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11/02 Apparition de la Vierge Immaculée

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Fête au calendrier le 13 novembre 1907.

Textes de la Messe

(En Carême, on fait seulement mémoire de la Fête avec les trois oraisons de la Messe suivante)
die 11 februarii
le 11 février
IN APPARITIONE B. MARIÆ VIRG. IMMACULATÆ
APPARITION DE LA Bse VIERGE MARIE IMMACULÉE
III classis (ante CR 1960 : duplex maius)
IIIème classe (avant 1960 : double majeur)
Ant. ad Introitum. Apoc. 21, 2.Introït
Vidi civitátem sanctam, Ierúsalem novam, descendéntem de cælo a Deo, parátam sicut sponsam ornátam viro suo.J’ai vu la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, qui descendait du ciel où est Dieu, et elle était toute ornée comme une épouse parée pour son époux.
Ps. 44, 2.
Eructávit cor meum verbum bonum ; dico ego opéra mea Regi.De mon cœur a jailli une parole excellente, c’est que je consacre mes œuvres à mon Roi.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui per immaculátam Vírginis Conceptiónem dignum Filio tuo habitáculum præparásti : súpplices a te quǽsumus ; ut, eiúsdem Vírginis Apparitiónem celebrántes, salútem mentis et córporis consequámur. Per eúndem Dóminum nostrum.O Dieu, qui, par l’Immaculée Conception de la Vierge, avez préparé à votre Fils une habitation digne de lui : accordez-nous, s’il vous plaît, d’obtenir, en célébrant l’Apparition de la même Vierge, le salut de l’âme et du corps.
Léctio libri Apocalýpsis beáti Ioánnis Apostóli.Lecture du livre de l’Apocalypse de saint Jean Apôtre.
Apoc. 11, 19 ; 12, 1 et 10.
Apértum est templum Dei in cælo : et visa est arca testaménti eius in templo eius, et facta sunt fúlgura et voces et terræmótus et grando magna. Et signum magnum appáruit in cælo : Múlier amícta sole, et luna sub pédibus eius, et in cápite eius coróna stellárum duódecim. Et audívi vocem magnam in cælo dicéntem : Nunc facta est salus et virtus, et regnum Dei nostri et potéstas Christi eius.Alors le temple de Dieu s’ouvrit dans le Ciel, et l’Arche de Son alliance fut vue dans Son temple ; et il se fit des éclairs, et des voix, et un tremblement de terre, et une forte grêle. Et un grand signe parut dans le Ciel : une Femme revêtue du soleil, et qui avait la lune sous Ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Et j’entendis dans le Ciel une voix forte qui disait : Maintenant est établi le salut, et la force, et le règne de notre Dieu, et la puissance de Son Christ
Graduale. Cant. 2, 12.Graduel
Flores apparuérunt in terra nostra, tempus putatiónis advénit, vox túrturis audíta est in terra nostra.Les fleurs s’épanouirent dans notre champ ; c’est le temps de tailler, parce que l’on entend déjà roucouler les tourterelles.
V/. Ibid., 10 et 14. Surge, amíca mea, speciósa mea, et veni : colúmba mea in foramínibus petræ, in cavérna macériæ.V/. Lève-toi, ô ma bien-aimée, ma belle, et viens, ma colombe, entre les fentes des roches, entre les pierres des cavernes.
Allelúia, allelúia. V/. Osténde mihi fáciem tuam, sonet vox tua in áuribus meis : vox enim tua dulcis, et fácies tua decóra. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles, car ta voix est suave et ton visage splendide.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit
Tractus. Iudith 15, 10.Trait
Tu glória Ierúsalem, tu lætítia Israël, tu honorificéntia pópuli nostri. Vous, gloire de Jérusalem ; vous, joie d’Israël ; vous, honneur de notre nation.
V/. Cant. 4, 7. Tota pulchra es, María : et mácula originális non est in te.V/. Vous êtes toute belle, ô Marie, et en vous il n’y a pas la tache originelle.
V/. Felix es, sacra Virgo María, et omni laude digníssima, quæ serpéntis caput virgíneo pede contrivísti.V/. Vous êtes bienheureuse, ô Marie, Vierge sainte, et vous méritez toute louange, puisque, d’un pied virginal, vous avez écrasé la tête du serpent.
In missis votivis Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Aux messes votives pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Iudith 15, 10. Tu glória Ierúsalem, tu lætítia Israël, tu honorificéntia pópuli nostri.Allelúia, allelúia. V/. Vous, gloire de Jérusalem ; vous, joie d’Israël ; vous, honneur de notre nation.
Allelúia. V/. Cant. 4, 7. Tota pulchra es, María : et mácula originális non est in te. Allelúia.Allelúia. V/. Vous êtes toute belle, ô Marie, et en vous il n’y a pas la tache originelle. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 1, 26-31.
In illo témpore : Missus est Angelus Gábriël a Deo in civitátem Galilǽæ, cui nomen Názareth, ad Vírginem desponsátam viro, cui nomen erat Ioseph, de domo David, et nomen Vírginis María. Et ingréssus Angelus ad eam, dixit : Ave, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus. Quæ cum audísset, turbáta est in sermóne eius : et cogitábat, qualis esset ista salutátio. Et ait Angelus ei : Ne tímeas, María, invenísti enim grátiam apud Deum : ecce, concípies in útero et páries fílium, et vocábis nomen eius Iesum.En ce temps-là, l’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. L’ange, étant entré auprès d’elle, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. Elle, l’ayant entendu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l’ange lui dit : Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus.
Ante 1960 : CredoAvant 1960 : Credo
Ant. ad Offertorium. Luc. 1, 28.Offertoire
Ave, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus, Je vous salue, pleine de grâce : le Seigneur est avec vous : vous êtes bénie entre les femmes.
SecretaSecrète
Hóstia laudis, quam tibi, Dómine, per mérita gloriósæ et immaculátæ Vírginis offérimus, sit tibi in odórem suavitátis, et nobis optátam cónferat córporis et ánimæ sanitátem. Per Dóminum.Nous vous offrons la victime de louange, Seigneur, par les mérites de la glorieuse et immaculée Vierge, recevez-là en odeur de suavité, et qu’elle nous donne la santé que nous désirons pour le corps et l’âme.
Ant. ad Communionem. Ps. 64, 10.Communion
Visitásti terram et inebriásti eam, multiplicásti locupletáre eam.Vous avez visité la terre et l’avez désaltérée, vous l’avez rendue immensément riche.
PostcommunioPostcommunion
Quos cælésti, Dómine, aliménto satiásti, súblevet déxtera Genetrícis tuæ immaculátæ : ut ad ætérnam pátriam, ipsa adiuvánte, perveníre mereámur : Qui vivis.« Que la bienheureuse Vierge réconforte par sa droite puissante tous ceux que vous avez rassasiés de l’aliment céleste, afin qu’ainsi tous puissent arriver par son aide à l’éternelle patrie.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

