Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Selon St Jérôme, St Paul aurait été le premier des Pères du désert de la Thébaïde (Égypte) où il serait mort vers 342
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur : plantátus in domo Dómini : in átriis domus Dei nostri. | Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban, planté dans la maison du Seigneur, dans les parvis de la maison de notre Dieu. |
Ps. Ibid., 2. | |
Bonum est confitéri Dómino : et psállere nómini tuo, Altíssime. | Il est bon de louer le Seigneur et de chanter votre nom, ô Très-Haut. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio | Collecte |
Deus, qui nos beáti Pauli Confessóris tui ánnua solemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut, cuius natalítia cólimus, étiam actiónes imitémur. Per Dóminum. | O Dieu qui nous réjouissez par la solennité annuelle du bienheureux Paul, votre Confesseur : faites, dans votre bonté, qu’honorant sa naissance au ciel, nous imitions aussi les actions de sa vie. |
Et fit commemoratio S. Mauri Abbatis : | Et on fait mémoire de St Maur, abbé : |
Oratio. | Collecte |
Intercéssio nos, quǽsumus, Dómine, beáti Mauri Abbátis comméndet : ut, quod nostris méritis non valémus, eius patrocínio assequámur. Per Dóminum nostrum. | Que l’intercession du bienheureux Abbé Maur, nous recommande, s’il vous plaît, auprès de vous, Seigneur, afin que nous obtenions, par son patronage, ce que nous ne pouvons attendre de nos mérites. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Philippenses. | Lecture de l’Epître de saint Paul aux Philippiens. |
Philipp. 3, 7-12. | |
Fratres : Quæ mihi fuérunt lucra, hæc arbitrátus sum propter Christum detriménta. Verúmtamen existimo ómnia detriméntum esse propter eminéntem sciéntiam Iesu Christi, Dómini mei : propter quem ómnia detriméntum feci et arbítror ut stércora, ut Christum lucrifáciam, et invéniar in illo, non habens meam iustítiam, quæ ex lege est, sed illam, quæ ex fide est Christi Iesu : quæ ex Deo est iustítia in fide, ad cognoscéndum illum, et virtútem resurrectiónis eius, et societátem passiónum illíus : configurátus morti eius : si quo modo occúrram ad resurrectiónem, quæ est ex mórtuis : non quod iam accéperim aut iam perféctus sim : sequor autem, si quo modo comprehéndam, in quo et comprehénsus sum a Christo Iesu. | Mes Frères : Les choses qui avaient été pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte à cause du Christ. Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j’ai renoncé à toutes choses, les regardant comme des ordures, afin de gagner le Christ, et d’être trouvé en lui, ayant, non pas ma justice, celle qui vient de la loi, mais celle qui vient de la foi au Christ Jésus, la justice qui vient de Dieu moyennant la foi, afin de le connaître, lui et la vertu de sa résurrection, et la participation à ses souffrances, en devenant conforme à sa mort. Pour parvenir, si je le puis, à la résurrection d’entre les morts. Ce n’est pas que j’aie déjà reçu le prix, ou que je sois déjà parfait ; mais je le poursuis pour tâcher de le saisir, puisque j’ai été saisi moi-même par le Christ Jésus. |
Graduale. Ps. 91, 13 et 14. | Graduel |
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur in domo Dómini. | Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban dans la maison du Seigneur. |
V/. Ibid., 3. Ad annuntiándum mane misericórdiam tuam, et veritátem tuam per noctem. | V/. Pour annoncer le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit. |
Allelúia. V/. Osee 14, 6. Iustus germinábit sicut lílium : et florébit in ætérnum ante Dóminum. Allelúia. | Allelúia. V/. Le juste germera comme le lis ; et il fleurira éternellement en présence du Seigneur. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 11, 25-30. | |
