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12/12 5ème jour dans l’Octave de l’Immaculée Conception

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Sommaire

  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Leçons des Matines  
  La Messe  

Pendant tout l’Octave de l’Immaculée Conception (supprimé en 1955), on lisait au bréviaire la bulle Ineffabilis Deus du Bhx Pie IX, proclamant le dogme en 1854, ainsi que des lectures patristiques propres.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Considérons la très pure Marie ayant conçu dans son sein le Verbe de Vie, et toute remplie des sentiments que lui inspirent sa religion profonde envers le souverain Seigneur, et son ineffable tendresse de mère envers un tel fils. Admirons une si haute dignité, rendons-lui hommage, et glorifions la Mère d’un Dieu. En elle s’accomplissent et la prophétie d’Isaïe : Une Vierge concevra et enfantera un Fils ; et celle de Jérémie : Le Seigneur a créé quelque chose de nouveau sur la terre : une Femme environnera un Homme ; oracles que les Gentils eux-mêmes avaient mystérieusement recueillis : en sorte que la gloire de la cité des Carnutes d’avoir dédié un autel à la vierge qui devait enfanter, Virgini pariturae, loin d’être douteuse, comme elle le parut aux yeux d’un siècle plus ignorant encore que rationaliste, doit être également attribuée à plusieurs autres villes de l’Occident. Mais qui pourrait raconter la dignité de cette Vierge qui porte en ses flancs bénis le Salut du Monde ? Si Moïse, sortant d’un simple entretien avec Dieu, reparut aux yeux du peuple d’Israël la tête encore environnée des rayons de la majesté de Jéhovah, quelle auréole devait entourer Marie, renfermant en elle, comme un ciel vivant, le souverain Seigneur lui-même ? Mais la divine Sagesse tempérait cet éclat aux yeux des hommes, afin que l’humilité que le Fils de Dieu avait choisie comme le moyen de se manifester à eux, ne fût pas dès l’abord anéantie par la gloire prématurée qui eût éclaté dans sa Mère.

Les sentiments du Cœur de Marie durant ces neuf mois de son union ineffable avec le Verbe divin, nous sont retracés au sacré Cantique, lorsque l’Épouse dit dans son ivresse : « Me voici établie à l’ombre de celui que je désirais, et son fruit est doux à ma bouche ; si je dors, mon cœur veille. Mon âme se fond au bruit de la voix de mon Bien-Aimé ; je suis à lui et il est à moi, celui qui paît entre les lis de ma virginité, jusqu’à ce que le jour de sa Nativité se lève, et que les ombres du péché disparaissent enfin. » Mais souvent aussi, trop faible dans sa mortalité pour soutenir l’amour qui l’oppresse, elle s’écrie aux âmes pieuses, ses compagnes : « O filles de Jérusalem ! Couvrez-moi de fleurs, environnez-moi de fruits odorants ; car je languis d’amour. » — « Cette douce parole, dit le vénérable Pierre de Celles dans son Sermon pour la Vigile de Noël, cette douce parole est celle de l’Épouse qui habite dans les jardins, et qui a voit approcher le temps de son enfantement divin. Quoi de plus aimable entre toutes les créatures que cette Vierge, l’amante du Seigneur, mais premièrement aimée de lui ? C’est elle qui, dans le Cantique, est appelée la biche à jamais chérie. Quoi de plus aimable aussi que a ce Fils de Dieu, né éternellement, et éternellement aimé ; formé, comme dit l’Apôtre, à la fin des temps, au sein de la bien-aimée, et devenu, suivant l’expression du Cantique, le faon, objet de sa tendresse ? Cueillons donc, et préparons nos fleurs, pour les offrir au fils et à la mère. Mais voici les fleurs que nous présenterons en particulier à Notre-Dame. Purifions et renouvelons nos corps par Jésus, qui dit être la Fleur des champs et le Lis des vallons, et efforçons-nous d’approcher de lui par la chasteté. Puis, a défendons la fleur de pureté de tout contact étranger ; car elle se fane, et s’effeuille en un instant, si on l’expose au moindre souffle. Lavons nos mains pour l’offrir dans l’innocence ; et a d’un cœur pur, d’un corps chaste, d’une bouche a sanctifiée, d’une âme intacte, cueillons au jardin du Seigneur les fleurs nouvelles, pour la nouvelle Nativité du nouveau Roi ; environnons de ces fleurs la Sainte des Saintes, la Vierge des Vierges, la Reine des Reines, la Dame des Dames, pour mériter d’avoir notre part en son a Enfantement. »

