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03/10 Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, vierge et docteur de l’Eglise

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office Romain  
  Office propre à la France  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Jean-Paul II, Lettre Apostolique, 19 octobre 1997  

Née en 1873, morte en 1897. Canonisée en 1925, fête en 1927. Proclamée docteur de l’Église en 1997. Déposition à Lisieux le 30 septembre 1897, à l’âge de 24 ans. Canonisée en 1925, fête en 1927. Patronne secondaire de la France en 1945. Proclamée docteur de l’Église en 1997.

Textes de la Messe

die 3 octobris
le 3 octobre
SANCTÆ TERESIÆ A IESU INFANTE
SAINTE THÉRÈSE DE L’ENFANT JÉSUS
Virginis
Vierge
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Ant. ad Introitum. Cant. 4, 8-9.Introït
Veni de Líbano, sponsa mea, veni de Líbano, veni : vulnerásti cor meum, soror mea sponsa, vulnerásti cor meum.Viens avec moi du Liban, mon épouse, viens avec moi du Liban ; tu m’as blessé au cœur, ma sœur, mon épouse, tu m’as blessé au cœur.
112, 1.
Laudáte, púeri, Dóminum : laudáte nomen Dómini.Louez le Seigneur, enfants, louez le nom du Seigneur.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Dómine, qui dixisti : Nisi efficiámini sicut párvuli, non intrábitis in regnum cælórum : da nobis, quǽsumus : ita sanctæ Teresiæ Vírginis in humilitáte et simplicitáte cordis vestígia sectári, ut prǽmia consequámur ætérna. Qui vivis.Seigneur qui avez dit : Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux, donnez-nous, nous vous en supplions, de suivre les traces de votre sainte Vierge Thérèse dans la voie de l’humilité et de la simplicité du cœur, en sorte que nous méritions de partager sa récompense éternelle. Vous qui vivez.
Léctio Isaíæ Prophétæ.
Is. 66, 12-14.
Hæc dicit Dóminus : Ecce, ego declinábo super eam quasi flúvium pacis, et quasi torréntem inundántem glóriam géntium, quam sugétis : ad úbera portabímini, et super génua blandiéntur vobis. Quómodo si cui mater blandiátur, ita ego consolábor vos, et in Ierúsalem consolabímini. Vidébitis, et gaudébit cor vestrum, et ossa vestra quasi herba germinábunt, et cognoscétur manus Dómini servis eius.Voici ce que dit le Seigneur : Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent qui déborde. Vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux. De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai, dans Jérusalem vous serez consolés. Vous le verrez, et votre coeur se réjouira ; vos membres, comme l’herbe nouvelle, seront rajeunis. Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.
Graduale. Matth. 11, 25.Graduel
Confíteor tibi, Pater, Dómine cæli et terræ, quia abscondísti hæc a sapiéntibus, et prudéntibus, et revelásti ea párvulis.Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents de ce monde et les avez révélées aux petits.
V/. Ps. 70, 5. Dómine, spes mea a iuventúte mea.V/. Seigneur, dès mon enfance, j’ai espéré en vous.
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 39, 17-19. Quasi rosa plantáta super rivos aquárum fructificate : quasi Libanus odórem suavitátis habete : florete, flores, quasi lílium, et date odórem, et frondete in grátiam, et collaudate cánticum, et benedicite Dóminum in opéribus suis. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Croissez comme la rose plantée sur les bords des eaux : comme le Liban répandez votre parfum suave : semblable au lys, faites éclore vos fleurs et exhalez vos parfums, parez-vous de beauté, chantez un cantique et louez le Seigneur pour la grandeur de ses œuvres. Alléluia.
In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Cant. 2, 11-12.Trait
Iam hiems tránsiit, imber ábiit, et recéssit.Déjà l’hiver et passé, la pluie est partie, elle s’est retirée.
V/. Flores apparuérunt in terra nostra, tempus putatiónis advénit : vox túrturis audíta est in terra nostra. V/. Les fleurs ont paru sur notre terre, le temps de tailler la vigne est venu : la voix de la tourterelle a été entendu sur notre terre.
V/. Ier. 31, 3. In caritáte perpétua diléxi te : ídeo attráxi te, míserans tui.V/. Je t’ai aimée d’un amour éternel : c’est pour cela que je t’ai attirée ayant pitié de toi.
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 39, 17-19. Quasi rosa plantáta super rivos aquárum fructificáte : quasi Libánus odórem suavitátis habéte : floréte, flores, quasi lílium, et date odórem, et frondéte in grátiam, et collaudáte cánticum, et benedícite Dóminum in opéribus suis.Allelúia, allelúia. V/. Croissez comme la rose plantée sur les bords des eaux : comme le Liban répandez votre parfum suave : semblable au lys, faites éclore vos fleurs et exhalez vos parfums, parez-vous de beauté, chantez un cantique et louez le Seigneur pour la grandeur de ses œuvres.
Allelúia. V/. Ps. 33, 9 ; 99, 5. Gustáte, et vidéte quóniam suávis estDóminus : in ætérnum misericórdia eius. Allelúia.Allelúia. V/. Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon : et sa miséricorde éternelle. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 18, 1-4.
In illo témpore : Accessérunt discípuli ad Iesum, dicéntes : Quis, putas, maior est in regno cælórum ? Et advocans Iesus párvulum, státuit eum in médio eórum, et dixit ; Amen, dico vobis, nisi convérsi fuéritis, et efficiámini sicut párvuli, non intrábitis in regnum cælorum. Quicúmque ergo humiliáverit se sicut párvulus iste, hic est maior in regno cælórum.En ce temps-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, c’est celui-là qui est le plus grand dans le Royaume des cieux. »
Ant. ad Offertorium. Luc. 1, 46-48 et 49.Offertoire
Magníficat ánima mea Dóminum : et exsultávit spíritus meus in Deo salutári meo : quia respéxit humilitátem ancíllæ suæ : fecit mihi magna qui potens est.Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur : car il a jeté les yeux sur son humble servante, il a fait en moi de grandes choses.
SecretaSecrète
Sacrifícium nostrum tibi, Dómine, quǽsumus, sanctæ Terésiæ Vírginis tuæ precátio sancta concíliet : ut, in cuius honóre sollémniter exhibétur, eius méritis efficiátur accéptum. Per Dóminum.Seigneur, nous vous en supplions, que la prière de sainte Thérèse, votre Vierge, vous concilie notre sacrifice, afin qu’il vous devienne agréable par les mérite de celle en l’honneur de qui il est offert.
In Galliis, præfatio de SanctisEn France, Préface des Saints .
Ant. ad Communionem. Deut. 32, 10-12.Communion
Circumdúxit eam, et dócuit : et custodívit quasi pupíllam óculi sui. Sicut aquila expándit alas suas, et assúmpsit eam, atque portávit in húmeris suis. Dóminus solus dux eius fuit.Il l’a entouré et a pris soin d’elle : il l’a gardée comme la prunelle de ses yeux. Comme l’aigle il a déployé ses ailes, l’a enlevée et emportée sur ses épaules. Le Seigneur seul fut son guide.
PostcommunioPostcommunion
Illo nos, Dómine amóris igne cæléste mystérium inflámmet : quo sancta Teresia Virgo tua se tibi pro homínibus caritátis víctimam devóvit. Per Dóminum.Que ce mystère céleste nous embrase de ce feu brûlant, auquel la sainte Vierge Thérèse s’offrit en victime d’amour pour les hommes.

Office Romain

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Thérèse de l’Enfant Jésus naquit à Alençon, en France, de parents honorables, et remarquables par leur singulière et fervente piété envers Dieu. Aussi aspirait-elle dès sa plus tendre enfance à la vie religieuse. Elle fit dès lors sérieusement la promesse de ne rien refuser à Dieu de ce qu’il lui paraîtrait désirer d’elle, promesse à laquelle elle s’efforça d’être fidèle jusqu’à la mort. Ayant perdu sa mère au cours de sa cinquième année, elle s’abandonna totalement à la Providence de Dieu, sous la garde vigilante d’un père très aimant, et de ses sœurs aînées. A leur école, Thérèse s’élança comme un géant, pour courir dans la voie de la perfection. A l’âge de neuf ans elle fut confiée, pour son éducation, aux religieuses de l’ordre de Saint Benoît, à Lisieux, et se fit remarquer là par son intelligence supérieure des choses surnaturelles. A dix ans, une grave et mystérieuse maladie la fit longtemps souffrir. Elle en fut miraculeusement délivrée, comme elle le raconte elle-même, par le secours de la Bienheureuse Vierge qui lui apparut souriante, au cours d’une neuvaine où elle était invoquée sous son titre de Notre-Dame des Victoires. Pleine alors d’une angélique ferveur, elle se prépara avec le plus grand soin au banquet sacré, où le Christ se fait notre aliment.

Cinquième leçon. Sitôt qu’elle eut reçu pour la première fois le Pain Eucharistique, elle manifesta une faim insatiable de cette céleste nourriture. Comme inspirée, elle demandait à Jésus de changer pour elle, en amertume toutes les consolations du monde. Dès lors, toute brûlante d’amour pour le Christ notre Seigneur e pour l’Église, elle n’eut bien tôt de plus grand désir que d’entrer dans l’Ordre des Carmélites déchaussées, afin de pouvoir par son immolation et ses sacrifices, « aider les prêtres, les missionnaires toute l’Église », et de gagner des âmes sans nombre à Jésus-Christ, comme plus tard près de mourir, elle promit de continuer à le faire auprès de Dieu. Elle éprouva de grandes difficultés à embrasser la vie religieuse à cause de sa jeunesse, mais elle le : surmonta avec une force d’âme incroyable, et, à l’âge de quinze ans, entra avec bonheur au Carmel de Lisieux. Là, Dieu opéra d’admirables ascensions dans le cœur de Thérèse, qui, imitant la vie cachée de la Vierge Marie, produisit comme un jardin fertile, les fleurs de toutes les vertus, mais surtout celle d’une éminente charité pour Dieu et pour le prochain.

