Accueil - Propres diocésains

Saint Augustin Schœffler, Martyr

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Né le 22 novembre 1822, Augustin Schoeffler était l’aîné de six enfants d’un instituteur de Mittelbronn, alors dans le diocèse de Nancy. À cette époque, l’instituteur était, en même temps, secrétaire de mairie et chantre à l’église. Comme il semblait doué pour les études, son père le mit en pension chez son oncle, curé d’Arraye, où il fit sa première communion. De là, il entra au petit séminaire de Pont-à-Mousson, car, s’il envisageait volontiers d’imiter son oncle, il lui fallait encore apprendre le français ; de fait, sa langue maternelle était l’allemand. Cependant, il termina ses études au collège de Phalsbourg, ville natale de son père.

Augustin entra au grand séminaire de Nancy, en novembre 1842, où il fut nommé « préfet de chœur ». Puis il rentre au Séminaire des Missions Étrangères. Il fut ordonné prêtre le 29 mai 1847 et reçut sa mission pour le Tonkin. Le 18 novembre, il embarqua à Anvers à destination de la procure des missions d’Extrême-Orient. Juste avant le départ, il reçut des nouvelles concernant sa mission : la persécution venait de reprendre en Cochinchine et au Tonkin.

Dans ce contexte, Schoeffler pénétra clandestinement dans sa mission du Tonkin. Il fallut d’abord se déguiser en Chinois : la moitié du crâne rasé, une queue de cheveux postiches, une longue robe de toile grise fendue de chaque côté. Le jeune missionnaire était heureux de découvrir sa seconde patrie et s’émerveillait de la foi des chrétiens, et des risques qu’ils prenaient pour y demeurer fidèles. Il assimila rapidement la langue et, au bout de six mois, fut capable d’entendre les confessions et de prononcer quelques courtes instructions. Ainsi put-il accompagner son évêque dans sa tournée pastorale. Il était stupéfait de l’ampleur des foules qui se rassemblaient pour la circonstance. Il donna ensuite de ses nouvelles au supérieur du grand séminaire de Nancy : « Depuis que le roi Tu Duc est monté sur le trône de ses ancêtres, notre sainte religion a vu ses jours s’améliorer. Nous nous tenons à moitié cachés, à moitié à découvert. Les mandarins connaissent la présence d’Européens dans leur préfecture, mais ils semblent fermer les yeux. On dirait que l’on voudrait donner la liberté de religion et que l’on n’ose encore ».

L’évêque l’envoya dans la province de Son Tây, au nord-ouest de la mission, c’est là que Jean-Charles Cornay avait subi le martyre quatorze ans plus tôt. Schoeffler arriva dans son nouveau district début 1851. Il était le seul Européen avec huit confrères vietnamiens et quinze mille chrétiens. Dans les montagnes, il y avait des populations aborigènes qui n’avaient jamais entendu parler de l’Evangile. « C’est ici que j’espère mourir », écrivit-il à l’abbé Stricher, un ami de Lorraine.

Mais les édits du nouvel empereur sont clairs : « Les prêtres européens seront jetés dans les abîmes de la mer ou des fleuves. Les prêtres vietnamiens, qu’ils foulent ou non la croix, seront coupés par le milieu du corps. Quiconque dénoncera un prêtre européen recevra huit taëls d’argent. Ceux qui auront caché un prêtre européen seront coupés par le milieu des reins et jetés au fleuve ».

Dès son arrivée au Tonkin, Schoeffler avait écrit : « Le petit coup de sabre serait-il réservé à quelqu’un d’entre nous ? Quelle grâce ! Jusqu’ici je n’ai osé la demander ; mais maintenant, chaque jour au saint Sacrifice, j’offre mon sang à Jésus pour celui qu’il a versé pour moi ».

Dénoncé au chef de canton, Schoeffler fut arrêté en mars 1851, lors de la proclamation de l’édit impérial.

Schoeffler comparut devant le gouverneur de la province de Son Tây, comme Cornay quatorze ans auparavant. Il subit un interrogatoire au sujet de son identité et le motif de sa présence au Vietnam. On lui demanda s’il savait qu’il était interdit d’y prêcher le christianisme sous peine de mort. Il répondit qu’il le savait. On lui enjoignit de marcher sur la croix. Il refusa. Un deuxième interrogatoire n’apporta rien de plus. Le gouverneur n’avait plus qu’à adresser son rapport à l’empereur. Schoeffler fut donc enfermé, chargé de la cangue, dans la prison des condamnés à mort.

Le 11 avril, la sentence impériale revint de la capitale : « Les lois de l’empire défendent très sévèrement la religion de Jésus. Cependant le sieur Augustin, prêtre de cette religion, a osé pénétrer clandestinement dans Nos États pour la prêcher en secret, séduire et tromper le peuple. Arrêté, il a reconnu la vérité du fait, il a tout avoué. Que le sieur Augustin ait la tête tranchée sur-le-champ et jetée dans le fleuve ».