In illo témpore : Respóndens Iesus, dixit : Confíteor tibi, Pater, Dómine cæli et terræ, quia abscondísti hæc a sapiéntibus et prudentibus, et revelásti ea parvulis. Ita, Pater : quóniam sic fuit plácitum ante te. Omnia mihi trádita sunt a Patre meo. Et nemo novit Fílium nisi Pater : neque Patrem quis novit nisi Fílius, et cui volúerit Fílius reveláre. Veníte ad me, omnes, qui laborátis et oneráti estis, et ego refíciam vos. Tóllite iugum meum super vos, et díscite a me, quia mitis sum et húmilis corde : et inveniétis réquiem animábus vestris. Iugum enim meum suáve est et onus meum leve. | En ce temps-là Jésus prit la parole et dit : Je vous rends grâce, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et de ce que vous les avez révélées aux petits. Oui, Père, (je vous rends grâce) parce, qu’il vous a plu ainsi. Toutes choses m’ont été données par mon Père. Et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et Je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et recevez mes leçons, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 20, 2-3. | Offertoire |
In virtúte tua, Dómine, lætábitur iustus, et super salutáre tuum exsultábit veheménter : desidérium ánimæ eius tribuísti ei. | Seigneur, le juste se réjouira dans votre force, et il tressaillira d’une vive allégresse, parce que vous l’avez sauvé. Vous lui avez accordé le désir de son cœur. |
Secreta | Secrète |
Laudis tibi, Dómine, hóstias immolámus in tuórum commemoratióne Sanctórum : quibus nos et præséntibus éxui malis confídimus et futúris. Per Dóminum. | Nous vous immolons, Seigneur, une hostie de louange en mémoire de vos saints en qui nous avons confiance pour obtenir de triompher des maux de la vie présente et d’échapper aux maux de la vie future. |
Pro S. Mauro | Pour St Maur |
Secreta | Secrète |
Sacris altáribus, Dómine, hóstias superpósitas sanctus Maurus Abbas, quǽsumus, in salútem nobis proveníre depóscat. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Seigneur, que Saint Maur, abbé, nous obtienne que les offrandes déposées sur vos sacrés autels nous soient utiles pour notre salut. |
Ant. ad Communionem. Ps. 63, 11. | Communion |
Lætábitur iustus in Dómino, et sperábit in eo : et laudabúntur omnes recti corde, allelúia, allelúia. | Le juste se réjouira dans le Seigneur, et espérera en lui ; et tous ceux qui ont le cœur droit se réjouiront, alléluia, alléluia. |
Postcommunio | Postcommunion |
Refécti cibo potúque cælésti, Deus noster, te súpplices exorámus : ut, in cuius hæc commemoratióne percépimus, eius muniámur et précibus. Per Dóminum. | Nourris par un aliment et un breuvage célestes, nous vous prions et supplions, ô notre Dieu, de faire que nous soit assuré le secours des prières de celui en la fête de qui nous les avons reçus. |
Pro S. Mauro | Pour St Maur |
Postcommunio | Postcommunion |
Prótegat nos, Dómine, cum tui perceptióne sacraménti beátus Maurus Abbas, pro nobis intercedéndo : ut et conversatiónis eius experiámur insígnia, et intercessiónis percipiámus suffrágia. Per Dóminum nostrum. | O Seigneur, que le bienheureux Abbé Maur, nous protège, en intercédant pour nous en ce moment où nous avons reçu votre sacrement, afin que nous imitions les remarquables exemples de sa vie et que nous recevions les fruits de son intercession. |
Leçons des Matines avant 1960
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Quatrième leçon. Paul, l’instituteur et le maître des Ermites, naquit dans la basse Thébaïde ; il n’avait que quinze ans lorsqu’il perdit son père et sa mère. Quelque temps après, pour fuir la persécution de Dèce et de Valérien et pour servir Dieu avec plus de liberté, il se retira dans une caverne du désert. C’est là qu’un palmier lui fournissant de quoi se nourrir et se vêtir, il vécut jusqu’à l’âge de cent treize ans : alors saint Antoine, qui en avait quatre-vingt-dix, le visita, d’après un avertissement de Dieu. Ils se saluèrent de leurs propres noms, bien qu’ils ne se connussent point auparavant, et pendant qu’ils se complaisaient à s’entretenir du royaume de Dieu, un corbeau, qui jusqu’alors avait toujours apporté à Paul la moitié d’un pain, en déposa un tout entier auprès d’eux.
