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06/06, St Norbert, évêque et confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Prêtre en 1115, fondateur des Prémontrés en 1120, archevêque en 1126. Culte reconnu en 1582. Fête en 1620.

Textes de la Messe

die 6 iunii
le 6 juin
SANCTI NORBERTI
SAINT NORBERT
Ep. et Conf.
Evêque et Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Statuit de Communi Confessoris Pontificis 1 loco, præter orationem sequentem :Messe Statuit du Commun d’un Confesseur Evêque 1, sauf l’oraison suivante :
Oratio.Collecte
Deus, qui beátum Norbértum Confessórem tuum atque Pontíficem verbi tui præcónem exímium effecísti, et per eum Ecclésiam tuam nova prole fœcundásti : præsta, quǽsumus ; ut, eiúsdem suffragántibus méritis, quod ore simul et ópere dócuit, te adiuvánte, exercére valeámus. Per Dóminum.Dieu, vous avez fait du bienheureux Norbert, votre Confesseur et Pontife, un excellent prédicateur de votre parole, et vous avez donné par lui à votre Église une nouvelle famille : faites, nous vous en supplions, qu’aidés de ses mérites, nous puissions, grâce à votre secours, mettre en pratique ce qu’il a enseigné par ses paroles et par ses œuvres.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Norbert, issu de très nobles parents, reçut dans sa jeunesse une éducation distinguée. Placé ensuite à la cour même de l’empereur, il méprisa les attraits du monde et désira s’enrôler dans la milice ecclésiastique. Ayant été initié aux saints ordres, il ne voulut plus porter de vêtements qui sentissent la mollesse ou la somptuosité et, couvert d’une melote, se donna tout entier à la prédication de la parole de Dieu. Après avoir renoncé à des prébendes assez importantes et distribué son patrimoine aux pauvres, il commença un genre de vie d’une austérité remarquable, ne faisant par jour qu’un seul repas, le soir, et cela avec les seuls aliments permis pendant le carême, marchant nu-pieds et portant des vêtements en lambeaux, malgré les rigueurs de l’hiver. Ainsi puissant en œuvres et en paroles, il ramena quantité d’hérétiques à la foi, de pécheurs à la pénitence, d’ennemis à la paix et à la concorde.

Cinquième leçon. Comme il était à Laon, l’Évêque le pria de ne pas s’éloigner de son diocèse. S’étant alors choisi une retraite dans un lieu désert appelé Prémontré, et après y avoir réuni treize compagnons, il institua l’Ordre de Prémontré pour lequel, dans une vision miraculeuse, saint Augustin lui donna une règle. La renommée de sa sainteté se répandait de plus en plus et un grand nombre de disciples venant à lui tous les jours, son Ordre fut confirmé par Honorius II et d’autres Papes ; il construisit de nombreux monastères et son institut se propagea d’une façon admirable.

Sixième leçon. Appelé à Anvers, il y détruisit la détestable hérésie de Tanquelin. Son esprit prophétique et ses miracles le rendirent célèbre. Finalement, ayant été élevé, malgré sa résistance, sur le siège archiépiscopal de Magdebourg, il s’y montra ferme à défendre la discipline ecclésiastique et particulièrement le célibat des Prêtres. Au concile de Reims, il seconda singulièrement Innocent II, et s’étant rendu à Rome avec d’autres Évêques, il réprima le schisme de Pierre de Léon. Enfin cet homme de Dieu, plein de l’Esprit-Saint et chargé de mérites, s’endormit dans le Seigneur à Magdebourg, l’an du salut mil cent trente-quatre, le six juin.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

L ’Esprit divin multiplie les secours sur la route de l’Église. Il semble vouloir nous montrer aujourd’hui que la puissance de son action ne doit point s’amoindrir avec les années ; voici que douze siècles après sa venue, éclatent dans le monde les mêmes miracles de conversion et de grâces qui signalèrent son glorieux avènement du ciel en terre.

