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22/02 Chaire de Saint Pierre, apôtre

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  CATHEDRÆ S. PETRI APOSTOLI  
  LA CHAIRE DE ST PIERRE APÔTRE  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

La fête de la Chaire de Saint Pierre était à l’origine célébrée le 18 janvier en Gaule et le 22 février à Rome même. En 1558, le Pape Paul IV introduisit la fête du 18 janvier à Rome qui devint fête de la Chaire de Saint Pierre à Rome tandis que la fête du 22 février pris le titre de Chaire de Saint Pierre à Antioche.

La réforme du calendrier de Jean XXIII a supprimé la fête du 18 janvier dont il ne reste plus que le jour octave le 25 janvier avec la fête de la Conversion de saint Paul. [*]

On se reportera à la fête du 18 janvier pour y trouver d’autres commentaires de la fête et de la messe. L’office est semblable à celui du 18 janvier, sauf les deux lectures patristiques.

Textes de la Messe

Die 22 februarii
Le 22 février

CATHEDRÆ S. PETRI APOSTOLI

LA CHAIRE DE ST PIERRE APÔTRE

ante CR 1960 : IN CATHEDRA S. PETRI Ap. ANTIOCHÆ
avant 1960 : CHAIRE DE St PIERRE Ap. À ANTIOCHE
II classis (ante CR 1960 : duplex maius)
IIème classe (avant 1960 : double majeur)
Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30.Introït
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum.Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince de son Eglise, en sorte qu’il possède à jamais la dignité du sacerdoce.
Ps. 131, 1.
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius.Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui beáto Petro Apóstolo tuo, collátis clávibus regni cæléstis, ligándi atque solvéndi pontifícium tradidísti : concéde ; ut, intercessiónis eius auxílio, a peccatórum nostrórum néxibus liberémur.O Dieu, qui, en confiant au Bienheureux Pierre, votre Apôtre, lesclefs du royaume céleste, lui avez donné l’autorité pontificale de lier et de délier ; faites que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par le secours de son intercession.
Et fit commemoratio S. Pauli Apostoli sub unica conclusione :On fait la commémoraison de St Paul Apôtre sous la même conclusion.
Deus, qui multitúdinem géntium beáti Pauli Apóstoli prædicatióne docuísti : da nobis, quǽsumus ; ut, cuius commemoratiónem cólimus, eius apud te patrocínia sentiámus. Per Dóminum nostrum Iesum Christum, Fílium tuum : Qui tecum vivit et regnat in unitáte.0 Dieu, qui avez instruit une multitude de nations par la prédication du B. Apôtre Paul, faites, nous vous en supplions, que, nous qui honorons sa mémoire, nous ressentons les effets de sa protection auprès de vous.
Deinde, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ.Ensuite en carême, on fait mémoire de la férie.
Léctio Epístolæ beáti Petri Apóstoli.Lecture de l’Epître du Bienheureux Apôtre Pierre.
1. Petri 1, 1-7.
Petrus, Apóstolus Iesu Christi, eléctis ádvenis dispersiónis Ponti, Galátiæ, Cappadóciæ, Asiæ et Bithýniæ secúndum præsciéntiam Dei Patris, in sanctificatiónem Spíritus, in oboediéntiam, et aspersiónem sánguinis Iesu Christi : grátia vobis et pax multiplicétur. Benedíctus Deus et Pater Dómini nostri Iesu Christi, qui secúndum misericórdiam suam magnam regenerávit nos in spem vivam, per resurrectiónem Iesu Christi ex mórtuis, in hereditátem incorruptíbilem et incontaminátam et immarcescíbilem, conservátam in cælis in vobis, qui in virtúte Dei custodímini per fidem in salútem, parátam revelári in témpore novíssimo. In quo exsultábitis, módicum nunc si opórtet contristári in váriis tentatiónibus : ut probátio vestræ fídei multo pretiósior auro (quod per ignem probatur) inveniátur in laudem et glóriam et honórem, in revelatióne Iesu Christi, Dómini nostri.Pierre, Apôtre de Jésus-Christ, aux élus étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, élus selon la prescience de Dieu le Père pour la sanctification de l’Esprit, pour obéir à la foi et avoir part à l’aspersion du sang de Jésus-Christ, que la grâce et la paix vous soient multipliées ! Béni soit le Dieu et le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir, qui est réservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi, pour le salut qui est prêt à être manifesté dans le dernier temps. Vous devez en être transportés de joie, supposé même qu’il faille que, pour un peu de temps, vous soyez attristés par diverses épreuves, afin que votre foi ainsi éprouvée, plus précieuse que l’or (qu’on éprouve par le feu) tourne à votre louange, votre gloire et votre honneur, lorsque paraîtra Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Graduale. Ps. 106, 32 et 31.Graduel
Exáltent eum in Ecclésia plebis : et in cáthedra seniórum laudent eum.Qu’ils l’exaltent dans l’assemblée du peuple, et qu’ils le louent dans le conseil des vieillards.
V/. Confiteántur Dómino misericórdiæ eius ; et mirabília eius fíliis hóminum.Qu’ils louent le Seigneur pour ses miséricordes et pour ses merveilles en faveur des enfants des hommes.
Tractus. Matth. 16, 18-19.
Tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam.V/. Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
V/. Et portæ ínferi non prævalébunt advérsus eam : et tibi dabo claves regni cælórum.V/. Et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux.
V/. Quodcúmque ligáveris super terram, erit ligátum et in cælis.V/. Et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux.
V/. Et quodcúmque sólveris super terram, erit solútum et in cælis.V/. Et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux.
In Missis votivis ante Septuagesimam, vel post Pentecosten, graduale ut supra, sed, omisso tractu, dicitur :Aux messes votives avant la Septuagésime ou après la Pentecôte, on dit le graduel ci-dessus, mais on omet le trait et on dit :
Allelúia, allelúia. V/.Matth. 16, 18.Alléluia, alléluia.
Tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam. Allelúia.Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église.. Alléluia.
Tempore autem paschali, omissis graduali et tractu, dicitur :Au temps pascal, on omet le graduel et le trait et on dit :
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 106, 15. Alléluia, alléluia.
Confiteántur Dómino misericórdiæ eius ; et mirabília eius fíliis hóminum. Allelúia.Qu’elles louent le Seigneur ses miséricordes et ses merveilles en faveur des fils des hommes. Alléluia.
Allelúia. V/.Matth. 16, 18.Alléluia.
Tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam. Allelúia.Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 16, 13-19.
In illo témpore : Venit Iesus in partes Cæsaréæ Philíppi, et interrogábat discípulos suos, dicens : Quem dicunt hómines esse Fílium hóminis ? At illi dixérunt : Alii Ioánnem Baptístam, alii autem Elíam, alii vero Ieremíam aut unum ex prophétis. Dicit illis Iesus : Vos autem quem me esse dícitis ? Respóndens Simon Petrus, dixit : Tu es Christus, Fílius Dei vivi. Respóndens autem Iesus, dixit ei : Beátus es, Simon Bar Iona : quia caro et sanguis non revelávit tibi, sed Pater meus, qui in cælis est. Et ego dico tibi, quia tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam, et portæ ínferi non prævalébunt advérsus eam. Et tibi dabo claves regni cælórum. Et quodcúmque ligáveris super terram, erit ligátum et in cælis : et quodcúmque sólveris super terram, erit solútum et in cælis.En ce temps-là, Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples en disant : Que disent les hommes touchant le Fils de l’homme ? Ils lui répondirent : Les uns, qu’il est Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, Jérémie, ou quelqu’un des prophètes. Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Simon-Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus lui répondit : Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.
Credo
Ant. ad Offertorium. Matth. 16, 18-19.Offertoire
Tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam : et portæ inferi non prævalébunt advérsus eam : et tibi dabo claves regni cælórum.Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ; et je te donnerai les clefs du royaume des cieux.
Secreta.Secrète
Ecclésiæ tuæ, quǽsumus, Dómine, preces et hóstias beáti Petri Apóstoli comméndet orátio : ut, quod pro illíus glória celebrámus, nobis prosit ad véniam. Nous vous en supplions, Seigneur, que l’intercession du Bienheureux Apôtre Pierre, contribue à vous faire agréer les prières et les hosties de votre Église, en sorte que ce que nous faisons pour célébrer sa gloire nous soit utile pour obtenir notre pardon.
Pro S. Paulo. SecretaPour St Paul. Secrète
Apóstoli tui Pauli précibus, Dómine, plebis tuæ dona sanctífica : ut, quæ tibi tuo grata sunt institúto, gratióra fiant patrocínio supplicántis. Per Dóminum.En égard aux prières de votre Apôtre Paul, rendez saintes, Seigneur, les offrandes, de votre peuple, en sorte que vous étant déjà agréables du fait que ce sacrifice a été institué par vous, elles le deviennent plus encore grâce au patronage de celui qui intercède pour nous. Par Notre-Seigneur.
Deinde, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ.Ensuite en carême, on fait mémoire de la férie.
Præfatio de Apostolis. Préface des Apôtres .
Ant. ad Communionem. Matth. 16, 18.Communion
Tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam.Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
Postcommunio.Postcommunion
Lætíficet nos, Dómine, munus oblátum : ut, sicut in Apóstolo tuo Petro te mirábilem prædicámus ; sic per illum tuæ sumámus indulgéntiæ largitátem. Per Dóminum nostrum.Seigneur, que le sacrifice offert nous laisse dans la joie et que comme nous vous proclamons admirable en votre Apôtre Pierre, ainsi, par lui, nous recevions l’abondance de votre miséricorde.
Pro S. Paulo. PostcommunioPour St Paul. Postcommunion
Sanctificáti, Dómine, salutári mystério : quǽsumus ; ut nobis eius non desit orátio, cuius nos donásti patrocínio gubernari. Per Dóminum.Sanctifiés, Seigneur, par ce mystère salutaire, nous vous supplions qu’il ne cesse d’intercéder pour nous, celui au patronage duquel vous nous avez donné d’être confiés. Par Notre Seigneur.
Deinde, tempore quadragesimali, fit commemoratio feriæ.Ensuite en carême, on fait mémoire de la férie.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

