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2ème jour dans l’Octave de saint Joseph

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

La solennité de St Joseph et son Octave furent supprimée en 1955 (voir ici), nous donnons ici les leçons de matines (l’Octave entière, sauf le dimanche occurrent, 3ème dimanche après Pâques, était pourvue de lectures propres puisque mobile).

En effet, l’Octave, composée sous saint Pie X, a fait appel aux plus grands docteurs de l’Antiquité chrétienne (saint Augustin, saint Ambroise, saint Chrysostome) et du Moyen-âge (saint Jean Damascène, saint Bernard et saint Bernardin de Sienne) pour méditer le mystère de la place de saint Joseph dans le salut et la filiation de Notre-Seigneur.

Textes de la Messe

Feria Quinta
Jeudi de la 2ème semaine après l’Octave de Pâques
De Die II infra Octavam S. Ioseph
2ème jour dans l’Octave de saint Joseph
semiduplex
semidouble
Infra Octavam, Missa dicitur ut in Festo.Pendant l’Octave, la Messe est dite comme au jour de la Fête.

Office

Leçons des Matines.

Au deuxième nocturne.

Du sermon de saint Bernardin de Sienne.

Quatrième leçon. Puisqu’il y eut entre Marie et Joseph un mariage très véritable, contracté par l’inspiration divine, et que, dans le mariage, l’union des cœurs s’établit à ce point que l’époux et l’épouse sont appelés une même personne, pour exprimer une unité presque parfaite, comment un esprit clairvoyant pourrait-il penser que l’Esprit-Saint aurait uni d’une union si étroite à l’âme d’une Vierge telle que Marie, une autre âme, si celle-ci n’eût eu avec la sienne une grande similitude par la pratique des vertus ? Je le crois donc, ce saint Joseph fut l’homme le plus pur en sa virginité, le plus profond en humilité, le plus ardent en amour de Dieu et en charité, ainsi que très élevé en contemplation. Parce que la Vierge savait que le Saint-Esprit lui avait donné Joseph comme époux, et pour être le fidèle gardien de sa virginité, et pour partager avec elle son amour de charité ainsi que son attentive sollicitude envers son divin Enfant, le Fils de Dieu, oui, je le crois, Marie aimait très sincèrement saint Joseph, de toute l’affection de son cœur.

Cinquième leçon. Joseph eut pour le Christ la plus ardente charité. Qui niera, je vous le demande, qu’en ce Joseph, tenant le Christ dans ses bras ou conversant avec Lui, durant son enfance ou son adolescence te Christ n’ait mis et gravé d’ineffables sentiments et joies à son sujet ? Extérieurement, la grâce du Christ s’unissait, pour produire ce résultat, avec un aspect tout filial ; la parole avec l’affectueuse étreinte. O quels doux baisers il reçut de Lui ! O avec quelle douceur il l’entendait, tout petit enfant, l’appeler en balbutiant du nom de Père, et avec quelle suavité il se sentait doucement embrassé ! Considérez aussi avec combien de compassion, durant les voyages qu’ils entreprirent, Joseph faisait reposer sur ses genoux l’Enfant Jésus épuisé de fatigue, et alors un peu plus grand. C’est qu’un amour sans réserve et transformant le portait vers Lui, comme vers un très doux Fils que le Saint-Esprit lui avait donné par la Vierge, son épouse.

Sixième leçon. Aussi la Mère très prudente, qui avait expérimenté son affection, dit-elle à son Fils Jésus, en le retrouvant dans le temple : « Mon Fils, pourquoi avez-vous agi de la sorte envers nous ? Voilà que votre père et moi, fort affligés nous vous cherchions ». Pour l’intelligence de cette parole on doit remarquer que le Christ renferme en Lui-même deux sortes de saveurs, l’une de douceur, l’autre d’amer-unie, et c’est parce que le très saint Joseph entra admirablement en participation avec le Christ, soit en goûtant la douleur, soit en goûtant la joie, que la bienheureuse Vierge l’appelle, à un titre singulier, le père du Christ. On lit en ce seul passage que la Vierge ait appelé Joseph père de Jésus, car le sentiment de douleur qu’il eut de la perte de Jésus, montre vraiment en lui l’affection paternelle. Si, selon les lois humaines divinement approuvées, quelqu’un peut adopter pour enfant un étranger, combien plus le Fils de Dieu, donné à Joseph en sa très sainte épouse sous l’admirable mystère d’un mariage virginal, doit-il être appelé son fils, et même cru tel, parce qu’en lui se trouva le goût ou sentiment de l’amour paternel et celui de la douleur, quant au bien-aimé Jésus.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 3, 21-23.
En ce temps-là : Il arriva que, tout le peuple recevant le baptême, Jésus ayant aussi été baptisé, comme il priait, le ciel s’ouvrit. Et le reste.

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Septième leçon. On ne devait point refuser d’appeler Joseph père du Christ, pour ce motif qu’il n’a pas concouru à sa génération, car il eût même pu être, par adoption, le père d’un enfant auquel son épouse n’aurait pas donné le jour, mais qui serait venu d’ailleurs. On pensait, sans doute, que le Christ était encore Fils de Joseph, à un autre titre, c’est-à-dire comme engendré de lui : ceux-là le pensaient, qui ignoraient la virginité de Marie. Saint Luc dit en effet : « Jésus avait environ trente ans, étant, comme l’on croyait, fils de Joseph ». Et saint Luc, loin d’indiquer en Marie seule des liens de parenté avec Jésus, n’a pas hésité à les appeler tous deux ses parents, quand il a dit : « L’Enfant croissait et se fortifiait, plein de sagesse, et la grâce de Dieu était en Lui. Or ses parents allaient chaque année à Jérusalem, au jour solennel de la Pâque ».

