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3ème Dimanche après la Pentecôte anciennement Dimanche dans l’Octave du Sacré-Cœur

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De 1929 à 1955, ce dimanche fut appelé Dimanche dans l’Octave du très St Cœur de Jésus

Pour cette raison, l’Office en fut modifié en 1929. Après 1955 et malgré la suppression de l’Octave, l’Office ne subit aucun changement [1].

Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office après 1929 : Dimanche dans l’Octave du Sacré-Cœur  
  Office avant 1929 : 3ème Dimanche après la Pentecôte  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

La liturgie de ce jour chante la miséricorde divine à l’égard des hommes. Comme Jésus « qui était venu appeler non les justes mais les pécheurs », l’Esprit-Saint, qui continue l’action du Christ dans les cœurs, vient établir le règne de Dieu dans les âmes pécheresses. C’est ce que l’Église proclame dans le bréviaire et le missel.

Les lectures du bréviaire sont consacrées en ce jour à l’histoire de Saül. Après la mort d’Héli, les Israélites s’étaient soumis à Samuel comme à un nouveau Moïse. Mais lorsque Samuel devint vieux le peuple lui demanda d’avoir un roi. Dans la tribu de Benjamin vivait alors un homme appelé Cis qui avait un fils du nom de Saül. Aucun enfant d’Israël ne l’égalait en beauté et il les surpassait tous d’une tête. Les ânesses de son père s’étant égarées, Saül s’en alla à leur recherche. Il arriva au pays de Rama, où demeurait Samuel. Il se dit : « L’homme de Dieu me dira où je les trouverai ». Comme il était en présence de Samuel, Dieu dit à ce dernier : « Voici l’homme que j’ai choisi pour régner sur mon peuple ». Samuel dit à Saül : « Les ânesses que tu as perdues il y a trois jours sont retrouvées ». Le lendemain Samuel prit sa corne à huile, et la répandit sur la tête de Saül puis il l’embrassa en lui disant : « Le Seigneur t’a oint comme chef sur son héritage et tu délivreras son peuple des mains de ses ennemis qui sont autour de lui. » « Saül ne fut oint qu’avec un petit vase d’huile, dit S. Grégoire, parce qu’à la fin il allait être réprouvé. Ce vase contenant en effet peu d’huile, Saül a peu reçu, recevant la grâce spirituelle pour la rejeter ensuite »(Matines). « En tout, ajoute-t-il ailleurs, Saül désigne les superbes et les obstinés ».

S. Grégoire dit que Saül qui fut envoyé par son père « pour chercher des ânesses perdues, est une figure de Jésus qui fut envoyé par son Père pour chercher les âmes qui étaient perdues ». « Les ennemis sont à l’entour, in circuitu, continue-t-il, aussi le bienheureux Pierre dit : « Votre adversaire, le diable, rôde (circuit) autour de vous ». Et comme Saül fut oint roi pour délivrer son peuple des ennemis qui l’assaillaient, ainsi le Christ, l’Oint par excellence, vint nous délivrer des démons qui cherchaient à nous perdre. On comprend dès lors le choix de l’Évangile et de l’Épître de cette messe. L’Évangile nous montre la brebis perdue et le bon Pasteur qui la recherche, la met sur ses épaules et la rentre ainsi au bercail. C’est une des plus anciennes représentations de Notre-Seigneur dans l’iconographie chrétienne. On la trouve déjà dans les catacombes. L’Épitre expose à son tour les dangers auxquels sont exposés les hommes, que cette brebis perdue représente. Veillez, car le démon, comme un lion rugissant, cherche une proie à dévorer. Résistez-lui en étant forts dans votre foi. Jetez en Dieu toutes vos sollicitudes, car lui-même prend soin de vous (Ep.), (Les leçons et les répons du 1er Nocturne parlent simultanément de l’histoire de Saül et de Dieu qui délivre David des griffes du lion.), Il vous mettra à l’abri des atteintes de vos ennemis (Grad.) lui qui est le protecteur de ceux qui espèrent en lui (Or.) et qui n’abandonne jamais ceux qui le cherchent (Off.). Nous rappelant le sort de Saül qui, d’abord petit à ses yeux, s’enorgueillit ensuite de sa dignité royale, désobéit à Dieu et ne voulut pas reconnaître ses torts, « humilions-nous devant Dieu » (Ép.) et disons-lui : « Ô mon Dieu, voyez ma misère et prenez-moi en pitié ; j’ai confiance en vous, faites que je ne sois pas confondu (Intr.) ; et puisque sans vous, rien n’est solide, rien n’est saint, faites que nous usions de telle façon des biens temporels que nous ne perdions pas les biens éternels (Or.), donnez-nous donc, au milieu des tentations, une stabilité inébranlable » (Ép.).

Textes de la Messe

Dominica Tertia post Pentecosten
3ème Dimanche après la Pentecôte
II Classis
2ème Classe
Ante 1960 : Dominica infra Oct. Ssmi Cordis Iesu
Avant 1955 : Dimanche dans l’Octave du très St Cœur de Jésus
Ante 1955 : semiduplex
Avant 1960 : semidouble
Ant. ad Introitum. Ps. 24, 16 et 18.Introït
Réspice in me et miserére mei, Dómine : quóniam únicus et pauper sum ego : vide humilitátem meam et labórem meum : et dimítte ómnia peccáta mea, Deus meus.Jetez un regard sur moi et ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis seul et pauvre, voyez mon humiliation et mon labeur et pardonnez-moi tous mes péchés.
Ps. ibid., 1-2.
Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam.Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme, ô mon Dieu, en vous je me confie, je ne serai pas confondu.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Protéctor in te sperántium, Deus, sine quo nihil est válidum, nihil sanctum : multíplica super nos misericórdiam tuam ; ut, te rectóre, te duce, sic transeámus per bona temporália, ut non amittámus ætérna. Per Dóminum.Dieu, protecteur de ceux qui espèrent en vous, et sans lequel il n’y a rien de ferme, ni de saint : multipliez sur nous vos miséricordes ; afin que, sous votre loi et votre conduite, nous passions de telle sorte par les biens temporels, que nous ne perdions pas les éternels.
Léctio Epístolæ beáti Petri Apóstoli.Lecture de l’Épître de Saint Pierre Apôtre.
1. Petri 5, 6-11.
Caríssimi : Humiliámini sub poténti manu Dei, ut vos exáltet in témpore visitatiónis : omnem sollicitúdinem vestram proiciéntes in eum, quóniam ipsi cura est de vobis. Sóbrii estote et vigiláte : quia adversárius vester diábolus tamquam leo rúgiens circuit, quærens, quem dévoret : cui resístite fortes in fide : sciéntes eándem passiónem ei, quæ in mundo est, vestræ fraternitáti fíeri. Deus autem omnis grátiæ, qui vocávit nos in ætérnam suam glóriam in Christo Iesu, módicum passos ipse perfíciet, confirmábit solidabítque. Ipsi glória et impérium in sǽcula sæculórum. Amen.Mes bien-aimés : Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au temps de sa visite ; vous déchargeant sur lui de tous vos soucis, car c’est lui qui prend soin de vous. Soyez sobres et veillez ; car votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui il pourra dévorer. Résistez-lui, demeurant fermes dans la foi, sachant que vos frères qui sont dans le monde souffrent les mêmes afflictions que vous. Le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés dans le Christ Jésus à son éternelle gloire, lui-même vous perfectionnera, vous affermira et vous fortifiera, après que vous aurez un peu souffert. A lui soient la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Graduale. Ps. 54, 23, 17 et 19.Graduel
Iacta cogitátum tuum in Dómino : et ipse te enútriet.Jetez vos préoccupations dans le sein du Seigneur, et lui-même vous nourrira.
V/. Dum clamárem ad Dóminum, exaudívit vocem meam ab his, qui appropínquant mihi.V/. Tandis que je criais vers le Seigneur, il a exaucé ma prière pour me délivrer de ceux qui m’attaquent.
Allelúia, allelúia. Alléluia, alleluia.
V/. Ps. 7, 12. Deus iudex iustus, fortis et pátiens, numquid iráscitur per síngulos dies ? Allelúia. V/. Dieu est un juge juste, fort et patient, est-ce qu’il s’irritera tous les jours ? Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 15, 1-10.
In illo témpore : Erant appropinquántes ad Iesum publicáni et peccatóres, ut audírent illum. Et murmurábant pharisǽi et scribæ, dicéntes : Quia hic peccatóres recipit et mandúcat cum illis. Et ait ad illos parábolam istam, dicens : Quis ex vobis homo, qui habet centum oves : et si perdíderit unam ex illis, nonne dimíttit nonagínta novem in desérto, et vadit ad illam, quæ períerat, donec invéniat eam ? Et cum invénerit eam, impónit in húmeros suos gaudens : et véniens domum, cónvocat amícos et vicínos, dicens illis : Congratulámini mihi, quia invéni ovem meam, quæ períerat ? Dico vobis, quod ita gáudium erit in cælo super uno peccatóre pœniténtiam agénte, quam super nonagínta novem iustis, qui non índigent pœniténtia. Aut quæ múlier habens drachmas decem, si perdíderit drachmam unam, nonne accéndit lucérnam, et evérrit domum, et quærit diligénter, donec invéniat ? Et cum invénerit, cónvocat amícas et vicínas, dicens : Congratulámini mihi, quia invéni drachmam, quam perdíderam ? Ita dico vobis : gáudium erit coram Angelis Dei super uno peccatóre pœniténtiam agénte.En ce temps-là : les publicains et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’écouter. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, en disant : Cet homme accueille les pécheurs, et mange avec eux. Alors il leur dit cette parabole : Quel est l’homme parmi vous qui a cent brebis, et qui, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix neuf autres dans le désert, pour s’en aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve ? Et lorsqu’il l’a trouvée il la met sur ses épaules avec joie ; et venant dans sa maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue. Je vous le dis, il y aura de même plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence. Ou quelle est la femme qui, ayant dix drachmes, si elle en perd une, n’allume la lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin jusqu’à ce qu’elle la trouve ? Et lorsqu’elle l’a trouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue. De même, je vous le dis, il y aura de la joie parmi les anges de Dieu, pour un seul pécheur qui fait pénitence.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 9, 11-12 et 13.Offertoire
Sperent in te omnes, qui novérunt nomen tuum, Dómine : quóniam non derelínquis quæréntes te : psállite Dómino, qui hábitat in Sion : quóniam non est oblítus oratiónem páuperum.C’est en vous que se confient tous ceux qui ont connu votre nom, Seigneur, car vous n’abandonnez point ceux qui vous cherchent. Chantez le Seigneur qui habite en Sion, car il n’a pas oublié la prière des pauvres.
Secreta.Secrète
Réspice, Dómine, múnera supplicántis Ecclésiæ : et salúti credéntium perpétua sanctificatióne suménda concéde. Per Dóminum.Regardez, Seigneur, ces dons de l’Église qui vous supplie, et accordez aux croyants de les recevoir toujours saintement pour leur salut.
Praefatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur praefatio communis. Préface de la Sainte Trinité  ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune .
Ante 1955Avant 1955
Præfatio de Ssmo Corde Iesu, ratione Octavæ ; sed, si Commemoratio Octavæ sit omittenda, dicitur Præfatio de Ssma Trinitate, iuxta Rubricas.Préface du Sacré-Cœur, en raison de l’Octave ; mais s’il faut omettre la commémoraison de l’Octave, on dit la Préface de la Sainte Trinité , selon les Rubriques.
Vere dignum et iustum est, æquum et salutáre,
nos tibi semper et ubíque grátias ágere :
Dómine, sancte Pater, omnípotens ætérne Deus :
Il est vraiment juste et nécessaire,
c’est notre devoir et c’est notre salut,
de vous rendre grâces toujours et partout,
Seigneur, Père saint, Dieu éternel et tout-puissant :
Qui Unigénitum tuum, in Cruce pendéntem,
láncea mílitis transfígi voluísti :
ut apértum Cor, divínæ largitátis sacrárium,
torréntes nobis fúnderet miseratiónis et grátiæ :
Vous avez voulu que votre Fils unique suspendu à la Croix,
fût transpercé par la lance d’un soldat,
afin que son Cœur ouvert, sanctuaire de la libéralité divine,
répande sur nous des torrents de miséricorde et de grâce :
et, quod amóre nostri flagráre numquam déstitit,
piis esset réquies
et poeniténtibus pateret salútis refúgium.
Et que brûlant sans cesse d’amour pour nous,
il soit pour les âmes pieuses une paisible retraite,
et pour les âmes pénitentes l’asile du salut.
Et ídeo cum Angelis et Archángelis,
cum Thronis et Dominatiónibus,
cumque omni milítia cæléstis exércitus,
hymnum glóriæ tuæ cánimus,
sine fine dicéntes…
C’est pourquoi, avec les Anges et les Archanges,
avec les Trônes et les Dominations,
avec la troupe entière de l’armée céleste,
nous chantons une hymne à votre gloire,
redisant sans fin…
Ant. ad Communionem. Luc. 15, 10.Communion
Dico vobis : gáudium est Angelis Dei super uno peccatóre pœniténtiam agénte.Je vous le dis : c’est un sujet de joie parmi les anges de Dieu qu’un pécheur faisant pénitence.
Postcommunio.Postcommunion
Sancta tua nos, Dómine, sumpta vivíficent : et misericórdiæ sempitérnæ prǽparent expiátos. Per Dóminum nostrum.Que le sacrement saint reçu par nous, Seigneur, nous vivifie et que nous ayant purifiés de nos fautes, il nous prépare à jouir sans fin de votre miséricorde.

Office après 1929 : Dimanche dans l’Octave du Sacré-Cœur

AUX PREMIÈRES VÊPRES.

