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Saint Amon, évêque

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Au diocèse de Nancy et de Toul, jusqu’en 1955.

St Amon, 2nd Evêque de Toul (fin du IVe siècle).

Amon, suivant Adson (Chroniqueur de la vie de saint Mansuy et de ses successeurs, sur l’ordre de saint Gérard) et les anciennes tables de l’Église de Toul, fut l’un des plus distingués disciples de saint Mansuy. Ce seul titre nous semblerait suffisant pour considérer le second évêque de Toul, comme originaire de cette cité ou du pays dont elle était la capitale : et cette particularité, sans ajouter à notre vénération, devrait augmenter pour lui notre affection et notre zèle. Le Père Benoit dit que l’inclination du nouvel évêque pour la solitude, le lit se retirer dans la forêt du Saintois, pour s’y livrer à la prière et à la méditation. Que ce désert qui n’est point joigne de la capitale du comté de Vaudémont (Vézelize) lui devint si cher, qu’il y fit bâtir un oratoire eu l’honneur de la sainte Vierge, et ensuite y ajouta plusieurs cellules pour y loger ceux de son clergé qui, ne pouvant souffrir d’être éloignés de leur évêque, étaient d’ailleurs bien aises de partager avec lui les douceurs de la retraite. C’est sans doute à ces tables de l’église de Toul que le bréviaire du diocèse de 1512, a emprunté les neuf leçons de l’office de saint Amon. Ces leçons ont été complètement changées dans le bréviaire du même diocèse de 1595 : Amon, y est-il dit, s’appliqua de tout son pouvoir à la conversion et à l’instruction des peuples, jusqu’à ce que la persécution de l’empereur Domitien, qui mourut l’an 98, la quinzième année de son règne, le contraignit à quitter Toul et à se retirer en quelque lieu désert, d’où cependant il pût encore veiller sur son troupeau. Il choisit, seulement au quatrième milliaire de la ville, une forêt qui, depuis, a porté son nom, où il trouva une grotte dans laquelle il pouvait se tenir et demeurer. Ses clercs et les fidèles du voisinage l’y visitaient secrètement, lui procuraient les objets nécessaires à sa subsistance, et recevaient de lui, en échange, l’enseignement chrétien et de paternelles exhortations à la persévérance dans la foi de Jésus-Christ. De là encore il pourvoyait à la conservation de son Église, et ce qu’il ne pouvait, personnellement ou par ses coopérateurs, lui procurer de secours spirituels, il conjurait le Seigneur dans de longues prières et de sublimes entretiens de le lui envoyer directement par un effet de sa puissance et de sa bonté.

Voilà deux récits contradictoires en ce qui regarde la cause de la retraite de saint A mon. Si l’on adopte l’opinion de l’origine apostolique du siège de Toul par saint Mansuy, c’est ce dernier récit qu’il faudra admettre. Si, au contraire, on pense que l’apôtre de Toul n’est venu dans cette cité des Leuci que vers la fin du quatrième siècle, on devra s’attacher de préférence à ce que rapportent de saint Amon les tables de l’Église de Toul et le bréviaire de 1512, d’autantt plus que, dans ce bréviaire, à l’office du successeur immédiat de saint Mansuy, se trouve une hymne qui n’est que sa légende mise en chant, et dont voici la sixième strophe :

Ortam labem hereticam
Exclusit a Tullensibus,
Atque fidem catholicam
Reformavit in omnibus.

