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12/11 St Martin Ier, pape et martyr

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Sommaire

  Messe après 1942  
  Messe avant 1942  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

La fête du dernier pape considéré comme martyr (mort en déportation en 656), inscrite au calendrier Romain au XIème-XIIème siècle, déplaça celle de St Martin, évêque de Tours au 11 novembre, jour auquel l’évêque était déjà célébré en Gaule.

Ou bien, la baisse de la dévotion romaine envers St Menne, libérant le 11 novembre et donc entraînant le déplacement de St Martin de Tours, jusque là repoussé au 12 en raison de la popularité du martyr chamelier, créa un vide le 12, vide comblé par l’ajout de la fête de Martin, pape

St Martin Ier mourut le 13 avril (date à laquelle il est célébré par les Byzantins) ; le Liber Pontificalis mentionne sa déposition au 17 septembre, d’autres témoins le 16, mais la fête de St Martin de Tours devait sans doute toujours exercer une curieuse influence sur celle de son homonyme [1] puisqu’il fut fêté le 10 ou le 12 novembre selon les endroits.

Fête simple au début du XVIe siècle, semi-double en 1568. Réduite à une commémoraison quand la fête de St Didace fut fixée au 12 novembre en 1598, elle est redevenue semi-double en 1671 quand Clément X transféra St Didace au 13 novembre.

Missa post 1942

Messe après 1942

die 12 novembris
le 12 novembre
SANCTI MARTINI I
SAINT MARTIN Ier
Papae et Mart.
Pape et Martyr
III classis (ante CR 1960 : semiduplex)
IIIème classe (avant 1960 : semidouble)
Missa Si díligis me, de Communi Communi Summorum Pontificum.Messe Si díligis me, du Commun des Souverains Pontifes.
Missa ante 1942

