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11/05 Sts Philippe et Jacques, apôtres

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Benoît XVI, catéchèses, 28 juin & 6 septembre 2006   

La fête romaine des Sts Philippe et Jacques commémore la dédicace de la basilique des Saint-Apôtres en 570 par Jean III (561-574), que l’on célébra en y déposant les reliques de Philippe et de Jacques le Mineur.

Elle fut élevée au rang de rite double avec les autres fêtes d’apôtres en 1298 par Boniface VIII. Elle devin double de IIe classe en 1568.

Du VIe siècle à nos jours, elle fut fêtée au 1er mai. L’introduction de la fête de St Joseph artisan en 1956 la déplaça au 11 mai, premier jour libre.

Textes de la Messe

die 11 maii
le 11 mai
ante 1955 : die 1 maii
avant 1955 : le 1er mai
Ss PHILIPPI et IACOBI
Sts PHILIPPE et JACQUES
App.
Apôtres
II classis (ante CR 1960 : duplex II classis)
IIème classe (avant 1960 : double IIème classe)
Tempore paschali :Au Temps pascal :
Ant. ad Introitum. Neh. vel 2 Esdr. 9, 27.Introït
Clamavérunt ad te, Dómine, in témpore afflictiónis suæ, et tu de cælo exaudísti eos, allelúia, allelúia.Au temps de leur affliction ils ont crié vers vous, et vous les avez écoutés du ciel, alléluia, alléluia.
Ps. 32, 1.
Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio.Justes, exultez dans le Seigneur : aux coeurs droits convient sa louange.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos ánnua Apostolórum tuórum Philíppi et Iacóbi sollemnitáte lætíficas : præsta, quǽsumus ; ut, quorum gaudémus méritis, instruámur exémplis. Per Dóminum.Dieu qui nous réjouissez en la solennité annuelle de vos de vos Apôtres Philippe et Jacques ; faites, nous vous en prions, que nous soyons instruits aux exemples de ceux dont les mérites nous remplissent d’allégresse.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du livre de la Sagesse.
Sap. 5, 1-5.
Stabunt iusti in magna constántia advérsus eos, qui se angustiavérunt et qui abstulérunt labóres eórum. Vidéntes turbabúntur timore horríbili, et mirabúntur in subitatióne insperátæ salútis, dicéntes intra se, poeniténtiam agéntes, et præ angústia spíritus geméntes : Hi sunt, quos habúimus aliquándo in derísum et in similitúdinem impropérii. Nos insensáti vitam illórum æstimabámus insániam, et finem illórum sine honóre : ecce, quómodo computáti sunt inter fílios Dei, et inter Sanctos sors illórum est.Les justes se lèveront avec une grande assurance contre ceux qui les auront mis dans l’angoisse, et qui auront ravi le fruit de leurs travaux. A cette vue les méchants seront troublés par une horrible frayeur, et ils seront stupéfaits en voyant tout à coup ceux dont ils n’attendaient pas le salut ; ils diront en eux-mêmes, saisis de remords, et gémissant dans l’angoisse de leur cœur : Voici ceux dont nous avons fait autrefois un objet de risée, et un thème d’outrages. Insensés que nous étions, nous regardions leur vie comme une folie, et leur mort comme une honte ; et voilà qu’ils sont comptés parmi les fils de Dieu, et que leur partage est avec les saints.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 88, 6. Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : étenim veritátem tuam in ecclésia sanctórum.Allelúia, allelúia. V/. Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints.
Allelúia. V/. Ioann. 14, 9. Tanto témpore vobíscum sum, et non cognovístis me ? Philíppe, qui videt me, videt et Patrem meum. Allelúia.Allelúia. V/. Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui que me voit, voit aussi mon Père.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 14. 1-13.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Non turbátur cor vestrum. Creditis in Deum, et in me crédite. In domo Patris mei mansiónes multæ sunt. Si quo minus, dixíssem vobis : Quia vado paráre vobis locum. Et si abíero et præparávero vobis locum : íterum vénio et accípiam vos ad meípsum, ut, ubi sum ego, et vos sitis. Et quo ego vado, scitis, et viam scitis. Dicit ei Thomas : Dómine, nescímus, quo vadis : et quómodo póssumus viam scire ? Dicit ei Iesus : Ego sum via et véritas et vita ; nemo venit ad Patrem nisi per me. Si cognovissétis me, et Patrem meum útique cognovissétis : et ámodo cognoscátis eum, et vidístis eum. Dicit ei Philíppus : Dómine, osténde nobis Patrem, et sufficit nobis. Dicit ei Iesus : Tanto témpore vobíscum sum, et non cognovístis me ? Philíppe, qui videt me, videt et Patrem. Quómodo tu dicis : Osténde nobis Patrem ? Non créditis, quia ego in Patre, et Pater in me est ? Verba, quæ ego loquor vobis, a meípso non loquor. Pater autem in me manens, ipse facit ópera. Non créditis, quia ego in Patre, et Pater in me est ? Alióquin propter ópera ipsa crédite. Amen, amen, dico vobis, qui credit in me, ópera, quæ ego facio, et ipse fáciet, et maióra horum fáciet : quia ego ad Patrem vado. Et quodcúmque petiéritis Patrem in nómine meo, hoc fáciam.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Que votre coeur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. Si cela n’était pas, Je vous l’aurais dit ; car je vais vous préparer une place. Et lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin. Thomas Lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où vous allez ; comment pourrions-nous en savoir le chemin ? Jésus lui dit : Je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père, si ce n’est par moi. Si vous m’aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père ; et bientôt vous Le connaîtrez, et vous l’avez déjà vu. Philippe Lui dit : Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous suffit. Jésus lui dit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui que me voit, voit aussi le Père. Comment peux-tu dire : Montrez-nous le Père ? Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais le Père, qui demeure en moi, fait lui-même mes oeuvres. Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Croyez-le du moins à cause de ces oeuvres. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui-même les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais auprès du Père. Et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.
CredoCredo
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 6.Offertoire
Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : et veritátem tuam in ecclésia sanctórum, allelúia, allelúia.Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints, alléluia, alléluia.
SecretaSecrète
Múnera, Dómine, quæ pro Apostolórum tuórum Philippi et Iacóbi sollemnitáte deférimus, propítius súscipe : et mala ómnia, quæ merémur, avérte. Per Dóminum.Recevez favorablement, Seigneur, les dons que nous offrons en la solennité de vos Apôtres Philippe et Jacques : et détournez de nous tous les maux que nous méritons.
Præfatio de Apostolis.Préface des Apôtres [*].
Ant. ad Communionem. Ioann. 14, 9 et 10.Communion
Tanto témpore vobíscum sum, et non cognovístis me ? Philíppe, qui videt me, videt et Patrem meum, allelúia : non credis, quia ego in Patre, et Pater in me est ? Allelúia, allelúia.Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui que me voit, voit aussi mon Père, alléluia : ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Alléluia, alléluia.
PostcommunioPostcommunion
Quǽsumus. Dómine, salutáribus repléti mystériis : ut quorum sollémnia celebrámus, eórum oratiónibus adiuvémur. Per Dóminum.Rassasiés par la participation à ces mystères de salut, nous vous demandons, Seigneur, d’être aidés grâce aux prières de ceux dont nous célébrons la solennité.
Extra Tempus paschale :Hors du Temps pascal :
Ant. ad Introitum. Neh. vel 2 Esdr. 9, 27.Introït
Clamavérunt ad te, Dómine, in témpore afflictiónis suæ, et tu de cælo exaudísti eos.Au temps de leur affliction ils ont crié vers vous, et vous les avez écoutés du ciel.
Ps. 32, 1.
Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio.Justes, exultez dans le Seigneur : aux coeurs droits convient sa louange.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos Apostolórum tuórum Philíppi et Iacóbi sollemnitáte (commemoratióne) lætíficas : præsta, quǽsumus ; ut, quorum gaudémus méritis, instruámur exémplis. Per Dóminum.Dieu qui nous réjouissez en la solennité (commémoraison) de vos Apôtres Philippe et Jacques ; faites, nous vous en prions, que nous soyons instruits aux exemples de ceux dont les mérites nous remplissent d’allégresse.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Ephésios.Lecture de l’Epître de saint Paul aux Ephésiens.
Ephes. 4, 7-13.
Fratres : Unicuíque nostrum data est grátia secúndum mensúram donatiónis Christi. Propter quod dicit : Ascéndens in altum, captívam duxit captivitátem : dedit dona homínibus. Quod autem ascéndit, quid est, nisi quia et descéndit primum in inferióres partes terræ ? Qui descéndit, ipse est et qui ascéndit super omnes cælos, ut impléret ómnia. Et ipse dedit quosdam quidem apóstolos, quosdam autem prophétas, álios vero evangelístas, álios autem pastóres et doctóres, ad consummatiónem sanctórum in opus ministérii, in ædificatiónem córporis Christi : donec occurrámus omnes in unitátem fídei, et agnitiónis Fílii Dei, in virum perféctum, in mensúram ætátis plenitúdinis Christi.Mes Frères : À chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don du Christ. C’est pourquoi l’Ecriture dit : Étant monté en haut, il a emmené des captifs, il a donné des dons aux hommes. Or, que signifie : il est monté, sinon qu’il était descendu d’abord dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses. Et c’est lui qui a donné les uns comme Apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes, d’autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints, pour l’oeuvre du ministère, pour l’édification du corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme parfait, à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ.
Graduale. Ps. 44, 17-18.Graduel
Constítues eos príncipes super omnem terram : mémores erunt nóminis tui. Dómine.Vous les établirez princes sur toute la terre ; ils se souviendront de votre nom, de génération en génération, Seigneur.
V/. Pro pátribus tuis nati sunt tibi fílii : proptérea pópuli confítebúntur tibi.V/. A la place de vos pères, des fils vous sont nés, c’est pourquoi les peuples vous loueront.
Allelúia, allelúia. V/. Ioann. 14, 9. Tanto témpore vobíscum sum, et non cognovístis me ? Philíppe, qui videt me, videt et Patrem meum. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui que me voit, voit aussi mon Père.
In Missis votivis post Septuagesimam, omissis Allelúia et versu sequenti, diciturAux Messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et le verset suivant et on dit
Tractus. Ps. 125, 5-6.Trait
Qui séminant in lácrimis, in gáudio metent.Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse.
V/. Eúntes ibant et flébant, mitténtes sémina sua.V/. Ils allaient et venaient en pleurant, tandis qu’ils jetaient leurs semences.
V/. Veniéntes autem vénient cum exsultatióne, portántes manípulos suos.V/. Mais ils reviendront avec allégresse chargés de leurs gerbes.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 14. 1-13.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Non turbátur cor vestrum. Creditis in Deum, et in me crédite. In domo Patris mei mansiónes multæ sunt. Si quo minus, dixíssem vobis : Quia vado paráre vobis locum. Et si abíero et præparávero vobis locum : íterum vénio et accípiam vos ad meípsum, ut, ubi sum ego, et vos sitis. Et quo ego vado, scitis, et viam scitis. Dicit ei Thomas : Dómine, nescímus, quo vadis : et quómodo póssumus viam scire ? Dicit ei Iesus : Ego sum via et véritas et vita ; nemo venit ad Patrem nisi per me. Si cognovissétis me, et Patrem meum útique cognovissétis : et ámodo cognoscátis eum, et vidístis eum. Dicit ei Philíppus : Dómine, osténde nobis Patrem, et sufficit nobis. Dicit ei Iesus : Tanto témpore vobíscum sum, et non cognovístis me ? Philíppe, qui videt me, videt et Patrem. Quómodo tu dicis : Osténde nobis Patrem ? Non créditis, quia ego in Patre, et Pater in me est ? Verba, quæ ego loquor vobis, a meípso non loquor. Pater autem in me manens, ipse facit ópera. Non créditis, quia ego in Patre, et Pater in me est ? Alióquin propter ópera ipsa crédite. Amen, amen, dico vobis, qui credit in me, ópera, quæ ego facio, et ipse fáciet, et maióra horum fáciet : quia ego ad Patrem vado. Et quodcúmque petiéritis Patrem in nómine meo, hoc fáciam.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Que votre coeur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. Si cela n’était pas, Je vous l’aurais dit ; car je vais vous préparer une place. Et lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin. Thomas Lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où vous allez ; comment pourrions-nous en savoir le chemin ? Jésus lui dit : Je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père, si ce n’est par moi. Si vous m’aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père ; et bientôt vous Le connaîtrez, et vous l’avez déjà vu. Philippe Lui dit : Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous suffit. Jésus lui dit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui que me voit, voit aussi le Père. Comment peux-tu dire : Montrez-nous le Père ? Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais le Père, qui demeure en moi, fait lui-même mes oeuvres. Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Croyez-le du moins à cause de ces oeuvres. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui-même les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais auprès du Père. Et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.
Ant. ad Offertorium. Ps. 18, 5.Offertoire
In omnem terram exívit sonus eórum : et in fines orbis terræ verba eórum.Leur bruit s’est répandu dans toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde.
SecretaSecrète
Múnera, Dómine, quæ pro Apostolórum tuórum Philippi et Iacóbi sollemnitáte (commemoratióne) deférimus, propítius súscipe : et mala ómnia, quæ merémur, avérte. Per Dóminum.Recevez favorablement, Seigneur, les dons que nous offrons en la solennité (commémoraison) de vos Apôtres Philippe et Jacques : et détournez de nous tous les maux que nous méritons.
Præfatio de Apostolis.Préface des Apôtres.
Ant. ad Communionem. Ioann. 14, 9 et 10.Communion
Tanto témpore vobíscum sum, et non cognovístis me ? Philíppe, qui videt me, videt et Patrem meum : non credis, quia ego in Patre, et Pater in me est ? Allelúia, allelúia.Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui que me voit, voit aussi mon Père : ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ?
PostcommunioPostcommunion
Quǽsumus. Dómine, salutáribus repléti mystériis : ut quorum sollémnia (memóriam) celebrámus, eórum oratiónibus adiuvémur. Per Dóminum.Rassasiés par la participation à ces mystères de salut, nous vous demandons, Seigneur, d’être aidés grâce aux prières de ceux dont nous célébrons la solennité (mémoire).