Cinquième leçon. Après le départ du corbeau : « Voyez, dit Paul, comment le Seigneur vraiment bon, vraiment miséricordieux, nous a envoyé notre repas. Il y a déjà soixante ans que je reçois chaque jour la moitié d’un pain, et maintenant, à votre arrivée, Jésus-Christ a donné une ration double pour ses soldats. » Ils prirent donc leur nourriture avec action de grâces, au bord d’une fontaine ; ayant ainsi réparé leurs forces et rendu de nouveau grâces à Dieu, selon la coutume, ils passèrent la nuit dans les louanges divines. Au point du jour, Paul, sachant que sa mort était proche, en avertit Antoine, et le pria d’aller chercher, pour ensevelir son corps, le manteau qu’il avait reçu de saint Athanase. Antoine, étant en route pour revenir, vit l’âme de Paul monter au ciel parmi les chœurs des Anges et dans la compagnie des Prophètes et des Apôtres.
Sixième leçon. Quand il fut arrivé à la cellule de Paul, il le trouva à genoux, la tête levée, les mains étendues vers le ciel et le corps inanimé. Il l’enveloppa du manteau et chanta des hymnes et des Psaumes, selon la tradition chrétienne. Comme il n’avait pas d’instrument pour creuser la terre, deux lions accoururent du fond du désert et s’arrêtèrent près du corps du bienheureux vieillard, donnant à entendre qu’ils le pleuraient à leur manière. Ils creusèrent la terre avec leurs griffes à l’envi l’un de l’autre et firent une fosse capable de contenir un homme. Lorsqu’ils furent partis, Antoine déposa le saint corps en ce lieu, et le couvrant de terre, il lui dressa un tombeau à la manière des chrétiens. Quant à la tunique de Paul, qu’il avait tissue de feuilles de palmier comme on fait les corbeilles, il l’emporta avec lui, et tant qu’il vécut, il se servit de ce vêtement aux jours solennels de Pâques et de la Pentecôte.
L’Église honore aujourd’hui la mémoire d’un des hommes le plus spécialement choisis pour représenter la pensée de ce détachement sublime que l’exemple du Fils de Dieu, né dans une grotte, à Bethlehem, révéla au monde. L’ermite Paul a tant estimé la pauvreté de Jésus-Christ, qu’il s’est enfui au désert, loin de toute possession humaine et de toute convoitise. Une caverne pour habitation, un palmier pour sa nourriture et son vêtement, une fontaine pour y désaltérer sa soif, un pain journellement apporté du ciel par un corbeau pour prolonger cette vie merveilleuse : c’est ainsi que Paul servit, pendant soixante ans, étranger aux hommes, Celui qui n’avait pas trouvé de place dans la demeure des hommes, et qui fut contraint d’aller naître dans une étable abandonnée.
Mais Paul habitait avec Dieu dans sa grotte ; et en lui commence la race sublime des Anachorètes, qui, pour converser avec le Seigneur, ont renoncé à la société et même à la vue des hommes : anges terrestres dans lesquels a éclaté, pour l’instruction des siècles suivants, la puissance et la richesse du Dieu qui suffit lui seul aux besoins de sa créature. Admirons un tel prodige ; et considérons, avec reconnaissance, à quelle hauteur le mystère d’un Dieu incarné a pu élever la nature humaine tombée dans la servitude des sens, et tout enivrée de l’amour des biens terrestres.
N’allons pas croire cependant que cette vie de soixante ans passée au désert, cette contemplation surhumaine de l’objet de la béatitude éternelle, eussent désintéressé Paul de l’Église et de ses luttes glorieuses. Nul n’est assuré d’être dans la voie qui conduit à la vision et à la possession de Dieu, qu’autant qu’il se tient uni à l’Épouse que le Christ s’est choisie, et qu’il a établie pour être la colonne et le soutien de la vérité [1]. Or, parmi les enfants de l’Église, ceux qui doivent le plus étroitement se presser contre son sein maternel, sont les contemplatifs ; car ils parcourent des voies sublimes et ardues, où plusieurs ont rencontré le péril Du fond de sa grotte, Paul, éclairé d’une lumière supérieure, suivait les luttes de l’Église contre l’arianisme ; il se tenait uni aux défenseurs du Verbe consubstantiel au Père : et afin de montrer sa sympathie pour saint Athanase, le vaillant athlète de la foi, il pria saint Antoine, à qui il laissait sa tunique de feuilles de palmier, de l’ensevelir dans un manteau dont l’illustre patriarche d’Alexandrie, qui aimait tendrement le saint abbé, lui avait fait présent.
