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08/08 Sts Cyriaque, Large et Smaragde, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Culte attesté en 336. Semidouble jusqu’en 1960. Réduit au rang de commémoraison par le déplacement de la fête de St Jean-Marie Vianney cette année-là.

« La Depositio Martyrum de 354 et le martyrologe hiéronymien annoncent au 7e mille de la via Ostiense un groupe de six martyrs parmi lequels Cyriaque, Large et Smaragde. Or l’évangéliaire de 645, le sacramentaire grégorien, les Gélasiens du VIIIe, ainsi que tous les témoins de la liturgie locale de Rome jusqu’à la fin du XIIe, ne mentionnent que saint Cyriaque. Le fait trouve peut-être son explication dans une précision que donne le Liber Pontificalis. Celui-ci note que le pape Honorius (625-638) érigea au lieu même de leur martyre une église beato Cyriaco a solo. Or les premiers témoins de la fête de ce jour dans la liturgie papale sont à peu près contemporains de la dédicace de Saint-Cyriaque.

Selon la Passio du pape Marcel, saint Cyriaque aurait été enseveli sur la via Salaria le 16 mars et transféré ensuite sur la via Ostiense le 8 août avec les martyrs Large et Smaragde. Or Bède et tous ses successeurs inversent les dates : ils font mention des trois martyrs le 16 mars et du seul Cyriaque le 8 août. Le martyrologe de Saint-Pierre mentionne les six martyrs de la Depositio Martyrum à la fois le 16 mars et le 8 août. La double tradition se retrouve dans les livres liturgiques du Latran et du Vatican à la fin du XIIe siècle : tandis que l’antiphonaire de Saint-Pierre ne connaît que saint Cyriaque, pour lequel il a deux antiennes propres tirées de sa Passio, les documents du Latran et le calendrier du Vatican lui-même célèbrent Cyriaque, Large et Smaragde » [1].