Ant. 1 Elle est un resplendissement * de la lumière éternelle, et son miroir sans tache.
Ant. 2 C’est la femme * revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles.
Ant. 3 Vous êtes la gloire de Jérusalem, * vous êtes la joie d’Israël, vous êtes l’honneur de notre peuple.
Ant. 4 Vous êtes bénie, * Vierge Marie, par le Seigneur Dieu ! très-haut, plus que toutes les femmes sur la terre.
Ant. 5 Aujourd’hui *le Seigneur a donné à votre nom tant de grandeur, que votre louange ne cessera plus de se trouver sur les lèvres des hommes,
Capitule. Cant. 2, 13-14.Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens ; ma colombe cachée dans les trous de la pierre, dans le creux du mur d’enclos, montre-moi ta face, que ta voix retentisse à mes oreilles.

HymnusHymne
Ave, maris stella,
Dei Mater alma,
Atque semper Virgo,
Felix cæli porta.
Salut, astre des mers,
Mère de Dieu féconde,
Salut, ô toujours Vierge,
Porte heureuse du ciel !
Sumens illud Ave
Gabriélis ore,
Funda nos in pace,
Mutans Hevæ nomen.
Vous qui de Gabriel
Avez reçu l’Ave,
Fondez-nous dans la paix,
Changeant le nom d’Eva.
Solve vincla reis,
Profer lumen cæcis,
Mala nostra pelle,
Bona cuncta posce.
Délivrez les captifs,
Éclairez les aveugles,
Chassez loin tous nos maux,
Demandez tous les biens.
Monstra te esse matrem,
Sumat per te preces,
Qui pro nobis natus
Tulit esse tuus.
Montrez en vous la Mère,
Vous-même offrez nos vœux
Au Dieu qui, né pour nous,
Voulut naître de vous.
Virgo singuláris,
Inter omnes mitis,
Nos, culpis solútos,
Mites fac et castos.
O Vierge incomparable,
Vierge douce entre toutes !
Affranchis du péché,
Rendez-nous doux et chastes
Vitam præsta puram,
Iter para tutum,
Ut, vidéntes Iesum,
Semper collætémur.
Donnez vie innocente,
Et sûr pèlerinage,
Pour qu’un jour soit Jésus
Notre liesse à tous.
Sit laus Deo Patri,
Summo Christo decus,
Spirítui Sancto,
Tribus honor unus.
Amen.
Louange à Dieu le Père,
Gloire au Christ souverain ;
Louange au Saint-Esprit ;
Aux trois un seul hommage.
Amen.
V/. Rendez-moi digne de vous louer, Vierge sainte.
R/. Donnez-moi de la force contre vos ennemis.
Ant.au Magnificat Celle-ci * est ma colombe, ma parfaite, mon immaculée.

A MATINES. avant 1960

Invitatoire. Célébrons l’Immaculée Conception de la Vierge, * Adorons son Fils, le Christ, le Seigneur.

HymnusHymne
Te dícimus præcónio,
Intácta Mater Núminis,
Nostris benígna láudibus
Tuam repénde grátiam.
Nous vous célébrons dans nos chants,
Immaculée Mère de Dieu ;
répondez avec bonté à nos louanges,
en nous donnant votre grâce.
Sontes Adámi pósteri,
Infécta proles gígnimur ;
Labis patérnæ néscia
Tu sola, Virgo, créderis.
Postérité coupable d’Adam,
nous sommes engendrés enfants de corruption ;
vous seule, ô Vierge, n’avez point connu la tache
de notre premier père : la foi nous l’enseigne.
Caput dracónis ínvidi
Tu cónteris vestígio,
Et sola glóriam refers
Intaminátæ oríginis.
Votre pied écrase
la tête du dragon jaloux,
et seule vous avez la gloire
d’une origine sans souillure.
O gentis humánæ decus,
Quæ tollis Hevæ oppróbrium,
Tu nos tuére súpplices,
Tu nos labántes érige.
Honneur du genre humain,
vous qui effacez l’opprobre d’Ève,
protégez-nous, nous vous en supplions
et relevez-nous dans nos chutes.
Serpéntis antíqui potens
Astus retúnde et ímpetus,
Ut Cǽlitum perénnibus
Per te fruámur gáudiis.
Vierge puissante, confondez les ruses
et les attaques de l’antique serpent,
afin que, grâce à vous, nous partagions
les joies éternelles des habitants des cieux.
Iesu tibi sit glória,
Qui natus es de Vírgine,
Cum Patre et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
Gloire soit à vous, ô Jésus,
qui êtes né de la Vierge,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit vivificateur,
dans les siècles éternels. Amen.

Au premier nocturne.

Ant. 1 Je vous salue, pleine de grâce, * le Seigneur est avec vous.
Ant. 2 Vous êtes bénie entre les femmes, * et le fruit de votre sein est béni.
Ant. 3 Ne craignez point, Marie, * vous avez trouvé grâce devant le Seigneur.

V/. Le Dieu tout-puissant m’a revêtue de vertu.
R/. Et il a fait ma voie sans tache.

Des Paraboles de Salomon. Cap. 8, 12-25 ; 34-36 ; 9, 1-5.

