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02/08 St Etienne I, pape et martyr

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Sommaire

  Textes de la Messe après 1942  
  Textes de la Messe avant 1942  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Pape de 254 à 257. Culte dès le IVe siècle. Fête simple dans le calendrier de St Pie V, la fête de St Étienne fut réduite au rang de commémoraison en 1839, lors de l’introduction de celle de St Alphonse. L’introduction du commun des Souverains Pontifes en 1942 a supprimé du Missel l’introït propre et la lecture des Actes.

La Depositio Episcoporum de 354 annonce l’anniversaire du pape Etienne Ier et le Hiéronymien fait de même. Il en est également fait mention dans le sacramentaire de Vérone, puis dans l’évangéliaire de 645 et le sacramentaire grégorien. En accord avec le Liber Pontificalis et les Itinéraires, qui font écho à la Passio Stephani, le Grégorien donne à Etienne le titre de martyr. Ce titre, fondé sur une confusion, s’est perpétué dans la tradition liturgique [1].

Textes de la Messe après 1942

eodem die 2 augusti
ce même 2 août
SANCTI STEPHANI I
SAINT ÉTIENNE Ier
Papæ et Mart.
Pape et Martyr
Commemoratio
Commémoraison
Missa Si díligis, de Communi unius aut plurium Summorum Pontificum.Messe Si díligis, du Commun d’un ou plusieurs Souverains Pontifes.

Textes de la Messe avant 1942

eodem die 2 augusti
ce même 2 août
Pro SANCTO STEPHANO I
SAINT ÉTIENNE Ier
Papa et Mart.
Pape et Martyr
Ant. ad Introitum. Ps. 131, 16.Introït
Sacerdótes eius índuam salutári, et sancti eius exsultatióne exsultábunt.Je revêtirai de salut ses prêtres, et ses saints exulteront de joie
Ibid., 1.
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius.Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos beáti Stéphani Mártyris tui atque Pontíficis ánnua sollemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut, cuius natalítia cólimus, de eiúsdem étiam protectióne gaudeámus. Per Dóminum.Dieu, vous nous donnez chaque année un nouveau sujet de joie par la solennité de votre Martyr et Pontife, le bienheureux Étienne : accordez-nous, dans votre miséricorde, de pouvoir ressentir les effets de la protection de celui dont nous célébrons la naissance.
Léctio Actuum Apostolórum.Lecture des Actes des Apôtres.
Act. 20, 17-21.
In diébus illis : A Miléto Paulus mittens Ephesum, vocávit majóres natu ecclésiæ. Qui cum veníssent ad eum, et simul essent, dixit eis : Vos scitis a prima die qua ingréssus sum in Asiam, quáliter vobíscum per omne tempus fúerim, sérviens Dómino cum omni humilitáte, et lácrimis, et tentatiónibus, quæ mihi accidérunt ex insídiis Judǽorum : quómodo nihil subtráxerim utílium, quo minus annuntiárem vobis et docérem vos, públice et per domos, testíficans Judǽis atque gentílibus in Deum pœniténtiam, et fidem in Dóminum nostrum Jesum Christum.En ces jours-là : Paul, de Milet, envoyant à Éphèse, il convoqua les anciens de l’église. Lorsqu’ils furent venus auprès de lui, et qu’ils furent ensemble, il leur dit : Vous savez de quelle sorte je me suis conduit en tout temps avec vous, depuis le premier jour où je suis entré en Asie, servant le Seigneur avec toute humilité, dans les larmes et au milieu des épreuves qui me sont survenues par les embûches des Juifs ; comment je ne vous ai rien caché de ce qui était utile, ne manquant pas de vous l’annoncer, et de vous instruire en public et dans les maisons, prêchant aux Juifs et aux gentils la pénitence envers Dieu, et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ.
Graduale. Eccli. 44, 16.Graduel
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo.Voici le grand Pontife qui dans les jours de sa vie a plu à Dieu.
V/. Ibid., 20. Non est invéntus símilis illi, qui conserváret legem Excélsi.V/. Nul ne lui a été trouvé semblable, lui qui a conservé la loi du Très-Haut.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Suite du Saint Évangile selon saint Matthieu.
Matth. 16, 24-27.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Si quis vult post me veníre, ábneget semetípsum, et tollat crucem suam, et sequátur me. Qui enim voluerit ánimam suam salvam fácere, perdet eam : qui autem perdíderit ánimam suam propter me, invéniet eam. Quid enim prodest hómini, si mundum univérsum lucrétur, ánimæ vero suæ detriméntum patiátur ? Aut quam dabit homo commutatiónem pro ánima sua ? Fílius enim hóminis ventúrus est in glória Patris sui cum Angelis suis : et tunc reddet unicuíque secúndum ópera eius.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera. Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? Ou qu’est-ce que l’homme donnera en échange de son âme ? Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 21-22.Offertoire
Invéni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum.J’ai trouvé David mon serviteur ; je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera.
Secreta.Secrète
Múnera tibi, Dómine, dicáta sanctífica : et, intercedénte beáto Stéphano Mártyre tuo atque Pontífice, per éadem nos placátus inténde. Per Dóminum.Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont consacrés, grâce à eux et le bienheureux N., votre Martyr et Pontife, jetez sur nous un regard de paix et de bonté.
Ant. ad Communionem. Matth. 25, 20 et 21.Communion
Dómine, quinque talénta tradidísti mihi, ecce, ália quinque superlucrátus sum. Euge, serve bone et fidélis, quia in pauca fuísti fidélis, supra multa te constítuam, intra in gáudium Dómini tui.Seigneur, vous m’avez remis cinq talents ; voici que j’en ai gagné cinq autres. C’est bien, bon et fidèle serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.
Postcommunio.Postcommunion
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et, intercedénte beáto Stéphano Mártyre tuo atque Pontífice, cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per Dóminum nostrum.Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes, et, par l’intercession du bienheureux N., Martyr et Pontife, nous rende participants du céleste salut.

