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St Jean (27 décembre, 3ème jour dans l’Octave de la Nativité)

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1960.


Sommaire

  Textes de la Messe  
  S. Ioannis Ap. et Ev.  
  Saint Jean, Apôtre et Évangeliste  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

On commença dans les premiers siècles à fêter les deux frères saint Jean et saint Jacques ensemble le 27/12. Il en est ainsi toujours chez les Arméniens, et encore en Gaul au VIIe siècle. L’Espagne fêtait Jacques le 28, l’Assomption de St Jean le 29.

Le martyrologe Hiéronymien indique pour le 27 : Adsumptio sancti Iohannis evangelistae apud Ephesum et ordination episcopatus sancti Iacobi fratris Domini.

A Rome on fêtait dès le VIe siècle le 27 décembre comme natale sancti Iohannis Evangelistae.

Le culte de St Jean fut introduit à Rome par le pape Hilaire (461-468) qui s’était réfugié près de sa tombe lors du brigandage d’Éphèse en 449. Il fit construire un oratoire au Latran sous le patronage de St Jean, Liberatori suo beato Iohanni Evangelistae Hilarius episcopus famulus Xti.

Textes de la Messe

Die 27 Decembris
Le 27 décembre

S. Ioannis Ap. et Ev.

Saint Jean, Apôtre et Évangeliste

II classis (ante CR 1960 : duplex II classis cum Octava simplici)
IIème classe (avant 1960 : double IIème classe avec Octave simple)
Statio ad S. Mariam maiorem
Station à Ste-Marie-Majeure
Ant. ad Introitum. Eccli. 15, 5.Introït
In médio Ecclésiæ apéruit os eius : et implévit eum Dóminus spíritu sapiéntiæ et intelléctus : stolam glóriæ índuit eum.Dans l’Eglise, le Seigneur l’a chargé d’enseigner. Il l’a pénétré de l’esprit de sagesse et d’intelligence. Il l’a revêtu d’un vêtement de gloire.
Ps. 91, 2.
Bonum est confitéri Dómino : et psállere nómini tuo, Altíssime.Qu’il est bon de proclamer sa foi dans le Seigneur et de chanter ton nom Dieu Très Haut.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Ecclésiam tuam, Dómine, benígnus illústra : ut, beáti Ioánnis Apóstoli tui et Evangelístæ illumináta doctrínis, ad dona pervéniat sempitérna. Per Dóminum.Dans votre bonté, Seigneur, accordez la lumière à votre Église, afin qu’éclairée par les enseignements de saint Jean, votre Apôtre et Évangeliste, elle parvienne aux grâces éternelles.
Et fit commemoratio Octavæ NativitatisCommémoraison de l’Octave de la Nativité
Oratio.Commémoraison.
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut nos Unigénititui nova per carnem Natívitas líberet ; quos sub peccáti iugo vetústa sérvitus tenet. Per eúndem Dóminum.Nous vous en prions, Dieu tout puissant, que votre Fils éternel, par sa nouvelle naissance en notre chair, vienne nous délivrer de l’ancien esclavage qui nous maintient sous le joug du péché.
Lectio libri Sapiéntiæ.Lecture du Livre de la Sagesse.
Eccli. 15, 1-6.
Qui timet Deum, fáciet bona : et qui cóntinens est iustítiæ, apprehéndet illam, et obviábit illi quasi mater honorificáta. Cibábit illum pane vitæ et intelléctus, et aqua sapiéntiæ salutáris potábit illum : et firmábitur in illo, et non flectétur : et continébit illum, et non confundétur : et exaltábit illum apud próximos suos, et in médio ecclésiæ apériet os eius, et adimplébit illum spíritu sapiéntiæ et intelléctus, et stola glóriæ véstiet illum. Iucunditátem et exsultatiónem thesaurizábit super illum, et nómine ætérno hereditábit illum, Dóminus, Deus noster.Voilà ce que fait celui qui craint le Seigneur, et celui qui s’attache à la loi obtiendra la sagesse. Elle viendra au-devant de lui comme une mère, Elle le nourrira du pain de l’intelligence, et lui donnera à boire l’eau de la sagesse. Il s’appuiera sur elle et ne fléchira pas, Il s’attachera à elle et ne sera pas confondu. Elle l’élèvera devant ses compagnons, et lui ouvrira la bouche au milieu de l’assemblée. Elle le remplira d’un esprit de sagesse et d’intelligence et le revêtira d’un vêtement de gloire. La joie, une couronne d’allégresse, et un nom éternel seront son partage.
Graduale. Ioann. 21, 23 et 19.Graduel
Exiit sermo inter fratres, quod discípulus ille non móritur : et non dixit Iesus : Non móritur.Le bruit courut parmi les disciples que Jean ne mourrait pas. Pourtant, Jésus n’a pas dit : il ne mourra pas.
V/. Sed : Sic eum volo manére, donec véniam : tu me séquere.Mais seulement : si je veux qu’il demeure jusqu’à mon retour ? toi, suis-moi.
Allelúia, allelúia. V/.Ibid., 24. Hic est discípulus ille, qui testimónium pérhibet de his : et scimus, quia verum est testimónium eius. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. C’est ce disciple qui rend témoignage de ces faits, et nous savons que son témoignage est véridique. Alléluia.
In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 111, 1-3.Trait
Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis.Heureux l’homme qui craint le Seigneur et qui met ses délices dans ses commandements.
V/. Potens in terra erit semen eius : generátio rectórum benedicéturV/. Sa race sera puissante sur la terre ; la postérité des justes sera bénie.
V/. Glória et divítiæ in domo eius : et iustítia eius manet in sǽculum sǽculi.V/. La gloire et les richesses sont dans sa maison, et sa justice demeure dans tous les siècles.
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Ioann. 21, 24 Hic est discípulus ille, qui testimónium pérhibet de his : et scimus, quia verum est testimónium eius.Allelúia, allelúia. V/. C’est ce disciple qui rend témoignage de ces faits, et nous savons que son témoignage est véridique.
Allelúia. V/. Ps. 91, 13. Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur. Allelúia.Allelúia. V/. Le juste fleurira comme le palmier, et il se multipliera comme le cèdre du Liban. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean .
Ioann. 21, 19-24.
In illo témpore : Dixit Iesus Petro : Séquere me. Convérsus Petrus vidit illum discípulum, quem diligébat Iesus, sequéntem, qui et recúbuit in cena super pectus eius, et dixit : Dómine, quis est qui tradet te ? Hunc ergo cum vidísset Petrus, dixit Iesu : Dómine, hic autem quid ? Dicit ei Iesus : Sic eum volo manére, donec véniam, quid ad te ? tu me séquere. Exiit ergo sermo iste inter fratres, quia discípulus ille non móritur. Et non dixit ei Iesus : Non móritur ; sed : Sic eum volo manére, donec véniam : quid ad te ? Hic est discípulus ille, qui testimónium pérhibet de his, et scripsit hæc : et scimus, quia verum est testimónium eius.En ce temps là : Jésus dit à Pierre : "Suis-moi". Pierre, s’étant retourné, vit venir derrière lui, le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant la cène, s’était penché sur son sein, et lui avait dit : "Seigneur, qui est celui qui vous trahit ?" Pierre donc, l’ayant vu, dit à Jésus : "Seigneur, et celui-ci que deviendra-t-il ?" Jésus lui dit : " Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi !" Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Pourtant Jésus ne lui avait pas dit qu’il ne mourrait pas, mais "Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?" C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est vrai.
Credo, ratione Octavæ Nativitatis.Credo, à cause de l’Octave de la Nativité.
Ant. ad Offertorium. Ps. 91, 13.Offertoire
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus, quæ in Líbano est, mulliplicábitur.Le Juste s’épanouit comme le palmier ; il s’élève comme le cèdre du Liban.
Secreta.Secrète
Súscipe, Dómine, múnera, quæ in eius tibi sollemnitáte deférimus, cuius nos confídimus patrocínio liberári. Per Dóminum.Acceptez, Seigneur, les offrandes que nous vous présentons en la solennité de celui dont nous comptons sur l’appui pour notre libération.
Pro Octava Nativitatis. Secreta.Commémoraison de l’Octave de la Nativité. Secrète.
Oblata, Dómine, múnera, nova Unigéniti tui Nativitáte sanctífica : nosque a peccatórum nostrorum máculis emúnda. Per eúndem Dóminum nostrum.Sanctifiez ces offrandes, Seigneur, par la nouvelle naissance de votre Fils unique, et purifiez-nous des souillures de nos péchés.
Præfatio de Nativitate Domini. Préface de la Nativité .
Infra actionem : Communicántes et diem sacratíssimum celebrántes.Pendant le canon : Unis dans une même communion et célébrant le jour très saint [*].
Ant. ad Communionem. Ioann. 21, 23.Communion
Exiit sermo inter fratres, quod discípulus ille non móritur : et non dixit Iesus : Non móritur ; sed : Sic eum volo manére, donec véniam.Le bruit courut parmi les disciples que Jean ne mourrait pas. Pourtant, Jésus n’a pas dit : il ne mourra pas. Mais seulement : si je veux qu’il demeure jusqu’à mon retour !
Postcommunio.Postcommunion
Refécti cibo potúque cœlésti, Deus noster, te súpplices deprecámur : ut, in cuius hæc commemoratióne percépimus, eius muniámur et précibus. Per Dóminum.Seigneur notre Dieu, nous voici réconfortés par le pain et le vin de ce sacrement. Et puisque nous les avons reçus pour célébrer la fête de saint Jean, nous vous demandons aussi le secours de ses prières.
Pro Octava Nativitatis. Postcommunio.Commémoraison de l’Octave de la Nativité. Postcommunion.
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut natus hódie Salvátor mundi, sicut divínæ nobis generatiónis est auctor ; ita et immortalitátis sit ipse largítor : Qui tecum vivit et regnat.Dieu tout puissant, le Sauveur du monde, qui est né aujourd’hui, nous a fait naître à la vie divine. Faites, nous vous en prions, qu’il nous accorde aussi le don de l’immortalité.
Ante 1955Rubrique avant 1955
Infra Octavam S. Ioannis nihil fit de ea ; sed si die 2 ianuarii celebretur Missa votiva de eodem S. Ioanna, in ea dicitur Glória in excélsis, et omittiturCredo.Pendant l’Octave de St Jean, on ne fait rien de lui ; mais si le 2 janvier, on célèbre une Messe votive du même St Jean, on y dit le Glória in excélsis, et on omet le Credo.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

Ant.au Magnificat Celui-ci est Jean, * qui se reposa pendant la cène sur la poitrine du Seigneur : bienheureux Apôtre, à qui furent révélés de célestes secrets !

