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21ème Dimanche après la Pentecôte

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Sommaire

  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Office  
  Textes de la Messe  
  Dominica Vigesima prima post Pentecosten  
  21ème Dimanche après la Pentecôte  

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Les Dimanches qui vont suivre sont les derniers du Cycle ; mais le degré de proximité qui les met en rapport avec son dernier terme, varie chaque année selon le mouvement de la Pâque. Cette mobilité rend impossible la recherche d’un accord précis entre la composition de leurs Messes et les lectures de l’Office de la nuit, qui se font à terme fixe depuis le mois d’août en la manière que nous avons dite [1]. Cependant l’instruction que les fidèles doivent tirer de la sainte Liturgie serait incomplète, la préoccupation de l’Église dans ces dernières semaines ne leur apparaîtrait pas aussi claire qu’il convient pour les dominer pleinement, s’ils ne se rappelaient que les mois d’octobre et de novembre sont remplis, le premier par la lecture des Machabées qui nous animent pour les derniers combats, le second par celle des Prophètes annonçant les jugements de Dieu.

A LA MESSE.

Durand de Mende, dans son Rational, s’applique à montrer que ce Dimanche et ceux qui le suivent relèvent toujours de l’Évangile des noces divines, et n’en sont que le développement. « Parce que, dit-il pour aujourd’hui, ces noces n’ont point de plus grand ennemi que la jalousie de Satan contre l’homme, l’Église traite, en ce Dimanche, de la guerre contre Satan et de l’armure qu’il nous faut revêtir pour soutenir cette guerre, comme on le verra dans l’Épître. Et parce que le cilice et la cendre sont les armes de la pénitence, l’Église emprunte, dans l’Introït, la voix de Mardochée qui priait Dieu sous le cilice et la cendre [2]. »

Les réflexions de l’évêque de Mende sont fondées. Mais, si la pensée de l’union divine qui se consommera bientôt ne quitte pas l’Église, c’est surtout néanmoins en s’oubliant elle-même, pour ne songer qu’aux hommes dont le salut lui a été confié par l’Époux, qu’elle se montrera véritablement Épouse dans les malheurs des derniers temps. Nous l’avons dit : l’approche du jugement final, l’état lamentable du monde dans les années qui précéderont immédiatement ce dénouement de l’histoire humaine, inspire et remplit maintenant la Liturgie. Aujourd’hui, la partie de la Messe qui frappait surtout nos pères était l’Offertoire tiré de Job, avec ses Versets aux exclamations si expressives, aux répétitions si instantes ; et l’on peut dire, en effet, que cet Offertoire donne bien le vrai sens qu’il convient d’attribuer au vingt et unième Dimanche après la Pentecôte.

Le monde, réduit, comme Job sur son fumier, à la misère la plus extrême, n’a plus rien à espérer que de Dieu seul. Les saints qu’il renferme encore, entrant pour lui dans les dispositions du juste de l’Idumée, honorent le Seigneur par une patience et une résignation qui n’enlèvent rien à la puissance et à l’ardeur de leurs supplications. C’est le sentiment qui met tout d’abord en leur bouche la prière sublime que Mardochée formulait pour son peuple condamné à une extermination absolue, figure de celle qui attend le genre humain [3].

L’Église, dans la Collecte, montre assez que si elle est prête à subir les temps mauvais, elle préfère toutefois la paix, qui lui permet d’offrir librement au Seigneur le tribut de la confession simultanée par les œuvres et la louange. La dernière supplication de Mardochée, dans la prière dont l’Introït nous a donné les premiers mots, était pour cette liberté de la louange divine qui sera le dernier rempart du monde : « Que nous puissions chanter votre Nom, ô Seigneur ! Ne fermez pas les bouches de ceux qui vous louent [4] ».

ÉPÎTRE.