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

Ant. 1 Seigneur, * montrez-nous votre Père, et il nous suffit, alléluia.
Ant. 2 Philippe, * qui me voit, voit aussi mon Père, alléluia.
Ant. 3 Il y a si longtemps * que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, qui me voit, voit, aussi mon Père, alléluia.
Ant. 4 Si vous m’eussiez connu, * vous auriez donc connu mon Père ; mais bientôt vous le connaîtrez, et vous l’avez déjà vu, alléluia, alléluia, alléluia.
Ant. 5 Si vous m’aimez, * gardez mes commandements, alléluia, alléluia, alléluia.
Capitule CSap. 5, 1.Les justes s’élèveront avec une grande fermeté contre ceux qui les ont tourmentés et qui leur ont ravi leurs travaux.

Hymnus C Hymne C
Tristes erant Apóstoli
De Christi acérbo fúnere,
Quem morte crudelíssima
Servi necárant ímpii.
Les Apôtres restaient attristés
de la mort cruelle du Christ,
livré par des serviteurs impies
à un affreux supplice.
Sermóne verax Angelus
Muliéribus prædíxerat :
Mox ore Christus gáudium
Gregi feret fidélium.
Mais un ange vient d’annoncer
aux femmes cette parole de vérité :
Bientôt le Christ, de sa propre bouche,
rendra la joie aux fidèles assemblés.
Ad ánxios Apóstolos
Currunt statim dum nuntiæ,
Illæ micántis óbvia
Christi tenent vestígia.
Tandis qu’elles courent porter aussitôt
cette nouvelle aux Apôtres anxieux,
elles rencontrent Jésus glorieux
et s’attachent à ses pas.
Galilǽæ ad alta móntium
Se cónferunt Apóstoli,
Iesúque, voti cómpotes,
Almo beántur lúmine.
Les Apôtres se rendent sur les
hautes montagnes de Galilée,
leurs vœux s’accomplissent
et ils ont le bonheur de voir Jésus environné de gloire.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Afin que vous soyez toujours, ô Jésus,
la joie pascale de nos âmes ;
délivrez de la mort cruelle du péché
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire à Dieu le Père,
gloire au Fils qui est ressuscité des morts
et gloire au Saint-Esprit
dans les siècles éternels.
Amen.

V/. Saints et justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, alléluia.
R/. Dieu vous a choisis pour son héritage, alléluia.
Ant.au Magnificat Qu’il ne se trouble point * votre cœur et qu’il ne craigne pas : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a beaucoup de demeures en la maison de mon Père, alléluia, alléluia.

A MATINES.

Invitatoire. Le Seigneur, roi des Apôtres. * Venez, adorons-le, alléluia.

Au premier nocturne.

Si en ce temps on ne lit pas l’Épitre de saint Jacques, on prend aujourd’hui pour Leçons du 1er Nocturne le commencement de son Épitre, comme au 4e Dimanche après Pâques ; mais, si on lit cette Épître, on prend l’Écriture occurrente du jour où l’on est. Les Répons se disent toujours du Commun des Apôtres.

Au deuxième nocturne. Quatrième leçon. Philippe, né à Bethsaïde, est l’un des douze Apôtres appelés d’abord par le Christ notre Seigneur. Il apprit à Nathanaël que le Messie promis dans la loi était venu, et le conduisit au Seigneur. Les faits montrent clairement avec quelle familiarité le Christ accueillait Philippe ; des Gentils désirant voir le Sauveur s’adressèrent à cet Apôtre, et le Seigneur, voulant nourrir dans le désert une multitude de personnes, lui parla ainsi : « Où achèterons-nous des pains, pour que ceux-ci mangent » ? Philippe, après avoir reçu le Saint-Esprit, se rendit dans la Scythie, qui lui était échue en partage, pour y prêcher l’Évangile, et il convertit cette nation presque tout entière à la foi chrétienne. Enfin, étant venu à Hiérapolis en Phrygie, il fut attaché à la croix pour le nom du Christ, et accablé à coups de pierres, le jour des calendes de mai. Les Chrétiens ensevelirent son corps dans le même lieu, mais il a été ensuite transporté à Rome et déposé, avec celui du bienheureux Apôtre Jacques, dans la basilique des douze Apôtres.