Office

Leçon des Matines avant 1960.

Neuvième leçon. Etienne, Romain d’origine, et souverain Pontife sous les empereurs Valérien et Gallien, décréta que les Prêtres et les Diacres ne porteraient pas les vêtements sacrés en dehors de l’église. Il défendit de baptiser de nouveau ceux qui l’avaient été par les hérétiques, disant, au témoignage de saint Cyprien : « Il ne faut rien innover, mais s’en tenir à la tradition. » Par lui, beaucoup de païens furent amenés à se convertir à Jésus-Christ, entre autres le tribun Olympius, avec sa femme Exupérie et leur fils Théodule. En rendant la vue à Lucille, fille du tribun Némèsius, il lui obtint en même temps le don de la foi, ainsi qu’à toute sa famille : tous furent Martyrs pour la cause de Jésus-Christ. Malgré les persécutions de plus en plus violentes excitées par les empereurs, Etienne convoquait son clergé, exhortait les fidèles au martyre, célébrait régulièrement les saints Mystères dans les cryptes des Martyrs, et tenait des conciles. Traîné au temple de Mars, pour sacrifier à cette fausse divinité, il refusa résolument de rendre au démon l’honneur dû à Dieu seul. Pendant qu’il parlait, un tremblement de terre renversa la statue de Mars et ébranla le temple. Ce prodige mit en fuite tous ceux qui retenaient Etienne, et le Pontife put revenir vers ses ouailles, au cimetière de Lucine ; il les instruisait dans les préceptes divins et les faisait participer au sacrement du Corps du Christ : un jour qu’il achevait de célébrer la sainte Messe, les satellites impériaux survinrent pour la seconde fois et, le trouvant sur son trône, lui tranchèrent la tête. Ses Clercs ensevelirent son corps dans le cimetière de Callixte, le quatrième jour des nones d’août, et placèrent auprès du Martyr le siège qu’il avait arrosé de son sang. Il exerça le pontificat trois ans, et fit au mois de décembre deux ordinations, dans lesquelles furent ordonnés six Prêtres, cinq Diacres et sacrés trois Évêques.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

L’illustre mémoire d’Étienne Ier, Pape et Martyr, complète d’un parfum d’antiquité la sainteté de ce jour dédié à l’honneur du plus récent des bienheureux [2].