Les commencements de l’union divine sont, d’ordinaire, sous le charme d’une sérénité sans mélange. L’éternelle Sagesse qui, tout d’abord, a conduit l’homme par les épreuves laborieuses de la purification de l’esprit et des sens, le laisse, quand l’alliance est conclue, reposer sur son sein, et achève de se l’attacher par des délices enivrantes qui sont l’avant-goût des joies célestes. Il semble que, selon la prescription du Deutéronome [5], nulle guerre, nul souci, ne doivent troubler les premiers temps de cette union fortunée. Mais une telle exemption des charges publiques ne se prolonge jamais ; car la guerre est la condition de tout homme ici-bas [6].

Le Très-Haut se complaît dans la lutte ; il n’est point de nom qui lui soit plus souvent appliqué par les Prophètes que celui de Dieu des armées. Son Fils, qui est l’Époux, se présente à la terre comme le Seigneur puissant dans les combats [7]. L’épithalame sacré nous le montre ceignant l’épée [8], et se faisant jour par ses flèches aiguës au travers des ennemis [9], pour arriver dans la valeur et la victoire jusqu’à son Épouse [10]. Pareille à lui, cette Épouse dont il a convoité la beauté [11], qu’il veut associer à toutes ses gloires [12], s’avance au-devant de lui dans l’éclat d’une parure de guerre [13], entourée de chœurs chantant les hauts faits de l’Époux [14], terrible elle-même comme une armée rangée en bataille [15]. L’armure des forts charge ses bras et sa poitrine ; son cou rappelle la tour de David avec ses remparts et ses mille boucliers.

Dans les délices de son union avec l’Époux, les plus vaillants guerriers l’entourent. Leur titre à cet honneur est la sûreté de leur glaive et leur science des combats ; chacun d’eux a l’épée au côté, dans la crainte des surprises de la nuit [16]. Car d’ici que se lève le jour éternel, et que les ombres de la vie présente s’évanouissent [17] dans la lumière de l’Agneau pleinement vainqueur [18], la puissance est aux chefs de ce monde de ténèbres, nous dit saint Paul ; et c’est contre eux qu’il nous faut revêtir l’armure de Dieu dont il parle, si nous voulons être en mesure de résister, au jour mauvais.

Les jours mauvais, que signalait l’Apôtre Dimanche dernier déjà [19], sont nombreux dans la vie de chaque homme et dans l’histoire du monde. Mais, pour chaque homme et pour le monde, il est un jour mauvais entre tous : celui de la fin et du jugement, dont l’Église chante que le malheur et la misère en feront un jour grand d’amertume [20]. Les années ne sont données à l’homme, les siècles ne se suivent pour le monde, que dans le but de préparer le dernier jour. Heureux les combattants du bon combat et les vainqueurs en ce jour terrible [21], ceux qui, selon le mot du Docteur des nations, apparaîtront alors debout sur les ruines et parfaits en tout ! Ils ne connaîtront point la seconde mort [22] ; couronnés du diadème de la justice [23], ils régneront avec Dieu [24] sur le trône de son Verbe [25].

La guerre est facile avec l’Homme-Dieu pour chef. Il ne nous demande, par son Apôtre, que de chercher notre force en lui seul et dans la puissance de sa vertu. C’est appuyée sur son Bien-Aimé que l’Église monte du désert ; soutenue ainsi, elle afflue de délices dans les plus mauvais jours [26]. L’âme fidèle se sent émue d’amour à la pensée que les armes qu’elle porte sont celles mêmes de l’Époux. Ce n’est point en vain que les Prophètes nous l’avaient dépeint à l’avance ceignant le premier le baudrier de la foi [27], prenant le casque du salut [28], le bouclier, la cuirasse de justice [29], le glaive de l’esprit qui est la parole de Dieu [30] : l’Évangile nous l’a montré descendu dans la lice pour former les siens, par son exemple, au maniement de ces armes divines.

