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Décret de simplification des rubriques (1955)

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1955.


Ce décret De rubricis ad simpliciorem formam redigendis, "temporaire" puisqu’il interdit aux éditeurs de modifier les livres liturgiques, est une préparation du code des rubriques de Jean XXIII de 1960. On peut en lire le commentaire de M. Martimort à l’époque.

DECRET GÉNÉRAL POUR LA SIMPLIFICATION DES RUBRIQUES

Les prêtres de notre époque, surtout ceux qui ont charge d’âmes (qui curam animarum gerant), sont de jour en jour plus accablés par des fonctions apostoliques variées et nouvelles, au point qu’ils ne peuvent presque plus vaquer à la récitation de l’office divin avec la tranquillité d’esprit qui s’impose ; c’est pourquoi plusieurs Ordinaires des lieux ont adressé d’instantes prières au Saint-Siège, afin qu’il pourvût à écarter une pareille difficulté et qu’au moins le lourd appareil des rubriques fût simplifié.

Le Souverain Pontife Pie XII, en vertu de sa charge et de sa sollicitude pastorale, a confié l’examen de cette affaire à une Commission spéciale de ces savants qui ont été chargés de recherches concernant l’ensemble de la restauration liturgique ; ceux-ci, après mûr examen de toutes choses, ont adopté cet avis qu’il fallait ramener les rubriques en vigueur à des règles moins pesantes, mais de telle sorte qu’elles puissent entrer en usage en conservant les livres liturgiques tels qu’ils existent, aussi longtemps qu’on n’aura pas pris d’autres mesures.

Tout cela ayant été rapporté en détail au Saint-Père par l’Emme Cardinal Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, Sa Sainteté daigna approuver l’organisation des rubriques exposée ci-dessous et donna ordre de la publier, de telle sorte toutefois que les décisions contenues dans le présent décret entrent en vigueur le 1er janvier 1956.

Pour l’instant, que les éditeurs pontificaux de livres liturgiques évitent d’innover absolument quoi que ce soit dans la disposition de leurs nouvelles éditions du Bréviaire et du Missel romains.

Nonobstant toute disposition contraire.

Donné à Rome, au siège de la Sainte Congrégation des Rites, le 23 mars 1955.

G. Gard. GICOGNANI, Préfet.

A. CARINCI, archevêque de Séleucie. Secrétaire.

SIMPLIFICATION DES RUBRIQUES

TITRE I. — Règles générales

1. Les ordonnances qui suivent regardent le rite romain ; tout ce qui n’y est pas expressément nommé est tenu pour inchangé.

2. Le mot de calendrier désigne aussi bien le calendrier en usage dans l’Église universelle que les calendriers particuliers.

3. Les règles qui suivent doivent être observées dans la récitation, tant publique que privée, de l’office divin, à moins que l’on ait prévu expressément autre chose.

4. Tous les indults particuliers et les coutumes, même dignes de mention spéciale, qui s’opposent à ces ordonnances, sont tenus pour expressément révoqués.

TITRE II. — Changements dans le calendrier

1. Le degré et le rite semi-double sont supprimés.

2. Les jours liturgiques, qui sont inscrits actuellement au calendrier sous le rite semi-double, seront célébrés sous le rite simple, excepté la vigile de .Pentecôte, qui est élevée au rite double.

a) Des dimanches

3. Les dimanches d’Avent et de Carême et les autres jusqu’au dimanche in Albis, et aussi le dimanche de Pentecôte sont célébrés selon le rite double de première classe et l’emportent sur toutes les fêtes, soit en occurrence, soit en concurrence.

4. Quand des fêtes de première classe viendront en occurrence avec les deuxième, troisième et quatrième dimanches de l’Avent, les messes de la fête sont permises, la messe conventuelle exceptée.

5. Les dimanches célébrés jusqu’ici sous le rite semi-double sont élevés au rite double ; mais pour autant les antiennes ne sont pas doublées.

