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06/08 St Sixte II, pape, et les Sts Félicissime et Agapit, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

La ‘promotion’ de la fête de la Transfiguration en 1457, alors qu’elle n’était jusque là que célébrée localement a réduit au rang de commémoraison la grande fête romaine de St Sixte et de ses Compagnons (dont faisait partie St Laurent, mort 4 jours plus tard). On comprend l’importance de cette fête pour l’Église de Rome quand on se rend compte qu’elle fut en quelques jours décapitée par le Martyre de son Évêque et de ses sept diacres.

« Dans une lettre datant de la fin août ou du début de septembre 258 saint Cyprien, qui allait être décapité le 14 septembre, écrit : Xystum autem in coemeterio animadversum sciatis octavo idibus augusti die et cum eo diacones quattuor [1]. La déposition de Xyste II au cimetière de Callixte et celle de Félicissime et d’Agapit dans celui de Prétextat sont inscrites dans la Depositio Martyrum de 354. Le martyrologe de Nicomédie en fait mention quelques années plus tard, puis le calendrier de Carthage et le Hiéronymien. La fête du pape Xyste II appartient au noyau primitif du sanctoral romain. Le sacramentaire Veronense contient sept messes pour le natale de saint Xyste et une autre pour celui des saints Félicissime et Agapit. Au VIIe siècle, l’évangéliaire a une seule péricope pour Xyste et ses compagnons, tandis que l’épistolier et le Gélasien ne connaissent que Xyste et que le Grégorien distingue les deux synaxes. Les Gélasiens du VIIIe siècle font, eux aussi, la distinction. Les documents des XIe et XIIe siècles attestent le double usage à Rome. C’est ainsi que le missel du Latran donne d’abord le texte intégral de la messe de saint Xyste, puis il ajoute les oraisons des saints Félicissime et Agapit » [2].

Textes de la Messe

eodem die 6 augusti
ce-même 6
Ss. XYSTI II Papæ, FELICISSIMI et AGAPITI
SAINTS SIXTE, Pape, FÉLICISSIME et AGAPIT
Martyrum
Martyrs
Commemoratio
Commémoraison
Missa Sapiéntiam, de Communi plurimorum Martyrum II loco.Messe Sapiéntiam, du Commun de plusieurs Martyrs II.

Office

Leçon des Matines avant 1960.

Aux Matines de la Transfiguration avant 1960, on commémorait les Sts Martyrs par la neuvième leçon

Neuvième leçon. Sixte II, Athénien, et de philosophe devenu disciple du Christ, fut accusé, pendant la persécution de Valérien, de prêcher publiquement la foi chrétienne. L’ayant arrêté pour ce motif, et entraîné dans le temple de Mars, on le menaça de la peine capitale s’il ne sacrifiait à cette idole ; mais il se refusa avec une grande énergie à cette impiété. En allant au supplice, il rencontra saint Laurent, qui lui dit avec douleur : « Père, où allez-vous sans votre fils ? Pontife saint, où allez-vous sans votre Diacre ? » Sixte lui répondit : « Je ne t’abandonne pas, mon fils, de plus grands combats pour la foi du Christ te sont réservés ; tu me rejoindras dans trois jours, le Prêtre sera suivi par le Lévite ; avant cette heure, s’il reste quelque chose dans les trésors de l’Église, distribue-le aux pauvres. » Sixte subit la mort ce même jour avec les Diacres Félicissime et Agapit, et les Sous-Diacres Janvier, Magnus, Vincent et Etienne ; le premier fut enseveli dans le cimetière de Callixte, le huitième jour des ides d’août, et les autres dans le cimetière de Prétextat. Le Pontife occupa le Saint-Siège onze mois et douze jours. Dans une ordination faite au mois de décembre, il ordonna quatre Prêtres, sept Diacres et sacra deux Évêques.

A Laudes de la Transfiguration.

