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29/11 St Saturnin, martyr

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Sommaire

  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  La Messe  

Culte attesté dès 336.

Réduit à une simple commémoraison par saint Pie V pour laisser plus d’importance à la vigile de saint André.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Aujourd’hui, à Rome, outre la messe nocturne de saint André, on célébrait aussi, dans le cimetière de Thrason, sur la voie Salaria Nova, la station (natalis) de saint Saturnin. La première mention de cette fête est contenue dans le calendrier philocalien : 777 Kal. dec. Saturnini in Thrasonis.

Selon les Gesta Marcelli, saint Saturnin, vir senex, fut condamné, durant la persécution de Dioclétien, d’abord à transporter le sable des carrières aux thermes que cet empereur faisait ériger à Rome ; puis, comme la patience, l’esprit de prière et les paroles éloquentes du martyr convertissaient beaucoup de monde, il fut conduit sur la voie Nomentane par ordre du préfet de la Ville, et là, avec le diacre Sisinnius il fut décapité. Un pieux chrétien nommé Thrason aidé du prêtre Jean ensevelit leurs corps dans une propriété sur la voie Salaria Nova, où, durant les premières années de la paix, l’on érigea une basilique dédiée à Saturnin. Ce temple, successivement restauré par Hadrien Ier, Félix IV et Grégoire IV, resta debout jusqu’au XVIe siècle. C’est précisément là que se célébrait en ce jour une synaxe eucharistique qui est déjà mentionnée dans le Gélasien.

Une autre église en l’honneur de saint Saturnin s’élevait sur la place du Quirinal, et on en retrouve les traces dès le XIe siècle. Elle était confiée à la garde des moines de l’abbaye de Saint-Paul, et Sixte IV y fit des restaurations parce qu’elle menaçait ruine. Elle fut démolie sous Paul V pour faire place à l’esplanade qui devait s’ouvrir devant le palais pontifical sur le mont Quirinal.

Bien que la fête de saint Saturnin soit notée en ce jour dans le Sacramentaire Gélasien, le titre de la messe était pourtant collectif puisqu’il réunissait presque tous les martyrs mentionnés dans les Gesta Marcelli et ensevelis en ce lieu de la voie Salaria : Saturnin, Chrysanthe, Darie, Maur, Papias, Sisinnius et d’autres encore. Cependant, la messe de saint Saturnin est celle du Commun des martyrs, Lætábitur, mais les collectes lui sont propres et le mentionnent exclusivement.

Voici les vers magnifiques que le pape Damase, le poète des martyrs romains, fit graver sur la tombe de saint Saturnin sur la voie Salaria Nova :

INCOLA • NVNC • CHRISTI • FVERAT • QVI • CARTHAGINIS • ANTE
TEMPORE • QVO • GLADIVS • SECVIT • PIA • VISCERA • MATRIS
SANGVINE • MVTAVIT • PATRIAM • NOMENQVE • GENVSQVE
ROMANVM • CIVEM • SANCTORVM • FECIT • ORIGO
MIRA • FIDES • RERVM • DOCVIT • POST • EXITVS • INGENS
CVM • LACERAT • PIA • MEMBRA • FREMIT • GRATIANVS • VT • HOSTIS
POSTEAQVAM • FELLIS • VOMVIT • CONCEPTA • VENENA
COGERE • NON • POTVIT • CHRISTVM • TE • SANCTE • NEGARE
IPSE • TVIS • PRECIBVS • MERVIT • CONFESSVS • ABIRE
SVPPLICIS • HAEC • DAMASI • VOX • EST • VENERARE • SEPVLCHRVM
SOLVERE • VOTA • LICET • CASTASQVE • EFFVNDERE • PRECES
SANCTI • SATVRNINI • TVMVLVS • QVIA • MARTYRIS • HIC • EST-
SATVRNINE • TIBI • MARTYR • MEA • VOTA • REPENDO
Maintenant citoyen du Christ, il l’avait jadis été de Carthage,
Au temps où un glaive transperçait le cœur de sa pieuse mère [1],
Par le mérite du sang, il changea de patrie, de nom et de famille.
Et, entrant parmi les saints, il devint citoyen romain.
Il démontra sa foi intrépide par son intrépide mort.
Gratien, persécuteur, frémit, tandis qu’il déchire sur le chevalet tes membres sacrés ;
Mais, nonobstant qu’il déversât sur toi tout son fiel venimeux,
Il ne put toutefois t’induire, ô Saint, à renier le Christ.
Bien plus, par tes prières, il mérita lui aussi de mourir en confessant la Foi.
Que telle soit la prière suppliante de Damase : que ce sépulcre soit vénéré.
Qu’il soit aussi permis d’accomplir ici ses vœux, et de se répandre en pieuses prières,
Parce que ce tombeau est celui du martyr Saturnin.
O martyr Saturnin, je t’offre mes vœux.

