Accueil - Missel - Sanctoral

21/12 St Thomas, apôtre

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Sommaire

  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Leçons des Matines  
  La Messe  

Dès 232, on vénère ses reliques à Édesse, et l’Église malabare, en Inde, se réclame de son évangélisation par St Thomas.

Les Malabars le célèbrent le 3 juillet et le 21 décembre. Une des dates serait la translation de ses reliques à Édesse, l’autre celle de sa Passion. Les Byzantins le célèbrent le 6 octobre et les Coptes le 21 mai.

Un oratoire lui fut érigé à Rome sous le pape Symmaque (+514), sa fête apparaît dans le Sacramentaire gélasien au VIIe siècle. Mais c’est au cours du Xe que sa fête s’établit et que sa popularité grandit.

La date du 21 décembre est admise en Occident depuis le VIIIe siècle.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Voici la dernière Fête que va célébrer l’Église avant celle de la Nativité de son Seigneur et Époux. Elle interrompt les Féries majeures pour honorer Thomas, Apôtre du Christ, et dont le glorieux martyre, consacrant à jamais ce jour, procura au peuple chrétien un puissant introducteur auprès du divin Messie. Il appartenait à ce grand Apôtre de paraître sur le Cycle dans les jours où nous sommes, afin que sa protection aidât les fidèles à croire et à espérer en ce Dieu qu’ils ne voient pas encore, et qui vient à eux sans bruit et sans éclat, afin d’exercer leur Foi. Saint Thomas douta un jour, et ne comprit le besoin de la Foi qu’après avoir passé parles ombres de l’incrédulité : il est juste qu’il vienne maintenant en aide aux enfants de l’Église, et qu’il les fortifie contre les tentations qui pourraient leur survenir de la part d’une raison orgueilleuse. Adressons-nous donc à lui avec confiance ; et du sein de la lumière où son repentir et son amour l’ont placé, il demandera pour nous la docilité d’esprit et de cœur qui nous est nécessaire pour voir et pour reconnaître Celui qui fait l’attente des nations, et qui, destiné à régner sur elles, n’annoncera son arrivée que par les faibles vagissements d’un enfant, et non par la voix tonnante d’un maître. L’Église a jugé à propos de nous présenter le récit des Actes de notre saint Apôtre aux Matines sous la forme la plus abrégée, dans la crainte de mêler quelques détails fabuleux aux faits incontestables que les sources authentiques nous fournissent.

GRANDE ANTIENNE DE SAINT THOMAS. [1]

O Thomas Didyme ! vous qui avez mérité de voir le Christ, nous faisons monter vers vous nos prières à haute voix ; secourez-nous dans notre misère ; afin que nous ne soyons pas condamnés avec les impies, en l’Avènement du Juge.

L’Eglise grecque traite avec sa solennité ordinaire la fête de saint Thomas ; mais c’est au six octobre qu’elle la célèbre. Nous allons extraire quelques strophes des chants qu’elle lui a consacrés.

HYMNE DE SAINT THOMAS. (Tirée des Menées des Grecs.)
Quand ta main toucha le côté du Seigneur, tu trouvas le comble de tous les biens ; car ainsi qu’une éponge mystique, tu en exprimas de célestes liqueurs, tu y puisas la vie éternelle, bannissant toute ignorance dans les âmes, et faisant couler comme de source les dogmes divins de la connaissance de Dieu.
Par ton incrédulité et par ta foi tu as rendu stables ceux qui étaient dans la tentation, en proclamant le Dieu et Seigneur de toute créature, incarné pour nous sur cette terre, crucifié, soumis à la mort, percé de clous, et dont le côté fut ouvert par une lance, afin que nous y puisions la vie.
Tu as fais resplendir la terre des Indiens d’un vif éclat, ô très saint Apôtre, contemplateur de la divinité ! Après avoir illuminé ces peuples et les avoir rendus enfants de la lumière et du jour, tu renversas les temples de leurs idoles par la vertu de l’Esprit-Saint, et tu les fis s’élever, ô très prudent, jusqu’à la charité de Dieu, pour la louange et la gloire de l’Église, ô bienheureux intercesseur de nos âmes !
O contemplateur des choses divines, tu fus la coupe mystique de la Sagesse du Christ ! ô Thomas Apôtre, en qui se réjouissent les âmes des fidèles ! tu retiras les peuples de l’abime de l’ignorance avec les filets du divin Esprit : c’est pourquoi, tu as coulé, semblable à un fleuve de charité, répandant sur toute créature comme une source d’eau vive les enseignements divins. Percé aussi de la lance en ton propre côté, tu as imité la Passion du Christ, et tu as revêtu l’immortalité : supplie-le d’avoir pitié de nos âmes.