HymnusHymne
Quodcúmque in orbe néxibus revínxeris,
Erit revínctum, Petre, in arce síderum :
Et quod resólvit hic potéstas trádita,
Erit solútum cæli in alto vértice :
In fine mundi iudicábis sǽculum.
Tout ce que vous aurez lié sur la terre, ô Pierre, sera lié dans le séjour céleste ; et ce qu’aura délié ici-bas le pouvoir qui vous a été confié, sera délié dans les hauteurs du ciel : à la fin des temps vous jugerez le monde.
Patri perénne sit per ævum glória ;
Tibíque laudes concinámus ínclytas,
Ætérne Nate ; sit, supérne Spíritus,
Honor tibi decúsque : sancta júgiter
Laudétur omne Trínitas per sǽculum.
Amen.
Gloire soit toujours rendue au Père éternel ; à vous aussi, Fils -éternel, nous chantons d’insignes louanges ; à vous Esprit-Saint, honneur et gloire : que la Trinité soit louée pendant toute l’éternité. Amen.
V/. Tu es Pierre.
R/. Et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
Antienne au Magnificat Vous êtes le pasteur des brebis, * le prince des Apôtres, c’est à vous qu’ont été confiées les clefs du royaume des cieux.

Matines

Invitatoire. Vous êtes le pasteur des brebis, le prince des Apôtres : * C’est à vous que Dieu a confié les clefs du royaume des cieux.

Hymne comme aux Vêpres.

AU PREMIER NOCTURNE.