Cinquième leçon. Jacques, frère du Seigneur, surnommé le Juste, s’abstint dès son jeune âge, de vin, de cervoise, et de chair ; il ne coupa jamais ses cheveux et n’usa ni de parfums, ni de bains. Il n’était permis qu’à lui seul d’entrer dans le Saint des saints ; il portait des vêtements de lin, et était si assidu à la prière que ses genoux étaient devenus aussi durs que la peau d’un chameau. Après l’ascension du Christ, les Apôtres le créèrent Évêque de Jérusalem ; et c’est à lui que Pierre envoya un messager annoncer qu’un Ange l’avait délivré de prison. Une controverse s’étant élevée au concile de Jérusalem, au sujet de la loi et de la circoncision, Jacques fut de l’avis de Pierre, et fit aux frères un discours dans lequel il prouva la vocation des Gentils, et dit qu’il fallait écrire aux frères absents de ne pas imposer aux Gentils le joug de la loi mosaïque. C’est de lui que parle l’Apôtre, quand il écrit aux Galates : « Je ne vis aucun Apôtre, si ce n’est Jacques, le frère du Seigneur ».

Sixième leçon. Telle était la sainteté de sa vie, que les hommes souhaitaient à l’envi de toucher le bord de ses vêtements. Étant parvenu à l’âge de quatre-vingt-seize ans, ayant gouverné très saintement l’Église de Jérusalem pendant trente années, comme il annonçait avec courage et fermeté le Christ, Fils de Dieu, il fut d’abord assailli à coups de pierres, et ensuite mené à l’endroit le plus élevé du temple, d’où on le précipita. Gisant à demi mort, les jambes brisées, il levait les mains au ciel, et priait Dieu pour le salut de ses bourreaux, en disant : « Pardonnez-leur, Seigneur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Pendant qu’il faisait cette prière, on lui brisa la tête d’un coup de fouloir, et il rendit son âme à Dieu en la septième année de Néron. Il fut enseveli près du temple, au lieu même où il avait été précipité. Il a écrit une lettre qui est une des sept Épîtres catholiques.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Jean. Cap. 14, 1-13.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Que votre cœur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. Et le reste.

Homélie de S. Augustin, Évêque.

Septième leçon. Il faut, mes frères, élever avec plus d’énergie nos pensées vers Dieu, afin que notre esprit puisse comprendre, autant qu’il est possible, les paroles du saint Évangile que vous venez d’entendre. Notre Seigneur Jésus-Christ dit à ses disciples : « Que votre cœur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». Il veut prévenir la crainte tout humaine que sa mort pourrait produire dans l’âme de ses disciples et le trouble qui devrait s’ensuivre, et il les console en leur déclarant qu’il est Dieu lui-même : « Vous croyez en Dieu, leur dit-il, croyez aussi en moi ». Car si vous croyez en Dieu, par une conséquence nécessaire, vous devez croire en moi : conséquence qui ne serait point légitime, si Jésus-Christ n’était pas Dieu.

Huitième leçon. Croyez donc en Dieu, et croyez en celui.qui est par nature, et non par usurpation, l’égal de Dieu. Il s’est anéanti lui-même sans perdre la nature divine, mais en prenant la nature de serviteur. Vous craignez la mort pour cette forme de serviteur, « que votre cœur ne se trouble point », la nature divine la ressuscitera. Mais pourquoi les paroles suivantes : « IL y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père », sinon parce que les disciples craignaient pour eux-mêmes ? C’est pour cela qu’ils eurent besoin d’entendre le Sauveur leur dire : « Que votre cœur ne se trouble point ». En effet, quel est celui des Apôtres qui ne devait être saisi de crainte en entendant Jésus dire à Pierre, celui d’entre eux qui avait le plus de confiance et d’ardeur : « Le coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois » ?

Neuvième leçon. Ils craignaient eux-mêmes de périr éloignés de lui, et leur trouble était bien légitime ; mais ces paroles : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père ; autrement je vous l’aurais dit, car je vais vous préparer une place », ces paroles calment le trouble et l’agitation de leur âme, en leur donnant l’espérance certaine qu’après les périls et les épreuves de cette vie, ils seront pour toujours réunis à Dieu avec Jésus-Christ. Si l’un est supérieur à l’autre en force, en sagesse, en justice, en sainteté, « il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père » ; aucun ne sera exclu de cette maison, où chacun sera placé selon son mérite.

A LAUDES.

Ant. 1 Seigneur, * montrez-nous votre Père, et il nous suffit, alléluia.
Ant. 2 Philippe, * qui me voit, voit aussi mon Père, alléluia.
Ant. 3 Il y a si longtemps * que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, qui me voit, voit, aussi mon Père, alléluia.
Ant. 4 Si vous m’eussiez connu, * vous auriez donc connu mon Père ; mais bientôt vous le connaîtrez, et vous l’avez déjà vu, alléluia, alléluia, alléluia.
Ant. 5 Si vous m’aimez, * gardez mes commandements, alléluia, alléluia, alléluia.
Capitule C Sap. 5, 1.Les justes s’élèveront avec une grande fermeté contre ceux qui les ont tourmentés et qui leur ont ravi leurs travaux.

Hymnus CHymne C
Paschále mundo gáudium
Sol núntiat formósior,
Cum luce fulgéntem nova
Iesum vident Apóstoli.
Un soleil plus beau annonce
au monde la joie pascale,
les Apôtres voient Jésus,
resplendissant d’une lumière nouvelle.
In carne Christi vúlnera
Micáre tamquam sídera
Mirántur, et quidquid vident
Testes fidéles prǽdicant.
Ils admirent dans la chair du Christ
ses plaies étincelantes comme des astres,
et, témoins fidèles,
ils annoncent tout ce qu’ils voient.
Rex Christe clementíssime,
Tu corda nostra pósside,
Ut lingua grates débitas
Tuo repéndat nómini.
O Christ, roi très clément,
que ce soit vous qui possédiez nos cœurs,
afin que notre langue rende à votre nom
les actions de grâces qui lui sont dues.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour que vous soyez toujours, ô Jésus,
la joie pascale de nos âmes,
délivrez de la mort cruelle du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio, qui a mórtuis
Surréxit, ac Paráclito,
In sempitérna sæcula.
Amen.
Gloire à Dieu le Père
et à son Fils, qui est ressuscité des morts,
ainsi qu’à l’Esprit Paraclet
dans les siècles éternels.
Amen.

V/. Précieuse en présence du Seigneur, alléluia.
R/. Est la mort de ses Saints, alléluia.

Ant. au Bénédictus Moi je suis la voie, * la vérité et la vie : personne ne vient à mon Père que par moi, alléluia.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Ant., Capitule et V/. comme à Laudes, Hymne comme aux 1ères Vêpres.

Ant. au Magnificat Si vous demeurez en moi, * et que mes paroles demeurent en vous, tout ce que vous demanderez il vous sera fait, alléluia, alléluia, alléluia.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Deux des heureux témoins de la résurrection de notre bien-aimé Sauveur se présentent à nous aujourd’hui. Philippe et Jacques viennent nous attester que leur Maître est véritablement ressuscité d’entre les morts, qu’ils l’ont vu, qu’ils l’ont touché, qu’ils se sont entretenus avec lui durant ces quarante jours ; et afin que nous ne doutions pas de la sincérité de leur témoignage, ils tiennent en main les instruments du martyre qu’ils ont subi pour attester que Jésus, après avoir souffert la mort, est sorti vivant du tombeau. Philippe s’appuie sur la croix où il a été attaché comme son Maître ; Jacques nous montre la massue sous les coups de laquelle il expira.

La prédication de Philippe s’exerça dans les deux Phrygies, et son martyre eut lieu à Hiérapolis. Il était dans les liens du mariage lorsqu’il fut appelé par le Christ, et nous apprenons des auteurs du second siècle qu’il avait eu trois filles qui s’élevèrent à une haute sainteté, et dont l’une jeta un grand éclat sur l’Église d’Éphèse à cette époque primitive.

Plus connu que Philippe, Jacques a été appelé le Frère du Seigneur, parce qu’un lien étroit de parenté unissait sa mère à celle de Jésus ; mais dans ces jours de la Pâque il se recommande d’une manière spéciale à notre admiration. Nous savons, par l’Apôtre saint Paul, que le Sauveur ressuscité daigna favoriser saint Jacques d’une apparition particulière. Une telle distinction répondait, sans aucun doute, à un dévouement particulier de ce disciple envers son Maître. Nous apprenons de saint Jérôme et de saint Épiphane que le Sauveur, en montant aux cieux, recommanda à Jacques l’Église de Jérusalem, et que ce fut pour répondre à la pensée du Maître que cet Apôtre fut établi premier Évêque de cette ville. Au IVe siècle, les chrétiens de Jérusalem conservaient encore avec respect la chaire sur laquelle Jacques siégeait, quand il présidait l’assemblée des fidèles. Nous savons également par saint Épiphane qu’il portait au front une lame d’or, symbole de sa dignité ; son vêtement était une tunique de lin.

La renommée de sa vertu fut si grande que, dans Jérusalem, tout le monde l’appelait le Juste ; et les Juifs assez aveugles pour ne pas comprendre que l’affreux désastre de leur ville était le châtiment du déicide, en cherchèrent la cause dans le meurtre de Jacques qui avait succombé sous leurs coups en priant pour eux. Nous sommes à même de pénétrer l’âme si sereine et si pure du saint Apôtre, en lisant l’admirable Épître où il nous parle encore. C’est là que, dans un langage tout céleste, il nous enseigne que les œuvres doivent accompagner la foi, si nous voulons être justes de cette justice qui nous rendra semblables à notre Chef ressuscité.