Messe avant 1942

die 12 novembris
le 12 novembre
SANCTI MARTINI I
SAINT MARTIN Ier
Papae et Mart.
Pape et Martyr
semiduplex
semidouble
Ant. ad Introitum. Dan. 3, 84 et 87.Introït
Sacerdótes Dei, benedícite Dóminum : sancti et húmiles corde, laudáte Deum.Prêtres du Seigneur, bénissez le Seigneur ; saints et humbles de cœur, louez Dieu.
Ibid., 57.
Benedícite, ómnia ópera Dómini, Dómino : laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.Œuvres du Seigneur, louez toutes le Seigneur, louez-le, et exaltez-le à jamais.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos beáti Martíni Mártyris tui atque Pontíficis ánnua sollemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut, cuius natalítia cólimus, de eiúsdem étiam protectióne gaudeámus. Per Dóminum.O Dieu, qui nous donnez chaque année un nouveau sujet de joie par la solennité de votre Martyr et Pontife, le bienheureux Martin, accordez-nous, dans votre miséricorde, de pouvoir ressentir les effets de la protection de celui dont nous célébrons la naissance.
Léctio Epístolæ beáti Petri Apóstoli.Lecture de l’Epître de Saint Pierre Apôtre.
1. Petri 4, 13-19.
Caríssimi : Communicántes Christi passiónibus gaudéte, ut et in revelatióne glóriæ eius gaudeátis exsultántes. Si exprobrámini in nómine Christi, beáti éritis : quóniam quod est honóris, glóriæ et virtútis Dei, et qui est eius Spíritus, super vos requiéscit. Nemo autem vestrum patiátur ut homicída, aut fur, aut malédicus, aut alienórum appetítor. Si autem ut christiánus, non erubéscat : gloríficet autem Deum in isto nomine. Quóniam tempus est, ut incípiat iudícium a domo Dei. Si autem primum a no-bis : quis finis eórum, qui non credunt Dei Evangélio ? Et si iustus vix salvábitur, ímpius et peccátor ubi parébunt ? Itaque et hi, qui patiúntur secúndum voluntátem Dei, fideli Creatóri comméndent ánimas suas in benefáctis.Mes bien-aimés, parce que vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lorsque sa gloire sera manifestée, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse. Si vous recevez des injures pour le nom du Christ, vous êtes bienheureux, parce que l’honneur, la gloire, et la puissance de Dieu, ainsi que l’Esprit de Dieu, reposent sur vous. Mais qu’aucun de vous ne souffre comme homicide, ou comme voleur, ou comme malfaiteur, ou comme s’ingérant dans les affaires d’autrui. Mais s’il souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point de honte, mais qu’il glorifie Dieu de porter ce nom-là. Car le moment est venu où le jugement va commencer par la maison de Dieu ; et s’il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui ne croient pas à l’évangile de Dieu ? Et si le juste n’est sauvé qu’avec peine, que deviendront l’impie et le pécheur ? Que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu recommandent leurs âmes au créateur fidèle, en faisant ce qui est bien.
Graduale. Ps. 8, 6-7.Graduel
Glória et honóre coronásti eum.Vous l’avez couronné de gloire et d’honneur.
V/. Et constituísti eum super ópera mánuum tuárum, Dómine.V/. Et vous l’avez établi sur les ouvrages de vos mains, Seigneur.
Allelúia, allelúia. V/. Hic est Sacérdos, quem coronávit Dóminus. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. C’est le Prêtre que le Seigneur a couronné. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 14, 26-33.
In illo témpore : Dixit Iesus turbis : Si quis venit ad me, et non odit patrem suum, et matrem, et uxórem, et fílios, et fratres, et soróres, adhuc autem et ánimam suam, non potest meus esse discípulus. Et qui non báiulat crucem suam, et venit post me, non potest meus esse discípulus. Quis enim ex vobis volens turrim ædificáre, non prius sedens cómputat sumptus, qui necessárii sunt, si hábeat ad perficiéndum ; ne, posteáquam posúerit fundaméntum, et non potúerit perfícere, omnes, qui vident, incípiant illúdere ei, dicéntes : Quia hic homo coepit ædificáre, et non pótuit consummáre ? Aut quis rex iturus commíttere bellum advérsus álium regem, non sedens prius cógitat, si possit cum decem mílibus occúrrere ei, qui cum vigínti mílibus venit ad se ? Alióquin, adhuc illo longe agénte, legatiónem mittens, rogat ea, quæ pacis sunt. Sic ergo omnis ex vobis, qui non renúntiat ómnibus, quæ póssidet, non potest meus esse discípulus.En ce temps-là, Jésus dit à la foule : Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et celui qui ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. Car quel est celui de vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’assied d’abord, et ne suppute les dépenses qui sont nécessaires, afin de voir s’il aura de quoi l’achever ; de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui verront cela ne se mettent à se moquer de lui, en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ? Ou quel roi, sur le point de faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord, afin d’examiner s’il pourra, avec dix mille hommes, marcher contre celui qui s’avance sur lui avec vingt mille ? Autrement, tandis que l’autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade, et lui fait des propositions de paix. Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 21-22.Offertoire
Invéni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum.J’ai trouvé David mon serviteur ; je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera.
Secreta.Secrète
Múnera tibi, Dómine, dicáta sanctífica : et, intercedénte beáto Martíno Mártyre tuo atque Pontífice, per éadem nos placátus inténde. Per Dóminum.Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont consacrés, grâce à eux et le bienheureux Martin, votre Martyr et Pontife, jetez sur nous un regard de paix et de bonté.
Ant. ad Communionem. Ps. 20, 4.Communion
Posuísti, Dómine, in cápite eius corónam de lápide pretióso.Vous avez mis sur sa tête, Seigneur, une couronne de pierres précieuses.
Postcommunio.Postcommunion
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et, intercedénte beáto Martíno Mártyre tuo atque Pontífice, cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per Dóminum nostrum.Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes, et, par l’intercession du bienheureux Martin, Martyr et Pontife, nous rende participants du céleste salut.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Martin, natif de Todi en Ombrie, s’efforça, dès le commencement de son pontificat, et par les lettres qu’il écrivit, et par les légats qu’il envoya, de rappeler des funestes erreurs de l’hérésie à la vérité de la foi catholique, Paul, Patriarche de Constantinople. Celui-ci, soutenu par l’empereur Constant, qui était hérétique, en était venu jusqu’à cet excès de folie, de reléguer en différentes Iles les légats du Saint-Siège. Le Pape, justement indigné de ce crime, le condamna dans un concile qu’il tint à Rome, concile où se trouvèrent cent cinq Évêques.