Et fit commemoratio Ss. Xysti II Papæ, Felicissimi et Agapiti Mm. : On fait mémoire de St Sixte, Pape, et des Sts Félicissime et Agapit, Martyrs :
Ant. Vestri capílli cápitis omnes numeráti sunt : nolíte timére : multis passéribus melióres estis vos. Ant. Les cheveux de votre tête sont tous comptés : ne craignez point : vous valez plus qu’un grand nombre de passereaux [3].
V/. Exsultábunt Sancti in glória. V/. Les Saints tressailliront d’allégresse dans la gloire [4].
R/. Lætabúntur in cubílibus suis. R/. Ils se réjouiront dans le lieu de leur repos.
OratioPrière
Deus, qui nos concédis sanctórum Mártyrum tuórum Xysti, Felicíssimi et Agapíti natalítia cólere : da nobis in ætérna beatitúdine de eórum societáte gaudére. Per Dóminum.Dieu, vous nous faites la grâce d’honorer la naissance au ciel de vos Saints Martyrs Sixte, Félicissime et Agapit : accordez-nous de jouir de leur société dans l’éternité bienheureuse.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

« Xistum in cimiterio animadversum sciatis octavo iduum augustarum die. Apprenez que Sixte a été décapité dans le cimetière le huit des ides d’août » [5]. Ces paroles de saint Cyprien marquent le début d’une période glorieuse pour le Cycle et l’histoire. Du Pontife souverain à Cyprien lui-même en passant par le diacre Laurent, que d’holocaustes en quelques semaines la terre va présenter au Dieu très haut ! On dirait l’Église, en cette fête delà Transfiguration du Seigneur, impatiente de joindre son témoignage d’Épouse à celui des Prophètes, des Apôtres et de Dieu. Le Bien-Aimé, proclamé tel dans les deux [6], voit pour lui la terre attester elle aussi son amour : témoignage du sang et de tous les héroïsmes, écho sublime éveillé parla voix du Père en toutes les vallées de notre humble monde, et qui se répercutera dans les siècles !

Saluons aujourd’hui le très noble Pontife descendu le premier dans l’arène que Valérien ouvre toute grande aux combattants du Christ. Entre les vaillants chefs qui, de Pierre à Melchiade, menèrent la lutte où Rome fut vaincue et sauvée, il n’en est pas de plus illustre au titre du martyre. Saisi dans les souterrains de la gauche de l’Appienne, sur la chaire même où il présidait malgré les édits récents l’assemblée des frères, il fut après sentence du juge ramené à la crypte sacrée. Là, spectacle nouveau ! Sur cette même chaire de son enseignement, au milieu des martyrs dormant dans les tombeaux voisins leur sommeil de paix, le bon et pacifique Pontife [7] reçut le coup de la mort. Des sept diacres de l’Église romaine six mouraient avec lui [8] ; Laurent restait seul, inconsolable d’avoir cette fois manqué la palme, mais confiant dans la parole qui lui donnait rendez-vous après trois jours à l’autel des cieux.

Deux des diacres compagnons du Pontife étaient ensevelis au cimetière de Prétextat où avait eu lieu la sublime scène. Sixte et sa chaire empourprée, transportés de l’autre côté de l’Appienne à la crypte des Papes, y devenaient pour de longs siècles le principal objet de la vénération des pèlerins. Tandis que Damase, aux jours de la paix, illustrait de ses nobles inscriptions les sépultures des Saints, le cimetière tout entier de Calliste, dont la salle funéraire des Pontifes faisait partie, recevait l’appellation « de Cécile et de Sixte » ; glorieux noms que Rome inscrivait également dans les diptyques augustes du Sacrifice. Deux fois, à la date de ce jour, l’Action sacrée rassemblait les chrétiens pour célébrer, sur les deux côtés de la reine des voies qui conduisent à la Ville éternelle, les victimes triomphantes du vin des ides d’août [9].

La Préface suivante du Sacramentaire Léonien pour ce jour offre comme un parfum et une impression toute récente du triomphe de l’Église après la persécution.

PRÉFACE.
Vere dignum. Cognoscimus enim, Domine, tuæ pietatis effectus, quibus nos adeo gloriosi Sacerdotis et Martyris tui Xysti semper honoranda solemnia, nec inter præteritas mundi tribulationes, omittere voluisti, et nunc reddita præstas libertate venerari.Il est vraiment juste de vous rendre grâces, ô Seigneur. Car nous reconnaissons ici les effets de votre bonté : c’est par elle qu’au milieu des tribulations passées du monde, vous avez voulu que nous n’omissions pas de solenniser la toujours vénérable mémoire de Sixte votre glorieux Pontife et Martyr ; c’est par elle qu’il nous est donné de la célébrer maintenant dans la liberté reconquise.
L’Oraison actuellement en usage est celle du Sacramentaire grégorien pour les saints Félicissime et Agapit, dont on a fait précéder les noms de celui de saint Sixte.