Sixième leçon. Ayant lu dans la Sainte Écriture cette invitation : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi », elle voulut, dans son désir de plaire davantage au Très-Haut, devenir petite selon l’esprit, et, avec une confiance toute filiale, elle se livra pour toujours à Dieu, comme au plus aimant des Pères. Cette « voie de l’enfance spirituelle » selon la doctrine de l’Évangile, elle l’enseigna aux autres, spécialement aux novices qu’elle était chargée, par obéissance, de former aux vertus religieuses ; et ainsi, toute remplie d’un zèle apostolique, elle montra le chemin de la simplicité évangélique à un monde enflé d’orgueil et attaché aux vanités. Jésus, son Époux, l’enflamma profondément du désir de souffrir et dans son âme et dans son corps. Bien plus, considérant avec une extrême douleur, combien l’amour de Dieu est universellement rejeté, deux ans avant sa mort, elle s’offrit en victime à l’Amour très miséricordieux de Dieu. Alors, comme elle le rapporte elle-même, elle fut blessée d’une flamme du céleste feu. Enfin, consumée d’amour, ravie en extase, et murmurant avec une ferveur extrême : « Mon Dieu, je vous aime ! » elle s’envola vers son Époux, le trente septembre de l’année mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, étant âgée de vingt-quatre ans. La promesse qu’elle avait faite en mourant, de faire tomber sur la terre une perpétuelle pluie de roses, dès son entrée au Ciel elle l’a réalisée, et la réalise encore de nos jours, par d’innombrables miracles. C’est pourquoi le Souverain Pontife Pie XI l’a inscrite parmi les Vierges Bienheureuses et deux ans après, au cours du grand jubilé il l’a solennellement placée au nombre des Saintes, puis constituée et déclarée Patronne spéciale de tous les Missionnaires.

Office propre à la France

AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

Ant. 1 Tu es bénie par ton Dieu, * car en tout pays où l’on connaîtra ton nom, le Dieu d’Israël sera glorifié à ton sujet.
Ant. 2 Le Seigneur t’a choisie * pour que tu sois à lui, et pour manifester en toi sa louange, son renom et sa gloire.
Ant. 3 Tu seras une couronne de gloire * dans la main du Seigneur, un diadème royal dans la main de ton Dieu ; car le Seigneur a mis en toi sa complaisance.
Ant. 4 Le Seigneur déploiera sur toi * sa miséricorde et sa fidélité, car tu as manifesté la grâce et la foi.
Ant. 5 Ta lumière jaillira * comme l’aurore, et ta justice marchera devant toi et la gloire du Seigneur t’entourera.
Capitule. Is. 66, 12.Ainsi parle le Seigneur : Je vais faire couler vers elle la paix comme un fleuve, et comme un torrent débordant la gloire des nations. Ses nourrissons seront portés sur les bras et caressés sur les genoux.

Hymnus Hymne
Nomen decúsque cóncinant
Terésiæ almæ Vírginis
Qui sancta divi párvuli
Credunt amántque múnera.
Qu’ils chantent le nom et
la gloire de la sainte Vierge Thérèse,
ceux qui croient avec amour
aux saints dons du divin Enfant.
Carméli summos vértices
Patróna Mater déligit :
Terésia illuc ádvolat,
Sponsi premens vestígia.
Sa patronne et mère l’appelle
aux sommets du mont Carmel ;
Thérèse s’y élance
sur les traces de son Époux.
Affláta Iesu númine
Secréta pandit grátiæ ;
Magístra mundo, símplices
Infántium docet vias.
Animée par l’esprit de Jésus,
elle révèle les mystères de la grâce ;
elle enseigne au monde en maîtresse
les voies simples des enfants.
Virtútis ipsa flósculos
Olent sacráta límina,
Quæ casta virgo, ut ángelus
Immíssus e cælo, colit.
Les saints cloîtres eux-mêmes
respirent les fleurs de vertu
que la chaste Vierge cultive,
comme un Ange descendu du ciel.
At iúbilum non éxprimit
Omnes amóris ímpetus ;
Non septa magnos cláudere
Eius valent anhelitus.
Mais un chant n’exprime pas
tous les élans de son amour ;
aucune enceinte ne peut contenir
la puissance de ses soupirs.
Iesu, tibi sit glória,
Qui te revélas párvulis,
Cum Patre, et almo Spíritu
In sempitérna sǽcula. Amen.
A vous, Jésus, soit la gloire,
vous qui vous révélez aux tout-petits,
comme au Père et au Saint-Esprit,
dans les siècles éternels. Amen.

V/. Pour moi, je veux me réjouir dans le Seigneur.
R/. Exulter en Dieu, mon Sauveur.

Ant.au Magnificat Moi, le Seigneur, * je te prendrai pour épouse à jamais ; je t’épouserai dans la justice et la droiture, dans la tendresse et dans l’amour ; je t’épouserai dans la fidélité.

A MATINES.

Invitatoire. Le Seigneur, Roi des Vierges, * Venez, adorons-le.

Hymnes comme aux 1ères Vêpres.

Au premier nocturne.

Ant. 1 Il a plu à Dieu, * qui m’a appelée par sa grâce, de révéler son Fils en moi.
Ant. 2 Quant à lui, * il connaît ma voie, et il m’a éprouvée comme l’or qui passe par le feu.
Ant. 3 Mon pied a suivi ses traces, * j’ai gardé sa voie, et je n’en ai pas dévié.

V/. Je tressaillirai et je me réjouirai, Seigneur, de votre miséricorde
R/. Car vous avez regardé ma petitesse.

Du Cantique des Cantiques. Cap. 2, 1-6 ; 10-14 ; 5, 1 ; 6, 1-3.

Première leçon. Je suis la fleur des champs, et le lis des vallées. Comme un lis parmi les épines, telle est ma bien-aimée parmi les jeunes filles. Comme un pommier parmi les arbres des forêts, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. Je me suis assise à l’ombre de celui que j’avais désiré, et son fruit est doux à ma bouche. Il m’a introduite dans le cellier à vin ; il a réglé en moi l’amour. Soutenez-moi avec des fleurs, fortifiez-moi avec des fruits, car je languis d’amour. Sa main gauche est sous ma tête, et il m’embrasse de sa main droite.
R/. Mon cœur exultera, ô Dieu, à cause de votre salut : * Je chanterai au Seigneur pour les bienfaits qu’il m’a accordés, et je célébrerai le nom du Seigneur Très-Haut. V/. Venez, écoutez, et je vous raconterais vous tous qui craignez Dieu, les grandes choses qu’il a faites à mon âme. * Je chanterai.

Deuxième leçon. Voilà mon bien-aimé qui me parle : Lève-toi, hâte-toi, mon amie, ma colombe, ma belle, et viens. Car l’hiver est déjà passé ; la pluie a cessé et s’en est allée. Les fleurs ont paru sur notre terre, le temps de tailler la vigne est venu ; la voix de la tourterelle s’est fait entendre dans notre terre ; le figuier a poussé ses premiers fruits ; les vignes en fleur ont répandu leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ; ma colombe, toi qui te retires dans les creux de la pierre et dans les enfoncements de la muraille, montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles ; car ta voix est douce, et ton visage est agréable.
R/. Je me réjouirai joyeusement dans le Seigneur, et mon âme exultera en mon Dieu : * Car il m’a revêtue des vêtements du salut, il m’a recouverte d’un vêtement de justice, comme une épouse ornée de ses joyaux. V/. C’est en Dieu qu’est mon salut et ma gloire, en lui est mon espérance et mon secours. * Car.

Troisième leçon. Que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange du fruit de ses arbres. Je suis venu dans mon jardin, ma sœur, mon épouse ; j’ai recueilli ma myrrhe avec mes parfums ; j’ai mangé le rayon avec mon miel ; j’ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, mes amis, et buvez, et enivrez-vous, mes bien-aimés. Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, dans le parterre des plantes aromatiques, pour se nourrir dans les jardins et pour cueillir des lis. Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi, lui qui se nourrit parmi les lis. Tu es belle, ô mon amie, suave, et belle comme Jérusalem, terrible comme une armée rangée en bataille.
R/. Mets tes délices dans le Seigneur, et il te donnera ce que demande ton cœur : * Et il fera resplendir ta justice comme la lumière, et ton bon droit comme le plein midi. V/. Soumets-toi à lui, et sois en paix, et ainsi tu porteras les meilleurs fruits. * Et. Gloire au Père. * Et.

Au deuxième nocturne.

Ant. 1 Je t’ai fait serment * et j’entrai en alliance avec toi, dit le Seigneur Dieu, et tu devins à moi.
Ant. 2 C’est moi le Seigneur ton Dieu, * qui t’instruis de tout ce qui t’est utile, et qui te dirige dans le chemin où tu marches.
Ant. 3 Ton nom s’est répandu * parmi les nations à cause de ta beauté, car tu étais parfaite, grâce à ma splendeur.

V/. Mon âme exultera dans le Seigneur.
R/. Et se délectera dans son salut.