Première leçon. Moi, sagesse, j’habite dans le conseil, et je suis présente aux savantes pensées. La crainte du Seigneur hait le mal : l’arrogance et l’orgueil, une voie dépravée, et une langue double, je les déteste. A moi est le conseil et l’équité : à moi est la prudence, à moi est la force. Par moi les rois règnent et les législateurs décrètent des choses justes. Par moi les princes commandent, et les puissants rendent la justice. Moi, j’aime ceux qui m’aiment et ceux qui dès le matin veillent pour me chercher me trouveront.
R/. La sagesse qui atteint avec force d’une extrémité à une autre extrémité, et dispose toutes choses avec douceur, s’est bâti une maison : * Voici le tabernacle de Dieu parmi les hommes. V/. Je vis la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel, parée comme une épouse et ornée pour son époux. * Voici.

Deuxième leçon. Avec moi sont les richesses et la gloire [1] des biens superbes et la justice. Car mieux vaut mon fruit que l’or et les pierres précieuses, et mieux valent mes produits que l’argent le meilleur. Je marche dans les voies de la justice, au milieu des sentiers du jugement, afin d’enrichir ceux qui m’aiment, et de remplir leurs trésors. Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies ; avant qu’il fît quelque chose dès le principe. Dès l’éternité, j’ai été établie ; dès les temps anciens, avant que la terre fût faite. Les abîmes n’étaient pas encore, et moi déjà j’avais été conçue : les sources d’eaux n’avaient pas encore jailli : les montagnes à la pesante masse n’étaient pas encore affermies, et mol, avant les collines, j’étais engendrée [2].
R/. Comme l’arc resplendissant au milieu des nuées, comme la fleur des rosiers aux jours du printemps, comme les lis près d’un courant d’eau. * Ainsi brille la Vierge immaculée. V/. Je placerai mon arc dans les nues, et il sera un signe de mon alliance avec vous. * Ainsi.

Troisième leçon. Bienheureux l’homme qui m’écoute, et qui veille tous les jours à l’entrée de ma demeure, et se tient en observation auprès de ma porte [3]. Celui qui me trouvera, trouvera la vie et puisera le salut dans le Seigneur : mais celui qui péchera contre moi blessera son âme. Tous ceux qui me haïssent aiment la mort. La sagesse s’est bâti une maison, elle a taillé sept colonnes [4]. Elle a immolé ses victimes, mêlé le vin, et .dressé sa table. Elle a envoyé ses servantes pour appeler ses conviés à la forteresse et aux murs de la cité. Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi. Et à des insensés elle a dit : Venez, mangez mon pain et buvez le vin que je vous ai mêlé [5].
R/. Lève-toi, mon amie viens, ma toute belle, et ma colombe : * Montre-moi ta face, que ta voix retentisse à mes oreilles. V/. La voix de la tourterelle a été entendue dans notre terre. * Montre-moi. Gloire au Père. * Montre-moi.

Au deuxième nocturne.

Ant. 1 Il a fait en moi de grandes choses, * celui qui est puissant ; et son nom est saint.
Ant. 2 Il a sanctifié * son tabernacle, le Très-Haut : Dieu est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée.
Ant. 3 Le Seigneur t’a possédée * au commencement de ses voies et il t’a aimée d’un amour éternel.

V/. Dieu l’aidera de son regard.
R/. Dieu est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée.

Quatrième leçon. La quatrième année depuis la définition dogmatique de l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge, aux bords de la rivière du Gave, près de la ville de Lourdes, du diocèse de Tarbes, en France, la Vierge elle-même s’est fait voir plusieurs fois dans le creux d’un rocher, au-dessus de la grotte de Massabielle, à une jeune fille, appelée Bernadette dans l’idiome populaire, très pauvre, il est vrai, mais candide et pieuse. L’aspect de l’Immaculée Vierge respirait la jeunesse et la bonté ; elle était vêtue d’une robe et d’un voile blancs comme la neige, et portait une ceinture bleue ; ses pieds nus étaient parés d’une rosé d’or. Le jour de la première apparition, qui fut le onze février de l’an mil huit cent cinquante-huit, elle apprit à la jeune fille à faire dignement et pieusement le signe de la croix, et, prenant en main un chapelet qui auparavant pendait à son bras, elle l’encouragea par son exemple à la récitation du saint rosaire : ce qu’elle fit aussi pendant les autres apparitions. Le jour de la seconde apparition, la jeune fille, redoutant une ruse du démon, jeta, dans la simplicité de son cœur, de l’eau bénite vers la Vierge : mais la bienheureuse Vierge, souriant avec grâce, lui montra un visage encore plus bienveillant. Lorsqu’elle apparut pour la troisième fois, elle invita la jeune fille à venir à la grotte pendant quinze jours. Depuis lors, elle lui parla souvent et l’exhorta à prier pour les pécheurs, à baiser la terre et à faire pénitence ; puis elle lui ordonna de dire aux Prêtres qu’on devait bâtir dans ce lieu une chapelle et y venir en processions solennelles. De plus, elle lui donna l’ordre de boire et de se laver à l’eau d’une fontaine qui était encore cachée sous le sable, mais qui bientôt allait jaillir. Enfin, le jour de la fête de l’Annonciation, la jeune fille demanda avec instance le nom de celle qui tant de fois avait daigné lui apparaître, et la Vierge ayant rapproché les mains sur sa poitrine, et levé les yeux vers le ciel, lui répondit : « Je suis l’Immaculée Conception, »
R/. Quelle est celle-ci qui s’avance comme l’aurore se levant. * Belle comme la lune, pure comme le soleil ? V/. Celle-ci est ma colombe, ma parfaite, mon immaculée. * Belle.