Textes de la Messe

eodem die 8 augusti
ce même 8 août
Ss. CYRIACI, LARGI ET SMARAGDI
Ss CYRIAQUE, LARGE ET SMARAGDE
Martyrum
Martyrs
Commemoratio (ante CR 1960 : semiduplex)
Commémoraison (avant 1960 : semidouble)
Ant. ad Introitum. Ps. 33, 10-11.Introït
Timéte Dóminum, omnes sancti eius, quóniam nihil deest timéntibus eum : dívites eguérunt et esuriérunt : inquiréntes autem Dóminum non defícient omni bono.Craignez le Seigneur, vous, tous ses Saints, car rien ne manque à ceux qui le craignent : les riches ont été dans le besoin et affamés : mais il ne manquera aucun bien à ceux qui craignent le Seigneur.
Ps. ibid., 2.
Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus eius in ore meo.Je bénirai le Seigneur en tout temps : toujours sa louange sera à ma bouche.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos ánnua sanctórum Mártyrum tuórum Cyriáci, Largi et Smarágdi sollemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut, quorum natalítia cólimus, virtútem quoque passiónis imitémur. Per Dóminum.Dieu, vous nous réjouissez par la fête annuelle de vos saints Martyrs Cyriaque, Large et Smaragde : accordez-nous, dans votre miséricorde, qu’honorant leur naissance au ciel, nous imitions aussi le courage qu’ils ont montré dans leur martyre.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Thessalonicénses.Lecture de l’Épître de saint Paul aux Thessaloniciens.
1. Thess. 2, 13-16.
Fratres : Grátias ágimus Deo sine intermissióne : quóniam, cum accepissétis a nobis verbum audítus Dei, accepístis illud, non ut verbum hóminum, sed (sicut est vere) verbum Dei, qui operátur in vobis, qui credidístis. Vos enim imitatóres facti estis, fratres, ecclesiárum Dei, quæ sunt in Iudǽa in Christo Iesu : quia éadem passi estis et vos a contribúlibus vestris, sicut et ipsi a Iudǽis : qui et Dóminum occidérunt Iesum et Prophétas : et nos persecúti sunt, et Deo non placent, et ómnibus homínibus adversántur, prohibéntes nos géntibus loqui, ut salvæ fiant, ut ímpleant peccáta sua semper : pervénit enim ira Dei super illos usque in finem.Mes Frères : Nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, de ce qu’ayant reçu la divine parole que nous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme une parole de Dieu. C’est elle qui déploie sa puissance en vous qui croyez. Car vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des Églises de Dieu qui se réunissent en Jésus-Christ dans la Judée, puisque vous avez souffert vous aussi de la part de vos compatriotes, ce qu’elles ont eu à souffrir de la part des Juifs, de ces Juifs qui ont mis à mort le Seigneur Jésus et les prophètes, nous ont persécutés, ne plaisent point à Dieu et sont ennemis du genre humain, nous empêchant de prêcher aux nations pour leur salut : de sorte qu’ils comblent sans cesse la mesure de leurs péchés. Mais la colère de Dieu est tombée sur eux pour y demeurer jusqu’à la fin.
Graduale. Ps. 33, 10 et 11.Graduel
Timéte Dóminum, omnes sancti eius : quóniam nihil deest timéntibus eum.Craignez le Seigneur, vous, tous ses Saints : car rien ne manque à ceux qui le craignent.
V/. Inquiréntes autem Dóminum, non defícient omni bono.V/. Il ne manquera aucun bien à ceux qui craignent le Seigneur.
Allelúia, allelúia. V/. Sap. 3, 7. Fulgébunt iusti, et tamquam scintíllæ in arundinéto current in ætérnum. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Les justes brilleront et étincelleront éternellement comme les feux qui courent à travers les roseaux. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Marcum.Suite du Saint Évangile selon saint Marc.
Marc. 16, 15-18.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Eúntes in mundum univérsum, prædicáte Evangélium omni creatúræ. Qui credíderit, et baptizátus fúerit, salvus erit : qui vero non credíderit, condemnábitur. Signa autem eos, qui credíderint, hæc sequéntur : In nómine meo dæmónia eiícient : linguis loquéntur novis : serpéntes tollent : et si mortíferum quid bíberint, non eis nocébit : super ægros manus impónent, et bene habébunt.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Allez par tout le monde et prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru en mon nom : ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents, et s’ils boivent quelque poison, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris.
Ant. ad Offertorium. Ps. 31, 11.Offertoire
Lætámini in Dómino et exsultáte, iusti : et gloriámini, omnes recti corde, allelúia, allelúia.Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, et soyez dans l’allégresse : et glorifiez-vous en lui vous tous qui avez le cœur droit, alléluia, alléluia.
SecretaSecrète
Accépta sit in conspéctu tuo, Dómine, nostra devótio : et eórum nobis fiat supplicatióne salutáris, pro quorum sollemnitáte defértur. Per Dóminum.Que les témoignages de notre dévotion soient agréables à vos yeux, Seigneur, et qu’ils contribuent à notre salut, par les supplications de ceux en la solennité desquels nous les offrons.
Ant. ad Communionem. Marc. 16, 17 et 18.Communion
Signa autem eos, qui in me credunt, hæc sequéntur : dæmónia eícient : super ægros manus impónent, et bene habébunt.Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru en moi : ils chasseront les démons : ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris.
PostcommunioPostcommunion
Refécti participatióne múneris sacri, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, cuius exséquimur cultum, intercedéntibus sanctis Martýribus tuis Cyríaco, Largo et Smarágdo, sentiámus efféctum. Per Dóminum.Renouvelés par la participation au don sacré, nous vous demandons, Seigneur notre Dieu, par l’intercession de vos bienheureux Martyrs Cyriaque, Large et Smaragde, de nous faire ressentir l’effet du mystère que nous célébrons.

Office

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Le Diacre Cyriaque, longtemps emprisonné avec Sisinius, Large et Smaragde, opéra de nombreux miracles ; l’un de ces miracles fut de délivrer, par ses prières, Arthémia, fille de Dioclétien, qui était possédée du démon. Envoyé à Sapor, roi des Perses, il délivra également sa fille Jobia d’un esprit mauvais. Quant au roi, son père, il le baptisa, et avec lui quatre-cent trente de ses sujets ; après quoi, il revint à Rome. L’empereur Maximien l’ayant fait arrêter et charger de chaînes, le fit traîner devant son char. Quatre jours après, on le tira de prison, on répandit sur son corps de la poix fondue et on l’étendit sur un lit de fer ; enfin on le frappa de la hache, ainsi que Large, Smaragde et vingt autres, sur la voie Salaria, auprès des jardins de Saluste. Ensevelis sur la même voie par le Prêtre Jean, le dix-sept des calendes d’avril, leurs corps furent enveloppés de tissus de lin et embaumés par le Pontife Marcel et par Lucine, le six des ides d’août, et transférés plus tard sur les terres de cette noble femme, sur la voie d’Ostie, à sept milles de la Ville.