Commencement de la 1re Épitre de l’Apôtre Saint Pierre. Cap. 1, 1-12.

Première leçon. Pierre, Apôtre de Jésus-Christ, aux étrangers de la dispersion dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, élus, selon la prescience de Dieu le Père, pour être sanctifiés par l’Esprit, pour obéir et être arrosés du sang de Jésus-Christ : qu’en vous la grâce et la paix s’accroissent. Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une vive espérance, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, qui n’est pas souillé, qui ne peut se flétrir, réservé dans les cieux pour vous, qui par la vertu de Dieu êtes gardés au moyen de la foi pour le salut qui doit être révélé à la fin des temps.
R/. Simon Pierre, avant que je t’ai appelé du bateau, je t’ai connu et je t’ai établi prince de mon peuple. * Et je t’ai confié les clefs du royaume des cieux. V/. Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux. * Et.

Deuxième leçon. En (ce salut) vous serez transportés de joie, bien qu’il faille maintenant que pour peu de jours vous soyez contristés par diverses tentations, afin que l’épreuve de votre foi, beaucoup plus précieuse que l’or (qu’on éprouve par le feu), soit trouvée digne de louange, de gloire et d’honneur à la révélation de Jésus-Christ, que vous aimez, quoique vous ne l’ayez point vu ; en qui vous croyez, sans le voir encore maintenant ; or, croyant ainsi, vous tressaillirez d’une joie ineffable et glorifiée ; obtenant comme fin de votre foi le salut de vos âmes.
R/. Si tu m’aimes, Simon Pierre, pais mes brebis : Seigneur, vous savez que je vous aime, * Et je donnerai mon âme pour vous. V/. Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai point. * Et.

Troisième leçon. Salut qu’ont recherché et scruté les Prophètes qui ont prédit la grâce que vous deviez recevoir. Et, comme ils cherchaient quel temps et quelles circonstances l’Esprit du Christ qui était en eux indiquait, en prédisant les souffrances du Christ et les gloires qui devaient les suivre, il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient dispensateurs des choses qui vous sont annoncées maintenant par ceux qui vous ont évangélisés par l’Esprit-Saint envoyé du ciel, et que les Anges désirent contempler.
R/. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle : * Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux. V/. Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux. * Et. Gloire au Père. * Et.

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Quatrième leçon. L’institution de la solennité de ce jour a reçu de nos ancêtres le nom de Chaire, parce qu’il est de tradition que Pierre, prince des Apôtres, fut mis à pareil jour, en possession de son siège épiscopal. Les fidèles célèbrent donc à juste titre l’origine de ce siège, dont l’Apôtre fut investi pour leur salut par ces paroles du Seigneur : « Tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mon Église. »
R/. Vous êtes le pasteur des brebis, le prince des Apôtres, Dieu vous a donné tous les royaumes du monde : * Et c’est pourquoi il vous a confié les clefs du royaume des cieux. V/. Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié aussi dans les cieux. * Et.

Cinquième leçon. Le Seigneur a donc appelé Pierre le fondement de l’Église, et celle-ci vénère justement ce fondement sur lequel repose tout l’édifice. C’est bien à Pierre que s’appliquent ces paroles du Psaume qui vous a été lu : « Qu’on l’exalte dans l’assemblée du peuple, et qu’on le loue dans la chaire des anciens ». Béni soit Dieu qui prescrit d’exalter le .bienheureux Apôtre Pierre dans l’assemblée des fidèles ; il est juste en effet que l’Église vénère le fondement qui lui permet de s’élever jusqu’au ciel.
R/. J’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille point : * Et toi, quand tu seras converti, confirme tes frères. V/. La chair ni le sang ne t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans les cieux. * Et.

Sixième leçon. En fêtant aujourd’hui l’origine de la Chaire de saint Pierre, nous rendons honneur au ministère du sacerdoce. Les Églises se rendent ces mutuels égards, comprenant qu’elles croissent d’autant plus en dignité, que les fonctions sacerdotales reçoivent plus d’honneur. C’est à bon droit qu’un religieux usage a introduit cette solennité dans les Églises. Je m’étonne donc des proportions croissantes qu’a prises de nos jours une pernicieuse erreur toute païenne, qui consiste à porter des mets et des vins sur les tombeaux des morts ; comme si les âmes qui ont quitté leurs corps réclamaient ces aliments propres à la chair.
R/. Pierre, m’aimes-tu ? Vous savez, Seigneur, que je vous aime : * Pais mes brebis. V/. Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Vous savez, Seigneur, que je vous aime. * Pais. Gloire au Père. * Pais.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 16, 13-19.
En ce temps-là : Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples, disant : Quel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ? Et le reste.

Homélie de S. Léon, Pape.

Septième leçon. Le Seigneur demande aux Apôtres ce que les hommes pensent de lui, et leur réponse est commune tant qu’ils expriment l’incertitude de l’esprit des hommes. Mais dès qu’il interroge ses disciples sur leur propre sentiment, le premier en dignité parmi les Apôtres est le premier aussi à confesser le Seigneur. Quand il eut dit : « Vous êtes le Christ le Fils du Dieu vivant », Jésus lui répondit : « Tu es heureux, Simon, fils de Jean, car ni la chair ni le sang ne t’ont révélé ceci ». C’est-à-dire : Tu es heureux, parce que mou Père t’a instruit ; tu n’as pas été trompé par les opinions terrestres, mais l’inspiration céleste t’a éclairé : et ce n’est ni la chair ni le sang qui m’ont fait connaître à toi ; c’est celui dont je suis le Fils unique.
R/. Que disent les hommes que soit le Fils de l’homme ? demanda Jésus à ses disciples. Pierre, répondant, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. * Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. V/. Tu es heureux, Simon, fils de Jean, car ni la chair ni le sang ne t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans les cieux. * Et.