Le corps de saint Jacques et celui de saint Philippe reposent à Rome dans la Basilique appelée des Saints-Apôtres. Ils forment un des trésors les plus sacrés de la ville sainte, et l’on a lieu de croire que ce jour est l’anniversaire même de leur Translation. Sauf les fêtes de saint Jean l’Évangéliste et de saint André, frère de saint Pierre, l’Église de Rome fut longtemps sans célébrer les fêtes particulières des autres Apôtres ; elle les réunissait dans la solennité de saint Pierre et de saint Paul, et nous retrouverons encore un reste de cet antique usage dans l’Office du 29 juin. La réception des corps de saint Philippe et de saint Jacques, apportés d’Orient vers le VIe siècle, donna lieu à l’institution de la fête d’aujourd’hui en leur honneur ; et cette dérogation amena insensiblement sur le Cycle l’insertion des autres Apôtres et des Évangélistes. L’Église grecque célèbre les deux Apôtres à des jours différents, qui sont les anniversaires de leur martyre. Nous extrairons d’abord les strophes suivantes consacrées à la louange de saint Philippe.

( DIE XIV NOVEMBRIS.)

Réfléchissant les feux de celui qui est la grande lumière, tu as resplendi, ô Philippe, comme un astre de la plus grande beauté. Tu cherchais le Père des lumières dans son propre Fils, et tu l’y as rencontré. C’est en effet dans la lumière que l’on trouve la lumière, et le Fils est la forme de la substance du Père ; il nous révèle que le Père est son archétype. Demande-lui, ô Apôtre, qu’ils soient sauvés, ceux qui ont été marqués de son sang divin.

O prodige admirable l’Apôtre Philippe, envoyé de Dieu comme un agneau au milieu des loups, se promène sans crainte parmi ces animaux meurtriers ; par la foi il en a fait des agneaux, il a transformé divinement le monde. O œuvre de la foi ! ô puissance admirable !

Toi qui seul es miséricordieux, laisse-toi fléchir par ses prières, et daigne sauver nos âmes.

O prodige admirable ! l’Apôtre Philippe a paru dans le monde comme un puits d’eaux vives où l’on puise la sagesse ; de ce puits dérivaient les enseignements sacrés ; dans ses ruisseaux nous avons bu une eau miraculeuse. Ouvrier divin, que de merveilles tu as opérées ! Aussi vénérons-nous ta mémoire avec foi.

Tu as abandonné tout ce qui est de la terre, afin de suivre le Christ ; l’Esprit Saint t’a rempli de ses ins pirations, ô Philippe ! Il t’a envoyé vers les nations perdues, pour amener les hommes à la lumière de la connaissance divine. Le combat que tu désirais avec ardeur, tu l’as rencontré dans les supplices divers auxquels tu as été soumis, et tu as rendu ton âme à Dieu : demande-lui , ô bienheureux, qu’il daigne nous accorder sa grande miséricorde.

Mettant en fuite les démons, apparaissant comme un astre aux veux de ceux qui étaient plonges élans les ténèbres, tu leur as montré le Soleil éblouissant qui est sorti de la Vierge, tu as renverse les temples des idoles, et rassemble les Églises pour la gloire de notre Dieu ; c’est pourquoi nous te vénérons, et célébrant avec transport ta divine mémoire, nous crions vers toi d’une voix unanime : Apôtre Philippe, prie le Christ Dieu de nous accorder la rémission de nos péchés, à nous qui célébrons avec ardeur ta sainte mémoire.

Tu as paru aux hommes sur la terre comme une nuée spirituelle, contenant une pluie abondante destinée à arroser mystiquement les sillons de nos âmes. Ta parole a lait le tour du monde, et ta rosée est tombée sur lui comme un parfum qui l’embaume. Tu as souffle dans les cœurs des infidèles la divine senteur du Saint-Esprit, et tu as répandu en eux les trésors célestes. Apôtre Philippe, prie le Christ Dieu de nous accorder la rémission de nos péchés, à nous qui célébrons avec transport ta sainte mémoire.

Cueillons maintenant dans les Ménées quelques traits à la louange de saint Jacques, dont la mémoire est demeurée si chère aux Orientaux.

(DIE XXIII OCTOBRIS.)

Venez honorer avec nous la mémoire du Frère du Seigneur, d’un homme saint et inspire de Dieu. Il porta avec ardeur le joug du Christ, il prêcha son Évangile, sa bonté : et son mystère ineffable lui fut confié. Dieu tout-puissant, à sa prière, faites-nous miséricorde.

Le bruit de sa parole retentit jusqu’aux extrémités du monde : par la lumière qu’elle répandait, elle nous disposa à contempler la Vertu divine. Tu es notre pontife, ô Jacques ! Intercède auprès de Jésus ami de l’homme, afin que nos âmes soient sauvées.

Tu as relevé la dignité de ton sacerdoce par le sang de ton martyre, ô saint Apôtre ! Du haut du pinacle du temple, tu as prêché le Dieu Verbe créateur de toutes choses ; précipite delà par les Juifs, tu as mérité d’entrer dans le palais des cieux : Jacques, frère du Seigneur, prie le Christ Dieu, afin que nos âmes soient sauvées.

Votre Apôtre, Seigneur a eu la tête brisée par le bois : mais maintenant il est sur votre arbre de vie dans le paradis ; affranchi du joug des choses terrestres, il goûte avec transport les joies éternelles ; par ses prières, accordez votre paix aux églises.

Dans ta sagesse, ô Jacques, tu nous enseignes que tout bienfait excellent et tout don parfait descendent du Père des lumières sur les mortels ; prie Dieu, ô Apôtre, en faveur de ceux qui te célèbrent dans leurs cantiques, afin qu’ils entrent en partage de ces célestes faveurs.

Frère de Jésus-Christ selon la chair, tu as trouvé grâce auprès de lui, ô Apôtre ! Tu as communiqué à tous les grâces de la lumière et de la connaissance divine, et tu as extirpé jusqu’à la racine l’erreur de l’idolâtrie, ô Jacques ! C’est pour cela que les princes des ténèbres et du mensonge te font injustement périr, au moment où tu prêches la divinité du Sauveur.

Le Fils unique du Père, Dieu et Verbe, qui dans ces derniers temps a daigne vivre au milieu de nous, t’a désigné, ô Jacques, pour le premier pasteur de Jérusalem, pour le dispensateur fidèle des mystères spirituels ; c’est pourquoi nous te vénérons tous, ô Apôtre !

Le chœur des Apôtres t’a élu pour être, comme Pontife, le premier serviteur du Christ dans la sainte Sion, parce que étant, ô Jacques, son frère selon la chair, tu avais suivi ses pas sur la terre comme un voyageur fidèle.

Tout resplendissant de l’éclat des feux du divin Esprit, o Jacques, Frère de Dieu, tu as paru comme le zélateur de la divine bonté ; c’est pourquoi, comme autrefois Aaron, tu as reçu du Seigneur, qui par sa miséricorde t’avait admis parmi ses frères les Apôtres, une robe plus sacrée que celle du sacerdoce de la loi ; supplie-le de sauver nos âmes, o glorieux Apôtre.

Saints Apôtres, vous avez vu notre divin Ressuscite dans toute sa gloire ; il vous a dit au soir de la Pâque : « La paix soit avec vous ! » et durant ces quarante jours il vous a apparu, afin de vous rendre certains de sa résurrection. Votre joie fut grande de revoir ce Maître chéri qui avait daigné vous choisir pour ses confidents les plus intimes, et votre amour pour lui devint plus ardent que jamais. Nous nous adressons à vous comme aux initiateurs des fidèles au divin mystère de la Pâque ; vous êtes aussi nos intercesseurs spéciaux en ce saint temps. Faites-nous connaître et aimer Jésus ressuscité. Dilatez nos cœurs dans l’allégresse pascale, et ne permettez pas que nous perdions jamais la vie que nous avons recouvrée avec Jésus.

Votre dévouement pour lui, ô Philippe, se montra dès les premiers jours de votre vocation. A peine aviez-vous connu ce divin Messie, que vous couriez tout aussitôt l’annoncer à Nathanaël votre ami. Jésus vous laissait approcher de sa personne avec une douce familiarité. Au moment d’opérer le grand miracle de la multiplication des pains, c’est à vous qu’il s’adressait, et qu’il disait avec une adorable bonté : « Où achèterons-nous des pains pour nourrir tout ce monde ? » Peu de jours avant la Passion de votre Maître, des hommes de la gentilité ayant désiré voir de leurs veux ce grand prophète dont on racontait tant de merveilles, ce fut à vous qu’ils s’adressèrent pour les conduire vers lui. Avec quelle ardeur, à la dernière Cène, vous demandiez à Jésus qu’il vous fît connaître le Père céleste ! Votre âme aspirait à la lumière divine ; et quand les feux de l’Esprit-Saint retirent embrasée, rien ne fut au-dessus de votre courage. Pour récompense de vos labeurs, Jésus vous fit partager les honneurs de sa croix. Demandez, ô saint Apôtre, que nous imitions voire recherche empressée auprès de notre commun Maître, et que sa croix nous soit douce quand il lui plaît de la partager avec nous.