Glorieux Apôtre Thomas, vous qui avez amené au Christ un si grand nombre de nations infidèles, c’est à vous maintenant que s’adressent les âmes fidèles, pour que vous les introduisiez auprès de ce même Christ qui, dans cinq jours, se sera déjà manifesté à son Église. Pour mériter de paraître en sa divine présence, nous avons besoin, avant toutes choses, d’une lumière qui nous conduise jusqu’à lui. Cette lumière est la Foi : demandez pour nous la Foi. Un jour, le Seigneur daigna condescendre à votre faiblesse, et vous rassurer dans le doute que vous éprouviez sur la vérité de sa Résurrection ; priez, afin qu’il daigne aussi soutenir notre faiblesse, et se faire sentir à notre cœur. Toutefois, ô saint Apôtre, ce n’est pas une claire vision que nous demandons, mais la Foi simple et docile ; car Celui qui vient aussi pour nous vous a dit en se montrant à vous : Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui cependant ont cru ! Nous voulons être du nombre de ceux-là. Obtenez-nous donc cette Foi qui est du cœur et de la volonté, afin qu’en présence du divin Enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche, nous puissions nous écrier aussi : Mon Seigneur et mon Dieu ! Priez, ô saint Apôtre, pour ces nations que vous avez évangélisées, et qui sont retombées dans les ombres de la mort. Que le jour vienne bientôt où le Soleil de justice luira une seconde fois pour elles. Bénissez les efforts des hommes apostoliques qui consacrent leurs sueurs et leur sang à l’œuvre des Missions ; obtenez que les jours de ténèbres soient abrégés,, et que les régions arrosées de votre sang voient enfin commencer le règne du Dieu que vous leur avez annoncé et que nous attendons.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Le culte dont saint Thomas était l’objet nous est attesté par les anciens Pères, spécialement par saint Grégoire de Nysse et par saint Éphrem, qui dans le XIIIe de ses Poèmes de Nisibe, décrit les hurlements de Satan parce qu’un marchand avait transporté des Indes à Édesse une partie du corps de l’Apôtre : Ululavit Diabolus : Quem in locum nunc fugere possum iustos ? Mortem incitavi ad Apostolos interficiendos, ut per mortem eorum evadam verberibus eorum. Sed nunc multo durius verberor. Apostolus quem interfeci in India, praevenit me Edessam. Hic et illic totus est ; illuc profectus sum et erat illic ; hic et illic inveni eum et contritus sum.

Les Grecs célèbrent la fête de saint Thomas le 6 octobre ; chez les Latins, le calendrier dit de Charlemagne, de l’an 781, lui assigne le 3 juillet, d’accord avec l’usage oriental primitif, qui tient ce jour-là pour celui du natale de l’Apôtre. Le martyrologe de Silos mentionne la fête de saint Thomas parmi les additions de seconde main, le 21 décembre ; toutefois dans le laterculus du Hiéronymien d’Epternach et dans celui de Wissembourg, la date susdite apparaît comme celle de la translation des reliques de l’Apôtre à Edesse.