Le nom de Paul, père des Anachorètes, est donc enchaîné à celui d’Antoine, père des Cénobites ; les races fondées par ces deux apôtres de la solitude sont sœurs ; toutes deux émanent de Bethlehem comme d’une source commune. La même période du Cycle réunit, à un jour d’intervalle, les deux fidèles disciples de la crèche du Sauveur.
Nous donnons ici les trois strophes suivantes, consacrées par l’Église Grecque, dans ses Menées, à la louange du premier des Ermites :
Vous contemplez maintenant dans sa gloire, ô prince des Anachorètes, le Dieu dont vous avez médité, durant soixante années, la faiblesse et les abaissements volontaires ; votre conversation avec lui est éternelle. Pour cette caverne, qui fut le théâtre de votre pénitence, vous avez l’immensité des cieux ; pour cette tunique de feuilles de palmier, un vêtement de lumière ; pour ce pain matériel, l’éternel Pain de vie ; pour cette humble fontaine, la source de ces eaux qui jaillissent jusque dans l’éternité. Dans votre isolement sublime, vous imitiez le silence du Fils de Dieu en Bethlehem ; maintenant, votre langue est déliée, et la louange s’échappe à jamais de votre bouche avec le cri de la félicité. Souvenez-vous cependant de cette terre dont vous n’avez connu que les déserts ; rappelez à l’Emmanuel qu’il ne l’a visitée que dans son amour, et faites descendre sur nous ses bénédictions. Obtenez-nous la grâce d’un parfait détachement des choses périssables, l’estime de la pauvreté, l’amour de la prière, et une continuelle aspiration vers la patrie céleste.
La fête de ce patriarche de l’ascèse monastique orientale est entrée très tard dans le calendrier romain, puisque ce fut seulement sous l’influence d’une Congrégation religieuse portant son nom, et qui, après le XIVe siècle, avait pris en Occident un développement considérable, qu’Innocent XIII éleva la fête de saint Paul au rite double pour l’Église universelle. Rome elle-même avait, au XVIe siècle, sur le mont Viminal, un temple en l’honneur de cet admirable fils du désert. Aujour d’hui cet édifice a été confisqué et profané.
L’insigne des Ermites de Saint-Paul était le palmier. De là viennent, dans la messe, les gracieuses et fréquentes allusions à cet arbre providentiel qui fournit à notre saint la nourriture et le vêtement, et qui, par l’extension de ses branches, symbolise si bien dans les Écritures l’activité surnaturelle des justes.
L’histoire de saint Paul, premier ermite, fut écrite vers 376 par saint Jérôme. Son identité avec le moine Paul, que les deux prêtres lucifériens Marcellin et Faustin dans une lettre aux empereurs Valentinien, Théodose et Arcadius (entre 383 et 384), nous décrivent comme un invincible champion de l’orthodoxie de Nicée à Oxyrhynque, n’est pas entièrement démontrée. Si le Paul de ce deuxième document était le même que celui dont saint Jérôme fit l’éloge, le premier ermite nous serait montré sous un jour tout à fait nouveau. Les besoins de la foi l’eussent temporairement transformé en un courageux apôtre. Le document en question ajoute que la fête de saint Paul était dès lors célébrée chaque année par le peuple d’Oxyrhynque [2].
La messe, sauf un verset d’Osée, n’a aucun élément propre, mais emprunte ses diverses parties aux messes du Commun des simples confesseurs.