St Sixte remettant à St Laurent les trésors de l’Église

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Aujourd’hui à Rome on célébrait deux messes : Xysti in Callisti, et in Praetestati, Agapiti et Felicissimi [10]. Nous sommes en l’an 258 et la persécution de Valérien fait rage. Le pontife Sixte, en dépit de l’interdiction de la loi, célèbre une synaxe dans un oratoire sur le cimetière de Callixte. La police le surprend. On lui donne à peine le temps de terminer l’Action eucharistique, puis, assis sur sa chaire, il est décapité. Avec lui reçoivent aussi le coup fatal quatre diacres qui entouraient alors l’autel, Janvier, Magne, Vincent et Etienne ; deux autres diacres, Félicissime et Agapit, sont décapités le même jour, tandis que l’archidiacre Laurent est réservé à une mort plus cruelle trois jours après. La persécution contre les chrétiens tira une nouvelle vigueur de ce massacre, si bien que le clergé romain attendit plusieurs mois avant de pouvoir donner un successeur au Pontife martyrisé.

A LA PREMIÈRE MESSE.

Station dans le cimetière de Callixte.

Sixte II fut enseveli dans la crypte papale, à la place d’honneur, en un loculus creusé dans la paroi du fond ; les quatre diacres, décapités en même temps que lui, furent déposés eux aussi dans l’hypogée des pontifes. Quant à Félicissime et Agapit, nous ne savons pour quelle raison ils furent ensevelis au contraire dans le cimetière de Prétextat, de l’autre côté de la voie Appienne.

La mort tragique du Pontife et de ses sept diacres impressionna vivement les fidèles, aussi non seulement le nom de Sixte II fut inscrit avec celui de saint Laurent dans le canon de la messe, mais son souvenir domine l’histoire ultérieure de toute la nécropole de Callixte.

De fait nous voyons, dans les itinéraires, la dévotion avec laquelle les pèlerins du haut moyen âge, avant de descendre dans le labyrinthe souterrain, visitaient ecclesiam parvam ubi decollatus est sanctus Xystus cum diaconibus suis [11], comme nous l’atteste l’itinéraire de Salzbourg.

En souvenir de ce tragique événement, Damase composa une épigraphe dont nous n’avons plus que quelques fragments, provenant d’une copie qu’en fit faire le pape Vigile.

Les fidèles descendaient donc l’escalier de l’hypogée des Cæcilii et se rendaient au cubiculum papal, où Sixte reposait au centre du glorieux chœur des pontifes du IIIe siècle. La paroi d’entrée de cette crypte, maintenant encore, est toute couverte de graffiti antiques. De Rossi en a déchiffré plusieurs, qui invoquent l’intercession de Sixte II : « Sancte Suste, in mente habeas in oratione — Sancte Syste in mente habens in horationes Aureliu Repentinu — Sancte Syste... Repentinu — Syste Sancte... ut aelibera ».

Sur la tombe de Sixte II, Damase plaça cette autre épigraphe :

TEMPORE • QVO • GLADIVS • SECVIT • PIA • VISCERA • MATRIS
HIC • POSITVS • RECTOR • CAELESTIA • IVSSA • DOCEBAM
ADVENIVNT • SVBITO • RAPIVNT • QVI • FORTE • SEDENTEM
MILITIBVS • MISSIS • POPVLI • TVNC • COLLA • DEDERE
MOX • SIBI • COGNOVIT • SENIOR • QVIS • TOLLERE • VELLET
PALMAM • SEQVE • SVVMQVE • CAPVT • PRIOR • OBTVLIT • IPSE
IMPATIENS • FERITAS • POSSET • NE • LAEDERE • QVEMQVAM
OSTENDIT • CHRISTVS • REDDIT • QVI • PRAEMIA • VITA
PASTORIS • MERITVM • NVMERVM • GREGIS • IPSE • TVETVR
Au temps où le glaive de la persécution transperçait le sein de la sainte Mère l’Église, j’étais Pontife ; ici même où maintenant je suis enseveli, j’enseignais la loi de Dieu, lorsque survinrent les soldats qui me capturèrent, assis sur ma chaire. Les fidèles alors voulurent offrir aux bourreaux leur propre tête ; mais quand le Pape vit qu’on voulait lui ravir la palme, il présenta, le premier, son chef, afin que les sicaires, dans leur féroce impatience, ne fissent pas de mal aux autres. Le Christ qui, dans la vie éternelle, donne la récompense de la vertu, démontra (par des miracles) le mérite du Pasteur. Maintenant il garde du ciel son nombreux troupeau.