Ant. 1 Suávi iugo tuo * domináre, Dómine, in médio inimicórum tuórum.Ant. 1 Par votre joug suave [2] * régnez, Seigneur, au milieu de vos ennemis [3].
Psaume 109
Ant. 2 Miséricors * et miserátor Dóminus : escam dedit timéntibus se.Ant. 2 Le Seigneur miséricordieux * et compatissant : Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent [4].
Psaume 110
Ant. 3 Exórtum est * in ténebris lumen rectis ; miséricors et miserátor Dóminus.Ant. 3 Elle s’est levée * dans les ténèbres, la lumière pour les hommes droits : le Seigneur est miséricordieux et compatissant [5].
Psaume 111
Ant. 4 Quid retríbuam * Dómino pro ómnibus quæ retríbuit mihi.Ant. 4 Que rendrai-je * au Seigneur, pour tous les biens qu’Il m’a faits [6] ?
Psaume 115
Ant. 5 Apud Dóminum * propitiátio est et copiósa apud eum redémptio.Ant. 5 Auprès du Seigneur * est la miséricorde : et en lui une rédemption abondante [7].
Psaume 129
Capitulum Ephes. 3. 8-9. Capitule
Fratres : Mihi ómnium sanctórum mínimo data est grátia hæc, in géntibus evangelizáre investigábiles divítias Christi ; et illumináre omnes, quæ sit dispensátio sacraménti abscónditi a sæculis in Deo.Mes frères : à moi le plus petit de tous les saints, a été accordée cette grâce d’annoncer parmi les Gentils les richesses incommensurables du Christ ; et de mettre en lumière devant tous quelle est l’économie du mystère caché dès l’origine des siècles en Dieu.
Hymnus Hymne
En, ut supérba críminum
Et sæva nostrórum cohors
Cor sauciávit ínnocens
Meréntis haud tale Dei ?
Voici comment la cohorte orgueilleuse
et cruelle de nos crimes
a blessé le Cœur innocent d’un Dieu
qui ne méritait rien de tel ?
Vibrántis hastam mílitis
Peccáta nostra dírigunt,
Ferrúmque diræ cúspidis
Mortále crimen ácuit.
La lance brandie par le soldat,
ce sont nos péchés qui la dirigent,
et le fer de la pointe cruelle,
la faute mortelle l’aiguise.
Ex Corde scisso Ecclésia,
Christo iugáta, náscitur :
Hoc óstium arcæ in látere est
Genti ad salútem pósitum.
Du Cœur percé naît
l’Église, unie au Christ :
c’est la porte placée sur le côté de l’arche
pour le salut du genre humain.
Ex hoc perénnis grátia,
Ceu septifórmis flúvius,
Stolas ut illic sórdidas
Lavémus Agni in sánguine
De lui découle une grâce sans fin,
comme un fleuve septiforme,
pour que nous y lavions nos robes
dans le sang de l’Agneau.
Turpe est redíre ad crímina,
Quæ Cor beátum lácerent :
Sed æmulémur córdibus
Flammas amóris índices.
C’est une honte de revenir aux crimes
qui blesseraient ce Cœur bienheureux :
attisons plutôt dans nos cœurs
les flammes, indice de l’amour.
Iesu, tibi sit glória,
Qui Corde fundis grátiam,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
Jésus, à Vous soit la gloire,
Vous dont le Cœur répand l’amour,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier,
dans les siècles sempiternels.
Amen.
V/. Memóriam fecit mirabílium suórum miserátor Dóminus.V/. Il a institué un mémorial de ses merveilles, lui, le Seigneur miséricordieux [8].
R/. Escam dedit timéntibus se.R/. Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent.
Ad Magnificat Ant. Cognovérunt omnes * a Dan usque Bersabée, quod fidélis Sámuel prophéta esset Dómini. Ant. au Magnificat Tous connurent, * depuis Dan jusqu’à Bersabée, que Samuel était un fidèle Prophète du Seigneur.
Magnificat
OratioPrière
Protéctor in te sperántium, Deus, sine quo nihil est válidum, nihil sanctum : multíplica super nos misericórdiam tuam ; ut, te rectóre, te duce, sic transeámus per bona temporália, ut non amittámus ætérna. Per Dóminum.Dieu, protecteur de ceux qui espèrent en vous, et sans lequel il n’y a rien de ferme, ni de saint : multipliez sur nous vos miséricordes ; afin que, sous votre loi et votre conduite, nous passions de telle sorte par les biens temporels, que nous ne perdions pas les éternels.
Et fit commemoratio Octavæ :Et on fait mémoire de l’Octave :
Ant. Ad Iesum autem cum veníssent, ut vidérunt eum iam mórtuum, non fregérunt eius crura, sed unus mílitum láncea latus eius apéruit et contínuo exívit sanguis et aqua. Ant. Étant ensuite venus à Jésus et Le voyant déjà mort, ils ne Lui rompirent pas les jambes, mais un des soldats Lui ouvrit le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau [9].
V/. Hauriétis aquas in gáudio. V/. Vous puisez avec joie les eaux [10].
R/. De fóntibus Salvatóris. R/. Aux sources du Sauveur.
OratioPrière
Deus, qui nobis in Corde Fílii tui, nostris vulneráto peccátis, infinítos dilectiónis thesáuros misericórditer largíri dignáris : concéde, quǽsumus ; ut, illi devótum pietátis nostræ præstántes obséquium, dignæ quoque satisfactiónis exhibeámus offícium. Per eúndem Dóminum nostrum.Dieu, dans le Cœur de Votre Fils blessé par nos péchés, daignez nous prodiguer les trésors infinis de son amour : faites, nous vous en supplions, qu’en Lui rendant l’hommage de notre dévotion et de notre piété, nous remplissions aussi dignement envers Lui le devoir de la réparation.