La gloire très spéciale d’Étienne est d’avoir été dans l’Église le gardien de la dignité du saint baptême. Le baptême, donné une fois, ne se renouvelle plus ; car le caractère d’enfant de Dieu qu’il imprime au chrétien est éternel ; et cette ineffable dignité du premier sacrement n’est aucunement dépendante des dispositions ou de l’état du ministre qui le confère. Que ce soit Pierre qui baptise, dit en effet saint Augustin, que ce soit Paul ou Judas, celui-là seul et toujours baptise par eux dans le Saint-Esprit, sur qui descendit au Jourdain la divine colombe [3]. Telle est l’adorable munificence du Seigneur à l’égard de ce plus indispensable des moyens du salut, que le païen même qui n’appartient pas à l’Église, que le schismatique ou l’hérétique qui s’en est séparé, ne l’administrent pas moins validement, à la seule condition d’observer le rit extérieur en son essence et de vouloir faire en cela ce que fait l’Église.

Au temps d’Étienne Ier, cette vérité qu’aujourd’hui nul n’ignore, apparaissait avec moins d’évidence. De grands évêques, auxquels leur science et leur sainteté avaient acquis justement la vénération de leur siècle, voulaient qu’on fit passer à nouveau par le bain du salut les convertis des sectes dissidentes. Mais l’assistance promise à Pierre n’en apparut que plus divine en son successeur ; et, en maintenant la discipline traditionnelle, Rome par Étienne sauva la foi des Églises. Témoignons notre gratitude joyeuse au saint Pontife, pour sa fidélité dans la garde du dépôt qui est le trésor de tous ; et prions-le de protéger non moins efficacement, en nous aussi, la noblesse et les droits du saint baptême.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Saint Etienne, pape.
Station dans le cimetière de Callixte.

Étienne Ier (254-257) est demeuré célèbre dans l’histoire de la théologie catholique, pour la part qu’il prit dans la question de la validité du baptême conféré par les hérétiques. Il écrivit aux évêques de l’Asie Mineure et à Cyprien de Carthage qu’on ne devait pas changer l’ancien usage : Si qui ergo a quacumque hæresi venient ad vos, nihil innovetur, nisi quod traditum est, ut manus illis imponatur ad pœnitentiam [4].

Saint Cyprien et les Églises d’Afrique tenaient pour la sentence contraire confirmée alors par plusieurs synodes. Il y eut donc un moment où il sembla que l’unité ecclésiastique dût être brisée par l’attitude ferme du Pape et par l’obstination des Africains, mais la persécution de Valérien et la mort d’Etienne Ier survinrent à propos, et cette mort empêcha une rupture.

Étienne Ier sortit de ce monde le 2 août 257 et fut enseveli dans la crypte papale du cimetière de Callixte où en effet le vénérèrent les anciens pèlerins. Une légende, qui commence déjà à apparaître dans le Liber Pontificalis, le confondit avec Sixte II et attribua au premier les circonstances dramatiques du martyre de l’autre. Cette confusion ne nuisit pas d’ailleurs à saint Étienne, car son nom pénétra dans le Martyrologe Hiéronymien, dans le Sacramentaire Léonien et dans tous les manuscrits dépendant de celui-ci, avec le glorieux titre de martyr au lieu de celui de simple pontife, que comportait la tradition philocalienne.

De la crypte papale de Callixte, le corps de saint Étienne fut transporté, au IXe siècle, par Paschal Ier, au titre de sainte Praxède où, maintenant encore, le mentionne la fameuse épigraphe commémorative de cette translation en masse des martyrs des catacombes.

La station de ce jour est déjà attestée par le Sacramentaire Léonien : Natale sancti Stephani in cymiterio Callisti, via Appia.

Voici l’antienne pour l’introït : PS. 131, 16. « Je revêtirai de salut ses prêtres, et ses saints seront ravis de joie ». En effet, tel est le prêtre, tel est le peuple. Si le prêtre est tiède et insouciant, les fidèles se corrompront dans le péché ; tandis qu’au contraire, s’il est saint et zélé, un seul prêtre sanctifiera une population entière.

Toutes les prières sont du Commun.