Le Missel romain fond actuellement en une unique messe la double synaxe qui, jadis, se célébrait sur la tombe de saint Sixte et sur celle des martyrs Félicissime et Agapit.

Selon les Sacramentaires, les chants de la station pour saint Sixte étaient les suivants : pour l’introït : Sacerdótes tui, comme au Commun d’un Pontife ; graduel : Sacerdotes eius induam salutari et sancti eius exsultatione exsultabunt ; illuc producam cornu David, paravi lucernam Christo meo. y. Allel. Inveni David [12] ; l’offertoire et la Communion, comme au Commun d’un Pontife.

Le Comes le plus ancien de Rome, contenu dans le manuscrit de Würzbourg, assignait aujourd’hui pour première lecture 2. Cor. 1, 3-7, l’actuelle épître d’un Commun d’un martyr Pontife.

Comme pour les plus grandes solennités du cycle liturgique, on faisait aujourd’hui, avant l’Évangile, une seconde lecture tirée de l’Ancien Testament, et elle correspondait à celle qui est assignée, dans notre Missel actuel, au Commun des Docteurs, comme altera Epistola : Eccli. 39, 6-14.

Selon la liste de Würzbourg, la lecture évangélique de ce jour était celle qui maintenant est assignée à la seconde station sur la tombe de saint Paul, pour le natale des deux Princes des Apôtres.

Le Léonien contient sept messes en l’honneur de saint Sixte II. En voici quelques passages :

Deus, qui nos ad sancti pontificis et martyris tui Xysti natalitia tribuisti pervenire laetantes ; praesta quaesumus, ut sicut securis eadem mentibus, ita dignis celebremus officiis [13].

Vere dignum etc. Quoniam inter innumeras toto mundo Martyrum palmas, quibus Urbis huius praecipue coronatus est ambitus, etiam hunc nobis venerabilem diem beati Xysti sacerdotis et martyris tui sanguine consecrasti. Per Christum, etc [14].

Vere dignum... Natalem diem sancti martyris et sacerdotis tui Xysti debita festivitate recolentes, qui Apostolici Pontificatus dignus in sua aetate successor, et passionis fortissimus imitator, persecutoris gladium intrepida cervice suscepit, gaudens pro Eo se capite truncari, a quo non posset abscindi. Per etc [15].

A Rome, le souvenir de Sixte II est conservé dans un ancien Titre, sur la voie Appienne (= titulus Tigridis ?), où on célèbre la station le mercredi après le troisième dimanche de Carême. Il est possible qu’à l’époque des grandes translations de corps saints, apportés des cimetières suburbains à l’intérieur de la Ville, une partie de celui de Sixte II ait été déposée dans ce Titre avec ceux des autres papes de la crypte de Callixte, comme le veut une inscription gothique locale. Cependant Paschal Ier, dans sa fameuse épigraphe de Sainte-Praxède, atteste avoir déposé dans cette basilique les reliques de Sixte II.

Quand, au XVIe siècle, les religieuses dominicaines qui avaient succédé aux Bénédictines du titulus Sancti Xysti, établirent leur résidence sur le Quirinal, elles emportèrent avec elles une partie des ossements du Pape Martyr, et elles élevèrent en son honneur une seconde église qui porte encore le nom de Saint-Sixte.

Le pape Damase, dans un poème composé en l’honneur de tous les saints ensevelis dans la nécropole de Callixte, mentionne en premier lieu :

HIC • COMITES • XYSTI • PORTANT • QVI • EX • HOSTE • TROPAEA
Saint Cyprien rendant compte à son clergé de la tragédie survenue à Rome dans le cimetière, atteste que ces Comites étaient au nombre de quatre : Xystum in cimiterio animadversum sciatis VIII id. aug. die, et cum eo diacones quatuor [16].