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Cor Iesu amóre nostri vulnerátum * Veníte, adorémus.Le Cœur de Jésus blessé par son amour pour nous, * Venez, adorons.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne
Auctor beáte sǽculi,
Christe, Redémptor ómnium,
Lumen patris de lúmine,
Deúsque verus de Deo :
Bienheureux créateur du monde,
Christ, universel rédempteur,
lumière jaillie de la lumière du Père,
Dieu vrai sorti de Dieu :
Amor coégit te tuus
Mortále corpus súmere,
Ut, novus Adam, rédderes,
Quod vetus ille abstúlerat.
C’est votre amour qui vous a contraint
à prendre un corps mortel,
pour nous rendre, nouvel Adam,
ce que l’ancien, nous avait pris.
Ille amor almus ártifex
Terræ marísque et síderum,
Erráta patrum míserans
Et nostra rumpens víncula.
Cet amour, auguste artisan
de la terre, de la mer et des astres,
prit en pitié les égarements de nos pères
et rompit nos liens.
Non Corde discédat tuo
Vis illa amóris íncliti :
Hoc fonte gentes háuriant
Remissiónis grátiam.
Que de votre Cœur ne se retire pas
la force de ce merveilleux amour ;
qu’à cette source les nations
puisent la grâce du pardon.
Percússum ad hoc est láncea
Passúmque ad hoc est vúlnera,
Ut nos laváret sórdibus,
Unda fluénte et sánguine.
Si la lance le frappa,
s’il endura ses blessures,
c’était pour nous laver de nos taches
par l’eau et le sang répandu.
Iesu tibi sit glória,
Qui Corde fundis grátiam,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
Jésus, à Vous soit la gloire,
Vous dont le Cœur répand l’amour,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier,
dans les siècles sempiternels.
Amen.
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. 1 Cogitatiónes * Cordis eius in generatióne et generatiónem.Ant. 1 Les pensées * de son Cœur subsistent de génération en génération [11].
Psaume 32
Ant. 2 Apud te * est fons vitæ ; torrénte voluptátis tuæ potábis nos, Dómine.Ant. 2 En Vous * est la source de la vie ; Vous nous ferez boire au torrent de vos délices, Seigneur [12].
Psaume 35
Ant. 3 Homo * pacis meæ, qui edébat panes meos, magnificávit super me supplantatiónem.Ant. 3 L’homme * de ma paix, qui mangeait mes pains, a fait éclater sa trahison contre moi [13].
Psaume 40
V/. Tóllite iugum meum super vos et díscite a me. V/. Prenez sur vous mon jour et apprenez de moi [14].
R/. Quia mitis sum et húmilis Corde. R/. Que je suis doux et humble de Cœur.
Lectio i1ère leçon
De libro primo Regum.Du premier livre des Rois.
Cap. 9, 18-21.
Accéssit autem Saul ad Samuélem in médio portæ et ait : Indica, oro, mihi, ubi est domus Vidéntis. Et respóndit Sámuel Sauli dicens : Ego sum Videns ; ascénde ante me in excélsum, ut comedátis mecum hódie, et dimíttam te mane et ómnia, quæ sunt in corde tuo, indicábo tibi ; et de ásinis, quas nudiustértius perdidísti, ne sollícitus sis, quia invéntæ sunt. Et cuius erunt óptima quæque Israël ? nonne tibi et omni dómui patris tui ? Respóndens autem Saul ait : Numquid non fílius Iémini ego sum de mínima tribu Israël ? et cognátio mea novíssima inter omnes famílias de tribu Béniamin ? Quare ergo locútus es mihi sermónem istum ?Or Saül s’approcha de Samuel au milieu de la porte, et dit : Indique-moi, je te prie, où est la maison du voyant. Et Samuel répondit à Saül, disant : C’est moi qui suis le voyant : monte devant moi sur le haut lieu, afin que vous mangiez avec moi aujourd’hui, et je t’enverrai le matin, et tout ce qui est dans ton cœur, je te l’expliquerai. Et quant aux ânesses que tu as perdues il y a trois jours, ne sois pas inquiet, parce qu’elles sont retrouvées. Et à qui seront toutes les meilleures choses d’Israël ? N’est-ce pas à toi et à toute la maison de ton père ? Mais Saül répondant, dit : Est-ce que je ne suis pas, moi, fils de Jémini, de la plus petite tribu d’Israël, et ma parenté n’est-elle pas la dernière entre toutes les familles de la tribu de Benjamin ? Pourquoi donc m’avez-vous tenu ce discours ?
R/. Fériam eis pactum sempitérnum et non désinam eis benefácere et timórem meum dabo in corde eórum * Ut non recédant a me.R/. Je ferai avec eux une alliance éternelle, et Je ne cesserai pas de leur faire du bien, et Je mettrai ma crainte dans leur cœur, * Afin qu’ils ne se retirent pas de moi [15].
V/. Et lætábor super eis cum bene eis fécero in toto Corde meo.V/. Et Je me réjouirai à leur sujet, lorsque Je leur aurai fait du bien de tout mon Cœur [16].
* Ut non recédant a me. * Afin qu’ils ne se retirent pas de moi.
Lectio ii2e leçon
Cap. 9, 22-25.
Assúmens ítaque Sámuel Saulem et púerum eius, introdúxit eos in triclínium, et dedit eis locum in cápite eórum, qui fúerant invitáti ; erant enim quasi trigínta viri. Dixítque Sámuel coco : Da partem, quam dedi tibi, et præcépi ut repóneres seórsum apud te. Levávit autem cocus armum et pósuit ante Saul. Dixítque Samuel : Ecce quod remánsit : pone ante te et cómede, quia de indústria servátum est tibi, quando pópulum vocávi. Et comédit Saul cum Samuéle in die illa. Et descendérunt de excélso in óppidum, et locútus est cum Saule in solário ; stravítque Saul in solário et dormívit.C’est pourquoi Samuel prenant Saül et son serviteur, les introduisit dans la salle à manger, et leur donna place à la tête de ceux qui avaient été invités ; car ils étaient environ trente personnes. Et il dit au cuisinier : Donne la portion, que je t’ai donnée, et que je t’ai commandé de mettre à part auprès de toi. Or, le cuisinier prit une épaule, et la plaça devant Saül. Et Samuel dit : Voici ce qui est resté, mets-le devant toi, et mange, parce que c’est à dessein qu’on l’a conservé pour toi, quand j’ai invité le peuple. Et Saül mangea avec Samuel en ce jour-là. Après cela, ils descendirent du haut lieu dans la ville, et Samuel parla avec Saül sur la terrasse, et il prépara un lit à Saül, et Saul dormit.
R/. Si inimícus meus maledixísset mihi, sustinuíssem útique * Tu vero homo unánimis qui simul mecum dulces capiébas cibos.R/. Si mon ennemi m’avait maudit, je l’aurais supporté [17]. * Mais toi, qui ne faisais qu’un avec moi, qui avec moi partageais les doux mets de ma table [18].
V/. Et si is qui me óderat super me magna locútus fuísset, abscondíssem me fórsitan ab eo.V/. Et si celui qui me haïssait avait parlé de moi avec insolence, peut-être me serais-je caché de lui [19].
* Tu vero homo unánimis qui simul mecum dulces capiébas cibos. * Mais toi, qui ne faisais qu’un avec moi, qui avec moi partageais les doux mets de ma table.
Lectio iii3e leçon
Cap. 9, 26-27 ; 10, 1.
Cumque mane surrexíssent, et iam elucésceret, vocávit Sámuel Saulem in solário dicens : Surge, et dimíttam te. Et surréxit Saul : egressíque sunt ambo, ipse vidélicet et Sámuel. Cumque descénderent in extréma parte civitátis, Sámuel dixit ad Saul : Dic púero ut antecédat nos et tránseat ; tu autem subsíste paulísper, ut índicem tibi verbum Dómini. Tulit autem Sámuel lentículam ólei et effúdit super caput eius et deosculátus est eum et ait : Ecce unxit te Dóminus super hereditátem suam in príncipem, et liberábis pópulum suum de mánibus inimicórum eius, qui in circúitu eius sunt.Lorsque, le matin, ils se furent levés, et que déjà il faisait jour, Samuel appela Saül sur la terrasse, disant : Lève-toi, et je t’enverrai. Et Saül se leva, et ils sortirent tous deux, c’est-à-dire lui-même et Samuel. Et lorsqu’ils descendaient à l’extrémité de la ville, Samuel dit à Saül : Dis à ton serviteur qu’il nous précède, et qu’il passe outre ; mais toi, demeure un peu, afin que je te révèle la parole de Dieu. Or, Samuel prit le petit vase d’huile et le répandit sur la tête de Saül, puis il le baisa et dit : Voilà que le Seigneur t’a oint comme prince sur son héritage et tu délivreras son peuple des mains de ses ennemis, qui sont autour de lui.
R/. Cum essémus mórtui peccátis, convivificávit nos Deus in Christo * Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos.R/. Lorsque nous étions morts par nos péchés, Dieu nous a rendu la vie dans le Christ [20] * A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés [21].
V/. Ut osténderet in sǽculis superveniéntibus abundántes divítias grátiæ suæ.V/. Afin de montrer dans les siècles à venir les richesses surabondantes de sa grâce [22].
* Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos. Glória Patri. * Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos.* A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés. Gloire au Père. * A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 4 Rex omnis terræ * Deus ; regnábit super Gentes.Ant. 4 Le Roi de toute la terre * c’est Dieu ; Il régnera sur les Nations [23].
Psaume 46
Ant. 5 Dum anxiarétur * Cor meum, in petra exaltásti me.Ant. 5 Lorsque s’angoissait * mon Cœur, Vous m’avez élevé sur la pierre. [24].
Psaume 60
Ant. 6 Secúndum multitúdinem * dolórum meórum in Corde meo, consolatiónes tuæ lætificavérunt ánimam meam.Ant. 6 Selon la multitude * des douleurs dans mon Cœur, Vos consolations ont rempli de joie mon âme [25].
Psaume 93
V/. Ego dixi, Dómine, miserére mei.V/. Moi, j’ai dit : Seigneur, ayez pitié de moi [26].
R/. Sana ánimam meam quia peccávi tibi.R/. Guérissez mon âme, car j’ai péché contre Vous.
Lectio iv4e leçon
Ex lítteris Encýclicis Pii Papæ undécimi.Des Encycliques du Pape Pie XI.
At certe inter cétera illa, quæ próprie ad sacratíssimi Cordis cultum pértinent, pia éminet ac memoránda est consecrátio, qua, nos nostráque ómnia ætérnæ Núminis caritáti accépta referéntes, divíno Iesu Cordi devovémus. Verum, áliud accédat opórtet, honéstæ satisfactiónis, ínquimus, seu reparatiónis, quam dicunt, offícium sacratíssimo Cordi Iesu præstándum. Nam, si illud est in consecratióne primum ac præcípuum ut amóri Creatóris creatúræ amor rependátur, álterum sponte hinc séquitur, ut eídem increáto Amóri, si quando aut oblivióne negléctus, aut offénsa violátus sit, illátæ quoquo modo iniúriæ compensári débeant : quod quidem débitum reparatiónem vulgáto nómine vocámus.Parmi toutes ces pratiques de la dévotion au Sacré-Cœur, il en est une remarquable qui mérite d’être signalée, c’est la pieuse consécration par laquelle, offrant à Dieu nos personnes et tous les biens que nous tenons de son éternelle bonté, nous les vouons au divin Cœur de Jésus. A tous ces hommages, il faut ajouter encore autre chose : à savoir l’amende honorable ou la réparation selon l’expression courante à offrir au Cœur sacré de Jésus. Si, dans la consécration, le but premier et principal pour la créature est de rendre à son Créateur amour pour amour, il s’ensuit naturellement qu’elle doit offrir à l’égard de l’amour incréé une compensation pour l’indifférence, l’oubli, les offenses, les outrages, les injures qu’il subit : c’est ce qu’on appelle couramment le devoir de la réparation.
R/. Prope est Dóminus ómnibus invocántibus eum, * Omnibus invocántibus eum in veritáte.R/. Le Seigneur est près de tous ceux qui L’invoquent, de * Tous ceux qui L’invoquent avec sincérité [27].
V/. Miserátor et miséricors Dóminus, pátiens et multum miséricors.V/. Le Seigneur est clément et miséricordieux, patient et tout à fait miséricordieux [28].
* Omnibus invocántibus eum in veritáte. * Tous ceux qui L’invoquent avec sincérité.
Lectio v5e leçon
Quodsi ad utrámque rem iísdem prorsus ratiónibus impéllimur, reparándi tamen expiandíque offício ob validiórem quemdam iustítiæ et amóris títulum tenémur : iustítiæ quidem, ut irrogáta Deo nostris flagítiis expiétur offénsa et violátus ordo pœniténtia redintegrétur ; amóris vero, ut Christo patiénti ac « saturáto oppróbriis » compatiámur eíque nonníhil solácii pro tenuitáte nostra afferámus. Peccatóres enim cum simus omnes, multísque oneráti culpis, non eo solo cultu Deus noster nobis est honorándus, quo vel eius summam Maiestátem débitis obséquiis adorémus, vel eius suprémum domínium precándo agnoscámus, vel eius infinítam largitátem gratiárum actiónibus laudémus ; sed prætérea Deo iusto víndici satisfaciámus opórtet « pro innumerabílibus peccátis et offensiónibus et negligéntiis » nostris. Consecratióni ígitur, qua Deo devovémur et sancti Deo vocámur, ea sanctitáte ac firmitáte quæ, ut docet Angélicus, consecratiónis est própria, addénda est expiátio, qua pénitus peccáta exstinguántur, ne forte indignitátem nostram impudéntem revérberet summæ iustítiæ sánctitas, munúsque nostrum pótius árceat invísum quam gratum suscípiat.Si les mêmes raisons nous obligent à ce double devoir, cependant le devoir de réparation et d’expiation s’impose en vertu d’un motif encore plus impérieux de justice et d’amour : de justice d’abord, car l’offense faite à Dieu par nos crimes doit être expiée, et l’ordre violé doit être rétabli par la pénitence ; mais d’amour aussi, car nous devons "compatir au Christ souffrant et saturé d’opprobres", et lui offrir, selon notre petitesse, quelque consolation. Tous nous sommes des pécheurs ; de nombreuses fautes nous chargent ; nous avons donc l’obligation d’honorer Dieu non seulement par notre culte, par une adoration qui rend à sa Majesté suprême de légitimes hommages, par des prières qui reconnaissent son souverain domaine, par des louanges et des actions de grâces pour son infinie bonté ; mais à ce Dieu juste vengeur nous avons encore le devoir d’offrir satisfaction pour nos innombrables péchés, offenses et négligences [29]. Ainsi à la consécration, par laquelle nous nous donnons à Dieu et qui nous mérite d’être voués à Dieu, avec la sainteté et la stabilité qui, suivant l’enseignement du Docteur angélique [30] sont le propre de la consécration, il faut donc ajouter l’expiation qui répare entièrement les péchés, de peur que, dans sa sainteté, la Souveraine Justice ne nous repousse pour notre impudente indignité et, loin d’agréer notre offrande, ne la rejette.
R/. Confíteor tibi, Pater, Dómine cæli et terræ, quia abscondísti hæc a sapiéntibus et prudéntibus * Et revelásti ea párvulis.R/. Je Vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux habiles * Et de l’avoir révélé aux tous petits [31].
V/. Ita, Pater, quóniam sic fuit plácitum ante te.V/. Oui, Père, car tel a été votre bon plaisir [32].
* Et revelásti ea párvulis. * Et de l’avoir révélé aux tous petits.
Lectio vi6e leçon
Hoc autem expiatiónis offícium humáno géneri univérso incúmbit, quippe quod, ut christiána docémur fide, post Adæ miserándum casum, hereditária labe inféctum, concupiscéntiis obnóxium et misérrime depravátum, in perníciem detrudéndum fuísset sempitérnam. Id quidem supérbi hac nostra ætáte sapiéntes, véterem Pelágii errórem secúti, inficiántur, natívam quandam virtútem humánæ natúræ iactántes quæ suápte vi ad altióra usque progrediátur ; sed falsa hæc humánæ supérbiæ comménta réicit Apóstolus, illud nos ádmonens : « natúra erámus fílii iræ ». Et sane iam ab inítio commúnis illíus expiatiónis débitum quasi agnovére hómines et Deo sacrifíciis vel públicis placándo, naturáli quodam sensu ducti, óperam dare cœpérunt.En fait, ce devoir d’expiation incombe au genre humain tout entier. Comme nous l’enseigne la foi chrétienne, après la déplorable chute d’Adam, l’homme, infecté de la souillure originelle, esclave de la concupiscence et des plus lamentables dépravations, se trouva ainsi voué à la perte éternelle. De nos jours, des savants orgueilleux nient ces vérités et, s’inspirant de la vieille erreur de Pélage, vantent des vertus innées de la nature humaine qui la conduiraient, par ses seules forces, jusqu’aux cimes les plus élevées. Ces fausses théories de l’orgueil humain, l’Apôtre les réfute en nous rappelant que, par nature, nous étions enfants de colère [33]. Dès les débuts, en réalité, la nécessité de cette expiation commune a été reconnue, puisque, cédant à un instinct naturel, les hommes se sont efforcés d’apaiser Dieu par des sacrifices même publics.
R/. Omnes gentes quascúmque fecísti vénient * Et adorábunt coram te, Dómine.R/. Toutes les nations que Vous avez créées viendront * Et se prosterneront devant Vous, Seigneur [34].
V/. Et glorificábunt nomen tuum quóniam magnus es tu, et fáciens mirabília.V/. Et elles rendront gloire à votre nom car Vous êtes grand, et Vous faites des prodiges.
* Et adorábunt coram te, Dómine. Glória Patri. * Et adorábunt coram te, Dómine.* Et se prosterneront devant Vous, Seigneur. Gloire au Père. * Et se prosterneront devant Vous, Seigneur.
In III NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 7 Qui dilígitis Dóminum, * confitémini memóriæ sanctificatiónis eius.Ant. 7 Vous qui aimez le Seigneur, * célébrez la mémoire de sa sanctification [35].
Psaume 96
Ant. 8 Vidérunt * omnes términi terræ salutáre Dei nostri.Ant. 8 Tous les confins * de la terre ont vu le salut de notre Dieu [36].
Psaume 97
Ant. 9 Psallam tibi * in natiónibus, quia magna est super cælos misericórdia tua.Ant. 9 Je Vous chanterai * parmi les nations, car votre miséricorde s’est plus grande que les cieux [37].
Psaume 107
V/. Memóriam fecit mirabílium suórum miserátor Dóminus.V/. Il a institué un mémorial de ses merveilles, lui, le Seigneur miséricordieux [38].
R/. Escam dedit timéntibus se.R/. Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
Cap. 15, 1-10.
In illo témpore : Erant appropinquántes ad Iesum publicáni et peccatóres, ut audírent illum. Et réliqua.En ce temps-là : Les publicains et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’écouter. Et le reste.
Homilía sancti Gregórii Papæ.Homélie de saint Grégoire, Pape..
Homilia 34 in Evang. n. 2-3
Audístis in lectióne evangélica, fratres mei, quia peccatóres et publicáni accessérunt ad Redemptórem nostrum ; et non solum ad colloquéndum, sed étiam ad convescéndum recépti sunt. Quod vidéntes pharisǽi dedignáti sunt. Ex qua re collígite quia vera iustítia compassiónem habet, falsa iustítia dedignatiónem. Quamvis et iusti sóleant recte peccatóribus dedignári : sed áliud est quod ágitur typho supérbiæ, áliud quod zelo disciplínæ.Vous avez entendu, mes frères, dans la lecture de l’Évangile, que les pécheurs et les publicains s’approchèrent de notre Rédempteur, et qu’ils furent admis non seulement à s’entretenir, mais encore à manger avec lui. Voyant cette condescendance, les Pharisiens en conçurent du dédain pour le Sauveur. Il ressort de ce fait que la vraie justice est compatissante ; la fausse justice, dédaigneuse. Ce n’est pas que les justes ne montrent quelquefois, et avec raison, de l’indignation contre les pécheurs ; mais les actions qu’inspiré le zèle de la foi sont bien différentes de celles que provoque l’orgueil.
R/. Ego si exaltátus fúero a terra * Omnia traham ad meípsum.R/. Moi, quand J’aurai été élevé de terre * J’attirerai tout à Moi [39].
V/. Hoc autem dicébat signíficans qua morte esset moritúrus.V/. Il disait cela, pour marquer de quelle mort Il devait mourir [40].
* Omnia traham ad meípsum. * J’attirerai tout à Moi.
Lectio viii8e leçon
Dedignántur étenim, sed non dedignántes ; despérant, sed non desperántes ; persecutiónem cómmovent, sed amántes : quia etsi foris increpatiónes per disciplínam exággerant, intus tamen dulcédinem per caritátem servant. Præpónunt sibi in ánimo ipsos plerúmque quos córrigunt : melióres exístimant eos quoque quos iúdicant. Quod vidélicet agéntes, et per disciplínam súbditos, et per humilitátem custódiunt semetípsos.Les justes ont de l’indignation, mais comme s’ils n’en avaient point ; ils désespèrent des pécheurs, comme n’en désespérant point ; ils les poursuivent, mais c’est en les aimant ; car si le zèle du bien leur met souvent aux lèvres des réprimandes, ils conservent néanmoins au dedans la douceur de la charité. Ils mettent la plupart du temps au-dessus d’eux-mêmes, dans leur estime, ceux qu’ils reprennent, et ils croient meilleurs qu’eux-mêmes ceux dont ils sont établis les juges ; de la sorte, en contenant leurs inférieurs par la discipline, ils se conservent eux-mêmes par l’humilité.
R/. Simus ergo imitatóres Dei * Et ambulémus in diléctione.R/. Soyons donc les imitateurs de Dieu * Et marchons dans l’amour [41].
V/. Sicut et Christus diléxit nos et trádidit semetípsum pro nobis.V/. Comme le Christ, qui nous a aimés, et qui s’est livré Lui-même pour nous.
* Et ambulémus in diléctione. Glória Patri. * Et ambulémus in diléctione.* Et marchons dans l’amour. Gloire au Père. * Et marchons dans l’amour.
Lectio ix9e leçon
At contra, hi qui de falsa iustítia superbíre solent, céteros quosque despíciunt, nulla infirmántibus misericórdia condescéndunt : quo se peccatóres esse non credunt, eo detérius peccatóres fiunt. De quorum profécto número pharisǽi exstíterant, qui diiudicántes Dóminum quod peccatóres suscíperet, arénti corde ipsum fontem misericórdiæ reprehendébant. Sed quia ægri erant, ita ut ægros se esse nescírent : quátenus quod erant agnóscerent, cæléstis eos médicus blandis foméntis curat, benígnum paradígma óbiicit, et in eórum corde vúlneris tumórem premit.Au contraire, ceux qui s’enorgueillissent d’une fausse justice, méprisent les autres, sans condescendre avec miséricorde à leur faiblesse, et par là même qu’ils ne se croient pas pécheurs, ils deviennent plus coupables. Les Pharisiens étaient assurément de ce nombre, car, en blâmant le Seigneur de ce qu’il accueillait les pécheurs, ils reprenaient avec leur cœur desséché, la source même de la miséricorde. Mais parce qu’ils étaient malades au point d’ignorer leur mal, le céleste médecin les traite par de doux remèdes, leur présente une touchante parabole, et presse dans leur cœur la tumeur qu’ils y portent.
Te Deum

A LAUDES.

