomplissant un devoir de charité et observant, dans la durée de son séjour, un nombre consacré.
R/. Felix namque es, sacra Virgo María, et omni laude digníssima : * Quia ex te ortus est sol iustítiæ, * Christus, Deus noster.R/. Vous êtes heureuse, sainte Vierge Marie, et grandement digne de toute louange : * Car c’est de vous qu’est sorti le soleil de justice, * le Christ notre Dieu.
V/. Ora pro pópulo, intérveni pro clero, intercéde pro devóto femíneo sexu : séntiant omnes tuum iuvámen, quicúmque célebrant tuam sanctam Visitatiónem.V/. Priez pour le peuple, intervenez en faveur du clergé, intercédez pour les femmes consacrées par vœu ; qu’ils éprouvent tous votre assistance, ceux qui célèbrent votre sainte Visitation.
* Quia ex te ortus est sol iustítiæ. Glória Patri. * Christus, Deus noster.* Car c’est de vous qu’est sorti le soleil de justice. Gloire au Père. * Le Christ notre Dieu.
Lectio ix9e leçon
Non enim sola familiaritátis est causa quod diu mansit, sed étiam tanti vatis proféctus. Nam, si primo ingréssu tantus proféctus éxstitit, ut ad salutatiónem Maríæ exsultáret infans in útero, replerétur Spíritu Sancto mater infántis ; quantum putámus usu tanti témporis sanctæ Maríæ addidísse præséntiam ? Ungebátur ítaque, et quasi bonus athléta exercebátur in útero matris Prophéta ; amplíssimo enim virtus eius certámini parabátur.En effet, elle ne resta pas tout ce temps auprès d’Élisabeth uniquement pour jouir de son intimité : ce fut encore au profit d’un si grand Prophète. Car s’il y eut de prime abord un effet de grâce si prodigieux, qu’à la salutation de Marie, Jean tressaillit dans le sein de sa mère, et que celle-ci fut remplie de l’Esprit-Saint, combien, pensons-nous, que dans toute la durée de la visite, la présence de Marie y ait surajouté ? C’est ainsi que le Précurseur reçut l’onction du Saint-Esprit et fut exercé dans le sein de sa mère, comme un athlète vaillant. C’est ainsi que sa vigueur était préparée en vue des plus rudes combats.
Te Deum

A Laudes.

Ant. 1 Exsúrgens María * ábiit in montána cum festinatióne, in civitátem Iuda.Ant. 1 Marie, se levant, * s’en alla en grande hâte en une ville de Juda [41].
Psaume 92
Ant. 2 Intrávit María * in domum Zacharíæ, et salutávit Elísabeth.Ant. 2 Marie entra * dans la maison de Zacharie, et elle salua Élisabeth [42].
Psaume 99
Ant. 3 Ut audívit * salutatiónem Maríæ Elísabeth, exsultávit infans in útero eius, et repléta est Spíritu Sancto, allelúia.Ant. 3 Quand fut entendue * par Élisabeth la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit, alléluia [43].
Psaume 62
Ant. 4 Benedícta * tu inter mulíeres, et benedíctus fructus ventris tui.Ant. 4 Vous êtes bénie * entre les femmes, et le fruit de votre sein est béni [44].
Cantique des trois Enfants
Ant. 5 Ex quo facta est * vox salutatiónis tuæ in áuribus meis, exsultávit infans in útero meo, allelúia.Ant. 5 Dès qu’est parvenu * à mes oreilles le son de votre salutation, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein, alléluia [45].
Psaume 148
Capitulum Eccli. 24. 14. Capitule
Ab inítio et ante sǽcula creáta sum, et usque ad futúrum sǽculum non désinam, et in habitatióne sancta coram ipso ministrávi.Dès le commencement et avant tous les siècles, j’ai été créée, et dans la suite des âges je ne cesserai point d’être ; et, dans la demeure sainte, j’ai exercé devant lui mon ministère [46].
Hymnus Hymne
O gloriósa vírginum,
Sublímis inter sídera,
Qui te creávit, párvulum
Lacténte nutris úbere.
O la plus glorieuse des vierges,
élevée au-dessus des astres,
vous nourrissez du lait de votre sein
Celui qui vous a créée, devenu petit enfant.
Quod Heva tristis ábstulit,
Tu reddis almo gérmine :
Intrent ut astra flébiles,
Cæli reclúdis cárdines.
Vous nous rendez par votre auguste Fils,
ce dont Ève nous avait malheureusement privés :
vous ouvrez les portes du ciel
pour y faire entrer ceux qui pleurent.
Tu Regis alti iánua
Et aula lucis fúlgida :
Vitam datam per Vírginem,
Gentes redémptæ, pláudite.
Vous êtes la porte du grand Roi,
et son palais, éclatant de lumière :
Nations rachetées, célébrez toutes la vie
qui nous est donnée par cette Vierge.
Iesu tibi sit glória,
Qui natus es de Vírgine,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
O Jésus, gloire à vous
qui êtes né de la Vierge,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier,
dans les siècles éternels.
Ainsi soit-il.
V/. Benedícta tu in muliéribus. V/. Vous êtes bénie entre les femmes [47].
R/. Et benedíctus fructus ventris tui. R/. Et le fruit de votre sein est béni.
Ad Bened. Ant. Cum audísset * salutatiónem Maríæ Elísabeth, exclamávit voce magna et dixit : Unde hoc mihi, ut véniat Mater Dómini mei ad me ? allelúia. Ant. au Benedictus Lorsqu’elle eut entendu * la salutation de Marie, Élisabeth s’écria d’une voix forte : D’où m’arrive-t-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ? Alléluia [48].
Benedictus
OratioPrière
Fámulis tuis, quǽsumus, Dómine, cæléstis grátiæ munus impertíre : ut, quibus beátæ Vírginis partus éxstitit salútis exórdium ; Visitatiónis eius votiva sollémnitas, pacis tríbuat increméntum. Per Dóminum.Seigneur, nous vous prions d’accorder à vos serviteurs le don de la grâce céleste : et, comme l’enfantement de la bienheureuse Vierge a été le principe de leur salut ; qu’ainsi la pieuse solennité de sa Visitation leur procure un accroissement de paix.
Ad Laudes tantum fit commemoratio Ss. Processi et Martiniani Mm. : A Laudes seulement, on fait mémoire des Sts Processus et Martinien, Martyrs :
Ant. Vestri capílli cápitis omnes numeráti sunt : nolíte timére : multis passéribus melióres estis vos. Ant. Les cheveux de votre tête sont tous comptés ; ne craignez point, vous valez plus qu’un grand nombre de passereaux.
V/. Exsultábunt Sancti in glória. V/. Les Saints tressailliront d’allégresse dans la gloire.
R/. Lætabúntur in cubílibus suis. R/. Ils se réjouiront dans le lieu de leur repos.
OratioPrière
Deus, qui nos sanctórum Mártyrum tuórum Procéssi et Martiniáni gloriósis confessiónibus circúmdas et prótegis : da nobis et eórum imitatióne profícere, et intercessióne gaudére. Per Dóminum nostrum.Dieu, vous nous donnez dans la glorieuse profession de foi de vos saints Martyrs Processus et Martinien un gage de votre secours et de votre protection : accordez-nous de profiter de leur exemple et de nous réjouir de leur intercession.

Aux 2èmes Vêpres.