V/. Le bienheureux Jean est digne d’un grand honneur.
R/. Lui qui reposa, pendant la cène, sur la poitrine du Seigneur.

A MATINES.

Au premier nocturne.

Commencement de la première Épître de l’Apôtre S. Jean. Cap. 1, 1-10 ; 2, 1-5.

Première leçon. Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et touché par nos mains, du Verbe de la vie (car la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, nous l’attestons, et nous vous l’annonçons, cette vie éternelle qui était dans le Père et nous est apparue) ; ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous entriez vous-mêmes en société avec nous ; et que notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons ceci, afin que vous vous réjouissiez, et que votre joie soit complète. Or ce que nous vous annonçons, après l’avoir entendu de lui, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres.
R/. Il est vraiment digne d’un grand honneur le bienheureux Jean qui, durant la cène, reposa sur la poitrine du Seigneur : * Disciple vierge auquel le Christ, sur la croix, recommanda sa Mère vierge. V/. Vierge, il fut choisi par le Seigneur, et entre les autres disciples, il fut le plus aimé [1]. * Disciple.

Deuxième leçon. Si nous disons que nous sommes en société avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne suivons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous sommes ensemble dans la même société, et le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous remettre nos péchés et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons point péché, nous le faisons menteur [2], et sa parole n’est point en nous.
R/. C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites : * Et nous savons que son témoignage est vrai. V/. Il a puisé les eaux vives de l’Évangile à la source sacrée du cœur du Seigneur. * Et.

Troisième leçon. Mes petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez point. Cependant, si quelqu’un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste2. Et il est lui-même propitiation pour nos péchés ; non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde. Or, ce qui nous assure que nous le connaissons, c’est si nous gardons ses commandements. Celui qui dit le connaître et ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. Mais celui qui garde sa parole a vraiment en lui l’amour parfait de Dieu.
R/. Celui-ci est le très heureux Jean, Évangéliste et Apôtre, * Qui a mérité d’être honoré plus que les autres par le Seigneur, du privilège d’un amour particulier. V/. C’est ce disciple que Jésus aimait, et qui, pendant la cène, reposa sur sa poitrine. * Qui. Gloire au Père. * Qui.

Au deuxième nocturne.

Du livre de saint Jérôme, Prêtre : des Écrivains Ecclésiastiques.

Quatrième leçon. Jean, l’Apôtre bien-aimé de Jésus, fils de Zébédée et frère de l’Apôtre Jacques, qu’Hérode fit décapiter après la passion du Seigneur, entreprit le dernier d’écrire l’Évangile. Il le fit à la demande des évêques d’Asie, pour combattre Cérinthe et les autres hérétiques, et surtout la doctrine commençant alors à surgir des Ébionites, qui prétendent que le Christ n’a pas existé avant Marie. Cela le détermina à nous faire connaître sa génération divine.
R/. Celui qui aura vaincu, j’en ferai, dit le Seigneur, une colonne de mon temple. * Et j’écrirai sur lui mon nom, et le nom de la nouvelle cité, Jérusalem. V/. Au vainqueur je donnerai à manger du fruit de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de mon Dieu. * Et.

Cinquième leçon. La quatorzième année de Domitien, dans la persécution excitée par ce prince, la seconde après celle de Néron, saint Jean fut relégué dans l’île de Pathmos, où il composa l’Apocalypse, qui fut interprétée par saint Justin, martyr, et saint Irénée. Après la mort de Domitien, le sénat s’empressa d’annuler les actes de ce prince, marqués au coin d’une trop grande cruauté. Aussi, sous Nerva, saint Jean put-il revenir à Éphèse, et y demeurer jusqu’au règne de Trajan. Il fonda et gouverna toutes les Églises de l’Asie [3] ; enfin, accablé de vieillesse, il mourut soixante-huit ans après la passion du Sauveur et il fut enseveli dans la même ville d’Éphèse.
R/. Jésus l’aimait, car le privilège spécial de la chasteté l’avait rendu digne d’un plus grand amour : * Élu vierge par le Christ, il demeura toujours vierge. V/. Enfin, Jésus, au moment de mourir sur la croix recommanda sa mère vierge à ce disciple vierge. * Élu.

Des Commentaires du même Saint sur l’Épître aux Galates.

Sixième leçon. Saint Jean l’Évangéliste demeura à Éphèse jusqu’à sa dernière vieillesse. Comme il pouvait à peine être porté à l’église par les disciples, et qu’il lui était impossible de leur faire un discours suivi, il ne leur adressait à chaque réunion que ces mots : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Enfin ses disciples et les fidèles présents, fatigués d’entendre toujours la même chose, lui dirent : Maître, pourquoi donc nous faire toujours cette recommandation ? Alors il leur fit cette réponse digne de Jean : Parce que c’est le précepte du Seigneur ; et si vous accomplissez ce seul commandement, cela suffit.
R/. Au milieu de l’Église, il a ouvert sa bouche : * Et le Seigneur l’a rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence. V/. Il amassera un trésor de joie et d’exultation sur lui. * Et. Gloire au Père. * Et.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
En ce temps-là : Jésus dit à Pierre : "Suis-moi". Pierre, s’étant retourné, vit venir derrière lui, le disciple que Jésus aimait. Et le reste.

Homélie de saint Augustin, évêque.

Septième leçon. L’Église sait qu’il existe deux vies, parce que Dieu lui en a parlé et les lui a fait connaître : l’une qui consiste dans la foi, l’autre dans la vue ; l’une qui s’écoule en ce pèlerinage temporaire, l’autre qui demeurera pendant l’éternité : l’une qui se passe dans la peine et l’effort, l’autre où l’on se reposera ; l’une qui est propre à notre voyage ici-bas, l’autre dont on jouira dans la patrie ; l’une occupée par le travail, l’autre récompensée parla contemplation de Dieu. Dan ? l’une on évite le mal et on fait le bien ; dans l’autre il n’y a aucun mal à éviter et l’on jouit d’un bonheur sans limites : l’une nous donne de lutter contre l’ennemi, l’autre de régner sans rencontrer d’adversaire.
R/. En ce jour-là, je me chargerai de toi comme de mon serviteur, et je te poserai comme un sceau devant moi : * Car moi, je t’ai choisi, dit le Seigneur. V/. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. * Car.

Huitième leçon. Dans l’une, on vient au secours des indigents ; dans le séjour de l’autre, on ne trouve aucun infortuné ; ici, l’on pardonne au prochain ses péchés, afin d’obtenir de l’indulgence pour les siens ; là, on ne souffre de rien qui soit à pardonner, on ne fait rien qui exige l’indulgence d’autrui. Dans l’une, on est accablé de maux, pour que la prospérité n’engendre point l’orgueil ; dans l’autre, on est comblé d’une telle abondance de grâces qu’on est à l’abri de tout mal, et qu’on s’attache au souverain bien, sans éprouver la moindre tentation d’orgueil.
R/. Celui-ci est Jean, qui se reposa sur la poitrine du Seigneur, durant la cène : * Heureux Apôtre, à qui furent révélés des secrets célestes ! V/. Il a puisé les eaux vives de l’Évangile à la source sacrée du cœur du Seigneur. * Heureux. Gloire au Père. * Heureux.

Neuvième leçon. L’une est donc bonne, mais encore pleine de misères : l’autre est meilleure et bienheureuse. La première a été signifiée par l’Apôtre Pierre, la seconde par Jean. L’une s’écoule tout entière ici-bas, elle s’étendra jusqu’à la fin des temps et y trouvera son terme ; l’autre ne recevra sa perfection qu’à la consommation des siècles, mais dans le siècle futur, elle n’aura pas de fin ; aussi dit-on à celui-ci :« Suis-moi » ; mais de l’autre : « Si je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne ; que t’importe ? suis-moi. » Que veulent dire ces paroles ? Autant que j’en puis juger, quel sens peuvent-elles avoir si ce n’est celui-ci : Suis-moi en m’imitant, en supportant comme moi les épreuves de la vie ; pour lui, qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne donner les biens éternels.

A LAUDES

Ant. 1 Il est vraiment digne d’honneur *, le bienheureux Jean, qui se reposa durant la cène sur la poitrine du Seigneur.
Ant. 2 C’est ce même disciple * qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai.
Ant. 3 Celui-ci est mon disciple * : je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne [4].
Ant. 4 Il y en a quelques-uns ici présents *, qui ne goûteront pas de la mort jusqu’à ce qu’ils voient le Fils de l’homme dans son royaume [5].
Ant. 5 Voici mon serviteur * choisi, que j’ai élu ; j’ai répandu mon esprit sur lui.