SÉQUENCE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE. (Tirée des anciens Missels Romains-Français.)
Salut, Vierge gracieuse, Vierge-Mère glorieuse, Mère du Roi de gloire !
Salut, perle éclatante, par qui nous vint la vie du monde, le Christ, Soleil de justice !
Branche d’olivier chargée de fruits ! Les entrailles de votre tendresse ne sont fermées à aucun mortel.
Dans notre exil, vous nous réjouissez, lorsque, vigne féconde, vous produisez pour fruit le Sauveur, le Seigneur.
Salut, Vierge Mère d’un Dieu ! Soleil du jour céleste, Lune dans la nuit de ce monde !
Clémente par-dessus toutes les mères, secourez-nous, malheureux que nous sommes, ô unique espérance des mortels !
Salut, honneur de virginité, temple à Dieu seul réservé ! Rendez pardonnables toutes nos offenses.
Vous êtes toute à nous ; guidez-nous, Etoile de la mer ! Et nous protégez toujours : nous voici dans vos bras.
Vers vous, clémente, nous soupirons ; si vous ne nous conduisez, nous nous égarons ; donc, enseignez-nous ce qu’il faut faire, pour vivre, au terme de ces jours, éternellement avec les Saints.
Jésus-Christ, Fils de Dieu, tout le fondement de notre espérance, par la médiation de votre Mère, donnez-nous part, avec l’assemblée des Anges, à l’éternelle réjouissance.
Amen.

Leçons des Matines

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

De la Bulle dogmatique du Pape Pie IX.

Quatrième leçon. Comme les cérémonies du culte sont intimement liées avec ce qui en est l’objet, et ne peuvent demeurer fixement établies si cet objet est vague et mal défini ; les Pontifes romains, nos prédécesseurs, en même temps qu’ils faisaient tous leurs efforts pour accroître le culte de la Conception, se sont attachés, pour cette raison, avec le plus grand soin, à en faire connaître l’objet et à en bien préciser et inculquer la doctrine. Ils ont, en effet, enseigné clairement et manifestement que c’était la Conception de la Vierge dont on célébrait la fête, et ils ont proscrit comme fausse et entièrement éloignée de la pensée de l’Église, l’opinion de ceux qui croyaient et affirmaient que ce n’était pas la Conception, mais la sanctification de la sainte Vierge, que l’Église honorait.

Cinquième leçon. Ils n’ont pas cru devoir garder plus de ménagements avec ceux qui, pour ébranler la doctrine de l’Immaculée Conception de la Vierge, imaginaient une distinction entre le premier et le second instant de la Conception, et prétendaient qu’à la vérité c’était bien la Conception qu’on célébrait, mais pas le premier moment de la Conception. Nos prédécesseurs, en effet, ont cru de leur devoir de soutenir et de défendre de toutes leurs forces, tant la fête de la Conception de la Vierge bienheureuse, que le premier moment de sa Conception, comme étant le véritable objet du culte. De là ces paroles d’une autorité pleinement décisive, par lesquelles Alexandre VII, l’un de Nos prédécesseurs, a déclaré la véritable pensée de l’Église. « C’est assurément dit-il, une ancienne croyance que celle des pieux fidèles qui pensent que l’âme de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le premier instant où elle a été créée et unie à son corps, a été, par un privilège et une grâce spéciale de Dieu, préservée et mise à l’abri de la tache du péché originel, et qui, dans ce sentiment, honorent et célèbrent solennellement la fête de sa Conception. »