A Rome la fête de saint Thomas date du moyen âge. Elle apparaît dans le Sacramentaire Grégorien et dans le calendrier de Saint-Pierre du XIIe siècle, mais elle doit être beaucoup plus ancienne, puisque le pape Symmaque édifia à cet Apôtre un oratoire au Vatican, près de la basilique de Saint-André.

En l’honneur de saint Thomas, la piété médiévale érigea par la suite à Rome au moins une dizaine d’églises dont les plus célèbres étaient celle de Saint-Thomas in Parione, Saint-Thomas in Formis sur le mont Cœlius, une autre contiguë à la basilique du Latran qui servait aussi de Secretarium, et enfin l’oratoire dédié à l’Apôtre dans l’intérieur du château Saint-Ange.

L’incrédulité de Thomas aussitôt après la résurrection de Jésus, et le fait que, le dimanche in Albis, de toute antiquité, on lit à la messe le récit de l’apparition dont Jésus l’honora, ont sans doute contribué à rendre sa mémoire populaire, de préférence à celle de plusieurs de ses collègues dans l’Apostolat.

Selon les Ordines Romani du XVe siècle, le Pape donnait aujourd’hui vacance au consistoire. Il est encore d’usage à Rome qu’en ce jour on commence à présenter les souhaits de Noël aux cardinaux et aux autres prélats de la cour pontificale.

L’antienne pour l’entrée du prêtre est semblable à celle de la fête de saint André ; elle est tirée du psaume 138.

Prière. « Faites, Seigneur, que la solennité de votre bienheureux apôtre Thomas nous soit un sujet de gloire ; afin qu’il vienne par son patronage à notre secours, et que nous-mêmes, avec une pieuse affection, nous imitions sa foi. Par notre Seigneur, etc. » Les apôtres sont pour nous un exemple éclatant de foi, parce que, les premiers, ils ont cru à cette parole qu’ils ont ensuite prêchée, et leur foi a été si ferme que sur elle s’élève tout l’édifice de l’Église.

Dans la lecture suivante (Ephes. 2, 19-22), l’Apôtre compare l’unité de la famille chrétienne à un temple spirituel érigé sur la foi inébranlable des apôtres et des prophètes, dont la pierre angulaire est le Christ.

Le répons-graduel, tiré du psaume 138, est identique à celui de la messe vigiliale de saint André. « Qu’ils sont adorables, ô Dieu, vos secrets ; combien merveilleuse est leur efficacité ! », « Je les énumère, et ils surpassent les grains de sable de la mer. » Cette efficacité merveilleuse des secrets divins resplendit surtout dans la conversion du monde au moyen d’une douzaine de pauvres pêcheurs, devenus confidents des secrets de l’éternelle Sagesse.

Le verset alléluiatique est emprunté au psaume 32. « Exultez, ô justes, dans le Seigneur, aux hommes droits convient la louange. » La louange sied aux justes, parce que toute leur vie s’accorde avec l’expression de leurs lèvres, tandis que, en raison de la contradiction des œuvres, l’Écriture dit : Non est speciosa laus in ore peccatoris.

La lecture évangélique (Jean. 20, 24-29) évoque l’apparition du Seigneur à Thomas et l’acte énergique de foi émis par l’Apôtre à la vue des plaies glorieuses du Sauveur ressuscité. Thomas vit et crut ; il vit l’homme, toucha les cicatrices qui attestaient sa nature mortelle, et s’éleva jusqu’à la confession de sa divinité, le proclamant son Seigneur et son Dieu. Sa profession de foi répara ainsi la faute de son incrédulité première, mais Jésus préfère néanmoins une foi plus prompte et plus élevée qui, sans exagérer par trop la nécessité de la preuve rationnelle, croit simplement parce qu’elle sait que Dieu parle et a révélé.

Le verset de l’offertoire est tiré du psaume 18. Le psalmiste fait l’éloge du soleil, de la lune et des astres, qui narrent la gloire de Dieu. « Leur voix se répandit par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux confins du monde. » Dans le ciel de l’Église ces astres brillants sont les saints apôtres dont l’éloquence retentit maintenant encore dans tout l’univers.