Ces paroles pourront bien laisser croire à quelques personnes que saint Amon détruisit chez les Toulois une hérésie, qui ne peut étre que l’arianisme ; qu’ainsi la mission de saint Mansuy à Toul, ne remonterait pas au temps des apôtres ; et le séjour de saint Amon dans la capitale des Leuci, serait de l’époque des fameux anachorètes Paul et Antoine, ou plutôt encore de l’évêque de Tours, saint Martin qui joignait, aux fonctions du ministère sacré, les rigueurs de la vie cénobitique, et dont l’évêque de Toul aurait imité, jusqu’à un certain point, le genre de vie extraordinaire. — Que saint Amon ait fait construire, non loin de la grotte qui lui servait d’asile, un oratoire pour y offrir les augustes mystères, qu’il ait dédié cet oratoire à la sainte Vierge, selon que le raconte l’ancienne légende ; qu’il ait fait creuser un puits pour y puiser l’eau dont il avait besoin, rien absolument en tout cela que de naturel et de conforme aux temps historiques qui ont suivi de près l’époque du grand Constantin—et on peut admettre sans trop de répugnance que l’eau du puits ait acquis par la bénédiction et les mérites de l’homme de Dieu, la vertu de guérir de la fièvre. Ce fut, sans doute, pour perpétuer le souvenir des guérisons obtenues par cette eau, que les peintures et les gravures des temps postérieurs ont représenté saint Amon sur le bord d’un puits qu’il bénit de la main droite [1].

Le genre de vie que le Père Benoît, d’après les tables de l’Église de Toul, et le bréviaire de 1512 fait adopter à saint Amon depuis son élévation à l’épiscopat n’est admissible, que si on recule jusqu’au quatrième siècle l’arrivée de saint Mansuy à Toul. Un évêque du commencement du second siècle, avait à remplir d’autres devoirs que ceux de la vie érémitique ; la prédication de l’Évangile, la conversion des nombreux idolâtres du pays toulois, en un mot la destruction du paganisme ; voilà quels ont dû être les travaux auxquels saint Amon s’est livré sans relâche, et le but de son apostolat, comme successeur de saint Mansuy, si ce dernier a reçu sa mission de l’apôtre saint Pierre.

Combien d’années saint Amon dût-il passer dans sa retraite, combien d’années ensuite employa-t-il, jusqu’à sa mort, à l’exercice de son apostolat ? Il n’est pas plus possible de le dire que de fixer le temps auquel le Seigneur daigna le rappeler à lui. En supposant, dit M. de l’Aigle qui admettait la mission de saint Mansuy à Toul au temps de l’apôtre saint Pierre, en supposant que saint Amon ait gouverné l’Église de Toul aussi longtemps que son prédécesseur, c’est-à-dire, pendant quarante ans, sa mort serait arrivée vers l’an 130 sous l’empereur Adrien. Selon qu’il l’avait recommandé, son corps fut déposé auprès de celui de son saint prédécesseur et s’il fallait suivre, à la lettre, les tables de Toul, il l’eut été dans le même tombeau : in magistri sepulcro.

D’après le Père Benoit qui avait, sous les yeux, des actes de saint Amon, autres que ceux que nous a légués Dom Calmet, Frotaire, vingt-septième évêque de Toul, aurait fait, vers l’an 820, une translation des reliques de notre bienheureux. Plus tard, c’est-à-dire, de la fin du neuvième siècle au commencement du dixième, elles auraient été cachées en lieu souterrain, avec celles des saints Alchas et Celsin, troisième et quatrième évêques, pour les soustraire aux profanations des Normands, puis des Hongrois qui, dans ces temps, désolèrent le pays par les ravages qu’ils y firent. Selon toute apparence, elles en furent tirées par saint Gauzelin. Les mêmes actes rapportent, en effet, que ce prélat ayant élevé un magnifique autel en l’honneur du prince des apôtres, dans l’église de Saint-Mansuy qu’il avait réparée, y plaça la châsse où reposait le corps de saint Amon, pour l’exposer à la vénération des fidèles.

La légende ajoute qu’en 1026, l’évêque Hériman, pour satisfaire aux pressantes sollicitations de ses chanoines, tira les restes précieux de saint Amon du lieu où ils étaient conservés, les plaça dans une fort belle châsse et les fit apporter dans sa cathédrale avec le cilice que le bienheureux évêque avait longtemps porté. Dans un synode général, tenu depuis cette cérémonie, il ordonna qu’à l’avenir, la fête et la translation des reliques de saint Amon seraient célébrées dans tout le diocèse, par un office particulier, le même jour qui serait le onzième des calendes de novembre (22 octobre) [2].