L’oratoire de Saint-Saturnin fut conservé au culte jusqu’au temps de Nicolas IV. Toutefois les reliques du martyr furent transférées sur le mont Cœlius, dans le titre de Bisantius, nous ne savons à quelle époque.

L’introït est tiré du psaume 63. Quoiqu’au milieu de l’épreuve, le juste jouit, dans l’intime de son cœur, d’un bonheur imperturbable qui jaillit de la pureté de sa conscience et se nourrit de l’espérance en le Seigneur. Ce n’est que momentanément que les impies peuvent triompher et obtenir des applaudissements ; le triomphe final appartient aux saints.

Dans la collecte, on invoque le mérite du martyr pour que Dieu vienne au secours de nos multiples insuffisances.

La lecture est tirée de différents passages de la IIe lettre à Timothée (II, 2, 8-10 ; 3, 10-12). Paul, déjà près du martyre, rappelle à son disciple bien-aimé, son compagnon dans la foi comme dans les souffrances endurées pour la propager, que l’Évangile qu’il a prêché n’est pas autre chose, en substance, que l’annonce messianique du Christ, mort et ressuscité pour le salut du monde. Paul, alors enchaîné, a conscience de n’être coupable que de ce crime, quasi male operans, d’avoir annoncé le salut du monde au moyen de la foi en Jésus. C’est là le noble crime de Paul : Jésus salut du monde. C’est le crime qui sera aussi imputé après lui à tous les autres martyrs : quasi male operans. Quand l’Apôtre écrit à Timothée, il est lié par les chaînes ; mais — verbum Dei — observe-t-il — non est alligatum. Ce Verbe de liberté et de vérité triomphera de ses adversaires.

Le répons-graduel est pris du psaume 36 et fait allusion à la valeur différente que la douleur et les maux de la vie présente assument pour le juste — dont la foi est agissante au moyen de la charité — et pour l’impie. Le juste se confie en Dieu, pour le nom de qui il affronte précisément l’épreuve du tyran : sa tête pourra donc tomber sous le coup du glaive, mais c’est là une mort seulement apparente et visible, puisque le martyr qui tombe endormi du sommeil de la mort s’abandonne entre les bras de Dieu, lequel, au dire de l’Écriture, nourrit son âme de l’aliment de l’immortalité. Combien donc il doit être doux de s’endormir en présence des bourreaux furieux, pour s’éveiller l’instant d’après entre les bras du Seigneur, en paradis !

Le verset alléluiatique est tiré de l’Évangile selon saint Jean (8, 12). Celui qui me suit, dit Jésus, par la voie du Calvaire, ne sera pas gêné par les ténèbres des prisons, ni par les nuages noirs de la haine des persécuteurs. Le Seigneur brillera comme une étoile éclatante devant son esprit, lumière de vérité, qui le guidera partout et lui fera dire, comme le martyr Laurent durant sa passion : Mea nox obscurum non habet, sed omnia in luce clarescunt. Cette lumière intérieure et inextinguible, c’est la sainte Foi.

La péricope évangélique, dans le Capitulaire de Wtirzbourg, était tirée de saint Marc (13, 5-13) [2]. Dans notre Missel actuel elle est empruntée à saint Matthieu (10, 26-32). Jésus veut que, le moment venu d’annoncer à tout l’univers le saint Évangile, c’est-à-dire lorsque après la descente du Saint-Esprit Israël aura répudié son héritage messianique, ses disciples prêchent partout et ouvertement cette parole de la foi qui doit sauver le monde. L’annonce de cette parole de vie vaudra la mort aux prédicateurs évangéliques, comme elle l’a value au Maître, mais ils ne perdront rien à cela, puisque leur supplice sera comme un grain de blé qui, déposé dans les entrailles de la terre, rapportera cent pour un. Le nombre cent signifie la mesure pleine et parfaite qui convient aux martyrs, parce que par leur mort non seulement ils acquièrent un droit spécial à participer avec le Christ à la résurrection glorieuse, mais même ici-bas, leur témoignage sanglant devient pour l’Église un puissant argument de la divinité de la foi, si bien que, comme le dit Tertullien, leur sang est toujours une semence féconde de nouveaux chrétiens.

