Accueil - Missel - Sanctoral

31/10 Vigile de la fête de tous les Saints

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Cette vigile fut supprimée en 1955. Néanmoins, comme il s’agit d’un formulaire de messe riche, nous en donnons le texte ici.

Textes de la Messe

ante 1955
avant 1955
die 31 octobris
le 31 octobre
In Vigilia Omnium Sanctorum
Vigile de tous les Saints
Simplex
Simple
Ant. ad Introitum. Sap. 3, 8.Introït
Iúdicant Sancti gentes et dominántur pópulis : et regnábit Dóminus, Deus illórum, in perpétuum.Les Saints jugent les nations et dominent les peuples ; et le Seigneur leur Dieu régnera éternellement.
Ps. 32, 1.
Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio.Justes, exultez dans le Seigneur, c’est aux hommes droits que sied sa louange.
V/. Glória Patri.
Non dicitur Glória in excelsis.On ne dit pas le Glória in excelsis.
Oratio.Collecte
Dómine, Deus noster, multiplica super nos grátiam tuam : et, quorum praevenimus gloriósa sollémnia, tríbue subsequi in sancta professione lætítiam. Per Dóminum.Seigneur notre Dieu, multipliez envers nous l’effusion de votre grâce, et faites que, par une vie sainte, nous méritions de suivre dans la félicité éternelle ceux dont nous anticipons la fête solennelle.
Léctio libri Apocalýpsis beáti Ioánnis Apóstoli.Lecture du livre de l’Apocalypse de l’Apôtre saint Jean.
Apoc. 5, 6-12.
In diébus illis : Ecce, ego Ioánnes vidi in médio throni et quatuor animálium et in médio seniórum Agnum stantem tamquam occísum, habéntem córnua septem et óculos septem : qui sunt septem spíritus Dei, missi in omnem terram. Et venit : et accépit de déxtera sedéntis in throno librum. Et cum aperuísset librum, quatuor animália et vigínti quatuor senióres ceciderunt coram Agno, habéntes singuli cítharas, et phiálas áureas plenas odoramentórum, quæ sunt oratiónes sanctórum : et cantábant cánticum novum, dicéntes : Dignus es, Dómine, accípere librum et aperíre signácula eius : quóniam occisus es, et redemísti nos Deo in sánguine tuo ex omni tribu et lingua et pópulo et natióne : et fecísti nos Deo nostro regnum et sacerdótes : et regnábimus super terram. Et vidi, et audívi vocem Angelórum multórum in circúitu throni et animálium et seniórum : et erat númerus eórum mília mílium, dicéntium voce magna : Dignus est Agnus, qui occísus est, accípere virtútem et divinitátem et sapiéntiam et fortitúdinem et honórem et glóriam et benedictiónem in sǽcula sæculórum. Amen.En ces jours-là, voici que moi, Jean, je vis : en face du Trône, en face des quatre Vivants et des Anciens, il y avait un Agneau ; il se tenait debout, et il était comme immolé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu en mission sur toute la terre. Il s’avança et reçut le Livre, que lui donna de la main droite celui qui siégeait sur le Trône. Quand l’Agneau eut reçu le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se prosternèrent devant lui. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne de recevoir le Livre scellé et de l’ouvrir, car tu as été immolé ; par ton sang, tu as racheté pour Dieu des hommes de toute race, langue, peuple et nation, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume de prêtres qui régneront sur la terre. » Alors, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions. Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. ». Ainsi soit-il.
Graduale. Ps. 149, 5 et 1.Graduel
Exsultábunt Sancti in glória, lætabúntur in cubílibus suis.Les Saints tressailliront dans la gloire, ils se réjouiront sur leurs couches.
V/. Cantáte Dómino cánticum novum : laus eius in ecclésia sanctórum.V/. Chantez au Seigneur un chant nouveau : sa louage est dans l’assemblée des Saints.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 6, 17-23.
In illo témpore : Descéndens Iesus de monte, stetit in loco campéstri, et turba discipulórum eius, et multitúdo copiósa plebis ab omni Iudǽa, et Ierúsalem, et marítima, et Tyri, et Sidónis, qui vénerant, ut audírení eum et sanaréntur a languóribus suis. Et, qui vexabántur a spirítibus immúndis, curabántur. Et omnis turba quærébat eum tangere : quia virtus de illo exíbat, et sanábat omnes. Et ipse, elevátis óculis in discípulos suos, dicebat : Beáti, páuperes : quia vestrum est regnum Dei. Beáti, qui nunc esurítis : quia saturabímini. Beáti, qui nunc fletis : quia ridébitis. Beáti eritis, cum vos óderint hómines, et cum separáverint vos et exprobráveriní, et eiécerint nomen vestrum tamquam malum, propter Fílium hóminis. Gaudéte in illa die et exsultáte : ecce enim, merces vestra multa est in cælo.En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la troupe de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.
Ant. ad Offertorium. Ps. 149, 5-6.Offertoire
Exsultábunt Sancti in glória, lætabúntur in cubílibus suis : exaltatiónes Dei in fáucibus eórum. Les Saints tressailliront dans la gloire, ils se réjouiront sur leurs couches. Les louanges de Dieu seront dans leur bouche.
SecretaSecrète
Altáre tuum, Dómine, munéribus cumulámus oblátis : da, quǽsumus ; ut ad salútem nostram, ómnium Sanctórum tuórum precatióne, profíciant, quorum sollémnia ventúra præcúrrimus. Per Dóminum.Nous accumulons les offrandes sur votre Autel, Seigneur, accordez-nous, s’il vous plaît, qu’elles contribuent à notre salut, moyennant la prière de tous vos Saints dont nous prévenons la prochaine solennité.
Ant. ad Communionem. Sap. 3, 1, 2 et 3.Communion
Iustórum ánimæ in manu Dei sunt : et non tanget illos torméntum malítiæ : visi sunt óculis insipiéntium mori : illi autem sunt in pace.Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas : aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.
PostcommunioPostcommunion
Sacraméntis, Dómine, et gáudiis optátæ celebritátis explétis : quǽsumus ; ut eórum précibus adiuvémur, quorum recordatiónibus exhibéntur. Per Dóminum.Ayant accomplis, Seigneur, les saints mystères et goûté les joies de la solennité que nos désirs devancent, nous vous demandons instamment que nous soyons aidés par les prières de ceux en mémoire desquels ces mystères ont été publiquement célébrés.