Quatrième leçon. Thérèse de l’Enfant Jésus naquit à Alençon, en France, de parents honorables, et remarquables par leur singulière et fervente piété envers Dieu. Aussi aspirait-elle dès sa plus tendre enfance à la vie religieuse. Elle fit dès lors sérieusement la promesse de ne rien refuser à Dieu de ce qu’il lui paraîtrait désirer d’elle, promesse à laquelle elle s’efforça d’être fidèle jusqu’à la mort. Ayant perdu sa mère au cours de sa cinquième année, elle s’abandonna totalement à la Providence de Dieu, sous la garde vigilante d’un père très aimant, et de ses sœurs aînées. A leur école, Thérèse s’élança comme un géant, pour courir dans la voie de la perfection. A l’âge de neuf ans elle fut confiée, pour son éducation, aux religieuses de l’ordre de Saint Benoît, à Lisieux, et se fit remarquer là par son intelligence supérieure des choses surnaturelles. A dix ans, une grave et mystérieuse maladie la fit longtemps souffrir. Elle en fut miraculeusement délivrée, comme elle le raconte elle-même, par le secours de la Bienheureuse Vierge qui lui apparut souriante, au cours d’une neuvaine où elle était invoquée sous son titre de Notre-Dame des Victoires. Pleine alors d’une angélique ferveur, elle se prépara avec le plus grand soin au banquet sacré, où le Christ se fait notre aliment.
R/. Le Seigneur est devenu mon ferme appui et il m’a conduite au large : * Il m’a délivrée parce que je lui ai plu. V/. ’est Dieu qui m’a revêtue de force et qui a aplani la voie parfaite où je marche. * Il m’a délivrée.

Cinquième leçon. Sitôt qu’elle eut reçu pour la première fois le Pain Eucharistique, elle manifesta une faim insatiable de cette céleste nourriture. Comme inspirée, elle demandait à Jésus de changer pour elle, en amertume toutes les consolations du monde. Dès lors, toute brûlante d’amour pour le Christ notre Seigneur e pour l’Église, elle n’eut bien tôt de plus grand désir que d’entrer dans l’Ordre des Carmélites déchaussées, afin de pouvoir par son immolation et ses sacrifices, « aider les prêtres, les missionnaires toute l’Église », et de gagner des âmes sans nombre à Jésus-Christ, comme plus tard près de mourir, elle promit de continuer à le faire auprès de Dieu. Elle éprouva de grandes difficultés à embrasser la vie religieuse à cause de sa jeunesse, mais elle le : surmonta avec une force d’âme incroyable, et, à l’âge de quinze ans, entra avec bonheur au Carmel de Lisieux. Là, Dieu opéra d’admirables ascensions dans le cœur de Thérèse, qui, imitant la vie cachée de la Vierge Marie, produisit comme un jardin fertile, les fleurs de toutes les vertus, mais surtout celle d’une éminente charité pour Dieu et pour le prochain.
R/. Écoute, ma fille, vois et prête l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père ; * Et le Roi sera épris de ta beauté, car c’est lui qui est le Seigneur ton Dieu. V/. La Sagesse mettra sur ta tête un accroissement de grâces et elle te couvrira d’une couronne éclatante. * Et.

Sixième leçon. Ayant lu dans la Sainte Écriture cette invitation : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi », elle voulut, dans son désir de plaire davantage au Très-Haut, devenir petite selon l’esprit, et, avec une confiance toute filiale, elle se livra pour toujours à Dieu, comme au plus aimant des Pères. Cette « voie de l’enfance spirituelle » selon la doctrine de l’Évangile, elle l’enseigna aux autres, spécialement aux novices qu’elle était chargée, par obéissance, de former aux vertus religieuses ; et ainsi, toute remplie d’un zèle apostolique, elle montra le chemin de la simplicité évangélique à un monde enflé d’orgueil et attaché aux vanités. Jésus, son Époux, l’enflamma profondément du désir de souffrir et dans son âme et dans son corps. Bien plus, considérant avec une extrême douleur, combien l’amour de Dieu est universellement rejeté, deux ans avant sa mort, elle s’offrit en victime à l’Amour très miséricordieux de Dieu. Alors, comme elle le rapporte elle-même, elle fut blessée d’une flamme du céleste feu. Enfin, consumée d’amour, ravie en extase, et murmurant avec une ferveur extrême : « Mon Dieu, je vous aime ! » elle s’envola vers son Époux, le trente septembre de l’année mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, étant âgée de vingt-quatre ans. La promesse qu’elle avait faite en mourant, de faire tomber sur la terre une perpétuelle pluie de roses, dès son entrée au Ciel elle l’a réalisée, et la réalise encore de nos jours, par d’innombrables miracles. C’est pourquoi le Souverain Pontife Pie XI l’a inscrite parmi les Vierges Bienheureuses et deux ans après, au cours du grand jubilé il l’a solennellement placée au nombre des Saintes, puis constituée et déclarée Patronne spéciale de tous les Missionnaires. Pie XII, accédant aux vœux de tous les évêques de France a établi et déclaré que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus serait auprès de Dieu patronne secondaire de toute la France [1].
R/. Seigneur, qu’y a-t-il pour moi dans le ciel ? Et qu’ai-je désiré, hors de vous, sur la terre ? Ma chair et mon cœur ont défailli. * O Dieu de mon cœur, mon partage, mon Dieu pour l’éternité. V/. Je vous aimerai, Seigneur, qui êtes ma force ; car vous m’avez donné le bouclier de votre salut, et votre droite me soutient. * O Dieu. Gloire au Père. * O Dieu.

Au troisième nocturne.

Ant. 1 Le Dieu Très-Haut * a fait en moi des prodiges et des merveilles ; et j’ai béni le Très-Haut, et j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement.
Ant. 2 Jamais je ne cesserai * de prier pour vous ; et je vous enseignerai la voie bonne et droite.
Ant. 3 J’implorerai le Seigneur, * et vers Dieu je dirigerai ma prière : il fait des choses grandes et insondables, merveilleuses et innombrables.

V/. Louez le Seigneur, car le Seigneur est bon.
R/. Chantez une hymne à son nom, car celui-ci est doux.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 18, 1-4.
En ce temps-là : les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? ». Et le reste.

Homélie de saint Léon Pape.

Septième leçon. Tout l’apprentissage de la sagesse chrétienne, mes bien-aimés, ne consiste ni dans l’abondance des paroles, ni dans la subtilité des discussions, ni dans l’appétit de la louange et de la gloire, mais dans une humilité sincère et volontaire, telle que le Seigneur Jésus Christ l’a adoptée et enseignée comme la seule grandeur d’âme, depuis le sein de sa mère jusqu’àu supplice de la croix. Car, un jour où ses disciples discutaient entre eux, dit l’Évangile, pour savoir lequel était le plus grand dans le royaume des deux, il appela un petit enfant, le mit au milieu d’eux et dit : « En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez pareils à de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des deux. Tout homme, donc, qui se sera abaissé comme ce petit enfant, celui-là sera le plus grand dans le royaume des deux. » Le Christ aime l’enfance, lui qui a commencé par être enfant, par le corps et par l’esprit. Le Chris aime l’enfance, maîtresse d’humilité, idéal d’innocence, exemple de douceur. Le Christ aime l’enfance : il y oriente la conduite des aînés, il y ramène l’âge des vieillards et il incline à suivre son exemple ceux qu’il veut élever au royaume éternel.
R/. Seigneur, j’ai été plus intelligente que les vieillards, car votre parole est une lampe pour mes pas et une lumière sur mes sentiers. * L’explication de vos paroles est une lumière, elle donne l’intelligence aux petits. V/. Je sais, mon Dieu, que vous éprouvez les cœurs, et que vous aimez la simplicité. * L’explication.

Huitième leçon. Mais pour que nous puissions savoir pleinement comment une aussi étonnante transformation est réalisable, et par quel changement nous pourrons revenir à l’état d’enfants, saint Paul sera notre maître, lorsqu’il dit : Ne soyez pas des enfants par l’ignorance : soyez petits quant à la méchanceté. Il ne s’agit donc pas pour nous de retourner aux jeux de l’enfance ni à ses commencements imparfaits. Il faut lui prendre ce quelque chose qui convient même à l’âge mûr : que les émotions passent rapidement, et que le retour à la paix s’accomplisse promptement ; qu’on n’ait aucune mémoire des offenses, aucun désir des dignités ; qu’on aime la vie commune, qu’on trouve l’égalité toute naturelle. Car c’est un grand bien que d’ignorer l’art de nuire, et de ne pas avoir de pensées méchantes. Car faire tort et rendre le tort subi, c’est la prudence de ce monde ; mais ne rendre à personne le mal pour le mal, c’est le propre de l’enfance et de la justice chrétienne.
R/. Que votre âme reçoive l’enseignement, car il vous est aisé de le trouver ; * Voyez de vos yeux que, sans grande peine, je me suis procuré beaucoup de repos. V/. Accomplissez votre œuvre avant le temps, et il vous donnera votre récompense en son temps. * Voyez. Gloire au Père. * Voyez.

Neuvième leçon. A cette ressemblance avec les petits enfants, mes bien-aimés, vous invite le mystère de la fête d’aujourd’hui. Le Sauveur adoré par les Mages dans son enfance vous suggère cette forme d’humilité. Pour montrer quelle gloire il prépare à ses imitateurs, il a donné la consécration du martyre à ceux qui sont nés en même temps que lui. Ainsi ceux qui sont nés à Bethléem, la patrie du Christ, sont devenus par la communauté de l’âge, participants de sa passion. Que les fidèles aiment donc l’humilité et qu’ils évitent tout orgueil. Que chacun préfère autrui à soi-même, que personne ne recherche son intérêt, mais celui d’autrui. Ainsi toute âme aura un généreux amour de bienveillance, aucune ne connaîtra le poison de l’envie. Car celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. Notre Seigneur Jésus Christ lui-même l’affirme, lui, qui étant Dieu, vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

A LAUDES.