Et vous qui êtes appelé Frère du Seigneur, vous dont le noble visage retraçait ses traits, Pasteur de l’Église de Jérusalem, nous honorons aussi votre amour pour le divin Rédempteur. Si vous avez faibli un moment avec les autres, au moment de la Passion, votre repentir l’attira près de vous : après Pierre, vous fûtes le premier des Apôtres auquel il daigna se manifester en particulier. Recevez aujourd’hui nos félicitations, ô Jacques, pour cette faveur si digne d’envie, et en retour faites-nous goûter combien le Seigneur ressuscité est doux. Votre cœur, ô saint Apôtre, n’aspira plus qu’à montrer à Jésus la reconnaissance tient il était rempli ; et le dernier témoignage que vous rendîtes à sa divinité dans la cité infidèle, lorsque les Juifs vous eurent élevé sur le sommet du temple, vous ouvrit par le martyre la voie qui devait vous réunir à lui pour toujours. Obtenez, généreux Apôtre, que nous le confessions aussi avec la fermeté qui convient à ses disciples ; que nous n’hésitions jamais lorsqu’il s’agit de proclamer ses droits sur toute créature.

Nous vous réunissons dans une prière commune, ô saints Apôtres, et nous vous demandons d’avoir pitié des Églises de l’Orient que vous avez évangélisées. Priez pour Jérusalem que profanent le schisme et l’hérésie, que l’infidèle retient encore sous son joug. Obtenez que nos yeux la voient bientôt purifiée et affranchie, que ses Lieux saints cessent d’être souillés chaque jour par le sacrilège. Suscitez chez les chrétiens de l’Asie-Mineure le désir de rentrer dans l’unité du bercail que gouverne le souverain Pasteur. Enfin, ô saints Apôtres, priez pour Rome, votre seconde patrie. C’est dans son sein que vous attendez la résurrection glorieuse ; pour prix de la religieuse hospitalité qu’elle vous donne depuis tant de siècles, couvrez-la de votre protection, et ne permettez pas que la cité de Pierre, votre auguste Chef, voie plus longtemps dans ses murs l’abaissement de la Chaire apostolique.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station aux Saints-XII-Apôtres.

Primitivement, l’apôtre Jacques, fêté en ce jour à Rome (et cela concordait avec la tradition orientale et avec le Lectionnaire syrien d’Antioche), était Jacques le Majeur, frère de Jean, qui fut en effet mis à mort à l’époque de la fête de Pâques. Toutefois, comme parmi les apôtres et les disciples du Seigneur il y eut plusieurs Jacques, et que le Ier mai, à Rome, l’on fêtait aussi la dédicace de l’« Apostoleion », où étaient déposées quelques reliques des apôtres Philippe et Jacques le Juste, celui-ci, avec le temps, élimina son homonyme, qui trouva une nouvelle place le 25 juillet. La tradition syriaque assigne la date du 27 décembre à la mort de saint Jacques, premier évêque de Jérusalem et, en ce jour, l’on fête aussi saint Jean l’Évangéliste.

La même incertitude règne à l’égard de saint Philippe fêté aujourd’hui. Une vieille tradition liturgique romaine l’identifierait à ce Philippe Évangéliste de Césarée qui baptisa l’eunuque de la reine des Éthiopiens ; cependant celui-ci était un des sept premiers diacres hellénistes de Jérusalem, qu’il faut distinguer de l’Apôtre du même nom.

Malgré ces oscillations de la tradition, il est pourtant démontré que l’Apostoleion romain, commencé par Jules Ier, reconstruit par Pelage Ier, fut dédié par Jean III à la mémoire de tous les Apôtres, et, en particulier, de Philippe et Jacques ; en sorte que les deux titres : Ad Sanctos Apostolos ou Basilica Apostolorum Philippi et Iacobi furent l’un et l’autre en usage pendant quelque temps. Finalement le titre liturgique des Saints-Apôtres prévalut, et c’est celui qui a cours aujourd’hui.

L’inscription absidale rappelait jadis l’histoire de l’édifice :

PELAGIVS • COEPIT • COMPLEVIT • PAPA • IOHANNES
UNVS • OPVS • AMBORVM • PAR • MICAT • ET • PRAEMIVM

En 1873, à l’occasion d’une restauration générale du temple, on retrouva, sous l’autel principal, l’antique coffret des reliques déposées là par Jean III le jour de la dédicace ; il contenait quelques fragments d’os, des résidus d’enveloppes de soie et de substances aromatiques.

Autrefois, les vers suivants narraient au peuple l’histoire et les gloires de l’Apostoleion romain :

HIC • PRIOR • ANTISTES • VESTIGIA • PARVA • RELIQVIT
SVPPLEVIT • COEPTVM • PAPA • IOHANNES • OPVS,
LARGIOR • ET • EXISTENS • ANGVSTO • IN • TEMPORE • PRAESVL
DESPEXIT • MVNDO • DEFICIENTE • PREMI
FLVCTIBVS • HVMANIS • PORTVM • SCIT • FERRE • SALVTIS
CVI • SEMPER• CVRAE • EST • REDDERE • VOTA • DEO
NOMINE • CENSVRA • MENTE • ET • SERMONE • IOHANNIS
QVI • SIBI • COMMISSAS • PASCERE • NOVIT • OVES
HOC • OPVS • EXCOLVIT • QVO • PLEBS • FESTINA • RECVRRENS
ERIPITVR • MORSV • DILACERANDA • LVPI
Son prédécesseur avait à peine commencé cet édifice,
Le pape Jean le termina.
Pontife à l’esprit large, bien que les temps fussent tristes alors
Il ne fut pas arrêté par la crainte d’être emporté dans la catastrophe du monde entier.
En face des tempêtes de l’humanité, il institua ce port de salut,
Tandis que son esprit élevait vers Dieu une prière ininterrompue.
Il fut vraiment un second Jean, par le nom, l’austérité, les desseins, les discours ;
Il sut conduire au pâturage le troupeau à lui confié.
Il érigea cet asile, où il se hâta de mettre en sûreté le peuple fidèle,
Afin de l’arracher à la dent du loup.

La messe composée à cette occasion révèle bien son caractère de circonstance, surtout dans l’introït, où l’on décrit la joie et l’émotion des Romains après qu’ils eurent été délivrés de Totila par l’eunuque Narsès. Il peut se faire que cette condition personnelle du grand capitaine byzantin ait influé sur le choix de saint Philippe, que l’on identifiait à tort avec celui qui avait baptisé l’eunuque de Candace, le Narsès de ce temps.

L’introït est tiré d’EsDRAS, II, IX, 28 : « Durant le temps de l’affliction ils élevèrent leur cri vers vous, Seigneur ; et vous, . du ciel, vous l’exauçâtes. Alléluia, alléluia. » Ps. 32 : « Exultez, ô justes, dans le Seigneur ; il convient aux hommes droits de le louer. »

La prière est la suivante : « O Dieu qui nous consolez chaque année par la solennité de vos bienheureux apôtres Philippe et Jacques ; faites que les exemples de ceux dont les mérites nous réjouissent aujourd’hui nous instruisent. Par notre Seigneur, etc. ».

Autrefois on lisait aujourd’hui, à Rome, deux leçons de l’Écriture, tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament. Cette dernière (Ephes., IV, 7-13) a disparu, et la première est demeurée ; elle appartient au Commun des Martyrs durant le temps pascal. Elle a déjà été indiquée le 13 avril, pour la fête de saint Herménégilde.

Suit le double verset alléluiatique. Le premier est tiré du Psautier : « Alléluia, alléluia. » Ps. 88 : « Les cieux révèlent, Seigneur, vos merveilles ; et dans l’assemblée des saints est exaltée votre vérité. »

Le second verset est pris de la péricope évangélique de ce jour : « Alléluia » (Ioan., XIV, 9) : « Depuis si longtemps je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore ? Philippe, qui me voit, moi, voit aussi mon Père. Alléluia. »

Dans la tradition conservée par les manuscrits, nous trouvons au contraire cet autre verset : Alléluia. Nimis honorati sunt, etc.

La lecture évangélique, comme il est de règle au temps pascal, est un passage du dernier discours du divin Maître, là où il répond à Philippe qui lui demande de voir le Père (Ioan., XIV, 1-13). Le temps présent est le temps de la foi et non de la vision ; il convient donc de nous contenter de voir le Père et l’auguste Trinité au moyen de Jésus-Christ qui, comme Dieu, est la parfaite image de la divinité. Comme Dieu, Jésus est la splendeur de sa substance ; comme homme, il est l’exemplaire le plus parfait, qui, mieux que tout autre, reproduit dans une forme créée l’archétype original incréé.

L’antienne pour l’offrande des oblations est identique au premier verset alléluiatique après l’épître. Les cieux dont il est question ici, et qui révèlent les merveilles divines, symbolisent les saints Apôtres qui, ayant reçu les prémices de l’Esprit, ont pour cela obtenu la place la plus éminente dans la hiérarchie de l’Église.

La prière sur l’oblation est la suivante : « Acceptez, Seigneur, dans votre clémence, l’oblation que nous vous offrons en la solennité de vos apôtres Philippe et Jacques, et éloignez de nous les châtiments que nous n’avons que trop mérités. Par notre Seigneur, etc. »

La préface est maintenant celle du Commun des Apôtres. Dans le Sacramentaire Grégorien elle était ainsi conçue : ... aeterne Deus, qui ecclesiam tuant, in apostolica soliditate firmasti, de quorum consortio sunt beati Philippus et Iacobus, quorum passionis hodie festa veneramur ; poscentes ut sicut eorum doctrinis instruimur, ita exemplis muniamur et precibus adiuvemur, per Christum etc.