Ant. 1 Unus mílitum * láncea latus eius apéruit et contínuo exívit sanguis et aqua.Ant. 1 Un des soldats * lui ouvrit le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau [42].
Psaume 92
Ant. 2 Stans Iesus * clamábat dicens : Si quis sitit, véniat ad me et bibat.Ant. 2 Jésus se tenait debout * et criait, en disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi, et qu’il boive [43].
Psaume 99
Ant. 3 In caritáte perpétua * diléxit nos Deus, ideo, exaltátus a terra, attráxit nos ad Cor suum, míserans.Ant. 3 D’un amour éternel * Dieu nous a aimé, c’est pourquoi, élevé de terre, Il nous a attiré à son Cœur, par compassion [44].
Psaume 62
Ant. 4 Veníte ad me * omnes qui laborátis et oneráti estis et ego refíciam vos.Ant. 4 Venez à Moi * vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et Je vous soulagerai [45].
Cantique des trois Enfants
Ant. 5 Fili, * præbe mihi cor tuum et óculi tui custódiant vias meas.Ant. 5 Fils, * donne-moi ton cœur, et que tes yeux gardent mes voies [46].
Psaume 148
Capitulum Ephes. 3. 8-9. Capitule
Fratres : Mihi ómnium sanctórum mínimo data est grátia hæc, in géntibus evangelizáre investigábiles divítias Christi ; et illumináre omnes, quæ sit dispensátio sacraménti abscónditi a sæculis in Deo.Mes frères : à moi le plus petit de tous les saints, a été accordée cette grâce d’annoncer parmi les Gentils les richesses incommensurables du Christ ; et de mettre en lumière devant tous quelle est l’économie du mystère caché dès l’origine des siècles en Dieu.
Hymnus Hymne
Cor, arca legem cóntinens
Non servitútis véteris,
Sed grátiæ, sed véniæ,
Sed et misericórdiæ.
Cœur, arche contenant la Loi,
non de l’antique servitude,
mais la loi de grâce, mais celle du pardon,
mais celle de la miséricorde.
Cor, sanctuárium novi
Intemerátum fœderis,
Templum vetústo sánctius,
Velúmque scisso utílius.
Cœur, sanctuaire inviolé
de la nouvelle alliance,
temple plus saint que l’ancien,
voile plus utile que celui qui fut déchiré.
Te vulnerátum cáritas
Ictu paténti vóluit,
Amóris invisíbilis
Ut venerémur vúlnera.
Votre amour a voulu
que vous soyez blessé par un coup visible,
pour que d’un amour invisible
nous vénérions les blessures.
Hoc sub amóris symbolo
Passus cruénta et mýstica,
Utrúmque sacrifícium
Christus sacérdos óbtulit.
Sous ce symbole de l’amour,
le Christ Prêtre, ayant souffert
de façon sanglante et mystique,
offrit un double sacrifice [47].
Quis non amántem rédamet ?
Quis non redémptus díligat,
Et Corde in isto séligat
Ætérna tabernácula ?
A Celui qui nous aime qui ne rendrait son amour ?
Quel racheté ne le chérirait pas
et dans ce Cœur ne se choisirait pas
une demeure éternelle ?
Iesu, tibi sit glória,
Qui Corde fundis grátiam,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
Jésus, à Vous soit la gloire,
Vous dont le Cœur répand l’amour,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier,
dans les siècles sempiternels.
Amen.
V/. Tóllite iugum meum super vos et díscite a me. V/. Prenez sur vous mon jour et apprenez de moi [48].
R/. Quia mitis sum et húmilis Corde. R/. Que je suis doux et humble de Cœur.
Ad Bened. Ant. Quis ex vobis * homo, qui habet centum oves et, si perdíderit unam ex illis, nonne dimíttit nonagínta novem in desérto et vadit ad illam quæ períerat, donec invéniat eam ? Allelúia. Ant. au Benedictus Quel est celui d’entre vous * qui a cent brebis, et qui, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert et ne va après celle qui est perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve [49] ? Alléluia [50].
Benedictus
OratioPrière
Protéctor in te sperántium, Deus, sine quo nihil est válidum, nihil sanctum : multíplica super nos misericórdiam tuam ; ut, te rectóre, te duce, sic transeámus per bona temporália, ut non amittámus ætérna. Per Dóminum.Dieu, protecteur de ceux qui espèrent en vous, et sans lequel il n’y a rien de ferme, ni de saint : multipliez sur nous vos miséricordes ; afin que, sous votre loi et votre conduite, nous passions de telle sorte par les biens temporels, que nous ne perdions pas les éternels.
Et fit commemoratio Octavæ :Et on fait mémoire de l’Octave :
Ant. Facta sunt enim hæc ut Scriptúra impleréntur quæ dicit : Vidébunt in quem transfixérunt. Ant. Ces choses ont été faites afin que l’Ecriture fût accomplie : Ils contempleront Celui qu’ils ont transpercé [51].
V/. Hauriétis aquas in gáudio. V/. Vous puisez avec joie les eaux [52].
R/. De fóntibus Salvatóris. R/. Aux sources du Sauveur.
OratioPrière
Deus, qui nobis in Corde Fílii tui, nostris vulneráto peccátis, infinítos dilectiónis thesáuros misericórditer largíri dignáris : concéde, quǽsumus ; ut, illi devótum pietátis nostræ præstántes obséquium, dignæ quoque satisfactiónis exhibeámus offícium. Per eúndem Dóminum nostrum.Dieu, dans le Cœur de Votre Fils blessé par nos péchés, daignez nous prodiguer les trésors infinis de son amour : faites, nous vous en supplions, qu’en Lui rendant l’hommage de notre dévotion et de notre piété, nous remplissions aussi dignement envers Lui le devoir de la réparation.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Ant. 1 Unus mílitum * láncea latus eius apéruit et contínuo exívit sanguis et aqua.Ant. 1 Un des soldats * lui ouvrit le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau [53].
Psaume 109
Ant. 2 Stans Iesus * clamábat dicens : Si quis sitit, véniat ad me et bibat.Ant. 2 Jésus se tenait debout * et criait, en disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi, et qu’il boive [54].
Psaume 110
Ant. 3 In caritáte perpétua * diléxit nos Deus, ideo, exaltátus a terra, attráxit nos ad Cor suum, míserans.Ant. 3 D’un amour éternel * Dieu nous a aimé, c’est pourquoi, élevé de terre, Il nous a attiré à son Cœur, par compassion [55].
Psaume 115
Ant. 4 Veníte ad me * omnes qui laborátis et oneráti estis et ego refíciam vos.Ant. 4 Venez à Moi * vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et Je vous soulagerai [56].
Psaume 127
Ant. 5 Fili, * præbe mihi cor tuum et óculi tui custódiant vias meas.Ant. 5 Fils, * donne-moi ton cœur, et que tes yeux gardent mes voies [57].
Psaume 147
Capitulum Ephes. 3. 8-9. Capitule
Fratres : Mihi ómnium sanctórum mínimo data est grátia hæc, in géntibus evangelizáre investigábiles divítias Christi ; et illumináre omnes, quæ sit dispensátio sacraménti abscónditi a sæculis in Deo.Mes frères : à moi le plus petit de tous les saints, a été accordée cette grâce d’annoncer parmi les Gentils les richesses incommensurables du Christ ; et de mettre en lumière devant tous quelle est l’économie du mystère caché dès l’origine des siècles en Dieu.
Hymnus Hymne
En, ut supérba críminum
Et sæva nostrórum cohors
Cor sauciávit ínnocens
Meréntis haud tale Dei ?
Voici comment la cohorte orgueilleuse
et cruelle de nos crimes
a blessé le Cœur innocent d’un Dieu
qui ne méritait rien de tel ?
Vibrántis hastam mílitis
Peccáta nostra dírigunt,
Ferrúmque diræ cúspidis
Mortále crimen ácuit.
La lance brandie par le soldat,
ce sont nos péchés qui la dirigent,
et le fer de la pointe cruelle,
la faute mortelle l’aiguise.
Ex Corde scisso Ecclésia,
Christo iugáta, náscitur :
Hoc óstium arcæ in látere est
Genti ad salútem pósitum.
Du Cœur percé naît
l’Église, unie au Christ :
c’est la porte placée sur le côté de l’arche
pour le salut du genre humain.
Ex hoc perénnis grátia,
Ceu septifórmis flúvius,
Stolas ut illic sórdidas
Lavémus Agni in sánguine
De lui découle une grâce sans fin,
comme un fleuve septiforme,
pour que nous y lavions nos robes
dans le sang de l’Agneau.
Turpe est redíre ad crímina,
Quæ Cor beátum lácerent :
Sed æmulémur córdibus
Flammas amóris índices.
C’est une honte de revenir aux crimes
qui blesseraient ce Cœur bienheureux :
attisons plutôt dans nos cœurs
les flammes, indice de l’amour.
Iesu, tibi sit glória,
Qui Corde fundis grátiam,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
Jésus, à Vous soit la gloire,
Vous dont le Cœur répand l’amour,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier,
dans les siècles sempiternels.
Amen.
V/. Memóriam fecit mirabílium suórum miserátor Dóminus.V/. Il a institué un mémorial de ses merveilles, lui, le Seigneur miséricordieux [58].
R/. Escam dedit timéntibus se.R/. Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent.
Ad Magnificat Ant. habens drachmas decem, et si perdíderit drachmam unam, nonne accéndit lucérnam et evérrit domum et quærit diligénter, donec invéniat ? * Quæ múlier Ant. au Magnificat Quelle est la femme * qui, ayant dix drachmes, si elle en perd une, n’allume sa lampe, ne balaie sa maison, et ne cherche soigneusement jusqu’à ce qu’elle la trouve [59] ?
Magnificat
OratioPrière
Protéctor in te sperántium, Deus, sine quo nihil est válidum, nihil sanctum : multíplica super nos misericórdiam tuam ; ut, te rectóre, te duce, sic transeámus per bona temporália, ut non amittámus ætérna. Per Dóminum.Dieu, protecteur de ceux qui espèrent en vous, et sans lequel il n’y a rien de ferme, ni de saint : multipliez sur nous vos miséricordes ; afin que, sous votre loi et votre conduite, nous passions de telle sorte par les biens temporels, que nous ne perdions pas les éternels.
Et fit commemoratio sequentis diei infra Octavam :Et on fait mémoire du lundi dans l’Octave :
Ant. Ignem veni míttere in terram, et quid volo nisi ut accendátur ? Ant. Le feu, Je suis venu l’apporter sur la terre, et que désiré-je, sinon qu’il soit allumé [60] ?
V/. Tóllite iugum meum super vos et díscite a me. V/. Prenez sur vous mon jour et apprenez de moi [61].
R/. Quia mitis sum et húmilis Corde. R/. Que je suis doux et humble de Cœur.
OratioPrière
Deus, qui nobis in Corde Fílii tui, nostris vulneráto peccátis, infinítos dilectiónis thesáuros misericórditer largíri dignáris : concéde, quǽsumus ; ut, illi devótum pietátis nostræ præstántes obséquium, dignæ quoque satisfactiónis exhibeámus offícium. Per eúndem Dóminum nostrum.Dieu, dans le Cœur de Votre Fils blessé par nos péchés, daignez nous prodiguer les trésors infinis de son amour : faites, nous vous en supplions, qu’en Lui rendant l’hommage de notre dévotion et de notre piété, nous remplissions aussi dignement envers Lui le devoir de la réparation.

Office avant 1929 : 3ème Dimanche après la Pentecôte

AUX PREMIÈRES VÊPRES.

Psaumes, capitule et hymne : 1ères Vêpres du Dimanche per annum

Ad Magnificat Ant. Cognovérunt omnes * a Dan usque Bersabée, quod fidélis Sámuel prophéta esset Dómini. Ant. au Magnificat Tous connurent, * depuis Dan jusqu’à Bersabée, que Samuel était un fidèle Prophète du Seigneur.
Magnificat
OratioPrière
Protéctor in te sperántium, Deus, sine quo nihil est válidum, nihil sanctum : multíplica super nos misericórdiam tuam ; ut, te rectóre, te duce, sic transeámus per bona temporália, ut non amittámus ætérna. Per Dóminum.Dieu, protecteur de ceux qui espèrent en vous, et sans lequel il n’y a rien de ferme, ni de saint : multipliez sur nous vos miséricordes ; afin que, sous votre loi et votre conduite, nous passions de telle sorte par les biens temporels, que nous ne perdions pas les éternels.