Ant. 1 Exsúrgens María * ábiit in montána cum festinatióne, in civitátem Iuda.Ant. 1 Marie, se levant, * s’en alla en grande hâte en une ville de Juda [49].
Psaume 109
Ant. 2 Intrávit María * in domum Zacharíæ, et salutávit Elísabeth.Ant. 2 Marie entra * dans la maison de Zacharie, et elle salua Élisabeth [50].
Psaume 112
Ant. 3 Ut audívit * salutatiónem Maríæ Elísabeth, exsultávit infans in útero eius, et repléta est Spíritu Sancto, allelúia.Ant. 3 Quand fut entendue * par Élisabeth la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit, alléluia [51].
Psaume 121
Ant. 4 Benedícta * tu inter mulíeres, et benedíctus fructus ventris tui.Ant. 4 Vous êtes bénie * entre les femmes, et le fruit de votre sein est béni [52].
Psaume 126
Ant. 5 Ex quo facta est * vox salutatiónis tuæ in áuribus meis, exsultávit infans in útero meo, allelúia.Ant. 5 Dès qu’est parvenu * à mes oreilles le son de votre salutation, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein, alléluia [53].
Psaume 147
Capitulum Eccli. 24. 14. Capitule
Ab inítio et ante sǽcula creáta sum, et usque ad futúrum sǽculum non désinam, et in habitatióne sancta coram ipso ministrávi.Dès le commencement et avant tous les siècles, j’ai été créée, et dans la suite des âges je ne cesserai point d’être ; et, dans la demeure sainte, j’ai exercé devant lui mon ministère [54].
Hymnus Hymne
Prima stropha sequentis Hymni dicitur flexis genibus. La première strophe de l’Hymne suivante est dite à genoux.
Ave, maris stella,
Dei Mater alma,
Atque semper Virgo,
Felix cæli porta.
Salut, étoile de la mer,
Mère de Dieu féconde,
Salut, ô toujours Vierge,
Porte heureuse du ciel !
Sumens illud Ave
Gabriélis ore,
Funda nos in pace,
Mutans Hevæ nomen.
Vous qui de Gabriel
Avez reçu l’Ave,
Fondez-nous dans la paix,
Changeant le nom d’Ève [55].
Solve vincla reis,
Profer lumen cæcis,
Mala nostra pelle,
Bona cuncta posce.
Délivrez les captifs,
Éclairez les aveugles,
Chassez loin tous nos maux,
Demandez tous les biens.
Monstra te esse matrem,
Sumat per te preces,
Qui pro nobis natus
Tulit esse tuus.
Montrez en vous la Mère,
Vous-même offrez nos vœux
Au Dieu qui, né pour nous,
Voulut naître de vous.
Virgo singuláris,
Inter omnes mitis,
Nos, culpis solútos,
Mites fac et castos.
O Vierge incomparable,
Vierge douce entre toutes,
Affranchis du péché,
Rendez-nous doux et chastes
Vitam præsta puram,
Iter para tutum,
Ut, vidéntes Iesum,
Semper collætémur.
Donnez une vie pure,
Préparez un chemin sûr [56],
Pour que voyant Jésus
Notre liesse soit éternelle.
Sit laus Deo Patri,
Summo Christo decus,
Spirítui Sancto,
Tribus honor unus.
Amen.
Louange à Dieu le Père,
Gloire au Christ souverain,
Louange au Saint-Esprit,
Aux trois un seul hommage.
Amen.
V/. Benedícta tu in muliéribus. V/. Vous êtes bénie entre les femmes [57].
R/. Et benedíctus fructus ventris tui. R/. Et le fruit de votre sein est béni.
Ad Magnificat Ant. Beátam me dicent * omnes generatiónes, quia ancíllam húmilem respéxit Deus, allelúia. Ant. au Magnificat Elles me diront bienheureuse, * toutes les générations, parce que Dieu a regardé son humble servante, alléluia [58].
Magnificat
OratioPrière
Fámulis tuis, quǽsumus, Dómine, cæléstis grátiæ munus impertíre : ut, quibus beátæ Vírginis partus éxstitit salútis exórdium ; Visitatiónis eius votiva sollémnitas, pacis tríbuat increméntum. Per Dóminum.Seigneur, nous vous prions d’accorder à vos serviteurs le don de la grâce céleste : et, comme l’enfantement de la bienheureuse Vierge a été le principe de leur salut ; qu’ainsi la pieuse solennité de sa Visitation leur procure un accroissement de paix.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Déjà, dans les jours qui précédèrent la naissance du Sauveur, la visite de Marie à sa cousine Élisabeth a fait l’objet de nos méditations. Mais il convenait de revenir sur une circonstance aussi importante de la vie de Notre-Dame ; la simple mémoire de ce mystère, au Vendredi des Quatre-Temps de l’Avent, ne suffisait point à faire ressortir ce qu’il renferme par lui-même d’enseignement profond et de sainte allégresse. En se complétant dans le cours des âges, la sainte Liturgie devait exploiter cette mine précieuse, à l’honneur de la Vierge-mère. L’Ordre de saint François et quelques églises particulières, comme celles du Mans, de Reims et de Paris, avaient déjà pris les devants, lorsqu’Urbain VI, en l’année 1389, institua la solennité du présent jour. Le Pape conseillait le jeûne en la vigile de la fête, et ordonnait qu’elle fût suivie d’une Octave ; il accordait à sa célébration les mêmes indulgences qu’Urbain IV avait, dans le siècle précédent, attachées à la fête du Corps du Seigneur. La bulle de promulgation, arrêtée par la mort du Pontife, fut reprise et publiée par Boniface IX qui lui succéda sur le Siège de saint Pierre.

Nous apprenons des Leçons de l’Office primitivement composé pour cette fête, que le but de son institution avait été, dans la pensée d’Urbain, d’obtenir la cessation du schisme qui désolait alors l’Église. Exilée de Rome durant soixante-dix ans, la papauté venait d’y rentrer à peine ; l’enfer, furieux d’un retour qui contrariait ses plans opposés là comme partout à ceux du Seigneur, s’en était vengé en parvenant à ranger sous deux chefs le troupeau de l’unique bercail. Telle était l’obscurité dont de misérables intrigues avaient su couvrir l’autorité du légitime pasteur, qu’on vit nombre d’églises hésiter de bonne foi et, finalement, préférer la houlette trompeuse du mercenaire. Les ténèbres devaient même s’épaissir encore, et la nuit devenir un moment si profonde, que les ordres de trois papes en présence allaient se croiser sur le monde, sans que le peuple fidèle, frappé de stupeur, parvînt à discerner sûrement la voix du Vicaire du Christ. Jamais situation plus douloureuse n’avait été faite à l’Épouse du Fils de Dieu. Mais Notre-Dame, vers qui s’était tourné le vrai Pontife au début de l’orage, ne fit point défaut à la confiance de l’Église. Durant les années que l’insondable justice du Très-Haut avait décrété de laisser aux puissances de l’abîme, elle se tint en défense, maintenant si bien la tête de l’ancien serpent sous son pied vainqueur, qu’en dépit de l’effroyable confusion qu’il avait soulevée, sa bave immonde ne put souiller la foi des peuples ; leur attachement restait immuable à l’unité de la Chaire romaine, quel qu’en fût dans cette incertitude l’occupant véritable. Aussi l’Occident, disjoint en fait, mais toujours un quant au principe, se rejoignit comme de lui-même au temps marqué par Dieu pour ramener la lumière. Cependant, l’heure venue pour la Reine des saints de prendre l’offensive, elle ne se contenta pas de rétablir dans ses anciennes positions l’armée des élus ; l’enfer dut expier son audace, en rendant à l’Église les conquêtes mêmes qui lui semblaient depuis des siècles assurées pour jamais. La queue du dragon n’avait point encore fini de s’agiter à Bâle, que Florence voyait les chefs du schisme grec, les Arméniens, les Éthiopiens, les dissidents de Jérusalem, de Syrie et de Mésopotamie, compenser par leur adhésion inespérée au Pontife romain les angoisses que l’Occident venait de traverser.

Il restait à montrer qu’un pareil rapprochement des peuples au sein même de la tempête, était bien l’œuvre de celle que le pilote avait, un demi-siècle auparavant, appelée au secours de la barque de Pierre. On vit les factieux de l’assemblée de Bâle en donner la preuve, trop négligée par des historiens qui ne soupçonnent plus l’importance des grands faits liturgiques dans l’histoire de la chrétienté ; sur le point de se séparer, les derniers tenants du schisme consacrèrent la quarante-troisième session de leur prétendu concile à promulguer, pour ses adhérents, cette même fête de la Visitation en l’établissement de laquelle Urbain VI avait dès l’abord mis son espoir. Malgré la résistance de quelques obstinés, le schisme était vraiment fini dès lors ; l’orage se dissipait : le nom de Marie, invoqué des deux parts, resplendissait comme le signe de la paix sur les nuées [59]. Ainsi l’arc-en-ciel unit dans sa douce lumière les extrémités opposées de l’horizon. Contemplez-le, dit l’Esprit-Saint, et bénissez celui qui l’a fait ; car il est beau dans sa splendeur ! Il embrasse les cieux dans le circuit de sa gloire [60].

Si l’on se demande pourquoi Dieu voulut que le mystère de la Visitation, et non un autre, devînt, par cette solennité qui lui fut consacrée, le monument de la paix reconquise : il est facile d’en trouver la raison dans la nature même de ce mystère et les circonstances où il s’accomplit.

C’est là surtout que Marie apparaît, en effet, comme la véritable arche d’alliance : portant en elle, non plus les titres périmés du pacte de servitude conclu au bruit du tonnerre entre Jéhovah et les Juifs ; mais l’Emmanuel, témoignage vivant d’une réconciliation plus vraie, d’une alliance plus sublime entre la terre et les cieux. Par elle, mieux qu’en Adam, tous les hommes seront frères ; car celui qu’elle cache en son sein sera le premier-né de la grande famille des fils de Dieu. A peine conçu, voici que pour lui commence l’œuvre d’universelle propitiation. Levez-vous, ô Seigneur, vous et l’arche d’où votre sainteté découlera sur le monde [61]. De Nazareth aux montagnes de Judée, dans sa marche rapide, elle sera protégée par l’aile des chérubins jaloux de contempler sa gloire. Au milieu des guerriers les plus illustres et des chœurs d’Israël, David conduisit l’arche figurative de la maison d’Abinadab à celle d’Obedédom [62] ; mieux que lui, Dieu votre Père saura entourer l’arche sacrée du Testament nouveau, lui composant une escorte de l’élite des célestes phalanges.

