Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique :
Cette messe diffère beaucoup des autres messes de martyrs ; car ici ce n’est plus tant le triomphe qui est au premier plan que les tortures du martyre. La messe commence par un ardent appel de l’Église qui voit ses enfants languir dans les prisons. Imaginons que nous sommes au tombeau de nos martyrs ; pendant la vigile nocturne, nous avons lu les actes des martyrs ; nous sommes là maintenant pour célébrer la messe. Les saints se tiennent au milieu de nous. Tout d’abord, c’est le sentiment de l’homme selon la nature qui s’empare de nous devant le spectacle présent : nous entendons les “soupirs des martyrs enchaînés”, nous voyons comment leur sang a coulé. Alors l’homme naturel se révolte, il fait appel à la justice (Intr.). Notre mère l’Église cherche maintenant à nous inspirer des sentiments plus élevés. L’Épître prend le ton d’une consolation venue du ciel : “Les âmes des justes sont entre les mains de Dieu. Aux yeux des insensés ils ont semblé mourir, mais ils sont dans la paix (c’est-à-dire dans la gloire) ; Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui... Ils ont été pris comme victimes, maintenant ils resplendissent et ils règnent ; le Seigneur est leur roi à jamais.” Comme l’Église sait nous enthousiasmer nous aussi pour le sacrifice ! Maintenant nos pensées sont déjà tout autres ; de la plainte nous avons passé à la louange de Dieu. Si, à l’Introït, nous n’avons pu comprendre le regard impassible de Dieu, maintenant nous glorifions sa souveraineté et la force de son bras dans le martyre des saints. Comme la nature et la grâce jugent différemment d’une seule et même chose ! A présent nous comprenons le secret du martyre : “Les corps des saints sont ensevelis dans la paix ; mais leur nom vit” (Allel.). A l’Evangile, nous entendons de la bouche même du Christ l’annonce de son retour ; les paroles suivantes font également allusion au martyre : “Ils porteront la main sur vous, ils vous persécuteront... ils vous traîneront devant les rois et les juges à cause de mon nom... vous serez haïs par tous.” Cela s’est réalisé à la lettre pour nos saints. Nous aussi, unis à eux par le lien du corps mystique du Christ, nous devons être les témoins du Christ : “Par votre patience vous serez maîtres de votre âme.” Aujourd’hui apportons au moins à l’autel le martyre de notre vie en sacrifice. La Communion est pour nous une force dans les épreuves.
Remarquons encore la différence qui existe entre les deux chants extrêmes de la messe : A l’Introït, nous avons sur le martyre des pensées encore toutes naturelles ; au cours de la messe, notre regard s’est purifié. Maintenant, à la fin de la messe, à la Communion, nous portons sur le martyre un regard surnaturel : c’est Dieu qui éprouve les martyrs. Ils sont l’or qui doit être débarrassé de ses scories, ce qui n’est possible que par le feu de la souffrance. Le martyre est le sacrifice total, agréable à Dieu, qui, uni au sacrifice du Christ, constitue l’œuvre la plus haute. Mais le contraste entre ces deux pensées trouve une application particulièrement typique dans la messe : L’homme entre au sanctuaire avec ses sentiments naturels, comme s’il n’était pas racheté ; mais, au Saint-Sacrifice, il est consacré avec ses souffrances et son travail. Il vient à la messe encore tout charnel ; il repart chez lui pacifié et consolé. Dieu ne lui a pas enlevé la croix, il l’a seulement transfigurée.