L’introït est tiré du psaume 91 : « Le juste fleurira comme le palmier et croîtra comme le cèdre sur le Liban. Il sera transplanté dans la maison de Dieu, dans les cours du temple de Yahweh. » — Au juste est promise la fécondité et la force, parce qu’il agit, non par lui-même, mais en Dieu, unique principe de vie. Voilà le secret du succès des œuvres des saints.
La collecte est la suivante : « O Dieu qui réjouissez ce jour par la solennité de votre bienheureux confesseur Paul ; de grâce, accordez-nous d’imiter les œuvres de celui dont nous célébrons la naissance à la vie éternelle. »
La lecture est tirée de l’épître aux Philippiens (III, 7-12) où l’Apôtre rappelle à ses correspondants que, pour gagner le Christ et sa croix, il a abdiqué ces avantages que lui promettait sa situation sociale antérieure vis-à-vis de la Synagogue ; lui, de la tribu de Benjamin, pharisien, disciple de rabbi Gamaliel, zélé gardien de la Thora, jusqu’à devenir persécuteur des chrétiens. Toutes ces circonstances dont se seraient tant glorifiés les émules de l’Apôtre, furent par lui comptées pour rien, et il n’ambitionna plus d’autre gloire que celle de porter en lui-même l’empreinte du Crucifié. C’est seulement à cette condition que Paul se promet d’avoir part avec le Christ à la gloire de la résurrection.
Le graduel est presque semblable à l’introït. Le second verset est le suivant : « Pour célébrer de bon matin votre bonté, et votre vérité au cœur de la nuit. »
Le verset alléluiatique s’inspire du prophète Osée (xiv, 6) : « Le Juste fleurira comme le lis, et sans fin il germera devant le Seigneur. »
Après la Septuagésime, on omet le verset alléluiatique et l’on récite à sa place le psaume tractus, qui, à l’origine, suivait, aux jours de fête, la deuxième lecture de l’Écriture. Quand, au moyen âge, l’on perdit la notion historique de l’origine du tractus, les liturgistes y découvrirent un chant lugubre de pénitence. Au contraire, le Missel n’assigne le tractus qu’aux dimanches de la Septuagésime pascale, à quelques fériés quadragésimales solennelles, et aux fêtes des saints que l’on célèbre durant cette période de préparation à la fête de Pâques. Tous les autres jours de la semaine qui sont sanctifiés par le jeûne n’ont point le tractus — le psaume Domine, non secundum, récité trois fois par semaine en Carême, est d’introduction tardive — précisément parce que le tractus représente encore dans le Missel actuel l’ancien psaume in directum.
Celui-ci, les jours festifs, suivait la seconde lecture, régulièrement tirée du Nouveau Testament — en général des épîtres de saint Paul — mais il disparut quand saint Grégoire le Grand prescrivit, aux messes dominicales en dehors du Carême, le chant de l’Alléluia, jusqu’alors réservé à Rome au seul temps pascal.
Saint Grégoire voulut ainsi égaler le dimanche à la solennité pascale dont il est vraiment, depuis l’antiquité, la commémoration hebdomadaire. Il ne prévit pas, toutefois, toutes les conséquences de cette mesure. Les fêtes des martyrs commencèrent à être placées sur le même plan que le dimanche ; vinrent ensuite celles des confesseurs et des vierges, et il arriva ceci, que ce qui était à l’origine le chant pascal par excellence et que saint Jean, dans l’Apocalypse, met sur les lèvres des bienheureux dans le ciel, devint le chant quotidien du chœur. L’alléluia perdit ainsi toute cette éclatante beauté qu’il avait pour les anciens, lesquels l’entonnaient à l’aube de la nuit de Pâques, quand, avec le Christ triomphateur de la mort, la blanche armée des néophytes sortait processionnellement du baptistère, pour s’approcher pour la première fois de l’autel eucharistique du Seigneur. Le trait est tiré du psaume 111, qui célèbre l’éloge du Juste : « Bienheureux l’homme qui craint Yahweh, et qui trouve son bonheur dans l’observance de ses préceptes. Sa postérité sera puissante sur la terre, parce que la descendance des justes est en bénédiction. La gloire et les richesses sont dans sa maison, et sa justice demeurera à travers tous les siècles. » C’est l’éloge messianique du Juste par excellence, c’est-à-dire du Christ, à qui les saints ont tâché de se conformer.