Heureuse fut la demeure du lévite devenu, pour trois mois, l’hôte du Très-Haut résidant sur le propitiatoire d’or ; plus fortunée sera celle du prêtre Zacharie, qui, durant un même espace de temps, abritera l’éternelle Sagesse nouvellement descendue au sein très pur où vient de se consommer l’union qu’ambitionnait son amour ! Par le péché d’origine, l’ennemi de Dieu et des hommes tenait captif, en cette maison bénie, celui qui devait en être l’ornement dans les siècles sans fin ; l’ambassade de l’ange annonçant la naissance de Jean, sa conception miraculeuse, n’avaient point exempté le fils de la stérile du tribut honteux que tous les fils d’Adam doivent solder au prince de la mort, à leur entrée dans la vie. Mais, les habitants d’Azot en firent autrefois l’expérience, Dagon ne saurait tenir debout devant l’arche [63] : Marie paraît, et Satan renversé subit dans l’âme de Jean sa plus belle défaite, qui toutefois ne sera point la dernière ; car l’arche de l’alliance n’arrêtera ses triomphes qu’avec la réconciliation du dernier des élus.

Célébrons cette journée par nos chants d’allégresse ; car toute victoire, pour l’Église et ses fils, est en germe dans ce mystère : désormais l’arche sainte préside aux combats du nouvel Israël. Plus de division entre l’homme et Dieu, le chrétien et ses frères ; si l’arche ancienne fut impuissante à empêcher la scission des tribus, le schisme et l’hérésie n’auront licence de tenir tête à Marie durant plus ou moins d’années ou de siècles, que pour mieux enfin faire éclater sa gloire. D’elle sans cesse, comme en ce jour béni, s’échapperont, sous les yeux de l’ennemi confondu, et la joie des petits, et la bénédiction de tous, et la perfection des pontifes [64]. Au tressaillement de Jean, à la subite exclamation d’Élisabeth, au chant de Zacharie, joignons le tribut de nos voix ; que toute la terre en retentisse. Ainsi jadis était saluée la venue de l’arche au camp des Hébreux ; les Philistins, l’entendant, savaient par là que le secours du Seigneur était descendu ; et, saisis de crainte, ils gémissaient, disant : « Malheur à nous : il n’y avait pas si grande joie hier ; malheur à nous [65] ! » Oui certes, aujourd’hui avec Jean, le genre humain tressaille et il chante ; oui certes, aujourd’hui à bon droit l’ennemi se lamente : le premier coup du talon de la femme [66] frappe aujourd’hui sa tête altière, et Jean délivré est en cela le précurseur de nous tous. Plus heureux que l’ancien, le nouvel Israël est assuré que jamais sa gloire ne lui sera ôtée ; jamais ne sera prise l’arche sainte qui lui fait traverser les flots [67] et abat devant lui les forteresses [68]. Combien donc n’est-il pas juste que ce jour, où prend fin la série de défaites commencée en Éden, soit aussi le jour des cantiques nouveaux du nouveau peuple ! Mais à qui d’entonner l’hymne du triomphe, sinon à qui remporte la victoire ? Levez-vous donc, levez-vous, Debbora ; levez-vous et chantez le Cantique [69]. Les forts avaient disparu, jusqu’à ce que s’élevât Marie, la vraie Debbora, jusqu’à ce que parût la Mère en Israël [70]. « C’est moi, c’est moi, dit-elle en effet, qui chanterai au Seigneur, qui célébrerai le Dieu d’Israël [71]. Selon la parole de mon aïeul David, magnifiez avec moi le Seigneur, et tous ensemble exaltons son saint nom [72]. Mon cœur, comme celui d’Anne, a tressailli en Dieu son Sauveur [73]. Car, de même qu’en Judith sa servante, il a accompli en moi sa miséricorde [74] et fait que ma louange sera dans toutes les bouches jusqu’à l’éternité [75]. Il est puissant celui qui a fait en moi de grandes choses [76] ; il n’est point de sainteté pareille à la sienne [77]. Ainsi que par Esther, il a pour toutes les générations sauvé ceux qui le craignent [78] ; dans la force de son bras [79], il a retourné contre l’impie les projets de son cœur, renversant l’orgueilleux Aman de son siège et relevant les humbles ; il a fait passer des riches aux affamés l’abondance [80] ; il s’est ressouvenu de son peuple et a eu pitié de son héritage [81]. Telle était bien la promesse que reçut Abraham, et que nos pères nous ont transmise : il a fait comme il avait dit » [82].

Filles de Sion, et vous tous qui gémissiez dans les fers de Satan, l’hymne de la délivrance a donc retenti sur notre terre. A la suite de celle qui porte en son sein le gage de l’alliance, formons des chœurs ; mieux que Marie sœur d’Aaron, et à plus juste titre, elle préside au concert d’Israël [83]. Ainsi elle chante en ce jour de triomphe, rappelant tous les chants de victoire qui préludèrent dans les siècles de l’attente à son divin Cantique. Mais les victoires passées du peuple élu n’étaient que la figure de celle que remporte, en cette fête de sa manifestation, la glorieuse souveraine qui, mieux que Debbora, Judith ou Esther, a commencé de délivrer son peuple ; en sa bouche, les accents de ses illustres devancières ont passé de l’aspiration enflammée des temps de la prophétie à l’extase sereine qui marque la possession du Dieu longtemps attendu. Une ère nouvelle commence pour les chants sacrés : la louange divine reçoit de Marie le caractère qu’elle ne perdra plus ici-bas, qu’elle gardera jusque dans l’éternité.

Les considérations qui précèdent nous ont été inspirées par le motif spécial qui porta l’Église, au XIVe siècle, à instituer cette fête. En rendant Rome à Pie IX exilé, au 2 juillet de l’année 1849 [84], Marie a montré de nouveau dans nos temps que cette date était bien pour elle une journée de victoire. Mais le mystère de la glorieuse Visitation est si vaste, que nous ne saurions, eu égard aux limites qui nous sont imposées, songer à épuiser ici tous les enseignements qu’il renferme. Quelques-uns d’eux, au reste, nous ont été donnés dans les jours de l’Avent ; d’autres plus récemment, à l’occasion de la fête de saint Jean-Baptiste et de son Octave ; d’autres enfin seront mis en lumière par l’Épître et l’Évangile de la Messe qui va suivre.

VÊPRES.

A l’époque de l’Année Liturgique, la fête du Précieux Sang n’avait pas encore été élevée au rend de Ière classe : la fête de la Visitation avait donc encore des Ières Vêpres

Les Antiennes de l’Office sont toutes tirées de l’Évangile, et reproduisent historiquement le mystère du jour.

Les Psaumes ont chanté la grandeur de Celui que l’humilité de Marie vient d’attirer en elle, et qui la manifeste pour la première fois au monde comme la Cité de Dieu, bâtie par lui avec amour, ainsi qu’elle-même le proclame aujourd’hui en louant le Seigneur son Dieu. Le Capitule est emprunté, comme les Psaumes et l’Hymne, à l’Office commun de Notre-Dame ; il rappelle l’auguste prédestination qui, dès avant tous les âges, unit inséparablement l’éternelle Sagesse et la femme bénie plus que toutes en qui elle devait prendre chair.

Chaque jour, le solennel Office du soir emprunte au Cantique de Marie son parfum le plus suave. Il n’est pas jusqu’au soir du grand Vendredi où Notre-Dame ne soit invitée par l’Église de la terre à le redire, près de la croix sur laquelle vient de se consommer le terrible drame. C’est qu’en effet, l’incomparable Cantique a pour objet la rédemption tout entière ; au pied de la croix, non moins que dans les journées si douces où nous ramène la solennité présente, ce qui domine en Marie et l’emporte sur tous les déchirements comme sur toutes les joies, c’est la pensée de la gloire de Dieu enfin satisfaite, du salut de l’homme enfin assuré. Aujourd’hui que les mystères du Cycle ont achevé récemment de passer sous nos yeux, le Magnificat résonne, pour ainsi dire, dans son ampleur, en même temps qu’il reçoit de cette fête toute la fraîcheur du premier jour où il fut donné au monde de l’entendre. « Bienheureuse êtes-vous d’avoir cru, ô Marie ! Les choses qui vous ont été dites par le Seigneur s’accompliront en vous. Alléluia. »

A LA MESSE.

L’Introït est celui des Messes votives de Notre-Dame à cette époque de l’année. Il est tiré de Sédulius [85], le poète chrétien du Ve siècle, auquel la sainte Liturgie a fait d’autres emprunts si gracieux dans les jours de Noël et de l’Épiphanie. La parole excellente célébrée dans le Verset, l’œuvre que dédie au Roi la Vierge-mère, il n’est personne qui ne la reconnaisse aujourd’hui dans le sublime Magnificat, richesse et gloire de cette journée.

Salut, Mère sainte, o vous dont l’enfantement a mis au monde le Roi qui gouverne le ciel et la terre dans les siècles. Sa puissance est à jamais, comme son empire embrassant tout dans un cercle éternel. Pour vous s’unissent, en un sein fortune, les joies de la mère et l’honneur de la vierge ; avant vous, ni après, on ne vit rien de semblable ; seule entre toutes et sans exemple vous avez plu au Christ !