Huitième leçon. Mais que nul n’estime qu’il faille entendre plutôt ici, sous le nom de parents, des membres de la famille de Marie, se rendant au temple avec elle, sa Mère ; que pourrait-il objecter, celui qui penserait ainsi, à ce que saint Luc dit un peu plus haut, au même endroit : « Son père et sa mère étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de Lui » ? Comme le même Évangéliste expose en son récit que le Christ est né de Marie toujours vierge, et non du fait de relations avec Joseph, d’où vient donc qu’il nomme Joseph, père de l’Enfant, sinon parce qu’il est véritablement, ainsi que nous le comprenons, l’époux de Marie, sans union de la chair, mais par le lien du mariage ; et qu’étant époux de Marie, il est aussi père du Christ, né de son épouse, en un sens beaucoup plus étroit qu’il n’eût été, par adoption, père d’un enfant venu d’une autre famille [1], Voilà encore pourquoi, si l’on pouvait prouver que Marie ne tire nullement son origine de la famille de David, on aurait un motif suffisant de reconnaître le Christ pour fils de David, en suivant cette manière de raisonner selon laquelle Joseph a été appelé père de Jésus.

Neuvième leçon. Saint Luc rapporte, non dès le commencement de son Évangile, mais après le baptême du Christ,-sa généalogie, et n’énumère pas ses ancêtres en descendant, mais en remontant, semblant devoir le mieux désigner comme prêtre venu pour l’expiation des péchés, au moment où une voix du ciel le reconnaît, et où Jean lui-même rend témoignage en disant : « Voici Celui qui ôte les péchés du monde ». Dans son énumération ascendante, cet Évangéliste passe au delà d’Abraham et parvient jusqu’à Dieu, avec qui nous sommes réconciliés, après avoir été purifiés par l’expiation. C’est à bon droit, qu’il entreprend d’établir l’origine du Sauveur en tenant compte d’adoptions ; puisque, par adoption, nous devenons les enfants de Dieu, en croyant au Fils de Dieu. Or il a assez prouvé ne pas avoir dit Joseph fils d’Héli, parce qu’il en était engendré, mais bien parce qu’il en avait été adopté, quand il a dit Adam lui-même fils de Dieu. Adam était l’œuvre de Dieu, mais c’est en conséquence de la grâce (grâce que plus tard il perdit en péchant), qu’il fut placé dans le paradis comme un fils.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Dans l’Octave. — La fête d’hier possède une Octave. Saint Bernardin de Sienne, au bréviaire, continue son beau sermon sur saint Joseph : « Entre Marie et Joseph, il y eut un véritable mariage contracté sous l’inspiration divine. Or, dans le mariage, il y a une telle union des âmes, que l’homme et la femme sont considérés comme ne faisant qu’une personne et, par suite, réalisent ce qu’on peut appeler l’unité suprême. Ceci étant, comment peut-on se figurer que le Saint-Esprit aurait choisi, pour former une telle union avec l’âme de la Sainte Vierge, une âme qui ne lui aurait pas été entièrement semblable par la pratique des vertus ? C’est pourquoi je crois que .saint Joseph eut la plus pure virginité, la plus profonde humilité, l’amour le plus ardent et le plus grand zèle pour Dieu, ainsi que la contemplation la plus élevée. La Vierge savait que celui qui lui était donné par le Saint-Esprit, comme époux et comme gardien fidèle de sa virginité, partagerait son amour et sa sollicitude respectueuse pour le divin Enfant. C’est pourquoi elle aima saint Joseph de toute l’affection de son cœur et très sincèrement. Joseph eut pour le Christ un très ardent amour. Quand il tenait le Christ dans ses bras ou qu’il s’entretenait avec lui, qui douterait que le Christ, enfant ou adulte, n’ait produit et imprimé dans son cœur d’ineffables sentiments de douceur ?.. Combien de doux baisers n’a-t-il pas reçus de lui ? Avec quelle douceur n’entendait-il pas le petit Enfant balbutiant le nom de père ? Quelle suavité quand il recevait les tendres embrassements de Jésus !... »

L’Église place ses enfants sous sa protection
Et se met à l’ombre de ses branches,
A son ombre elle sera à l’abri de la chaleur
Et elle trouvera son repos dans sa gloire, Alléluia
Aie confiance en lui, communauté du peuple,
Répandez vos cœurs devant lui.
Et elle trouvera son repos dans sa gloire.

[1] Dieu mit dans son cœur les sentiments qui convenaient à son rôle. Jésus lui obéissait comme à un père ; il fallait donc qu’il y eut entre les sentiments de Joseph et ceux de Dieu une telle harmonie, que Jésus, en obéissant à son père de la terre, obéit en même temps à son Père du ciel. Dieu lui donna pour son fils un cœur de père, un amour dérivé du sien, et le contact incessant avec Jésus, avivait sans cesse cet amour. Il est le père de Jésus, non seulement le père putatif, le père nourricier, le père adoptif : à cause de la place qu’il occupe auprès de la Sainte Vierge, à cause de la place qu’il occupe de la part de Dieu, Dieu l’ayant chargé de le remplacer auprès de son fils et de sa mère, il reçoit autorité de Dieu lui-même, et sa paternité est une participation de la paternité divine (Thiriet).