La lecture évangélique est prise en saint Matthieu (XI, 25-30). Jésus exulte et, rendant grâces au Père, il entonne le chant de l’humilité : Je te remercie, ô Père, parce que tu as caché tes mystères aux sages et aux puissants de ce monde pour révéler au contraire l’Évangile du Royaume, la joyeuse nouvelle, aux pauvres. Venez, vous tous, ô pauvres, vous qui travaillez et êtes fatigués, et je vous dédommagerai de vos peines. Le monde proclame bienheureux ceux qui jouissent ; bienheureux, an contraire, ceux qui, d’eux-mêmes, mettent sur leur cou mon joug, joug d’humilité, de douceur, joug suave, qui est gage de vraie liberté d’esprit et qui contient le secret de la joie intime du cœur.
L’antienne pour l’oblation est tirée du psaume 20 : « Seigneur, par votre puissance le juste exulte et se délecte dans votre salut qu’il reconnaît bien venir de vous. Vous avez rempli le vœu de son cœur. » Voilà comment la louange catholique des saints n’enlève rien à l’adoration que tous nous devons à Dieu ; car si l’Église magnifie la vertu de ses membres de choix, elle en attribue néanmoins toute la gloire, toute la louange et toutes les grâces au Seigneur, devant le trône duquel les saints de l’Apocalypse déposent avec respect leurs couronnes.
La secrète est la suivante : « Seigneur, nous vous offrons ce sacrifice de louange en la fête de vos saints, le cœur plein de confiance qu’il nous servira à échapper aux maux présents et à éviter les périls futurs. »
Le verset pour la communion est tiré du psaume 63. « Le Juste se réjouira parce qu’il met dans le Seigneur son espérance. Tous ceux qui ont le cœur droit seront loués. » Voici donc comment la source de la joie, de la justice et de la gloire est la céleste confiance en Dieu. Se fier à Dieu et faire en sorte que Dieu se fie à nous, la sainteté est toute en cela.
La prière d’action de grâces est la suivante : « Rassasiés par une nourriture et un breuvage divins, nous vous demandons que toujours nous protègent les prières de celui en l’honneur duquel nous avons participé au céleste Sacrifice. »
Un auteur sacré donne une belle définition d’un saint. Un saint, dit-il, est un chrétien qui prend au sérieux les obligations de son baptême et la nature des relations existant entre le Créateur et la créature. Ainsi s’explique-t-on que saint Paul ermite, par exemple, ait pu soutenir près d’un siècle de vie solitaire et pénitente, croyant encore donner trop peu pour conquérir le paradis et Dieu.
Le silence et l’obéissance sont des conditions préalables pour la bonne tenue liturgique.
Nos maîtres de vertu. — Les saints veulent être nos guides vers le ciel. L’Église déroule devant nos yeux la vie des saints, elle exalte leurs vertus et les propose à notre imitation. Considérons les moyens que l’Église emploie pour cela. Aux Matines, nous lisons avec attention la vie du saint, parfois même, l’Église nous fait lire quelques passages de ses écrits. A l’Oraison, il n’est pas rare que l’Église insiste sur sa vertu préférée. Dans les deux lectures de la messe (Ép., Év.) le saint est caractérisé par des paroles de l’Écriture, afin de nous exciter à l’imiter. Il y a même des messes où les chants psalmodiques sont empruntés à la vie du saint. L’Église brosse ainsi un portrait brillant du saint, elle nous invite à le contempler toute la journée et à en reproduire les traits en nous. C’est là le côté éducateur du culte des saints. Les deux saints d’aujourd’hui nous enseignent l’amour de la solitude, le silence et l’obéissance. La solitude et le silence sont la clôture de l’âme. « Pendant que le silence enveloppait la terre », le Fils de Dieu est descendu ici-bas ; c’est ainsi qu’il descend dans notre âme, qu’il aime environner de silence et de solitude. Dans l’agitation du monde, la voix de Dieu ne se fait pas entendre. L’obéissance est une condition préalable pour devenir enfants de Dieu. La désobéissance a introduit le péché sur la terre. L’obéissance du Fils de Dieu, portée jusqu’à la mort, nous a valu la Rédemption et le ciel.