La paix est le don précieux que la terre implorait sans fin depuis le péché d’origine. Réjouissons-nous donc ; car le Prince de la paix se révèle par Marie en ce jour. La solennelle mémoire du mystère que nous célébrons, va développer en nous l’œuvre de salut commencée dans celui de Noël, aux premiers jours du Cycle. Implorons cette grâce par la Collecte, avec la sainte Église.

Dans les Messes privées, à la suite des Collecte, Secrète et Postcommunion de la fête, on fait mémoire des saints martyrs Processus et Martinien.

ÉPÎTRE

L’Église nous introduit dans la profondeur du mystère. La lecture qui précède n’est que l’explication de cette parole d’Élisabeth où toute la fête est résumée : Au son de votre voix, mon enfant a tressailli dans mon sein. Voix de Marie, voix de la tourterelle, qui met l’hiver en fuite et annonce le printemps, les parfums et les fleurs ! A ce signal si doux, captive dans la nuit du péché, l’âme de Jean s’est dépouillée des livrées de l’esclave, et, développant soudain les germes des vertus les plus hautes, elle est apparue belle comme l’épouse en tout l’éclat du jour des noces. Aussi, quelle hâte de Jésus vers cette âme bien-aimée ! Entre Jean et l’Époux, que d’épanchements ineffables ! Quel dialogue sublime du sein d’Élisabeth à celui de Marie ! Admirables mères, plus admirables enfants ! Dans la rencontre fortunée, l’ouïe, les yeux, la voix des mères, sont moins à elles qu’aux fruits bénis de leurs seins ; leurs sens sont le treillis par lequel l’Époux et l’Ami de l’Époux se voient, se comprennent et se parlent.

L’homme animal, il est vrai, ne comprend pointée langage [86]. Père, dira l’Homme-Dieu plus tard, je vous rends grâces de ce que vous avez caché ces choses aux prudents et aux sages, pour les révéler aux petits [87]. Que celui-là donc qui a des oreilles pour entendre, entende [88] ; mais en vérité, je vous le dis, si vous ne devenez comme des petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux [89], ni ne connaîtrez ses mystères [90]. La Sagesse n’en sera pas moins justifiée par ses fils, comme le dit l’Évangile [91]. Dans la droiture de leur humilité, les simples de cœur, en quête de lumière, dépassent les ombres vaines qui se jouent au-dessus des marais de ce monde ; ils savent que le premier rayon du soleil de l’éternité dissipera ces fantômes, ne laissant que le vide à ceux qui s’y seront arrêtés. Pour eux, dès maintenant ils se nourrissent de ce que l’œil n’a point vu, ni l’oreille entendu, préludant ici-bas aux délices éternelles [92].

Jean-Baptiste en fait à cette heure l’ineffable expérience. Prévenue par le divin ami qui l’a recherchée, son âme s’éveille en pleine extase. Pour Jésus, d’autre part, c’est la première conquête ; c’est à l’adresse de Jean que, pour la première fois en dehors de Marie, les accents de l’épithalame sacré se formulent dans l’âme du Verbe fait chair et font battre son cœur. Aujourd’hui donc, et c’est l’enseignement de notre Épître, à côté du Magnificat s’inaugure aussi le divin Cantique dans la pleine acception que l’Esprit-Saint voulut lui donner. Jamais les ravissements de l’Époux ne seront plus justifiés qu’en ce jour béni ; jamais ils ne trouveront écho plus fidèle. Échauffons-nous à ces ardeurs du ciel ; joignons notre enthousiasme à celui de l’éternelle Sagesse, dont cette journée marque le premier pas vers l’humanité tout entière. Avec Jésus, sollicitons le Précurseur de se montrer enfin. N’était l’ordre d’en haut, l’ivresse de l’amour lui ferait soudain, en effet, forcer la muraille qui l’empêche de paraître et d’annoncer l’Époux. Car il sait que la vue de son visage, précédant la face même du Seigneur, excitera, elle aussi, les transports de la terre ; il sait que sa voix sera douce, quand elle sera l’organe du Verbe appelant à lui l’Épouse.

Avec Élisabeth, exaltons au Graduel la Vierge bénie qui nous vaut toutes ces joies, et en qui l’amour tient enfermé celui que le monde ne pouvait contenir. Le distique que l’on chante au Verset, était cher à la piété du moyen âge ; on le retrouve en diverses liturgies, soit comme début d’Hymne [93], soit sous forme d’Antienne dans la composition des Messes ou de l’Office.

ÉVANGILE.

Marie avait appris de l’archange qu’Élisabeth allait bientôt devenir mère. La pensée des services que réclament sa vénérable cousine et l’enfant qui va naître, lui fait prendre aussitôt la route des montagnes où est située l’habitation de Zacharie. Ainsi va, ainsi presse, quand elle est vraie, la charité du Christ [94]. Il n’est point d’état d’âme où, sous le prétexte d’une perfection plus relevée, le chrétien puisse oublier ses frères. Marie venait de contracter avec Dieu l’union la plus haute ; et volontiers notre imagination se la représenterait impuissante à tout, perdue dans l’extase, durant ces jours où le Verbe, prenant chair de sa chair, l’inonde en retour de tous les flots de sa divinité. L’Évangile est formel cependant : c’est en ces jours mêmes [95] que l’humble vierge, assise jusque-là dans le secret de la face du Seigneur [96], se lève pour se dévouer à tous les besoins du prochain dans le corps et dans l’âme. Serait-ce à dire que les œuvres l’emportent sur la prière, et que la contemplation n’est plus la meilleure part ? Non, sans doute ; et Notre-Dame n’avait jamais si directement ni si pleinement qu’en ces mêmes jours, adhéré à Dieu par tout son être. Mais la créature parvenue sur les sommets de la vie unitive, est d’autant plus apte aux œuvres du dehors qu’aucune dépense de soi ne peut la distraire du centre immuable où elle reste fixée.

Insigne privilège, résultat de cette division de l’esprit et de l’âme [97] à laquelle tous n’arrivent point, et qui marque l’un des pas les plus décisifs dans les voies spirituelles ; car elle suppose la purification tellement parfaite de l’être humain, qu’il ne forme plus en toute vérité qu’un même esprit avec le Seigneur [98] ; elle entraîne une soumission si absolue des puissances, que, sans se heurter, elles obéissent simultanément, dans leurs sphères diverses, au souffle divin. Tant que le chrétien n’a point franchi ce dernier défilé défendu avec acharnement par la nature, tant qu’il n’a pas conquis cette liberté sainte des enfants de Dieu [99], il ne peut, en effet, aller à l’homme sans quitter Dieu en quelque chose. Non qu’il doive négliger pour cela ses devoirs envers le prochain, dans qui Dieu a voulu que nous le voyions lui-même ; heureux toutefois qui, comme Marie, ne perd rien de la meilleure part, en vaquant aux obligations de ce monde ! Mais combien petit est le nombre de ces privilégiés, et quelle illusion serait de se persuader le contraire !

Nous retrouverons ces pensées au jour de la triomphante Assomption ; mais l’Évangile qu’on vient d’entendre, nous faisait un devoir d’attirer dès maintenant sur elles l’attention du lecteur. C’est spécialement en cette fête, que Notre-Dame a mérité d’être invoquée comme le modèle de tous ceux qui s’adonnent aux œuvres de miséricorde ; s’il n’est point donné à tous de tenir comme elle, dans le même temps, leur esprit plus que jamais abîmé en Dieu : tous néanmoins doivent s’efforcer d’approcher sans fin, par la pratique du recueillement et de la divine louange, des lumineux sommets où leur Reine se montre aujourd’hui dans la plénitude de ses perfections ineffables.

L’Offertoire chante le glorieux privilège de Marie, mère et vierge, enfantant celui qui l’a faite.

Le Fils de Dieu, naissant de Marie, a consacré son intégrité virginale. Obtenons, dans la Secrète de ce jour, qu’il veuille en souvenir de sa Mère nous purifier de nos souillures, et rendre ainsi notre offrande acceptable au Dieu très-haut.

L’Église possède en elle, dans les Mystères, le même Fils du Père éternel que portèrent durant neuf mois les entrailles de Marie. C’est en son sein bienheureux que, pour venir à nous tous, il a pris un corps. Chantons, dans l’Antienne de la Communion, et le Fils et la Mère.

La célébration de chacun des mystères du salut par la participation au divin Sacrement qui les contient tous, est un moyen d’obtenir l’éloignement du mal pour ce monde et pour l’éternité. C’est ce qu’exprime la Postcommunion en ce qui touche le mystère de ce jour.

Les XIVe et XVe siècles ont chanté en de gracieuses compositions le mystère de ce jour. Celle qui suit eut le don d’exciter la colère des prétendus Réformés par les expressions de sa piété si touchante envers la Mère de Dieu. On y remarquera l’appel à l’unité pour ceux qui s’égarent. Selon ce que nous avons dit du motif qui porta l’Église à établir la fête de la Visitation, Marie est de même invoquée, en d’autres formules du même temps propres à cette fête, comme la lumière qui dissipe tous les nuages [100], qui dissout tous les schismes [101].