A MATINES

1er Nocturne

Introduction des Matines et psaumes du 1er nocturne du Dimanche per annum en été

Lectio i1ère leçon
De libro primo Regum.Du premier livre des Rois.
Cap. 9, 18-21.
Accéssit autem Saul ad Samuélem in médio portæ et ait : Indica, oro, mihi, ubi est domus Vidéntis. Et respóndit Sámuel Sauli dicens : Ego sum Videns ; ascénde ante me in excélsum, ut comedátis mecum hódie, et dimíttam te mane et ómnia, quæ sunt in corde tuo, indicábo tibi ; et de ásinis, quas nudiustértius perdidísti, ne sollícitus sis, quia invéntæ sunt. Et cuius erunt óptima quæque Israël ? nonne tibi et omni dómui patris tui ? Respóndens autem Saul ait : Numquid non fílius Iémini ego sum de mínima tribu Israël ? et cognátio mea novíssima inter omnes famílias de tribu Béniamin ? Quare ergo locútus es mihi sermónem istum ?Or Saül s’approcha de Samuel au milieu de la porte, et dit : Indique-moi, je te prie, où est la maison du voyant. Et Samuel répondit à Saül, disant : C’est moi qui suis le voyant : monte devant moi sur le haut lieu, afin que vous mangiez avec moi aujourd’hui, et je t’enverrai le matin, et tout ce qui est dans ton cœur, je te l’expliquerai. Et quant aux ânesses que tu as perdues il y a trois jours, ne sois pas inquiet, parce qu’elles sont retrouvées. Et à qui seront toutes les meilleures choses d’Israël ? N’est-ce pas à toi et à toute la maison de ton père ? Mais Saül répondant, dit : Est-ce que je ne suis pas, moi, fils de Jémini, de la plus petite tribu d’Israël, et ma parenté n’est-elle pas la dernière entre toutes les familles de la tribu de Benjamin ? Pourquoi donc m’avez-vous tenu ce discours ?
R/. Præparáte corda vestra Dómino, et servíte illi soli : * Et liberábit vos de mánibus inimicórum vestrórum.R/. Préparez vos cœurs pour le Seigneur et ne servez que lui seul [62] : * Et il vous délivrera de la main de vos ennemis.
V/. Convertímini ad eum in toto corde vestro, et auférte deos aliénos de médio vestri.V/. Convertissez-vous au Seigneur de tout votre cœur, et ôtez d’au milieu de vous les dieux étrangers.
* Et liberábit vos de mánibus inimicórum vestrórum. * Et il vous délivrera de la main de vos ennemis.
Lectio ii2e leçon
Cap. 9, 22-25.
Assúmens ítaque Sámuel Saulem et púerum eius, introdúxit eos in triclínium, et dedit eis locum in cápite eórum, qui fúerant invitáti ; erant enim quasi trigínta viri. Dixítque Sámuel coco : Da partem, quam dedi tibi, et præcépi ut repóneres seórsum apud te. Levávit autem cocus armum et pósuit ante Saul. Dixítque Samuel : Ecce quod remánsit : pone ante te et cómede, quia de indústria servátum est tibi, quando pópulum vocávi. Et comédit Saul cum Samuéle in die illa. Et descendérunt de excélso in óppidum, et locútus est cum Saule in solário ; stravítque Saul in solário et dormívit.C’est pourquoi Samuel prenant Saül et son serviteur, les introduisit dans la salle à manger, et leur donna place à la tête de ceux qui avaient été invités ; car ils étaient environ trente personnes. Et il dit au cuisinier : Donne la portion, que je t’ai donnée, et que je t’ai commandé de mettre à part auprès de toi. Or, le cuisinier prit une épaule, et la plaça devant Saül. Et Samuel dit : Voici ce qui est resté, mets-le devant toi, et mange, parce que c’est à dessein qu’on l’a conservé pour toi, quand j’ai invité le peuple. Et Saül mangea avec Samuel en ce jour-là. Après cela, ils descendirent du haut lieu dans la ville, et Samuel parla avec Saül sur la terrasse, et il prépara un lit à Saül, et Saul dormit.
R/. Deus ómnium exaudítor est : ipse misit Angelum suum, et tulit me de óvibus patris mei [63] ; * Et unxit me unctióne misericórdiæ suæ.R/. C’est le Seigneur qui exauce les prières de tous, lui-même a envoyé son Ange et m’a retiré du milieu des brebis de mon père ; * Et il m’a oint de l’onction de sa miséricorde.
V/. Dóminus, qui erípuit me de ore leónis, et de manu béstiæ liberávit me.V/. C’est le Seigneur qui m’a arraché de la gueule du lion, et des griffes de la bête féroce [64].
* Et unxit me unctióne misericórdiæ suæ. * Et il m’a oint de l’onction de sa miséricorde.
Lectio iii3e leçon
Cap. 9, 26-27 ; 10, 1.
Cumque mane surrexíssent, et iam elucésceret, vocávit Sámuel Saulem in solário dicens : Surge, et dimíttam te. Et surréxit Saul : egressíque sunt ambo, ipse vidélicet et Sámuel. Cumque descénderent in extréma parte civitátis, Sámuel dixit ad Saul : Dic púero ut antecédat nos et tránseat ; tu autem subsíste paulísper, ut índicem tibi verbum Dómini. Tulit autem Sámuel lentículam ólei et effúdit super caput eius et deosculátus est eum et ait : Ecce unxit te Dóminus super hereditátem suam in príncipem, et liberábis pópulum suum de mánibus inimicórum eius, qui in circúitu eius sunt.Lorsque, le matin, ils se furent levés, et que déjà il faisait jour, Samuel appela Saül sur la terrasse, disant : Lève-toi, et je t’enverrai. Et Saül se leva, et ils sortirent tous deux, c’est-à-dire lui-même et Samuel. Et lorsqu’ils descendaient à l’extrémité de la ville, Samuel dit à Saül : Dis à ton serviteur qu’il nous précède, et qu’il passe outre ; mais toi, demeure un peu, afin que je te révèle la parole de Dieu. Or, Samuel prit le petit vase d’huile et le répandit sur la tête de Saül, puis il le baisa et dit : Voilà que le Seigneur t’a oint comme prince sur son héritage et tu délivreras son peuple des mains de ses ennemis, qui sont autour de lui.
R/. Dóminus, qui erípuit me de ore leónis, et de manu béstiæ liberávit me, * Ipse me erípiet de mánibus inimicórum meórum.R/. Le Seigneur qui m’a arraché de la gueule du lion, et délivré des griffes de la bête féroce [65], * Lui-même m’arrachera aux mains de mes ennemis.
V/. Misit Deus misericórdiam suam et veritátem suam : ánimam meam erípuit de médio catulórum leónum.V/. Dieu a envoyé sa miséricorde et sa vérité, et il a arraché mon âme du milieu des petits des lions [66].
* Ipse me erípiet de mánibus inimicórum meórum. Glória Patri. * Ipse me erípiet de mánibus inimicórum meórum.* Lui-même m’arrachera aux mains de mes ennemis. Gloire au Père. * Lui-même m’arrachera aux mains de mes ennemis.

2nd Nocturne

Psaumes du 2nd nocturne du Dimanche per annum

Lectio iv4e leçon
De Expositióne sanctí Gregórií Papæ in libros Regum.De l’Exposition de saint Grégoire, Pape, sur les livres des Rois.
Liber 4, cap. 5, in 1 Reg. c. 10.
Tulit autem Sámuel lentículam ólei et effúdit super caput eius. Hoc profécto hac unctióne exprímitur, quod in sancta Ecclésia nunc etiam materiáliter exhibétur ; quia qui in cúlmine pónitur, sacraménta súscipit unctiónis. Quia vero ipsa únctio sacraméntum est, is, qui promovétur, bene foris úngitur, si intus virtúte sacraménti roborétur. Ipsas ergo ólei virtútes prius videámus atténtius. Oleum quippe liquóribus áliis superfértur : óleum ignem fovet ; óleum vúlnera curáre consuévit. Per illud ergo misericórdiæ bonum signíficat, quia scríptum de Dómino est : Miseratiónes eius super ómnia ópera eius. Quía ignem fovet, prædicatiónis grátiam desígnat, quæ electórum mentes illúminat.Samuel prit un petit vase d’huile et le répandit sur la tête de Saül. Cette effusion marquait, sans aucun doute, ce qui se pratique encore aujourd’hui dans la sainte Église, où celui qu’on élève au plus haut degré des ordres, reçoit l’onction sacramentelle. Et comme cette onction est un signe, le sujet promu ne reçoit avec profit l’onction extérieure, que s’il est fortifié intérieurement par la vertu de ce signe sacré. Examinons d’abord avec attention les propriétés de l’huile. L’huile monte à la surface des autres liquides, l’huile excite la flamme, l’huile sert communément de remède pour les blessures. Prenant le dessus des autres liquides, elle signifie l’excellence de la miséricorde, car il est écrit du Seigneur : « Ses commisérations s’étendent sur toutes ses œuvres » [67]. Excitant le feu, elle désigne le bon effet de la prédication, qui répand la lumière dans l’âme des élus.
R/. Percússit Saul mille, et Davíd decem míllia : * Quia manus Dómini erat cum illo ; percússit Philisthǽum, ct ábstulit oppróbrium ex Israel.R/. Saül en a tué mille et David dix mille [68] : * Car la main du Seigneur était avec lui ; il a frappé le Philistin, et enlevé l’opprobre d’Israël [69].
V/. Nonne iste est David, de quo canébant in choro, dicéntes : Saul percússit mille, et David decem millia ?V/. Celui-ci n’est-il pas David pour lequel on chantait dans les chœurs, en disant : Saül en a tué mille et David dix mille [70] ?
* Quia manus Dómini erat cum illo ; percússit Philisthǽum, ct ábstulit oppróbrium ex Israel. * Car la main du Seigneur était avec lui ; il a frappé le Philistin, et enlevé l’opprobre d’Israël.
Lectio v5e leçon
Quia vero vúlnera per óleum curántur, hoc profécto insínuat, quod detergénda sunt vúlnera peccatórum. Ungátur ergo caput regis, quia spiritáli grátia mens est replénda doctóris. Hábeat in unctióne sua óleum, hábeat misericórdiam abundántem, quæ sibi virtútibus áliis præferátur. Hábeat óleum, ut, dum ardórem Sancti Spíritus in se nutrit, lucére veheménter áliis per verbum possit. Hábeat nihilóminus óleum medicínæ : ut sapiénter dispónat, quáliter peccatórum fœtóres tergat, et ægras mentes salúti restítuat.Guérissant les blessures, elle nous invite à porter remède aux plaies de nos péchés. Que la tête du roi soit donc ointe, en signe de la grâce spirituelle qui doit remplir l’âme du docteur. Que ce docteur reçoive dans son onction l’huile d’une abondante miséricorde, et que toujours il la mette au-dessus des autres vertus. Qu’il ait de l’huile pour alimenter en lui-même l’ardente flamme de l’Esprit-Saint, et porter chez autrui une vive lumière au moyen de la parole. Qu’il ait aussi l’huile médicinale, avec le talent d’apprécier en quelle mesure elle assainira les fétides plaies du péché et rendra la santé aux âmes qui sont malades.
R/. Montes Gélboë, nec ros nec plúvia véniant super vos, * Ubi cecidérunt fortes Israël.R/. Montagnes de Gelboé, que ni pluie ni rosée ne viennent sur vous [71], * Où les forts d’Israël sont tombés.
V/. Omnes montes, qui estis in circúitu eius, vísitet Dóminus ; a Gélboë autem tránseat.V/. Que le Seigneur visite toutes les montagnes qui sont alentour, mais qu’il passe loin de Gelboé.
* Ubi cecidérunt fortes Israël. * Où les forts d’Israël sont tombés.
Lectio vi6e leçon
Sed lentícula Saul úngitur, non pro præsignánda doctrína, sed ad expriménda futúra. Lentícula quidem parvum est vas. Quid ergo est, quod lentícula ólei Saul úngitur, nisi quia in fine reprobátur ? Nam quia obedíre Deo póstea nóluit, a Samuéle audívit : Quia proiecísti sermónem Dómini, proiécit te Dóminus, ne sis rex. Velut enim lentícula ólei parum hábuit, qui spirituálem grátiam proiciéndus accépit. Quod in rectóribus quoque sanctæ Ecclésiæ conveniénter accípitur. Plerúmque enim culmen prælatiónis accípiunt, qui in caritáte Dei et próximi perfécti non sunt.Cependant l’onction de Saul faite avec le contenu d’une petite coupe, ne figure pas sa doctrine, mais son avenir. Cette coupe était de petite dimension. Or, pourquoi Saül n’est-il oint qu’avec un petit vase d’huile, sinon pour signifier qu’à la fin il sera réprouvé ? Et en effet, devenu dans la suite infidèle à Dieu, il entendit cette sentence de la bouche de Samuel : « Parce que vous avez rejeté la parole du Seigneur, le Seigneur vous a rejeté, afin que vous ne soyez plus roi » [72]. Ainsi, comme ce petit vase contenait peu d’huile, Saül a peu reçu, recevant la grâce spirituelle pour la rejeter dans la suite. Et ceci ne s’applique pas moins justement aux prélats de la sainte Église ; car il s’en trouve qui reçoivent la perfection du sacerdoce, et qui sont loin d’être parfaits en amour de Dieu et du prochain.
R/. Ego te tuli de domo patris tui, dicit Dóminus, et pósui te páscere gregem pópuli mei : * Et fui tecum in ómnibus, ubicúmque ambulásti, firmans regnum tuum in ætérnum.R/. C’est moi qui t’ai tiré de la maison de ton père, dit le Seigneur, et t’ai établi pour pasteur du troupeau de mon peuple [73] : * Et j’ai été avec toi dans tous les lieux où tu as marché, affermissant ton royaume pour toujours.
V/. Fecíque tibi nomen grande, iuxta nomen magnórum, qui sunt in terra : et réquiem dedi tibi ab ómnibus inimícis tuis.V/. J’ai rendu ton nom grand comme le nom des grands qui sont sur la terre et je t’ai donné le repos du côté de tous tes ennemis.
* Et fui tecum in ómnibus, ubicúmque ambulásti, firmans regnum tuum in ætérnum. Glória Patri. * Et fui tecum in ómnibus, ubicúmque ambulásti, firmans regnum tuum in ætérnum.* Et j’ai été avec toi dans tous les lieux où tu as marché, affermissant ton royaume pour toujours. Gloire au Père. * Et j’ai été avec toi dans tous les lieux où tu as marché, affermissant ton royaume pour toujours.