Le 1er mai 1851, le martyr, entouré de l’imposante force armée et de la foule, s’agenouilla et pria un moment. À la demande du bourreau, qui semblait plus ému que lui, il se dénuda le torse et se laissa lier les mains dans le dos. Il leva les yeux au ciel et dit : « Ce que vous avez à faire, faites-le vite ». Quand cymbales et tambours retentirent, le bourreau abattit son sabre.

Après le départ des soldats, on revit ce qui s’était passé treize ans plus tôt après l’exécution de Jean-Charles Cornay : de nombreuses personnes – chrétiennes ou non – s’approchèrent pour tremper des morceaux de coton dans le sang du martyr. On vit même un mandarin récupérer une tunique blanche éclaboussée de sang : elle avait été placée par ses soins sur le lieu de l’exécution. Il reçut plusieurs coups de rotin en châtiment de cette manifestation indigne d’un fonctionnaire de l’empire, mais il emporta chez lui la tunique.

En exécution de la sentence, des soldats jetèrent la tête du martyr dans le fleuve Rouge. Elle ne fut jamais retrouvée. Le corps fut inhumé sur place, selon la loi, dans un cercueil que les chrétiens avaient préparé. Deux jours plus tard, ils l’exhumaient discrètement et allaient le réinhumer dans un village chrétien.

Augustin Schoeffler mourut à l’âge de 29 ans, trois ans après son arrivée dans sa mission du Tonkin. Il fut le premier missionnaire victime de la deuxième vague de persécution du Vietnam, menée par l’empereur Tu Duc, qui fera encore plus de victimes que la première, celle de Minh Mang.

Le décret d’introduction pour sa cause de Béatification est daté du 24 septembre 1857. Le bref de Béatification est signé parle pape Léon XIII le 7 mai 1900, et les solennités furent célébrées le 27 du même mois, à Saint-Pierre de Rome. Sa fête a été transférée du 20 juin au 6 mai en 1960.

Augustin Schoeffler, patron des séminaristes du diocèse de Nancy depuis 1900, a été canonisé le 16 juin 1988 par le pape Jean-Paul II. Il est aussi le patron du séminaire interdiocésain de Lorraine.

