Psalmus 35 | Psaume 35 |
Dixit iniústus ut delínquat in semetípso : * non est timor Dei ante óculos eius. | L’injuste a dit en lui-même qu’il allait pécher [1] : * la crainte de Dieu n’est point devant ses yeux. |
Quóniam dolóse egit in conspéctu eius : * ut inveniátur iníquitas eius ad ódium. | Car il a agi avec tromperie en sa présence : * afin que son iniquité se trouvât digne de haine [2]. |
Verba oris eius iníquitas, et dolus : * nóluit intellígere ut bene ágeret. | Les paroles de sa bouche sont iniquité et tromperie : * il n’a point voulu comprendre pour faire le bien. |
Iniquitátem meditátus est in cubíli suo : * ástitit omni viæ non bonæ, malítiam autem non odívit. | Il a médité l’iniquité sur sa couche : * il s’est arrêté sur toute voie qui n’est pas bonne, et il n’a pas haï pour la malice. |
Dómine, in cælo misericórdia tua : * et véritas tua usque ad nubes. | Seigneur, votre miséricorde est dans le ciel [3] : * et votre vérité jusqu’aux nues [4]. |
Iustítia tua sicut montes Dei : * iudícia tua abyssus multa. | Votre justice est comme les montagnes de Dieu : * Vos jugements sont un profond abîme. |
Hómines, et iuménta salvábis, Dómine : * quemádmodum multiplicásti misericórdiam tuam, Deus, | Vous sauverez, Seigneur, les hommes et les bêtes [5] : * comme Vous avez multiplié votre miséricorde, ô Dieu [6], |
Fílii autem hóminum, * in tégmine alárum tuárum sperábunt. | Mais les enfants des hommes * espéreront, à couvert sous vos ailes [7]. |
Inebriabúntur ab ubertáte domus tuæ : * et torrénte voluptátis tuæ potábis eos. | Ils seront enivrés de l’abondance de votre maison [8] : * et Vous les ferez boire au torrent de vos délices. |
Quóniam apud te est fons vitæ : * et in lúmine tuo vidébimus lumen. | Car en Vous est la source de la vie [9] : * et dans votre lumière nous verrons la lumière [10]. |
Præténde misericórdiam tuam sciéntibus te, * et iustítiam tuam his, qui recto sunt corde. | Étendez votre miséricorde sur ceux qui Vous connaissent, * et votre justice sur ceux qui ont le cœur droit [11]. |
Non véniat mihi pes supérbiæ : * et manus peccatóris non móveat me. | Que le pied de l’orgueil ne vienne point jusqu’à moi [12] : * et que la main du pécheur ne m’ébranle pas [13]. |
Ibi cecidérunt qui operántur iniquitátem : * expúlsi sunt, nec potuérunt stare. | Là [14] sont tombés ceux qui commettent l’iniquité : * ils ont été chassés, et ils n’ont pu se tenir debout. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] C’est à part soi qu’on prend la résolution de pécher parce que l’homme ne la voit point ; mais Dieu n’est-il pas présent ? (Saint Augustin).
[2] digne de haine ou va à la haine parce que des chutes répétées risquent de l’amener à se séparer tout à fait de Dieu ainsi qu’à forcer Dieu à le rejeter.
[3] Le Psalmiste veut dire que la miséricorde de Dieu atteint la hauteur du ciel. (Lesêtre).
[4] Le psalmiste élève ses regards vers Dieu ; dans le transport de son admiration il exalte ses attributs et son caractère. « Il compare les perfections divines à ce que nous connaissons de plus élevé, de plus grand, de plus profond ». (P. Berthier).
[5] On peut admettre qu’au sens littéral il s’agit ici des bêtes. Or l’étude de la nature nous montre avec quelle touchante sollicitude la Providence intervient pour donner au moindre insecte l’instinct de sa conservation et les moyens de se nourrir.
[6] L’effusion de votre miséricorde a été abondante dès le commencement, elle s’est multipliée quand vous nous avez rachetés par votre propre sang. (Saint Jérôme).
[7] Saint Augustin fait remarquer que si beaucoup d’hommes recherchent comme les animaux les biens du temps présent, d’autres espèrent les biens éternels et que le Prophète semble désigner ces derniers seulement sous le nom d’enfants des hommes. Ils possèdent la ressemblance du Fils de l’homme par la grâce et doivent avoir envers leur Père céleste la simplicité des enfants ainsi que la plus filiale confiance sous les ailes de Dieu : quel sûr et doux asile !
[8] Cette maison est le tabernacle dans lequel les serviteurs de Dieu habitent spirituellement avec lui, et sont l’objet des soins de sa bonté paternelle. ( Hengstenberg).
[9] Dans son sens le plus relevé, cette vie dont Dieu est la source, est la grâce en ce monde et la gloire dans l’autre. Les Pères se sont servis de cette expression « fons vitæ » pour éclairer le mystère de la sainte Trinité. (Lesêtre).
[10] Cette lumière dans laquelle on voit la lumière est le milieu divinement lumineux au moyen duquel l’âme glorifiée peut percevoir la clarté de Dieu. (Saint Thomas).
[11] Connaître Dieu et avoir le cœur droit, c’est toute la science du salut. (P. Berthier). Le Prophète nous enseigne ici par son exemple à prier parfois pour le prochain avant même de le faire pour nous.
[12] C’est-à-dire que je ne tombe pas dans l’orgueil.
[13] C’est-à-dire que les actions de ceux qui pèchent contre vous ne me fassent point sortir des sentiers de la justice. (Saint Ambroise).
[14] Là, c’est-à-dire dans l’orgueil dont il est parlé au verset précédent. L’orgueil a été de tout temps une pierre d’achoppement. C’est par orgueil que les mauvais anges sont tombés et ont été chassés du ciel ; c’est par l’orgueil que nos premiers parents ont péché et ont mérité d’être bannis du paradis terrestre ; c’est par l’orgueil enfin que la plupart des méchants s’écartent tous les jours de la voie du salut. (Glaire).