Ant. 1 Tu es bénie par ton Dieu, * car en tout pays où l’on connaîtra ton nom, le Dieu d’Israël sera glorifié à ton sujet.
Ant. 2 Le Seigneur t’a choisie * pour que tu sois à lui, et pour manifester en toi sa louange, son renom et sa gloire.
Ant. 3 Tu seras une couronne de gloire * dans la main du Seigneur, un diadème royal dans la main de ton Dieu ; car le Seigneur a mis en toi sa complaisance.
Ant. 4 Le Seigneur déploiera sur toi * sa miséricorde et sa fidélité, car tu as manifesté la grâce et la foi.
Ant. 5 Ta lumière jaillira * comme l’aurore, et ta justice marchera devant toi et la gloire du Seigneur t’entourera.
Capitule. Is. 66, 12.Ainsi parle le Seigneur : Je vais faire couler vers elle la paix comme un fleuve, et comme un torrent débordant la gloire des nations. Ses nourrissons seront portés sur les bras et caressés sur les genoux.

HymnusHymne
Imménsa Christi cáritas
Maióra cogit ággredi
Apostolórum et Mártyrum
Auctam coróna vírginem.
La charité immense du Christ
la pousse à entreprendre de grandes choses,
cette Vierge ornée de la couronne
des Apôtres et des Martyrs.
Optans amóris víctima !
Ex igne adúri mýstico,
Sponsum precátur últimas
Flammas vorántes éxcitet.
Souhaitant, victime d’amour,
être brûlée d’un feu mystique,
elle prie son Époux d’attiser
les flammes suprêmes de l’holocauste.
Æternitátis núntia
Optáta mors iam pérvenit :
Hæc íngemens : Te díligo !
Terésia ad Christum émigrat.
Messagère d’éternité,
voici que vient la mort désirée.
Murmurant : « Je vous aime ! »
Thérèse s’envole vers le Christ.
Cæléstibus nunc gáudiis
Fruens ab arce síderum,
Quas lárgiter promíseras
Rosas meménto spárgere.
Jouissant maintenant du bonheur céleste,
souviens-toi, du haut du ciel,
de répandre largement les roses
que tu avais promises.
Tu corde Rex mitíssime,
Qui párvulis regnum paras,
Nos hanc secútos íngredi
Præsta beáta límina.
Et vous, Roi au cœur très doux,
qui préparez un royaume aux petits,
accordez-nous d’entrer à sa suite
au bienheureux séjour.
Iesu, tibi sit glória,
Qui te revelas párvulis,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
A vous, Jésus, soit la gloire,
vous qui vous révélez aux tout-petits,
comme au Père et au Saint-Esprit,
dans les siècles éternels. Amen.
V/. Le Seigneur sera pour toi une lumière éternelle.
R/. Et ton Dieu sera ta gloire.

Ant. au Bénédictus Le Seigneur te donnera * le repos pour toujours, et il comblera ton âme de splendeurs, et tu deviendras comme un jardin arrosé, et comme une source aux eaux intarissables.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Antiennes et Capitule de Laudes

Hymnus Hymne
Luce divína rutilántis aulæ
Sédibus, virgo, frúeris, secúndans
Vota, promísso réfoves precántes
Imbre rosárum.
O vierge, tu trônes au palais éclatant
de lumière divine ; répondant à nos vœux,
selon ta promesse, tu réconfortes ceux qui te prient,
par une pluie de roses.
Sint rosæ nobis fídei supérnæ
Lumen affúlgens, columénque rebus
Spes in advérsis, et amóris almi
Vívida virtus.
Que ces roses soient pour nous la lumière
brillante de la foi céleste, l’espérance
qui soutient dans l’adversité, et la vertu vivace
d’une sainte charité.
Sint rosæ nobis tuus ille fidens
Candor infántis Dómino, patérno
Grata qui præbet vel acerba nostræ
Númine vitæ.
Que ces roses soient pour nous ta candeur d’enfant
abandonné au Seigneur, qui,
par sa grâce paternelle, nous rend douces même
les amertumes de notre vie.
Præstet hoc nobis Deitas beáta
Patris, ac Nati paritérque Sancti
Spíritus, cuius résonat per omnem
Glória mundum. Amen.
Que tout cela nous soit accordé par la Déité bienheureuse
du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
dont la gloire éclate
dans le monde entier. Amen.

V/. La main du Seigneur t’a fortifiée.
R/. Et c’est pourquoi tu seras bénie éternellement.

Ant. au Magnificat Béni soit le Seigneur, * car aujourd’hui il a tellement glorifié ton nom que ta louange ne disparaîtra pas de la bouche des hommes, qui se souviendront éternellement de la puissance du Seigneur.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Être un petit enfant devant Dieu »

Sainte Thérèse. — Jour de mort : 30 septembre 1897, à l’âge de 24 : ans. Tombeau : à Lisieux, en France. Vie : La « petite Thérèse de l’Enfant Jésus » est actuellement une des saintes les plus populaires. Quelle profonde émotion devons-nous éprouver à la pensée qu’une de nos contemporaines a reçu l’honneur des autels et a été couronnée au ciel comme sainte[ — La sainte est née à Alençon, en France, de parents honorables. A neuf ans, elle fut confiée aux Bénédictines de Lisieux pour son éducation. A dix ans, elle fut guérie miraculeusement d’une grave maladie. A 15 ans, elle reçut du pape Léon XIII en personne la permission d’entrer au Carmel de Lisieux. « Thérèse avait lu dans la Sainte Écriture cette célèbre exhortation : Si quelqu’un est vraiment petit, alors qu’il vienne à moi ! (Prov. IX, 4 :). Aussi, pour plaire davantage au Très-Haut, voulut-elle être un petit enfant en esprit et s’abandonner pour toujours avec une confiance d’enfant à Dieu comme au plus aimant des pères. Elle en dirigea également d’autres dans cette petite voie de l’enfance spirituelle selon l’enseignement de l’Évangile, notamment les novices dont elle était devenue, par obéissance, la maîtresse pour les former à la pratique fervente des vertus de l’Ordre. Ainsi Thérèse, animée du véritable zèle apostolique, annonça au monde, consumé d’orgueil et épris de vaine frivolité, la voie de la simplicité évangélique... En outre, elle souffrit extrêmement de constater que l’amour de Dieu était partout dédaigné ; c’est pourquoi, deux ans avant sa mort, elle s’offrit comme victime à l’amour du Dieu de miséricorde. Peu après, Thérèse fut pénétrée, comme elle le rapporta elle-même, de la flamme du feu céleste et elle mourut en prononçant dans son dernier soupir, au milieu d’une extase, avec l’ardeur du saint amour, ces paroles : « Mon Dieu, je vous aime. » Elle s’envola vers son céleste Époux le 30 septembre 1897, à l’âge de 24 ans. En mourant, Thérèse avait promis qu’elle ferait descendre sur la terre une pluie ininterrompue de roses (de grâces célestes). Elle réalisa cette promesse après son entrée au ciel par un nombre incalculable de miracles et elle la réalise encore de nos jours » (Bréviaire).

La Messe (Veni de Libano). — La messe est composée entièrement d’un texte propre qui exprime fort bien les aspects caractéristiques de la vie de notre petite sainte. A l’Introït, nous entendons l’invitation du Seigneur à son épouse : « O, viens du Liban, mon épouse. Tu as blessé mon cœur. » Le verset invite les enfants à louer Dieu : « Enfants de Dieu, louez le Seigneur. » L’Oraison demande l’esprit d’enfance de la petite Thérèse « en union d’humilité et de simplicité de cœur avec elle ». La lecture d’Isaïe déborde d’enthousiasme : « Comme un torrent, je lui apporte la paix ; comme un fleuve gonflé de hautes eaux, la gloire éclatante des peuples. Oui, vous serez désaltérés ; je vous porterai dans mon cœur et je vous caresserai sur mes genoux... » L’Évangile montre de nouveau l’esprit d’enfance : « Alors Jésus appela un enfant, le plaça il au milieu et dit : « Si vous ne devenez pas semblables à des enfants, vous ne pourrez entrer dans le royaume des cieux. » A l’Offertoire, nous entendons notre sainte chanter le Magnificat : « Car il a abaissé les yeux sur son humble servante. » La Communion, elle aussi, est très joyeuse : « Il l’a dirigée, il l’a instruite et il l’a protégée comme la prunelle de son œil. Comme un aigle il étend ses ailes et il l’a portée sur ses ailes. » Il y a dans cette messe une chaleur et une solennité extraordinaires.

Jean-Paul II, Lettre Apostolique, 19 octobre 1997

LETTRE APOSTOLIQUE ‘Divini Amoris Scientia’ pour la proclamation de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face Docteur de l’Église universelle

1. LA SCIENCE DE L’AMOUR DIVIN que répand le Père de toute miséricorde, par Jésus Christ en l’Esprit Saint, est un don, accordé aux petits et aux humbles afin qu’ils connaissent et qu’ils proclament les secrets du Royaume cachés aux sages et aux savants ; pour cela, Jésus a exulté dans l’Esprit Saint, bénissant le Père, qui en a ainsi disposé [2].

Mère, l’Église se réjouit aussi de voir que, dans le cours de l’histoire, le Seigneur continue à se révéler aux petits et aux humbles, rendant capables ceux qu’il a choisis, par l’Esprit qui "sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu" [3], de parler des "dons gracieux que Dieu nous a faits [...], non pas avec des discours enseignés par l’humaine sagesse, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles" [4]. L’Esprit Saint guide ainsi l’Église vers la vérité tout entière, la pourvoit de dons divers, l’embellit de ses fruits, la rajeunit par la force de l’Évangile et lui permet de scruter les signes des temps pour mieux répondre à la volonté de Dieu [5].