SÉQUENCE.
Veni præcelsa domina,
Maria, tu nos visita,
Ægras mentes illumina
Per sacra vitæ munia.
Venez, glorieuse souveraine ;
Marie, vous-même visitez-nous :
illuminez nos âmes malades,
donnez-nous de vivre saintement.
Veni salvatrix sæculi,
Sordes aufer piaculi,
In visitando populum
Pœnæ tollas periculum.
Venez, vous qui sauvâtes le monde,
enlevez la souillure de nos crimes ;
dans cette visite à votre peuple,
écartez tout péril de peine.
Veni regina gentium,
Dele flammas reatuum,
Rege quemcumque devium,
Da vitam innocentium.
Venez, reine des nations,
éteignez les flammes du péché ;
quiconque s’égare, redressez-le,
donnez à tous vie innocente.
Veni et ægros visites,
Maria, vires robores
Virtute sacri impetus,
Ne fluctuetur animus.
Venez, visitez les malades ;
Marie, fortifiez les courages
par la vertu de votre impulsion sainte,
bannissez les hésitations.
Veni stella, lux marium,
Infunde pacis radium,
Exsultet cor in gaudium
Johannis ante Dominum.
Venez, étoile, lumière des mers,
faites briller le rayon de la paix ;
que Jean tressaille
devant son Seigneur.
Veni virga regalium,
Reduc fluctus errantium
Ad unitatem fidei
In qua salvantur cœlici.
Venez, sceptre des rois,
ramenez les foules errantes
à l’unité de foi
qui est le salut des citoyens des cieux.
Veni, deposce Spiritus
Sancti dona propensius,
Ut dirigamur rectius
In hujus vitæ actibus.
Venez, implorez pour nous
ardemment les dons de l’Esprit-Saint,
afin que nous suivions une ligne plus droite
dans les actes de cette vie.
Veni,laudemus Filium,
Laudemus Sanctum Spiritum,
Laudemus Patrem unicum,
Qui nobis det auxilium.
Amen.
Venez, louons le Fils,
louons l’Esprit-Saint,
louons le Père, unique Dieu :
qu’il nous donne secours.
Amen.

Quelle est celle-ci, qui s’avance belle comme l’aurore à son lever, terrible comme une armée rangée en bataille [102] ? O Marie, c’est aujourd’hui que, pour la première fois, votre douce clarté réjouit la terre. Vous portez en vous le Soleil de justice ; et sa lumière naissante frappant le sommet des monts, tandis que la plaine est encore dans la nuit, atteint d’abord le Précurseur illustre dont il est dit qu’entre les fils des femmes il n’est point de plus grand. Bientôt l’astre divin, montant toujours, inondera de ses feux les plus humbles vallées. Mais que de grâce en ces premiers rayons qui s’échappent de la nuée sous laquelle il se cache encore ! Car vous êtes, ô Marie, la nuée légère, espoir du monde, terreur de l’enfer [103] ; en sa céleste transparence, contemplant de loin les mystères de ce jour, Élie le père des prophètes et Isaïe leur prince découvrirent tous deux le Seigneur. Ils vous voyaient hâtant votre course au-dessus des montagnes, et ils bénissaient Dieu ; car, dit l’Esprit-Saint, lorsque l’hiver a enchaîné les neuves, desséché les vallées, brûlé les montagnes, le remède à tout est dans la hâte de la nuée [104].

Hâtez-vous donc, ô Marie ! Venez à nous tous, et que ce ne soient plus seulement les montagnes qui ressentent les bienfaits de votre sereine influence : abaissez-vous jusqu’aux régions sans gloire où la plus grande partie du genre humain végète, impuissante à s’élever sur les hauteurs ; que jusque dans les abîmes de perversité les plus voisins du gouffre infernal, votre visite fasse pénétrer la lumière du salut. Oh ! Puissions-nous, des prisons du péché, de la plaine où s’agite le vulgaire, être entraînés à votre suite ! Ils sont si beaux vos pas dans nos humbles sentiers [105], ils sont si suaves les parfums dont vous enivrez aujourd’hui la terre [106] ! Vous n’étiez point connue, vous-même vous ignoriez, ô la plus belle des filles d’Adam, jusqu’à cette première sortie qui vous amène vers nos pauvres demeures [107] et manifeste votre puissance. Le désert, embaumé soudain des senteurs du ciel, acclame au passage, non plus l’arche des figures, mais la litière du vrai Salomon, en ces jours mêmes qui sont les jours des noces sublimes qu’a voulu contracter son amour [108]. Quoi d’étonnant si d’une course rapide elle franchit les montagnes, portant l’Époux qui s’élance comme un géant de sommets en sommets [109] ?

Vous n’êtes pas, ô Marie, celle qui nous est montrée dans le divin Cantique hésitante à l’action malgré le céleste appel, inconsidérément éprise du mystique repos au point de le placer ailleurs que dans le bon plaisir absolu du Bien-Aimé. Ce n’est point vous qui, à la voix de l’Époux, ferez difficulté de reprendre pour lui les vêtements du travail, d’exposer tant qu’il le voudra vos pieds sans tache à la poussière des chemins de ce monde [110]. Bien plutôt : à peine s’est-il donné à vous dans une mesure qui ne sera connue d’aucune autre, que, vous gardant de rester absorbée dans la jouissance égoïste de son amour, vous-même l’invitez à commencer aussitôt le grand œuvre qui l’a fait descendre du ciel en terre : « Venez, mon bien-aimé, sortons aux champs, levons-nous dès le matin pour voir si la vigne a fleuri, pour hâter l’éclosion des fruits du salut dans les âmes ; c’est là que je veux être à vous » [111]. Et, appuyée sur lui, non moins que lui sur vous-même, sans rien perdre pour cela des délices du ciel, vous traversez notre désert [112] ; et la Trinité sainte perçoit, entre cette mère et son fils, des accords inconnus jusque-là pour elle-même ; et les amis de l’Époux, entendant votre voix si douce [113], ont, eux aussi, compris son amour et partagé vos joies. Avec lui, avec vous, de siècle en siècle, elles seront nombreuses les âmes qui, douées de l’agilité de la biche et du faon mystérieux, fuiront les vallées et gagneront les montagnes où brûle sans fin le pur parfum des cieux [114].

Bénissez, ô Marie, ceux que séduit ainsi la meilleure part. Protégez le saint Ordre qui se fait gloire d’honorer spécialement le mystère de votre Visitation ; fidèle à l’esprit de ses illustres fondateurs, il ne cesse point de justifier son titre, en embaumant l’Église de la terre de ces mêmes parfums d’humilité, de douceur, de prière cachée, qui furent pour les anges le principal attrait de ce grand jour, il y a dix-huit siècles. Enfin, ô Notre-Dame, n’oubliez point les rangs pressés de ceux que la grâce suscite, plus nombreux que jamais en nos temps, pour marcher sur vos traces à la recherche miséricordieuse de toutes les misères ; apprenez-leur comment on peut, sans quitter Dieu, se donner au prochain : pour le plus grand honneur de ce Dieu très-haut et le bonheur de l’homme, multipliez ici-bas vos fidèles copies. Que tous enfin, vous ayant suivie en la mesure et la manière voulues par Celui qui divise ses dons à chacun comme il veut [115], nous nous retrouvions dans la patrie pour chanter d’une seule voix avec vous le Magnificat éternel !

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

L’ancienne liturgie romaine commémorait ce mystère le vendredi de la IIIe semaine de l’Avent, par la lecture de l’évangile encore assigné d’ailleurs à ce jour.

Toutefois le sens de la liturgie ayant décliné parmi le peuple, la solennelle et riche simplicité du rit romain ne fut plus si bien comprise ; c’est pourquoi des circonstances occasionnelles firent instituer d’autres fêtes qui représentent une exacte répétition des anciennes, dépourvues désormais de popularité.

Ainsi en advint-il pour la Visitation de la sainte Vierge à Élisabeth. Les Byzantins célébraient le 2 juillet, depuis de nombreux siècles déjà, la déposition du vêtement de la Mère de Dieu dans la basilique des Blachernes en 469. On ne sait comment cette fête mariale se répandit aussi chez les Latins ; mais ceux-ci, en considération de l’octave de saint Jean-Baptiste, modifièrent sa signification et en firent la commémoration de la présence de Marie dans la maison de Zacharie et d’Élisabeth, alors que le Précurseur fut sanctifié dans le sein de sa mère et vint au monde.

On trouve cette fête chez les Franciscains dès 1263 ; Urbain VI, Boniface IX et enfin le Concile de Bâle en firent une fête d’obligation pour toute l’Église latine.

Saint François de Sales était très dévot à ce mystère, en l’honneur duquel il institua ses religieuses de la Visitation. Dans la pensée primitive de l’aimable Saint, les religieuses devaient imiter Marie dans la charitable assistance qu’elle prêta à sa vénérable parente, qui avait conçu par miracle et était sur le point d’enfanter. La Providence se plut cependant à modifier les plans du saint évêque entre les mains mêmes de son auteur, aussi celui-ci disait-il parfois, avec une délicate finesse, avoir fait ce qu’il n’avait jamais eu l’intention d’accomplir, sans pouvoir faire pourtant ce que vraiment il eût souhaité. Sur l’arbre de la Visitation planté par l’Évêque de Genève, se sont épanouies deux fleurs splendides dont l’Église a couronné son front ; ce sont sainte Françoise de Chantal et sainte Marguerite-Marie Alacoque.