Le Liber Pontificalis nous a conservé pieusement leurs noms, et leurs corps, par un honneur spécial, furent ensevelis près du Pontife dans la crypte papale elle-même. Quelques fragments de leurs épigraphes sépulcrales ont été retrouvés il y a plusieurs années par Mgr Wilpert.

Un, au moins, des quatre diacres massacrés avec Sixte, Vincent, fut transporté ensuite au Titre d’Eusèbe, avec les reliques de ce saint prêtre qui avait été également enseveli dans la crypte papale. On a perdu les traces des corps des trois autres diacres. A LA DEUXIÈME MESSE.

Station dans le cimetière de Prétextat.

Ou Félicissime et Agapit ne furent pas arrêtés avec Sixte, ou avant de les mettre à mort on voulut les traîner devant le juge, comme on fit pour l’archidiacre Laurent. Il est certain qu’ils périrent par le glaive le même jour que le Pontife. Toutefois, ne pouvant pas être ensevelis dans le cimetière de Callixte, dont, après le massacre, l’accès était sans doute gardé, ils reçurent les honneurs du tombeau dans le cimetière limitrophe de Prétextat.

Leur sépulture primitive a été en effet retrouvée près de la spelunca magna mentionnée par les itinéraires. Là aussi, le pape Damase avait placé une inscription métrique. En voici le texte :

ASPICE • ET • HIC • TVMVLVS • RETINET • CAELESTIA • MEMBRA
SANCTORVM • SVBITO • RAPVIT • QVOS • REGIA • CAELI
HI • CRVCIS • INVICTAE • COMITES • PARITERQVE • MINISTRI
RECTORIS • SANCTI • MERITVMQVE • FIDEMQVE • SECVTI
AETERNAS • PETIERE • DOMOS • REGNAQVE • PIORVM
VNICE • IN • HIS • GAVDET • ROMANAE • GLORIA • PLEBIS
QVOD • DVCE • TVNC • XYSTO • CHRISTI • MERVERE • TRIVMPHOS
FELICISSIMO • ET • AGAPITO • DAMASVS
Vois-tu ce tombeau ? Il renferme les reliques sacrées de deux saints que le ciel ravit à soi à l’improviste. Disciples et ministres de la Croix invincible, ils partagèrent, non seulement la foi, mais le mérite de leur Pontife, et montèrent aux demeures éternelles et au royaume des bienheureux. Celui qui s’en réjouit est le glorieux peuple romain, car les deux martyrs, sous les auspices de Sixte, ont mérité du Christ les suprêmes honneurs. A Félicissime et à Agapit : Damase.

Le sépulcre des deux diacres est couvert de graffites tracés anciennement par des prêtres qui y célébraient la messe, et par des fidèles qui invoquaient l’intercession des martyrs.

L’introït de la messe des deux diacres de Sixte II était : Salus autem, maintenant au Commun de plusieurs Martyrs.

La première collecte est la suivante : « Seigneur, vous qui nous accordez de fêter le natale de vos martyrs Félicissime et Agapit, donnez-nous aussi de participer à leur récompense dans le ciel ». Le répons-graduel Iustorum est identique à celui qu’on chante le 19 janvier pour le groupe des martyrs Maris, Marthe, etc. [17] ; le verset alléluiatique est le suivant : « Allel. (Ps. 149) : Cantate Domino canticum novum, laus eius in Ecclesia Sanctorum » [18].

A l’offrande des oblations, l’antienne est la même que le 26 juin [19].

Sur les oblations. — « Nous vous offrons Seigneur, ces dons de notre piété : faites que vous étant présentés en l’honneur de vos justes, ils vous soient agréables et qu’ils nous soient rendus salutaires grâce à votre miséricorde. »

Dans le Sacramentaire Léonien, les différentes messes en l’honneur de saint Sixte et celle des martyrs Félicissime et Agapit, contiennent de fréquentes allusions à la récente délivrance de Rome de la présence des ennemis. La préface suivante y fait allusion elle aussi : « Vere dignum... Qui nos sanctorum Felicissimi et Agapiti festa semper optanda fecisti celebrare gaudentes ; et qui dedisti fidem inter adversa constantem, reddes beneficia libertatis. Per Christum » [20].

A la Communion, l’antienne est la même que le 9 juin [21].