Sixième leçon. Mais surtout Nos prédécesseurs ont toujours, et par un dessein suivi, travaillé avec zèle et de toutes leurs forces, à soutenir, à défendre et à maintenir dans son intégrité la doctrine de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. En effet, non seulement ils n’ont jamais souffert que cette doctrine fût l’objet d’un blâme ou d’une censure quelconque, mais ils sont allés beaucoup plus loin. Par des déclarations positives et réitérées, ils ont enseigné que la doctrine par laquelle nous professons la Conception Immaculée de la Vierge est tout à fait d’accord avec le culte de l’Église et qu’on la considère à bon droit comme telle ; que c’était l’ancienne doctrine presque universelle et si considérable, que l’Église romaine s’était chargée elle-même de la favoriser et de la défendre ; enfin, qu’elle est digne sous tout rapport, d’avoir place dans la Liturgie sacrée et dans les prières les plus solennelles. Non contents de cela, afin que la doctrine de la Conception Immaculée de la Vierge demeurât à l’abri de toute atteinte, ils ont sévèrement interdit de soutenir, publiquement ou en particulier, l’opinion contraire à cette doctrine, et ils ont voulu que, frappée pour ainsi dire, de tant de coups, elle succombât pour ne plus se relever.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
En ce temps-là : L’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu en la ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge qu’un homme de la maison de David, nommé Joseph, avait épousée, et le nom de la vierge était Marie. Et le reste.

Homélie de saint Tharaise, Évêque.

Septième leçon. De quelles louanges vous comblerons-nous, ô Marie ? O fille immaculée, ô Vierge sans souillure ! ô l’honneur des femmes, la gloire des filles ! Ô Vierge et Mère toute sainte ! Vous êtes bénie entre toutes les femmes ; vous êtes illustre pour votre innocence, et vous portez le sceau de la virginité. Vous avez expié la malédiction portée contre Adam ; vous avez payé la dette contractée par Ève. Vous êtes l’offrande très pure d’Abel et comme les prémices choisies de son troupeau ; vous êtes le sacrifice immaculé qu’il offrait. Vous êtes cette espérance en Dieu qu’Enos ne rougissait pas de faire paraître ; vous êtes cette justice d’Énoch, qui commence sur la terre pour passer dans une vie plus sûre. Vous êtes l’arche de Noé, et, près de Dieu, vous nous obtenez le bienfait de la régénération. Vous êtes la splendeur très illustre de la royauté et du sacerdoce de Melchisédech ; vous êtes la ferme confiance d’Abraham et cette foi docile dans la promesse d’une postérité qui devait naître de lui. Vous êtes le nouveau sacrifice d’Isaac et l’holocauste d’une créature raisonnable ; c’est à cause de vous que Jacob vit en songe l’échelle où montaient les Anges ; vous êtes l’expression la plus noble de cette fécondité d’où sortent Ses douze tribus. Vous avez paru fille de Juda par l’origine ; vous êtes la chasteté de Joseph et la ruine de l’antique Égypte, c’est-à-dire de la synagogue des Juifs, ô Immaculée ! Vous êtes le livre donné par Dieu à Moïse, le promulgateur de la loi ; ce livre dans lequel est écrit le mystère de la régénération et qui contient, gravée sur des tables par le doigt divin, la loi reçue sur le mont Sinaï. C’est par vous que le nouvel Israël sera tiré de la servitude des Égyptiens spirituels, et nourri comme l’ancien peuple qui fut rassasié dans le désert de la manne et de l’eau du rocher : or, la pierre était le Christ qui devait sortir de votre sein, comme un époux de la chambre nuptiale. Vous êtes la verge d’Aaron, qui se couvre de fleurs ; vous êtes la fille de David revêtue de vêtements aux franges d’or, et brillante d’ornements variés.