L’antienne pour l’introït est due à Sédulius, contemporain de saint Jérôme et dont l’Église a adopté quelques hymnes pour l’office divin :

Salve, Sancta Parens, enixa puerpera Regem
Qui cælum terramque tenet per sæcula... [116]
 
« Salut, ô Mère sainte, qui avez donné le jour
à Celui qui gouverne éternellement le ciel et la terre ».

L’antithèse entre les deux idées émises ici par le prêtre Sédulius et si bien exprimées également par Dante : Vergine e Madre, Figlia del tuo Figlio, est gracieusement illustrée par ces deux vers du moyen âge qu’on trouve parfois sous l’image de Notre-Dame portant le Divin Enfant. On y lit en effet :

Au-dessous de l’Enfant Jésus :
Es mihi nate, Pater
et au-dessous de la sainte Vierge :
Sum tamen Filia, Mater.

Les collectes sont empruntées à la fête de la Nativité de la sainte Vierge dans le Sacramentaire d’Hadrien : « Accordez, Seigneur, à vos serviteurs, le secours de votre grâce ; et à ceux qui, dans l’enfantement de la Vierge, reconnaissent le principe de leur salut, que la pieuse fête de sa Visitation apporte aussi une augmentation de paix ».

Cette augmentation de paix est l’effet de la charité et de la grâce, qui nous établit dans l’ordre et nous met en paix avec Dieu, avec nous-mêmes et avec le prochain.

Cette paix que l’Apôtre ne cesse de souhaiter à ses correspondants est le bien le plus désirable ici-bas, puisqu’elle est la tranquillité dans l’ordre ; elle comprend donc l’empire incontesté de Dieu sur tous les mouvements inférieurs. C’est ce don qui rendait inébranlables et joyeux les martyrs au milieu même des supplices ; c’est pourquoi l’Écriture dit à leur sujet : Visi sunt oculis insipientium mon... illi autem sunt in pace [117].

La première lecture est tirée du Cantique des Cantiques (II, 8-14). L’époux, d’un pas rapide et léger, va vers l’épouse à travers les rochers et les collines, et partout où il pose son pied, les marguerites s’épanouissent et le parfum des arbres en fleurs se répand alentour. Marie qui, enceinte du Verbe de Dieu incarné, se rend en hâte sur les monts de la Judée pour sanctifier Jean encore endormi dans le sein de sa mère, prélude à ces interminables processions eucharistiques où l’Époux divin, trônant sur les bras de ses prêtres, parcourt triomphalement les routes de ce misérable monde, et répand autour de Lui le parfum de ses grâces.

Le répons et le verset alléluiatiques semblent tirés du grec, comme tant d’autres éléments de l’office de Notre-Dame. « Vous êtes bénie et vénérable, ô Vierge Marie, qui, sans atteinte de votre pudeur, êtes devenue Mère du Sauveur ». « O Vierge Mère de Dieu, Celui que ne peut contenir le monde entier, devenant mortel a voulu s’enfermer dans votre sein ». « Alléluia. Vous êtes heureuse, ô sainte Vierge Marie, digne de toute louange, parce que de vous est né le Christ notre Dieu, le vrai Soleil de justice ».

Voilà comment, contrairement aux calomnies des protestants, la liturgie attribue toute la grandeur et la dignité de la Vierge très sainte à son intime union à Dieu et à sa fonction de Mère de Jésus-Christ, principe de toute sainteté et cause du salut des hommes.

Il faut noter que l’ancienne et rigide discipline romaine excluait de la sainte messe ces chants provenant d’autres sources que des textes scripturaires. C’est pourquoi dans l’Antiphonaire Grégorien, pour les fêtes de Notre-Dame, nous trouvons assignés l’introït Vultum tuum et les autres chants que nous avons déjà rencontrés le jour de l’Annonciation et aux différentes messes du Commun des Vierges.

La lecture évangélique est la même que le vendredi des Quatre-Temps d’Avent. Dès qu’elle a conçu Jésus en son sein, Marie va immédiatement porter les prémices de sa bénédiction à celui qui devait être le plus grand parmi les fils de la femme. Saint Paul observe que celui qui bénit est supérieur à celui qui est béni. Marie — et à cause d’elle saint Joseph également — appartiennent donc à une catégorie spéciale et supérieure, qui, en raison de l’union hypostatique du fruit virginal de leur mariage, dépasse de beaucoup la sainteté du Précurseur lui-même.

Le verset de l’offertoire est le suivant : « Vous êtes bienheureuse, ô Vierge Marie, qui avez porté dans votre sein le Créateur de toutes choses. Vous avez donné l’être à Celui qui vous a créée, et vous demeurez pour toujours vierge sans tache ». Dieu s’humilie pour élever la créature ; dès lors, plus a été profond l’anéantissement de la gloire du Verbe divin quand il s’est fait homme, plus élevée a été la gloire de Celle dont il prit son corps mortel et la vie qui devait être le prix de la Rédemption.

Voici la collecte sur les oblations : « Que l’amour que nourrit pour nous votre Fils unique, vienne, Seigneur, à notre secours ; et comme, en naissant de la Vierge, il ne lésa pas, mais consacra au contraire la pureté de sa Mère, qu’ainsi, en la fête de sa Visitation, il nous purifie du péché et vous rende agréable notre offrande Jésus-Christ notre Seigneur, lequel, etc ».

Le mot humanitas que nous traduisons en français par amour envers les hommes, a son correspondant grec dans le mot φιλανθρωπία. On a beaucoup abusé de ce terme sacré, qu’on a voulu opposer, comme une forme laïque, à la charité chrétienne. Vain effort. La philanthropie est une nuance délicate et spéciale de la charité, et saint Paul employa ce mot quand il voulut décrire l’ineffable amour de Dieu fait homme par amour pour les hommes : ἡ χρηστότης καὶ ἡ φιλανθρωπία ἐπεφάνη τοῦ σωτῆρος ἡμῶν θεοῦ [118].

L’antienne pour la Communion des fidèles s’inspire en partie de cette bénédiction enthousiaste que, nous dit l’Évangile, une femme appela sur Celle qui avait donné le jour à Jésus et l’avait allaité quand il était petit enfant (Luc., XI, 27-28) : « Bienheureux le sein de la Vierge Marie qui porta le Fils du Père éternel ».

Nous aussi, après la sainte Communion, nous avons part à cette gloire et à cette félicité, parce que, comme Jésus se cacha neuf mois dans le sein maternel, ainsi maintenant, dans la divine Eucharistie, Il vient habiter dans le cœur de ses fidèles. Voici la belle collecte d’action de grâces, sobre et solennelle dans sa classique élégance romaine : « Nous avons participé, Seigneur, au sacrifice offert en l’honneur de la fête annuelle que nous célébrons aujourd’hui ; faites que cette Communion nous procure des grâces abondantes pour la vie temporelle non moins que pour la vie éternelle ».

Il existe d’intimes relations entre la sainte Communion et la bienheureuse Vierge ; non seulement parce que la Victime du Sacrifice eucharistique prit sa chair, son sang et sa vie de Marie, mais encore parce que Marie se substitue à Ève dans la loi de grâce. Comme cette dernière désobéit à Dieu et présenta à Adam le fruit de malédiction, la bienheureuse Vierge obéit au Seigneur et offrit son Enfant béni pour qu’il fût le prix du rachat commun, le pain du salut, l’antidote contre le venin inoculé dans la race humaine par le fruit défendu.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Mon âme glorifie le Seigneur.

1. La fête de la visite de Marie à Sainte Élisabeth remonte au Moyen Age ; l’Église orientale célébrait déjà au même jour (2 juillet) depuis de nombreux siècles une fête de la Sainte Vierge (la déposition du vêtement de Marie dans le faubourg des Blachernes à Constantinople). Cette circonstance et la proximité de la nativité de saint Jean-Baptiste légitiment la fixation de notre fête à cette date. La visite de la Mère de Dieu à Élisabeth est en relation intime avec la naissance de saint Jean-Baptiste. Aussitôt après l’Annonciation, Marie se rendit chez sa cousine Élisabeth dans les montagnes de Juda, où eut lieu la mémorable rencontre des deux saintes femmes. C’est en cette circonstance que prit naissance le Magnificat, cantique si souvent employé et tenu en si haute estime par la liturgie. Marie demeura environ trois mois chez Élisabeth ; elle s’y trouvait peut-être encore au moment de la circoncision de Jean quand Zacharie chanta son cantique d’action de grâces, le Benedictus Elle retourna ensuite à Nazareth où l’attendait une pénible épreuve.