Capitule. Celui qui craint Dieu fera le bien, et celui qui garde la justice possédera la sagesse ; et elle viendra au-devant de lui comme une mère honorée.

V/. C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses.
R/. Et nous savons que ;on témoignage est vrai.

Ant. au Bénédictus Celui-ci est Jean *, qui se reposa durant "a cène sur la poitrine du Seigneur : heureux Apôtre à qui furent révélés des secrets célestes !

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Ant. au Magnificat Le bruit courut * parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant, Jésus n’avait pas dit : II ne mourra point ; mais : Je veux qu’il demeure ainsi, jusqu’à ce que je vienne.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Après Étienne, le premier des Martyrs, Jean, l’Apôtre et l’Évangéliste, assiste le plus près à la crèche du Seigneur. Il était juste que la première place fût réservée à celui qui a aimé l’Emmanuel jusqu’à verser son sang pour son service ; car, comme le dit le Sauveur lui-même, il n’est point de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime [6] ; et le Martyre a toujours été considéré par l’Église comme le dernier effort de la charité, ayant même la vertu de justifier le pécheur dans un second Baptême. Mais après le sacrifice du sang, le plus noble, le plus courageux, celui qui gagne par-dessus tout le cœur de l’Époux des âmes, c’est le sacrifice de la virginité. Or, de même que saint Étienne est reconnu pour le type des Martyrs, saint Jean nous apparaît comme le Prince des Vierges. Le Martyre a valu à Étienne la couronne et la palme ; la Virginité a mérité à Jean des prérogatives sublimes, qui, en même temps qu’elles démontrent le prix de la chasteté, placent aussi ce Disciple parmi les principaux membres de l’humanité.

Jean eut l’honneur de naître du sang de David, dans la famille même de la très pure Marie ; il fut donc parent de notre Seigneur, selon la chair. Un tel honneur lui fut commun avec saint Jacques le Majeur, son frère, fils de Zébédée comme lui ; avec saint Jacques le Mineur et saint Jude, fils d’Alphée ; mais, dans la fleur de sa jeunesse, Jean laissa, non seulement sa barque et ses filets, non seulement son père, mais sa fiancée, au moment de célébrer de chastes noces. Il suivit le Christ et ne regarda pas en arrière ; c’est pourquoi la tendresse particulière du cœur de Jésus lui fut acquise ; et tandis que les autres étaient Disciples et Apôtres, il fut l’Ami du Fils de Dieu. La raison de cette rare prédilection fut donc, ainsi que le proclame l’Église, le sacrifice de virginité que Jean offrit à l’Homme-Dieu. Or, il convient de relever ici, au jour de sa fête, les grâces et les prérogatives qui ont découlé pour lui de l’heureux avantage de cette amitié céleste.

Ce seul mot du saint Évangile : Le Disciple que Jésus aimait, en dit plus, dans son admirable concision, que tous les commentaires. Pierre, sans doute, a été choisi pour être le Chef des autres Apôtres et le fondement de l’Église ; il a été plus honoré ; mais Jean a été plus aimé. Pierre a reçu l’ordre d’aimer plus que les autres ; il a pu répondre au Christ, par trois fois, qu’il en était ainsi ; cependant, Jean a été plus aimé du Christ que Pierre lui-même, parce qu’il convenait que la virginité fût honorée.

La chasteté des sens et du cœur a la vertu d’approcher de Dieu l’homme qui la conserve, et d’attirer Dieu vers lui ; c’est pourquoi, dans le moment solennel de la dernière Cène, de cette Cène féconde qui devait se renouveler sur l’autel jusqu’à la fin des temps, pour ranimer la vie dans les âmes et guérir leurs blessures, Jean fut placé auprès de Jésus lui-même, et non seulement il eut cet honneur insigne, mais dans ces derniers épanchements de l’amour du Rédempteur, ce fils de sa tendresse osa reposer sa tête sur la poitrine de l’Homme-Dieu. Ce fut alors qu’il puisa, à leur source divine, la lumière et l’amour ; et cette faveur, qui était déjà une récompense, devint le principe de deux grâces signalées qui recommandent spécialement saint Jean à l’admiration de toute l’Église. En effet, la Sagesse divine ayant voulu manifester le mystère du Verbe, et confier à l’écriture des secrets que jusqu’alors aucune plume humaine n’avait été appelée à raconter, Jean fut choisi pour ce grand œuvre. Pierre était mort sur la croix, Paul avait livré sa tête au glaive, les autres Apôtres avaient successivement scellé leur témoignage de leur sang ; Jean restait seul debout, au milieu de l’Église ; et déjà l’hérésie, blasphémant l’enseignement apostolique, cherchait à anéantir le Verbe divin, et ne voulait plus le reconnaître pour le Fils de Dieu, consubstantiel au Père. Jean fut invité par les Églises à parler, et il le fit dans un langage tout du ciel. Son divin Maître lui avait réservé, à lui, pur de toute souillure, d’écrire de sa main mortelle des mystères que ses frères n’avaient été appelés qu’à enseigner : le Verbe, Dieu éternel, et ce même Verbe fait chair pour le salut de l’homme. Par là il s’éleva, comme l’Aigle, jusqu’au divin Soleil ; il le contempla sans en être ébloui, parce que la pureté de son âme et de ses sens l’avait rendu digne d’entrer en rapport avec la Lumière incréée. Si Moïse, après avoir conversé avec le Seigneur dans la nuée, se retira de ces divins entretiens le font orné de merveilleux rayons, combien radieuse devait être la face vénérable de Jean, qui s’était appuyée sur le Cœur même de Jésus, où, comme parle l’Apôtre, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science [7] ! combien lumineux ses écrits ! combien divin son enseignement ! Aussi, ce type sublime de l’Aigle montré par Ezéchiel, et confirmé par saint Jean lui-même dans sa Révélation, lui a-t-il été appliqué par l’Église, avec le beau nom de Théologien que lui donne toute la tradition.

A cette première récompense qui consiste dans la pénétration des mystères, le Sauveur joignit pour son bien-aimé Disciple une effusion d’amour inaccoutumée, parce que la chasteté, en désintéressant l’homme des affections grossières et égoïstes, l’élève à un amour plus pur et plus généreux. Jean avait recueilli dans son cœur les discours de Jésus : il en fit part à l’Église, et surtout il révéla le divin Sermon de la Cène, où s’épanche l’âme du Rédempteur, qui, ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin [8]. Il écrivit des Épîtres, et ce fut pour dire aux hommes que Dieu est amour [9] ; que celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu [10] ; que la charité bannit la crainte [11]. Jusqu’à la fin de sa vie, jusque dans les jours de son extrême vieillesse, il insista sur l’amour que les hommes se doivent les uns aux autres, à l’exemple du Dieu qui les a aimés ; et de même qu’il avait annoncé plus clairement que les autres la divinité et la splendeur du Verbe, ainsi plus que les autres se montra-t-il l’Apôtre de cette infinie charité que l’Emmanuel est venu allumer sur la terre.

Mais le Seigneur lui réservait un don véritablement digne du Disciple vierge et bien-aimé. En mourant sur la croix, Jésus laissait Marie sur la terre ; déjà, depuis plusieurs années, Joseph avait rendu son âme au Seigneur. Qui veillerait donc sur un si sacré dépôt ? qui serait digne de le recevoir ? Jésus enverrait-il ses Anges pour garder et consoler sa Mère : car quel homme sur la terre mériterait un tel honneur ? Du haut de sa croix, le Sauveur aperçoit le disciple vierge : tout est fixé. Jean sera un fils pour Marie, Marie sera une mère pour Jean ; la chasteté du disciple Ta rendu digne de recevoir un legs si glorieux. Ainsi, suivant la belle remarque de saint Pierre Damien, Pierre recevra en dépôt l’Église, Mère des hommes ; mais Jean recevra Marie, Mère de Dieu. Il la gardera comme son bien, il remplacera auprès d’elle son divin Ami ; il l’aimera comme sa propre mère ; il en sera aimé comme un fils. Environné de tant de lumière, réchauffé par tant d’amour, nous étonnerons-nous que Jean soit devenu l’ornement de la terre, la gloire de l’Église ? Aussi, comptez, si vous pouvez, ses titres ; énumérez ses qualités. Parent du Christ par Marie, Apôtre, Vierge, Ami de l’Époux, Aigle divin, Théologien sacré, Docteur de la Charité, fils de Marie, il est encore Évangéliste par le récit qu’il nous a laissé de la vie de son Maître et Ami ; Écrivain sacré par ses trois Épîtres inspirées de l’Esprit-Saint ; Prophète par sa mystérieuse Apocalypse, qui renferme les secrets du temps et de l’éternité. Que lui a-t-il donc manqué ? la palme du Martyre ? On ne le saurait dire ; car, s’il n’a pas consommé son sacrifice, il a néanmoins bu le calice de son Maître lorsque, après une cruelle flagellation, il fut plongé dans l’huile bouillante, devant la Porte-Latine, à Rome. Jean fut donc Martyr de désir et d’intention, sinon d’effet ; et si le Seigneur, qui le voulait conserver dans son Église comme un monument de son estime pour la chasteté et des honneurs qu’il réserve à cette vertUj arrêta miraculeusement l’effet d’un affreux supplice, le cœur de Jean n’en avait pas moins accepté le Martyre dans toute son étendue.