Parmi les petits auxquels les secrets du Royaume ont été manifestés d’une manière toute particulière, resplendit Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, moniale professe de l’Ordre des Carmélites déchaussées, dont le centenaire de l’entrée dans la patrie céleste est célébré cette année.

Pendant sa vie, Thérèse a découvert "de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux" [6] et elle a reçu du divin Maître la "science d’Amour" qu’elle a montrée dans ses écrits avec une réelle originalité [7]. Cette science est l’expression lumineuse de sa connaissance du mystère du Royaume et de son expérience personnelle de la grâce. Elle peut être considérée comme un charisme particulier de la sagesse évangélique que Thérèse, comme d’autres saints et maîtres de la foi, a puisée dans la prière [8].

2. En notre siècle, l’accueil réservé à l’exemple de sa vie et à sa doctrine évangélique a été rapide, universel et constant. En quelque sorte à l’instar de sa maturité spirituelle précoce, sa sainteté a été reconnue par l’Église en peu d’années. En effet, le 10 juin 1914, Pie X signait le décret d’introduction de la cause de béatification ; le 14 août 1921, Benoît XV déclarait l’héroïcité des vertus de la servante de Dieu et prononçait à cette occasion un discours sur la voie de l’enfance spirituelle ; Pie XI la proclamait bienheureuse le 29 avril 1923. Peu après, le 17 mai 1925, le même Pape la canonisait en la Basilique Saint-Pierre devant une foule immense, mettant en relief la splendeur de ses vertus ainsi que l’originalité de sa doctrine ; deux ans plus tard, le 14 décembre 1927, il la proclamait patronne des missions en même temps que saint François Xavier, à la demande de nombreux évêques missionnaires.

À la suite de ces consécrations, le rayonnement spirituel de Thérèse de l’Enfant-Jésus a grandi dans l’Église et s’est répandu dans le monde entier. Nombre d’instituts de vie consacrés et de mouvements ecclésiaux, notamment dans les jeunes Églises, l’ont choisie comme patronne et maîtresse de vie spirituelle, en s’inspirant de sa doctrine. Son message, souvent résumé dans ce qu’on appelle la "petite voie", qui n’est autre que la voie évangélique de la sainteté ouverte à tous, a été étudié par des théologiens et des spécialistes de la spiritualité. Sous le patronage de la sainte de Lisieux, de multiples cathédrales, basiliques, sanctuaires et églises ont été édifiés et consacrés au Seigneur dans le monde entier. Son culte est célébré par l’Église catholique dans les différents rites d’Orient et d’Occident. Beaucoup de fidèles ont pu éprouver la puissance de son intercession. Nombreux sont ceux qui, appelés au ministère sacerdotal ou à la vie consacrée, spécialement dans les missions ou dans la vie contemplative, attribuent la grâce divine de leur vocation à son intercession et à son exemple.

3. Les Pasteurs de l’Église, et d’abord mes prédécesseurs les Papes de ce siècle, qui ont proposé sa sainteté en exemple à tous, ont également souligné que Thérèse est maîtresse de vie spirituelle par une doctrine, à la fois simple et profonde, qu’elle a puisée aux sources de l’Évangile sous la conduite du Maître divin et qu’elle a ensuite communiquée à ses frères et sœurs de l’Église d’une manière très convaincante [9].

Cette doctrine spirituelle nous a été transmise surtout par son autobiographie qui, à partir des trois manuscrits qu’elle avait rédigés pendant les dernières années de sa vie, et publiée un an après sa mort sous le titre Histoire d’une Âme (Lisieux, 1898), a suscité un intérêt extraordinaire jusqu’à nos jours. Cette autobiographie, traduite avec d’autres de ses écrits en cinquante langues environ, a fait connaître Thérèse dans toutes les régions du monde et aussi en dehors de l’Église catholique. Un siècle après sa mort, Thérèse de l’Enfant-Jésus est toujours reconnue comme l’un des grands maîtres de vie spirituelle de notre temps.

4. Il n’est donc pas surprenant que de nombreuses requêtes aient été présentées au Siège apostolique pour qu’elle reçoive le titre de Docteur de l’Église universelle.

Depuis quelques années, et spécialement à l’approche de l’heureuse célébration du premier centenaire de sa mort, ces requêtes sont arrivées toujours en plus grand nombre de la part de Conférences épiscopales ; en outre, des Congrès d’études ont eu lieu et les publications abondent qui mettent en valeur le fait que Thérèse de l’Enfant-Jésus possède une sagesse extraordinaire et que sa doctrine aide d’innombrables hommes et femmes de toutes conditions à connaître et à aimer Jésus Christ et son Évangile.

À la lumière de ces éléments, j’ai décidé de faire faire une étude attentive afin de voir si la sainte de Lisieux avait les qualités requises pour pouvoir être honorée du titre de Docteur de l’Église universelle.

5. Dans ce contexte, il me plaît de rappeler brièvement quelques étapes de la vie de Thérèse de l’Enfant-Jésus. Elle naît à Alençon en France le 2 janvier 1873. Elle est baptisée deux jours plus tard en l’église Notre-Dame, recevant les noms de Marie Françoise Thérèse. Ses parents sont Louis Martin et Zélie Guérin, dont j’ai récemment reconnu l’héroïcité des vertus. Après la mort de sa mère, le 28 août 1877, Thérèse s’installe avec toute sa famille dans la ville de Lisieux où, entourée de l’affection de son père et de ses sœurs, elle reçoit une formation à la fois exigeante et pleine de tendresse.

Vers la fin de 1879, elle s’approche pour la première fois du sacrement de pénitence. Le jour de Pentecôte 1883, elle bénéficie de la grâce singulière de la guérison d’une grave maladie, par l’intercession de Notre-Dame des Victoires. Formée par les Bénédictines de Lisieux, elle fait sa première communion le 8 mai 1884, après une préparation intense, couronnée par une expérience marquante de la grâce de l’union intime avec Jésus. Quelques semaines après, le 14 juin de la même année, elle reçoit le sacrement de la confirmation, avec une vive conscience de ce que comporte le don de l’Esprit Saint dans sa participation personnelle à la grâce de la Pentecôte. À Noël 1886, elle vit une expérience spirituelle très profonde, qu’elle définit comme sa "complète conversion". Grâce à cette expérience, elle surmonte la fragilité émotive qui avait résulté de la perte de sa mère et elle entreprend "une course de géant" sur la voie de la perfection [10].

Thérèse désire entrer dans la vie contemplative au Carmel de Lisieux, comme ses sœurs Pauline et Marie, mais son jeune âge l’en empêche. À l’occasion d’un pèlerinage en Italie, après avoir visité la Maison de Lorette et la Ville éternelle, lors de l’audience accordée par le Pape aux fidèles du diocèse de Lisieux, le 20 novembre 1887, elle demande avec une audace filiale à Léon XIII de pouvoir entrer au Carmel à l’âge de quinze ans.

Le 9 avril 1888, elle entre au Carmel de Lisieux ; elle y reçoit l’habit de l’Ordre de la Vierge le 10 janvier de l’année suivante et elle fait sa profession religieuse le 8 septembre 1890, fête de la Nativité de la Vierge Marie. Au Carmel, elle s’engage sur le chemin de perfection tracé par la Mère fondatrice, Thérèse de Jésus, avec une ferveur et une fidélité authentiques, par l’accomplissement des divers services communautaires qui lui sont confiés. Éclairée par la Parole de Dieu, éprouvée très vivement par la maladie de son père bien-aimé, Louis Martin, qui meurt le 29 juillet 1894, Thérèse avance vers la sainteté, en mettant l’accent sur le caractère central de l’amour. Elle découvre et elle communique aux novices confiées à ses soins la petite voie de l’enfance spirituelle, alors qu’en progressant elle-même sur cette voie elle pénètre toujours plus le mystère de l’Église et, attirée par l’amour du Christ, elle sent s’affermir en elle la vocation apostolique et missionnaire qui la pousse à entraîner tout le monde avec elle à la rencontre de l’Époux divin.

Le 9 juin 1895, en la fête de la Très Sainte Trinité, elle s’offre en victime d’holocauste à l’Amour miséricordieux de Dieu. Le 3 avril de l’année suivante, dans la nuit du jeudi au vendredi saints, elle connaît une première manifestation de la maladie qui la conduira à la mort. Thérèse l’accueille comme une mystérieuse visite de l’Époux divin. En même temps, elle entre dans l’épreuve de la foi, qui durera jusqu’à sa mort. Sa santé s’aggravant, elle est transférée à l’infirmerie le 8 juillet 1897. Ses sœurs et d’autres religieuses recueillent ses paroles, tandis que s’intensifient ses souffrances et ses épreuves, supportées avec patience, jusqu’à culminer en sa mort dans l’après-midi du 30 septembre 1897. "Je ne meurs pas, j’entre dans la vie", avait-elle écrit à un frère spirituel, l’Abbé Bellière [11]. Ses dernières paroles, "Mon Dieu... je vous aime !" scellent son existence.

6. Thérèse de l’Enfant-Jésus nous a laissé des écrits qui lui ont valu à juste titre d’être considérée comme maîtresse de vie spirituelle. Son œuvre principale reste le récit de sa vie dans les trois Manuscrits autobiographiques A, B et C, publiés d’abord sous le titre devenu vite célèbre de Histoire d’une Âme.

Dans le Manuscrit A, qui fut rédigé sur la demande de sa sœur Agnès de Jésus, alors prieure du monastère, à laquelle elle le remit le 21 janvier 1896, Thérèse décrit les étapes de son expérience religieuse : les premières années de son enfance, notamment les événements de sa première communion et de sa confirmation, son adolescence, jusqu’à l’entrée au Carmel et la première profession.