Office

Leçons des Matines avant 1955

Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne, s’arrêta dans une plaine, de même que la troupe de ses disciples, et une grande multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, de la contrée maritime, de Tyr et de Sidon. Et le reste.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Première leçon. Observez tout avec diligence, et notamment comme quoi notre Seigneur monte avec les Apôtres et descend vers les foules. Comment la multitude eût-elle vu Jésus-Christ, si Jésus-Christ (ne fût venu pour elle) dans un lieu bas ? Elle ne le suit point sur les hauteurs, elle ne s’élève point jusqu’aux cimes. Ainsi dès que notre Seigneur descend, il trouve des infirmes ; ceux-ci ne peuvent demeurer sur les hauteurs, et de là vient que saint Matthieu nous apprend aussi que les malades ont été guéris dans des lieux peu élevés. Il faut d’abord que chacun d’eux soit guéri, afin que peu à peu, et dans la mesure du progrès de ses forces, il puisse gravir la montagne. Notre Seigneur les guérit tous dans un lieu très bas, c’est-à-dire qu’il retire (le pécheur de l’abîme) de ses passions et remédie à son aveuglement. Il s’abaisse jusqu’à nos plaies, afin qu’en nous rapprochant en quelque sorte et nous enrichissant de sa nature divine, il nous rende participants de son céleste royaume.

Seconde leçon. « Bienheureux êtes-vous, ô pauvres ! Parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Luc ne mentionne que quatre béatitudes, tandis que saint Matthieu en énumère huit, mais dans les huit sont comprises les quatre, et ces quatre renferment les huit. Saint Luc a tout ramené aux quatre vertus cardinales ; saint Matthieu en citant huit béatitudes, nous a dévoilé un nombre mystique. Beaucoup de Psaumes, en effet, sont intitulés ainsi : Pour les huit ou l’Octave (Pro octava) ; et vous recevez le commandement de vous mettre en état de participer en quelque manière à ces huit bénédictions. Comme l’octave, ou le nombre huit, exprime l’accomplissement parfait de notre espérance, il exprime de même la plénitude des vertus.