Après la Communion. — « Accordez-nous, s’il vous plaît, Seigneur, que vos saints martyrs Agapit et Félicissime, intercédant pour nous, nous gardions en un cœur pur ce que notre bouche a reçu. »

Dans le Sacramentaire Léonien, la collecte est une prière d’action de grâces pour le départ de Rome des Goths ou des Wisigoths : « Respice subditam tibi, Domine, familiam : et cuius exaudire preces in moerore dignatus es, actionem gratiarum propensius intuere » [22].

Dans notre Missel actuel, les saints Sixte II, Félicissime et Agapit n’ont plus qu’une unique messe, qui est du Commun Sapiéntiam.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Saint Sixte II. — On célébrait autrefois, à cette même date, la fête de saint Sixte II, pape et martyr, et celle de ses diacres. C’était en 258, sous la fameuse persécution de Dèce. Dans une chapelle située au-dessus de la catacombe de Calixte, le pape, bravant les édits de l’empereur, célébrait les saints mystères, quand il fut soudain surpris par l’arrivée d’une horde de soldats. Il put achever sa messe, mais il fut ensuite décapité sur son trône, avec les diacres qui l’assistaient. Deux autres diacres furent mis à mort le même jour, et l’archidiacre Laurent trois jours plus tard. Le martyre de Sixte II et de ses sept diacres causa le plus vif émoi dans toute l’Église. On déposa son corps dans le caveau des papes de la catacombe de Calixte.

[1] Apprenez que Sixte a été décapité dans le cimetière le huit des ides d’août. Saint Cyprien, Correspondance, Lettre 80 ; édit. Bayard, Paris 1925, p. 320. C’est l’avant-dernière lettre du corpus de Cyprien.

[2] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[3] Matth. 10, 30.

[4] Ps. 149, 5.

[5] Cyprian. Epist. LXXXII.

[6] Matth. XVII, 5.

[7] Pontius Diac. De vita et passione S. Cypriani, XIV.

[8] Liber pontific. in Sixt. II.

[9] Sacramentaria Leon et Gregor.

[10] A Callixte : Sixte ; et à Prétextat, Agapit et Félicissime.

[11] La petite église où fut décapité saint Sixte avec ses diacres.

[12] Ps. 131, 16-17. Je revêtirai ses prêtres de salut, et ses saints seront ravis de joie. Là je ferai paraître la puissance de David ; j’ai préparé une lampe pour mon Christ. Ps. 88, 21. J’ai trouvé David…

[13] Dieu, vous nous avez donné de venir joyeux à la fête de votre saint Pontife et Martyr Sixte : accordez-nous, nous vous en prions, que la célébrant avec des esprits paisibles, nous accomplissions un office digne.

[14] Il est vraiment digne… Car parmi les palmes innombrables des Martyrs dans le monde entier, par lesquelles le territoire de cette Ville a été couronné, vous avez consacré aussi ce jour vénérable par le sang de votre Prêtre et Martyr Sixte.

[15] Il est vraiment digne… Devant célébrer le jour natal de votre Prêtre et Martyr Sixte par cette fête, lui qui fut un digne successeur à son époque du Pontificat Apostolique, et l’ayant suivi vaillamment dans sa passion, il offrit sans hésiter sa nuque au glaive du persécuteur, se réjouissant d’être décapité pour Celui dont il ne pouvait pas être séparé.

[16] Ep. 80.

[17] Sap. 3, 1-2 et 3. Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. Aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.

[18] Chantez au Seigneur un cantique nouveau, que sa louange soit dans l’Église des Saints.

[19] Ps. 5, 12-13. Tous ceux qui aiment votre nom se glorifieront en vous : parce que vous bénirez le juste. Seigneur, vous nous avez couronnés de votre amour comme d’un bouclier.

[20] Il est vraiment digne… Vous nous avez fait célébrer dans la joie les fêtes des saints Félicissime et Agapit ; et vous avez donnez une foi constante contre les adversités pour nos rendre les bienfaits de la liberté.

[21] Ioann. 15, 16. C’est moi qui vous ai choisis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure.

[22] Regardez, Seigneur, cette famille qui vous est soumise : et de ceux dont vous avez daigné exaucés les prières dans la tribulation, accueillez favorablement l’action de grâce.