2. La messe (Salve). — La messe comporte, avec le commun des messes de la Sainte Vierge, quelques parties propres : la leçon évoque sous les traits imagés d’un amour virginal la divine maternité de Marie et son amour pour son divin Fils ; le voyage de Marie à travers les montagnes est préfiguré dans les versets suivants : « Écoute ! Voici mon bien-aimé qui vient ; il bondit sur les montagnes et franchit en toute hâte les colline ». — A ces mots répond, dans l’Évangile, le texte suivant : « Marie se leva et partit en toute hâte dans la montagne, dans une ville de Juda ». Au Saint-Sacrifice nous partageons le bonheur de l’Épouse bénie du Saint-Esprit et nous lui ressemblons : « le Seigneur nous visite » nous aussi, comme Jean-Baptiste et Élisabeth, de sa grâce et de sa lumière.

3. La lecture d’Écriture est tirée aujourd’hui du Cantique des cantiques. — Ce choix est fait en raison de la fête (II, 1-17). Le Cantique des cantiques est l’un des trois livres de la Sainte Écriture qui nous sont parvenus sous le nom de Salomon ; au sens littéral, il chante la liaison du roi Salomon avec une jeune bergère ; en voici les phases principales : les deux personnages éprouvent l’ardent désir d’une union matrimoniale, ils expriment par des chants et des dialogues leur passion mutuelle, ils se plaignent des obstacles qui s’opposent à leur union. Toutefois, au sens complet et chrétien, le Cantique des cantiques peint l’amour du Christ pour son Église, pour les âmes unies à Dieu, et réciproquement. Nous-mêmes, occidentaux, ne soyons pas choqués par la passion et le réalisme contenus dans les images du Cantique des cantiques. Les leçons de l’office d’aujourd’hui nous donnent un extrait de ce livre.

« Écoute ! Voici mon bien-aimé qui vient ; il bondit sur les montagnes, franchissant en toute hâte les collines ; mon bien-aimé est semblable à la gazelle ou au faon des biches ; vois ! Il est là derrière le mur, il regarde par la fenêtre, il regarde par le treillis. Maintenant mon bien-aimé prend la parole et me dit : « Lève-toi, mon amie ; hâte-toi, ma colombe, ma belle ; viens ! L’hiver est fini ; la pluie a cessé, elle a disparu ; les fleurs paraissent sur la terre, le temps est venu de tailler la vigne ; la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes. Le figuier développe déjà ses fruits naissants, la vigne en fleur exhale son parfum ».

5. Le Magnificat. — Notre fête est l’anniversaire de la composition du Magnificat, le cantique d’action de grâces de la Sainte Vierge si vénéré dans l’Église.

Mon âme glorifie le Seigneur,
Et mon esprit tressaille de joie
En Dieu, mon Sauveur,
Parce qu’il a jeté les yeux sur son humble servante.
Voici, en effet, que désormais m’appelleront bienheureuse toutes les générations,
Parce qu’il a fait en moi de grandes choses,
Celui qui est puissant et dont le nom est saint,
Et dont la miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Il a déployé la force de son bras,
Il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur ;
Il a renversé de leur trône les potentats
Et il a élevé les petits ;
Il a comblé de biens les affamés ;
Et les riches, il les a renvoyés les mains vides.
Il a pris par la main Israël, son enfant,
Se souvenant de sa miséricorde,
Ainsi qu’il l’avait promis à nos pères,
Envers Abraham et sa descendance pour toujours.

Le Magnificat est le chant d’action de grâces de la Sainte Vierge pour l’honneur de la maternité divine qu’elle a reçu et pour la rédemption de l’humanité. Pour bien comprendre aujourd’hui cette prière, nous devons nous reporter au grand moment où elle a pris naissance ; Marie reçoit de l’ange la nouvelle qu’elle est fut appelée à devenir la mère du Fils de Dieu ; elle ne peut encore concevoir la grande grâce qui lui est faite et il n’y a personne à côté d’elle en qui elle puisse épancher l’émotion de son cœur ; alors, elle se rend dans les montagnes de Juda, chez sa cousine Élisabeth qui avait été honorée d’une grâce du même genre. Celle-ci, éclairée par Dieu, salue et reçoit Marie comme la Mère de son Dieu. Alors Marie ne peut plus contenir les sentiments de son âme, elle laisse parler son cœur débordant de reconnaissance ; le Magnificat s’échappe comme un chant et une prière pour remercier Dieu de l’honneur de la maternité divine et de la rédemption du genre humain. Le cantique se divise en trois strophes :
- 1re str. :
— a) Remerciement pour la grâce et l’honneur qui lui sont faits,
— b) Glorification des trois attributs de Dieu : toute-puissance, sainteté, miséricorde.
- 2e str. : Glorification du règne de Dieu sur l’humanité (les orgueilleux et les humbles).
- 3e str. : Dieu accomplit les promesses messianiques.

Paraphrase et suite des idées :
- 1.
— a) Je remercie d’un cœur débordant de joie le Seigneur ; pourquoi ? Il a exercé envers moi, son humble et indigne servante, une œuvre de grâce exceptionnelle (c’est-à-dire la grâce de la maternité divine). Conséquence de cette grâce : je serai distinguée entre toutes par l’humanité entière ;
— b) Il m’a élevée bien haut, le Dieu tout-puissant, très saint et très miséricordieux. L’incarnation du Fils de Dieu et la Rédemption, qui commence avec mon élévation, voilà la plus grande œuvre de la toute-puissance divine ; par là Dieu manifeste sa Sainteté, son horreur pour le péché, et son immense Miséricorde envers l’humanité pécheresse.
- 2. Par l’énumération des attributs de Dieu, Marie a passé de sa personne au plan divin de salut, et elle expose dans la strophe centrale les traits essentiels de la prédestination et de l’économie du salut : la puissance de Dieu se manifeste en vouant à l’échec le vain orgueil des puissants et en appelant à la gloire ceux qui sont petits et bas aux yeux du monde.
- 3. Après avoir fait ces réflexions, Marie constate avec joie que Dieu peut délivrer Israël, et cela parce que Dieu est miséricordieux et fidèle ; miséricordieux, parce qu’Israël ne peut pas se sauver tout seul ; fidèle, parce que Dieu a promis le salut aux ancêtres de son peuple.

Comme toute la poésie de l’Ancien Testament et des premiers temps du christianisme, notre cantique révèle un art très simple. Le rythme des pensées et le parallélisme bien connu des phrases y sont évidents. Peut-être le cœur de Marie a-t-il trouvé, pendant le séjour de trois mois qu’elle fit dans la maison sacerdotale, la dernière forme poétique de son inspiration. — Notre cantique prit place de bonne heure dans la liturgie ; dès le IVe siècle on le récitait à l’office, et il fut sans doute introduit dans les vêpres par saint Benoît.

[1] Luc. 1, 45.

[2] Luc. 1, 42.

[3] Claustrum Mariæ, le cloître de Marie : Son sein est désigné par cette image d’une enceinte fortifiée et recueillie, mot devenu chrétien avec la signification propre de cloître et clôture. (Célestin Albin).

[4] Le mot arca réveille le souvenir de l’arche d’alliance qui renfermant les tables de la loi. Marie porte le Législateur lui-même. (Célestin Albin).

[5] Les Ps. de ce Nocturne nous montrent les rapports de la Sainte Vierge avec Dieu. Le premier nous fait admirer la grandeur de Celui qui s’abaisse jusqu’à la nature humaine ; dans le second, l’Homme-Dieu nous apparaît sortant de Marie comme le soleil du sein de l’aurore ; le troisième nous fait voir le Sauveur offert au temple par Marie à son Père.

[6] Luc. 1, 42.

[7] « La myrrhe est une substance amère, symbole de souffrance. Mon-bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe. Marie le porta dans ses entrailles, le réchauffa sur son cœur » (S. Bernard) elle le suivit au Calvaire. Son bien-aimé vivait dans son âme, le parfum de Marie ne pouvait donc être différent de celui de Jésus.

[8] Cf. Eccli. 24, 20.

[9] Ps. 44, 4.

[10] « A la vue de l’incomparable beauté de Marie le Roi du ciel l’invite à prendre le sceptre qu’il lui a préparé ». (Corn. a Lapide).

[11] C’est pour moi, qui étais au fond de la vallée, que le Verbe y est descendu et s’y est fait lis. Au lieu de l’arbre de vie, qui fut planté dans le paradis de Dieu, il est devenu la fleur des champs, c’est-à-dire du monde, de l’univers entier. Et qu’est-ce qui peut être la fleur du monde autant que Jésus-Christ ? (Origène, cité par S. Jérôme).

[12] L’Esprit-Saint, est-il dit, descendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. La naissance de Jésus-Christ a commencé dans l’ombre, et non seulement elle a commencé dans l’ombre en Marie, mais c’est ainsi que la parole de Dieu doit éclore en vous, si vous êtes digne d’elle. Faites donc que vous puissiez recevoir son ombre, et lorsque vous serez devenu digne d’elle, en vous viendra, si je puis dire ainsi, son propre corps, dont l’ombre est née. (Origène, cité par S. Jérôme).

[13] Cant. 2, 10.

[14] Luc. 1, 40.

[15] L’Époux s’est approché de la muraille, lorsqu’il s’est uni à la chair. La chair est la muraille, et l’approche de l’Époux c’est l’incarnation du Verbe. (S. Bernard.)