Huitième leçon. « Aussi moi je te dis » ; ce qui signifie : de même que mon Père t’a manifesté ma divinité, ainsi moi je veux te faire connaître ta propre excellence car « tu es Pierre » ; moi je suis la pierre inébranlable, la pierre de l’angle qui des deux peuples n’en fait qu’un, le fondement (et personne n’en peut poser d’autre) ; mais toi aussi tu es une pierre, car tu es affermi par ma vertu, afin que ce qui m’appartient en propre de par ma puissance, te soit donné en participation avec moi. « Et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ». Sur cette force, je bâtirai un temple éternel, et la sublimité de mon Église, qui doit pénétrer le ciel, s’élèvera sur la fermeté de cette foi.
R/. Le Seigneur t’a choisi pour son prêtre, pour lui sacrifier * Une hostie de louanges. V/. Immole à Dieu un sacrifice de louange et rends au Très-Haut tes vœux. * Une hostie de louanges. Gloire au Père. * Une hostie de louanges.

Neuvième leçon. Les portes de l’enfer n’empêcheront pas cette confession de Pierre ; les chaînes de la mort ne la lieront pas, car cette parole est une parole de vie. Elle élève au ciel ceux qui font cette profession ce foi, et plonge dans l’enfer ceux qui refusent de la faire ou de l’admettre. C’est pourquoi le Seigneur dit au bienheureux Pierre : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre, sera aussi délié dans les cieux. » Il est vrai que ce pouvoir a été communiqué aussi aux autres Apôtres, et que ce décret constitutif concerne également tous les princes de l’Église ; mais en confiant une telle prérogative, ce n’est pas sans raison que notre Seigneur s’adresse à un seul, bien qu’il parle pour tous. C’est à Pierre en particulier que cette autorité est confiée, parce que Pierre est établi chef de tous les pasteurs de l’Église. Le privilège de Pierre subsiste en tout jugement porté en vertu de sa légitime autorité,-et il n’y a excès, ni de sévérité ni d’indulgence où l’on ne lie ni ne délie que ce que le bienheureux Pierre a lié ou délié.

Laudes

HymnusHymne
Beáte pastor, Petre, clemens áccipe
Voces precántum, criminúmque víncula
Verbo resólve, cui potéstas trádita
Aperíre terris cælum, apértum cláudere.
Bienheureux Pasteur, Pierre, recevez avec clémence les prières de ceux qui vous invoquent, brisez par votre parole les liens de nos péchés, vous à qui a été donné le pouvoir d’ouvrir le ciel à la terre, ou d’en fermer l’entrée.
Sit Trinitáti sempitérna glória,
Honor, potéstas atque jubilátio,
In unitáte, quæ gubérnat ómnia,
Per univérsa æternitátis sǽcula.
Amen.
Gloire perpétuelle, honneur, puissance, jubilation soient à la Trinité, qui, dans l’unité, gouverne toutes choses, durant tous les siècles et l’éternité.
Amen.
V/. Qu’on l’exalte dans l’assemblée du peuple.
R/. Et que, dans la chaire des anciens, on le loue.
Antienne au Bénédictus Tout ce que * tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux, dit le Seigneur à Simon Pierre.

Deuxièmes Vêpres

Hymne comme aux premières Vêpres.

V/. Dieu t’a choisi pour son prêtre.
R/. Pour lui sacrifier une hostie de louange.
Antienne au Magnificat Tandis qu’il était souverain Pontife, * il n’a redouté rien de terrestre, mais il s’est glorieusement dirigé vers les royaumes célestes.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Pour la seconde fois (Voir la fête de la Chaire de Sainte Pierre à Rome, le 18 janvier), Pierre reparaît avec sa Chaire sur le Cycle de la sainte Église ; mais aujourd’hui ce n’est plus son Pontificat dans Rome, c’est son épiscopat à Antioche que nous sommes appelés à vénérer. Le séjour que le Prince des Apôtres fit dans cette dernière ville fut pour elle la plus grande gloire qu’elle eût connue depuis sa fondation ; et cette période occupe une place assez notable dans la vie de saint Pierre pour mériter d’être célébrée par les chrétiens, Cornélius avait reçu le baptême à Césarée des mains de Pierre, et l’entrée de ce Romain dans l’Église annonçait que le moment était venu où le Christianisme allait s’étendre en dehors de la race juive. Quelques disciples dont saint Luc n’a pas conservé les noms, tentèrent un essai de prédication à Antioche, et le succès qu’ils obtinrent porta les Apôtres à diriger Barnabé de Jérusalem vers cette ville. Celui-ci étant arrivé ne tarda pas à s’adjoindre un autre juif converti depuis peu d’années, et connu encore sous le nom de Saul, qu’il devait plus tard échanger en celui de Paul, et rendre si glorieux dans toute l’Église. La parole de ces deux hommes apostoliques dans Antioche suscita au sein de la gentilité de nouvelles recrues, et il fut aisé de prévoir que bientôt le centre de la religion du Christ ne serait plus Jérusalem, mais Antioche ; l’Évangile passant ainsi aux gentils, et délaissant la ville ingrate qui n’avait pas connu le temps de sa visite [1].

La voix de la tradition tout entière nous apprend que Pierre transporta sa résidence dans cette troisième ville de l’Empire romain, lorsque la foi du Christ y eut pris le sérieux accroissement dont nous venons de raconter le principe. Ce changement de lieu, le déplacement de la Chaire de primauté montraient l’Église avançant dans ses destinées, et quittant l’étroite enceinte de Sion, pour se diriger vers l’humanité tout entière.

Nous apprenons du pape saint Innocent Ier qu’une réunion des Apôtres eut lieu à Antioche. C’était désormais vers la Gentilité que le vent de l’Esprit-Saint poussait ces nuées rapides et fécondes, sous l’emblème desquelles Isaïe nous montre les saints Apôtres [2]. Saint Innocent, au témoignage duquel se joint celui de Vigile, évêque de Thapsus, enseigne que l’on doit rapporter au temps de la réunion de saint Pierre et des Apôtres à Antioche ce que dit saint Luc dans les Actes, qu’à la suite de ces nombreuses conversions de gentils, les disciples du Christ furent désormais appelés Chrétiens.