Cinquième leçon. Le bruit de bienfaits qui, disait-on, avaient été reçus par les fidèles dans la sainte grotte, allait en grandissant, et l’on voyait aussi augmenter de jour en jour le concours des hommes attirés à la grotte par vénération pour ce lieu. C’est pourquoi, déterminé par la célébrité des prodiges et la candeur de la jeune fille, l’Évêque de Tarbes, quatre ans après les événements précités et à la suite d’un examen juridique des faits, reconnut dans son jugement que les caractères de l’apparition étaient surnaturels, et autorisa le culte de la Vierge Immaculée dans cette même grotte. Bientôt la chapelle fut bâtie : à partir de ce jour, des roules presque innombrables de fidèles, venant accomplir des vœux et présenter des prières, y accourent chaque année, de France, de Belgique, d’Italie, d’Espagne, des autres contrées de l’Europe : et même des lointaines régions de l’Amérique, et le nom de l’Immaculée de Lourdes de-lent célèbre par tout l’univers. L’eau de la fontaine, portée dans toutes les parties du monde, rend la santé aux malades. L’univers catholique, reconnaissant pour tant de bienfaits, a élevé près de la grotte des monuments sacrés d’un travail merveilleux. Des étendards sans nombre, qui témoignent des bienfaits reçus, et ont été envoyés par les cités et les nations, forment au temple de la Vierge une parure et une décoration admirables. Ce lieu qui semble la demeure de la Vierge Immaculée, la voit honorée sans interruption : le jour, par des prières, des chants religieux et d’autres cérémonies solennelles ; la nuit, par ces processions sacrées dans lesquelles des foules presque infinies de pèlerins s’avancent à la lumière des cierges et des flambeaux, et chantent les louanges de la bienheureuse Vierge.
R/. Il arrivera dans les derniers jours que la montagne préparée pour la Vierge Marie sera établie sur le sommet des montagnes, et elle sera élevée au-dessus des cieux, et beaucoup de peuples iront et diront : * Venez, et montons à la montagne. V/. Ceux qui habitent en toi font la joie de tous ceux qui se livrent à l’allégresse. * Venez.

Sixième leçon. Ces pèlerinages ont ravivé la foi dans un siècle plein de froideur ; ils ont donné plus de courage pour professer la loi chrétienne, et fait grandir d’une façon merveilleuse le culte de la Vierge Immaculée ; tout le monde le sait. Dans cette admirable manifestation de foi, le peuple chrétien a pour chefs les Prêtres qui conduisent leurs peuples à la Grotte. Les Évêques eux mêmes visitent souvent le saint lieu, président aux pèlerinages et assistent aux fêtes les plus solennelles. Il n’est pas rare de voir même des princes de l’Église romaine, revêtus de la pourpre, s’y rendre comme d’humbles pèlerins. A leur tour, les Pontifes romains, dans leur dévotion pour l’Immaculée de Lourdes, ont comblé le saint temple des faveurs les plus précieuses. Pie IX l’a honoré de saintes indulgences, du privilège d’une Archiconfrérie et du titre de Basilique mineure. Il a aussi voulu faire couronner solennellement, par son nonce apostolique en France, la statue de la Mère de Dieu qu’on y vénère. Léon XIII lui a également conféré d’innombrables bienfaits. Il a concédé des indulgences sous forme de jubilé lors du vingt-cinquième anniversaire de l’apparition, provoqué le développement des pèlerinages par ses actes et sa parole, et fait faire en son nom là dédicace solennelle d’une église sous le titre du Rosaire. Il a mis le comble à tant de faveurs, en accordant avec bonté, sur la demande d’un grand nombre d’Évêques, de célébrer une fête solennelle, sous le titre de l’Apparition de la bienheureuse Vierge Marie Immaculée, par un Office et une Messe propres. Enfin le souverain Pontife Pie X, mû par sa piété envers la Mère de Dieu, et accédant au vœu de beaucoup de saints prélats, a étendu la même fête à l’Église universelle.
R/. Vous l’avez prévenue Seigneur, des bénédictions les plus douces ; vous avez mis sur sa tête. * Une couronne de pierres précieuses. V/. Grande est sa gloire par votre salut, vous la couvrirez de gloire et de beauté. * Une. Gloire au Père. * Une.

Au troisième nocturne.

Ant. 1 La main du Seigneur * vous a fortifiée, et c’est pour cela que vous serez bénie éternellement.
Ant. 2 Ne craignez point, * car cette loi n’a pas été établie pour vous, mais pour tous fies autres.
Ant. 3 Le Seigneur vous a bénie * en sa puissance, puisque par vous il a réduit à néant nos ennemis.

V/. La grâce est répandue sur vos lèvres.
R/. C’est pourquoi Dieu vous a bénie pour l’éternité.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 1, 26-31.

En ce temps-là : L’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu, en la ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge qu’un homme de la maison de David, nommé Joseph, avait épousée, et le nom de la vierge était Marie. Et le reste.

Homélie de saint Bernard, Abbé.

Septième leçon. Réjouis-toi, ô Adam, notre père, mais toi surtout, ô Ève, notre mère, tressaille d’allégresse. Comme vous avez été les premiers parents de tous les hommes, vous êtes aussi la cause de leur mort ; et ce qui est plus malheureux vous avez été meurtriers avant de donner la vie. Consolez-vous à cause de votre fille et d’une telle fille ; consolez-vous, dis-je à tous deux, mais principalement à celle qui fut la première cause du mal dont l’opprobre s’est transmis à toutes les femmes. En effet, le temps vient où cet opprobre sera effacé, où l’homme n’aura plus sujet d’accuser la femme ; cherchant inconsidérément à s’excuser lui-même, il n’avait pas hésité à l’accuser cruellement, disant : « La femme que vous m’avez donnée, m’a présenté du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » O Ève, cours donc à Marie ; ô mère, cours à ta fille ; que la fille réponde pour la mère, qu’elle délivre sa mère de l’opprobre ; qu’elle donne satisfaction à son père pour sa mère ; car si l’homme est tombé par une femme, il n’est relevé maintenant que par une femme._ R/. Vous donc, invoquez le Seigneur, parlez au Roi pour nous. * Et délivrez-nous de la mort. V/. ous tous qui avez soif, venez vers les eaux, et vous puiserez le salut dans le Seigneur. * Et.

Huitième leçon. Que disais-tu, ô Adam ? « La femme que vous m’avez donnée, m’a présenté du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » Ce sont là des paroles artificieuses par lesquelles tu augmentes plutôt ta faute que tu ne la diminues. Cependant la Sagesse a vaincu ta malice ; Dieu, en t’interrogeant, cherchait à trouver en toi une occasion de pardon et tu n’as pas su la lui fournir, mais il l’a trouvée dans le trésor de son inépuisable bonté. Pour la première femme, une autre femme est donnée à la terre : une femme prudente pour une femme insensée, une femme humble pour une femme orgueilleuse ; au lieu d’un fruit de mort, elle te fera goûter un fruit de vie ; à la place d’un aliment amer et empoisonné, elle t’apporte la douceur d’un fruit éternel. Change donc, ô Adam, une excuse injuste en paroles d’actions de grâces et dis : Seigneur, la femme que vous m’avez donnée, m’a présenté du fruit de l’arbre de vie, j’en ai mangé, et il a été à ma bouche plus doux que le miel, parce que c’est par lui que vous m’avez rendu la vie. Et voilà pourquoi l’Ange a été envoyé à la Vierge. O Vierge admirable et Incomparablement digne de tout honneur ! O femme singulièrement vénérable, admirable au-dessus de toutes les femmes, réparatrice de tes parents et source de vie pour toute leur postérité !
R/. Le Seigneur Dieu planta un jardin de délices, et l’arbre de vie, au milieu du paradis : * De ce lieu de délices sortait un fleuve. V/. Ce qui sort de vous est le paradis, Vierge Marie. * De. Gloire au Père. * De.