6. L’office et la messe du dimanche empêché ne sont ni anticipés ni repris.

7. Si un dimanche per annum est en occurrence avec une fête de n’importe quel titre ou mystère du Seigneur, la fête elle-même tient lieu du dimanche dont on fait seulement mémoire

b) Des vigiles

8. Les vigiles privilégiées sont celles de la Nativité du Seigneur et de la Pentecôte.

9. Les vigiles communes sont celles des fêtes de l’Ascension du Seigneur, de l’Assomption de la très Sainte Vierge, de saint Jean-Baptiste, des saints Pierre et Paul, de saint Laurent. Toutes les autres vigiles, même celles qui sont inscrites aux calendriers particuliers, sont supprimées.

10. Les vigiles communes, venant à occurrence avec un dimanche, ne sont pas anticipées ; on les omet.

c) Des octaves

11. On célèbre seulement les octaves de la Nativité du Seigneur, de Pâques et de Pentecôte, toutes les autres étant supprimées, qu’elles se trouvent soit dans le calendrier universel, soit dans les calendriers particuliers.

12. Les jours dans les octaves de Pâques et de Pentecôte sont élevés au rite double, l’emportent sur toutes les fêtes et n’admettent pas de mémoire.

13. Les jours dans l’octave de la Nativité du Seigneur, bien qu’ils soient élevés au rite double, sont célébrés comme maintenant.

14- Les jours du 2 au 5 janvier, à moins qu’une fête vienne en occurrence, on fait de la férie courante, au rite simple. Dans l’office, antiennes et psaumes à toutes les Heures, et verset du nocturne du jour courant de la semaine, comme au psautier ; le reste comme au 1er janvier, sauf les leçons qui sont dites de l’Ecriture occurrente, avec leurs répons, et on dit le Te Deum. La conclusion des hymnes et le verset du répons bref de prime se disent comme à la Nativité du Seigneur. La messe se dit, comme au 1er janvier, sans Credo et sans Communicantes propre.
Sont interdites, à moins qu’elles ne soient chantées, les messes votives et les messes quotidiennes des défunts.

15. Les jours du 7 au 13 janvier, l’octave de l’Epiphanie étant supprimée, deviennent des féries ordinaires (sous le rite simple. A l’office, antiennes et psaumes à toutes les heures et verset du nocturne du jour courant de la semaine, comme au psautier ; le reste comme à la fête de l’Epiphanie, sauf les leçons qui sont dites de l’Écriture occurrente, avec leurs répons, et on dit le Te Deum. Conclusion des hymnes et verset de prime de l’Epiphanie. Messe de l’Epiphanie, sans Credo et sans Communicantes propre.
Sont interdites, à moins qu’elles ne soient chantées, : les messes votives et les messes quotidiennes des défunts.

16. Le 13 janvier, on fait la commémoraison du Baptême de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sous le rite double majeur ; on dit l’office et la messe comme ils sont maintenant, à l’octave de l’Epiphanie.
Mais si la commémoraison du Baptême de Notre-Seigneur Jésus-Christ vient en occurrence avec un dimanche, on fait la fête de-la Sainte Famille, sans aucune mémoire. Le samedi précédent, on commence la 1ère Épître aux Corinthiens.

17. Les jours qui vont de la fête de l’Ascension du Seigneur à la vigile:de Pentecôte deviennent exclusivement des fériés du temps pascal (sous le rite simple). A l’office, les antiennes et les psaumes à toutes les heures et le verset du nocturne se disent du jour courant de la semaine, comme au psautier ; le reste comme à la fête de l’Ascension du Seigneur, sauf les leçons, qui sont dites de la férié occurrente, avec leurs répons. On dit la conclusion des hymnes et le verset de prime de la fête de l’Ascension ; messe de la même fête, sans Credo et sans Communicantes propre.
Sont interdites, à moins qu’elles ne soient chantées, les messes votives et les messes quotidiennes des défunts.
A la vigile de la Pentecôte, rien de nouveau.