3ème Nocturne

Psaumes du 3ème nocturne du Dimanche per annum

Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
Cap. 15, 1-10.
In illo témpore : Erant appropinquántes ad Iesum publicáni et peccatóres, ut audírent illum. Et réliqua.En ce temps-là : Les publicains et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’écouter. Et le reste.
Homilía sancti Gregórii Papæ.Homélie de saint Grégoire, Pape..
Homilia 34 in Evang. n. 2-3
Audístis in lectióne evangélica, fratres mei, quia peccatóres et publicáni accessérunt ad Redemptórem nostrum ; et non solum ad colloquéndum, sed étiam ad convescéndum recépti sunt. Quod vidéntes pharisǽi dedignáti sunt. Ex qua re collígite quia vera iustítia compassiónem habet, falsa iustítia dedignatiónem. Quamvis et iusti sóleant recte peccatóribus dedignári : sed áliud est quod ágitur typho supérbiæ, áliud quod zelo disciplínæ.Vous avez entendu, mes frères, dans la lecture de l’Évangile, que les pécheurs et les publicains s’approchèrent de notre Rédempteur, et qu’ils furent admis non seulement à s’entretenir, mais encore à manger avec lui. Voyant cette condescendance, les Pharisiens en conçurent du dédain pour le Sauveur. Il ressort de ce fait que la vraie justice est compatissante ; la fausse justice, dédaigneuse. Ce n’est pas que les justes ne montrent quelquefois, et avec raison, de l’indignation contre les pécheurs ; mais les actions qu’inspiré le zèle de la foi sont bien différentes de celles que provoque l’orgueil.
R/. Peccávi super númerum arénae maris, et multiplicáta sunt peccáta mea ; et non sum dignus vidére altitúdinem cæli præ multitúdine iniquitátis meæ : quóniam irritávi iram tuam, * Et malum coram te feci.R/. J’ai péché, et mes péchés se sont multipliés au-dessus du nombre du sable de la mer, et à cause de la multitude de mon iniquité je ne suis pas digne de regarder en haut le ciel : parce que j’ai excité votre colère [74], * Et commis le mal en votre présence.
V/. Quóniam iniquitátem meam ego cognósco : et delíctum meum contra me est semper, quia tibi soli peccávi.V/. Parce que je connais mon iniquité, et mon péché est toujours devant moi, car j’ai péché contre vous seul [75].
* Et malum coram te feci. * Et commis le mal en votre présence.
Lectio viii8e leçon
Dedignántur étenim, sed non dedignántes ; despérant, sed non desperántes ; persecutiónem cómmovent, sed amántes : quia etsi foris increpatiónes per disciplínam exággerant, intus tamen dulcédinem per caritátem servant. Præpónunt sibi in ánimo ipsos plerúmque quos córrigunt : melióres exístimant eos quoque quos iúdicant. Quod vidélicet agéntes, et per disciplínam súbditos, et per humilitátem custódiunt semetípsos.Les justes ont de l’indignation, mais comme s’ils n’en avaient point ; ils désespèrent des pécheurs, comme n’en désespérant point ; ils les poursuivent, mais c’est en les aimant ; car si le zèle du bien leur met souvent aux lèvres des réprimandes, ils conservent néanmoins au dedans la douceur de la charité. Ils mettent la plupart du temps au-dessus d’eux-mêmes, dans leur estime, ceux qu’ils reprennent, et ils croient meilleurs qu’eux-mêmes ceux dont ils sont établis les juges ; de la sorte, en contenant leurs inférieurs par la discipline, ils se conservent eux-mêmes par l’humilité.
Répons [76]
R/. Duo Séraphim clamábant alter ad álterum : * Sanctus, sanctus, sanctus Dóminus Deus Sábaoth : * Plena est omnis terra glória eius.R/. Deux Séraphins se criaient l’un à l’autre [77] : * Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées : * Toute la terre est pleine de sa gloire.
V/. Tres sunt qui testimónium dant in cælo : Pater, Verbum, et Spíritus Sanctus : et hi tres unum sunt.V/. Ils sont trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit-Saint ; et ces trois sont une seule chose [78].
* Sanctus, sanctus, sanctus Dóminus Deus Sábaoth : Glória Patri. * Plena est omnis terra glória eius.* Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées : Gloire au Père. * Toute la terre est pleine de sa gloire.
Lectio ix9e leçon
At contra, hi qui de falsa iustítia superbíre solent, céteros quosque despíciunt, nulla infirmántibus misericórdia condescéndunt : quo se peccatóres esse non credunt, eo detérius peccatóres fiunt. De quorum profécto número pharisǽi exstíterant, qui diiudicántes Dóminum quod peccatóres suscíperet, arénti corde ipsum fontem misericórdiæ reprehendébant. Sed quia ægri erant, ita ut ægros se esse nescírent : quátenus quod erant agnóscerent, cæléstis eos médicus blandis foméntis curat, benígnum paradígma óbiicit, et in eórum corde vúlneris tumórem premit.Au contraire, ceux qui s’enorgueillissent d’une fausse justice, méprisent les autres, sans condescendre avec miséricorde à leur faiblesse, et par là même qu’ils ne se croient pas pécheurs, ils deviennent plus coupables. Les Pharisiens étaient assurément de ce nombre, car, en blâmant le Seigneur de ce qu’il accueillait les pécheurs, ils reprenaient avec leur cœur desséché, la source même de la miséricorde. Mais parce qu’ils étaient malades au point d’ignorer leur mal, le céleste médecin les traite par de doux remèdes, leur présente une touchante parabole, et presse dans leur cœur la tumeur qu’ils y portent.
Te Deum

A LAUDES.

Psaumes, capitule et hymne : Laudes du Dimanche per annum en été

Ad Bened. Ant. Quis ex vobis * homo, qui habet centum oves et, si perdíderit unam ex illis, nonne dimíttit nonagínta novem in desérto et vadit ad illam quæ períerat, donec invéniat eam ? Allelúia. Ant. au Benedictus Quel est celui d’entre vous * qui a cent brebis, et qui, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert et ne va après celle qui est perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve [79] ? Alléluia [80].
Benedictus
OratioPrière
Protéctor in te sperántium, Deus, sine quo nihil est válidum, nihil sanctum : multíplica super nos misericórdiam tuam ; ut, te rectóre, te duce, sic transeámus per bona temporália, ut non amittámus ætérna. Per Dóminum.Dieu, protecteur de ceux qui espèrent en vous, et sans lequel il n’y a rien de ferme, ni de saint : multipliez sur nous vos miséricordes ; afin que, sous votre loi et votre conduite, nous passions de telle sorte par les biens temporels, que nous ne perdions pas les éternels.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Psaumes, capitule et hymne : Vêpres du Dimanche per annum

Ad Magnificat Ant. Quæ múlier * habens drachmas decem, et si perdíderit drachmam unam, nonne accéndit lucérnam et evérrit domum et quærit diligénter, donec invéniat ? Ant. au Magnificat Quelle est la femme * qui, ayant dix drachmes, si elle en perd une, n’allume sa lampe, ne balaie sa maison, et ne cherche soigneusement jusqu’à ce qu’elle la trouve [81] ?
Magnificat
OratioPrière
Protéctor in te sperántium, Deus, sine quo nihil est válidum, nihil sanctum : multíplica super nos misericórdiam tuam ; ut, te rectóre, te duce, sic transeámus per bona temporália, ut non amittámus ætérna. Per Dóminum.Dieu, protecteur de ceux qui espèrent en vous, et sans lequel il n’y a rien de ferme, ni de saint : multipliez sur nous vos miséricordes ; afin que, sous votre loi et votre conduite, nous passions de telle sorte par les biens temporels, que nous ne perdions pas les éternels.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

C’est aujourd’hui qu’a lieu la seconde Procession du Saint-Sacrement dans la plupart des églises de France, de même que la première s’était célébrée au Dimanche précédent. La coutume est aussi dans plusieurs lieux de chanter en ce même jour, avec mémoire du Dimanche, la Messe solennelle du Sacré-Cœur, à laquelle beaucoup de fidèles ne pourraient assister le jour même de la fête.

Nous terminerons donc ce volume [82], en y insérant la Messe du IIIe Dimanche après la Pentecôte, qui se rattache encore pour ces raisons aux fêtes que nous venons de parcourir.

A LA MESSE.

L’âme fidèle a vu se clore dans la sainte Liturgie la succession des mystères du Sauveur. L’Esprit-Saint est descendu pour la soutenir dans cette autre partie de la carrière, où ne se déroulera plus devant elle que la féconde simplicité de la vie chrétienne. Il l’instruit et la forme sur les données du Maître divin remonté dans les deux. Et d’abord il lui montre à prier. Car la prière, disait le Seigneur, doit être de tous les jours et de tous les instants [83] ; et cependant, nous ne savons ni ce qu’il faut demander, ni comment il convient de le faire. Mais Celui-là le sait, qui aide notre faiblesse, et demande en nous et pour nous par des gémissements inénarrables [84].

La prière donc, appuyée sur l’humble repentir des fautes passées et la confiance dans les miséricordes infinies, respire dans l’Introït et toute cette Messe du IIIe Dimanche après la Pentecôte, le premier qui se présente à nous en dehors des fêtes et dans toute la simplicité de l’Office du Temps.

ÉPÎTRE.

Les misères de cette vie sont l’épreuve que Dieu fait subir à ses soldats, pour les juger et les classer dans l’autre selon leur valeur. Aussi tous, en ce monde, ont leur part de souffrances. Le concours est ouvert, le combat engagé ; l’Arbitre des jeux regarde et compare : bientôt il prononcera sur les mérites divers des combattants, et les appellera du labeur de l’arène au repos du trône où il siège lui-même. Heureux alors ceux qui, reconnaissant la main de Dieu dans l’épreuve, se seront abaissés sous cette main puissante avec amour et confiance ! Contre ces âmes fortes dans la foi, le lion rugissant n’aura pu prévaloir. Sobres et vigilantes dans cette carrière de leur pèlerinage, sans se poser en victimes, sachant bien que tout souffre ici-bas, elles auront uni joyeusement leurs souffrances à celles du Christ, et elles tressailliront dans la manifestation éternelle de sa gloire qui sera aussi leur partage pour les siècles sans fin.

Le Graduel continue d’exciter la confiance de l’âme fidèle. Qu’elle jette tout souci dans le sein du Seigneur : ne l’a-t-il pas toujours exaucée dans ses besoins pressants ? Il la vengera, au jour marqué, de tous ses ennemis.

ÉVANGILE.

Cette parabole de la brebis rapportée au bercail sur les épaules du Pasteur était chère aux premiers chrétiens ; on la rencontre partout dans les monuments figures des premiers siècles. En même temps qu’elle continue d’affermir notre confiance dans la miséricorde infinie, elle nous rappelle ineffablement le Seigneur Jésus qui naguère rentrait triomphalement dans les cieux, portant avec lui l’humanité perdue et reconquise. « Car quel est ce Pasteur de notre parabole, s’écrie saint Ambroise, sinon le Christ qui te porte en son corps et a pris sur lui tes péchés ? Cette brebis est une par le genre, non par le nombre. Riche Pasteur, dont nous tous formons la centième partie du troupeau ! Car il a les Anges, il a les Archanges, les Dominations, les Puissances, les Trônes, et le reste, innombrables troupeaux qu’il a laissés sur les montagnes, pour courir après la brebis perdue » [85].

Mais c’est à saint Grégoire que l’Église demandait aujourd’hui, dans l’Office de la nuit, le commentaire de l’Évangile ; la suite de l’Homélie qu’elle lui emprunte complète l’enseignement, par l’explication de la parabole de la femme et des dix drachmes.

« Celui qui est signifié par le Pasteur », dit saint Grégoire le Grand, « l’est aussi par la femme. Car il est Dieu, et il est la Sagesse de Dieu. Et parce que l’image du prince est requise sur la drachme, la femme (mulier) [86] a perdu sa drachme, lorsque l’homme, créé à l’image de Dieu, s’est éloigné par le péché de la ressemblance de son Créateur. Mais la femme allume sa lampe, la divine Sagesse apparaît dans l’humanité. Lampe en effet dit lumière dans un vase d’argile ; et la lumière dans l’argile, c’est la divinité dans la chair. De cette argile de son corps, la Sagesse dit elle-même : Ma force a séché comme l’argile [87]. Car de même que l’argile durcit au feu, sa force a séché comme l’argile, parce qu’elle a affermi pour la gloire de la résurrection, dans le creuset des souffrances, la chair qu’elle avait prise. Ayant donc retrouvé la drachme perdue, elle convoque ses amies et ses voisines, disant : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue. Quelles sont ces amies sinon les célestes Puissances, d’autant plus voisines de la Sagesse éternelle, qu’elles s’en approchent dans la gloire d’une vision sans fin ? Mais nous ne devons pas négliger de rechercher pourquoi cette femme, qui figure l’éternelle Sagesse, a dix drachmes, dont elle retrouve l’une, après l’avoir perdue. Il faut donc savoir que le Seigneur a créé, pour le connaître éternellement, la nature des anges et des hommes, et qu’il a fait cette double nature à son image. La femme en conséquence eut dix drachmes ; car neuf est le chiffre des chœurs des anges, et l’homme fut créé dixième pour parfaire le nombre des élus ; séparé de son Créateur, il ne fut point perdu sans retour, parce que la divine Sagesse, revêtant chair, fit briller à ses yeux sa douce lumière à travers l’argile » [88].

L’Offertoire est un épanchement de reconnaissance et d’amour pour le Dieu qui habite en Sion : il n’abandonne point ceux qui le cherchent, il n’a point oublié la prière du pauvre.

L’Antienne de la Communion rappelle, non sans mystère, le miséricordieux enseignement de l’Évangile du jour, au moment où la Sagesse éternelle rentre pleinement en possession de la drachme perdue, dans le banquet préparé par elle-même au prodigue repentant.

En hommage au Sacré-Cœur de Jésus, dont la fête illumine encore pour ainsi dire le ciel de la sainte Église, nous emprunterons quelques strophes de la Séquence composée en son honneur par le Vénérable Jean Eudes, et revêtue de l’approbation du Saint-Siège pour le Propre de sa Congrégation.

SÉQUENCE.
Gaudeamusus exsultantes,
Cordis Jesu personantes
Divina præconia.
Publions en des chants d’allégresse
les divines louanges
du Cœur de Jésus.
Cor beatum summi Regis,
Cor et vitam novæ legis,
Omnes linguas concinant.
Cœur bienheureux du Roi suprême,
Cœur et vie de la loi nouvelle,
que toute langue le célèbre.
Cor mirandum Redemptoris
Coadunans terram cœlis,
Unitatis speculum.
Cœur admirable du Rédempteur,
il réunit la terre aux cieux,
miroir d’unité.
Digna sedes Trinitatis,
Plenitudo Deitatis,
Amoris miraculum.
Digne trône de la Trinité,
plénitude de divinité,
c’est le miracle de l’amour.
Amoris evangelium,
Puri cordis incendium,
Magna Dei gloria.
C’est l’évangile de l’amour,
l’embrasement des cœurs purs,
pour Dieu sa gloire immense.
Cœli nectar vivificans,
Cordis manna deificans,
Amor et lætitia.
Nectar du ciel qui donne la vie,
manne déifiante du cœur,
son amour et sa joie.
Cleri sacri præsidium,
Rector benigne cordium,
Nostra rege pectora.
Défense de la tribu sainte,
guide bienveillant,
guidez nos cœurs.
Fons æternæ pietatis,
Ardens fornax caritatis,
Corda flammis devora.
Source de tendresse éternelle,
ardente fournaise de charité,
dévorez les cœurs de vos flammes.
Domus amoris aurea,
Turris amantum flammea,
Cœtus nostri lex ignea,
Fons perennis gratias.
Vous êtes la maison d’or de l’amour,
la tour enflammée de ceux qui aiment,
la loi de feu de notre assemblée,
le réservoir inépuisable de la grâce.
Cor, thesaurus sanctitatis,
Abyssus humilitatis,
Thronus Dei voluntatis,
Et centrum clementiæ.
Cœur, trésor de sainteté,
abîme de l’humilité,
trône de la volonté de Dieu
et centre de sa clémence !
Paradisus beatorum,
Consolator afflictorum,
Pax, et salus peccatorum,
Cor omnibus omnia.
Paradis pour les bienheureux,
consolateur des affligés,
paix et salut des pécheurs,
Cœur qui pour tous êtes toute chose !
O Cor ! summa benignitas,
Immensa liberalitas,
Incomprehensa caritas,
Cordis vera felicitas,
Cor esto supplicibus.
O Cœur, bonté souveraine,
munificence immense,
charité incompréhensible,
du cœur vraie félicité,
montrez-vous tel à ceux qui prient.
Fac nos, Jesu, flammescentem
Cordis tui caritatem,
Et divinam pietatem,
Summam quoque sanctitatem
Sanctis sequi moribus.
Faites, ô Jésus, que
dans nos mœurs devenues saintes
nous imitions de votre Cœur
la charité de flamme,
la divine piété, la sainteté souveraine.
O beata Trinitas,
Cordis Jesu caritas,
Immensæ clementiæ
Immensæ sint gratiæ,
Immensa sit gloria,
Amen dicant omnia. .
Amen. Alleluia.
Bienheureuse Trinité,
du Cœur de Jésus l’amour,
qu’à l’immensité de votre clémence
soient rendues grâces immenses,
qu’immense aussi soit votre gloire,
que toute créature dise Amen à nos vœux !
Amen. Alleluia.