Neuvième leçon. Quelle autre femme te semble-t-il que Dieu ait annoncée, quand il dit au serpent : « je mettrai des inimitiés entre toi et la femme ? » Et si tu doutes encore qu’il ait parlé de Marie, écoute ce qui suit : « Elle te brisera la tête. » A qui est réservée cette victoire, si ce n’est à Marie ? C’est elle, sans aucun doute, qui a brisé la tête venimeuse du serpent ; elle qui a réduit à néant toute suggestion de l’esprit malin, soit qu’il tente par les séductions de la chair ou par l’orgueil de l’esprit. Quelle autre femme Salomon cherchait-il quand il disait : « Qui trouvera la femme forte ? » Cet homme sage connaissait, l’infirmité de ce sexe, la fragilité de son corps, la mobilité de son esprit. Mais comme il avait lu la promesse divine, et qu’il lui paraissait convenable que celui qui avait vaincu par une femme fût, à son tour, vaincu par une femme, dans l’ardeur de son admiration, il s’écriait : « Qui trouvera la femme forte ? » Ce qui revient à dire : Si de la main d’une femme dépend ainsi, et notre salut commun, et la restitution de l’innocence, et la victoire sur l’ennemi, il est absolument nécessaire de trouver une femme forte qui puisse être capable d’une telle œuvre.

A LAUDES

Ant. 1 Elle est un resplendissement * de la lumière éternelle, et son miroir sans tache.
Ant. 2 C’est la femme * revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles.
Ant. 3 Vous êtes la gloire de Jérusalem, * vous êtes la joie d’Israël, vous êtes l’honneur de notre peuple.
Ant. 4 Vous êtes bénie, * Vierge Marie, par le Seigneur Dieu ! très-haut, plus que toutes les femmes sur la terre.
Ant. 5 Aujourd’hui *le Seigneur a donné à votre nom tant de grandeur, que votre louange ne cessera plus de se trouver sur les lèvres des hommes,
Capitule. Cant. 2, 13-14.Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens ; ma colombe cachée dans les trous de la pierre, dans le creux du mur d’enclos, montre-moi ta face, que ta voix retentisse à mes oreilles.

HymnusHymne
Auróra soli prævia,
Felix salútis núntia,
In noctis umbra plebs tua
Te, Virgo, supplex ínvocat.
Aurore qui précédez le soleil,
heureuse messagère du salut,
ô Vierge, c’est vous que votre peuple invoque
et supplie, dans l’ombre de la nuit.
Torrens nefástis flúctibus
Cunctos trahens vorágine,
Leni resídit æquore
Cum transit Arca fœderis.
Le torrent aux flots néfastes
qui entraîne tous les hommes vers l’abîme,
arrête doucement ses eaux
quand passe l’Arche d’alliance.
Dum torret aréscens humus,
Tu rore sola spárgeris ;
Tellúre circum rórida,
Intácta sola pérmanes.
Tandis que la terre est desséchée et brûlante,
vous seule recevez la rosée ;
tout autour de vous la rosée couvre la terre,
et vous seule restez sans être atteinte.
Fatále virus évomens
Attolit anguis vérticem ;
At tu dracónis túrgidum
Invicta cónteris caput.
Le serpent lève la tête,
vomissant son fatal poison ;
mais vous , invincible,
vous écrasez la tête orgueilleuse du dragon.
Mater benígna, réspice
Fletus precésque súpplicum,
Et dimicántes, tártari
Victrix, tuére ab hóstibus.
O bonne Mère, voyez les pleurs
et les prières de ceux qui vous supplient ;
vous qui triomphez de l’enfer, protégez-nous
dans le combat que nous soutenons contre nos ennemis.
Iesu, tibi sit glória,
Qui natus es de Vírgine,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sæcula. Amen.
Gloire soit à vous, ô Jésus,
qui êtes né de la Vierge ;
ainsi qu’au Père et à l’Esprit vivificateur,
dans les siècles éternels. Amen.

V/. La grâce est répandue sur vos lèvres
R/. C’est pourquoi Dieu vous a bénie pour l’éternité.

Ant. au Bénédictus Brillante aurore du salut, * c’est de vous, Vierge Marie, qu’est sorti le soleil de justice, qui nous a visités, venant d’en haut.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

HymnusHymne
Omnis expértem máculæ Maríam
Edocet summus fídei magíster ;
Vírginis gaudens célebrat fidélis
Terra triúmphum.
Le maître suprême de la foi enseigne
que Marie est exempte de toute souillure ;
la terre croyante célèbre avec joie
le triomphe de la Vierge.
Ipsa se præbens húmili puéllæ
Virgo spectándam, récreat pavéntem,
Seque concéptam sine labe, sancto
Prædicat ore.
La Vierge elle-même se fait voir à une humble enfant,
dont elle calme la frayeur,
et, de sa bouche sainte, se proclame
conçue sans tache.
O specus felix, decoráte divæ
Matris aspéctu ! veneránda rupes,
Unde vitáles scatuére pleno
Gúrgite lymphæ !
O heureuse grotte, honorée
de l’apparition de la divine Mère !
rocher vénérable, duquel ont jailli à pleins flots
des eaux vivifiantes.
Huc catervátim pia turba nostris,
Huc ab extérnis peregrína terris
Affluit supplex, et opem poténtis
Vírginis orat.
Ici se rendent par troupes la foule pieuse
de nos contrées et celle des pèlerins des terres étrangères,
suppliant la Vierge puissante
et implorant son secours.
Excipit Mater lácrimas precántum,
Donat optátam míseris salútem ;
Compos hinc voti pátrias ad oras
Turba revértit.
La céleste Mère regarde tes larmes de ceux qui la prient ;
elle accorde aux malheureux la santé qu’ils désirent,
et la foule revient, ayant ses vœux exaucés,
au pays de ses pères.
Súpplicum, Virgo, miseráta casus,
Semper o nostros réfove labóres,
Impetrans mæstis bona sempitérnæ
Gáudia vitæ.
O Vierge, soyez sensible aux malheurs de ceux qui vous supplient ;
soulagez toujours nos peines, et obtenez-nous,
après la tristesse présente, les douces joies
de l’éternelle vie.
Sit decus Patri, genitǽque Proli,
Et tibi, compar utriúsque virtus
Spíritus semper, Deus unus omni
Témporis ævo. Amen.
Gloire soit au Père, et au Fils engendré de lui,
et à vous, vertu de l’un et de l’autre, Esprit
toujours égal à eux, ô Dieu unique,
dans toute la durée des temps. Amen.