5ème et 6ème leçons du Commun II.

Sermon de saint Jean Chrysostome. Sermo I de Martyribus, tom. 3.

Cinquième leçon. Il n’est personne qui ne le sache : Dieu veut que les peuples célèbrent la gloire des Martyrs, pour leur rendre l’honneur qui leur est dû, et pour avoir sous les yeux, par la grâce de Jésus-Christ, les exemples de leurs vertus. Car, en voyant l’honneur que l’on rend aux vertus de .ces Martyrs, nous apprenons combien grande est la gloire qui appartient dans le Ciel à ceux dont on célèbre solennellement la fête ici-bas ; leurs exemples nous excitent à montrer le même courage, la même dévotion, la même foi, afin qu’avec le secours de Jésus-Christ, nous arrivions à combattre et à vaincre l’ennemi, et qu’après avoir remporté la victoire, nous triomphions comme ces Saints dans le royaume céleste.

Sixième leçon. Quel est celui qui prétendrait être associée leur mérite sans avoir montré la même fermeté, professé leur foi, imité leur courage dans les souffrances ; sans avoir cherché ou trouvé une gloire semblable en conformant sa conduite aux exemples de leur vie ? Et, bien que tous ne puissent arriver au même degré de gloire par le martyre, que chacun du moins par ses bonnes œuvres, se montre digne d’un si grand honneur. Le Dieu plein de bonté est toujours là pour accorder le martyre à ses serviteurs qui le désirent, ou, sans le martyre, leur faire partager les récompenses qu’il donne aux saints Martyrs.

Au troisième nocturne. Lectures propres.

Lecture du saint Évangile selon saint Marc. Cap. 16, 15-18.
En ce temps-là : Allez par tout le monde et prêchez l’Évangile à toute créature. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilia 29 in Evang., post init.

Septième leçon. Ces mots « toute créature », peuvent désigner ici toute la race des Gentils. Car, après avoir dit aux Apôtres : « N’allez point vers les Gentils », s’il leur dit maintenant : « Prêchez à toute créature », c’est évidemment que la prédication évangélique, repoussée d’abord par la Judée, doit tourner à notre profit, quand cette nation orgueilleuse en aura fait par son refus le témoignage de sa condamnation. Mais lorsque la Vérité envoie ses disciples en prédication, que fait-elle autre chose dans le monde, que répandre les grains d’une semence ? Et c’est un petit nombre de grains qu’elle jette en semence, afin de recueillir de notre foi des moissons abondantes.

Huitième leçon. En effet une aussi grande moisson de fidèles ne couvrirait pas le monde entier, si ces grains choisis des prédicateurs n’étaient tombés de la main du Seigneur sur le terrain des âmes. Il est dit aussitôt après : « Celui qui aura été baptisé sera sauvé, mais celui qui n’aura pas cru sera condamné ». Peut-être chacun dira-t-il en soi-même : Pour moi, j’ai déjà cru, donc, je serai sauvé. Il dit vrai, pourvu qu’il confirme sa foi par ses œuvres, car la véritable foi est celle qui ne dément point en actions, ce qu’elle professe en paroles. De là ce que dit saint Paul, au sujet de certains faux croyants : « Ils déclarent connaître Dieu, et ils le nient par leurs œuvres ».

Neuvième leçon. « Or, voici les prodiges qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles ; ils prendront les serpents, et s’ils boivent quelque poison mortel, il ne leur nuira point ; ils imposeront les mains sur les malades et ceux-ci seront guéris ». De ce que vous n’opérez point ces miracles, est-ce à dire, mes frères, que vous ne croyez pas ? Non ; mais ces choses ont été nécessaires dans les commencements de l’Église : pour faire croître la multitude des croyants, il fallait les fortifier par des miracles, comme nous-mêmes nous versons de l’eau au pied des arbustes que nous plantons, jusqu’à ce que nous les voyions déjà affermis en terre ; mais une fois qu’ils ont pris racine, alors cesse l’arrosement. C’est de là que saint Paul prend occasion .de dire : « Les langues sont un signe, non pour les fidèles, mais pour les infidèles ».