La secrète est la suivante : « Nous vous offrons, Seigneur, le juste hommage de notre servitude, vous suppliant de garder en nous votre grâce par les mérites du bienheureux apôtre Thomas en l’honneur du martyre duquel nous vous immolons cette hostie de louange. » La préface de l’anaphore eucharistique (Vere dignum et iustum est...) est celui du Commun des Apôtres. Dans le Sacramentaire Grégorien il était ainsi rédigé : ... aeterne Deus ; qui Ecclesiam tuam in apostolicis tribuisti consistere fimamentis, de quorum collegio beati Thomae Apostoli tui solemnia celebrantes, tua, Domine, praeconia non taceamus, per Christum, etc. A l’origine, dans les Sacramentaires Léonien, Gélasien et Grégorien, chaque dimanche et chaque fête de l’année avaient une préface particulière ; pour la commodité des célébrants et pour économiser le parchemin et la peine des copistes, on fit disparaître ces préfaces des missels du bas moyen âge ; c’est ainsi que tombèrent également en désuétude, au XVIe siècle, les messes dominicales, à la place desquelles les prêtres récitaient communément celle de la Très Sainte Trinité, parce qu’elle était plus courte et qu’ils la savaient par cœur.

Le concile de Trente élimina ce second abus, en restituant les messes dominicales propres et en ordonnant la réforme du Missel romain. Toutefois, dans cette restitution, à part un très petit nombre d’exceptions, les anciennes préfaces propres ne trouvèrent plus place. Celle que l’on récite maintenant pour toutes les fêtes d’apôtres est la préface romaine du Sacramentaire Léonien pour la fête des saints apôtres Pierre et Paul. En effet, si on l’examine bien, on lui trouve un caractère nettement local, en sorte que cette belle prière : « Afin que vous, Pasteur éternel, n’abandonniez pas votre troupeau, mais le protégiez continuellement par les mérites des bienheureux apôtres (Pierre et Paul) ; pour qu’il soit dirigé et gouverné par ceux-là mêmes que vous avez mis à sa tête en qualité de pasteurs, pour tenir votre place dans l’œuvre de l’Évangile », transportée hors de Rome et adaptée à toutes les fêtes des apôtres, perd une grande partie de sa vigoureuse beauté.

L’antienne pour la communion est tirée du texte évangélique de ce jour et se retrouve au dimanche in Albis : « Mets la main et touche les cicatrices des clous, et ne sois pas incrédule, mais fidèle. » Dans la communion, nous touchons spirituellement les plaies du Christ, et nous reconnaissons qu’il est vraiment la victime de notre sacrifice de réconciliation. La collecte d’action de grâces après la communion est la suivante : « Secourez-nous, ô Dieu de miséricorde, et par les mérites du bienheureux apôtre Thomas, conservez-nous avec bienveillance votre grâce. Par notre Seigneur. ». Thomas guérit de son incrédulité en posant la main et le doigt sur le Cœur sacré de Jésus, pour nous enseigner que là est la source d’où jaillit le baume suave qui guérit toutes les maladies de l’âme.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Heureux ceux qui ne voient pas et croient cependant.

L’Apôtre saint Thomas et l’Avent, voilà deux sujets qu’il semble assez difficile d’unir. Dans notre pensée, saint Thomas qui toucha les cicatrices du Ressuscité semble appartenir au cycle de Pâques. Il y a cependant une parole de Notre Seigneur qui nous permet d’établir une liaison avec l’Avent : « Parce que tu as vu, Thomas, tu crois ? Bienheureux ceux qui ne voient pas et croient cependant. » Nous avons précisément besoin, en face du mystère annoncé de Noël, d’une foi ferme et aimante. Pendant tout l’Avent nous entendons un joyeux message auquel nous devons croire sans voir. Dans la nuit sainte nous nous agenouillerons devant le divin Enfant dans sa crèche et l’Église nous dira : Voici le grand Roi, le Dieu éternel. Nous pourrons alors nous appliquer la parole dite à Thomas : Bienheureux ceux qui ne voient pas et croient cependant.