Ant. au Magnificat Aujourd’hui la glorieuse Reine du ciel * est apparue sur la terre ; aujourd’hui elle a apporté a son peuple des paroles de ^salut et des gages de paix ; aujourd’hui les chœurs des Anges et des fidèles tressaillent de joie en célébrant l’Immaculée Conception, alléluia.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Mon arc apparaîtra sur les nuées, et je me souviendrai de mon alliance [6]. Dans la nuit du onze février de l’année 1858 [7], les lectures liturgiques avaient rappelé cette parole à la terre ; et bientôt le monde apprenait que ce jour même Marie s’était montrée, plus belle que le signe d’espérance qui fut au temps du déluge sa figure gracieuse.

C’était l’heure où se multipliaient pour l’Église les signes précurseurs d’un avenir devenu le présent que nous connaissons. L’humanité vieillie semblait menacée de sombrer bientôt dans un déluge pire que l’ancien.

Je suis l’immaculée conception, déclarait la Mère de la divine grâce à l’humble enfant choisie pour porter en un tel moment son message aux guides de l’arche du salut. Aux ténèbres montant de l’abîme elle opposait, pour phare, le privilège auguste que le pilote suprême avait, trois ans auparavant, proclamé comme dogme à sa gloire.

Si, en effet, d’après Jean le bien-aimé, c’est notre foi qui possède ici-bas les promesses de victoire [8] ; si, d’autre part, la foi se nourrit de lumière : quel dogme aussi bien que celui-ci,-supposant et rappelant tous les autres, les illumine en même temps d’un éclat si doux ? Au front de la triomphatrice redoutée de l’enfer, il est vraiment la royale couronne où, comme en l’arc vainqueur des orages, se donnent rendez-vous les diverses splendeurs des cieux.

Mais pourtant fallait-il encore ouvrir les yeux des aveugles à ces splendeurs, rendre courage aux cœurs angoissés par l’audace des négations d’enfer, relever de leur impuissance à former l’acte de foi tant d’intelligences débilitées par l’éducation des écoles de nos jours. Et convoquant les multitudes aux lieux de son apparition bénie, l’Immaculée subvenait aussi forte-^ ment que suavement à la faiblesse des âmes en guérissant les corps ; souriant à la publicité, accueillant tout contrôle, elle confirmait de l’autorité du miracle en permanence sa propre parole et la définition rendue par le Vicaire de son Fils.

Aussi bien que le Psalmiste chantait des œuvres de Dieu qu’elles racontent en toutes langues la gloire de leur auteur [9] ; aussi bien que saint Paul taxait de folie, non moins que d’impiété, quiconque ne se rendait pas à leur témoignage [10] : on peut dire des hommes de notre temps qu’ils sont sans excuse, s’ils ne reconnaissent pas à ses œuvres la Vierge très sainte. Puisse-t-elle étendre ses bienfaits, prendre en pitié les pires malades : ces âmes infirmes qui, dans la crainte inavouée d’importunes conclusions, refusent de voir ; ou, luttant de front contre la vérité, contraignent au paradoxe leur pensée, enténèbrent leur cœur, comme dit l’Apôtre [11], et donneraient à redouter que le sens réprouvé dont les païens portaient le châtiment dans la chair [12] ait frappé leur raison.

« O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! ». C’était la prière que, dès l’année 183o, vous-même nous appreniez devant les menaces de l’avenir. En 1846, les deux bergers de la Salette nous rappelaient vos exhortations et vos larmes. « Priez pour les pauvres pécheurs, pour le monde si agité », nous redit de votre part aujourd’hui la voyante des grottes Massabielle : « pénitence ! pénitence ! pénitence ! »

Nous voulons, Vierge bénie, vous obéir, combattre en nous et partout l’universel autant qu’unique ennemi : le péché, mal suprême d’où dérivent tous les maux. Louange au Tout-Puissant qui daigna vous en épargner la souillure, et réhabiliter tout d’abord en vous si pleinement notre race humiliée ! Louange à vous qui, sans nulles dettes, avez soldé les nôtres dans le sang de votre Fils, dans les larmes de sa Mère, réconciliant la terre et le ciel, écrasant la tête de l’odieux serpent [13] !

Prière ; expiation : n’était-ce pas dès longtemps, dès les temps apostoliques, en ces jours d’introduction plus ou moins immédiate chaque année au Carême, l’instante recommandation de l’Église ? O notre Mère du Ciel, soyez bénie d’être venue si opportunément joindre votre voix, à celle de notre Mère de la terre. Le monde ne voulait plus, ne comprenait plus le remède infaillible, mais indispensable, offert par la miséricorde et la justice de Dieu à sa misère ; il semblait avoir bientôt oublié pour toujours l’oracle : Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous [14].