Pour plusieurs Martyrs | |
Ant. ad Introitum. Ps. 78, 11, 12 et 10. | Introït |
Intret in conspéctu tuo, Dómine, gémitus compeditórum : redde vicínis nostris séptuplum in sinu eórum : víndica sánguinem Sanctórum tuórum, qui effúsus est. | Que le gémissement des captifs pénètre jusqu’à vous, Seigneur ; et pour ceux qui nous entourent faites retomber dans leur sein au septuple l’outrage qu’ils ont fait tomber sur vous ; vengez le sang de vos Saints, qui a été répandu. |
Ps. Ibid., 1. | |
Deus, venérunt gentes in hereditátem tuam : polluérunt templum sanctum tuum : posuérunt Ierúsalem in pomórum custódiam. | Ô Dieu, les nations sont venues dans votre héritage, elles ont souillé votre saint temple, elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Beatórum Mártyrum paritérque Pontíficum N. et N. nos, quǽsumus, Dómine, festa tueántur : et eórum comméndet orátio veneránda. Per Dóminum. | Nous vous en prions, Seigneur, faites qu’en célébrant les fêtes de vos bienheureux Martyrs et Pontifes N. et N., nous obtenions leur protection, et que leur sainte prière nous serve de recommandation auprès de vous. |
¶ Si non fuerint Pontifices, dicitur oratio ut in sequenti Missa. | ¶ S’ils n’étaient pas Évêques, on prend l’oraison de la messe suivante. |
(Deus, qui nos concédis sanctórum Mártyrum tuórum N. et N. natalítia cólere : da nobis in ætérna beatitúdine de eórum societéte gaudére. Per Dóminum.) | (O Dieu qui nous faites la grâce d’honorer la naissance au ciel de vos Saints Martyrs N. et N., accordez-nous de jouir de leur société dans l’éternité bienheureuse.) |
Léctio libri Sapiéntiæ. | Lecture du livre de la Sagesse. |
Sap. 3, 1-8. | |
Iustorum ánimæ in manu Dei sunt, et non tanget illos torméntum mortis. Visi sunt oculis insipiéntium mori : et æstimála est afflíctio exitus illórum : et quod a nobis est iter, extermínium : illi autem sunt in pace. Et si coram homínibus torménta passi sunt, spes illórum immortalitáte plena est. In paucis vexáti, in multis bene disponéntur : quóniam Deus tentávit eos, et invenit illos dignos se. Tamquam aurum in fornáce probávit illos, et quasi holocáusti hóstiam accépit illos, et in témpore erit respéctus illorum. Fulgébunt iusti, et tamquam scintíllæ in arundinéto discúrrent. Iudicábunt natiónes, et dominabúntur pópulis, et regnábit Dóminus illórum in perpétuum. | Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, et leur sortie de ce monde a été regardée comme une affliction, et leur séparation d’avec nous comme un anéantissement, et cependant ils sont en paix ; et s’ils ont souffert des tourments devant les hommes, leur espérance est pleine d’immortalité. Leur tribulation a été légère, et leur récompense sera grande, car Dieu les a éprouvés, et les a trouvés dignes de lui. Il les a mis à l’épreuve comme l’or dans la fournaise, il les a agréés comme une hostie d’holocauste, et quand leur temps sera venu, il les regardera favorablement. Les justes brilleront, et ils étincelleront comme les feux qui courent à travers les roseaux. Ils jugeront les nations, et ils domineront les peuples, et leur Seigneur régnera éternellement. |
Graduale. Exodi 15,11. | Graduel |
Gloriósus Deus in Sanctis suis : mirábilis in maiestáte, fáciens prodígia. | Dieu est glorifié dans ses Saints ; admirable dans sa majesté, il fait des prodiges. |
V/. Ibid., 6. Déxtera tua, Dómine, glorificáta est in virtúte : déxtera manus tua confrégit inimícos. | V/. Votre droite, Seigneur, s’est signalée par sa force ; votre main droite a brisé ses ennemis. |
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 44, 14. Córpora Sanctórum in pace sepúlta sunt, et nómina eórum vivent in generatiónem et generatiónem. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Votre droite, Seigneur, s’est signalée par sa force ; votre main droite a brisé ses ennemis. |
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | Après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. Ps. 125, 5-6. | Trait |
Qui séminant in lácrimis, in gáudio metent. | Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse. |