Saint Thomas. — Jour de mort (d’après le Martyrologe) : 21 décembre (année inconnue). Tombeau : primitivement à Édesse (Syrie) au dire de saint Jean Chrysostome, actuellement à Ortona (Italie). Image : On le représente avec la lance (à cause de son martyre) ou bien avec l’équerre (à cause de la légende d’après laquelle il aurait été envoyé comme architecte vers le roi des Indes). Sa vie : Les Évangiles nous apprennent peu de choses au sujet de saint Thomas. Il est appelé « Didyme, le Jumeau ». Très rarement, pendant la vie du Maître, nous le voyons se signaler parmi ses frères du collège apostolique. Au moment de la résurrection de Lazare, nous l’entendons dire : « Allons et mourrons avec lui. » Ce qui l’a rendu populaire, c’est son incrédulité après la mort de Notre Seigneur. Le passage de l’histoire de la résurrection où il est question de cette incrédulité et que nous lisons aujourd’hui est un des plus touchants de l’Évangile. Le Pape saint Grégoire 1er dit une belle parole au sujet de saint Thomas : « L’incrédulité de saint Thomas a plus servi à notre foi que la foi des disciples qui ont cru, car, par ce fait même, que saint Thomas n’a été déterminé à croire qu’en touchant les plaies, nous sommes fortifiés dans notre foi au-dessus de tout doute. Le Seigneur permit que l’Apôtre doutât de sa résurrection, mais il ne le laissa pas dans son doute. Le disciple est devenu, par son doute et par son toucher, le témoin de la vérité de la Résurrection. Thomas toucha et s’écria : mon Seigneur et mon Dieu ! Alors Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu Thomas, tu as cru. Or l’Apôtre saint Paul écrit : « La foi est une base certaine pour ce qu’on espère, une persuasion de choses qu’on ne voit pas. » Il est donc clair que la foi est un fondement pour des choses qu’on ne peut pas voir. Car de ce qu’on voit il n’y a plus de foi mais connaissance. Or quand saint Thomas eut vu et touché le Sauveur, pourquoi lui est-il dit : Parce que tu m’as vu. Thomas, tu as cru ? Parce que ce qu’il vit fut différent de ce qu’il crut. En effet, la divinité ne peut être vue : par aucun homme mortel. Thomas voit l’Homme dans le Christ et confesse sa divinité avec ses paroles : mon Seigneur et mon Dieu ! La foi fut donc ce qui suivit la vue.

Au sujet de la vie postérieure de l’Apôtre nous n’avons que peu de renseignements. Le Martyrologe nous donne ces détails : « A Calamina (près de Madras, dans les Indes Orientales) le martyre de saint Thomas, Apôtre. Il annonça l’Évangile chez les Parthes et enfin il vint dans l’Inde. Après avoir converti de nombreuses tribus au christianisme, il fut, sur l’ordre d’un roi transpercé à coups de lance. » Ses restes furent d’abord transportés à Édesse (Syrie), plus tard à Ortona (province de Chieti, Italie centrale). Saint Thomas est considéré comme le patron spécial de l’Inde.