die 23 octobris
le 23 octobre
SANCTI AMONIS
SAINT AMON
Ep. et Conf.
Evêque et Confesseur
duplex
double
Ant. ad Introitum. Coloss, 1, 25Introït
Ecclésiæ factus sum ego miníster secúndum dispensatiónem Dei, quæ data est mihi in vos, ut ímpleam verbum Dei.Je suis devenu le ministre de l’Église ; la mission que Dieu m’a confiée, c’est de faire connaître la parole de Dieu.
Ps. 77, 1.
Atténdite, pópule meus, legem meam : inclináte aurem vestram in verba oris mei.O mon peuple, sois attentif à ma loi, prête l’oreille à ma parole.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui beátum Amónem, Confessórem tuum et Pontíficem, præclára virtútum grátia mirabíliter decorásti : da nobis eius imitatióne sic bene vivéndo prófícere ; ut ad cæléstis regni glóriam mereámur felíciter perveníre. Per Dóminum.O Dieu, qui avez admirablement doté le bienheureux Amon, votre Confesseur et Pontife, de la grâce éclatante des vertus : donnez-nous de si bien avancer en cette vie à son imitation que nous méritions de parvenir avec bonheur à la gloire du royaume des cieux.
Lectio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios.Lecture de la deuxième Lettre de saint Paul aux Corinthiens.
II, 1, 12-14.
Fratres : Glória nostra hæc est, testimónium conscientiæ nostræ, quod in simplicitáte cordis et sinceritáte Dei, et non in sapientia carnáli, sed in grátia Dei, conversáti sumus in hoc mundo : abundántius autem ad vos. Non enim ália scríbimus vobis, quam quæ legístis, et cognovístis. Spero autem quod usque in finem cognoscétis, sicut et cognovístis nos ex parte, quod glória vestra sumus, sicut et vos nostra, in die Dómini nostri Iesu Christi.Frères, voici ce qui fait notre fierté : le témoignage de notre conscience ; nous nous sommes conduits dans le monde, et particulièrement à votre égard, avec la sainteté et la sincérité de Dieu ; non avec une sagesse humaine, mais selon la grâce de Dieu. En effet, nous ne vous écrivons pas autre chose dans nos lettres que ce que vous lisez et vous comprenez. Or, j’espère que vous comprendrez jusqu’au bout — comme vous nous avez compris en partie — que nous sommes pour vous un sujet de fierté, comme vous le serez pour nous au jour de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.
Graduale. Eccli. 3, 2.Graduel
Iudícium patris audíte, fílii : et sic fácite, ut salvi sitis.Écoutez les enseignements de votre père, ô fils : et suivez-lez, pour être sauvés.
V/. Act. 20, 18 et 21. Scitis quáliter vobíscum per omne tempus fúerim, testíficans in Deum pæniténtiam, et fidem in Iesum Christum.V/. Vous savez de quelle sorte je me suis conduit en tout temps avec vous, prêchant la pénitence envers Dieu, et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ.
Allelúia, allelúia. V/. Act. 1, 38. Hic est qui fuit in Ecclesia cum pátribus nostris, qui accepit verba vitæ dare nobis. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. C’est lui qui fut dans l’Église avec nos ancêtres et qui reçut les paroles de vie à nous transmettre. Alléluia !
In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit
Tractus. Ps 77, 70-72.Trait
Elegit Dóminus, servum suum : et sústulit eum de grégibus óvium.Le Seigneur a choisi son serviteur, et le tira des bergeries.
V/. Páscere Jacob servum suum : et Israël hereditátem suam.V/. Pour paître Jacob, son peuple, et Israël, son héritage.
V/. Et pavit eos in innocéntia cordis sui : et in intelléctibus mánuum suárum dedúxit eos.V/. Et il les guida dans la droiture de son cœur, et il les conduisit d’une main habile.
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Act. 7, 38 Hic est qui fuit in Ecclesia cum pátribus nostris, qui accepit verba vitæ dare nobis. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. C’est lui qui fut dans l’Église avec nos ancêtres et qui reçut les paroles de vie à nous transmettre. Alléluia !