Enfin, terminant ce volume comme nous l’avons commencé, à la gloire de la Trinité souveraine, il convient de placer ici le Répons que la sainte Liturgie ramènera désormais chaque Dimanche jusqu’à l’Avent dans l’Office de la nuit. Nous le ferons suivre de l’antique acclamation dont la date remonte au delà de l’âge de la paix vers les temps apostoliques, et que redisent encore les Églises de l’Orient et la famille bénédictine.

RÉPONS.
R/. Duo Séraphim clamábant alter ad álterum : * Sanctus, sanctus, sanctus Dóminus Deus Sábaoth : * Plena est omnis terra glória eius.R/. Deux Séraphins criaient l’un à l’autre [89] : * Saint, Saint, Saint le Seigneur, le Dieu des armées ; * Toute la terre est remplie de sa gloire.
V/. Tres sunt qui testimónium dant in cælo : Pater, Verbum, et Spíritus Sanctus : et hi tres unum sunt.V/. Il y en a trois au ciel qui rendent témoignage : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ; et ces trois sont une même chose [90].
* Sanctus, sanctus, sanctus Dóminus Deus Sábaoth : Glória Patri. * Plena est omnis terra glória eius.* Saint, Saint, Saint le Seigneur, le Dieu des armées ; Gloire au Père. * Toute la terre est remplie de sa gloire.
HYMNE [91].
Te decet laus,A vous convient la louange,
Te decet hymnus,à vous nos chants,
Tibi gloria Deo Patri,à vous la gloire, Dieu Père
Et Filio cum Sancto Spiritu,et Fils avec le Saint-Esprit,
In sæcula sæculorum.
Amen.
dans les siècles des siècles.
Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Selon l’homiliaire de saint Grégoire le Grand, le discours sur la lecture évangélique de ce jour aurait été prononcé sur le Cœlius, dans le Titre de Pammachius. Mais parce que, dans l’exorde, le saint Docteur observe que l’été étant passé, saison très dangereuse pour sa santé, il reprend désormais l’exercice interrompu de la prédication, il est possible que, contrairement au titre donné postérieurement à l’homélie, celle-ci ait été prononcée non le IIIe dimanche après la Pentecôte, mais en quelque station de l’automne, dans la basilique des martyrs Jean et Paul. C’est une nouvelle preuve que la liste des péricopes évangéliques expliquées au peuple par saint Grégoire ne correspond pas toujours exactement à celle que nous indique le Sacramentaire qui porte son nom. En quelques listes romaines du VIIe siècle, la parabole de la drachme et de la brebis égarée est assignée au premier vendredi après l’octave de la Pentecôte.

L’introït emprunte son antienne au psaume 24 qui, dans le texte hébreu, dispose ses versets conformément à l’ordre alphabétique des consonnes initiales. « Regardez-moi, ô Seigneur, et soyez touché de pitié, parce que je suis seul, moi, et abandonné. Voyez ma peine et ma misère, et pardonnez-moi toutes mes fautes. » L’introduction de l’âme dans le royaume messianique qui nous fut promise à Pâques et à la Pentecôte, doit être prise au sens spirituel, signifiant que la grâce contient en germe la gloire future. Pour ce qui regarde notre condition de voyageurs sur la terre, la grâce ne change pas notre état de soldats pauvres et combattants, continuellement exposés à mille assauts de tentations et d’orages. C’est cet état d’âpre bataille qu’esquisse précisément aujourd’hui le Psalmiste. Il se plaint d’être seul, parce que la lutte est au dedans, et le combat est plus vif dans l’intime de notre être, là où ne peut parvenir l’aide des créatures.

Du haut du ciel, Dieu regarde notre combat, c’est-à-dire qu’il le connaît, l’ordonne à notre plus grand bien et s’apprête finalement à le récompenser par la couronne et la palme de l’immortalité.

Les luttes et les tribulations de la vie présente ont aussi un autre avantage ; non seulement l’âme tire le fruit le plus abondant précisément de la tentation, mais l’humiliation et la peine que celle-ci nous impose sont un excellent moyen d’expier nos fautes passées.

La collecte est moins concise qu’à l’ordinaire et prend aujourd’hui un rythme presque oratoire. Dieu agit envers nous dans la mesure où nous le lui permettons. Sans lui, rien n’est stable, même dans l’ordre naturel, rien n’est saint, parce que la sainteté de nos actes est constituée par la correspondance de ceux-ci avec la règle suprême de la moralité, qui est l’infinie sainteté de Dieu. Or l’obstacle réside dans la fascination exercée sur notre nature viciée par les différentes créatures, en sorte que souvent nous ne nous élevons pas jusqu’à cette règle suprême du bien, et nous nous bornons à un bien limité et apparent.

Contre cette fatale illusion provoquée en nous par le miroitement des choses créées, — que, d’ailleurs, nous ne pouvons pas même fuir entièrement, ayant besoin d’un grand nombre d’entre elles pour les nécessités de la vie, — nous supplions aujourd’hui le Seigneur afin que, par sa céleste prudence, il nous guide dans le labyrinthe de l’existence, et que le juste usage des choses créées, loin de tout désordre et de tout excès, nous serve au contraire de moyen pour acquérir les biens éternels.

Suit un passage de la Ire épître de saint Pierre (V, 6-11) : les tribulations et les tentations de cette vie doivent être supportées en esprit d’humilité et de foi : d’humilité, parce qu’elles sont permises par la puissante main de Dieu à qui aucune créature n’a le droit de demander : pourquoi faites-vous cela ? de foi, parce que Dieu n’abandonne jamais l’âme affligée ; au contraire, l’affliction exhale comme un parfum qui attire à elle l’Époux divin. La persécution dont parle aujourd’hui saint Pierre est celle qu’inaugura Néron avec les bûchers du Vatican, après qu’il eut consommé l’incendie de la Ville. L’Apôtre en parlait aussi au chapitre IV, verset 12, comparant cette épreuve terrible à un feu ; langage où n’est que trop claire l’allusion aux supplices infligés aux chrétiens par ces horribles torches qui illuminèrent les fêtes néroniennes du Cirque Vatican.

Le graduel est identique à celui du jeudi après les Cendres. Celui qui se confie en Dieu, comme le dit le psaume 54, trouve en lui le salut dans les périls, l’aide dans la détresse, le réconfort dans la douleur. Les hommes promettent eux aussi tout cela, mais dans le besoin personne ne se suffit à soi-même ; moins encore pourra-t-on aider les autres ! Dieu seul est un bien universel, pouvant donner largement toutes choses, et voulant en effet enrichir tout le monde. Bref, le fait est qu’espérer dans l’homme est une chose inutile, sinon nuisible, comme le dit ailleurs le psalmiste : Vana salus hominis [92]. Béni, au contraire, celui qui s’appuie sur le Seigneur.

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 7. Dieu est un juge juste, fort et patient. Il n’exerce pas la justice à tout instant, puisque avant de punir il veut expérimenter toutes les voies de sa bonté et de sa paternelle miséricorde. La justice humaine est pressée de faire prévaloir ses droits, tandis que la justice divine qui a à sa disposition toute l’éternité, laisse dans la vie présente le champ libre à la miséricorde.

La lecture évangélique (Luc., XV, 1-10) nous décrit l’auditoire habituel de Jésus : les publicains et les pauvres pécheurs. Le Cœur du Sauveur s’y trouvait comme dans son centre, et répandait en ces malheureux l’humble confiance et la joie qui emplissaient son âme. Tandis qu’il leur narrait la parabole du bon Pasteur qui va chercher la brebis égarée sur les monts, ou de la femme qui met sens dessus dessous sa maison pour chercher la petite pièce de monnaie perdue, Il accomplissait réellement ce qu’il disait, puisque alors, grâce à ces discours tenus en plein air, aux carrefours des routes, il allait à la recherche de l’âme du pécheur fourvoyé.

Dieu associe aussi les Anges dans le ciel à sa joie pour un pécheur qui se décide à faire pénitence, puisque les saints ont part à ces sentiments de divine miséricorde envers la pauvre humanité ; d’autant plus que celle-ci est appelée à occuper en paradis les places laissées vides par les anges apostats.

L’antienne pour le psaume de l’offertoire, le 9e, est la même qu’à la troisième férie après le dimanche de Passion : « A vous se confient, ô Dieu, ceux qui, dans l’épreuve, connaissent votre nom, c’est-à-dire qui savent que vous n’abandonnez pas ceux qui vous cherchent. Chantez donc des hymnes au Seigneur qui, sur le mont Sion, a établi son sanctuaire. Du malheureux Il n’oublie pas le cri. »

Combien douce est cette divine insistance du Seigneur, dans la sainte Écriture, à nous présenter les motifs les plus décisifs pour nous faire mettre en Lui notre confiance ! Il semblerait qu’il doive en être tout autrement, et que, de la part du coupable, ce fût comme une audacieuse témérité que de mettre son espérance en la miséricorde du juge. Et pourtant, c’est tout le contraire qui arrive. Dieu veut que nous espérions en Lui ; il nous l’ordonne, il menace de sa colère filios diffidentiæ [93] ; c’est pourquoi, tandis que toutes les années de notre vie lui sont favorables pour user envers nous de miséricorde, il ne réserve à sa justice qu’un unique moment décisif : celui de notre entrée dans l’éternité.

La collecte sur les oblations a un caractère général : « Regardez, Seigneur, l’offrande de votre famille suppliante, et faites qu’elle y participe de telle sorte qu’elle obtienne un continuel accroissement de sainteté et de salut. » Il faut remarquer ici le caractère éminemment social et collectif qui informe l’esprit de l’antique prière liturgique. Il ne s’agit pas ici du sacrifice du prêtre seul, ou de l’offrande que seul un individu quelconque a présentée à l’autel. Au contraire, c’est toute l’Église qui entoure son pasteur au jour de fête, qui dépose entre ses mains le pain et le vin pour le sacrifice dominical, et, au moyen de la sainte Communion, participe ensuite aux fruits du sacrement.

L’antienne pour le psaume de la Communion est empruntée à l’Évangile du jour : « Au ciel il y a fête quand un pécheur fait pénitence. » Voulons-nous augmenter cette joie de Dieu et de ses bons anges ? Contraignons-nous à une véritable pénitence nous aussi, et faisons en sorte que, par notre exemple, par notre parole ou au moins par notre prière, les autres aussi cessent de mal faire et se convertissent à Dieu.

La prière eucharistique a une exquise saveur classique. Que le Sanctum — c’est précisément le beau nom donné par les anciens à l’Eucharistie — nous communique la vie de Jésus. Que son Sang lave toutes nos fautes et nous rende dignes de la dernière grâce, celle qui est vraiment l’acte extrême de la miséricorde du Seigneur envers nous : l’éternelle récompense. La conversion d’un pécheur est un regard d’amour de Jésus sur celui qui le hait, et ce trait d’infinie miséricorde réjouit extrêmement les saints anges qui s’associent aux sentiments du Rédempteur. Le saint Évangile dit qu’au Ciel il y a plus de fête pour la conversion d’un pécheur que pour la persévérance des justes, en ce sens que l’amour dont Dieu daigne regarder son ennemi apparaît d’autant plus admirable qu’il est moins mérité.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

L’image du cœur de Jésus dans l’ancienne Église.

Cette semaine, l’Église nous montre l’amour de Dieu à la recherche des pécheurs dans deux paraboles, celle de la brebis perdue et celle de la drachme perdue (Évang.). C’est surtout l’image du Bon Pasteur qui prend sur ses épaules la brebis perdue, qui doit nous accompagner pendant la semaine, Elle convient parfaitement à la fête du Sacré-Cœur. Pourrions-nous trouver une plus belle expression de l’amour du cœur de Jésus que dans l’image du Bon Pasteur avec la brebis perdue sur ses épaules ? L’Épître nous enseigne ce que doit être une brebis du Bon Pasteur : obéissante et vigilante. L’homme a le choix entre deux chefs : le Bon Pasteur (Évang.), ou le lion rugissant, le diable (Ép.).

1. La messe (Respice). — Suivons, pour une fois, une autre méthode dans l’explication de la messe.

L’Évangile est tiré de la collection de paraboles de saint Luc. Au chapitre XVe, nous trouvons trois paraboles qui ont à proprement parler le même sens. Ce sont les paraboles des trois perdus et retrouvés : la parabole de la brebis perdue, de la drachme perdue et de l’Enfant prodigue. Les deux premières paraboles se trouvent dans l’Évangile d’aujourd’hui. Qu’est-ce que le Christ voulait nous dire à tous par ces trois paraboles ? Il nous donne un enseignement très consolant, un véritable message joyeux : celui de la miséricorde de Dieu. Le Seigneur nous l’expose lui-même après chaque parabole : « Je vous le dis, il y aura joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit ». L’Église, elle aussi, veut nous donner cet enseignement consolant.

C’est ce que nous voyons dans l’antienne de Communion. Au moment où les fidèles reçoivent la sainte hostie, le chœur chante : « Je vous le dis, il y aura joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit ». Nous avons ici une belle antienne de communion. Quand l’Église veut souligner particulièrement un enseignement de l’Évangile, elle extrait cette phrase et la répète dans un de ses chants ; par exemple elle en fait le verset de l’Alléluia ou l’antienne de Communion. Quand elle en fait l’antienne de Communion, elle lui attache encore une autre signification. Elle veut souvent nous dire que c’est précisément dans la communion que cette phrase trouve son accomplissement. Nous sommes, pour ainsi dire, venus à la messe comme des brebis égarées ; mais le bon Pasteur nous a trouvés au Saint-Sacrifice et nous a chargés sur ses épaules. Maintenant, à la communion, nous voyons ses yeux briller de la joie de nous avoir ramenés au bercail. Les cieux s’ouvrent pour ainsi dire au-dessus de nous ; nous voyons les anges rayonner de joie et célébrer avec allégresse notre conversion. A la vérité, cette conversion s’est faite il y a longtemps, au moment de notre baptême. Alors, les cieux s’ouvrirent réellement pour nous et les anges saluèrent avec des transports de joie le nouveau citoyen du ciel. Or, chaque messe renouvelle et perfectionne la grâce du baptême, surtout la messe du dimanche. La sainte communion est pour nous comme le gage et la garantie que le Bon Pasteur nous emporte sur ses épaules vers le bercail.