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Un précurseur de Laurent, diacre comme lui, paraît au Cycle et fait déjà trembler l’enfer. Cyriaque est puissant contre le démon, et la confiance des peuples l’a rangé à ce titre parmi les Saints auxiliateurs. Il forme avec les compagnons de son martyre un des plus nobles groupes de l’armée du Christ, en cette dernière et décisive bataille où la Croix l’emporta par l’empressement de ses fidèles à montrer qu’ils savaient mourir. Rome, baptisée dans le sang qu’elle avait versé, se trouvait chrétienne en dépit d’elle-même ; tous ses honneurs allaient maintenant à ces hommes qu’au temps de sa démence elle jetait au glaive des bourreaux. Tels sont vos triomphes, ô Sagesse de Dieu.

La mémoire consacrée en ce jour aux trois martyrs se trouve consignée dans les fastes les plus authentiques de l’Église qui nous soient parvenus du IVe siècle [2].Si donc, comme le reconnaît Baronius [3], quelques faits de leur Légende ne sont pas à l’abri d’une critique fondée, leur culte n’en est pas moins immémorial sur la terre ; et la dévotion persévérante dont ils sont l’objet, principalement dans les sanctuaires enrichis de leurs reliques saintes, montre que leur crédit est grand près du trône de l’Agneau.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station sur la voie d’Ostie, au VIIe corps de garde sur le Tibre.

Aujourd’hui le Calendrier Philocalien porte la mention suivante : Ostense, VII ballistaria, Cyriaci, Largi, Crescentiani, Memmiae, lulianetis et Ixmaracdi.

Il faut toutefois distinguer deux différents saints Cyriaque. Le premier est le fondateur du titulus Cyriaci près des jardins de Salluste, et il est mentionné dans le Martyrologe Hiéronymien le 14 avril : et in titulo iuxta Diocletianas, Cyriaci, conditoris tituli. Le second fait partie du groupe des martyrs de la voie d’Ostie que nous fêtons aujourd’hui, mais dès l’antiquité il a été étrangement confondu avec le premier.

Sur la tombe des martyrs de la voie d’Ostie, le pape Honorius Ier érigea une basilique, que les pontifes Léon III et Benoît III honorèrent aussi de leurs dons. Selon l’inscription de Paschal Ier à Sainte-Praxède, les corps de Cyriaque, Large, Smaragde, Crescentien, Memmia et Julienne auraient été transportés dans cette basilique, quoiqu’une épigraphe analogue, qui existe encore dans le Titre d’Equitius, attribue ce fait à Serge II, au bénéfice de ce même Titre.

Le titulus Marcelli revendique également le don des corps des martyrs Large et Smaragde qui y auraient été déposés sous Jean VIII, tandis qu’au contraire Cyriaque, Large, Smaragde, Memmia et Julienne sont nommés dans l’antique catalogue des reliques de Saint-Silvestre in Capite. Très probablement, à l’époque des grandes translations, les corps des martyrs furent divisés entre les diverses églises de Rome, et ainsi s’explique que plusieurs basiliques aient revendiqué par la suite la possession d’un même corps.

Saint Cyriaque fut à Rome l’objet d’une grande dévotion. Outre sa basilique sépulcrale sur la voie d’Ostie, et le titulus Cyriaci près des thermes de Dioclétien (lequel conservait toutefois le souvenir d’un saint Cyriaque qui ne fut probablement pas martyr), nous trouvons une église de Saint-Cyriaque au Transtévère et une autre in Camilliano près de Sainte-Marie in via Lata.

Les Sacramentaires conservent généralement la trace de la distinction primitive entre les deux Cyriaque, l’un fondateur du Titre urbain, et l’autre immolé pour la foi sur la voie d’Ostie avec plusieurs compagnons. De fait, la messe de ce jour est intitulée simplement natale sancti Cyriaci, sans aucune allusion dans les collectes ni à Large ni à Smaragde ; tandis qu’au contraire les chants de l’Antiphonaire sont ceux des fêtes de plusieurs martyrs.