La première lecture est tirée des Actes des Apôtres (XX, 17-21). C’est le discours d’adieu au clergé d’Éphèse, prononcé à Milet par saint Paul, et où il explique ce que doit être la vie d’un évêque. Il parle des persécutions suscitées par les Juifs, des larmes versées, du zèle déployé en public et en particulier pour annoncer à tous le saint Évangile ; difficultés, prières et larmes qui, pour un évêque, sont comme les douleurs de son enfantement spirituel, pour engendrer les âmes à Jésus-Christ.

Selon la liste de Würzbourg, aujourd’hui — natale sancti Stephani pontificis — la lecture évangélique, d’accord avec la plus ancienne tradition liturgique de Rome, qui mettait Étienne au nombre des simples confesseurs, est prise de saint Luc (XIX, 12-26). C’est la parabole du roi qui, avant d’entreprendre une expédition, confie des mines à ses serviteurs pour qu’ils les fassent fructifier. Dans le Missel actuel, la lecture est tirée de la messe des Martyrs du Commun.

Apprenons de saint Étienne l’amour de la tradition ecclésiastique. Quod semper, ab omnibus, ubique : ce qui, toujours, par tous et partout, a été tenu et observé, cela vient de la prédication apostolique et représente donc l’enseignement du Paraclet, lequel, selon la promesse du Christ, guidera dans toute la vérité, in omnem deducet veritatem, l’Église de Dieu.

Saint Cyprien était zélé, il était docte, il était favorisé par Dieu de visions et de communications ; et cependant il y eut un moment où, faute d’attachement à la tradition catholique, il s’en fallut de peu que toute sa sainteté fît naufrage, et que lui-même tombât dans le schisme.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Saint Etienne. — Jour de mort : 2 août 257. Tombeau : à Rome, dans la Catacombe de Saint-Callixte. Son corps fut transporté, au IXe siècle, dans l’Église Sainte-Praxède. Vie : Saint Étienne 1er (254-257) fut pape au temps des empereurs Valérien et Galien. Nous savons qu’il interdit aux clercs de porter les vêtements sacrés hors des églises. Plusieurs nobles familles romaines se convertirent sous son pontificat. Saint Étienne est surtout connu dans l’histoire religieuse par la position qu’il prit dans la controverse des « rebaptisants ». « Si quelqu’un vient à vous de l’hérésie, vous ne devez rien innover de contraire à la tradition en vigueur ; vous vous contenterez de lui imposer les mains pour la pénitence » (Cyprien, Ép. 74, 1).

Pendant que la persécution s’aggravait sans cesse, Étienne convoquait son clergé, exhortait les fidèles à persévérer dans la foi, célébrait les saints mystères dans les cryptes des martyrs. Traîné par les païens au temple de Mars pour sacrifier à cette divinité, il s’y refusa résolument. Un tremblement de terre renversa alors la statue et ébranla le temple. Ce prodige mit en fuite ses persécuteurs, et il put revenir parmi les siens, au cimetière de Lucine, où il continua de leur enseigner les préceptes divins et de les fortifier en les faisant participer au sacrement du Corps du Christ.

Un jour qu’il célébrait la messe, les soldats de l’empereur survinrent de nouveau et lui tranchèrent la tête tandis qu’il se tenait sur son trône. Des clercs transportèrent son corps dans le cimetière de Callixte, de même que le siège qu’il avait arrosé de son sang » (Bréviaire).

Pratique : Assistons par la pensée à un office solennel de la primitive Église, avec, au centre, sur son trône, le pape à la fois sacrificateur et martyr. Excellent moyen pour bien comprendre la liturgie.

[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[2] Allusion à la fête de St Alphonse, proclamé docteur en 1871.

[3] Aug. in Johan. tract, VI.

[4] CYPRIANI, Epist. 74, I. Cf. Denz. 110 : S’il en est donc qui viennent à vous de quelque hérésie, qu’on innove pas sinon ce qui a été transmis, qu’on leur impose la main pour la pénitence puisque les hérétiques eux-mêmes, lorsqu’un des leurs vient à un autre groupe ne baptisent pas, mais l’admettent simplement à leur communion.