L’antienne pour la Communion du peuple est tirée de l’Évangile de ce jour (Ioan., XIV, 9-10) : « Depuis si longtemps j’ai été avec vous, et vous ne me connaissez pas encore ? Philippe, celui qui me voit, voit aussi mon Père. Alléluia. Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Alléluia, alléluia. »

Quelle suavité dans ce reproche de Jésus aux âmes qu’au moyen d’une vocation spéciale, religieuse, ecclésiastique, etc., il appelle à son intimité ! Vous ne m’avez pas encore compris ! En effet, connaître et comprendre Jésus signifie l’imiter et fidèlement le reproduire dans sa vie. Chaque fois donc que nous commettons la faute la plus minime, nous nous éloignons de cette douce contemplation de Jésus.

La collecte après la Communion est la suivante : « Fortifiés par le mystère de notre salut, nous vous supplions, Seigneur, de nous accorder l’aide des prières de ceux dont, aujourd’hui, nous célébrons la fête. Par notre Seigneur, etc. »

Le Sacramentaire Grégorien ajoute en ce jour la prière super populum, qui servait jadis de bénédiction finale : Beatorum Apostolorum Philippi et Iacobi continua, Domine, plebs tua semper exsultet : et his praesulibus gubernetur, quorum et doctrinis gaudet et meritis. Per Dominum... Beaucoup disent avec saint Philippe : Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous, suffit. Mais beaucoup aussi se font illusion sur leurs conditions personnelles et croient qu’un amour sentimental suffit et tient lieu de la pureté de l’esprit et du détachement de toutes les choses créées. Un atome de poussière sur l’œil empêche la vue et cause une grande douleur. Ainsi en va-t-il pour l’âme : une affection désordonnée lui enlève la libre vue de Dieu et lui cause un grand préjudice. Gerson disait à ce sujet : Omnis copia quae Deus tuus non est, tibi inopia est.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Je suis la voie, la vérité, la vie.

Le premier mai est dans beaucoup de pays la fête du travail. La plupart des métiers, ainsi que les écoles, célèbrent cette fête. Ce jour doit être pour nous, chrétiens, un jour de fête religieuse. Nous avons pour cela deux motifs : C’est aujourd’hui le premier jour du « mois le plus beau » qui, pour les chrétiens, est le « mois de Marie ». Aujourd’hui aussi est une fête d’Apôtres et ces jours, dans l’Église, sont toujours célébrés avec solennité. Jadis, c’était un jour de fête d’obligation. Nous célébrons aujourd’hui deux Apôtres : saint Philippe et saint Jacques le Mineur.

L’Apôtre saint Philippe fut un des premiers disciples du Christ. Il fut appelé peu de temps après le baptême du Seigneur dans le Jourdain. Lisons le passage dans l’Évangile de saint Jean : Il Le jour suivant, Jésus voulut se rendre en. Galilée. Alors, il rencontra Philippe et lui dit : « Suis-moi ». Philippe était originaire de Bethsaïde, le pays d’André et de Pierre. Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : « Nous avons rencontré celui dont Moïse dans la Loi et les Prophètes ont parlé : Jésus, le fils de Joseph de Nazareth ». Nathanaël lui répondit : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » — « Viens et vois », lui répondit Philippe ».

Au sujet de saint Jacques le Mineur, nous avons plus de renseignements. Il est appelé le « frère du Seigneur », c’est-à-dire qu’il était son cousin. Il vécut dans une pénitence stricte. On raconte de lui qu’il ne se coupa jamais les cheveux, n’usa jamais d’huile à oindre ni de bains. Il priait tellement qu’il avait des callosités aux genoux, comme une « peau de chameau ». Les Juifs eux-mêmes honoraient sa sainteté et il reçut l’autorisation de pénétrer dans le « saint » du temple, ce qui n’était accordé qu’aux prêtres. Après l’Ascension, il fut établi par les Apôtres premier évêque de Jérusalem. Au concile de Jérusalem sa voix fut décisive. A l’âge de 96 ans, après avoir saintement gouverné l’Église de Jérusalem pendant 30 ans, il fut lapidé par les Juifs qui le portèrent ensuite sur le pinacle du temple d’où ils le précipitèrent. Tombé, les jambes brisées et à demi mort, il leva les mains vers le ciel et pria pour le salut de ses persécuteurs en disant : “Seigneur, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Pendant cette prière, un foulon l’acheva en lui donnant un coup de son fouloir sur la tête.

L’Église conserve de cet Apôtre un souvenir vénérable : son Épître, qui est aussi pieuse que pratique. Les reliques des deux Apôtres se trouvent dans l’église des Douze Apôtres à Rome. En 1873, on trouva sous le maître autel l’antique reliquaire que le pape Jean III (560-573) y avait déposé au moment de la consécration de cette église. Le reliquaire ne contient que des petites parcelles d’os. (A l’origine, on célébrait aujourd’hui saint Jacques le Majeur et non saint Jacques le Mineur. On sait que saint Jacques le Majeur fut martyrisé au temps de Pâques. De même, on ne célébrait pas l’Apôtre Philippe, mais le diacre Philippe qui fut célèbre par ses travaux d’évangélisation).

La messe (Clamaverunt). — Cette messe a été composée pour la dédicace de l’Église des Apôtres. Elle tient compte en partie des circonstances extérieures du moment. La ville de Rome avait été arrachée par Narsès au pouvoir du roi des Goths, Totila. Les malheurs de l’invasion et la joie qui suivit la délivrance trouvent leur écho dans l’Introït. — La plupart des textes sont propres (quelques-uns seulement sont empruntés au commun des martyrs du tempo pascal : Leçon, All. Off.). L’Évangile est tiré du discours d’adieu de Jésus dans saint Jean. La raison, c’est que Philippe y fait une question au Seigneur. Au reste, ce passage convient très bien au temps pascal.

Essayons de célébrer la messe sous la conduite des deux Apôtres. Pendant l’avant-messe, ils sont nos guides ; ils nous aident à entrer dans le saint sacrifice. La communauté chrétienne pénètre dans l’église précédée des deux Apôtres. Ce sont des guides expérimentés ; ils ont trouvé jadis le chemin qui mène au Christ. En nous rendant à la messe, disons aujourd’hui : « Dans leur besoin, ils ont crié vers toi, Seigneur, et tu les as exaucés du haut du ciel » (Intr.). C’est la route qui conduit au royaume de Dieu sur la terre ; nous y rencontrons sans cesse la souffrance et la croix, mais cette route nous conduit à la victoire, au terme bien heureux. Le chemin est dur. Parfois il nous semble que nous allons succomber sous le poids de la croix. Continuons néanmoins de suivre les traces des Apôtres ; c’est la véritable voie. L’oraison nous parle directement des deux saints Apôtres : on prononce leurs noms ; l’Église étend les mains ; les saints sont devant nous. Que demande l’Église pour nous ? Elle demande que l’œuvre de la Rédemption pénètre profondément nos âmes ; Les Apôtres sont, dans cette oraison, nos intercesseurs. Dans les deux lectures, ils sont nos prédicateurs. La leçon nous présente les mêmes pensées que l’Introït. Sur la terre, de durs combats attendent les élus. Comme les Apôtres étaient méprisés ici-bas ! Or, ils sont maintenant des princes, des élus de Dieu. A l’Évangile, les deux Apôtres sont là, le Christ est au milieu d’eux. Quels beaux accents n’a pas le discours d’adieu, au temps pascal ! Jésus prend congé de son Église avant de monter au ciel. Le Sauveur s’attendrit ; il nous console. Il reviendra, nous dit-il, il va nous préparer une place, il viendra nous cherche ; afin que nous soyons là où il est. Nous ne devons pas être tristes au milieu des détresses terrestres ; notre patrie est là-haut. Jésus lui-même prépare pour nous la maison paternelle. Il nous indique le but, il nous indique le chemin. Les Apôtres accablés de chagrin ne connaissent ni le but ni le chemin. Jésus les leur indique avec bonté : Je suis la voie et par conséquent la vérité et la vie. Quelle grande parole ! Le Christ est notre tout. Il doit être le centre de notre vie religieuse. Tel est le véritable chemin qui mène au ciel. C’est pourquoi rassemblons-nous autour de lui à la messe. Là, il est notre voie dans sa doctrine et ses commandements, notre vérité dans l’Évangile, notre vie dans sa sainte Eucharistie. Le Christ nous communique encore une grande vérité. Il est Dieu, le Fils consubstantiel de Dieu. Le Père est en lui et il est dans le Père. Qui voit le Sauveur voit le Père. Il est la plus haute manifestation de Dieu. Au saint sacrifice, le Christ est présent sur l’autel et dans le Christ est le Père. Dieu est tout près de nous. — Voilà ce que nous disent les Apôtres, après le Christ lui-même ; ils sont nos prédicateurs. Nous entrons maintenant dans le sacrifice du Christ. C’est aussi notre sacrifice. Nous devons l’offrir avec le Seigneur. C’est pourquoi nous avançons solennellement vers l’autel sous la conduite des deux Apôtres au moment de l’Offrande. Les Apôtres déposent sur l’autel leur vie remplie de mérites : leurs joies, leurs peines, leurs soucis de pasteurs. Comme l’aigle qui entraîne ses petits vers le soleil, les deux Apôtres nous appellent vers l’autel et nous invitent à y déposer les modestes sacrifices de notre vie’. Ils unissent notre offrande à la leur. — Telle était la tâche des deux saints. Maintenant, ils s’écartent respectueusement ; ils se tiennent devant l’Agneau qui est immolé tout en restant toujours vivant. Ils offrent avec nous le Saint-Sacrifice. Nous formons une grande unité dans le Christ. Les fidèles, avec les Apôtres et les saints qui les entourent, sont le corps mystique du Christ. Au centre se tient le Sauveur Eucharistique. Quand nous nous approchons de nouveau de l’autel pour cueillir les fruits de l’arbre de la Croix, les saints se tiennent devant nous et nous conduisent à la table du Seigneur. C’est pourquoi l’antienne de la Communion est toujours en étroite relation avec le saint du jour. A la Postcommunion, nous demandons de conserver les fruits salutaires du Saint-Sacrifice pour mener une vie chrétienne vertueuse. Après la messe, les saints continuent de nous accompagner, pendant le jour, dans toutes nos voies, dans le travail, la peine et la joie.