Tel est le compagnon d’Étienne, près du berceau dans lequel nous honorons l’Enfant divin. Si le Protomartyr éclate par la pourpre de son sang, la blancheur virginale du fils adoptif de Marie n’est-elle pas éblouissante au-dessus de celle de la neige ? Les lis de Jean ne peuvent-ils pas marier leur innocent éclat à la vermeille splendeur des roses de la couronne d’Étienne ? Chantons donc gloire au Roi nouveau-né, dont la cour brille de si riantes et de si fraîches couleurs. Cette céleste compagnie s’est formée sous nos yeux. D’abord nous avons vu Marie et Joseph seuls dans l’étable auprès de la crèche ; l’armée des Anges a bientôt paru avec ses mélodieuses cohortes ; les bergers sont venus ensuite avec leurs cœurs humbles et simples ; puis, voici Étienne le Couronné, Jean le Disciple chéri ; et en attendant les Mages, d’autres viendront bientôt accroître l’éclat de la pompe, et réjouir de plus en plus nos cœurs. Quelle Naissance que celle de notre Dieu ! Si humble qu’elle paraisse, combien elle est divine ! et quel Roi de la terre, quel Empereur a jamais eu autour de son splendide berceau des honneurs pareils à ceux de l’Enfant de Bethléhem ? Unissons nos hommages à ceux qu’il reçoit de tous ces heureux membres de sa cour ; et si nous avons hier ranimé notre foi, à la vue des palmes sanglantes d’Étienne, aujourd’hui réveillons en nous l’amour de la chasteté, à l’odeur des célestes parfums que nous envoient les fleurs de la virginale couronne de l’Ami du Christ.

A LA MESSE.

La sainte Église ouvre les chants du divin Sacrifice par les paroles du livre de l’Ecclésiastique qu’elle applique à saint Jean. Le Seigneur a placé son disciple bien-aimé sur la chaire de son Église, pour lui faire proclamer les mystères. Dans ses sublimes entretiens, il l’a rempli d’une sagesse infinie ; il l’a revêtu d’une robe éclatante de blancheur, afin d’honorer sa virginité.

Dans la Collecte, l’Église demande le don de la Lumière qui est le Verbe de Dieu, et dont saint Jean a été le dispensateur par ses divins écrits. Elle aspire à posséder à jamais cet Emmanuel qui est venu illuminer la terre, et qui a révélé à son disciple les secrets célestes.

ÉPÎTRE

Cette suprême Sagesse est le Verbe divin, qui est venu au-devant de saint Jean, en l’appelant à l’apostolat. Ce Pain de vie dont elle l’a nourri est le Pain immortel de la dernière Cène ; cette Eau d’une doctrine salutaire, c’est celle que le Sauveur promettait à la Samaritaine, et dont il a été donné à Jean de se désaltérer à longs traits dans sa source même, quand il reposa sur le Cœur de Jésus. Cette force inébranlable est celle qu’il a fait paraître dans la garde vigilante et courageuse de la chasteté, et dans la confession du Fils de Dieu en présence des ministres de Domitien. Ce trésor que la divine Sagesse a amassé pour lui, c’est cet ensemble de glorieuses prérogatives que nous avons énumérées. Enfin, ce nom éternel est celui de Jean le Disciple bien-aimé.

ÉVANGILE.

Ce passage de l’Évangile a beaucoup occupé les Pères et les commentateurs. On a cru y voir la confirmation du sentiment de ceux qui ont prétendu que saint Jean a été exempté de la mort corporelle, et qu’il attend encore, dans la chair, la venue du Juge des vivants et des morts. Il n’y faut voir cependant, avec la plupart des saints docteurs, que la différence des deux vocations de saint Pierre et de saint Jean. Le premier suivra son Maître, en mourant, comme lui, sur la croix ; le second sera réservé ; il atteindra une heureuse vieillesse ; et il verra venir à lui son Maître qui l’enlèvera de ce monde par une mort tranquille.

Pendant l’Offrande, l’Église célèbre les palmes fleuries du Disciple bien-aimé ; elle nous montre autour de lui les générations de fidèles qu’il a enfantées, les Églises qu’il a fondées, et qui se multipliaient autour de lui, comme les jeunes cèdres, sous l’ombrage de leurs pères majestueux qui s’élèvent sur le Liban.

Les mystérieuses paroles que nous avons lues, il y a peu d’instants, dans l’Évangile, reviennent ici, en ce moment où le Prêtre et le peuple communient à la Victime du salut, comme une assurance que celui qui mange de ce Pain, s’il meurt selon le corps, n’en vivra pas moins pour attendre la venue du juge et rémunérateur suprême.

A VÊPRES.

On chante d’abord, comme au jour de saint Étienne, les Antiennes et les Psaumes de Noël, après quoi, l’Office de saint Jean reprend son cours.

Entendons maintenant les diverses Églises proclamer la gloire de saint Jean, dans leurs éloges liturgiques. Nous’ commencerons par la sainte Église Romaine, à qui nous emprunterons cette belle Préface du Sacramentaire Léonien.

PRÉFACE.

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces, Père tout-puissant, en ce jour où nous vénérons la naissance de votre bienheureux Apôtre, Jean l’Évangéliste. Ayant été appelé par notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, il laissa un père terrestre pour trouver un Père céleste. Il jeta loin de lui les filets du siècle dans lesquels il était embarrassé, pour rechercher d’un cœur affranchi les biens de l’éternité ; il abandonna sa barque agitée par les flots, pour goûter la tranquillité dans le gouvernement de l’Église ; il renonça à la pêche des poissons, pour retirer, par la ligne de la doctrine du salut, les âmes plongées dans les abîmes du monde ; il cessa de sonder les profondeurs de la mer, pour devenir le scrutateur des secrets divins. Il s’est élevé jusqu’à reposer sur la poitrine du Sauveur lui-même, au festin sacré de la Cène mystique. Le Seigneur, attaché à la Croix, le subrogea en sa place pour être le fils de la Vierge-Mère ; et Jean prêcha avec plus de lumière que les autres écrivains sacrés, le Verbe qui, au commencement, était Dieu en Dieu.

L’Église de Milan, dans son Missel Ambrosien, chante ainsi la gloire du Disciple bien-aimé :

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces, Dieu éternel, quand nous honorons les mérites du bienheureux Jean l’Evangéliste. Notre Seigneur Jésus-Christ, non seulement le favorisa toujours d’une particulière distinction ; mais comme il était sur la croix, il le substitua à soi-même, dans sa tendresse, pour être le fils de Marie, qu’il lui légua en héritage. Lai divine bonté l’éleva jusqu’à ce degré d’honneur , que. de pêcheur, elle le fit disciple, et, surpassant pour lui la mesure des mystères du salut de l’homme, le rendit capable de contempler, par son intelligence, et de proclamer par sa voix, plus que les autres Apôtres, la Divinité éternelle de votre Verbe.

Le Missel Mozarabe consacre à notre saint Apôtre et Evangéliste l’Oraison suivante

ORAISON.

Fils engendré du Dieu souverain et non engendré, qui avez ouvert à votre bien-aimé Apôtre Jean les divins secrets de votre cœur, lorsque, reposant sur votre poitrine, il lui fut permis d’y puiser les eaux, vives de son Évangile : daignez nous regarder favorablement, afin que, par vous, nous connaissions les choses secrètes, et que, par vous, nous accomplissions le bien qui nous est manifesté. Dévoilez-nous les mystères cachés dans votre sein, afin que nous puissions comprendre l’infirmité de notre condition, et parvenir à la connaissance de votre divinité. Manifestez-nous sur vous-même ce que nous devons aimer ; et indiquez-nous, sur nous-mêmes, ce que nous devons corriger. Par le suffrage de ce disciple bien-aimé, que nos mœurs deviennent plus pures, que la peste soit éloignée, que les maladies soient dissipées, que le glaive soit repoussé. Que tout ce qui est contraire à la foi chrétienne soit détruit ; que tout ce qui lui est favorable prenne de l’accroissement. Que la famine s’éloigne, que les discussions s’apaisent, que les fauteurs de l’hérésie soient confondus. Que la terre soit féconde en moissons ; que nos âmes soient ornées de vertus ; enfin que l’ensemble de tous les biens nous advienne ; en sorte que, fidèlement attachés a votre service, ô notre Dieu ! Nous usions de vos dons sans péché, et, après cette vie, nous jouissions des délices de votre éternelle possession. Amen.

L’Hymne de la Liturgie de Milan, que nous donnons ci-après, est attribuée à saint Ambroise ; elle en est digne par la majesté de la diction et la grandeur des pensées.

HYMNE.
Illustre par l’amour que lui porta le Christ, Jean, l’enfant du Tonnerre, révéla, de sa bouche sacrée, les secrets de Dieu.
D’abord, il nourrit la vieillesse de son père par la pêche du poisson ; un jour qu’il voguait sur l’onde agitée, la foi vint lui donner l’immutabilité.
Il a lancé sa ligne dans les profondeurs, il a retiré le Verbe même de Dieu ; il a jeté ses filets dans les ondes éternelles, il a levé Celui qui est la vie de tous.
La Foi pieuse est le poisson véritable qui surnage sur la mer du monde ; elle s’appuie sur le sein du Christ, et parle ainsi dans l’Esprit-Saint :
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commence cernent en Dieu.
« Toutes choses par lui ont été faites. » Que la louange de Jean retentisse, qu’on lui offre les lauriers de l’Esprit-Saint ; qu’il soit couronné pour ses divins écrits.
Le martyre a été commun à un grand nombre de fidèles ; cette effusion du sang lave le péché ; mais il est quelque chose au-dessus de la mort des Martyrs, c’est d’avoir révélé ce qui fait les Martyrs.
Toutefois il fut lié un jour par les impies,et plongé dans l’huile bouillante. Ce bain enleva la poussière du monde, et Jean demeura vainqueur de l’ennemi.
Gloire à vous, Seigneur, qui êtes né de la Vierge ; gloire au Père et au Saint-Esprit, dans les siècles éternels.
Amen.