Troisième leçon. Examinons d’abord ce qu’il y a de plus important. (Vous êtes) « bienheureux, ô pauvres, dit notre Seigneur, parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Matthieu et saint Luc énoncent tous deux en premier lieu cette béatitude ou bénédiction. Elle vient, en effet, au premier rang et est, en quelque sorte, la mère et la génératrice des vertus, car celui qui aura dédaigné les biens du siècle, méritera les biens éternels, tandis qu’il ne pourra mériter le royaume céleste celui qui, se trouvant embarrassé par les cupidités de ce monde, n’a pas le courage de s’en dégager.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Préparons nos âmes aux grâces que le ciel s’apprête à verser sur la terre, en retour des hommages de celle-ci. Telle sera demain l’allégresse de l’Eglise, qu’elle semblera déjà se croire en possession de l’éternité. Aujourd’hui pourtant, c’est sous les livrées de la pénitence qu’elle se montre à nos yeux, confessant bien qu’elle n’est qu’une exilée [1]. Avec elle, jeûnons et prions. Nous aussi, que sommes-nous que des voyageurs, en ce monde où tout passe et se hâte de mourir ? D’années en années, la solennité qui va s’ouvrir compte parmi nos compagnons d’autrefois des élus nouveaux qui bénissent nos pleurs et sourient à nos chants d’espérance. D’années en années, le terme se rapproche où nous-mêmes, admis à la fête des cieux, recevrons l’hommage de ceux qui nous suivent, et leur tendrons la main pour les aider à nous rejoindre au pays du bonheur sans fin. Sachons, dès cette heure, affranchir nos âmes ; gardons nos cœurs libres, au sein des vaines sollicitudes, des plaisirs faux d’une terre étrangère : il n’est pour l’exilé d’autre souci que celui de son bannissement, d’autre joie que celle où il trouve l’avant-goût de la patrie.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La solennité de tous les Saints en cette saison de l’année semble une importation gallicane dans la liturgie romaine. En tant que fête collective de tous les bienheureux du Ciel, elle a toutefois de très anciens précédents dans les diverses liturgies, surtout orientales. Les Sacramentaires antérieurs au IXe siècle sont muets à son égard, puisque c’est seulement à cette époque que Rome l’accueillit.

La messe vigiliale révèle une époque où le bon goût liturgique était encore généralement répandu. Quand elle fut instituée, on ne célébrait déjà plus la nuit, mais l’après-midi précédant la fête, après le chant de none. La pensée prédominante est le triomphe céleste de ceux qui autrefois furent tourmentés, jugés et condamnés par le monde.

La première lecture est tirée du livre de l’Apocalypse (v, 6-12). Un coin du voile se soulève, et Jean contemple et nous décrit brièvement ce qu’il a observé dans l’Église triomphante. Là-haut également il y a une liturgie, un autel, des chandeliers d’or, des encensoirs et une victime. Le centre de cette liturgie est l’Agneau, immolé dans les éternels desseins de Dieu dès le commencement du monde. Le cortège des Anges, des Vieillards et des Saints n’est que pour lui ; l’Église triomphante proprement dite n’est que le nimbe qui illumine son front. Comme tous sont arrivés là-haut par sa grâce, et que les Saints ont lavé leurs robes dans son sang, ainsi maintenant au ciel ils bénissent sa miséricorde et son amour.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

“Le Seigneur a magnifiquement glorifié ses saints et il les exauce quand ils crient vers lui” La Vigile d’une fête est moins, actuellement, une nuit de veille qu’un jour de pénitence et de purification ; une purification de la demeure de l’âme pour la grande fête. Les vigiles sont des jours tout indiqués pour la confession. Précisément la vigile d’aujourd’hui a un caractère plus strict aux yeux du peuple à cause du jeûne. Si nous voulions attribuer à la vigile d’aujourd’hui une formule liturgique, nous choisirions probablement la première partie du Confiteor : En présence du chœur de tous les saints, je confesse mes péchés : mea culpa, mea maxima culpa !

La messe se distingue de celle de la fête par les textes, mais non par les pensées. Les chants glorifient la joie et le triomphe des saints dans le ciel comme la récompense de leurs souffrances sur la terre (les textes font penser surtout aux martyrs). C’est une image sublime que saint Jean esquisse dans son Apocalypse : nous entendons chanter dans le ciel l’éternelle liturgie devant le trône de l’Agneau : “Vous avez, par votre sang, racheté pour Dieu des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, et vous les avez faits rois et prêtres pour notre Dieu.” A l’Évangile, le Seigneur proclame les quatre béatitudes (dans saint Luc) par lesquelles Il nous trace la voie de la sainteté. L’Évangile est aussi une belle image de la messe : “Jésus descend”, au Saint-Sacrifice, “de la montagne” ; la troupe de ses disciples vient à sa rencontre et il les guérit tous. C’est à nous que cela s’applique.

[1] Heb. XI, 13.