Norbert, qui porte en ses veines le sang des empereurs et des rois, s’est vu convier surnaturellement, dès le sein de sa mère Hadwige, à une noblesse plus haute ; et cependant, trente-trois années d’une vie qui n’en doit guère compter plus de cinquante, ont été données par lui sans réserve aux plaisirs. Il est temps pour l’Esprit divin de hâter sa conquête. Un jour, dans un orage soudainement survenu, la foudre tombe au-devant du prodigue ; elle le précipite de son cheval, et creuse un abîme entre lui et le but où le porte une soif inassouvie de vanités qui n’arrivent pointa combler le vide de son cœur. Alors, au plus intime de son âme retentit la voix qu’entendit Saul sur le chemin de Damas : « Norbert, où vas-tu ? » Et le miséricordieux dialogue continue entre Dieu et ce nouveau Paul : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? — Éloigne-toi du mal, et fais le bien ; cherche la paix et poursuis-la » [1]. Vingt ans après, Norbert est au ciel, occupant parmi les pontifes un trône illustre, et rayonnant de l’éclat qui marque dans la patrie les fondateurs des grands Ordres religieux.

Quelle trace profonde, durant les années de sa pénitence, il a laissée sur terre ! L’Allemagne et la France évangélisées, Anvers délivré d’une infâme hérésie, Magdebourg arraché par son archevêque aux dérèglements qui souillaient la maison de Dieu : tant d’œuvres dignes de remplir une longue et sainte vie, ne sont point pourtant les plus beaux titres de Norbert à la reconnaissance de l’Église. Avant d’être appelé malgré lui aux honneurs de l’épiscopat, l’ancien hôte de la cour impériale avait choisi dans les forêts du diocèse de Laon, pour prier Dieu et châtier son corps, une solitude inhabitable. Mais bientôt Prémontré a vu ses marécages envahis par des multitudes ; les plus beaux noms de la noblesse venaient demander au grand pénitent la science du salut. En même temps, Notre-Dame lui montrait l’habit blanc que ses disciples devaient revêtir ; saint Augustin leur donnait sa Règle. Une famille nouvelle de Chanoines réguliers, la plus illustre, était fondée ; ajoutant aux obligations du culte divin solennel les austérités de sa pénitence ininterrompue, elle dévouait également ses membres au service des âmes par la prédication et l’administration des paroisses.

Il fallait, dans l’Église de Dieu, ce complément à l’œuvre des moines qui avaient relevé, au siècle précédent, l’épiscopat et la papauté du servilisme féodal. Les moines, quoique n’excluant de leur vie aucune œuvre sainte, ne pouvaient cependant, aussi nombreux qu’il eût été nécessaire, quitter leurs cloîtres et prendre sur eux la charge des âmes, que tant de pasteurs indignes du second ordre continuaient de trahir, dans le douzième siècle, au profit de leurs passions simoniaques et concubinaires. Seule, néanmoins, la vie religieuse pouvait relever le sacerdoce, depuis les hauts sommets de la hiérarchie jusqu’aux derniers rangs de la milice sainte. Norbert fut élu de Dieu pour une part de cette œuvre immense ; et l’importance de sa mission explique la prodigalité sublime avec laquelle l’Esprit-Saint multiplia autour de lui les vocations. Le nombre et la rapidité des fondations permirent de porter bientôt partout le secours ; l’Orient lui-même vit presque aussitôt se lever sur lui la lumière de Prémontré. Au XVIIIe siècle, malgré les destructions des Turcs et les ravages de la prétendue Réforme dans les pays où sa diffusion avait été la plus grande, l’Ordre, divisé en vingt-huit provinces, renfermait encore dans presque toutes ses maisons de cinquante à cent vingt chanoines, et l’on comptait toujours par milliers les paroisses confiées à ses soins.