L’antienne pour l’introït est tirée du psaume 33. — « Craignez le Seigneur, vous tous qui lui êtes consacrés ; car rien ne manque à celui qui craint Dieu. Les riches devinrent pauvres et furent réduits au besoin ; au contraire ceux qui craignent Dieu ne seront privés d’aucun bien ». La sainte crainte de Dieu, conservée par les bienheureux même dans la lumière de la vision béatifique, — timor Domini sanctus, permanens in saeculum saeculi [4], — est le véritable patrimoine spirituel de l’âme. Celui à qui Dieu suffit aura peu de besoins en ce monde, et à ceux-ci pourvoira largement la divine Providence. Il y a plus : la bénédiction divine a coutume de profiter même matériellement à ceux qui se confient en Dieu, nous en avons la preuve, depuis de longs siècles, dans le sort des religieux, à qui Jésus a promis le centuple en ce monde et la vie éternelle dans l’autre.

Dans le Sacramentaire Grégorien, les collectes mentionnent seulement saint Cyriaque. Prière. — « O Dieu qui, chaque année, nous consolez par la fête du bienheureux Cyriaque (Large et Smaragde), votre martyr, faites que nous imitions aussi son courage ». L’occasion de faire de grands sacrifices pour Dieu se présente rarement ; ne l’attendons pas pour manifester notre fidélité, car peut-être ne la rencontrerons-nous jamais dans notre vie. Nous devons exercer notre courage dans les mille circonstances quotidiennes de la vie domestique, dans le parfait accomplissement des obligations de notre état. Undique captare proventum [5], sans cesse victorieux et triomphant de nous-mêmes.

La première lecture est tirée de la Ire Épître aux Thessaloniciens (II, 13-16). L’Apôtre loue les fidèles de cette Église, parce que, en accueillant sa parole comme le verbe divin, ils ont, à son exemple, supporté de bon cœur les persécutions des Juifs, jadis meurtriers du Christ.

Aujourd’hui, le choix des deux lectures se rapporte au vaste apostolat que, selon les Actes (peu sûrs d’ailleurs), le diacre Cyriaque aurait exercé à la cour de Dioclétien et à celle de Sapor, roi de Perse, où il aurait même opéré un grand nombre de prodiges.

Le répons-graduel revêt d’une autre mélodie l’antienne de l’introït. Le verset alléluiatique est tiré de la Sagesse (III, 7). « Les justes resplendiront et brilleront éternellement, comme les étincelles dans le chaume ». Maintenant la lumière des justes est cachée sous le boisseau ou dans les vases d’argile où dissimulèrent aussi leurs flambeaux les soldats de Gédéon. Le moment du triomphe arrivé, les soldats brisent les vases, et le flambeau apparaît dans tout l’éclat de sa lumière pour mettre en déroute les hordes des ennemis de Dieu.

La lecture évangélique (Marc., XVI, 15-18) rapporte la promesse faite par Jésus à ses Apôtres des nombreux miracles dont serait accompagnée leur prédication. Cette lecture est commune en partie à la solennité de l’Ascension. La liste de Würzbourg indique au contraire le passage de saint Matthieu (X, 26-32) déjà lu le 20 janvier.

L’on demandera peut-être pourquoi, de nos jours, les miracles sont plus rares que chez les premières générations chrétiennes. Les raisons en sont variées : la foi moindre, le pouvoir plus restreint exercé par le démon sur l’humanité, etc. Il y a aussi un autre motif d’ordre apologétique. Les miracles sont les signes par lesquels Dieu démontre la divinité de son Christ et le caractère messianique de sa mission. Or le Seigneur a déjà fourni ces signes, et ils sont clairs, nombreux, dûment garantis et authentiqués dans les saints Évangiles, lesquels témoignent pour tous les ternes. Habituellement, les miracles ne sont donc plus nécessaires pour confirmer notre sainte religion, car le Seigneur pourrait adresser à ceux qui en réclameraient la réponse faite au mauvais riche qui demandait un prodige en faveur de ses parents : « Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent ».

L’antienne pour l’offertoire est la même que le 10 mars.

La prière sur les oblations et la prière d’action de grâces sont du Commun ; dans les Sacramentaires nous trouvons ces deux autres collectes :

Super oblata. — Suscipe, Domine, sacrificium placationis et laudis ; quod nos, interveniente sancto tuo Cyriaco, et perducat ad veniam et in perpetua gratiarum constituat actione [6].

Ad complendum. — Quaesumus, Domine Deus noster, ut interveniente beato Cyriaco martyre tuo, sacrosancta Mysteria quae sumpsimus, actu subsequamur et sensu [7].