Benoît XVI, catéchèses, 28 juin & 6 septembre 2006

Jacques le Mineur

Chers frères et sœurs,

A côté de la figure de Jacques "le Majeur", fils de Zébédée, dont nous avons parlé mercredi dernier, un autre Jacques apparaît dans les Évangiles, dit "le Mineur". Il fait lui aussi partie des listes des douze Apôtres choisis personnellement par Jésus, et il est toujours désigné comme "fils d’Alphée" [1]. Il a souvent été identifié avec un autre Jacques, dit "le Petit" [2], fils d’une Marie [3], qui pourrait être "Marie de Cléophas", présente, selon le Quatrième Évangile, au pied de la Croix avec la Mère de Jésus [4]. Il était lui aussi originaire de Nazareth et probablement parent de Jésus [5], dont il est appelé "frère" à la manière sémite [6]. Le Livre des Actes souligne le rôle prépondérant exercé dans l’Église de Jérusalem par ce dernier Jacques. Lors du Concile apostolique qui y fut célébré après la mort de Jacques le Majeur, il affirma avec les autres que les païens pouvaient être accueillis au sein de l’Église sans devoir d’abord se soumettre à la circoncision [7]. Saint Paul, qui lui attribue une apparition particulière du Ressuscité [8], à l’occasion de sa venue à Jérusalem, le nomme même avant Simon-Pierre, le qualifiant comme lui de "colonne" de cette Église [9]. Ensuite, les judéo-chrétiens le considérèrent comme leur principal point de référence. On lui attribue également la Lettre qui porte le nom de Jacques et qui est comprise dans le canon néo-testamentaire. Il ne s’y présente pas comme "frère du Seigneur", mais comme "serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus" [10].

Parmi les chercheurs, la question de l’identification de ces deux personnages portant le même nom, Jacques fils d’Alphée et Jacques "frère du Seigneur, est débattue. Les traditions évangéliques n’ont conservé aucun récit, ni sur l’un ni sur l’autre, se référant à la période de la vie terrestre de Jésus. En revanche, les Actes des Apôtres nous montrent qu’un "Jacques" a exercé un rôle très important, comme nous l’avons déjà mentionné, après la résurrection de Jésus, au sein de l’Église primitive [11]. L’acte le plus important qu’il accomplit fut son intervention dans la question du rapport difficile entre les chrétiens d’origine juive et ceux d’origine païenne : il contribua avec Pierre à surmonter, ou mieux, à intégrer la dimension juive originelle du christianisme avec l’exigence de ne pas imposer aux païens convertis l’obligation de se soumettre à toutes les règles de la loi de Moïse. Le Livre des Actes nous a transmis la solution de compromis, proposée précisément par Jacques et acceptée par tous les Apôtres présents, selon laquelle aux païens qui auraient cru en Jésus Christ on ne devait demander que de s’abstenir de la coutume idolâtre de manger la chair des animaux offerts en sacrifice aux dieux, et de l’"impudicité", terme qui faisait probablement allusion aux unions matrimoniales non permises. En pratique, il s’agissait de ne respecter que quelques interdictions considérées réellement importantes par la loi mosaïque.

De cette façon, on obtint deux résultats significatifs et complémentaires, tous deux encore valables actuellement ; d’une part, l’on reconnut le rapport inséparable qui lie le christianisme à la religion juive comme à sa matrice éternellement vivante et valable ; de l’autre, on permit aux chrétiens d’origine païenne de conserver leur identité sociologique, qu’ils auraient perdue s’ils avaient été obligés d’observer ce qu’on appelle les "préceptes cérémoniaux" mosaïques : désormais ceux-ci ne devaient plus être considérés comme obligatoires pour les païens convertis. En substance, on marquait le début d’une pratique d’estime et de respect réciproque, qui, malgré de malheureuses incompréhensions successives, cherchait par sa nature à sauvegarder ce qui était caractéristique de chacune des deux parties.

L’information la plus ancienne sur la mort de ce Jacques nous est offerte par l’historien juif Flavius Joseph. Dans ses Antiquités juives [12], rédigées à Rome vers la fin du Ier siècle, il nous raconte que la fin de Jacques fut décidée sur une initiative illégitime du Grand Prêtre Anan, fils de Annas cité dans les Évangiles, qui profita de l’intervalle entre la déposition d’un Procureur romain (Festus) et l’arrivée de son successeur (Albinus) pour décréter sa lapidation en l’an 62.

Au nom de ce Jacques, outre le Protoévangile de Jacques apocryphe, qui exalte la sainteté et la virginité de Marie Mère de Jésus, est particulièrement liée la Lettre qui porte son nom. Dans le canon du Nouveau Testament, celle-ci occupe la première place parmi ce qu’on appelle les "Lettres catholiques", c’est-à-dire qui ne sont pas destinées à une seule Église particulière - comme Rome, Éphèse, etc. -, mais à de nombreuses Églises. Il s’agit d’un écrit très important, qui insiste beaucoup sur la nécessité de ne pas réduire sa propre foi à une simple déclaration verbale ou abstraite, mais à l’exprimer concrètement par des œuvres de bien. Entre autres, il nous invite à la constance dans les épreuves joyeusement acceptées et à la prière confiante pour obtenir de Dieu le don de la sagesse, grâce auquel nous parvenons à comprendre que les véritables valeurs de la vie ne se trouvent pas dans les richesses passagères, mais plutôt dans le fait de savoir partager ses propres biens avec les pauvres et les indigents [13]. Ainsi, la Lettre de saint Jacques nous montre un christianisme très concret et pratique. La foi doit se réaliser dans la vie, surtout dans l’amour du prochain et notamment dans l’amour pour les pauvres. C’est dans ce cadre que doit également être lue la phrase célèbre : "En effet, comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n’agit pas est morte" [14]. Cette déclaration de Jacques a parfois été opposée aux affirmations de Paul, selon lequel nous sommes rendus justes par Dieu non en vertu de nos œuvres, mais grâce à notre foi [15]. Toutefois, ces deux phrases, apparemment contradictoires avec leurs perspectives différentes, se complètent en réalité, si elles sont bien interprétées. Saint Paul s’oppose à l’orgueil de l’homme qui pense ne pas avoir besoin de l’amour de Dieu qui nous protège, il s’oppose à l’orgueil de l’autojustification sans la grâce simplement donnée et non méritée. Saint Jacques parle en revanche des œuvres comme du fruit normal de la foi : "C’est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits", dit le Seigneur [16]. Et saint Jacques le répète et nous le dit.

En dernier lieu, la Lettre de Jacques nous exhorte à nous abandonner entre les mains de Dieu dans tout ce que nous accomplissons, en prononçant toujours les paroles : "Si le Seigneur le veut bien" [17]. Il nous enseigne ainsi à ne pas présumer de planifier notre vie de manière autonome et intéressée, mais à laisser place à la volonté insondable de Dieu, qui connaît ce qui est véritablement bon pour nous. Ainsi, saint Jacques demeure aujourd’hui

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Philippe

Chers frères et sœurs,

En poursuivant les descriptions des figures des divers Apôtres, comme nous le faisons depuis quelques semaines, nous rencontrons aujourd’hui Philippe. Dans les listes des Douze, il est toujours placé à la cinquième place [18], et donc substantiellement parmi les premiers. Bien que Philippe soit d’origine juive, son nom est grec, comme celui d’André, et cela constitue un petit signe d’ouverture culturelle qui ne doit pas être sous-évalué. Les informations à son propos nous sont fournies par l’Évangile de Jean. Il provenait du même lieu d’origine que Pierre et André, c’est-à-dire de Bethsaïde [19], une petite ville appartenant à la tétrarchie de l’un des fils d’Hérode le Grand, lui aussi appelé Philippe [20].