Antioche est donc devenue le siège de Pierre. C’est là qu’il réside désormais ; c’est de là qu’il part pour évangéliser diverses provinces de l’Asie ; c’est là qu’il revient pour achever la fondation de cette noble Église. Alexandrie, la seconde ville de L’empire, semblerait à son tour réclamer l’honneur de posséder le siège de primauté, lorsqu’elle aura abaissé sa tête sous le joug du Christ ; mais Rome, préparée de longue main parla divine Providence à l’empire du monde, a plus de droits encore. Pierre se mettra en marche, portant avec lui les destinées de l’Église ; là où il s’arrêtera, là où il mourra, il laissera sa succession. Au moment marqué, il se séparera d’Antioche, où il établira pour évêque Évodius son disciple. Évodius sera le successeur de Pierre en tant qu’Évêque d’Antioche ; mais son Église n’héritera pas de la principauté que Pierre emporte avec lui. Ce prince des Apôtres envoie Marc son disciple prendre possession d’Alexandrie en son nom ; et cette Église sera la seconde de l’univers, élevée d’un degré au-dessus d’Antioche, par la volonté de Pierre, qui cependant n’y aura pas siégé en personne. C’est à Rome qu’il se rendra, et qu’il fixera enfin cette Chaire sur laquelle il vivra, il enseignera, il régira, dans ses successeurs.

Telle est l’origine des trois grands Sièges Patriarcaux si vénérés dans l’antiquité : le premier, Rome, investi de la plénitude des droits du prince des Apôtres, qui les lui a transmis en mourant ; le deuxième, Alexandrie, qui doit sa prééminence à la distinction que Pierre en a daigné faire en l’adoptant pour le second ; le troisième, Antioche, sur lequel il s’est assis en personne, lorsque, renonçant à Jérusalem, il apportait à la Gentilité les grâces de l’adoption. Si donc Antioche le cède pour le rang à Alexandrie, cette dernière lui est inférieure, quant à l’honneur d’avoir possédé la personne de celui que le Christ avait investi de la charge de Pasteur suprême. Il était donc juste que l’Église honorât Antioche pour la gloire qu’elle a eue d’être momentanément le centre de la chrétienté : et telle est l’intention de la fête que nous célébrons aujourd’hui.

Les solennités qui se rapportent à saint Pierre ont droit d’intéresser particulièrement les enfants de l’Église. La fête du père est toujours celle de la famille tout entière ; car c’est de lui qu’elle emprunte et sa vie et son être. S’il n’y a qu’un seul troupeau, c’est parce qu’il n’y a qu’un seul Pasteur ; honorons donc la divine prérogative de Pierre, à laquelle le Christianisme doit sa conservation, et aimons à reconnaître les obligations que nous avons au Siège Apostolique. Au jour où nous célébrions la Chaire Romaine, nous avons reconnu comment la Foi s’enseigne, se conserve, se propage par l’Église-Mère, en laquelle résident les promesses faites à Pierre. Honorons aujourd’hui le Siège Apostolique, comme source unique du pouvoir légitime par lequel les peuples sont régis et gouvernés dans l’ordre du salut éternel.

Le Sauveur a dit à Pierre : « Je te donnerai les Clefs du Royaume des cieux [3] », c’est-à-dire de l’Église ; il lui a dit encore : « Pais mes agneaux, pais mes brebis [4] ». Pierre est donc prince : car les Clefs, dans l’Écriture, signifient la principauté ; il est donc Pasteur, et Pasteur universel : car, dans le troupeau, il n’y a rien en dehors des brebis et des agneaux. Mais voici que, par la bonté divine, nous rencontrons de toutes parts d’autres Pasteurs : les Évêques, « que l’Esprit-Saint a posés pour régir l’Église de Dieu [5] », gouvernent en son nom les chrétientés, et sont aussi Pasteurs. Comment ces Clefs, qui sont le partage de Pierre, se trouvent-elles en d’autres mains que dans les siennes ? L’Église catholique nous explique ce mystère dans les monuments de sa Tradition. Elle nous dit par Tertullien que le Seigneur a « donné les Clefs à Pierre, et par lui à l’Église [6] » ; par saint Optât de Milève, que, pour le bien de » l’unité, Pierre a été préféré aux autres Apôtres, et a reçu seul les Clefs du Royaume des cieux, pour les communiquer aux autres [7] » ; par saint Grégoire de Nysse, que le Christ a donné par Pierre aux Évêques les Clefs de leur céleste « prérogative [8] » ; par saint Léon le Grand, que le Sauveur a donné par Pierre aux autres prince ces des Églises tout ce qu’il n’a pas jugé à propos de leur refuser [9] ».

L’Épiscopat est donc à jamais sacré ; car il se rattache à Jésus-Christ par Pierre et ses successeurs ; et c’est ce que la Tradition catholique nous atteste de la manière la plus imposante, applaudissant au langage des Pontifes Romains qui n’ont cessé de déclarer, depuis les premiers siècles, que la dignité des Évêques était d’être appelés à partager leur propre sollicitude, in partem sollicitudinis vocatos. C’est pourquoi saint Cyprien ne fait pas difficulté de dire que le Seigneur, voulant établir la dignité épiscopale et constituer son Église, dit à Pierre : Je te donnerai les Clefs du Royaume des cieux ; et c’est de là que découle l’institution des Évêques et la disposition de l’Église [10] ». C’est ce que répète, après le saint Évêque de Carthage, saint Césaire d’Arles, dans les Gaules, au V° siècle, quand il écrit au saint pape Symmaque : « Attendu que l’Épiscopat prend sa source dans la personne du bienheureux Apôtre Pierre, il suit de là, par une conséquence nécessaire, que c’est à Votre Sainteté de prescrire aux diverses Églises les règles auxquelles elles doivent se conformer [11] ». Cette doctrine fondamentale, que saint Léon le Grand a formulée avec tant d’autorité et d’éloquence, et qui est en d’autres termes la même que nous venons de montrer tout à l’heure par la Tradition, se trouve intimée aux Églises, avant saint Léon, dans les magnifiques Épîtres de saint Innocent Ier qui sont venues jusqu’à nous. C’est ainsi qu’il écrit au concile de Carthage que l’Épiscopat et toute son autorité émanent du Siège Apostolique [12] » ; au concile de Milève, que « les Évêques doivent considérer Pierre comme la source de leur nom et de leur dignité [13] » ; à saint Victrice, Évêque de Rouen, que »l’Apostolat et l’Épiscopat prennent en Pierre leur origine [14] ».