Cinquième leçon. A cause de cet acte, Constant envoya en Italie l’exarque Olympius, avec ordre de faire tuer le Pape Martin, ou de le lui amener. Olympius étant donc venu à Rome, commanda à un licteur de tuer le Pape, lorsqu’il célébrerait solennellement la Messe en la basilique de Sainte-Marie de la Crèche : mais ce satellite, ayant tenté la chose, devint tout à coup aveugle.

Sixième leçon. Depuis ce temps-là, plusieurs malheurs arrivèrent à l’empereur Constant ; loin d’en être devenu meilleur, il envoya Théodore Calliope à Rome, avec ordre de se saisir du Pape. Celui-ci fut pris par artifice, mené à Constantinople, et, de là, relégué dans la Chersonèse, où, épuisé par les maux qu’il avait soufferts pour la foi catholique, il mourut le douze novembre, après s’être signalé par plusieurs miracles. Quelque temps après, son corps fut transporté à Rome, et déposé dans l’église consacrée à Dieu sous le nom de saint Sylvestre et de saint Martin. Il gouverna l’Église six ans, un mois et vingt-six jours. En deux ordinations, faites au mois de décembre, il ordonna onze Prêtres et cinq Diacres et sacra trente-trois Évêques pour divers lieux.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Pendant que l’affluence des peuples au tombeau de l’évêque de Tours amenait son troisième successeur, Perpétuus, a élever sur ses restes précieux la basilique où devaient s’accomplir tant de prodiges durant le moyen âge entier, Rome elle-même dédiait à Martin une de ses plus nobles églises, en l’associant, comme titulaire du glorieux édifice, à son illustre Pontife et Confesseur Silvestre. Dans l’éclat de sa double auréole, Saint-Martin-aux-Monts consacrait dignement pour la Ville éternelle le culte des Confesseurs à côté de celui des Martyrs. Mais une autre gloire attendait l’auguste sanctuaire.

Au thaumaturge apôtre, au pontife de la paix, tous deux vainqueurs de l’idolâtrie et n’ayant dû d’échapper au glaive qu’à la conversion des bourreaux, le dernier Pape Martyr, s’honorant lui aussi du nom de Martin, devait venir longtemps après la disparition des persécuteurs païens demander l’hospitalité de la tombe. « De tous ses prédécesseurs ayant suivi les temps de Constantin, dit Baronius, Martin Ier fut le plus heureux : jugé digne de souffrir plus qu’eux tous pour le nom de Jésus-Christ, il eut la bonne fortune de trouver Dèce et Dioclétien dans un prince baptisé [2]. »

L’empereur ainsi flétri par le grand annaliste s’appelait Constant II. Petit-fils d’Héraclius, qui lui du moins valut au monde chrétien quelques années glorieuses, il n’hérita de son aïeul que la byzantine prétention d’imposer ses édits dogmatiques à l’Église. Comme l’Ecthèse d’Héraclius, le Type de Constant afficha l’intention d’imposer silence aux catholiques aux prises avec l’eutychianisme rajeuni sous le nom de monothélisme. Déjà saint Léon II nous a, le XXVIII juin [3], initiés à ces luttes concernant l’intégrité respective des natures humaine et divine en l’Homme Dieu. L’Église pouvait-elle, sans protestation, laisser dire de l’Époux qu’il n’avait pris d’Adam qu’un semblant d’humanité, comme eût été cette nature tronquée, décapitée de la volonté, que rêvaient pour lui les sectaires nouveaux ?