Nous donnerons maintenant quelques strophes des Cantiques que l’Église grecque, dans son langage pompeux, consacre à la louange de saint Jean, dont elle célèbre la fête le 26 septembre.

Venez, Fidèles, couronnons aujourd’hui de cantiques divins l’abîme de la Sagesse, l’écrivain des dogmes orthodoxes, Jean le glorieux, le bien-aimé ; car c’est lui qui a tonné : Le Verbe était au commencement. C’est pourquoi il a paru comme une voix de tonnerre, illuminant le monde par son Évangile, illustre maître de la sagesse.
Tu as paru vraiment, aux yeux de tous, le grand ami de cœur du Christ maître : car tu t’es appuyé sur sa poitrine, et là, tu as puisé les dogmes de sagesse dont, ô divin prêcheur de Dieu, tu as enrichi toute la terre, laquelle l’aimable Église du Christ possède, et orne maintenant avec allégresse.
Réjouis-toi, ô vrai théologue ! réjouis-toi, fils très aimable de la Mère du Seigneur ; car, debout au pied delà croix du Christ, tu as entendu la voix divine du Maître qui te criait : Voici maintenant ta mère. C’est pourquoi nous te rendons de dignes louanges, comme au bien-aimé et grand Apôtre du Christ.
Le contemplateur des révélations ineffables, l’interprète des sublimes mystères de Dieu, le fils de Zébédée, écrivant pour nous l’Évangile du Christ, nous a appris à discourir théologiquement sur le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Lyre aux célestes cantiques, touchée par Dieu lui-même, écrivain mystique, bouche aux paroles divines, il chante avec douceur le Cantique des cantiques, et prie pour notre salut.
Exaltons par de nombreuses acclamations, ô race des mortels, célébrons le Fils du tonnerre, le fondement des divines paroles, le guide sacré de la théologie, le premier prêcheur de la vraie sagesse, Jean le bien-aimé, le disciple vierge.
Les fleuves de la théologie jaillirent de ta bouche vénérable, ô Apôtre ! et l’Église de Dieu, qui s’y désaltère, adore, ô orthodoxe, la Trinité consubstantielle ; et maintenant, ô Jean le théologue, fais par tes prières que nos âmes soient affermies et qu’elles soient sauvées.
Le noble rejeton de la pureté, le parfum d’agréable odeur, nous est apparu en la présente solennité ; crions-lui donc : O toi qui as reposé sur la poitrine du Seigneur ! toi qui as comme fait distiller sur le monde le Verbe divin, ô Jean, Apôtre ! toi qui as gardé la Vierge comme la prunelle de l’œil, demande pour nous au Christ une grande miséricorde.
La sommité des Apôtres, la trompette de la théologie, le guide spirituel qui a soumis à Dieu l’univers, venez, fidèles, célébrons son bonheur : c’est le très illustre Jean, transporté de la terre et non enlevé à la terre ; mais vivant et attendant le second et terrible avènement du Seigneur, auquel, pour assister sans reproches, nous qui célébrons ta mémoire, daigne nous recommander, ô ami mystique du Christ, toi qui amoureusement reposas sur sa poitrine.

Nous terminerons, suivant notre usage, cet ensemble de louanges à la gloire de saint Jean, par une Séquence du moyen âge des Églises d’Occident, que nous emprunterons au recueil de l’abbaye de Saint-Gall. Elle est de la composition de Notker, et a été, pendant de longs siècles, en usage dans nos Missels Romains-Français.

SÉQUENCE.
Jean, disciple vierge, tant aimé de Jésus !
C’est toi qui, par son amour, as laissé dans ta barque ton père selon la chair ;
Toi qui, pour suivre le Messie, as dédaigné le cœur d’une jeune épouse ;
Toi qui méritas de goûter les eaux sacrées qui jaillissent du cœur de ce Messie ;
Toi qui, sur cette terre, as contemplé la gloire du Fils de Dieu :
Cette gloire qu’il n’est donné de voir, et nous le croyons ainsi, qu’aux seuls Saints dans la vie éternelle.
C’est toi que le Christ, sur sa croix triomphale, donna pour gardien à sa Mère.
Vierge, tu reçus sous ta garde la Vierge ; et elle fut commise à tes soins.
Captif dans un cachot, brisé par les fouets, tu t’es réjoui de rendre témoignage au Christ.
C’est encore toi qui ressuscitas les morts, et qui, par le nom de Jésus, as vaincu le poison.
A toi, le Père suprême révèle son Verbe caché, plus qu’aux autres mortels.
Toi donc, par d’assidues prières, recommande-nous tous à Dieu,
O Jean, cher au Christ ! Amen.

Disciple chéri de l’Enfant qui nous est né, combien votre félicité est grande ! combien admirable est la récompense de votre amour et de votre virginité ! En vous s’est accomplie la parole du Maître : Heureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu. Et non seulement vous l’avez vu, ce Dieu-Homme, mais vous avez été son Ami, vous avez reposé sur son cœur. Jean-Baptiste tremble d’étendre sa main pour plonger dans le Jourdain sa tête divine ; Madeleine, assurée par lui-même d’un pardon immense comme son amour, n’ose lever la tête, et s’arrête à ses pieds ; Thomas attend son ordre pour oser mettre son doigt dans les cicatrices de ses plaies : et vous, en présence de tout le Collège Apostolique, vous prenez auprès de lui la place d’honneur, vous appuyez votre tête mortelle sur son sein. Et non seulement vous jouissez de la vue et delà possession de ce Fils de Dieu dans la chair ; mais, parce que votre cœur est pur, vous volez avec la rapidité de l’aigle, et vous fixez d’un regard assuré le Soleil de Justice, au sein même de cette lumière inaccessible qu’il habite éternellement avec le Père et l’Esprit-Saint.

Tel est donc le prix de la fidélité que vous lui avez montrée en conservant pour lui, pur de toute atteinte, le précieux trésor de la chasteté. Souvenez-vous de nous, ô vous le favori du grand Roi ! Aujourd’hui, nous confessons la divinité de ce Verbe immortel que vous nous avez fait connaître ; mais nous voudrions aussi approcher de lui, dans ces jours où il se montre si accessible, si humble, si plein d’amour, sous les livrées de l’enfance et de la pauvreté. Hélas ! nos péchés nous retiennent ; notre cœur n’est pas pur, comme le vôtre ; nous avons besoin d’un protecteur qui nous introduise à la crèche de notre Maître [12]. Pour jouir de ce bonheur, ô bien-aimé de l’Emmanuel, nous espérons en vous. Vous nous avez dévoilé la divinité du Verbe dans le sein du Père ; conduisez-nous en présence du Verbe fait chair. Que par vous nous puissions entrer dans l’étable, nous arrêter auprès de la crèche, voir de nos yeux, toucher de nos mains le doux fruit de la vie éternelle. Qu’il nous soit donné de contempler les traits si pleins de charmes de Celui qui est notre Sauveur et votre Ami, d’entendre les battements de ce cœur qui vous a aimé et qui nous aime ; de ce cœur qui, sous vos yeux, fut ouvert parle fer delà lance, sur la croix. Obtenez que nous demeurions près de ce berceau, que nous ayons part aux faveurs du céleste Enfant, que nous imitions comme vous sa simplicité.

Enfin, ô vous qui êtes le fils et le gardien de Marie, présentez-nous à votre Mère qui est aussi la nôtre. Qu’elle daigne, à votre prière, nous communiquer quelque chose de cette tendresse avec laquelle elle veille près du berceau de son divin Fils ; qu’elle voie en nous les frères de ce Jésus que ses flancs ont porté, qu’elle nous associe à l’affection maternelle qu’elle a ressentie pour vous, heureux dépositaire des secrets et des affections de l’Homme-Dieu.

Nous vous recommandons aussi l’Église de Dieu, ô saint Apôtre ! Vous l’avez plantée, vous l’avez arrosée, vous l’avez embaumée de la céleste odeur de vos vertus, vous l’avez illuminée de vos divins enseignements ; priez maintenant que toutes ces grâces qui sont venues par vous, fructifient jusqu’au dernier jour ; que la foi brille d’un nouvel éclat, que l’amour du Christ se ranime dans les cœurs, que les mœurs chrétiennes s’épurent et refleurissent, et que le Sauveur des hommes, quand il nous dit, par les paroles de votre Évangile : Vous n’êtes plus mes serviteurs, mais mes amis, entende sortir de nos bouches et de nos cœurs une réponse d’amour et de courage qui l’assure que nous le suivrons partout, comme vous l’avez suivi.