Le Manuscrit B, rédigé au cours de la retraite spirituelle de la même année à la demande de sa sœur Marie du Sacré-Cœur, contient certaines des plus belles pages, des plus connues et des plus citées de la sainte de Lisieux. La pleine maturité de la sainte s’y manifeste, alors qu’elle parle de sa vocation dans l’Église, Épouse du Christ et Mère des âmes.

Le Manuscrit C, composé au mois de juin et dans les premiers jours de juillet 1897, peu de mois avant sa mort, et dédié à la prieure Marie de Gonzague, qui le lui avait demandé, complète les souvenirs du Manuscrit A sur la vie au Carmel. Ces pages montrent la sagesse surnaturelle de l’auteur. Thérèse retrace quelques expériences très fortes de cette période finale de sa vie. Elle consacre des pages impressionnantes à l’épreuve de la foi : une grâce de purification qui la plonge dans une longue et douloureuse nuit obscure, où elle est soutenue par sa confiance en l’amour miséricordieux et paternel de Dieu. Là encore, et sans se répéter, Thérèse fait resplendir la lumière rayonnante de l’Évangile. Nous trouvons là les plus belles pages qu’elle ait consacrées à l’abandon confiant entre les mains de Dieu, à l’unité qui existe entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, à sa vocation missionnaire dans l’Église.

Dans ces trois manuscrits, où se retrouvent une unité thématique et la description progressive de sa vie et de son itinéraire spirituel, Thérèse nous a laissé une autobiographie originale qui est l’histoire de son âme. Il en ressort que dans son existence Dieu a présenté un message spécifique au monde, en montrant une voie évangélique, la "petite voie", que tout le monde peut parcourir, parce que tous sont appelés à la sainteté.

Dans les deux cent soixante-six Lettres que nous conservons, adressées aux membres de sa famille, aux religieuses, à ses "frères" missionnaires, Thérèse communique sa sagesse et développe un enseignement qui constitue de fait une pratique profonde de la direction spirituelle des âmes.

Ses écrits comprennent aussi cinquante-quatre Poésies, dont certaines ont une grande densité théologique et spirituelle, inspirées par l’Écriture Sainte. Deux de ces poésies méritent une mention particulière : Vivre d’amour !... [12] et Pourquoi je t’aime, ô Marie ! [13], cette dernière présentant une synthèse originale de l’itinéraire de la Vierge Marie selon l’Évangile. Il faut ajouter à cette production huit Récréations pieuses : des compositions poétiques et théâtrales, conçues et représentées par la sainte pour sa communauté à l’occasion de certaines fêtes, suivant la tradition du Carmel. Parmi les autres écrits, il faut rappeler une série de vingt et une Prières. Et l’on ne peut oublier le recueil des paroles qu’elle a prononcées au cours des derniers mois de sa vie. Ces paroles, dont on conserve plusieurs rédactions, connues comme Novissima verba, ont aussi reçu le titre de Derniers Entretiens.

7. À partir de l’étude attentive des écrits de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et en fonction du rayonnement qu’ils ont eu dans l’Église, on peut relever les aspects saillants de l’"éminente doctrine" qui constitue l’élément essentiel sur lequel est fondée l’attribution du titre de Docteur de l’Église.

Avant tout, on constate la présence d’un charisme particulier de sagesse. Cette jeune carmélite, en effet, sans formation théologique spéciale, mais éclairée par la lumière de l’Évangile, se sent instruite par le Maître divin qui, comme elle le dit, est "le Docteur des docteurs" [14], chez qui elle puise les "enseignements divins" [15]. Elle éprouve en elle-même l’accomplissement des paroles de l’Écriture : "Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi". [...] "La miséricorde est accordée aux petits" [16] ; et elle se sait instruite dans la science de l’amour, cachée aux sages et aux savants, que le divin Maître a bien voulu lui révéler, comme aux petits [17].

Pie XI, qui considérait Thérèse de Lisieux comme l’ "Étoile de son pontificat", n’hésita pas à affirmer dans l’homélie du jour de sa canonisation, le 17 mai 1925 : "L’Esprit de vérité lui ouvrit et lui fit connaître ce qu’il a coutume de cacher aux sages et aux savants pour le révéler aux tout-petits. Ainsi, selon le témoignage de notre prédécesseur immédiat, elle a possédé une telle science des réalités d’en-haut qu’elle peut montrer aux âmes une voie sûre pour le salut" [18].

Son enseignement n’est pas seulement conforme à l’Écriture et à la foi catholique, mais il excelle (eminet) par la profondeur et la sagesse synthétique où il est parvenu. Sa doctrine est à la fois une confession de la foi de l’Église, une expérience du mystère chrétien et une voie vers la sainteté. Faisant preuve de maturité, Thérèse donne une synthèse de la spiritualité chrétienne ; elle unit la théologie et la vie spirituelle, elle s’exprime avec vigueur et autorité, avec une grande capacité de persuasion et de communication, ainsi que le montrent la réception et la diffusion de son message dans le Peuple de Dieu.

L’enseignement de Thérèse exprime avec cohérence et intègre dans un ensemble harmonieux les dogmes de la foi chrétienne considérés comme doctrine de vérité et expérience de vie. Il ne faut pas oublier à ce sujet que l’intelligence du dépôt de la foi transmis par les Apôtres, ainsi que l’enseigne le Concile Vatican II, progresse dans l’Église sous l’assistance du Saint-Esprit : "En effet, la perception des réalités aussi bien que des paroles transmises s’accroît tant par la contemplation et l’étude des croyants qui les méditent dans leur cœur [19] que par l’intelligence intérieure des réalités spirituelles qu’ils expérimentent ainsi que par la prédication de ceux qui, avec la succession dans l’épiscopat, ont reçu un charisme certain de vérité" [20].

Dans les écrits de Thérèse de Lisieux, sans doute ne trouvons-nous pas, comme chez d’autres Docteurs, une présentation scientifiquement organisée des choses de Dieu, mais nous pouvons y découvrir un témoignage éclairé de la foi qui, en accueillant d’un amour confiant la condescendance miséricordieuse de Dieu et le salut dans le Christ, révèle le mystère et la sainteté de l’Église.

On peut donc à juste titre reconnaître dans la sainte de Lisieux le charisme d’enseignement d’un Docteur de l’Église, à la fois à cause du don de l’Esprit Saint qu’elle a reçu pour vivre et exprimer son expérience de foi et à cause de son intelligence particulière du mystère du Christ. En elle se retrouvent les dons de la loi nouvelle, c’est-à-dire la grâce de l’Esprit Saint, qui se manifeste dans la foi vivante agissant par la charité [21].

Nous pouvons appliquer à Thérèse de Lisieux ce que dit mon prédécesseur Paul VI d’une autre sainte jeune, Docteur de l’Église, Catherine de Sienne : "Ce qui frappe plus que tout dans la sainte, c’est la sagesse infuse, c’est-à-dire l’assimilation brillante, profonde et exaltante des vérités divines et des mystères de la foi [...] : une assimilation, certes favorisée par des dons naturels exceptionnels, mais évidemment prodigieuse, due à un charisme de sagesse de l’Esprit Saint" [22].

8. Avec sa doctrine propre et son style unique, Thérèse se présente comme une authentique maîtresse de la foi et de la vie chrétiennes. Dans ses écrits, comme dans les développements des saints Pères, passe la sève vivifiante de la tradition catholique dont les richesses, ainsi que l’atteste encore le Concile Vatican II, "passent dans la pratique et la vie de l’Église qui croit et qui prie" [23].

La doctrine de Thérèse de Lisieux, si on la considère dans son genre littéraire, dépendant de son éducation et de sa culture, et si on l’évalue en fonction des conditions particulières de son époque, se présente dans une harmonie providentielle avec la tradition la plus authentique de l’Église, tant pour la confession de la foi catholique que pour la promotion de la vie spirituelle la plus vraie, proposée à tous les fidèles dans un langage vivant et accessible.

Elle a fait resplendir en notre temps la beauté de l’Évangile ; elle a eu la mission de faire connaître et aimer l’Église, Corps mystique du Christ ; elle a aidé à guérir les âmes des rigueurs et des craintes de la doctrine janséniste, plus portée à souligner la justice de Dieu que sa divine miséricorde. Elle a contemplé et adoré dans la miséricorde de Dieu toutes les perfections divines, parce que "la Justice même (et peut-être encore plus que toute autre) me semble revêtue d’amour" [24]. Elle est ainsi devenue une icône vivante de ce Dieu qui, selon la prière de l’Église, "donne la preuve suprême de sa puissance lorsqu’il patiente et prend pitié" [25].

Même si Thérèse n’a pas un corps de doctrine proprement dit, de véritables éclairs de doctrine se dégagent de ses écrits qui, comme par un charisme de l’Esprit Saint, touchent au centre même du message de la Révélation dans une vision originale et inédite, présentant un enseignement de qualité éminente.

De fait, au cœur de son message il y a le mystère même de Dieu Amour, de Dieu Trinité, infiniment parfait en soi. Si l’expérience chrétienne authentique doit être en accord avec les vérités révélées, dans lesquelles Dieu se fait connaître lui-même et fait connaître le mystère de sa volonté [26], il faut affirmer que Thérèse a fait l’expérience de la Révélation divine, parvenant à contempler les réalités fondamentales de notre foi réunies dans le mystère de la vie trinitaire. Au sommet, source et terme à la fois, il y a l’amour miséricordieux des trois Personnes divines, comme elle le dit, spécialement dans son Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux. À la base, du côté du sujet, il y a l’expérience d’être enfant adoptif du Père en Jésus ; tel est le sens le plus authentique de l’enfance spirituelle, c’est-à-dire l’expérience de la filiation divine sous la motion de l’Esprit Saint. À la base encore, et devant nous, il y a le prochain, les autres, et nous devons coopérer à leur salut avec et en Jésus, avec le même amour miséricordieux que Lui.