die 6 maii
le 6 mai
ante CR 1960 : die 20 iunii
avant 1960 : le 20 juin

SANCTI AUGUSTINI SCHÆFFLER

SAINT [1] AUGUSTIN SCHŒFFLER

Martyris
Martyr
Duplex (CR 1960 : III classis)
Double (1960 : IIIème classe)
Ant. ad Introitum. Is. 18, 2 et 3Introït
Ite, Angeli velóces, ad gentem convúlsam, ad pópulum terríbilem : omnes inhabitatóres orbis, cum elevátum fúerit signum in móntibus, vidébitis. (T.P. Allelúia, allelúia.)Allez, rapides messagers, vers le peuple révolté, vers le peuple terrible. Vous tous qui peuplez la terre, quand on élèvera le signe du salut sur la Montagne, regardez ! (T.P. Alléluia, alléluia.)
Ps. 46, 2.
Omnes gentes, pláudite mánibus : jubiláte Deo in voce exsultatiónis.Peuples de l’univers, faites éclater vos applaudissements, acclamez Dieu par vos cris de joie.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Beáti Mártyris tui Augustíni nos, Dómine, præclára fídei exempla in tuo servítio ita confírment : ut fidéles usque ad mortem inveníri mereámur.Seigneur, que le merveilleux exemple de fidélité à votre service que nous donne le bienheureux Martyr Augustin, nous aide à demeurer fidèles jusqu’à la mort.
Lectio Isaíæ Prophetæ.Lecture du Livre d’Isaïe le Prophète.
66, 18-20
Hæc dicit Dóminus : Vénio ut cóngregem, cum ómnibus gentibus et linguis, et vénient, et vidébunt glóriam meam. Et ponam in eis signum, et mittam ex eis qui salváti fúerint, ad gentes in mare, in Africam, et Lýdiam, tendéntes sagíttam ; in Itáliam et Grǽciam, ad ínsulas longe, ad eos qui non audiérunt de me, et non vidérunt glóriam meam. Et annuntiábunt glóriam meam géntibus : et addúcent omnes fratres vestros de cunctis géntibus donum Dómino, ad montem sanctum meum Jerúsalem.Voici la parole du Seigneur : Je viens pour réunir les hommes de toute race et de toute langue ; ils viendront et ils verront ma gloire. Et je les marquerai d’un signe et j’enverrai certains de ceux qui seront sauvés vers les païens du littoral, vers les tireurs d’arc d’Afrique et de Lybie, en Italie, en Grèce, vers les îles lointaines, vers ceux qui n’ont pas entendu parler de moi et n’ont point vu ma gloire. Et ces messagers annonceront ma gloire aux païens et ils amèneront des frères venus de toute la terre, comme un don au Seigneur, vers ma Montagne sainte, Jérusalem.
Graduale. Zach. 1, 10Graduel
Isti sunt, quos misit Dóminus, ut perámbulent terram.Voici ceux que le Seigneur a envoyés pour parcourir la terre.
V/. Luc. 9, 6 Egréssi circuíbant, evangelizántes et curántes ubíque.V/. Ils s’en allèrent marchant, prêchant la bonne nouvelle et opérant partout des guérisons.
Allelúia, allelúia. V/. Is. 26, 2. Aperíte portas, et ingrediátur gens justa, custódiens veritátem.Allelúia, allelúia. V/. Ouvrez les portes pour laisser entrer le peuple saint qui garde la vérité.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 20, 3-4Trait
Desidérium ánimæ eius tribuísti ei : et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum.Vous lui avez accordé le désir de son cœur et vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres.
V/. Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis.V/. Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions.
V/. Posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso.V/. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
In missis tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Aux messes pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Is. 26, 2. Aperíte portas, et ingrediátur gens justa, custódiens veritátem.Allelúia, allelúia. V/. Ouvrez les portes pour laisser entrer le peuple saint qui garde la vérité.
Allelúia. V/. Is. 52, 10. Vidérunt omnes fines terræ salutáre Dei nostri. Allelúia.Alléluia. V/. Tous les confins de la terre verront le salut de notre Dieu. Alléluia !
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
10, 34-42.
In illo tempore : Dixit Jesus discípulis suis : Nolíte arbitrári quia pacem vénerim míttere in terram ; non veni pacem míttere, sed gládium. Veni enim separáre hóminem advérsus patrem suum, et fíliam advérsus matrem suam, et nurum advérsus socrum suam : et inimíci hóminis, domestici ejus. Qui amat patrem aut matrem plus quam me, non est me dignus. Et qui amat fí-lium aut fíliam super me, non est me dignus. Et qui non áccipit crucem suam, et séquitur me, non est me dignus. Qui invénit ánimam suam, perdet illam ; et qui perdíderit ánimam suam propter me, invéniet eam. Qui récipit vos, me récipit : et qui me récipit, récipit eum qui me misit. Qui récipit Prophétam in nómine Prophétæ, mercédem Prophétæ accípiet ; et qui récipit justum in nómine justi, mercédem justi accípiet. Et quicúmque potum déderit uni ex mínimis istis cálicem aquæ frígidæ tantum in nómine discípuli : amen dico vobis, non perdet mercédem suam.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité d’homme juste recevra une récompense d’homme juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : il ne perdra pas sa récompense.
Ant. ad Offertorium. Ps. 53, 8, 9Offertoire
Voluntárie sacrificábo tibi : et confitébor nómini tuo, Dómine : quóniam ex omni tribulatióne eripuísti me. (T.P. Allelúia.)De grand cœur je t’offrirai un sacrifice et je rendrai grâces à ton Nom, Seigneur, car tu m’as délivré de toutes mes épreuves. (T.P. Alléluia.)
Secreta.Secrète
Beáti Mártyris tui, Augustíni intercessióne, quǽsumus, Dómine, Ecclésiæ tuæ commendétur oblátio ; cujus et prædicatiónibus et exémplis illustrátur.Nous vous prions, Seigneur, d’agréer l’offrande de votre Église, grâce aux prières du bienheureux Martyr Augustin, qui l’a illustrée par sa prédication et ses exemples.
Ant. ad Communionem. Apoc. 22, 1 et 2Communion
Ostendit mihi Angelus flúvium aquæ vitæ, procedéntem de sede Dei et Agni, et lignum vitæ áfferens fructus duódecim, ad sanitátem géntium. (T.P. Allelúia.)L’Ange me montra le fleuve d’eau vive sortant du trône de Dieu et de l’Agneau, et l’arbre de vie qui donne douze fois du fruit pour la guérison des païens. (T.P. Alléluia.)
Postcommunio.Postcommunion
Per sacrifícium, Dómine, quod in honórem beáti Mártyris tui Augustíni majestáti tuæ obtúlimus, præcónes evangélicos multíplica et confírma : ut vera fides ubíque lúceat ; et magnificetur in géntibus nomen tuum.Seigneur, par le sacrifice que nous avons offert à votre divine Majesté, en l’honneur du bienheureux Augustin, multipliez et fortifiez les missionnaires de l’Évangile, afin que la vraie foi rayonne en tout lieu et que votre Nom soit loué par tous les peuples.

[1] Béatifié sous Léon XIII en 1900, canonisé par Jean-Paul II en 1988