3ème jour dans l’octave de la Nativité

Considérons le sommeil de l’Enfant Jésus, dans ce troisième jour de sa naissance. Admirons ce Dieu de bonté descendu du ciel pour inviter tous les hommes à chercher entre ses bras le repos de leurs âmes, se soumettant à prendre son propre repos dans leur demeure terrestre, et sanctifiant par ce divin sommeil la nécessité que nous impose la nature. Tout à l’heure nous nous plaisions à le contempler offrant sur sa poitrine un lieu de reposa saint Jean et à toutes les âmes qui voudront l’imiter dans sa pureté et dans son amour ; maintenant nous le voyons lui-même endormi doucement dans son humble couchette, ou sur le sein de sa Mère.

Saint Alphonse de Liguori, dans un de ses délicieux cantiques, célèbre ainsi le sommeil du divin Enfant et la tendresse de la Vierge-Mère :

« Les cieux ont suspendu leur douce harmonie, lorsque Marie a chanté pour endormir Jésus. — De sa voix divine, la Vierge de beauté, plus brillante qu’une étoile, disait ainsi : — Mon fils, mon Dieu, mon cher trésor, tu dors ; et moi je meurs d’amour pour ta beauté. — Dans ton sommeil, ô mon bien, tu ne regardes pas ta mère ; mais l’air que tu respires est du feu pour moi. — Tes yeux fermés me pénètrent de leurs traits ; que sera-ce de moi quand tu les ouvriras ? — Tes joues de rose ravissent mon cœur ! O Dieu ! mon âme se meurt pour toi. — Tes lèvres charmantes attirent mon baiser ; pardonne, ô chéri, je n’en puis plus. — Elle se tait, et pressant l’enfant sur son sein, elle dépose un baiser sur son divin visage. — Mais l’enfant aimé se réveille ; et de ses beaux yeux pleins d’amour, il regarde sa mère. — O Dieu ! pour la mère, ces yeux, ces regards, quel trait d’amour qui blesse et traverse son cœur ! — Et toi, mon âme, si dure, tu ne languis pas à ton tour, en voyant Marie languir de tendresse pour son Jésus ? — Divines beautés, je vous ai aimées tard, mais désormais je brûlerai pour vous sans fin. — Le Fils et la Mère, la Mère avec le Fils, la rose avec le lis, ont pour jamais tous mes amours. »

Honorons donc le sommeil de Jésus enfant ; rendons nos hommages au nouveau-né dans cet état de repos volontaire, et songeons aux fatigues qui l’attendent au réveil. Il grandira, cet enfant ; il deviendra un homme, et il marchera, à travers tous les labeurs, à la recherche de nos âmes, pauvres brebis égarées. Que du moins, dans ces premières heures de sa vie mortelle, son sommeil ne soit pas troublé ; que la pensée de nos péchés n’agite pas son cœur ; que Marie jouisse en paix du bonheur de contempler le repos de cet Enfant qui doit plus tard lui causer tant de larmes. Le jour viendra assez tôt où il dira : « Les renards ont leurs tanières, les oiseaux du ciel ont leurs nids ; et le Fils de l’Homme n’a pas où reposer sa tête. »

Pierre de Celles dit admirablement, dans son quatrième Sermon sur la Nativité du Seigneur : « Le Christ a eu trois endroits où reposer sa tête. « D’abord, le sein de son Père éternel. Il dit : Je suis dans le Père, et le Père est en moi . Quel repos plus délectable que cette complaisance du « Père dans le Fils, et du Fils dans le Père ? Dans une mutuelle et ineffable dilection, ils sont heureux par l’union. Mais, tout en conservant ce lieu de repos éternel, le Fils de Dieu en a cherché un second au sein de la Vierge. Il l’a couverte de l’ombre de l’Esprit-Saint, et il a pris en elle un long sommeil, pendant que se formait en elle son corps humain. La très pure Vierge n’a point troublé le sommeil de son Fils ; elle a tenu toutes les puissances de son âme dans un silence digne du ciel, et ravie en elle-même, elle entendait des mystères qu’il n’est pas donné à l’homme de répéter. Le troisième lieu du repos du Christ est en l’homme. Il est dans un cœur purifié par la foi, dilaté par la charité, élevé par la contemplation, renouvelé par l’Esprit-Saint. Un tel cœur offrira au Christ, non pas une demeure terrestre, mais une habitation toute céleste, et l’Enfant qui nous est né ne refusera pas d’y prendre son repos. »

A la gloire de ce Verbe éternel, fait chair pour notre salut, nous consacrerons cette Hymne de notre grand poète ecclésiastique, Prudence

HYMNE.
NÉ du sein du Père, avant le commencement du monde, appelé l’Alpha et l’Oméga, le Verbe est la source et le terme de tout ce qui est, de tout ce qui fut, de tout ce qui sera.
Il a commandé, et toutes choses ont été créées ; il a dit, et tout a été fait : la terre, le ciel, les abîmes de la mer, la triple sphère, tout ce qui vit sous le soleil et sous la lune.
Pour sauver de la mort la famille du premier homme, qu’une loi funeste avait plongé dans les profondeurs de l’enfer, il a revêtu la forme d’un corps fragile, des membres sujets à la mort.
O heureuse naissance ! quand une Vierge-Mère, féconde par l’Esprit-Saint,mit au jour notre salut, et que l’Enfant , Rédempteur du monde, nous fit voir ses traits sacrés !
Que les hauteurs du ciel retentissent de concerts ; chantez , Esprits célestes ; que tout ce qui respire entonne un cantique à la louange de Dieu ; que nulle langue ne se taise ; que toute voix s’unisse.
Voici Celui que les poètes divins chantaient dans les siècles antiques, que les pages fidèles des prophètes avaient annoncé. Ce Messie, promis autrefois, parait : que toute créature entonne ses louanges.
Verbe incarné ! que les vieillards et les jeunes hommes, que le chœur des enfants, que la troupe des mères, des vierges, des jeunes filles au cœur simple, unissant leurs voix, éclatent en concerts pudiques.
Que les fleuves et leurs cascades, que la mer, ses côtes et ses rivages, que les pluies, les ardeurs de l’été, les neiges, les brouillards, les forêts, les airs, la nuit, le jour, célèbrent ta naissance dans les siècles des siècles. Amen.

A la très sainte et très miséricordieuse Vierge Marie, Mère de Dieu, nous offrirons cette Prose gracieuse tirée de nos anciens Missels Romains-Français.

SEQUENCE.
Réjouissez-vous, Vierge-Mère, de votre joyeux enfantement, vous dont les chastes entrailles devenues fécondes ont conçu un Fils.
Vos mamelles distillent le lait, sous le lis de la pudeur ; Vierge, vous nourrissez d’un lait qui est à vous les membres délicats de votre Fils.
Le Fils unique du Père, par qui il a fait les siècles, habite ici-bas dans l’humanité, soumis à une Mère pauvre.
Au ciel, il repaît d’allégresse les saints Anges ; ici, il a soif, il a faim, dès son enfance.
Au ciel, il régit toutes choses ; ici, il est conduit par une Mère. Au ciel, il donne les empires ; ici, il se soumet à sa servante.
Au ciel, il réside sur le trône suprême ; ici, lié de bandelettes, il vagit dans une crèche.
O homme ! considère, rappelle à ta mémoire combien grandes sont les œuvres de la divine clémence.
Ne désespère pas du pardon, si tu as beaucoup péché, quand tu vois les merveilles d’un tel amour.
Fuis sous la protection de la Mère, l’instrument de ton pardon : car elle tient entre ses bras la source de miséricorde.
Salue-la bien souvent dans l’espoir et la confiance ; fléchis tes genoux, et dis-lui : Salut, ô pleine de grâce !
Autrefois, quand il pleurait, vous lui présentiez votre sein, et ses larmes s’arrêtaient ; aujourd’hui, apaisez-le, irrite par nos péchés.
Jésus nous sommes tombés ! tournez vers nous vos regards : par les prières d’une Mère si tendre, amendez-nous et rendez-nous dignes citoyens du ciel.
Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station à Sainte-Marie-Majeure.

De toutes les fêtes d’Apôtres qui faisaient anciennement partie du cycle de Noël, la seule qui soit demeurée est celle de saint Jean, jadis unie, en Orient, à celle de saint Jacques, premier évêque de Jérusalem. La station a lieu dans la basilique Libérienne, parce que l’église du Latran est dédiée au Sauveur. En effet, à saint Jean évangéliste et à saint Jean-Baptiste, étaient dédiés seulement deux petits oratoires, à droite et à gauche du baptistère ; le pape Hilaire les avait érigés en mémoire du péril auquel il échappa quand il se déroba par la fuite aux violences des partisans de Dioscure, lors du latrocinium Ephesinum. La basilique de Saint-Jean devant la porte Latine est d’origine postérieure et ne fut comprise que très tardivement dans la liste des églises stationnales ; restait donc le temple Libérien qui, soit à cause de la Crèche du Sauveur, soit en raison des mosaïques de Sixte III commémorant le Concile d’Éphèse, tenu précisément près du sépulcre de l’Évangéliste, semblait le plus adapté pour la célébration de la station en l’honneur de saint Jean.

Dans la suite, l’oratoire du Latran dédié à l’Évangéliste acquit une grande importance, et il n’est pas impossible que les deux messes marquées pour ce jour dans le Sacramentaire léonien ne se réfèrent vraiment à deux stations distinctes, l’une à Sainte-Marie-Majeure, et l’autre au baptistère du Latran.