Par l’enfance spirituelle, on éprouve que tout vient de Dieu, que tout retourne à Lui et demeure en Lui, pour le salut de tous, dans un mystère d’amour miséricordieux. Tel est le message doctrinal enseigné et vécu par cette sainte.

Comme pour les saints de l’Église de tous les temps, pour elle aussi, dans son expérience spirituelle, le Christ est le centre et la plénitude de la Révélation. Thérèse a connu Jésus, elle l’a aimé et l’a fait aimer avec la passion d’une épouse. Elle a pénétré les mystères de son enfance, les paroles de son Évangile, la passion du Serviteur souffrant gravée en sa sainte Face, la splendeur de son existence glorieuse, sa présence eucharistique. Elle a chanté toutes les expressions de la divine charité du Christ, telles qu’elles sont proposées par l’Évangile [27].

Thérèse a été particulièrement éclairée sur la réalité du Corps mystique du Christ, sur la diversité de ses charismes, des dons de l’Esprit Saint, sur la force éminente de la charité qui est comme le cœur même de l’Église, où elle a trouvé sa vocation de contemplative et de missionnaire [28].

Enfin, parmi les chapitres les plus originaux de sa science spirituelle, il faut rappeler la sage recherche qu’a développée Thérèse du mystère et de l’itinéraire de la Vierge Marie, parvenant à des résultats très voisins de la doctrine du Concile Vatican II, au chapitre VIII de la Constitution Lumen gentium, et de ce que j’ai moi-même proposé dans mon encyclique Redemptoris Mater du 25 mars 1987.

9. La source principale de son expérience spirituelle et de son enseignement est la Parole de Dieu, dans l’Ancien et le Nouveau Testaments. Elle le reconnaît elle-même, mettant particulièrement en relief son amour passionné pour l’Évangile [29]. Dans ses écrits, on dénombre plus de mille citations bibliques : plus de quatre cents de l’Ancien Testament et plus de six cents du Nouveau Testament.

Malgré sa formation insuffisante et l’absence d’instruments pour l’étude et l’interprétation des livres saints, Thérèse s’est immergée dans la méditation de la Parole de Dieu avec une foi et une connaturalité singulières. Sous l’influence de l’Esprit, elle est parvenue, pour elle-même et pour les autres, à une connaissance profonde de la Révélation. En se concentrant amoureusement sur l’Écriture, (elle aurait même voulu connaître l’hébreu et le grec pour mieux comprendre l’esprit et la lettre des livres saints), elle a montré l’importance qu’ont les sources bibliques dans la vie spirituelle, elle a mis en relief l’originalité et la fraîcheur de l’Évangile, elle a cultivé sobrement l’exégèse spirituelle de la Parole de Dieu, de l’Ancien comme du Nouveau Testament. Elle a ainsi découvert des trésors cachés, en s’appropriant des paroles et des faits, parfois non sans audace surnaturelle comme lorsque, lisant les textes de Paul [30], elle a eu l’intuition de sa vocation à l’amour [31]. Éclairée par la Parole révélée, Thérèse a écrit des pages géniales sur l’unité entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain [32] ; elle s’est identifiée à la prière de Jésus lors de la dernière Cène, comme expression de son intercession pour le salut de tous [33].

Sa doctrine est conforme à l’enseignement de l’Église, comme on l’a dit plus haut. Dès l’enfance, elle a été formée par sa famille à participer à la prière et au culte liturgique. Pour préparer sa première confession, sa première communion et le sacrement de la confirmation, elle a fait preuve d’un amour extraordinaire pour les vérités de la foi, et elle a appris, presque mot à mot, le Catéchisme [34]. À la fin de sa vie, elle écrivit avec son sang le Symbole des Apôtres, comme expression de son attachement sans réserve à la profession de foi.

En dehors des paroles de l’Écriture et de la doctrine de l’Église, Thérèse s’est nourrie très jeune de l’enseignement de l’Imitation de Jésus Christ, qu’elle savait presque par cœur, comme elle l’a elle-même reconnu [35]. Pour épanouir sa vocation carmélitaine, les écrits spirituels de la Mère fondatrice, Thérèse de Jésus, ont été déterminants, en particulier ceux qui exposent le sens contemplatif et ecclésial du charisme du Carmel thérésien [36]. Mais Thérèse s’est nourrie tout particulièrement de la doctrine mystique de saint Jean de la Croix, qui a été son véritable maître spirituel [37]. Il n’est donc pas surprenant qu’à l’école de ces deux saints, déclarés plus tard Docteurs de l’Église, elle aussi, excellente disciple, soit devenue Maîtresse de vie spirituelle.

10. La doctrine spirituelle de Thérèse de Lisieux a contribué à la croissance du Royaume de Dieu. Par son exemple de sainteté, de fidélité parfaite à l’Église Mère, de pleine communion avec le Siège de Pierre, ainsi que par les grâces particulières qu’elle a obtenues pour de nombreux frères et sœurs missionnaires, elle a rendu un service tout particulier au renouvellement de l’annonce et de l’expérience de l’Évangile du Christ et à l’expansion de la foi catholique dans toutes les nations de la terre.

Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur l’universalité de la doctrine thérésienne et sur l’ampleur de l’accueil réservé à son message au cours du siècle qui nous sépare de sa mort : cela a été largement confirmé par les études réalisées en vue de l’attribution à la sainte du titre de Docteur de l’Église.

À ce sujet, le fait que le Magistère même de l’Église a non seulement reconnu la sainteté de Thérèse mais a aussi mis en lumière sa sagesse et sa doctrine revêt une particulièrement importance. Déjà Pie X a dit d’elle qu’elle était "la plus grande sainte des temps modernes". Accueillant avec joie la première édition italienne de l’Histoire d’une âme, il souligna les fruits que l’on retirait de la spiritualité thérésienne. Benoît XV, à l’occasion de la proclamation de l’héroïcité des vertus de la Servante de Dieu, mit en lumière la voie de l’enfance spirituelle et loua la science des réalités divines, accordée par Dieu à Thérèse pour apprendre aux autres les voies du salut [38]. Pie XI, lors de sa béatification comme de sa canonisation, voulut exposer la doctrine de la sainte et la recommander, en soulignant sa particulière illumination divine [39] et en la disant maîtresse de vie [40]. Lorsque la Basilique de Lisieux fut consacrée en 1954, Pie XII déclara, entre autres, que Thérèse était entrée par sa doctrine au cœur même de l’Évangile [41]. Le Cardinal Angelo Roncalli, futur Pape Jean XXIII, se rendit plusieurs fois à Lisieux, surtout lorsqu’il était Nonce à Paris. Pendant son pontificat, il manifesta en plusieurs circonstances sa dévotion pour la sainte et il mit en relief les rapports entre la doctrine de la sainte d’Avila et celle de sa fille, Thérèse de Lisieux [42]. Pendant la célébration du Concile Vatican II, les Pères évoquèrent à plusieurs reprises son exemple et sa doctrine. Paul VI, pour le centenaire de sa naissance, adressait une lettre à l’Évêque de Bayeux et Lisieux le 2 janvier 1973, dans laquelle il exaltait Thérèse dans sa recherche exemplaire de Dieu, il la proposait comme maîtresse de la prière et de l’espérance théologale, modèle de communion avec l’Église, conseillant l’étude de sa doctrine aux maîtres, aux éducateurs, aux pasteurs et aux théologiens eux-mêmes [43]. Moi-même, en différentes circonstances, j’eus la joie d’évoquer la figure et la doctrine de la sainte, spécialement à l’occasion de mon inoubliable visite à Lisieux, le 2 juin 1980, quand j’ai voulu rappeler à tous : "De Thérèse de Lisieux, on peut dire avec conviction que l’Esprit de Dieu a permis à son cœur de révéler directement aux hommes de notre temps, le mystère fondamental, la réalité de l’Évangile [...]. La "petite voie" est la voie de la "sainte enfance". Dans cette voie, il y a quelque chose d’unique, un génie de sainte Thérèse de Lisieux. Il y a en même temps la confirmation et le renouvellement de la vérité la plus fondamentale et la plus universelle. Quelle vérité du message évangélique est en effet plus fondamentale et plus universelle que celle-ci : Dieu est notre Père et nous sommes ses enfants ?" [44].

Ces simples rappels d’une série ininterrompue de témoignages des Papes de ce siècle sur la sainteté et la doctrine de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la diffusion universelle de son message montrent clairement dans quelle large mesure l’Église a accueilli, par ses pasteurs et ses fidèles, l’enseignement spirituel de cette jeune sainte.

Un signe de la réception ecclésiale de l’enseignement de la sainte se trouve dans le recours à sa doctrine dans de nombreux documents du Magistère ordinaire de l’Église, surtout quand il est question de la vocation contemplative et missionnaire, de la confiance en Dieu juste et miséricordieux, de la joie chrétienne, de la vocation à la sainteté. En témoigne la présence de sa doctrine dans le récent Catéchisme de l’Église catholique [45]. Celle qui a tant aimé apprendre dans le catéchisme les vérités de la foi a mérité d’être comptée au nombre des témoins autorisés de la doctrine catholique.

Thérèse jouit d’une universalité exceptionnelle. Sa personne, son message évangélique de la "petite voie" de la confiance et de l’enfance spirituelle ont reçu et continuent de recevoir un accueil surprenant, qui a franchi toutes les frontières.