La messe (Mihi autem). — Toute la messe est dominée par le bel Évangile de l’Apparition du Christ ressuscité à saint Thomas. L’antienne de la Communion, tirée de l’Évangile, nous rend cette apparition présente. Chacun de nous, à la messe, ressemble à saint Thomas. Le Maître nous apparaît et nous demande d’avancer la main pour toucher ses plaies, c’est-à-dire pour recevoir la chair du sacrifice. A l’Introït, l’Église chante les Apôtres, ces « amis » de Dieu, ces « princes du royaume de Dieu » (le psaume 138 n’a de relation liturgique avec les fêtes d’Apôtres que par le verset de la Vulgate : « Très honorés sont pour moi tes amis, Seigneur, inébranlable leur principauté ». A l’Épître, s’élève devant les regards de notre âme « l’édifice spirituel de Dieu ». Le Christ est la pierre d’angle, les Apôtres les fondations et nous sommes les pierres. Cet édifice de Dieu grandit à travers les temps. L’Épître nous montre clairement que les fêtes d’Apôtres sont des jours de Rédemption et que nous devons considérer moins la personne de chaque Apôtre que l’ensemble du royaume de Dieu. Oui, ayons conscience que nous sommes les concitoyens des saints, les membres de la maison de Dieu. Au Graduel, nous voyons la multitude innombrable des fidèles qui ont été gagnés par la prédication des Apôtres. A l’Offertoire, nous nous réjouissons du succès du travail apostolique : « Dans tout l’univers a pénétré leur parole. »

Leçons des Matines

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. L’Apôtre Thomas, appelé aussi Didyme, était galiléen. Après avoir reçu le Saint-Esprit, il alla prêcher l’Évangile dans beaucoup de provinces. Il enseigna les vérités de la foi et les préceptes de la vie chrétienne aux Parthes, aux Mèdes, aux Perses, aux Hircaniens, aux Bactriens. Enfin il se rendit dans les Indes, et instruisit les habitants de ces pays dans la religion chrétienne. La sainteté de sa vie et de sa doctrine et la grandeur de ses miracles ayant excité l’admiration des Indiens pour l’Apôtre, et leur amour pour Jésus-Christ, le roi de la contrée, adorateur zélé des idoles, en fut tout enflammé de colère. Il condamna Thomas à mourir, et celui-ci tomba, percé de traits, à Calamine, rehaussant ainsi par la couronne du martyre, l’honneur de son apostolat.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
En ce temps-là : Thomas, appelé Didyme, un des douze, n’était pas avec eux quand vint Jésus. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Quelles sont vos réflexions, mes très chers frères, en entendant lire ce passage de l’Évangile ? Attribuez-vous à l’effet du hasard qu’un disciple, choisi par le Seigneur, se soit trouvé absent au moment de son apparition ; mais que, venant ensuite, il en ait entendu le récit, que l’entendant il ait douté, qu’ayant douté il ait touché, qu’ayant touché il ait cru ? Non, cela n’est point arrivé par hasard, mais par une disposition de la Providence. La divine bonté à tout, conduit d’une manière admirable, afin que ce disciple, sous l’empire du doute, jusqu’à ce qu’il eût palpé les blessures du corps de son Maître, guérît en nous les plaies de l’infidélité. En effet, l’incrédulité de Thomas a plus servi à l’affermissement de notre foi, que la foi des autres disciples déjà convaincus ; car en voyant que cet Apôtre revient à la foi en touchant le Christ, notre esprit renonce au moindre doute et se sent fortifié dans la foi.
Huitième leçon. Si le Seigneur a permis qu’après sa résurrection, un disciple doutât de la sorte, il ne l’a cependant pas abandonné dans le doute : c’est ainsi qu’avant sa naissance il voulut que Marie eût un époux, sans néanmoins qu’elle cessât d’être vierge. Or, de même que ce disciple, doutant d’abord, puis touchant les plaies de son Maître, devint un témoin de la vérité de la résurrection, ainsi l’époux de la Mère de Dieu avait été le gardien de sa très pure virginité. Thomas palpa les plaies du Sauveur et s’écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru. » Puisque l’Apôtre Paul dit : « La foi est le fondement des choses qu’on doit espérer, et la démonstration de celles qu’on ne voit point », il est clair et certain que la foi est la démonstration des vérités qui ne peuvent paraître à nos yeux ; car les vérités apparentes ne sont plus l’objet de la foi, mais de la connaissance.
Neuvième leçon. Pourquoi donc le Seigneur dit-il à Thomas, lorsque cet Apôtre eut vu, lorsqu’il eut palpé : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ? » C’est que, autre chose est ce qu’il a vu, et autre chose, ce qu’il a cru. Car un homme mortel ne peut voir la divinité. Il vit donc Jésus homme et il le confessa Dieu, disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » C’est donc en voyant qu’il a cru, c’est en considérant l’humanité véritable du Christ, qu’il a proclamé sa divinité que ses regards ne pouvaient atteindre. Les paroles qui suivent sont pour nous un sujet de joie : « Heureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru ! » Cette sentence s’adresse spécialement à nous qui, ne l’ayant point vu en sa chair, le retenons dans nos âmes par la foi. C’est nous que le Sauveur a désignés ; pourvu toutefois que nos œuvres soient conformes à notre foi. Car celui-là croit véritablement qui pratique ce qu’il croit.