Nous n’avons point ici à composer un traité polémique ; notre but, en alléguant ces titres magnifiques de la Chaire de Pierre, n’est autre que de réchauffer dans le cœur des fidèles la vénération et le dévouement dont ils doivent être animés envers elle. Mais il est nécessaire qu’ils connaissent la source de l’autorité spirituelle qui, dans ses divers degrés, les régit et les sanctifie. Tout découle de Pierre, tout émane du Pontife Romain dans lequel Pierre se continuera jusqu’à la consommation des siècles. Jésus-Christ est le principe de l’Épiscopat, l’Esprit-Saint établit les Évêques ; mais la mission, l’institution, qui assigne au Pasteur son troupeau et au troupeau son Pasteur, Jésus-Christ et l’Esprit-Saint les donnent par le ministère de Pierre et de ses successeurs.

Qu’elle est divine et sacrée, cette autorité des Clefs, qui, descendant du ciel dans le Pontife Romain, dérive de lui par les Prélats des Églises sur toute la société chrétienne qu’elle doit régir et sanctifier ! Le mode de sa transmission par le Siège Apostolique a pu varier selon les siècles ; mais tout pouvoir n’en émanait pas moins de la Chaire de Pierre. Au commencement, il y eut trois Chaires : Rome, Alexandrie et Antioche ; toutes trois, sources de l’institution canonique pour les Évêques de leur ressort ; mais toutes trois regardées comme autant de Chaires de Pierre, fondées par lui pour présider, comme l’enseignent saint Léon [15], saint Gélase [16] et saint Grégoire le Grand [17]. Mais, entre ces trois Chaires, le Pontife qui siégeait sur la première ne recevait que du Ciel son institution, tandis que les deux autres Patriarches n’exerçaient leurs droits qu’après avoir été reconnus et confirmés par celui qui occupait à Rome la place de Pierre. Plus tard, on voulut adjoindre deux nouveaux Sièges aux trois premiers ; mais Constantinople et Jérusalem n’arrivèrent à un tel honneur qu’avec l’agrément du Pontife Romain. Puis, afin que les hommes ne fussent pas tentés de confondre les distinctions accidentelles dont avaient été décorées ces diverses Églises, avec la divine prérogative de l’Église de Rome, Dieu permit que les Sièges d’Alexandrie, d’Antioche, de Constantinople et de Jérusalem fussent souillés par l’hérésie ; et que, devenues autant de Chaires d’erreur, elles cessassent de transmettre la mission légitime, à partir du moment où elles avaient altéré la foi que Rome leur avait transmise avec la vie. Nos pères les ont vues tomber successivement, ces colonnes antiques que la main paternelle de Pierre avait élevées ; mais leur ruine lamentable n’atteste que plus haut combien est solide l’édifice que la main du Christ a bâti sur Pierre. Le mystère de l’unité s’est alors révélé avec plus d’éclat ; et Rome, retirant à elle les faveurs qu’elle avait versées sur des Églises qui ont trahi cette Mère commune, n’en a paru qu’avec plus d’évidence le principe unique du pouvoir pastoral. C’est donc à nous, prêtres et fidèles, à nous enquérir de la source où nos pasteurs ont puisé leur pouvoir, de la main qui leur a transmis les Clefs. Leur mission émane-t-elle du Siège Apostolique ? S’il en est ainsi, ils viennent de la part de Jésus-Christ qui leur a confié, par Pierre, son autorité ; honorons-les, soyons-leur soumis. S’ils se présentent sans être envoyés par le Pontife Romain, ne nous joignons point à eux ; car le Christ ne les connaît pas. Fussent-ils revêtus du caractère sacré que confère l’onction épiscopale, ils ne sont rien dans l’Ordre Pastoral ; les brebis fidèles doivent s’éloigner d’eux.

C’est ainsi que le divin Fondateur de l’Église ne s’est pas contenté de lui assigner la visibilité comme caractère essentiel, afin qu’elle fût cette Cité bâtie sur la montagne [18]), et qui frappe tous les regards ; il a voulu encore que le pouvoir céleste qu’exercent les Pasteurs dérivât d’une source visible, afin que chaque fidèle fût à même de vérifier les titres de ceux qui se présentent à lui pour réclamer son âme au nom du Christ. Le Seigneur ne devait pas moins faire pour nous, puisque d’autre part il exigera au dernier jour que nous ayons été membres de son Église, et que nous ayons vécu en rapport avec lui par le ministère des pasteurs légitimes. Honneur donc et soumission au Christ en son Vicaire ; honneur et soumission au Vicaire du Christ dans les pasteurs qu’il envoie !

Nous rendrons aujourd’hui nos hommages au Prince des Apôtres, en récitant en son honneur l’Hymne suivante, composée par saint Pierre Damien.