Jusqu’au XIe siècle, les stations romaines se déroulèrent régulièrement avec leurs solennels rites traditionnels ; mais après cette époque les schismes et les luttes des factions ayant empêché les papes d’y prendre part en personne, les Ordines postérieurs prescrivent que la fête de saint Jean, comme beaucoup d’autres, soit célébrée simplement dans la chapelle papale. Un cardinal chantait la messe, et l’un des procureurs des nouveaux ordres mendiants prononçait l’homélie en présence du Pontife qui revêtait le pluvial écarlate et la mitre. Aux secondes vêpres—admises fort tard à Rome, tandis qu’à l’origine les vêpres étaient le prélude de l’office de vigile, précédant, et non pas suivant, les grandes solennités — intervenaient le clergé palatin, les commensaux du Pape, les auditeurs de palais, les sous-diacres, les acolytes et les chapelains.

L’introït de la messe reflète l’usage des orientaux, qui attribuent à Jean le titre de « théologien » parce qu’il pénétra plus profondément que tout autre mortel les mystères de la Divinité. Jean fut le disciple de prédilection de Jésus, et, en conséquence, le divin Maître n’eut pour lui aucun secret : la vie intime et ineffable de l’auguste Trinité, les battements d’amour du Cœur du Verbe incarné, l’histoire future de l’Église et les destinées finales du monde, la liturgie de l’Église triomphante, l’Aigle de Pathmos contempla tout cela dans la lumière divine, vrai « fils du tonnerre » qui, dans les courtes pages de son Évangile et de l’Apocalypse, nous a laissé un traité théologique achevé, une histoire de l’éternelle Divinité. C’est donc avec raison que l’Église répète aujourd’hui dans l’introït, à la louange de Jean, ces paroles de l’Ecclésiastique (xv, 5) : « II ouvrit ses lèvres en présence de l’Assemblée, parce que le Seigneur l’avait rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’ornant de gloire comme d’un manteau. » Le psaume 91 vient ensuite, où l’on parle de la félicité de ceux qui célèbrent Yahweh et chantent ses louanges sur le psaltérion.

La collecte implore du Seigneur une plus grande abondance de lumière intérieure, afin que, en approfondissant les enseignements du bienheureux apôtre Jean, on obtienne la grâce de l’éternelle béatitude. Le lectionnaire de Würzbourg indique pour aujourd’hui, comme pour les plus grandes solennités de l’année, aux deux messes de la fête de saint Jean évangéliste, une double leçon avant l’Évangile [13]. A la première messe, la lecture de l’Ancien Testament est identique à celle que nous faisons dans le missel actuel, tandis que la lecture du Nouveau est tirée de la lettre de saint Paul aux Éphésiens (I, 3-8). A la seconde messe, que le Léonien nous a conservée, — avec ses magnifiques oraisons et sa splendide préface, — la péricope de l’Ancien Testament est empruntée au livre de la Sagesse (ch. X) tandis que la seconde lecture provient de l’épître aux Éphésiens (II, 19-22) ; cette insistance n’est peut-être pas sans motif, quand on pense aux relations qui existent entre Éphèse, saint Jean et la basilique Libérienne, souvenir votif, à Rome, du grand Concile réuni en Asie près de la tombe de l’Évangéliste.

La lecture de l’Ecclésiastique (XV, 1-6) de ce jour — on attribue en général, dans le missel, au livre de la Sagesse, tous les écrits sapientiaux, tels que l’Ecclésiastique, les Proverbes, le Cantique des cantiques, etc. — nous fait l’éloge du vrai sage qui, élevant son édifice spirituel sur le fondement inébranlable de la sainte crainte de Dieu, opère le bien et pratique la justice. Alors la grâce se déverse librement sur cette âme, si bien disposée. Le Seigneur va au-devant du juste et se l’unit comme l’époux à l’épouse, il éclaire son intelligence, lui confère le don de la vraie sagesse, en sorte qu’il illumine des,, rayons de sa doctrine l’Église tout entière.

Le répons-graduel est tiré de l’Évangile de saint Jean (XXI, 23) là où est rapportée la croyance populaire de cette première génération chrétienne d’Asie, qui ne voulait pas que le disciple bien-aimé de Jésus mourût avant la Parousie. D’autre part, le grand âge de l’apôtre semblait accréditer cette opinion, aussi Jean, dans le dernier chapitre de son évangile, comme en une ultime addition, voulut rectifier cette interprétation erronée des paroles du Sauveur : « Si je voulais qu’il demeurât ainsi jusqu’à ce que je vienne, que t’importerait ? » Jésus les avait prononcées comme une simple hypothèse : « Si je voulais » ; mais dans les diverses relations orales de cet épisode, la particule conditionnelle et hypothétique « si » fut facilement négligée, en sorte que Jean se trouva dans la nécessité de rectifier l’équivoque, remettant les choses au point.

Le verset alléluiatique (Joan., XXI, 24) est la continuation du texte précédent. Les Églises d’Asie qui avaient prié et jeûné pour que l’Évangéliste composât son livre inspiré, s’associent maintenant à lui et le présentent au monde comme le véritable auteur du quatrième évangile. C’est le démenti anticipé, donné à tous ces systèmes imaginés par l’exégèse rationaliste actuelle, qui prétend soustraire à saint Jean la paternité du saint Évangile, ou lui dénier une base historique sérieuse.

La lecture évangélique (Ioan., XXI, 20-24) est aujourd’hui comme préparée par les chants qui suivent l’Épître. Pierre et Jean sont liés entre eux par une affection toute particulière, et, malgré la diversité de leurs caractères, ils ont de nombreux points de ressemblance. C’est pourquoi l’Évangile nous les montre presque toujours ensemble, dans les voyages apostoliques, lors de la préparation du banquet pascal, dans la maison du Pontife, à la pêche sur la mer de Tibériade, à la prière vespérale au temple, etc. Maintenant Jésus, après le repas sur les rives du lac de Génésareth, prend Pierre à part pour lui annoncer son sort final ; Jean, par délicatesse, n’ose interrompre importunément leur colloque et se tient à l’écart ; mais son compagnon, qui comprend son désir, lui rend à présent l’échange du bon service qu’il lui a prêté à la dernière Cène, quand, au moyen du disciple bien-aimé, il interrogea le Seigneur pour savoir qui était le traître. « Seigneur, dit Pierre, et de celui-ci qu’en sera-t-il ? » Le divin Maître répondit en faisant allusion à la diversité des vocations, des fonctions et des grâces dans l’Église : « Si je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ma venue, que t’importe ? Toi, suis-moi. » Il voulait dire que les obligations et les vertus d’autrui ne doivent pas nous distraire de l’application aux devoirs de notre charge et de notre état. C’est cela que ile Seigneur veut de nous, et non pas ce que les autres peuvent faire.

Le verset de l’offertoire provient du psaume 21 et compare le juste à un palmier en fleurs et au cèdre gigantesque, qui couronne les sommets du Liban.

Dans la collecte sur les oblations nous prions le Seigneur de les accueillir favorablement, en la solennité d’un si puissant intercesseur, en qui nous mettons toute notre espérance.

Le verset de la Communion revient à l’équivoque des premiers fidèles, à savoir que le disciple bien-aimé ne mourrait pas. Non, tel n’est pas le sens de la promesse de Jésus aux âmes aimantes, et surtout à celles qui se nourrissent de son Sacrement eucharistique. La mort exercera ses droits passagers sur leur corps, mais la grâce nourrira l’esprit en vue de la vie immortelle, et cette vie immortelle mondera un jour si puissamment l’âme, qu’elle arrachera la dépouille périssable aux lacets de la mort, pour la rendre participante de son état bienheureux.

Le passage évangélique de la messe de ce jour contient une preuve importante de l’authenticité du quatrième Évangile, aujourd’hui en butte à la critique rationaliste ; il est opportun de toujours mieux faire valoir cette preuve. Si Jean doit demeurer toujours jeune et robuste, jusqu’à la seconde venue de Jésus, — ainsi raisonnaient les fidèles des dix dernières années du Ier siècle, — cela veut dire que le jour de la Parousie le trouvera encore vivant. Or une semblable équivoque n’était pas possible avant la mort de tous les autres apôtres, qui ne pouvaient certes pas s’être mépris sur le sens des paroles du Maître, et en auraient rectifié l’interprétation, ni après la mort de Jean, qui aurait ruiné tout le crédit de cette croyance. Il ne reste donc, comme période de formation de cette interprétation étrange, que le dernier quart du Ier siècle, temps auquel saint Jean pouvait encore avoir intérêt à dénoncer l’équivoque. Donec veniam se rapporte donc à la parousie seulement en un sens conditionnel, c’est-à-dire si Jésus en avait ainsi décidé.

La robuste vieillesse de l’Évangéliste convenait d’ailleurs fort bien à sa virginité sans tache. Si, en effet, l’état conjugal est destiné à assurer la conservation de l’espèce contre l’infirmité de la chair qui tend à tomber en poussière, la virginité, au contraire, exprime l’état des saints dans la gloire éternelle, alors que, n’étant plus sujets à la faiblesse et à aucune corruption corporelle, ils sont exempts de la nécessité de contracter aucun lien conjugal : In resurrectione autem non nubent neque nubentur, sed erunt sicut Angeli Dei in cœlo...

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« C’est ce Jean qui, à la dernière Cène, reposa sur la poitrine du Seigneur, heureux l’Apôtre auquel les secrets célestes ont été révélés » (Ant. Magn. et Ben.).