La Messe

die 21 decembris
le 21 décembre
SANCTI THOMÆ
SAINT THOMAS
Apostoli
Apôtre
II classis (ante CR 1960 : duplex II classis)
IIème classe (avant 1960 : double IIème classe)
Ant. ad Introitum. Ps. 138, 17.Introït
Mihi autem nimis honoráti sunt amíci tui, Deus : nimis confortátus est principátus eórum.Selon moi, vos amis ont été plus qu’honorés, ô Dieu ; leur dignité de princes de l’Église a été puissamment établie.
Ps. ibid., 1-2.
Dómine, probásti me et cognovísti me : tu cognovísti sessiónem meam et resurrectiónem meam.Seigneur, vous m’avez éprouvé et vous m’avez connu ; vous avez connu mon entrée dans le repos et ma résurrection future.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Da nobis, quǽsumus, Dómine, beáti Apóstoli tui Thomæ sollemnitátibus gloriári : ut eius semper et patrocíniis sublevémur ; et fidem cóngrua devotióne sectémur. Per Dóminum.Faites-nous la grâce, nous vous en prions, Seigneur, de célébrer avec joie la solennité de votre bienheureux Apôtre Thomas, afin qu’étant toujours soutenus par sa protection, nous soyons, avec l’ardeur qui convient, les disciples de la foi qu’il a prêchée.
Et fit Commemoratio Feriæ.Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad EphésiosLecture de l’Epître de saint Paul aux Ephésiens.
Ephes. 2, 19-22.
Fratres : Iam non estis hóspites et ádvenæ : sed estis cives sanctórum et doméstici Dei : superædificáti super fundaméntum Apostolórum et Prophetárum, ipso summo angulári lápide Christo Iesu : in quo omnis ædificátio constrúcta crescit in templum sanctum in Dómino, in quo et vos coædificámini in habitáculum Dei in Spíritu.Mes Frères : Désormais vous n’êtes donc plus des étrangers et des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, et membres de la famille de Dieu, puisque vous avez été édifiés sur le fondement des Apôtres et des prophètes, le Christ Jésus étant lui-même la pierre angulaire. En lui, tout l’édifice, bien coordonné, grandit pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous aussi, vous entrez dans sa structure, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit-Saint.
Graduale. Ps. 138, 17-18.Graduel
Nimis honoráti sunt amíci tui, Deus : nimis confortátus est principatus eórum.O Dieu, que vos amis sont singulièrement honorés à mes yeux ! Leur empire s’est extraordinairement affermi.
V/. Dinumerábo eos, et super arénam multiplicabúntur.V/. Si j’entreprends de les compter, leur nombre surpasse celui du sable de la mer.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 32, 1.
Gaudéte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio. Allelúia.Justes, exultez dans le Seigneur : aux coeurs droits convient sa louange. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 20, 24-29.
In illo témpore : Thomas, unus ex duódecim, qui dícitur Dídymus, non erat cum eis, quando venit Iesus. Dixérunt ergo ei alii discípuli : Vídimus Dóminum. Ille autem dixit eis : Nisi vídero in mánibus eius fixúram clavórum, et mittam dígitum meum in locum clavórum, et mittam manum meam in latus eius, non credam. Et post dies octo, íterum erant discípuli eius intus, et Thomas cum eis. Venit Iesus, iánuis clausis, et stetit in médio, et dixit : Pax vobis. Deinde dicit Thomæ : Infer dígitum tuum huc et vide manus meas, et affer manum tuam et mitte in latus meum : et noli esse incrédulus, sed fidélis. Respóndit Thomas et dixit ei : Dóminus meus et Deus meus. Dixit ei Iesus : Quia vidísti me, Thoma, credidísti : beáti, qui non vidérunt, et credidérunt.En ce temps-là, Thomas, l’un des douze, appelé Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains le trou des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples étaient enfermés de nouveau, et Thomas avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées ; et il se tint au milieu d’eux, et dit : La paix soit avec vous ! Ensuite il dit à Thomas : Introduis ton doigt ici, et vois mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais fidèle. Thomas répondit, et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !
CredoCredo
Ant. ad Offertorium. Ps. 18, 5.Offertoire
In omnem terram exívit sonus eórum : et in fines orbis terræ verba eórum.Leur bruit s’est répandu dans toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde.
SecretaSecrète
Débitum tibi, Dómine, nostræ réddimus servitútis, supplíciter exorántes : ut, suffrágiis beáti Thomæ Apóstoli, in nobis tua múnera tueáris, cuius honoránda confessióne laudis tibi hóstias immolámus. Per Dóminum.Nous vous rendons, Seigneur, l’hommage qui vous est dû et qui affirme notre dépendance, en vous suppliant humblement de protégez en nous vos dons, en égard aux suffrages du bienheureux Apôtre Thomas, dont nous honorons la confession en vous sacrifiant des hosties de louanges.
Et fit Commemoratio Feriæ.Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent.
Præfatio de Apostolis. Préface des Apôtres .
Ant. ad Communionem. Ioann. 20, 27.Communion
Mitte manum tuam, et cognósce loca clavórum : et noli esse incrédulus, sed fidélis. Approche ta main, et reconnais l’emplacement des clous : et ne sois pas incrédule, mais fidèle.
PostcommunioPostcommunion
Adésto nobis, miséricors Deus : et, intercedénte pro nobis beáto Thoma Apóstolo, tua circa nos propitiátus dona custódi. Per Dóminum nostrum.Dieu de miséricorde, assistez-nous et comme le bienheureux Apôtre Thomas intercède pour nous, conservez en nous avec clémence les dons que vous nous avez faits.
Et fit Commemoratio Feriæ.Et on fait mémoire de la Férie de l’Avent.
In missis votivis post Septuagesimam, omnia dicuntur ut suppra, sed post graduale, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAux messes votives après la Septuagésime, tout est dit comme ci-dessus, mais après le graduel, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 20, 3-4.
Desidérium ánimæ eius tribuísti ei : et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum.Vous lui avez accordé le désir de son cœur, et vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres.
V/. Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis.V/. Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions.
V/. Posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso.V/. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
Tempore autem paschali antiphonæ ad Introitum et ad Offertorium sumuntur ex Missa Protexísti, de Communi Martyris 1 loco, reliqua dicuntur ut supra, sed post Epistolam omittitur graduale et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, l’Introït et l’Offertoire sont pris de la messe Protexísti, du Commun d’un Martyr I, le reste est dit comme ci-dessus, mais après l’Epître, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 32, 1.
Gaudéte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio.Justes, exultez dans le Seigneur : aux coeurs droits convient sa louange.
Allelúia. V/. Ps. 88, 6. Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : étenim veritátem tuam in ecclésia sanctórum. Allelúia.Allelúia. V/. Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints. Alléluia.

[1] Sur le mode des Grandes Antiennes de l’Avent, les compositeurs médiévaux avaient ainsi orné les fêtes qui pouvaient tomber entre le 17 et le 23 décembre. NdW