Allelúia. V/. Ps. 33, 12. Veníte, fílii, audíte me : timórem Dómini docébo vos. Allelúia.Allelúia. V/. Venez, mes fils, écoutez-moi : je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu Luc Jean Marc.
Matth. 24, 42-47.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Vigilate, quia nescítis, qua hora Dóminus vester ventúrus sit. Illud autem scitóte, quóniam, si sciret paterfamílias, qua hora fur ventúrus esset, vigiláret útique, et non síneret pérfodi domum suam. Ideo et vos estóte parati : quia qua nescítis hora Fílius hóminis ventúrus est. Quis, putas, est fidélis servus et prudens, quem constítuit dóminus suus super famíliam suam, ut det illis cibum in témpore ? Beátus ille servus, quem, cum vénerit dóminus eius, invénerit sic faciéntem. Amen, dico vobis, quóniam super ómnia bona sua constítuet eum.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Veillez donc, parce que vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur viendra. Sachez-le bien, si le père de famille savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait certainement, et ne laisserait pas percer sa maison. C’est pourquoi, vous aussi, soyez prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne savez pas. Quel est, pensez-vous, le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi sur ses gens, pour leur distribuer leur nourriture en temps convenable ? Heureux ce serviteur, si son maître, à son arrivée, le trouve agissant ainsi ! En vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens.
Ant. ad Offertorium. Philipp. 1,4, 7 et 9Offertoire
In cunctis oratiónibus meis, pro ómnibus vobis deprecatiónem fáciens, eo quod hábeam vos in corde ; hoc oro, ut cáritas vestra magis ac magis abúndet.Dans toutes mes prières, je supplie Dieu pour vous, car je vous porte dans mon cœur ; je prie pour vous pour que votre charité augmente de plus en plus.
SecretaSecrète
Offerendórum tibi múnerum, Deus, auctor et dator, adáuge in nobis eam, quæ tibi est acceptábile sacrifícium, bonórum invisibílium fidem : ut ad plenitúdinem sanctitátis, quo beátum Pontíficem tuum Amónem evéxit ; ab eádem, ipso intercedénte, perducámur. Per Dóminum.O Dieu, qui créez et donnez les présents que nous devons nous offrir, augmentez en nous cette foi dans les biens invisibles qui est pour vous un sacrifice acceptable : elle a élevé le bienheureux Amon votre Pontife à la plénitude de la sainteté, que par son intercession elle nous y conduise aussi.
Ant. ad Communionem. Philipp. 1, 3 et 6Communion
Grátias ago Deo meo in omni memória vestri, confídens hoc ipsum, quia qui cœpit in vobis opus bonum, perfíciet usque in diem Christi Iesu.Je remercie Dieu chaque fois que je pense à vous, ayant confiance que le Seigneur qui a commencé votre sanctification travaillera à son achèvement jusqu’au jour où reviendra le Christ Jésus.
PostcommunioPostcommunion
Sumpto pígnore salútis ætérnæ, misericórdiam tuam, Dómine, deprecámur : ut beáti Amónis, Pontíficis tui, précibus, tríbuas nobis in hac vita, tuæ, quam ipse nos dócuit, veritátis amórem ; et in cælis perpétuæ lætítiæ suavitátem. Per Dóminum.Nous avons reçu le gage du salut éternel, et nous supplions votre miséricorde, Seigneur : par les prières du bienheureux Amon, votre Pontife, accordez-nous en cette vie l’amour de votre vérité qu’il nous a enseigné, et dans les cieux la douceur de la joie éternelle.

[1] On a deux gravures du célèbre Jacques Callot, l’une représentant saint Mansuy ressuscitant le fils du gouverneur de Toul ; et l’autre saint Amon prêchant l’Évangile à la foule réunie autour de lui.

[2] L’office de saint Amon se lit dans le bréviaire de Toul de l’année 1512, mais il ne se trouve pas dans le bréviaire manuscrit du même diocèse. On estime que cet ancien livre liturgique est du quatorzième siècle, ou au plus tard du quinzième. Il est en deux parties dont la première contient les offices de l’hiver et du printemps. C’est la seconde partie que possède la bibliothèque du séminaire de Nancy, c’est-à-dire celle des offices de l’été et de l’automne.