Le Quatrième Évangile rapporte que, après avoir été appelé par Jésus, Philippe rencontre Nathanaël et lui dit : "Celui dont parlent la loi de Moïse et les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth" [21]. Philippe ne se rend pas à la réponse plutôt sceptique de Nathanaël ("De Nazareth ! Peut-il sortir de là quelque chose de bon ?"), et riposte avec décision : "Viens, et tu verras !" [22]. Dans cette réponse, sèche mais claire, Philippe manifeste les caractéristiques du véritable témoin : il ne se contente pas de proposer l’annonce, comme une théorie, mais interpelle directement l’interlocuteur en lui suggérant de faire lui-même l’expérience personnelle de ce qui est annoncé. Les deux mêmes verbes sont utilisés par Jésus lui-même quand deux disciples de Jean-Baptiste l’approchent pour lui demander où il habite [23]. Jésus répondit : "Venez et voyez" [24].

Nous pouvons penser que Philippe s’adresse également à nous avec ces deux verbes qui supposent un engagement personnel. Il nous dit à nous aussi ce qu’il dit à Nathanaël : "Viens et tu verras". L’Apôtre nous engage à connaître Jésus de près. En effet, l’amitié, la véritable connaissance de l’autre, a besoin de la proximité, elle vit même en partie de celle-ci. Du reste, il ne faut pas oublier que, selon ce que saint Marc écrit, Jésus choisit les Douze dans le but primordial qu’"ils soient avec lui" [25], c’est-à-dire qu’ils partagent sa vie et apprennent directement de lui non seulement le style de son comportement, mais surtout qui Il était véritablement. Ce n’est qu’ainsi, en effet, en participant à sa vie, qu’il pouvait le connaître et ensuite l’annoncer. Plus tard, dans la Lettre de Paul aux Éphésiens, on lira que l’important est d’"apprendre le Christ" [26], et donc pas seulement et pas tant d’écouter ses enseignements, ses paroles, que, davantage encore, Le connaître en personne ; c’est-à-dire connaître son humanité et sa divinité, son mystère, sa beauté. En effet, il n’est pas seulement un Maître, mais un Ami, et même un Frère. Comment pourrions-nous le connaître à fond en restant éloignés ? L’intimité, la familiarité, l’habitude nous font découvrir la véritable identité de Jésus Christ. Voilà : c’est précisément cela que nous rappelle l’apôtre Philippe. Et ainsi, il nous invite à "venir", à "voir", c’est-à-dire à entrer dans une relation d’écoute, de réponse et de communion de vie avec Jésus, jour après jour.

Ensuite, à l’occasion de la multiplication des pains, il reçut de Jésus une demande précise, pour le moins surprenante : savoir où il était possible d’acheter du pain pour nourrir tous les gens qui le suivaient [27]. Philippe répondit alors avec un grand réalisme : "Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain" [28]. On voit ici le caractère concret et le réalisme de l’Apôtre, qui sait juger les aspects réels d’une situation. Nous savons comment les choses se sont ensuite passées. Nous savons que Jésus prit les pains et, après avoir prié, les distribua. Ainsi se réalisa la multiplication des pains. Mais il est intéressant que Jésus se soit adressé précisément à Philippe, pour avoir une première indication sur la façon de résoudre le problème : signe évident qu’il faisait partie du groupe restreint qui l’entourait. A un autre moment, très important pour l’histoire future, avant la Passion, plusieurs grecs qui se trouvaient à Jérusalem pour la Pâque "abordèrent Philippe... Ils lui firent cette demande : "Nous voudrions voir Jésus". Philippe va le dire à André ; et tous deux vont le dire à Jésus" [29]. Nous avons une fois de plus le signe de son prestige particulier au sein du collège apostolique. Dans ce cas, il sert surtout d’intermédiaire entre la demande de plusieurs Grecs - il parlait probablement grec et put servir d’interprète - et Jésus ; même s’il s’unit à André, l’autre Apôtre qui porte un nom grec, c’est, quoi qu’il en soit, à lui que ces étrangers s’adressent. Cela nous enseigne à être nous aussi toujours prêts à accueillir les demandes et les invocations, d’où qu’elles proviennent, ainsi qu’à les orienter vers le Seigneur, l’unique qui puisse les satisfaire pleinement. Il est en effet important de savoir que nous ne sommes pas les destinataires ultimes des prières de ceux qui nous approchent, mais que c’est le Seigneur : c’est à lui que nous devons adresser quiconque se trouve dans le besoin. Voilà : chacun de nous doit être une route ouverte vers lui !

Il y a ensuite une autre occasion, toute particulière, où Philippe entre en scène. Au cours de la Dernière Cène, Jésus ayant affirmé que Le connaître signifiait également connaître le Père [30], Philippe, presque naïvement, lui demanda : "Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit" [31]. Jésus lui répondit avec un ton de reproche bienveillant : "Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : "Montre-nous le Père ?". Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?... Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi" [32]. Ces paroles se trouvent parmi les plus importantes de l’Évangile de Jean. Elles contiennent une véritable révélation. Au terme du prologue de son Évangile, Jean affirme : "Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui a conduit à le connaître" [33]. Eh bien, cette déclaration, faite par l’évangéliste, est reprise et confirmée par Jésus lui-même. Mais avec une nouvelle nuance. En effet, alors que le prologue de Jean parle d’une intervention explicative de Jésus, à travers les paroles de son enseignement, dans la réponse à Philippe, Jésus fait référence à sa propre personne comme telle, laissant entendre qu’il est possible de le comprendre non seulement à travers ce qu’il dit, mais encore plus à travers ce qu’Il est simplement. Pour nous exprimer selon le paradoxe de l’Incarnation, nous pouvons bien dire que Dieu s’est donné un visage humain, celui de Jésus, et en conséquence à partir de maintenant, si nous voulons vraiment connaître le visage de Dieu, nous n’avons qu’à contempler le visage de Jésus ! Dans son visage, nous voyons réellement qui est Dieu et comment est Dieu !

L’évangéliste ne nous dit pas si Philippe comprit pleinement la phrase de Jésus. Il est certain qu’il consacra entièrement sa vie à lui. Selon certains récits postérieurs (Actes de Philippe et d’autres), notre Apôtre aurait évangélisé tout d’abord la Grèce, puis la Phrygie où il aurait trouvé la mort, à Hiérapolis, selon un supplice décrit différemment comme une crucifixion ou une lapidation. Nous voulons conclure notre réflexion en rappelant le but auquel doit tendre notre vie : rencontrer Jésus comme Philippe le rencontra, en cherchant à voir en lui Dieu lui-même, le Père céleste. Si cet engagement venait à manquer, nous serions toujours renvoyés uniquement à nous-mêmes comme dans un miroir, et nous serions toujours plus seuls ! Philippe, en revanche, nous enseigne à nous laisser conquérir par Jésus, à être avec lui, et à inviter également les autres à partager cette indispensable compagnie. Et, en voyant, en trouvant Dieu, trouver la vie véritable.

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[*]

Vere dignum et iustum est,
æquum et salutáre,
Te, Dómine, supplíciter exoráre,
ut gregem tuum Pastor ætérne non déseras :
Il est vraiment juste et nécessaire,
c’est notre devoir et c’est notre salut,
que de vous supplier humblement, Seigneur,
de ne pas abandonner, ô Pasteur éternel, votre troupeau :
sed per beátos Apóstolos tuos
contínua protectióne custódias :
Ut iísdem rectóribus gubernétur,
quos óperis tui vicários eídem
contulísti præésse pastóres.
mais, par vos bienheureux Apôtres,
de le garder sous votre perpétuelle protection
afin qu’il soit sans cesse gouverné par les mêmes guides qui,
chargés comme vos vicaires de perpétuer votre oeuvre,
ont été établis sur lui en qualité de pasteurs.
Et ídeo cum Angelís et Archángelis,
cum Thronis et Dominatiónibus,
cumque omni milítia cæléstis exércitus,
hymnum glóriæ tuæ cánimus, sine fine dicéntes.
C’est pourquoi avec les Anges et les Archanges,
avec les Trônes et les Dominations,
avec toute l’armée céleste,
nous chantons une hymne à votre gloire, disant sans cesse.

[1] cf. Mt10, 3 ; Mc 3, 18 ; Lc 5 ; Ac 1, 13.

[2] cf. Mc 15, 40.

[3] cf. ibid..

[4] cf. Jn19, 25.

[5] cf. Mt 13, 55 ; Mc 6, 3.

[6] cf. Mc6, 3 ; Ga 1, 19.

[7] cf. Ac 15, 13.

[8] cf. 1 Co 15, 7.

[9] cf. Ga 2, 9.

[10] Jc 1, 1.

[11] cf. Ac 12, 17 ; 15, 13-21 ; 21-18.

[12] 20, 201sq.

[13] cf. Jc 1, 27.

[14] Jc 2, 26.

[15] cf. Ga 2, 16 ; Rm 3, 28.

[16] Mt 7, 17.

[17] Jc 4, 15.

[18] comme dans Mt10,3 ;Mc 3, 18 ; Lc 6, 14 ; Ac 1, 13.

[19] cf. Jn 1, 44.

[20] cf. Lc3, 1.

[21] Jn 1, 45.

[22] Jn 1, 46.

[23] cf. Jn 1, 39.

[24] cf. Jn 1, 38, 39.

[25] Mc 3, 14.

[26] 4, 20.

[27] cf. Jn 6, 5.

[28] Jn 6, 7.

[29] Jn 12, 20-22.

[30] cf. Jn 14, 7.

[31] Jn 14, 8.

[32] Jn 14, 9-11.

[33] Jn 1, 18.