HYMNE.
Prince du Sénat apostolique, éloquent messager du Seigneur, premier Pasteur des fidèles, gardez le troupeau qui vous fut confié.
Dans vos verdoyants pâturages, nourrissez-nous du précieux aliment de la parole ; introduisez vos brebis fortunées dans le parc céleste où vous les avez précédées.
A vous, ô Pierre, ont été données les Clefs de la porte des cieux ; les choses de la terre et celles même du ciel sont soumises à vos lois.
Vous décidez par votre choix où sera la Pierre de la vraie foi, la base de l’édifice entier, sur laquelle s’élèvera inébranlable l’Église catholique.
Quand vous marchez, votre ombre guérit les malades ; Tabithe, qui tissait les vêtements du pauvre, échappe par vous aux liens de la mort.
On vous charge d’une double chaîne ; mais la main d’un Ange vient la briser ; par son ordre vous reprenez votre habit et votre chaussure : les portes de la prison s’ouvrent d’elles-mêmes.
Louange au Père qui n’est pas engendré ; honneur au Fils unique qui sort de lui ; gloire suprême à l’Esprit égal à tous deux.
Amen.

Gloire à vous, ô Prince des Apôtres, sur votre Chaire d’Antioche, du haut de laquelle vous avez présidé aux destinées de l’Église universelle ! Qu’elles sont magnifiques, les stations de votre Apostolat ! Jérusalem, Antioche, Alexandrie par Marc votre disciple, Rome enfin par vous-même : voilà les cités que vous honorez de votre Chaire auguste. Après Rome, aucune ville ne vous posséda aussi longtemps que celle d’Antioche ; il est donc juste que nous rendions honneur à cette Église, qui fut un moment, par vous, la mère et la maîtresse des autres. Hélas ! Aujourd’hui elle a perdu sa beauté, la foi a dépéri dans son sein, et le joug du Sarrasin s’est appesanti sur elle. Sauvez-la, ô Pierre, régissez-la encore ; soumettez-la à la Chaire Romaine sur laquelle vous êtes assis, non pour un nombre limité d’années, mais jusqu’à la consommation des siècles. Immuable rocher de l’Église, les tempêtes sont déchaînées contre vous, et nos yeux ont vu plus d’une fois la Chaire immortelle transportée momentanément loin de Rome. Nous nous souvenions alors de la belle parole de saint Ambroise : Où est Pierre, là est l’Église, et nos cœurs n’étaient pas troublés ; car nous savons que c’est par l’inspiration divine que Pierre a choisi Rome pour le sol où reposera sa Chaire à jamais. Nulle volonté humaine ne pourrait séparer ce que Dieu a uni ; l’Évêque de Rome sera toujours le Vicaire de Jésus-Christ, et le Vicaire de Jésus-Christ, si loin que l’exilât la violence sacrilège des persécuteurs, sera toujours l’Évêque de Rome. Calmez les tempêtes, ô Pierre, afin que les faibles ne soient pas ébranlés ; obtenez du Seigneur que la résidence de votre successeur ne soit jamais interrompue dans cette ville que vous avez choisie et élevée à tant d’honneurs. Si les habitants de cette cité reine ont mérité d’être châtiés pour avoir oublié ce qu’ils vous doivent, épargnez-les en faveur de l’univers catholique, et faites que leur foi, comme aux jours où Paul votre frère leur adressait sa sublime Épître, redevienne célèbre dans le monde entier [19].

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Conformément à ce que nous avons observé le 18 janvier, aujourd’hui, selon l’antique tradition romaine, maintenue sans altération jusqu’au xvie siècle, l’on célébrait la fête de la Chaire romaine de saint Pierre, sans qu’Antioche eût rien à y voir. Il ne s’agit pas, en effet, d’honorer les diverses et successives résidences de l’Apôtre en différentes parties du monde ; seule la Chaire vaticane s’élève comme le symbole de la primauté universelle que Pierre et ses successeurs exercent de Rome sur toute l’Église ; honneur sans précédent et que la Ville éternelle revendique exclusivement pour soi.

L’origine de cette fête, déjà mentionnée en ce jour dans le Férial Philocalien de 336 : Natale Petri de Cathedra, est sûrement romaine ; elle est pourtant omise par les Sacramentaires Gélasien et Grégorien, sans que nous arrivions à en entrevoir la raison, à moins que cela ne se doive attribuer au fait qu’elle tombe presque toujours durant le Carême. Le fait même que la sedes ubi prius sedit sanctus Petrus, dans le cimetière Majeur, trouva vers le Ve siècle une sérieuse concurrence dans la chaire de bois du Vatican, contribua à diminuer l’importance de l’antique Sedes de la voie Nomentane. Vers le VIIe siècle, des causes qui nous échappent déterminèrent en outre l’autorité ecclésiastique à limiter et même à empêcher le culte que, par l’offrande de lampes et d’encens, le peuple rendait à une chaire de tuf existant dans le cimetière Majeur. Ce fut probablement sous l’impression de semblables désordres que l’Église romaine tenta d’effacer des sacramentaires la fête du 22 février.

La tradition fut toutefois plus forte que tout édit de proscription, puisque dans l’Antiphonaire de Saint-Pierre nous trouvons la fête de la Chaire célébrée au Vatican à sa date primitive et traditionnelle, le 22 février.

La messe est la même que le 18 janvier, mais on omet la mémoire de sainte Prisque.

Voici le beau poème damasien que les anciens épigraphistes du haut moyen âge copièrent près de la Chaire vaticane du Prince des Apôtres, qui était alors dans le baptistère :

AD FONTES
NON • HAEC • HVMANIS • OPIBVS - NON • ARTE - MAGISTRA
SED • PRAESTANTE • PETRO • CVI • TRADITA • IANVA • CAELI • EST
ANTISTES • CHRISTI • COMPOSVIT • DAMASVS
VNA • PETRI • SEDES • VNVM • VERVMQVE • LAVACRVM
VINCVLA • NVLLA • TENENT • QVEM • LIQVOR • ISTE • LAVAT
Ce ne fut pas avec le secours de la puissance humaine ni d’après les suggestions de l’art,
Mais avec l’assistance de Pierre à qui fut confiée la porte du Ciel,
Que le Pontife Damase édifia ce monument.
Unique est le siège de Pierre, unique est le véritable baptême.
Celui qui se lave dans ces eaux est libéré de tout péché.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Sur la chaire des anciens, qu’ils le louent !