Saint Paul : jour de mort (d’après le martyrologe) : 15 janvier 347, à l’âge de 113 ans. Tombeau : reliques insignes à Rome (Saint Pierre et Sainte Marie du Capitole). Image : On le représente en ermite, vêtu de feuilles de palmier, et avec un corbeau. Sa vie : Paul « le premier ermite » (il est rare que le Missel et le Bréviaire fassent une mention particulière comme celle-ci) est le porte-étendard de ces hommes courageux qui, par amour pour le Christ, quittèrent le monde et peuplèrent le désert où ils s’adonnèrent à la contemplation, au milieu de toutes sortes de privations. Les ermites furent les grands suppliants dans ces jours terribles où l’Église devait, dans des combats violents, se défendre contre les hérésies. Pendant des siècles, leur exemple fut l’école de la perfection chrétienne. Ils furent les précurseurs de la vie monastique et religieuse dans l’Église. Le bréviaire raconte cette légende édifiante au sujet de saint Paul : Un jour, saint Antoine, un vieillard de quatre-vingt dix ans, vint le visiter sur l’ordre de Dieu. Bien qu’ils ne se connussent pas, ils se saluèrent cependant par leurs noms et s’entretinrent de conversations spirituelles ; alors le corbeau qui avait coutume d’apporter à Paul. un demi-pain, apporta un pain entier. Quand le corbeau se fut éloigné, Paul dit : « Vois, le Seigneur qui est vraiment bon et bienveillant, nous a envoyé de la nourriture. Il y a déjà soixante ans que je reçois,. tous les jours un demi-pain, mais, à ton arrivée, le Christ a doublé la ration de ses soldats. » Ils prirent donc, en remerciant Dieu, leur nourriture auprès d’une source, et, après avoir pris un peu de repos, ils offrirent de nouveau leurs actions de grâces au Seigneur, comme ils avaient toujours coutume de le faire, et passèrent toute la nuit dans les louanges de Dieu. Le lendemain, de bonne heure, Paul révéla à Antoine sa mort imminente et le pria de lui apporter le manteau qu’il avait reçu de saint Athanase, pour l’ensevelir dedans. Lorsque Antoine revint de ce voyage, il vit l’âme de Paul, entourée d’anges et au milieu du chœur des Prophètes et des Apôtres, s’envoler au ciel. — Saint Jérôme écrivit, en 376, la vie du premier ermite.
La messe (Justus ut palma). — La messe reflète d’une manière très belle la vie de saint Paul. Quand, à l’Introït, on le compare à un palmier, nous nous souvenons de sa vie dans le désert où le palmier lui fournissait vêtement et nourriture (de même le Graduel). L’Épître est très belle, c’est un des plus sublimes passages de saint Paul. « Ce qui était pour moi un gain, je l’ai regardé à cause du Christ comme une perte... tout me semble une ordure, afin que je gagne le Christ... en lui devenant semblable dans la mort pour parvenir à la résurrection. » L’Évangile aussi est une des plus belles pages de la Sainte Écriture. Le Christ y trace son propre portrait. D’une part il est Dieu, d’autre part il est le Sauveur miséricordieux, dans son humilité et sa douceur. « Venez tous à moi, vous qui êtes fatigués... et je vous soulagerai. » Cela se réalise au Saint-Sacrifice, mais nous devons, par contre, réaliser à l’Offrande cette parole : « Prenez mon joug sur vous. » Considérons qu’à l’Épître c’est notre saint qui parle ; à l’Évangile, c’est Notre-Seigneur. Tous les deux se sont caractérisés d’une manière merveilleuse. Avec les sentiments de l’Épître, approchons-nous, au Saint-Sacrifice, du Seigneur et du Sauveur de l’Évangile.
[1] II Tim. III, 15.
[2] Cf. H. DELEHAYE, La personnalité historique de saint Paul de Thèbes (Analect. Bolland, t. XLIV, pp. 64-69).