Huitième leçon. Vous êtes le miroir des Prophètes et le terme de leurs prophéties. C’est vous qu’Ézéchiel, dans son ardeur prophétique, appelait la porte close, par laquelle personne ne passera jamais, excepté le Seigneur Dieu lui seul ; et lui-même la conservera close. C’est vous qu’Isaïe, éloquent parmi tous les Prophètes, annonce comme la tige de Jessé d’où naîtra cette fleur, le Christ, qui, après avoir arraché avec leurs racines les rejetons des vices, mettra dans son champ la plante de la connaissance de Dieu. C’est vous que Jérémie a prédite, en s’écriant : « Voilà que des jours viennent, dit le Seigneur, et je ferai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda », cette nouvelle alliance que j’ai promise à leurs pères ; indiquant ainsi la venue et la naissance de votre Fils, et invitant le peuple des Gentils, de la terre entière, à adorer Dieu, lui aussi. C’est vous encore que Daniel, cet homme de désirs, a proclamée sous l’image d’une grande montagne ; vous êtes, en effet, cette montagne d’où le Christ, pierre angulaire, sera détaché pour venir ruiner et réduire en poussière les simulacres du serpent représenté sous mille formes. C’est vous que j’honore brebis sans tache, vous que je publie pleine de grâce, vous que je chante comme l’habitation pure et immaculée de Dieu. Et certes, « là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé. » Par une femme nous est venue la mort ; par une femme, Dieu réparera toutes choses. Par le serpent nous avons reçu un aliment d’amère saveur ; mais votre Fils nous nourrira d’un nouvel aliment d’immortalité. Ève, notre première mère, donna le jour à Caïn, le premier des envieux et des méchants ; votre Fils unique sera le premier-né de la vie et de la résurrection. O prodige inouï ! O admirable nouveauté ! O sagesse dont aucune parole ne peut égaler la grandeur !

Neuvième leçon. Pour nous, peuple de Dieu et nation sainte, société agréable à ses yeux, fils de la colombe, enfants de la grâce ; élevons, dans la solennité de cette fête de la Vierge, élevons au ciel nos suaves cantiques avec des lèvres pures et de toute la force de nos voix. Honorant, comme il convient, cette fête insigne, cette auguste solennité qui réjouit les Anges et qui mérite d’être célébrée par toutes les louanges des hommes, chantons ensemble, avec respect et sainte joie, le salut de Gabriel. Salut, délices du Père, par qui la connaissance de Dieu s’est étendue jusqu’aux extrémités de la terre. Salut, demeure du Fils, d’où il est sorti revêtu de chair. Salut, ineffable sanctuaire de l’Esprit-Saint. Salut, Vierge plus sainte que les Chérubins ; salut, Vierge plus glorieuse que les Séraphins ; salut, Vierge plus grande que le ciel ; salut, Vierge plus resplendissante que le soleil ; salut, Vierge puis brillante que là lune ; salut, ô vous qui possédez l’éclat de tous les astres ensemble ; salut, nuée légère, qui répandez la rosée de la pluie céleste. Salut, brise sainte, qui chassez de la terre l’esprit de malice. Salut, noble objet des louanges des Prophètes ; salut, ô vous dont les Apôtres ont fait retentir le nom dans tout l’univers ; salut, témoignage excellent des Martyrs, salut, vous que les Patriarches ont acclamée avec tant d’éloges ; salut, ô le plus sublime ornement des Saints. Salut, cause de salut pour tous les mortels ; salut, Reine qui nous obtenez la paix ; salut, splendeur immaculée des mères. Salut, médiatrice de tout ce qui est sous le ciel ; salut, réparatrice de tout l’univers ; salut, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, lui qui étant avant vous est né de vous, pour vivre avec nous. A lui soit la louange, en union avec le Père et l’Esprit très saint et vivificateur, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Amen.

La Messe

Comme au jour de la fête