L’influence de son message touche avant tout des hommes et des femmes dont la sainteté ou l’héroïcité des vertus ont été reconnues par l’Église elle-même, des pasteurs de l’Église, des spécialistes de la théologie et de la spiritualité, des prêtres et des séminaristes, des religieux et des religieuses, des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles, des hommes et des femmes de toutes les conditions et de tous les continents. Thérèse apporte à tous sa manière personnelle de confirmer que le mystère chrétien, dont elle est devenue témoin et apôtre, se faisant dans la prière, comme elle le dit avec audace, "apôtre des apôtres" [46], doit être pris à la lettre, avec le plus grand réalisme possible, parce qu’il a une valeur universelle dans le temps et dans l’espace. La force de sa doctrine vient de ce qu’elle montre concrètement comment toutes les promesses de Jésus trouvent leur plein accomplissement dans le croyant qui sait accueillir avec confiance en sa vie la présence salvatrice du Rédempteur.

11. Tous ces motifs montrent clairement l’actualité de la doctrine de la sainte de Lisieux et l’influence particulière de son message sur les hommes et les femmes de notre siècle. Certaines circonstances interviennent pour rendre encore plus significative sa désignation comme Maîtresse pour l’Église de notre temps.

D’abord, Thérèse est une femme qui, en abordant l’Évangile, a su déceler des richesses cachées avec un sens du concret, une profondeur d’assimilation dans la vie et une sagesse qui sont propres au génie féminin. Son universalité lui confère une grande place parmi les saintes femmes qui brillent par leur sagesse évangélique.

Thérèse est aussi une contemplative. Dans le secret de son Carmel, elle a vécu la grande aventure de l’expérience chrétienne, jusqu’à connaître la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de l’amour du Christ [47]. Dieu a voulu que ses secrets ne restent pas cachés, et il a permis à Thérèse de proclamer les secrets du Roi [48]. Par sa vie, Thérèse donne un témoignage et une illustration théologique de la beauté de la vie contemplative, comme consécration totale au Christ, Époux de l’Église, et comme affirmation du primat de Dieu sur toutes choses. Sa vie est une vie cachée qui possède une mystérieuse fécondité pour la diffusion de l’Évangile et qui remplit l’Église et le monde de la bonne odeur du Christ [49].

Thérèse de Lisieux, enfin, est jeune. Elle est arrivée à la maturité de la sainteté en pleine jeunesse [50]. Comme telle, elle se montre Maîtresse de vie évangélique, particulièrement efficace pour éclairer les chemins des jeunes à qui il revient d’être des disciples actifs et des témoins de l’Évangile pour les nouvelles générations.

Thérèse de l’Enfant-Jésus est non seulement le Docteur de l’Église le plus jeune en âge, mais encore le plus proche de nous dans le temps, elle souligne en quelque sorte la constance avec laquelle l’Esprit du Seigneur envoie à l’Église ses messagers, hommes et femmes, comme maîtres et témoins de la foi. En effet, quelles que soient les variations constatées au cours de l’histoire et malgré les conséquences qu’elles ont ordinairement sur la vie et la pensée des personnes à chaque époque, nous ne devons pas perdre de vue la continuité qui lie entre eux les Docteurs de l’Église : ils restent, dans tous les contextes historiques, des témoins de l’Évangile qui ne change pas et, avec la lumière et la force qui leur viennent de l’Esprit, ils s’en font les messagers qui viennent l’annoncer dans sa pureté à leurs contemporains. Thérèse est une Maîtresse pour notre temps, assoiffé de paroles vivantes et essentielles, de témoignages héroïques et crédibles. C’est pourquoi elle est aimée et accueillie également par des frères et des sœurs des autres communautés chrétiennes et même par des personnes non chrétiennes.

12. En cette année où l’on célèbre le centenaire de la mort glorieuse de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, alors que nous nous préparons à célébrer le grand Jubilé de l’An 2000, après que me soient parvenues des requêtes nombreuses et dignes de foi, spécialement de la part de Conférences épiscopales du monde entier, et après avoir reçu la requête officielle, ou Supplex Libellus, qui m’a été adressée le 8 mars 1997 par l’Évêque de Bayeux et Lisieux, ainsi que par le Préposé général de l’Ordre des Carmes déchaux de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel et par le Postulateur général de cet Ordre, j’ai décidé de confier à la Congrégation pour les Causes des Saints, compétente en la matière, l’étude spécifique de la cause pour l’attribution du Doctorat à cette sainte, "après avoir obtenu l’avis de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour ce qui touche à l’éminence de la doctrine" [51].

Ayant rassemblé la documentation nécessaire, les deux Congrégations susdites ont abordé la question dans les réunions respectives de leurs consulteurs : celle de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le 5 mai 1997, en ce qui concerne la "doctrine éminente", et celle de la Congrégation pour les Causes des Saints le 29 mai de la même année, pour examiner la Positio spéciale. Le 17 juin suivant, les Cardinaux et les Évêques membres des mêmes Congrégations, suivant une procédure que j’ai approuvée pour la circonstance, se sont réunis en session interdicastérielle plénière et ont étudié la cause, exprimant à l’unanimité un avis favorable à l’attribution à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face du titre de Docteur de l’Église universelle. Cet avis m’a été communiqué personnellement par Monsieur le Cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et par le Pro-Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, Monseigneur Alberto Bovone, Archevêque titulaire de Cesarée de Numidie.

En considération de cela, le 24 août dernier, au moment de la prière de l’Angélus, en présence de centaines d’Évêques et devant une foule immense de jeunes du monde entier réunis à Paris pour la XIIe Journée mondiale de la Jeunesse, j’ai voulu annoncer personnellement mon intention de proclamer Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face Docteur de l’Église universelle à l’occasion de la célébration à Rome de la Journée mondiale des Missions.

Aujourd’hui, 19 octobre 1997, en la Place Saint-Pierre remplie de fidèles venus de toutes les régions du monde, en présence de nombreux Cardinaux, Archevêques et Évêques, au cours de la célébration solennelle de l’Eucharistie, j’ai proclamé Docteur de l’Église universelle Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face en prononçant ces paroles : Répondant au vœu d’un très grand nombre de Frères dans l’épiscopat et d’une multitude de fidèles du monde entier, après avoir consulté la Congrégation pour les Causes des Saints et après avoir obtenu l’avis de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour ce qui touche à l’éminence de la doctrine, de science certaine et après en avoir longuement délibéré, en vertu de la plénitude du pouvoir apostolique, nous déclarons Docteur de l’Église universelle sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, vierge. Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Cela ayant été accompli légitimement, nous demandons que notre lettre soit reçue avec un religieux respect et qu’elle prenne tout son effet maintenant et à l’avenir ; en outre, que cela soit considéré comme jugé et défini légitimement et, s’il arrivait que quelqu’un, quelle que soit son autorité, contredise sciemment ou non l’un de ces points, que son acte soit nul et non avenu.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, sous l’anneau du Pêcheur, le 19 octobre de l’an du Seigneur 1997.

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[1] Par Lettre Apostolique du 6 janvier 1945.

[2] cf. Lc 10,21-22 ; Mt 11,25-26.

[3] 1 Co 2,10.

[4] 1 Co 2,12.13.

[5] cf. Lumen gentium, nn. 4.12 ; Gaudium et spes, n. 4.

[6] Ms. A, 83 v.

[7] cf. Ms. B, 1 r.

[8] cf. Ms. C, 36 r.

[9] cf. Ms. B, 2 v• - 3 r.

[10] cf. Ms. A, 44 v• - 45 v.

[11] LT 244.

[12] P 17.

[13] P 54.

[14] Ms A, 83 v.

[15] Ms B, 1 r.

[16] Ms B, 1 v• ; cf. Pr 9,4 ; Sg 6,6.

[17] cf. Ms A, 49 r• ; Lc 10,21-22.

[18] AAS 17 [1925], p. 213.

[19] cf. Lc 2,19.51.

[20] Dei Verbum, n. 8.

[21] cf. S. Thomas d’Aquin, Somme théol., I-II, q. 106, a. 1 ; q. 108, a. 1.

[22] AAS 62 (1970), p. 675.

[23] Dei Verbum, n. 8.

[24] Ms A, 83 v.

[25] cf. Missale Romanum*, Collecta, XXVIe dimanche du temps ordinaire.

[26] cf. Dei Verbum, n. 2.

[27] cf. PN 24, Jésus, mon Bien-Aimé, rappelle-toi !

[28] cf. Ms B, 2 r• - 3 v.

[29] cf. Ms A, 83 v.

[30] cf. 1 Co 12-13.

[31] cf. Ms B, 3 r• - 3 v.

[32] cf. Ms C, 11 v• - 19 r.

[33] cf. Ms C, 34 r• - 35 r.

[34] cf. Ms A, 37 r• - 37 v.

[35] cf. Ms A, 47 r.

[36] cf. Ms C, 33 v.

[37] cf. Ms A, 83 r.

[38] cf. AAS 13 [1921], pp. 449-452.

[39] Discorsi di Pio XI, vol. I, Turin 1959, p. 91.

[40] cf. AAS 17 [1925], pp. 211-214.

[41] cf. AAS 46 [1954], pp. 404-408.

[42] Discorsi, Messaggi, Colloqui, vol. II [1959-1960], pp. 771-772.

[43] cf. AAS 65 [1973], pp. 12-15.

[44] La Documentation catholique 77 [1980], p. 611.

[45] nn. 127, 826, 956, 1011, 2011, 2558.

[46] Ms A, 56 r.

[47] cf. Ep 3,18-19.

[48] cf. Ms C, 2 v.

[49] cf. LT 169, 2 v.

[50] cf. Ms C, 4 r.

[51] Const. apost. Pastor bonus, n. 73.