Le verset pour l’oblation des dons est tiré du psaume 20. Vous, ô Seigneur, vous avez ceint d’un précieux diadème le chef de ce pauvre abandonné de la société humaine, de ce condamné. Tandis que, en présence de ses juges, il écoutait sa sentence de mort, il pensait qu’on le rayait du nombre des vivants non pour lui-même mais parce qu’en lui on voulait vous chasser, vous, que le monde hait. Alors il éleva son cœur, et considéra que c’était vous qui souffriez en lui, puisqu’il souffrait pour vous. Il demanda donc en grâce la vie ; non point cette vie mortelle qui n’est que trop à la merci des hommes et qui allait lui être ravie par le persécuteur. Cette vie misérable et fugitive il ne l’aimait pas, puisque, prodigue de son sang, il la donnait même volontiers pour vous. Il demanda au contraire la vie véritable, une part à votre résurrection, la vie indéfectible dont vous êtes la source, vie de lumière, de grâce, de joie. Vous l’avez exaucé, et maintenant celui qui fut condamné et mis à mort triomphe avec vous et juge ses persécuteurs eux-mêmes.

Dans la prière avant l’anaphore, nous supplions aujourd’hui le Seigneur de sanctifier notre sacrifice, c’est-à-dire de nous donner les dispositions nécessaires de foi et d’amour pour que l’offrande eucharistique, sainte en elle-même, bien plus, source de toute sainteté, soit aussi saintement offerte par nous ; de telle sorte que, par l’intercession du martyr, elle serve à nous rendre propice la divine clémence.

Le verset pour la Communion est tiré, à l’encontre des règles classiques, de l’Évangile selon saint Jean (12, 26). Que celui qui veut être à mon service, dit Jésus, me suive à travers les labeurs et les souffrances de ce monde ; et comme le Fils de l’homme n’a pas voulu entrer en possession de sa propre gloire sinon par la voie de la croix, ainsi le serviteur ne pourra marcher dans un autre chemin pour arriver à la béatitude dont le Maître veut le rendre participant. La collecte d’action de grâces souhaite d’une façon générale que l’intercession des martyrs rende vraiment fructueuse notre communion. La liturgie établit ici un rapport important entre le sacrifice de Jésus Rédempteur, celui que lui ont offert les martyrs en répandant pour lui leur sang, et enfin notre double sacrifice, c’est-à-dire le Sacrifice eucharistique et celui de notre devotio qui comporte la consécration à Dieu de tout notre être, de toute notre vie. Cette offrande multiple est intimement unie sur le saint Autel, parce qu’en réalité elle ne constitue qu’un unique sacrifice, celui de Jésus ; c’est-à-dire de Jésus Chef du corps de l’Église, et de Jésus dans ses membres mystiques.

Gardons-nous donc de séparer ce que Dieu a uni, notre offrande de celle de Jésus et de celle des martyrs, puisque notre vie chrétienne doit être la continuation de leur confession et de leur martyre.

Voici le texte de la collecte eucharistique : « Faites, nous vous en supplions, Seigneur, que la réception de ce sacrement nous sanctifie, et que grâce à l’intercession de vos Saints, elle nous rende agréable à vos yeux. » Telle est précisément la gloire du Christ ! tout sexe, tout âge a su lui offrir palmes et couronnes, en sorte que personne désormais ne peut refuser de le suivre avec sa propre croix sous prétexte que la voie est difficile. Même un vieillard comme Saturnin a su trouver dans sa foi la force et le courage de vaincre l’impiété de Maximin, dans les chaînes, dans la honte des travaux forcés, sous l’épée du bourreau. Et toi, pourquoi ne pourrais-tu ce qu’ont pu tant d’autres avant toi ? Cur non poteris quod isti et istae ?