18. Les jours de l’octave supprimée du Corps du Christ et de l’octave également supprimée du Sacré-Cœur de Jésus deviennent des féries ordinaires.

19. Aux dimanches qui tombaient précédemment dans les octaves de l’Ascension, du Corps du Christ et du Sacré-Cœur de Jésus, on dit l’office comme maintenant

d) Des fêtes de saints

20. Les fêtes de saints, célébrées jusqu’ici sous le rite semi-double, sont considérées comme fêtes simples.

21. Les fêtes de saints, célébrées jusqu’ici sous le rite simple, sont réduites à des mémoires, sans leçon historique.

22. Aux fériés du Carême et de la Passion, depuis le mercredi des Cendres jusqu’au samedi avant le dimanche des Rameaux, quand vient en occurrence une fête qui n’est ni de première ni de deuxième classe, aussi bien l’office (en récitation privée) que la messe peuvent se dire soit de la férie, soit de la fête.

TITRE III. — Des mémoires

1. Ce qui est dit ici des mémoires vaut pour l’office comme pour la messe, en occurrence comme en concurrence.

2. Les mémoires qu’on ne doit jamais omettre et qui ont préséance absolue sont celles :
a) de tout dimanche,
b) d’une fête de première classe,
c) des fériés de Carême et d’Avent,
d) des fériés et du samedi des Quatre-Temps de septembre,
e) des Litanies majeures.

3. Les autres mémoires qui surviendraient ne sont admises que si elles ne dépassent pas le nombre de trois oraisons.

4. Outre et après les mémoires énumérées au numéro a, la règle pour les mémoires est la suivante :
a) Aux dimanches de première classe, aux fériés et vigiles privilégiées, et en outre aux messes chantées, aux messes votives solennelles, on n’admet aucune mémoire.
b) Aux fêtes de deuxième classe et aux autres dimanches, on n’admet qu’une mémoire.
c) Tous les autres jours de fête ou de férie, on n’admet que deux mémoires.

5. Les fêtes commémorées ne comportent plus :
a) à l’office, ni verset propre au répons bref de prime, ni doxologie propre dans les hymnes, sauf les jours signalés au titre II, numéros 14-17 ;
b) à la messe, ni Credo ni Préface propre.

TITRE IV. — Changements au Bréviaire

a) Commencement et fin des heures

1. Aux heures canoniques, dans la récitation publique aussi bien que privée, on omet le Pater, l’Ave et, s’il y a lieu, le Credo, et elles commencent immédiatement de cette manière :
Matines : par le verset Domine, labia mea aperies.
Laudes, les petites Heures et les Vêpres : par le verset Deus, in adjutorium.
Complies : par le verset Jube, domne, benedicere.

2. A l’office des trois jours saints et à l’office des défunts, à toutes les Heures, on omet le Pater, l’Ave et, s’il y a lieu, le Credo, et elles commencent comme c’est indiqué au Bréviaire.

3. De même les Heures canoniques, dans la récitation publique aussi bien que privée, se terminent de cette manière :
Matines (dans la récitation privée), laudes, tierce, sexte, none et vêpres : par le verset Fidelium animae.
Prime : par la bénédiction Dominus nos benedicat.
Complies : par la bénédiction Benedicat et custodiat.

b) Conclusion de l’office

4. Le cours quotidien de l’office divin se conclut après complies par l’antienne accoutumée à la Sainte Vierge, avec le verset Divinum auxilium.
L’induit et les indulgences concédés pour la récitation de la prière Sacrosanctae sont rattachés à cette antienne finale.

c) De certaines parties de l’office

5. Les hymnes propres de certains saints assignées à des heures déterminées ne sont pas transférées. Dans l’hymne Iste confessor, on ne change jamais le troisième vers, qui sera toujours : Meruit supremos laudis honores.