[16] Toi qui es mon amie par l’humilité, ma colombe par la charité, ma toute belle par la chasteté, lève-toi. Par ces paroles, le Christ invite la bienheureuse Vierge à s’en aller en toute hâte à travers les montagnes, saluer Élisabeth et la servir. (Corn. à Lap.) Parce qu’il lui dit : Viens, et non va, elle comprend qu’elle est plutôt conduite qu’envoyée, et que son Époux l’accompagnera. (S. Bernard.)

[17] Il est passé, le long hiver des Prophètes et de la loi, elle s’en est allée, la pluie de la colère et des menaces de Dieu ; il est venu, le temps des fleurs de la grâce, de la réconciliation et de la réouverture du ciel, puisqu’il est levé, le Soleil de justice. C’est alors le temps de tailler, c’est-à-dire le temps du pardon et de la pénitence, par lesquels sont retranchés les péchés. (Corn. à Lap.)

[18] Cant. 6, 9.

[19] Ce R/. semble se rapporter à l’Assomption de la très sainte Vierge, s’avançant vers les cieux dans l’éclat de sa pureté et de sa charité, symbolisées par les rosés et les lys ; les filles de la Jérusalem céleste proclament son bonheur.

[20] Eccli. 50, 8.

[21] Luc. 1, 41.

[22] Dans les Ps. du deuxième Nocturne, nous pouvons contempler la maternité de Marie. Le premier nous l’ait entendre l’épithalame de l’union mystique de la seconde Ève avec le nouvel Adam ; le deuxième nous montre la Mère de douleurs soutenue par une vertu divine ; dans le troisième retentit le cantique d’allégresse de la Mère des vivants à cause de son innombrable postérité spirituelle.

[23] Ps. 44, 4.

[24] Ps. 45, 5.

[25] Si nous sommes membres de Jésus-Christ, nous vivons en quelque sorte en Marie, car par cette tendre mère, nous viennent les grâces de vie et de croissance spirituelle, jusqu’à ce que nous lui devions encore notre naissance au Ciel.

[26] Cf. Ps. 86, 7.

[27] Ps. 45, 5.

[28] Cant. 2, 8.

[29] Ps. 18, 6.

[30] Jn. 1, 29.

[31] Petite à mes propres yeux, traduisent beaucoup d’interprètes.

[32] Luc. 1, 48.

[33] Luc. 1, 45.

[34] Ps. 65, 16.

[35] Dans les Ps. de ce Nocturne, nous célébrons Marie comme Reine des deux et de la terre, dans ses relations avec l’Église du temps et de l’éternité.

[36] 1° C’est de Marie qu’il a été dit au prince du mensonge : « Elle t’écrasera la tête. »(Genèse, 3, 15). 2° II n’est point d’hérésie qui ne provienne de la négation de l’Incarnation ou n’y conduise, de là le lien intime qui unit Marie à tout le dogme chrétien. 3e « La grande foi de Marie qui crut Gabriel sur parole, qui voyant son Fils, faible enfant, pauvre, méprisé, crucifié, l’adora constamment comme son Dieu ; cette grande foi lui mérita de devenir la lumière de tous les fidèles. »(Saint Liguori).

[37] St. Éphrem.

[38] Luc. 1, 48.

[39] Luc. 1, 48.

[40] Luc. 1, 56.

[41] Luc. 1, 39.

[42] Luc. 1, 40.

[43] Luc. 1, 41.

[44] Luc. 1, 42.

[45] Luc. 1, 44.

[46] « L’Église a coutume d’appliquer aux premiers débuts de la très sainte Vierge, les paroles de la sainte Écriture relatives à la Sagesse incréée parce que, en vertu d’un seul et même décret divin, elle a été prédestinée en même temps que l’Incarnation de la divine Sagesse ». (Bulle dogm. de l’Imm. Concept.) Au ciel, Marie règne à jamais, ici-bas elle a servi le Seigneur dans une demeure que lui-même sanctifiait de sa présence, elle a exercé en quel que sorte un ministère sacerdotal, en offrant à Dieu son Fils pour le salut du monde et s’offrant elle-même avec lui.

[47] Luc. 1, 42.

[48] Luc. 1, 41.

[49] Luc. 1, 39.

[50] Luc. 1, 40.

[51] Luc. 1, 41.

[52] Luc. 1, 42.

[53] Luc. 1, 44.

[54] « L’Église a coutume d’appliquer aux premiers débuts de la très sainte Vierge, les paroles de la sainte Écriture relatives à la Sagesse incréée parce que, en vertu d’un seul et même décret divin, elle a été prédestinée en même temps que l’Incarnation de la divine Sagesse ». (Bulle dogm. de l’Imm. Concept.) Au ciel, Marie règne à jamais, ici-bas elle a servi le Seigneur dans une demeure que lui-même sanctifiait de sa présence, elle a exercé en quel que sorte un ministère sacerdotal, en offrant à Dieu son Fils pour le salut du monde et s’offrant elle-même avec lui.

[55] Le sens de cette strophe roule sur le renversement de lettres qu’offrent les mots Ave et Éva. En accueillant le message de Gabriel, Marie a été la cause de notre paix.

[56] Si je vous suis, ô Marie, ce n’est pas que vous me traînez, c’est que vous m’attirez, vos attraits sont puissants ; mais n’ôtent rien au libre arbitre, puisque toute leur force consiste en leur douceur. (St Fr. de S., Traité de l’Am. de Dieu, 2-13).

[57] Luc. 1, 42.

[58] Luc. 1, 38.

[59] Gen. IX, 12-17.

[60] Eccli. XLIII, 12-13.

[61] Psalm. CXXXI, 8.

[62] II Reg. VI.

[63] I Reg. V.

[64] Psalm. CXXXI, 8-9, 14-18.

[65] I Reg. IV, 5-8.

[66] Gen. III, 11.

[67] Josué, III, IV.

[68] Ibid. VI.

[69] Judic. V, 12.

[70] Ibid. 7.

[71] Ibid. 3.

[72] Psalm. XXXIII, 4.

[73] I Reg. II, 1.

[74] Judith, XIII, 18.

[75] Ibid. 23, 31 ; XV, 11.

[76] Exod. XV, 2-3, 11.

[77] I Reg. II, 2.

[78] Esther, IX, 28.

[79] Judith, IX, 11.

[80] I Reg. II, 4-3.

[81] Esther, X, 12.

[82] Ibid. XIII, 15 ; XIV, 5.

[83] Exod. XV, 20-21.

[84] Voir en la fête du Précieux Sang.

[85] SÉDULIUS, Carmen paschale, lib. II, v. 63-69.

[86] I Cor. II, 14.

[87] Matth. XI, 23.

[88] Ibid. 15 ; XIII, 9.

[89] Matth. XVIII, 3.

[90] Ibid. XIII, 11.

[91] Ibid. XI, 19.

[92] I Cor. II, 9.

[93]

Hymnus Completorii in festis B. Mariae (antiphonar. Senon. 1552.)
Virgo Dei Genitrix, quem totus non capit orbis :
In tua se clausit viscera factus homo.
Vierge mère de Dieu, celui que le monde entier ne saurait contenir
s’est enfermé dans votre sein, s’y faisant homme.
Vera fides Geniti purgavit crimina mundi :
Et tibi virginitas inviolata manet.
La foi en votre Fils a purifié les crimes du monde ;
et la virginité vous demeure inviolée.
Te matrem pietatis, opem te clamitat orbis :
Subvenias famulis, o benedicta, tuis.
L’univers vous salue comme la mère de l’amour ;
l’univers vous proclame sa puissance : à vos serviteurs, ô bénie, soyez secourable.
Gloria magna Patri, compar tibi gloria, Nate
Spiritui Sancto gloria magna Deo.
Amen.
Gloire immense soit au Père ; à vous, ô Fils, gloire égale ;
à l’Esprit-Saint, également Dieu, gloire immense !
Amen.

[94] II Cor. V, 14.

[95] Luc. I, 39.

[96] Psalm. XXX, 21.

[97] Heb. IV, 12.

[98] I Cor. VI, 17.

[99] Rom. VIII, 21 ; II Cor. III, 1 7.

[100] Hymn. O Christi mater fulgida. Dan. IV, 276.

[101] Hymn. O Christi mater cœlica. Dan. IV, 236.

[102] Cant. VI, 9.

[103] III Reg. XVIII, 44 ; Isai. XIX, 1.

[104] Eccli. XLIII, 21-24.

[105] Cant. VII, 1.

[106] Ibid. I, 5.

[107] Ibid, 7.

[108] Ibid. III, 6-11.

[109] Psalm. XVIII, 6-7.

[110] Cant. V, 2-6.

[111] Cant. VII, 10-13.

[112] Ibid. VIII, 5.

[113] Ibid. 13.

[114] Ibid. 14.

[115] I Cor. XII, 11.

[116] Carm. Paschal, II, 43, 64. P. L., XIX, 599.

[117] Sap., III, 2-3 : Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, … et cependant ils sont en paix.

[118] Tit., III, 4 : La bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les hommes ont paru.