Votre pitié nous réveille de l’engourdissement fatal, ô Marie ! Sachant notre faiblesse, vous accompagnez de mille suavités la coupe amère ; pour amener l’homme à implorer de vous les bienfaits éternels, vous lui prodiguez ceux du temps. Nous ne serons point de ces enfants qui reçoivent volontiers, les caresses maternelles, et négligent les instructions, les corrections que ces tendresses avaient pour but de leur faire accepter. Nous saurons désormais avec vous et Jésus prier et souffrir ; durant la sainte Quarantaine, avec votre aide, nous nous convertirons et ferons pénitence.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Cette fête fut étendue à toute l’Église latine sous Pie X seulement, un demi-siècle après l’apparition de la Vierge à la Bienheureuse Bernadette Soubirous. Comme jadis un grand nombre de diocèses fêtaient l’apparition de l’Archange Michel sur le mont Gargan, ainsi maintenant que la dévotion envers le sanctuaire marial de Lourdes a atteint une renommée mondiale, il a semblé convenable que toute l’Église occidentale fêtât pareillement les multiples apparitions de la Vierge Immaculée à la candide et naïve pastourelle. Ces révélations, authentiquées par des milliers de miracles, étaient certainement, dans l’intention de la Providence, comme le sceau du Ciel à la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception de Marie, faite par Pie IX quelques années plus tôt. Elles font donc partie en quelque sorte de l’histoire de nos dogmes catholiques, et sous cet aspect la fête liturgique de ce jour a une haute signification apologétique, en tant qu’elle démontre que l’Esprit Saint, selon la promesse divine, deducet... in omnem veritatem.

L’antienne pour l’introït est tirée de l’Apocalypse (XXI, 2) : « J’ai vu la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, qui descendait du ciel où est Dieu, et elle était toute ornée comme une épouse parée pour son époux. » Suit le premier verset du psaume 44. La beauté extérieure de la Vierge, alors que, vêtue de blanc, avec la ceinture bleue à la taille et les rosés sur les pieds, elle apparut à la pieuse Bernadette, indique les sublimes vertus par lesquelles elle attira à elle le Verbe de Dieu, de telle sorte qu’il se la choisit pour Mère.

La première partie de la collecte est prise de la messe de l’Immaculée Conception. Comme Dieu a voulu l’Immaculée Conception de Marie en vue de l’Incarnation de son Christ, qui s’épanouit comme une fleur sur une tige plantée dans une terre vierge et sans souillure, qu’ainsi il garde également de tout mal notre corps et notre âme, afin que nous aussi puissions être à notre tour le temple digne et sans tache du Saint-Esprit et le tabernacle de la divinité.

La lecture est tirée de l’Apocalypse (XI, 19 ; XII, 1, 10) là où saint Jean décrit le temple céleste et l’arche du Testament, figures sous lesquelles l’Esprit Saint désigne précisément Marie. Elle est en effet cette femme dont il est parlé dans les versets suivants, à laquelle le soleil sert de manteau, la lune d’escabeau sous ses pieds, les étoiles de diadème, et qui apparut à l’Apôtre toute remplie de majesté et de gloire, préludant ainsi au triomphe définitif du Christ.

Le répons-graduel est tiré du Cantique (II, 12-14) : « Les fleurs s’épanouirent dans notre champ ; c’est le temps de tailler, parce que l’on entend déjà roucouler les tourterelles. Lève-toi, ô ma bien-aimée, ma belle, et viens, ma colombe, entre les fentes des roches, entre les pierres des cavernes. » -— Cette application à la grotte de l’apparition est vraiment heureuse.

Le verset alléluiatique est tiré du même texte (Cant. II, 14 : « Montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles, car ta voix est suave et ton visage splendide. » — En la Vierge Marie, tout était sainteté et grâce, parce que tout procédait de cet Esprit Paraclet dont elle était le tabernacle.

Après la Septuagésime, au lieu du verset précédent, on devrait chanter le psaume-trait. Toutefois le rédacteur moderne semble en avoir ignoré la structure, car, au lieu d’un psaume, il nous a fait une petite rapsodie de versets enchaînés tant bien que mal.

Marie est l’honneur et la gloire du genre humain, car en elle la postérité d’Adam a remporté la victoire sur le dragon infernal dont le souffle empoisonné n’arriva jamais à flétrir le cœur de la Vierge.

La lecture évangélique de ce jour est constituée par un simple passage de celle du mercredi des Quatre-Temps d’Avent. La Vierge est saluée par l’Ange, qui lui annonce la sublime dignité à laquelle Dieu l’élève, la choisissant pour Mère de son Fils unique incarné. C’est Marie qui imposa à son divin Fils le nom de Jésus, l’Esprit Saint voulant nous indiquer par ce fait que, si Jésus est le Sauveur du genre humain, Marie toutefois est la dispensatrice de ces trésors de rédemption.

Le verset de l’offertoire est le même que pour la fête de l’Immaculée Conception, sauf l’Alléluia que l’on omet aujourd’hui.

Le rédacteur moderne des collectes de cette messe est trop préoccupé des guérisons prodigieuses qui se font à la grotte de Lourdes, pour que, après avoir demandé déjà la santé du corps et de l’âme dans la première collecte, il croie pouvoir se dispenser de répéter la même supplication dans la prière sur l’oblation. Il nous fait donc demander au Seigneur que, par les mérites de la Vierge Immaculée, le Sacrifice que nous allons offrir à la Divine Majesté monte au ciel comme un parfum délicieux, et nous obtienne la santé physique et morale désirée.

Le verset pour la communion est tiré du psaume 64 : « Vous avez visité la terre et l’avez désaltérée, vous l’avez rendue immensément riche. » Cette visite qui fait déborder le cœur d’œuvres saintes est celle que nous fait Jésus dans la sainte Communion.

C’est aux trésors de Jésus que Marie puise à son tour cette source abondante de- grâces symbolisée à Lourdes par cette eau jaillissant de la roche vive de la grotte, et qui, recueillie dans les piscines, donne la santé à tant de malades.

A Lourdes, les pèlerins, après la messe et la communion, demandent à la Vierge une dernière bénédiction, avant de prendre le chemin de retour. C’est le concept dont s’inspire la collecte d’action de grâces de ce jour : « Que la bienheureuse Vierge réconforte par sa droite puissante tous ceux que vous avez rassasiés de l’aliment céleste, afin qu’ainsi tous puissent arriver heureusement à l’éternelle patrie. »

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

La femme vêtue du soleil avec la lune à ses pieds.

Il faut que nous comprenions bien la fête d’aujourd’hui. La liturgie utilise souvent un fait historique pour représenter et développer une idée plus haute. C’est ainsi que nous devrons interpréter les fêtes de la Croix et d’autres messes votives. Au reste, depuis des siècles, on célèbre aussi l’apparition de saint Michel. Nous verrons donc, dans la fête d’aujourd’hui, une extension de la fête de l’Immaculée-Conception.