Martin Ier, mieux inspiré qu’Honorius, comprit le péril, et sut non moins réparer le passé qu’assurer l’avenir. A peine monté au Siège apostolique, il réunit en cette église du Sauveur dont nous célébrions la dédicace il y a peu de jours, une des plus belles assemblées conciliaires qui s’y tinrent jamais. « Sonnez de la trompette, criez sur la montagne ; soldats de Dieu, réveillez-vous [4] ! » Ainsi, dès le début, faisait justice d’un silence fatal ce concile de Latran de 649, qui vengea l’honneur de l’Église. A la lecture de ses splendides et larges définitions, présentant au monde dans son adorable intégrité le Fils de la Vierge Mère, on se rappelle, mais combien triomphante, la solennelle déclaration du prétoire au grand Vendredi : Voila l’HOMME [5] ! oui certes, ô notre Dieu Sauveur ; le plus achevé, le plus parfait, le plus beau de ses frères.

Et quel soulagement, pour l’âme, que le spectacle des impériales élucubrations retournées avec leurs qualifications de scélérates et d’impies au césar byzantin [6], qui tenait à sa merci dans Rome encore dépendante le Pontife désarmé ! Martin Ier pouvait, comme Paul, prendre à témoin l’Église de Dieu [7] qu’il ne s’était point dérobé au devoir d’éclairer le troupeau [8] ; il pouvait rappeler aux pasteurs le prix dont le Christ avait acheté les brebis confiées à leur garde [9] : lui, comme Paul, était prêt [10]. Son martyre allait assurer le triomphe final, dont le sixième concile général et saint Léon II étaient appelés à recueillir les fruits.

Les Grecs célèbrent au XIII avril la fête du glorieux Pontife, qu’ils appellent « un coryphée des dogmes divins, l’honneur du Siège de Pierre, celui qui sur la Pierre divine a maintenu l’Église inébranlée [11]. »

S’il est juste que l’humanité honore ses membres dans la mesure où eux-mêmes l’ont honorée, vous méritez, saint Pontife, qu’elle vous garde un glorieux souvenir. Car, non seulement vos admirables vertus furent de celles qui imposent le respect de la terre aux puissances des cieux ; mais l’homme vous doit d’avoir vu l’enfer contraint à s’humilier devant sa nature : divinisée sans nulle réserve en la personne du Fils de Dieu, c’est grâce à vous qu’elle fut pleinement reconnue telle, malgré les dénégations parties de l’abîme, malgré la conjuration des sages du monde unis aux puissants pour prêter main forte aux esprits de ténèbres, et faire la nuit sur cette noblesse incomparable des fils d’Adam. Quel est donc le mystère de cette complicité que l’ennemi de l’homme, Satan, est toujours assuré de trouver dans l’homme pour l’amoindrir et pour le perdre ? Mais Lucifer ne fut-il pas à lui-même tout d’abord son unique ennemi ? et sa folie s’explique-t-elle mieux que celle delà chétive créature qu’il égare à sa suite, jusqu’à l’absurde, dans les sentiers d’orgueil où lui-même s’est perdu le premier ? Car c’est l’orgueil qui fit de lui le prince des insensés comme le père du mensonge. Son intelligence, la plus haute cependant qui fût aux cieux, ne résista pas au poison de la superbe qui la troubla en l’arrêtant à se complaire dans son néant de créature, en l’amenant à retenir captive la vérité qu’il connaissait de Dieu [12] pour suivre l’ombre de préférence à la lumière. Ainsi arrive-t-il qu’à l’exemple de Satan, les hommes, abaissant Dieu pour s’exalter eux-mêmes, s’évanouissent dans leurs pensées [13] jusqu’à ces déviations de l’esprit, aussi bien que du cœur et des sens, qui jettent dans la stupeur l’âme restée droite et simple en son humilité.

Gardez-nous donc, ô saint Pontife. Maintenez en nous l’intelligence du don de Dieu. Que le Psalmiste n’ait à redire d’aucun de nous : L’homme, élevé en honneur, n’a pas compris ; il s’est ravalé de lui-même au niveau de la bête [14]. Que l’éternelle Sagesse qui nous appelle à son alliance [15], n’ait point à gémir de nous voir lui préférer la mort [16].