Des deux fêtes de la Chaire de Saint-Pierre, celle d’aujourd’hui est de beaucoup la plus ancienne et la plus vénérable. Jusqu’au XVIe siècle, elle était l’unique fête, la fête de la chaire romaine de Saint-Pierre. On ne tenait pas compte d’Antioche. En effet, ce qu’on célébrait, ce n’était pas les différents séjours de saint Pierre, mais la primauté de la Papauté. A partir de 1558, on fixa la fête de la Chaire de Saint-Pierre à Rome au 18 janvier, et le 22 février fut dès lors réservé à la Chaire de Saint-Pierre à Antioche. D’après une antique tradition, Pierre fut le fondateur de l’Église d’Antioche, la première Église de la Gentilité, et en resta sept ans le pasteur proprement dit. Le martyrologe annonce : A Antioche, la fête de la Chaire de l’Apôtre saint Pierre ; c’est là que les disciples du Christ reçurent pour la première fois le nom de chrétiens.

Pratique. Les leçons des matines se terminent ainsi : « Par la fête de cette Chaire, on honore le sacerdoce. » En effet, plus le sacerdoce est vénéré et plus la dignité de l’Église s’accroît et rayonne. C’est une conséquence nécessaire. Toutes les personnes investies d’une fonction liturgique méritent notre respect et notre aide. C’est par ces personnes, surtout, que la vie de grâce de l’Église est conservée, renouvelée et communiquée à tous les fidèles en union avec le sacerdoce général de tous les baptisés. Dans tous les membres du clergé jusqu’aux plus hauts dignitaires voyons surtout et honorons des représentants liturgiques du Christ, des dispensateurs de la grâce de Dieu et, en même temps, nos maîtres et nos pasteurs.

La messe (Statuit). La messe (de date relativement récente) place au milieu de nous saint Pierre, le premier évêque d’Antioche. A l’Introït, nous le voyons dans le prêtre célébrant. A l’Épître, nous l’entendons nous parler, à nous, « les étrangers élus de la dispersion » ; il nous annonce le joyeux message de l’héritage incorruptible, sans souillure ni flétrissure, qui nous est conservé dans le ciel et dont le gage est la Sainte Eucharistie. Il est vrai qu’il faut encore, « pour un peu de temps », être purifiés, comme l’or, dans le feu des épreuves jusqu’à la manifestation de Jésus-Christ. Cette manifestation se réalise aujourd’hui au Saint-Sacrifice. A l’Évangile, nous vivons, avec saint Pierre, la grande scène de Césarée de Philippes dans laquelle le Christ fit de lui le rocher de l’Église. Notre âme aussi doit être ferme comme un roc afin que le Seigneur construise en nous le royaume de Dieu. Cette parole : « Tu es Petrus... » est le leitmotiv de la messe (Off., Comm.). Elle s’applique à Pierre, mais aussi, d’une certaine manière, à nous. Au Graduel, l’Église chante l’élévation de Pierre sur sa chaire. Dans la sainte Eucharistie, le Seigneur bâtit en nous son Église (Comm.).

[*] Voir le commentaire de l’abbé Jounel : « Le plus ancien calendrier romain, qui remonte à 336, nous apprend qu’au 22 février on célébrait alors le Natale Petri de cathedra. Avant d’honorer la Chaire épiscopale de Pierre (4e siècle), la fête du 22 février avait dû célébrer, dès les siècles précédents, le souvenir funéraire des apôtres Pierre et Paul, au jour de l’année où la société romaine, quelles que fussent ses croyances, commémorait le souvenir des morts. Dans la Rome des premiers siècles, le 22 février correspondait à ce qu’est aujourd’hui en Occident le 2 novembre. Après une éclipse de quelques siècles (6e-10e) due au fait que le 22 février tombe souvent en Carême, la Cathedra sancti Petri reprit sa place au calendrier romain jusqu’en 1558. C’est alors que le pape Paul IV crut devoir doubler la fête du 22 février d’une fête identique le 18 janvier, sous le prétexte qu’on lisait dans les Martyrologes la mention d’une Chaire de saint Pierre à Rome (18 janvier) et d’une Chaire de saint Pierre à Antioche (22 février). Le 18 janvier était, en effet, la date à laquelle certaines églises franques avaient anticipé, aux 7e -8e siècles, la Chaire de saint Pierre, et les martyrologes avaient expliqué comme ils avaient pu les deux dates festives. Mais Paul IV n’avait pas remarqué qu’avant sa décision seules de rares Eglises avaient pu fêter en même temps le 18 janvier et le 22 février. On se félicitera qu’au bout de quatre cents ans le doublet ait enfin disparu et que le Calendrier romain renoue avec sa plus ancienne tradition. », in Remarques sur le culte des saints à propos de la réforme du calendrier de Jean XXIII (La maison Dieu 63 bis, 1960).

[1] Luc. XIX, 44.

[2] Isai. LX, 8.

[3] Matth.XVI, 19.

[4] Iohan. XXI, 15, 17.

[5] Act. XX, 28.

[6] Scorpiac. Cap. X.

[7] Contra Parmenianum, Lib. VII.

[8] Opp. t. III.

[9] In anniv. Assumpt. suae, serm, IV.

[10] Epist. XXXIII.

[11] Epist. X.

[12] Epist. XXIX.

[13] Epist. XXX.

[14] Epist. II.

[15] Epist. civ ad Anatolium.

[16] Concil. Romanum. Labb. t. IV.

[17] Epist. ad Eulogium.

[18] Matth. V, 14.

[19] Rom. I, 8.