Suivre le mystère eucharistique dans nos actes et dans notre intelligence, signifie le revivre dans la méditation et dans la mortification continuelle.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Vous imposerez les mains aux malades, et ils seront guéris.

1. Saint Cyriaque. — Jour de mort.. 16 mars, vers 305 ( ?) Tombeau : ses restes furent ensevelis par le prêtre Jean près de la voie Salaria. Le saint pape Marcel les fit transporter dans la propriété de Lucina, proche de la voie qui conduit à Ostie. Plus tard, on les ramena à Rome, où ils furent déposés dans l’église Sainte Praxède et dans d’autres églises ; et finalement on les transféra à Neuhausen, près de Worms. Image : celle d’un diacre, un dragon à ses pieds. Vie : Nous faisons aujourd’hui mémoire de plusieurs martyrs. Voici ce qu’en dit la légende du bréviaire : « Le diacre Cyriaque, qui souffrit longtemps dans les cachots avec ses compagnons Sisinius, Large et Smaragde, accomplit de nombreux miracles. C’est ainsi qu’il délivra du démon Arthémia, fille de l’empereur Dioclétien. Envoyé à Sapor, roi des Perses, il délivra également sa fille Jobia d’un esprit mauvais, puis, après avoir baptisé le roi avec 430 de ses sujets, revint à Rome où l’empereur le fit saisir et traîner, chargé de chaînes, devant son char. Quatre jours plus tard, il fut tiré de prison, arrosé de poix bouillante et étendu sur le chevalet ; enfin on le frappa de la hache, ainsi que Large, Smaragde et vingt autres, sur la voie Salaria, auprès des jardins de Salluste ». Saint Cyriaque est l’un des « quatorze saints Auxiliaires ».

2. La Messe. (Timete). — Cette messe très ancienne contient dans ses parties propres de nombreuses allusions à la vie du saint, Pour la bien comprendre, transportons-nous en esprit dans la vieille église dédiée aux martyrs que nous honorons aujourd’hui, près de leur tombeau.

A l’approche de leur fête, les fidèles y amenaient leurs malades et y passaient la nuit avec eux dans l’espoir de les voir recouvrer la santé. On attribuait en effet de nombreuses guérisons miraculeuses à la châsse des saints martyrs, comme l’indique le choix de l’évangile et de la communion de la messe.

L’histoire de saint Cyriaque nous apprend d’ailleurs qu’il opéra lui-même beaucoup de merveilles de ce genre pendant sa vie ; de là encore le choix de l’Évangile (« Allez prêcher l’Évangile à toute créature... Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru... »).

Si, de nos jours, nous sommes moins souvent témoins de ces miracles d’ordre sensible, il en est d’autres qui se réalisent encore, d’une façon spirituelle et invisible, dans les âmes.

L’antienne de communion en signale deux qui s’opèrent ainsi, grâce à l’Eucharistie et à l’intercession de nos saints martyrs : la victoire sur le démon et la guérison des maladies de l’âme. Telle est la fin propre de la sainte Eucharistie.

Le psaume XXXIII, le chant de communion de la primitive Église, reparaît à plusieurs reprises durant la messe comme un leitmotiv. (Introït, Graduel et Communion). Recevons l’enseignement de l’Épître comme de la bouche même de saint Cyriaque : il rend grâces à Dieu de deux choses :
- 1) de ce que nous considérons la prédication comme la parole de Dieu (le ministère de la parole est une fonction du diaconat), et
- 2) de ce que nous demeurons constants au milieu des souffrances et des persécutions. (Donnons-nous vraiment lieu à ces actions de grâces ?)

[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[2] Calendarium BUCHERII.

[3] Annal, ad an. 309, VI.

[4] La crainte du Seigneur est sainte, demeurant dans les siècles des siècles.

[5] Saisir de toute part le futur.

[6] Recevez, Seigneur, le sacrifice de propitiation et de louange ; qu’il nous conduise, par l’intercession de votre saint Cyriaque, au pardon, et qu’il nous place dans une perpétuelle action de grâce.

[7] Nous vous en prions, Seigneur notre Dieu : par l’intercession du bienheureux Cyriaque, votre martyr, faites que les très saints Mystères que nous avons reçus aient leur effet dans nos actes et nos pensées.