Les religieuses, dont la sainte vie et les prières sont l’ornement et le secours de l’Église militante, occupèrent dès l’origine la place qui leur était due dans cette innombrable famille ; au temps du fondateur ou peu après sa mort, on en comptait plus de mille à Prémontré même. Un tel chiffre pourra nous donner une idée de la propagation vraiment prodigieuse de l’Ordre à ses débuts. Norbert étendit également sa charité aux personnes qui, comme Thibault comte de Champagne, eussent voulu le suivre au désert, et que la volonté de Dieu retenait dans le monde ; il préluda aux pieuses associations que nous verrons saint Dominique et saint François organiser, au siècle suivant, sous le nom de tiers-ordres.

Vous sûtes racheter le temps [2] comme il convenait, ô Norbert, en ces jours mauvais où vous-même, entraîné par l’exemple de la multitude insensée, aviez frustré Dieu si longtemps dans ses desseins d’amour. Les années refusées par vous d’abord au service du seul vrai Maître du monde lui sont revenues multipliées à l’infini, augmentées de toutes celles que lui ont données vos fils et vos filles. En vingt ans, vos œuvres personnelles ont, elles aussi, rempli le monde. Le schisme abattu, l’hérésie terrassée pour la plus grande gloire du divin Sacrement qu’elle attaquait dès lors, les droits de l’Église revendiqués intrépidement sur les princes de ce monde et tous les détenteurs injustes, le sacerdoce rendu à sa pureté première, la vie chrétienne affermie sur ses véritables fondements qui sont la prière et la pénitence : tant de triomphes en si peu d’années, sont dus à la générosité qui vous empêcha de regarder en arrière, même un instant, du jour où l’Esprit-Saint toucha votre cœur. Faites donc comprendre aux hommes qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à servir Dieu. Fût-on, comme vous, déjà sur le soir de la vie, ce qu’il reste de temps suffit à faire de nous des saints, si nous donnons pleinement ce reste au ciel [3].

Foi et patience furent vos vertus chéries ; répandez-les sur notre triste siècle, qui ne sait plus que douter et que jouir en allant stupidement à l’abîme. N’oubliez point dans le ciel, ô apôtre, les contrées que vous avez évangélisées, malgré leur oubli, malgré leur retour aux tromperies de l’enfer. Saint pontife, Magdebourg a perdu l’antique foi, et avec elle le dépôt qu’elle ne méritait plus de votre saint corps ; Prague possède aujourd’hui vos reliques sacrées ; en bénissant l’hospitalière cité, priez pour la ville ingrate qui n’a pas su garder son double trésor. Enfin, ô fondateur de Prémontré, souriez à la France qui se réclame de votre plus pure gloire. Obtenez de Dieu que, pour le salut de nos temps malheureux, il rende à votre puissant Ordre quelque peu de son ancienne splendeur. Bénissez dans leur trop petit nombre, ceux de vos fils et de vos filles qui cherchent, en dépit des hostilités ridicules et odieuses du pouvoir, à faire revivre chez nous vos bienfaits. Maintenez en eux votre esprit : qu’ils sachent trouver dans la paix avec eux-mêmes le secret du triomphe sur les forces de Satan ; que les splendeurs du culte divin soient toujours pour eux la montagne aimée d’où, comme Moïse, ils rapportent au peuple chrétien, nouvel Israël, la connaissance des volontés du Seigneur.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La fête de ce saint évêque de Magdebourg, fondateur des chanoines Prémontrés, entra d’abord dans le calendrier avec le rite semi-double, puis, sous Clément X, reçut le rite double. Le Siège apostolique doit à saint Norbert une gratitude particulière, parce que, durant le schisme de l’antipape Anaclet II il travailla activement, avec saint Bernard et le pieux abbé de Farfa, Adinolf, à ramener les peuples à l’obéissance envers Innocent II. Quand en effet, dans les premiers jours de mai 1133, les armées du roi Lothaire ramenèrent à Rome le Pontife exilé, nous trouvons avec lui, comme l’âme même de cette expédition, les abbés de Cîteaux et de Farfa et le saint archevêque de Magdebourg qui, à cette époque, remplissait aussi les fonctions de chancelier royal. Ce fut le dernier labeur du Saint, puisque, consumé par ses dures pénitences et par ses travaux, il mourut le 6 juin 1134.