Et en même temps, apprenez-nous que, pour l’honneur de Dieu non moins que pour celui de l’homme, un pareil don, l’intégrité de l’incarnation du Seigneur, est de ceux qui n’attendent pas le laissez-passer des politiques ou le visa des prétendus sages ; qu’il est celui-là même dont l’Apôtre a dit : Il faut le croire de cœur pour être justifié, LE CONFESSER DE BOUCHE POUR ÊTRE SAUVÉ [17].

Épargnez pour toujours à l’Église la douloureuse situation que put seul dénouer l’héroïsme de votre martyre.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Notice au 16 septembre Ce jour est aussi l’anniversaire de la mort du saint Pontife qui, pour la foi orthodoxe, défendue par lui contre l’hérétique basileus de Byzance, finit ses jours en exil dans la Chersonèse. Il mourut le jour de sainte Euphémie de l’an 655. Obiit autem idem sanctissimus Martinus papa, recens revera confessor et martyr Christi... mense septembrio, die sextadecima, in qua felicissimae martyris et fidem custodientis orthodoxam Euphemiae celebratur memoria... Positus est autem in tumulis Sanctorum extra muros Chersonitarum civitatis... in templo sanctissimae Dei genitricis [18].

Le Liber Pontificalis fait déjà allusion aux prodiges qui s’accomplissaient à Cherson, sur la tombe du Pontife exilé. Vers 730, de nombreux miracles s’y opéraient encore et Grégoire II les mentionne dans une lettre à Léon Ier l’Isaurien [19].

On ne sait pas si le corps de saint Martin fut jamais transféré à Rome, aussi semble-t-il que sa fête, fixée par le Missel actuel au 12 novembre, soit plutôt la solennité romaine de saint Martin de Tours, laquelle, à cause du natale de saint Mennas, qui tombe le il, était renvoyée au lendemain.

Le pape Martin était encore en vie quand, à Rome, par suite des prescriptions impériales, on lui donna pour successeur Eugène Ier. Le pieux Pontife céda à la violence, et pour l’amour de l’unité ecclésiastique, il finit par approuver cette élection. Dans une lettre de septembre 655, saint Martin décrit à un ami l’extrême misère où il était laissé dans son exil, mais il assure qu’il ne cesse pas de prier Dieu pour l’Église de Rome et pour son propre successeur sur la Chaire apostolique [20].

Chez les Grecs, la mémoire de « saint Martin Pape de Rome le Confesseur de la Foi » se présente plusieurs fois dans l’année, le 13 avril, le 15 et le 20 septembre, avec celle de saint Maxime le confesseur. Les Slaves le fêtent le 20 avril.

Notice au 12 novembre

Nous avons déjà parlé, à la date de sa mort, de cet illustre confesseur de l’orthodoxie catholique qui combattit les monothélites. Il mourut en Chersonèse (Sébastopol) le 16 septembre 655, et y fut enseveli dans une basilique située hors les murs de la ville et dédiée à Notre-Dame.

Les documents grecs mentionnent le grand nombre de miracles qui avaient lieu près de sa tombe ; aussi le culte de l’intrépide Pontife romain obtint-il chez les Byzantins une certaine renommée, bien plus grande que celle dont il jouit actuellement chez les Latins.

Si sa fête, avec le temps, passa à ce jour dans le calendrier romain, cela est dû en partie à une étrange confusion. La fête de saint Mennas tombant, à Rome, le n novembre.il en résulta quelque incertitude à l’égard du natale du thaumaturge de Tours. Certains calendriers romains fêtaient saint Martin le 11, d’autres le 12. On finit par conserver l’une et l’autre dates. Mais comme il était déjà arrivé à l’occasion des deux fêtes de la Chaire de saint Pierre, qui finirent par être distribuées entre Rome et Antioche, ainsi en fut-il pour la double mémoire de saint Martin. Le 11 novembre fut réservé au thaumaturge de Tours, et le lendemain fut destiné au Pape du même nom, confesseur de la foi lui aussi, puisqu’il mourut en exil à Sébastopol.

La messe [21] est celle du Commun : Sacerdótes Dei, mais la première lecture est empruntée à la fête des martyrs Gervais et Protais (19 juin) et la péricope évangélique à la messe Státuit.