1. L’Apparition de la Sainte Vierge. Les nombreux miracles qui se sont produits par l’intercession de Marie, sur la terre privilégiée de Lourdes, en France, ont déterminé l’Église à instituer une fête spéciale de « l’Apparition de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée ». Le bréviaire raconte les événements historiques, sur lesquels s’appuie cette fête. Quatre ans s’étaient écoulés depuis la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception de Marie (1854), quand la Sainte Vierge apparut plusieurs fois, dans une grotte, aux bords du Gave, auprès de Lourdes, à une pauvre et pieuse jeune fille nommée Bernadette. L’Immaculée, qui avait un visage juvénile, était vêtue d’une robe blanche et d’un manteau blanc, avec une ceinture bleue et elle avait une rose d’or sur ses pieds. Le premier jour des apparitions, c’était le 11 février 1858, la sainte Vierge exhorta l’enfant à faire pieusement la signe de Croix et à réciter son chapelet. Elle-même prit dans ses mains le rosaire qui pendait à son bras, elle fit de même aux apparitions suivantes. A la seconde apparition, Bernadette, dans sa simplicité enfantine ; lui jeta de l’eau bénite, car elle craignait d’être victime d’une illusion du Malin Esprit, mais la sainte Vierge, souriant doucement, montra un visage encore plus bienveillant. A la troisième apparition, Marie invita la jeune fille à venir pendant deux semaines à la grotte. A partir de ce moment, elle parla assez souvent à Bernadette. Plus tard, elle lui ordonna de demander au clergé de lui bâtir là une chapelle et d’organiser des processions. Elle reçut de même l’ordre de boire de l’eau à la source, qui était encore cachée sous le sable, mais ne devait pas tarder à jaillir, et de s’y laver. Enfin, le Jour de la fête de l’Annonciation, la Vierge indiqua à la jeune fille son nom : « Je suis l’Immaculée Conception. » Plus se répandait le bruit des guérisons qui, au dire des croyants, se produisaient dans la sainte grotte, plus les chrétiens se rendaient en foule au lieu saint. Poussé par la renommée des événements merveilleux et par l’innocence de la jeune fille, l’évêque de Tarbes fit faire une enquête juridique et déclara ensuite, quatre ans après les apparitions, que celles-ci étalent surnaturelles et il autorisa le culte public de la Vierge Immaculée, dans la grotte. Bientôt on éleva, au-dessus de la grotte, une chapelle et, depuis, les foules de pèlerins affluèrent à Lourdes tous les ans, soit pour accomplir un vœu soit pour implorer une grâce.

2. La messe (Vidi civitatem). — La plupart des textes de la messe sont propres et se rapportent à l’apparition miraculeuse de Lourdes. L’Immaculée est la cité sainte qui descend comme une fiancée parée (Intr.) L’Oraison reprend, dans sa première partie, les termes de celle du 8 décembre. « Un grand signe nous est apparu dans le ciel, la femme vêtue du soleil, avec, sur la tête, une couronne de douze étoiles » (Leç.). « Lève toi, ma bien aimée, ma toute belle, viens, ma colombe, dans le creux de la pierre, dans la grotte » (Grad.). Ce verset s’applique ici à la grotte de l’apparition. L’ »Ave » qui retentit sans cesse à Lourdes se fait entendre à l’Évangile et dans le chant de l’Offertoire. L’Eucharistie est la source jaillissante qui fertilise la terre de l’âme. La source miraculeuse de Lourdes en est le symbole (Comm.). Dans la post-communion, le pèlerinage de Lourdes est encore une image et un symbole ; nous demandons la protection pour notre pèlerinage vers la céleste patrie.

[1] Marie fut pauvre en ce monde ; mais « le Seigneur a placé en ses mains toutes les richesses de sa grâce pour qu’elle en enrichisse ceux qui l’aiment ». (Saint Liguori).

[2] « A cause de la sagesse, Dieu a créé le ciel et la terre ; c’est-à-dire, qu’il a créé le ciel et la terre pour l’amour du Messie, son divin Fils, à qui dans les choses divines on attribue la sagesse, et pour l’amour de l’Immaculée Vierge qui est la sagesse du monde. » (Onkélos) « Jésus-Christ et sa Mère ont donc précédé la création en tant que cause finale. » (Corn. a Lapide).

[3] « Bienheureux celui qui se tient aux portes de Marie, pour la prier, comme les pauvres assiègent les portes des riches. Quiconque a recours à Marie trouve non seulement le remède mais encore la vie. » (Saint Liguori). « Marie est appelée porte du ciel, parce que nul ne peut entrer au ciel que par Marie. » (Saint Bonaventure).

[4] « La sagesse qui était de Dieu et qui était Dieu même, s’est bâti une demeure, a savoir sa mère, la Vierge Marie, dans laquelle il s’est taillé sept colonnes ; c’est-à-dire, qu’il l’a rendue digne de lui par la foi et les œuvres. Le nombre trois se rapporte à la foi, à .cause de la Trinité, et le nombre quatre aux quatre vertus principales. » (Saint Bernard). Ces sept colonnes s’entendent aussi des sept dons du Saint-Esprit.

[5] « La Sainte Vierge ne désire rien tant de ses serviteurs que de les voir approcher de la Table Sainte. Venez, nous dit-elle ; mangez mon pain, le pain céleste formé de ma chair et de mon sang, nul ne fortifie davantage le cœur de l’homme, il est le Pain de vie. — Et que boirons-nous, ô Marie, nous n’avons point de vin ? — Buvez, dit-elle, le vin que je vous ai moi- même préparé. Je suis Vierge, mon Fils est Vierge, ce vin engendre les vierges et rend les âmes pures. »( Saint Liguori).

[6] Gen. ix, 14-15.

[7] Jeudi de Sexagésime.

[8] I Johan. V, 4.

[9] Psalm. XVII, 2-5.

[10] Rom. I, 18-22.

[11] Rom. I, 21.

[12] Ibid. 28.

[13] Gen. III, 15.

[14] Luc. XIII, 3, 5.