Autrefois, dans la Ville éternelle, une petite église érigée par les Prémontrés sur le Viminal rappelait la venue du Saint à Rome. Frappée ensuite par la confiscation, elle est maintenant détruite.

La messe est du Commun des Confesseurs Pontifes ; seule la première collecte est propre : « Seigneur qui avez rempli d’éloquence votre bienheureux pontife Norbert pour qu’il fût le héraut zélé de votre parole, et qui lui avez aussi accordé de fonder dans l’Église un nouvel Ordre ; par ses mérites donnez-nous d’accomplir ce qu’il nous enseigna par ses actes non moins que par ses paroles ».

La caractéristique de la mission de Norbert fut la prédication enflammée de la parole de Dieu. C’est là une mission toute apostolique, qui, trop souvent, n’est pas appréciée à sa valeur. La prédication du verbe évangélique est si nécessaire en effet, qu’elle doit précéder l’administration même des Sacrements, puisque personne ne peut croire à la parole de Dieu et se sauver, si aucun apôtre ne prêche.

Mais les âmes ne se régénèrent que dans l’Esprit Saint, et c’est pourquoi le prédicateur doit parler, non selon son esprit propre, mais avec celui de Dieu. Les saints Apôtres agirent ainsi ; ayant confié aux diacres le ministère extérieur, ils se réservèrent la prière et l’incessante prédication de la parole du Seigneur. Nos autem orationi et prædicationi verbi instantes erimus [4]. Ils firent donc de la prédication l’un des devoirs les plus essentiels de la vie épiscopale, et saint Luc nous indique les dispositions dans lesquelles ils se trouvaient pour accomplir un si grand ministère : Repleti sunt omnes Spiritu Sancto, et cœperunt loqui [5].

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Offrons aujourd’hui nos prières et nos sacrifices pour t’Ordre des Prémontrés.

1. Saint Norbert. — Jour de mort : 6 juin 1134. Tombeau : d’abord à Magdebourg. Pendant la guerre de Trente Ans, ses ossements furent transportés au monastère de Starhow, à Prague. Image : On le représente en évêque, avec un ostensoir clans les mains. Vie : Le saint fondateur des Prémontrés mena, dans sa jeunesse, bien qu’il fût clerc, une vie très mondaine. En 1115, il se produisit un changement complet dans sa vie. Au cours d’une promenade à cheval, il fut soudain surpris par un orage. La foudre tomba ; son cheval le jeta à bas, et il crut entendre une voix qui lui reprochait sa vie passée. Cela le transforma complètement, comme saint Paul sur le chemin de Damas. Il résolut de renoncer à toutes ses richesses et à ses plaisirs, de mener une vie de renoncement et de se consacrer surtout à la prédication. Il tint sa promesse. En 1121, il fonda l’Ordre des Prémontrés d’après la règle de Saint-Augustin. Cet ordre fut approuvé par le pape Honorius II (1126). En 1125, il fut élu archevêque de Magdebourg. L’archevêque Norbert fit son entrée, pieds nus, dans la ville et dans la cathédrale. Quand il voulut entrer dans le palais archiépiscopal, le portier le repoussa à cause de ses vêtements misérables. « Tu m’as mieux connu et regardé avec des yeux plus clairvoyants que ceux qui me poussent vers ce palais, moi, pauvre homme de rien, qui n’aurais pas dû être élevé à cette dignité ». Telle fut sa réponse au serviteur quand celui-ci, averti par d’autres, demanda pardon de son erreur. Saint Norbert mourut, le 6 juin 1134, à Magdebourg. Il est le patron de la Bohême.

2. La messe est du commun des confesseurs pontifes (Statuit).

[1] Psalm, XXXIII, 15.

[2] Eph. V, 16.

[3] I Petr. IV, 2.

[4] Act. 6, 4:Et pour nous, nous nous appliquerons entièrement à la prière, et à la dispensation de la parole.

[5] Act. 2, 4 : ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils commencèrent à parler.