La première lecture, tirée de l’épître de saint Pierre (I, IV, 13-19) est en relation évidente avec le caractère spécial de la persécution déchaînée contre le saint pontife Martin, vraie image de Jésus alors que, durant sa passion, il devint un objet de dérision de la part de ses bourreaux.

Voici quelques-unes des louanges adressées au pape Martin par la liturgie grecque :

Comment t’appeler, ô Martin ? Te saluerai-je comme le guide le plus illustre de la doctrine orthodoxe ? T’appellerai-je l’infaillible et saint coryphée des dogmes divins ? Te proclamerai-je le vengeur de la vérité contre l’erreur ?

Nous te reconnaissons pour la base de l’épiscopat sacré, la colonne de la foi orthodoxe et le maître de la religion.

Tu as orné le trône sacré de Pierre, et après avoir conservé immobile l’Église sur cette Pierre divine, avec lui tu as obtenu la gloire.

Que pensent en Orient nos frères dissidents, alors que, dans la liturgie, ils prononcent, maintenant encore, cette solennelle confession de la primauté du Pontife romain ? Telle est l’antique foi des Églises orientales, avant que le funeste schisme les arrachât de la pierre angulaire sur laquelle le Christ a fondé son unique Église.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Réjouissez-vous quand vous avez part aux souffrances du Christ »

Saint Martin 1er. — Jour de mort : 16 septembre 655. Tombeau : à Rome, dans l’église des Saints Silvestre et Martin. Vie : Saint Martin 1er fut pape de 649 à 655. Il se distingua par ses vertus et par son savoir ; il fut appelé par la Providence à témoigner en faveur de la foi à l’existence de deux volontés dans le Christ, l’une divine et l’autre humaine, contre l’enseignement, en faveur à Constantinople, des Monothélistes (qui ne reconnaissaient qu’une seule volonté dans le Christ). Aussitôt après son avènement au souverain pontificat, il convoqua au Latran un concile qui établit et formula la doctrine de la vraie foi et condamna l’erreur opposée. Mais l’empereur Constance II soutint le patriarche monothéliste de Constantinople et donna l’ordre à l’exarque Olympius de faire mourir le pape. L’exarque chargea un licteur de tuer le pape pendant la célébration de la messe à l’église Sancta Maria ad Praesepe ; mais le licteur ne put s’acquitter de sa mission, car il fut tout à coup frappé de cécité. L’empereur Constance lui-même vit s’abattre sur lui à cette époque de nombreuses calamités qui, toutefois, ne le ramenèrent pas à de meilleures dispositions. Il envoya alors à Rome l’exarque Théodore Calliopas avec ordre d’arrêter le pape, ce qui réussit grâce à la ruse. Le pape fut emmené à Constantinople où commença pour lui une époque de long martyre. Il fut d’abord exposé sur son lit, pendant toute une journée, à la dérision de la populace. Puis il languit durant 93 jours en prison. Traduit en justice, il fut condamné à être dépouillé de ses vêtements pontificaux et chargé de chaînes. Enfin, relégué en Chersonèse, il y mourut dans le dénuement. Il a décrit, dans deux lettres composées avant sa mort en un style émouvant, son délaissement, privé de toute consolation. Pratique : Comme chef suprême de l’Église, le pape a condamné l’hérésie, ce qui lui valut la haine ne l’empereur. Il ne s’écarta jamais d’un pas du droit chemin, bien qu’il ait dû subir outrages, emprisonnement, bannissement et mort. C’est un bel exemple de la fidélité dans l’accomplissement des devoirs d’état. Nous pouvons aussi, dans une modeste mesure, être martyrs de notre devoir d’état.

La Messe [22] est du commun d’un martyr pontife Sacerdótes Dei. L’Épître est propre ; saint Pierre y parle au nom de son successeur, saint Martin, de « la participation aux souffrances du Christ afin que, quand sa gloire sera manifestée, vous soyez aussi dans la joie ». Saint Martin a réalisé cette parole (une pensée du temps de l’automne ecclésiastique !). L’Évangile est emprunté à la messe Státuit : le pape a réalisé cette parole du Christ dans son exil : il a haï sa propre vie, il a porté la croix du Seigneur.

