Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique :
La première messe d’un martyr non pontife ! Aussi, dans cette messe, c’est la joie de la victoire remportée sur la souffrance qui prédomine. Dès l’Introït, nous voyons (dans le prêtre qui fait son entrée) le saint (Justus) dans sa bienheureuse glorification : il se réjouit en la puissance de Dieu, il tressaille d’allégresse à cause du salut ; sa soif est apaisée ; il se tient là en vainqueur avec sa couronne ! (Tout le psaume 20 convient bien ici ; il suffit de substituer au mot : roi, le mot : saint ; le psaume est un cantique d’action de grâces du roi après la victoire). L’Oraison demande que cette fête de martyr “nous fortifie dans l’amour du nom de Dieu”. Nous devrions célébrer les antiques fêtes de martyrs avec une particulière ferveur, car elles nous remplissent de l’esprit de la primitive Église. Dans l’Épître, l’Église brosse un tableau de la vie de notre saint : “Le Seigneur l’a conduit dans le droit chemin et lui a montré le royaume de Dieu ; il l’a dirigé à travers tous les combats ; il ne l’a pas abandonné dans le besoin ; il descendit avec lui dans la fosse du cachot et fut avec lui dans les fers ; mais il lui donna ensuite le “sceptre de la royauté” et “il lui donna la clarté éternelle.” (Dans le texte original, le passage se rapporte à Joseph l’égyptien ; la leçon s’adapte bien au martyr si nous avons sous les yeux l’image de ce patriarche au milieu de ses souffrances et dans son élévation).
Le Graduel est un véritable chant choral, un écho de l’Épître renvoyé par la communauté : “Heureux l’homme qui craint Dieu ! Puissants sur terre sont ses descendants.” Ces descendants, c’est nous qui sommes unis maintenant à lui au Saint-Sacrifice. A l’Alleluia, nous voyons le Christ-Roi ; à côté de lui se tient le martyr “couronné”. A l’Evangile, le Maître parle (comme dans les deux messes précédentes) du portement de croix à sa suite. Nous apprenons ainsi à comprendre la signification du martyre, mais nous apprenons aussi à le faire passer dans notre vie. Le Christ prononce de sévères paroles : “Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive” ; ce n’est pas une vie de repos, ni une vie bucolique que la vie du chrétien, mais une vie de combat. Il faut d’abord mener la guerre contre la chair et le sang ; mais il faut surtout “prendre la croix sur soi” et suivre le Christ. (Remarquons que cette exigence est celle exprimée par le Maître dans toutes les messes du commun des martyrs !) Jésus montre sans cesse le saint martyr qui a satisfait il, cette exigence. Mais nous aussi, bien que ne pouvant pas soutenir d’aussi rudes combats que notre saint, nous pouvons cependant partager avec lui l’honneur d’être “les témoins” du Christ si, pour notre modeste part, nous rendons témoignage au Maître, même si ce n’est qu’un verre d’eau que nous donnons à ses serviteurs.
A l’Offertoire, encore, nous voyons le saint s’avancer à l’autel, paré de la couronne des héros. A la Communion, nous ne chantons pas, comme précédemment, un cantique de gloire pour le saint et pour nous, mais une grave parole du Christ : “Quiconque veut me suivre, qu’il prenne sa croix...” Pourquoi cela à la communion ? La suite des pensées est peut-être celle-ci : l’Église veut dire : Après le Saint Sacrifice commencez votre chemin de croix ; la source de votre force, c’est ce banquet sacré.