6. Les antiennes à Magnificat au temps de la Septuagésime qui auraient été omises ne sont pas reprises.

7. On dit les prières fériales seulement à vêpres et à laudes de l’office des mercredi et vendredi au temps de l’Avent, du Carême et de la Passion, ainsi que des mercredi, vendredi et samedi des Quatre-Temps, sauf pendant l’octave de Pentecôte, quand on fait l’office de la férie.

8. On omet toutes les autres « preces ».

g. On omet le suffrage des saints et la commémoraison de la Croix.

10. On ne récite le Symbole de saint Athanase qu’à la fête de la Sainte Trinité.

d) Autres changements

11. Les premières vêpres (soit entières, soit à partir du capitule, soit par mode de mémoire) n’existent qu’aux fêtes de première et de deuxième classe, et aux dimanches.

12. En ce qui concerne diverses parties de l’office, on observera ce qui suit :
a) Les dimanches et les fêtes de première classe, rien de nouveau.
b) Aux fêtes de deuxième classe et aux fêtes doubles du Seigneur et de la Sainte Vierge, à matines, laudes et vêpres, on prend au propre et au commun ; aux petites Heures, au psautier de la férie courante et au propre ; à complies, du dimanche.
c) Aux autres fêtes, vigiles et féries, à toutes les Heures, on prend au psautier et au propre, à moins qu’à matines, laudes et vêpres, on ait des antiennes et des psaumes spéciaux.

13. On omet les leçons de l’Ecriture occurrente avec leurs répons si on ne peut les dire au jour qui leur est assigné, même s’il s’agit du « commencement » des livres.

14. Aux fêtes de saints, les leçons du premier nocturne, si elles ne sont pas assignées comme propres, sont prises de l’Écriture occurrente : à défaut, on les prend au commun.

TITRE V.— Changements au Missel

a) Des oraisons

1. Les oraisons assignées pour les divers temps sont abolies.

2. Aux messes votives des défunts, si on les chante, on dit une seule oraison ; si on ne les chante pas, on peut dire trois oraisons.

3. L’oraison Fidelium, prescrite jusqu’ici pour la première férié libre de chaque mois, ou pour le lundi de chaque semaine, est abolie. Au chœur, à ces féries, la messe conventuelle est dite conformément aux rubriques.

4- Les oraisons impérées par l’Ordinaire simpliciter sont omises selon les rubriques en vigueur jusqu’ici, et en outre tous les dimanches et chaque fois que la messe est chantée ; enfin quand les oraisons qu’il faut dire conformément aux rubriques atteignent le nombre de trois.

b) De quelques autres changements

5. Aux féries ordinaires, si on doit faire mémoire d’un saint, la messe peut être dite, au choix du célébrant, soit de la férié, soit du saint commémoré, célébré sous le mode festif.

6. Aux messes des défunts, la séquence Dies iræ peut être omise, sauf s’il, s’agit de la messe au jour du décès ou de l’enterrement, en présence du corps, ou même s’il est absent pour une cause raisonnable, et au jour de la Commémoraison de tous les fidèles défunts. Mais ce jour-là, la séquence ne doit être dite qu’une fois, c’est-à-dire à la messe principale, ou, s’il n’y en a pas, à la première messe.

7. On dit le Credo exclusivement les dimanches et aux fêtes du Seigneur et de la Sainte Vierge, aux fêtes de la mort (nataliciis) des Apôtres et des Evangélistes, et des Docteurs de l’Église universelle, et aux messes votives solennelles quand elles sont chantées.

8. On dit la Préface qui est propre à chaque messe ; à défaut, on dit là Préface du temps et, s’il n’y en a pas, là Préface commune.

9. À chaque messe, on prend toujours comme dernier Evangile le début de l’Évangile de saint Jean, sauf à la troisième messe- de la Nativité du Seigneur et à la messe du dimanche des Rameaux.