V/. Eúntes ibant et flébant, mitténtes sémina sua. | V/. Ils allaient et venaient en pleurant, tandis qu’ils jetaient leurs semences. |
V/. Veniéntes autem vénient cum exsultatióne, portántes manípulos suos. | V/. Mais ils reviendront avec allégresse chargés de leurs gerbes. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam. | Lecture du Saint Evangile selon saint Luc. |
Luc. 21, 9-19. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum audieritis pr.lia et seditiónes, nolíte terréri : opórtet primum hæc fíeri, sed nondum statim finis. Tunc dicébat illis : Surget gens contra gentem, et regnum advérsus regnum. Et terræmótus magni erunt per loca, et pestiléntiæ, et fames, terrorésque de cælo, et signa magna erunt. Sed ante hæc ómnia iniícient vobis manus suas, et persequéntur tradéntes in synagógas et custódias, trahéntes ad reges et pr.sides propter nomen meum : contínget autem vobis in testimónium. Pónite ergo in córdibus vestris non præmeditári, quemádmodum respondeátis. Ego enim dabo vobis os et sapiéntiam, cui non potérunt resístere et contradícere omnes adversárii vestri. Tradémini autem a paréntibus, et frátribus, et cognátis, et amícis, et morte affícient ex vobis : et éritis ódio ómnibus propter nomen meum : et capíllus de cápite vestro non períbit. In patiéntia vestra possidébitis ánimas vestras. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Lorsque vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne soyez pas effrayés ; car il faut que ces choses arrivent d’abord, mais ce ne sera pas encore aussitôt la fin. Alors il leur dit : Nation se soulèvera contre nation, et royaume contre royaume. Et il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des pestes, et des famines, et des choses effrayantes dans le ciel, et de grands signes. Mais, avant tout cela, on mettra les mains sur vous, et on vous persécutera, vous livrant aux synagogues et aux prisons, vous traînant devant les rois et les gouverneurs, à cause de mon nom ; et cela vous arrivera pour que vous rendiez témoignage. Mettez donc dans vos cœurs que vous n’aurez pas a méditer d’avance comment vous répondrez ; car je vous donnerai une bouche et une sagesse auxquelles tous vos adversaires ne pourront résister et contredire. Vous serez livrés par vos parents, et par vos frères, et par vos proches, et par vos amis, et l’on fera mourir plusieurs d’entre vous ; et vous serez haïs de tous à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne périra. C’est par votre patience que vous sauverez vos vies. |
Post Septuagesimam in fine sequentis antiphonæ Allelúia omittitur. | Après la Septuagésime, on omet l’Allelúia à la fin de l’antienne qui suit. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 67, 36. | Offertoire |
Mirábilis Deus in Sanctis suis : Deus Israël, ipse dabit virtútem et fortitúdinem plebi suæ : benedíctus Deus, allelúia. | Dieu est admirable dans ses saints. Le Dieu d’Israël donnera lui-même à son peuple la puissance et la force. Dieu soit béni. Alléluia. |
Secreta. | Secrète |
Adésto, Dómine, supplicatiónibus nostris, quas in Sanctórum tuórum commemoratióne deférimus : ut, qui nostræ iustítiæ fidúciam non habémus, eórum, qui tibi placuérunt, méritis adiuvémur. Per Dóminum. | Prêtez attention, Seigneur, aux supplications que nous vous adressons en faisant mémoire de vos saints, afin que nous, qui n’avons point de confiance en notre propre justice, nous soyons aidés par les mérites de ceux qui vous ont plu. |
Ant. ad Communionem. Sap. 3, 4, 5 et 6. | Communion |
Et si coram homínibus torménta passi sunt, Deus tentávit eos : tamquam aurum in fornáce probávit eos, et quasi holocáusta accépit eos. | S’ils ont souffert des tourments devant les hommes, c’est que Dieu les a éprouvés, il les a mis à l’épreuve comme l’or dans la fournaise, et il les a agréés comme une hostie d’holocauste. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Quǽsumus, Dómine, salutáribus repléti mystériis : ut, quorum sollémnia celebrámus, eórum oratiónibus adiuvémur. Per Dóminum. | Rassasiés par la participation à ces mystères de salut, nous vous demandons, Seigneur, d’être aidés grâce aux prières de ceux dont nous célébrons la solennité. |