Pour un Martyr non Évêque | |
Ant. ad Introitum. Ps. 20, 2-3. | Introït |
In virtúte tua, Dómine, lætábitur iustus : et super salutáre tuum exsultábit veheménter : desidérium ánimæ eius tribuísti ei. | Le juste, Seigneur, se réjouit en votre puissance et il tressaille en votre secours : vous lui accordez le désir de son âme. |
Ps. Ibid., 4. | |
Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis : posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso. | Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions ; vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui beáti N. Mártyris tui natalícia cólimus, intercessióne eius, in tui nóminis amóre roborémur. Per Dóminum. | Accordez, Dieu tout-puissant, à nous qui célébrons la naissance au ciel du bienheureux N., votre Martyr, la grâce d’être, par son intercession, fortifiés dans l’amour de votre nom. |
Léctio libri Sapiéntiæ. | Lecture du livre de la Sagesse. |
Sap. 10, 10-14. | |
Iustum dedúxit Dóminus per vias rectas, et ostendit illi regnum Dei, et dedit illi sciéntiam sanctórum : honestávit illum in labóribus, et complévit labores illíus. In fraude circumveniéntium illum áffuit illi, et honéstum fecit illum. Custodívit illum ab inimícis, et a seductóribus tutávit illum, et certámen forte dedit illi, ut vínceret et sciret, quóniam ómnium poténtior est sapiéntia. Hæc vénditum iusíum non derelíquit, sed a peccatóribus liberávit eum : descendítque cum illo in fóveam, et in vínculis non derelíquit illum, donec afférret illi sceptrum regni, et poténtiam advérsus eos, qui eum deprimébant : et mendáces osténdit, qui maculavérunt illum, et dedit illi claritátem ætérnam, Dóminus, Deus noster. | Le Seigneur a conduit le juste par des voies droites, il lui a montré le royaume de Dieu, il lui a donne la science des saints, il l’a enrichi dans ses travaux, et a fait fructifier ses labeurs. Il l’a aidé contre ceux qui voulaient le tromper par leurs ruses et il l’a enrichi. Il l’a protégé contre ses ennemis, et l’a défendu contre !es séducteurs. Il l’a engagé dans un rude combat,afin qu’il demeurât victorieux, et qu’il sût que la sagesse est plus puissante que toutes choses. Il n’a point abandonné le juste lorsqu’il fut vendu, mais il le délivra des mains des pécheurs. Il est descendu avec lui dans la fosse, et ne le délaissa point dans les chaînes, jusqu’à ce qu’il lui eût apporté le sceptre royal, et la puissance contre ceux qui l’opprimaient. Il convainquit de mensonge ceux qui l’avaient déshonoré , et le Seigneur notre Dieu lui donna une gloire éternelle. |
Graduale. Ps. 111, 1-2. | Graduel |
Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis. | Heureux l’homme qui craint le Seigneur et qui met ses délices dans ses commandements. |
V/. Potens in terra erit semen eius : generátio rectórum benedicétur. | V/. Sa race sera puissante sur la terre ; la postérité des justes sera bénie. |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 20, 4. Posuísti, Dómine, super caput eius corónam de lápide pretióso. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Vous avez mis, Seigneur, sur sa tête une couronne de pierres précieuses. Alléluia. |
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | Après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. Ps. 20, 3-4. | |
Desidérium ánimæ eius tribuísti ei : et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum. | Vous lui avez accordé le désir de son cœur, et vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres. |
V/. Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis. | V/. Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions. |
V/. Posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso. | V/. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 10, 34-42. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Nolíte arbitrári, quia pacem vénerim míttere in terram : non veni pacem míttere, sed gládium. Veni enim separáre hóminem advérsus patrem suum, et fíliam advérsus matrem suam, et nurum advérsus socrum suam : et inimíci hóminis doméstici eius. Qui amat patrem aut matrem plus quam me, non est me dignus : et qui amat fílium aut fíliam super me, non est me dignus. Et qui non áccipit crucem suam, et séquitur me, non est me dignus. Qui invénit ánimam suam, perdet illam : et qui perdíderit ánimam suam propter me, invéniet eam. Qui récipit vos, me récipit : et qui me récipit, récipit eum, qui me misit. Qui récipit prophétam in nómine prophétæ, mercédem prophétæ accípiet : et qui récipit iustum in nómine iusti, mercédem iusti accípiet. Et quicúmque potum déderit uni ex mínimis istis cálicem aquæ frígidæ tantum in nómine discípuli : amen, dico vobis, non perdet mercédem suam. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pais venu apporter la paix, mais le glaive. Car je suis venu séparer l’homme d’avec son père, et la fille d’avec sa mère, et la belle-fille d’avec sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Celui qui conserve sa vie, la perdra ; et celui qui aura perdu sa vie à cause de moi, la trouvera. Celui qui vous reçoit, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète ; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra une récompense de juste. Et quiconque aura donne à boire seulement un verre d’eau froide à l’un de ces tout petits, parce qu’il est mon disciple, en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 8, 6-7. | Offertoire |
Glória et honóre coronásti eum : et constituísti eum super ópera mánuum tuárum, Dómine. | Vous l’avez couronné de gloire et d’honneur, et vous l’avez établi sur les ouvrages de vos mains, Seigneur. |
Secreta. | Secrète |
Munéribus nostris, quǽsumus, Dómine, precibúsque suscéptis : et cæléstibus nos munda mystériis, et cleménter exáudi. Per Dóminum nostrum. | Ayant accueilli nos dons et nos prières, nous vous en supplions, Seigneur, purifiez-nous par ces célestes mystères, et exaucez-nous dans votre clémence. |
Ant. ad Communionem. Matth. 16, 24. | Communion |
Qui vult veníre post me, ábneget semetípsum, et tollat crucem suam, et sequátur me. | Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il me suive. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Da, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, sicut tuórum commemoratióne Sanctórum temporáli gratulámur offício ; ita perpétuo lætámur aspéctu. Per Dóminum nostrum. | Faites, s’il vous plaît, Seigneur notre Dieu, que comme nous nous réjouissons d’honorer dans le temps, en cet office, la mémoire de vos Saints, nous puissions aussi nous réjouir de les voir dans l’éternité. |