1. Saint Jean. — C’est le virginal ami du Christ qui, à la dernière Cène, reposa sur la poitrine de son Maître et y puisa l’amour et la connaissance des plus sublimes mystères, ce qui lui valut une place si brillante dans l’Église ! Au pied de la Croix, il reçut, comme legs précieux de son Maître, sa virginale Mère. Il a donné à l’Église son merveilleux évangile, dans lequel, semblable à l’aigle (son symbole), il s’élève jusqu’aux hauteurs sublimes de la divinité. Combien précieux sont, par exemple, les discours d’adieu du Seigneur à la dernière Cène ! Il nous a laissé le seul livre prophétique du Nouveau Testament, l’Apocalypse, le livre du Jugement dernier. Nous y voyons, dans des images impressionnantes, une série nettement déterminée de châtiments successifs que Dieu fait tomber sur le monde. Ces châtiments avec la catastrophe finale s’unissent pour former une grandiose image du jugement de Dieu. Jean est le seul Apôtre qui soit mort de mort naturelle. Il fut cependant martyr par la volonté et la profession de foi. A la fin de sa vie (vers l’an 100 après J.-C.), il fut jeté dans l’huile bouillante (cf. 6 mai) et « but le calice du Seigneur ».

« Comme le saint évangéliste qui vivait à Éphèse, dans son âge très avancé, était porté à l’église par ses disciples et ne pouvait plus faire de longs discours, il avait coutume, dans les réunions, de répéter toujours les paroles suivantes : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Enfin, les disciples et les frères qui étaient présents, ennuyés de l’entendre toujours répéter le même discours, lui dirent : Maître, pourquoi répètes-tu toujours la même chose ? Alors il leur fit la réponse suivante, bien digne de saint Jean : « parce que c’est le précepte du Seigneur et si vous observez seulement cela, cela suffit. » « Soixante-huit ans après la Passion de son Maître, il mourut dans un âge avancé. Dans le voisinage de la ville qu’on vient de nommer il trouva son dernier repos » (Martyrologe).

2. L’Office, d’une beauté et d’une délicatesse extrêmes, respire l’amour et l’innocence. Les répons de la fête chantent les divers aspects de la personnalité de saint Jean : le bien-aimé du Seigneur, l’Évangéliste, l’auteur de l’Apocalypse, l’apôtre virginal, le docteur de l’Église, l’Apôtre reposant sur la poitrine du Seigneur. Dans les leçons : « Jésus aimait ce disciple, car le privilège spécial de la virginité le rendait digne d’un plus haut amour. Dans l’innocence virginale, il fut choisi comme disciple par le Seigneur et il garda cette innocence jusqu’à la mort. Suspendu à la croix, proche de la mort, le Seigneur lui confia sa Mère, sa Mère Vierge au disciple vierge » (Rép.).

« Vénérable est saint Jean qui pendant la Cène reposa sur la poitrine du Seigneur, A lui, sur la Croix, le Christ a confié sa Mère, sa Mère vierge au disciple vierge. Lui, le disciple vierge, le Seigneur l’a choisi et l’a aimé de préférence à tous les autres disciples. » (Rép.).

Dans les leçons du premier Nocturne nous entendons le commencement de la première Épître de saint Jean, dans laquelle l’Apôtre bien-aimé nous laisse entrevoir son âme remplie d’amour (le commencement vaut pour l’ensemble). Dans le troisième Nocturne, saint Augustin voit dans les deux Apôtres Pierre et Jean les symboles de l’Église de la terre et de l’Église du ciel : « L’Église connaît une double vie qui lui est prêchée et recommandée par Dieu ; de ces deux vies, l’une est dans la foi, l’autre dans la contemplation ; l’une dans le temps de pèlerinage, l’autre dans l’éternité de la demeure ; l’une dans le travail, l’autre dans le repos ; l’une dans la voie, l’autre dans la patrie ; l’une dans l’occupation active, l’autre dans la récompense de la contemplation ; l’une se détourne du mal et fait le bien, l’autre n’a pas de mal dont elle doive se défendre, elle ne connaît qu’un grand bien pour en jouir ; l’une combat contre l’ennemi, l’autre règne sans ennemi... L’une est bonne, mais encore malheureuse, l’autre est meilleure et heureuse. La première est représentée par l’Apôtre Pierre, l’autre par Jean... ».

3. La messe (In medio). — La liturgie de la messe est un peu âpre. Après la poésie de Noël et celle de la prière des Heures, nous désirerions plus de sentiments. Cependant, sous l’écorce amère, on découvre un noyau succulent, L’église de station est Sainte-Marie Majeure. Le choix de cette église se comprend, puisque saint Jean fut donné comme fils à la Sainte Vierge. Introït (qui est celui du commun des docteurs) convient en premier lieu à saint Jean. Par ses écrits, saint Jean est pour tous les temps le grand docteur de l’Église. Songeons seulement combien de fois saint Jean nous parle dans la liturgie. Ici encore, considérons la liturgie sous son aspect dramatique. En la personne du prêtre, saint Jean s’avance à travers le milieu de l’église, vers l’autel. L’Oraison prie aujourd’hui pour l’Église : « Éclairée par la doctrine de notre saint, puisse-t-elle parvenir aux dons éternels. » (C’est là une vraie oraison liturgique qui ne considère pas les particuliers, mais le grand ensemble, le corps mystique de Jésus-Christ). Il faut également entendre la leçon d’une manière plus profonde : la Mère honorable (la Sagesse) est de nouveau l’Église qui rencontre ses enfants, en ce moment, à la messe et les nourrit du pain de vie et de l’eau de la sagesse dans l’Eucharistie. (Nous sommes à Sainte-Marie Majeure. La Mère de Dieu rencontre son fils saint Jean. Marie est le symbole de l’Église et saint Jean le symbole des fidèles). La leçon nous fait mieux comprendre l’Introït. On y applique à tous les élèves de la Sagesse, c’est-à-dire aux disciples de l’Église, ce qui, dans l’Introït, a été dit de saint Jean. Nous voyons une fois de plus que saint Jean est notre symbole et notre modèle. L’Évangile aussi nous étonne un peu : nous aurions peut-être attendu un autre épisode de la vie de l’Apôtre. Cependant le Graduel et la Communion nous apprennent quelle pensée a dirigé la liturgie dans son choix, c’est la parole du Christ : « Je veux qu’il reste ainsi jusqu’à ce que je revienne (donec venio). C’est le leitmotiv de la messe. Rappelons-nous que pendant tout l’Avent nous avons attendu le Roi « à venir » et qu’à Noël nous avons chanté plein de joie : « il est venu » (Off. I. Messe). En la personne du virginal saint Jean, l’Église va au-devant du Roi qui est venu. — Aujourd’hui, dans certaines régions, on bénit et on fait boire le vin de saint Jean : (« Bois l’amour de saint Jean »).

[*]

Communicántes, et diem sacratíssimum celebrántes, quo beátæ Maríæ intemeráta Virgínitas huic mundo édidit Salvatórem, sed et memóriam venerántes, in primis eiúsdem gloriósæ semper Vírginis Maríæ, Genitrícis Dei et Dómini nostri Iesu Christi :Unis dans une même communion et célébrant le jour très saint où la bienheureuse Marie gardant sa virginité sans tâche mit au monde le Sauveur, et honorant la mémoire tout d’abord de la glorieuse Marie toujours Vierge, Mère du même Jésus-Christ notre Dieu et Seigneur...

[1] La fête d’aujourd’hui ne célèbre pas en saint Jean le martyre de l’apôtre, comme dans la plupart des autres Apôtres ; elle chante le « disciple que Jésus aimait ». Et la tradition trouve le motif de cette prédilection du Christ pour saint Jean dans sa virginité. Parce qu’il était vierge, Jésus l’aima plus que les autres apôtres, lui confia sa mère vierge, lui permit de se reposer sur son Cœur divin : et c’est là que l’Évangéliste puisa cet amour et cette onction qui caractérisent ses écrits.

[2] Puisque nous soutenons le contraire de ce que l’Écriture enseigne, savoir, que nul n’est sans péché.

[3] Il s’agit de l’Asie proconsulaire, la province romaine d’Asie, en Asie-Mineure ; capitale Éphèse.

[4] La plupart des Docteurs ne voient dans ce passage que la différence des vocations de Pierre et de Jean ; le premier suivra son Dieu sur la croix ; le second verra, après une longue vieillesse, son Maître venir le chercher par une mort tranquille.

[5] « Six jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et fut transfiguré devant eux. Ces disciples étaient ceux dont il avait dit qu’ils ne goûteraient point la mort, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme dans son royaume. N. S. appelle son royaume, ce que souvent il nomme le royaume des cieux ; mais le royaume des cieux est le royaume des Saints. » (S. Augustin). « Or, dans la Transfiguration, le Fils de l’homme se manifesta à ces trois Apôtres, tel qu’il doit venir plus tard »(S .Jérôme).

[6] Johan. XV, 13.

[7] Col. II, 3.

[8] Johan. XIII, 1.

[9] I Johan. IV, 8.

[10] Ibid.

[11] Ibid. 18.

[12] Isai. I, 3.

[13] 9 : IN NAT SCI IOHANNIS EUAG lec lib sapientiae salomonis. Qui timet dm faciet bona et qui contentus est iustitiae adpraehendit illam usq. et nomine aeterno hereditauit illam.
10 : IN NAT SCI IOHANNIS EUANG lec lib sapientiae salomonis. Iustum deducit per uias rectas usq. et dedit illi claritaem aeternam dns ds nr.
11 : IN NAT SCI IOHANNIS EUANG lec epist beati pauli apost ad ephess. FF benedictus ds et pater dni ni ihu xpi usq. habundauit in nobis per ihm xpm dnm nm.
12 : UNDE SUPRA lec epist beati pauli apost ad ephessios FF iam non estis hospites et aduenae usq. habitaculum di in spu sco..