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Jour de mort : 29 novembre, 300 environ. Tombeau : à Rome. Vie : Le Martyrologe rapporte ceci : “A Rome, sur la Via Salaria, la mort du saint martyr, le vieillard Saturnin, et du diacre Sisinius. Sous l’empereur Maximien, ils durent subir un long emprisonnement ; ensuite le préfet de Rome les fit étendre sur le chevalet où on leur disloqua les membres, où on les frappa à coups de bâton et de scorpion et où enfin on les brûla avec des torches ; au sortir du chevalet, on les décapita.” Pratique : “Dieu est admirable dans ses saints”, ainsi s’exprime l’Église quand elle considère l’héroïsme de ses martyrs. Oui, les vertus des saints sont un reflet de la grandeur et de la beauté de Dieu. Si la magnificence de la nature nous porte à admirer Dieu, combien plus les vertus des saints !

La Messe

die 29 novembris
le 29 novembre
S. Saturnini
St Saturnin
Mart.
Martyr
Commemoratio
Commémoraison
Missa Lætábitur, de Communi Communi unius Martyris 4 loco, cum orationibus ut infra :Messe Lætábitur, du Commun d’un Martyr 4, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio.Collecte
Deus, qui nos beáti Saturníni Martyris tui concédis natalítia pérfrui : eius nos tríbue méritis adiuvári. Per Dóminum.O Dieu, qui nous faites la grâce de nous réjouir en la solennité du bienheureux Saturnin, votre Martyr : accordez-nous d’être secourus au myen de ses mérites.
SecretaSecrète
Múnera, Dómine, tibi dicáta sanctífica : et, intercedénte beáto Saturníno Mártyre tuo, per hæc eádem nos placátus inténde. Per Dóminum nostrum.Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont consacrés, grâce à eux et l’intercession du bienheureux Saturnin, votre Martyr, jetez sur nous un regard de paix et de bonté.
PostcommunioPostcommunion
Sanctíficet nos, quǽsumus, Dómine, tui percéptio sacraménti : et intercessióne Sanctórum tuórum tibi reddat accéptos. Per Dóminum.Faites, nous vous en supplions, Seigneur, que la réception de ce sacrement nous sanctifie, et que grâce à l’intercession de vos Saints, elle nous rende agréable à vos yeux.

[1] L’Église, persécutée par l’Empire romain.

[2] Texte aujourd’hui disparu du Missel Romain :

Et respondens Jesus cœpit dicere illis : Videte ne quid vos seducat : multi enim venient in nomine meo, dicentes quia ego sum : et multos seducent. Cum audieritis autem bella, et opiniones bellorum, ne timueritis : oportet enim hæc fieri : sed nondum finis. Exsurget enim gens contra gentem, et regnum super regnum, et erunt terræmotus per loca, et fames. Initium dolorum hæc. Videte autem vosmetipsos. Tradent enim vos in consiliis, et in synagogis vapulabitis, et ante præsides et reges stabitis propter me, in testimonium illis. Et in omnes gentes primum oportet prædicari Evangelium. Et cum duxerint vos tradentes, nolite præcogitare quid loquamini : sed quod datum vobis fuerit in illa hora, id loquimini : non enim vos estis loquentes, sed Spiritus Sanctus. Tradet autem frater fratrem in mortem, et pater filium : et consurgent filii in parentes, et morte afficient eos. Et eritis odio omnibus propter nomen meum. Qui autem sustinuerit in finem, hic salvus erit.Et Jésus, leur répondant, se mit à dire : Prenez garde que personne ne vous séduise. Car beaucoup viendront sous mon nom, disant : C’est moi le Christ ; et ils séduiront beaucoup de monde. Quand vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres, ne craignez point ; car il faut que ces choses arrivent, mais ce ne sera pas encore la fin. Car on verra se soulever nation contre nation et royaume contre royaume, et il y aura des tremblements de terre en divers lieux, et des famines. Ce sera là le commencement des douleurs. Pour vous, prenez garde à vous-mêmes ; car on vous livrera aux tribunaux et vous serez battus dans les synagogues, et vous comparaîtrez devant les gouverneurs et devant les rois à cause de moi, pour me rendre témoignage devant eux. Il faut auparavant que l’Évangile soit prêché à toutes les nations. Et lorsqu’on vous emmènera pour vous livrer, ne pensez pas d’avance à ce que vous direz ; mais dites ce qui vous sera inspiré à l’heure même, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit-Saint. Alors le frère livrera son frère à la mort, et le père son fils ; les enfants s’élèveront contre leurs parents, et les feront mourir. Et vous serez haïs de tout le monde à cause de Mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.