La seconde parabole est peut-être moins connue. Que signifie-t-elle ? La femme qui cherche la drachme perdue, c’est notre Mère l’Église. Sa tâche, en effet, sur la terre, est de chercher ce qui est perdu. Elle cherche les âmes pécheresses des hommes pour les sanctifier et les conduire au ciel. Elle fouille la pauvre et sordide cabane qui représente la terre avec toutes les souillures du péché ; elle allume une lumière ; sa lumière, c’est le Christ. Quelle belle image !

L’Église porte dans ses mains la lumière du monde, le Christ, le Christ dans l’Eucharistie. Avec cette lumière, elle illumine l’obscurité de la vie terrestre et même l’obscurité de notre intérieur. Elle y trouve la monnaie perdue, c’est-à-dire l’âme immortelle que le péché a fait tomber dans la boue. C’est encore une belle comparaison : l’âme est une monnaie. Une monnaie porte une empreinte, qui est souvent l’effigie du souverain. L’âme aussi porte une empreinte : l’effigie du Roi des cieux. Elle est l’image de Dieu. Bien plus, le Christ doit être de plus en plus profondément gravé dans notre âme. Laissons donc notre Mère l’Église nous chercher, nous trouver et nous faire rentrer dans le trésor du ciel.

L’Épître forme presque contraste avec l’Évangile. Dans l’Évangile, il est question du Bon Pasteur qui, plein d’amour, charge sur ses épaules la brebis perdue. Ici, nous entendons parler du « lion rugissant qui rôde, cherchant quelqu’un à dévorer ». L’homme est donc à la croisée des chemins ; il a à choisir entre deux chefs : le Bon Pasteur, le Christ ; le lion rugissant, le diable. L’un veut guérir les éraflures des épines ; l’autre veut déchirer l’âme. L’un veut porter la brebis sur ses épaules jusqu’au bercail ; l’autre veut la dévorer et l’entraîner dans l’enfer. Pouvons-nous hésiter dans le choix ? N’avons-nous pas déjà, au baptême, renoncé au démon, à ses pompes et à ses œuvres ? Et pourtant, combien de chrétiens se laissent tromper par cet archifourbe !

Quelles conséquences tirer de ces deux lectures ? Nous devons être, à l’égard du Bon Pasteur, des brebis obéissantes et dociles qui s’abandonnent absolument à la conduite de Dieu. Nous devons combattre énergiquement contre le lion rugissant. Le jeune berger David attaquait les lions qui voulaient lui dérober une brebis. C’est ce que nous devons faire, dans le combat contre le diable, pour défendre notre âme précieuse.

Il y a quelque chose qui nous surprend dans cette messe. Pendant le temps pascal, nous n’avons point entendu de choses pareilles. Il n’était pas question du diable, pas plus que du péché. Notre Mère l’Église ne nous apportait guère que des messages joyeux. Le joyeux Alléluia n’avait pas de cesse. Nous étions dans le joyeux temps de l’enfance. En effet, le jour de Pâques nous avons tous été régénérés. Mais maintenant la Pentecôte est venue et nous avons été déclarés majeurs ; nous avons reçu la Confirmation, le sacrement de la virilité chrétienne. Maintenant, l’Église nous envoie dans la vie rude du combat, du travail et de la tentation. Le dimanche d’aujourd’hui nous place dans le présent et nous arme pour le combat de la vie. Nous voyons paraître devant nous un ennemi que nous avions entièrement perdu de vue pendant le temps pascal : le péché. La messe d’aujourd’hui nous dit : il y a un destructeur de la joie dans le royaume de Dieu : c’est le péché. Mais l’Église ne veut pas pour autant nous décourager. Elle nous apporte ce joyeux message : Le Seigneur tient compte du péché. Le péché ne l’empêche pas d’accomplir son œuvre rédemptrice. Plein d’amour, il va à la recherche de l’âme pécheresse. Lui-même a entrepris, en mourant sur la Croix, le combat contre le lion rugissant. Pour protéger ses brebis, il a savouré l’amertume de la mort. En outre, il nous a donné une Mère, l’Église, qui nous cherche et nous trouve. Tel est le sens de ce dimanche. Rendons-nous à l’office dans ce sentiment : Nous avons un Bon Pasteur qui va à la recherche des pécheurs.

2. Le Bon Pasteur. — De notre temps, quand on veut se représenter l’amour du Christ on songe à une image du Sacré-Cœur. L’antique Église songeait à l’image du Bon Pasteur. Sur tous les murs des catacombes, dans les basiliques antiques, sur les monuments funéraires, partout, cette aimable image abaissait son doux regard sur ceux qui passaient. De même, les textes liturgiques nous montrent souvent l’image du Bon Pasteur, et cela presque toujours au début d’une nouvelle époque de l’année ecclésiastique. Cette image du Sacré-Cœur de l’ancienne Église est aussi expressive et profonde que l’image courante aujourd’hui.

Demandons-nous ce que cette image du Bon Pasteur disait aux premiers chrétiens.

1. Qu’indique l’image du Bon Pasteur portant la brebis sur ses épaules ? C’est l’image du Christ, du Rédempteur. Une brebis s’est écartée du troupeau de Dieu ; elle est tombée dans les épines. Cette brebis, c’est l’humanité, qui, par le péché, a perdu le paradis et la grâce. Or le Christ fut envoyé dans le monde pour aller à la recherche de cette brebis. Il l’a cherchée, appelé ; il a même dû lutter contre les loups, contre le lion rugissant ; bien plus, il a subi la mort. Maintenant, il charge amoureusement la brebis retrouvée sur ses épaules et la porte dans le bercail céleste. Ainsi donc le Bon Pasteur avec la brebis sur ses épaules représente le Christ notre Rédempteur. Cela nous fait comprendre que cette image était si chère aux premiers chrétiens.

2. L’image rappelle aussi un moment des plus importants de la vie de tout chrétien. Saint Paul dit pendant le Carême : « Vous étiez autrefois ténèbres ; vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur ». Saint Pierre, le premier représentant du Bon Pasteur, dit : « Vous étiez comme des brebis errantes, mais vous êtes revenus vers le pasteur et l’évêque de vos âmes ». Ce grand moment dans notre vie fut celui du saint baptême. C’est alors que le Bon Pasteur nous a trouvés et nous a pris sur ses épaules. Ce fut aussi le moment dont le Seigneur parle dans l’Évangile, le moment où les anges de Dieu se sont réjouis de la conversion d’un pécheur. L’image nous rappelle donc notre baptême.

3. Mais l’image va encore plus loin. Le Bon Pasteur ne dépose plus la brebis de ses épaules. Il lui demeure intimement uni. Savez-vous ce qu’il y a de plus profond dans la foi chrétienne ? C’est la vie divine, la grâce de la filiation. Cette union intime du Christ avec l’Église, avec chaque chrétien, est le plus grand bien que nous possédions. « Demeurez dans mon amour » ; tel fut le legs du Maître à son départ. Ne pas perdre cette vie divine, l’entretenir, la développer, rendre de plus en plus profonde et intime cette union avec le Christ, tel doit être notre plus grand souci. L’image du Bon Pasteur nous rappelle notre union avec le Christ.

4. Et par quel moyen demeurons-nous unis avec le Christ ? C’est la Passion du Christ qui nous a acquis la vie divine : c’est la commémoration de sa Passion qui doit nous la conserver. Cette commémoration, c’est le sacrifice de la messe, la Sainte Eucharistie. Car rien ne nous montre mieux le Christ comme Bon Pasteur que la Sainte Eucharistie. Rien ne maintient mieux notre union intime avec le Christ que l’Eucharistie. Le baptême nous a donné la vie divine ; l’Eucharistie la conserve et la développe. Le Seigneur ne nous dit-il pas lui-même : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » ?

5. L’image du Bon Pasteur nous parle donc de ce qu’il y a de plus profond dans le christianisme. Elle nous parle du Rédempteur, du baptême, de notre union de grâce avec le Christ et de l’Eucharistie. Elle nous annonce une dernière chose : notre entrée bienheureuse dans le royaume du ciel. Le Bon Pasteur porte sa brebis retrouvée dans le bercail du ciel. C’est la raison profonde de la présence de cette image dans les catacombes, les antiques cimetières des chrétiens, et sur les sarcophages. L’image du Bon Pasteur apportait aux fidèles ce joyeux message : Après les peines de la vie terrestre, le Bon Pasteur emportera vos âmes dans le grand bercail de la béatitude, là-haut. Cette espérance était si forte chez les premiers chrétiens qu’elle leur faisait considérer comme peu de chose les souffrances de la vie et même le martyre. Ils vivaient non seulement dans la foi et l’amour envers le Christ, mais aussi dans la ferme espérance de la gloire éternelle. Cette vertu nous fait trop défaut à nous, chrétiens d’aujourd’hui. Nous nous attachons trop aux choses terrestres. Puisse l’image du Bon Pasteur allumer en nous l’attente et le désir de la béatitude éternelle !

[1] Cf. Décret de simplification des rubriques, §19. « Aux dimanches qui tombaient précédemment dans les octaves de l’Ascension, du Corps du Christ et du Sacré-Cœur de Jésus, on dit l’office comme maintenant ».

[2] Matth. 11, 30

[3] Ps. 109, 2

[4] Ps. 110, 4

[5] Ps. 111, 4.

[6] Ps. 115, 3.

[7] Ps. 129, 4

[8] Ps. 110, 4.

[9] Jn. 19, 33-34.

[10] Is. 12, 3.

[11] Ps. 32, 11. Les desseins de bonté du Cœur du Christ sont immuables et fidèles comme ceux de Dieu. Tel est le sens de cette Antienne comprise d’après le sens du verset du Psaume dont elle est extraite.

[12] Ps. 35, 9-10.

[13] Ps. 40, 10.

[14] Matth. 11, 29.

[15] Jer. 32, 40.

[16] Jer. 32, 41.

[17] Ps. 54, 13.

[18] Ps. 54, 14-15.

[19] Ps. 54, 13.

[20] Eph. 2, 5.

[21] Eph. 2, 4.

[22] Eph. 2, 7.

[23] Ps. 46, 8-9.

[24] Ps. 60, 2. Vous m’avez rend fermeté et sécurité. Cela a été vrai du Sacré-Cœur vivant sur terre et c’est encore vrai du cœur de ses fidèles.

[25] Ps. 93, 19.

[26] Ps. 40, 4.

[27] Ps. 144, 18.

[28] Ps. 144, 8.

[29] Ordo Missæ, Offertoire.

[30] II, II, q. 81, a. 8. c.

[31] Matth. 11, 25.

[32] Matth. 11, 26.

[33] 1 Eph., II, 3.

[34] Ps. 85, 9-10

[35] Ps. 96, 11 & 13.

[36] Ps. 97, 5.

[37] Ps. 107, 3-4.

[38] Ps. 110, 4.

[39] Jn. 12, 32.

[40] Jn. 12, 33.

[41] Ephes. 5, 1-2.

[42] Jn. 19, 34.

[43] Jn. 7, 37.

[44] Cf. Jer. 31, 3.

[45] Matth. 11, 28.

[46] Prov. 23, 26.

[47] C’est-à-dire le sacrifice de la Croix et celui de la Messe, mais aussi le sacrifice invisible qui est l’abandon amoureux et complet à la volonté de Dieu, et le sacrifice visible qui est le signe sacré, la manifestation extérieure du sacrifice invisible.

[48] Matth. 11, 29.

[49] Cette antienne et celle des Vêpres nous rappellent la miséricordieuse sollicitude du bon Pasteur pour les pêcheurs. Disons heureuse, la brebis perdue rapportée au bercail par lui : mais disons heureuses aussi les brebis fidèles qui savent, pour le retour des égarées, accepter l’épreuve d’un délaissement apparent.

[50] Luc. 15, 4.

[51] Jn. 19, 36-37.

[52] Is. 12, 3.

[53] Jn. 19, 34.

[54] Jn. 7, 37.

[55] Cf. Jer. 31, 3.

[56] Matth. 11, 28.

[57] Prov. 23, 26.

[58] Ps. 110, 4.

[59] Luc. 15, 8.

[60] Luc. 12, 49.

[61] Matth. 11, 29.

[62] I Reg. 7, 3.

[63] Ps. 151 apocr.

[64] I Reg. 17, 37.

[65] I Reg. 17, 37.

[66] Ps. 56, 4.

[67] Ps. 144, 8.

[68] I reg. 18, 7.

[69] Luc. 1, 66.

[70] I Reg. 17, 26 & 21, 11.

[71] 2 Reg. 1, 21.

[72] I Reg. 15, 22.

[73] 2 Reg. 7, 8.

[74] Prière de Manassé, apocr.

[75] Ps. 50, 5-6.

[76] Ce répons, le 8ème de la Fête de la Sainte Trinité est repris tous les dimanches après la Pentecôte.

[77] Is. 6, 3.

[78] I. Jn. 5, 7.

[79] Cette antienne et celle des Vêpres nous rappellent la miséricordieuse sollicitude du bon Pasteur pour les pêcheurs. Disons heureuse, la brebis perdue rapportée au bercail par lui : mais disons heureuses aussi les brebis fidèles qui savent, pour le retour des égarées, accepter l’épreuve d’un délaissement apparent.

[80] Luc. 15, 4.

[81] Luc. 15, 8.

[82] 1er volume du Temps après la Pentecôte de l’Année Liturgique.

[83] Luc. XVIII, I.

[84] Rom. VIII 26.

[85] Ambr. in Luc. VII.

[86] C’est aussi l’interprétation du Vénérable Bèdc et de saint Cyrille d’Alexandrie sur ce passage de saint Luc : mulier, Sapientia. Saint Augustin s’exprime de même dans ses Enarrations sur les Psaumes : voir au verset 24 du Ps. CIII, Omnia in Sapientia fecisti ; de même, Ps. CXXXVIII, II : « Sapientia Dei perdiderat drachmam... Et quid fecit mulier sapiens ? Accendit lucernam. Et nox illuminatio in deliciis meis. Deliciae nostrae Christus ». Avant eux tous, saint Méliton, au mot mulier.

[87] Psalm. XXI, 16.

[88] Greg. Hom. XXXIV in Evangelia.

[89] Is. 6, 3.

[90] I. Jn. 5, 7.

[91] S. P. Benedictus. Reg cap. XI. Ex Constitut. Apost. VII, 48.

[92] « Vain est le salut qui vient de l’homme », Ps. 59, 13 &Ps. 107, 13.

[93] « la colère de Dieu vient sur les hommes rebelles », Eph. 5, 6.