[1] Jounel, Le Culte des Saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au XIIème siècle, École Française de Rome, 1977

[2] Baron. Ad ann. 651.

[3] 3 juillet après l’introduction de la fête de St Irénée, puis fête supprimée en 1960.

[4] Conclusion du discours d’ouverture, Mansi, X, 870.

[5] Johan. XIX, 5.

[6] Impiissimam ecthesim, sclerosum typum. Canon XVIII. Mansi, X, 1158.

[7] Epist. encyclica promulçationis concilii. Ibid. 1178.

[8] Act. XX, 26, 27.

[9] Ibid. 28.

[10] Ibid. 22-24.

[11] Menœa. XIII april.

[12] Rom. I, 18.

[13] Ibid. 21.

[14] Psalm. XLVIII, 13, 21.

[15] Prov. VII, 4.

[16] Sap. 1, 16.

[17] Rom. X, 10.

[18] Cfr. Commemoratio. P. L., LXXXVII, 120.

[19] Jaffé 2181.

[20] P.L. 87, 203-204, lettre lue en partie dans la Liturgie des Heures réformée : « Nous avons toujours un grand désir de vous écrire pour réconforter votre charité et pour alléger le souci que nous vous donnons, à vous et aussi à tous les saints nos frères qui se préoccupent de nous au nom du Seigneur. Je vous écris donc maintenant ce qui fait notre tourment. Je dis la vérité, au nom du Christ notre Dieu.

En effet, nous avons beau être éloignés de toute agitation mondaine et dépouillés de nos péchés, nous manquons de ce qui est essentiel à la vie. Les habitants de cette région sont tous païens, et tous ceux qu’on y rencontre ont adopté les mœurs païennes ; ils n’ont absolument aucune charité, même pas celle que la nature humaine fait voir habituellement chez les barbares eux-mêmes, qui montrent souvent de la compassion.

J’ai été étonné, et je le suis encore, de l’indifférence et de l’insensibilité de tous ceux qui jadis étaient en relations avec moi, de mes amis et de mes proches : ils ont complètement oublié mon malheur et ne veulent même pas savoir où je me trouve, si je suis encore sur terre ou si je n’y suis plus.

Avec quelle conscience, à votre avis, pourrons-nous nous présenter au tribunal du Christ, alors que tous les hommes seront accusateurs et devront rendre des comptes, car ils sont tous tirés du même limon et de la même masse ? Quelle est cette terreur qui est tombée sur les hommes, pour les empêcher d’accomplir les commandements de Dieu ? Quelle est cette crainte, là où il n’y a rien à craindre ? Ou bien sommes-nous abandonnés au point que les esprits mauvais nous dominent ? Ou bien suis-je apparu aussi comme nuisant à l’Église entière, et comme un adversaire pour eux ?

Mais Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, puisse-t-il, par l’intercession de saint Pierre, établir leurs cœurs dans la foi orthodoxe, les fortifier contre tout hérétique et tout personnage qui s’oppose à notre Église ; qu’il les garde inébranlables, surtout le pasteur qui maintenant se montre leur chef ; qu’ils ne se permettent aucune déchéance, aucune déviation, aucun abandon, même pas sur le plus petit point, à l’égard de ce qu’ils ont professé par écrit en présence du Seigneur et des saints anges. Avec le pauvre homme que je suis, qu’ils reçoivent de la main de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ la couronne de justice qui récompensera la foi orthodoxe.

De ce pauvre corps qui est le mien, le Seigneur lui-même prendra soin, comme il lui plaira d’en disposer, soit que mes épreuves ne cessent pas, soit qu’il m’accorde un peu de soulagement. Le Seigneur est proche : de quoi puis-je me tourmenter ? J’espère en ses miséricordes, et qu’il ne tardera pas à ordonner la fin de ma course.

Saluez les vôtres, au nom du Seigneur, et tous ceux qui pour l’amour de Dieu ont pitié de ma captivité. Que Dieu vous protège de sa main puissante contre toute tentation, et vous sauve en vous prenant dans son royaume. » ©AELF

[21] Avant 1942.

[22] Avant 1942.