Armes multiples en raison de leurs multiples effets, et qui toutes cependant, offensives ou défensives, se résument dans la foi. Il est facile de le voir en lisant notre Épître, et c’est ce que notre chef divin a voulu nous apprendre, lorsqu’à la triple attaque dirigée contre lui sur la montagne de la Quarantaine, il se contenta de répondre en invoquant par trois fois l’Écriture [31]. La victoire qui triomphe du monde est celle de notre foi, dit saint Jean [32] ; c’est dans le combat de la foi que Paul, à la fin de sa carrière, résume les luttes de son existence [33] et de toute vie chrétienne [34]. C’est la foi qui, en dépit des conditions désavantageuses signalées par l’Apôtre, assure le triomphe aux hommes de bonne volonté. Si l’on devait, dans la lutte engagée, estimer les espérances de succès des parties adverses à la comparaison de leurs forces respectives, la présomption ne serait certes pas en notre faveur. Car ce n’est point à des êtres de chair et de sang comme nous le sommes, qu’il nous faut tenir tête, mais à des ennemis insaisissables, remplissant l’air et pourtant invisibles, intelligents et forts, connaissant à merveille les tristes secrets de notre pauvre nature déchue, et tournant tous leurs avantages contre l’homme à le tromper, pour le perdre en haine de Dieu. Créés à l’origine pour refléter dans la pureté d’une nature toute spirituelle l’éclat divin de leur auteur, ils montrent, accompli en eux par l’orgueil, ce hideux prodige de pures intelligences dévouées au mal et à la haine de la lumière.

Comment donc nous, qui déjà ne sommes par notre nature qu’obscurité, lutterons-nous avec ces puissances spirituelles mettant leur intelligence au service de la nuit ? « En devenant lumière », dit saint Jean Chrysostome [35]. La face du Père, il est vrai, ne doit point luire directement sur nous avant le grand jour de la révélation des fils de Dieu ; mais d’ici là, pour suppléer à notre cécité, nous avons la parole révélée [36]. Le baptême a ouvert l’ouïe en nous, quoique non encore les yeux ; Dieu parle par l’Écriture et son Église, et la foi nous donne une certitude aussi grande que si déjà nous voyions.

Par sa docilité d’enfant, le juste marche en paix dans la simplicité de l’Évangile. Mieux que le bouclier, mieux que le casque et la cuirasse, la foi le couvre contre les dangers ; elle émousse les traits des passions, et rend impuissantes les ruses ennemies Point n’est besoin avec elle de subtils raisonnements ni de considérations prolongées : pour découvrir les sophismes de l’enfer ou prendre une décision dans un sens ou dans l’autre, ne suffit-il pas, en toute circonstance, de la parole de Dieu qui ne manque jamais ? Satan craint qui s’en contente. Il redoute plus un tel homme que toutes les académies ; il sait qu’en toute rencontre, il sera broyé sous ses pieds [37] avec une rapidité plus grande que celle de la foudre [38]. Ainsi, au jour du grand combat [39], fut-il précipité des cieux par un seul mot de Michel l’Archange, devenu, comme nous l’avons dit, notre modèle et notre défenseur en ces jours.

L’Église, dans le Graduel et le Verset, rappelle au Seigneur qu’il n’a jamais cessé d’être le refuge de son peuple ; sa bonté, comme sa puissance, est d’avant tous les âges, parce qu’il est Dieu dès l’éternité. Qu’il protège donc maintenant les siens réduits à préparer dans leur petit nombre, comme autrefois Israël, l’exode final de l’Église quittant pour la vraie terre promise ce monde redevenu infidèle.

ÉVANGILE.

« Juge vengeur et juste, accordez-nous remise avant le jour des comptes [40] ! » C’est le cri qui s’échappe du cœur de l’Église en ces jours, lorsqu’elle songe au sort de ses innombrables fils moissonnés chaque année par la mort ; c’est la supplication qui doit s’élever de toute âme vivante, à la lecture de l’Évangile que nous venons d’entendre. La Prose des morts, d’où est tirée cette exclamation poignante, n’est point seulement une prière sublime pour les trépassés ; elle est également, dans cette partie du Cycle, l’expression de l’attente de nous tous qui vivons encore, qui semblons abandonnés, oubliés sur le soir des siècles, et pourtant ne préviendrons point au pied du redoutable tribunal ceux qui dorment déjà du grand sommeil [41].

« Combien grande sera la terreur, dit la sainte, Mère Église, quand le juge viendra pour tout scruter rigoureusement ! La trompette éclatante, retentissant par les sépulcres de l’univers, rassemblera tous les humains devant le trône. La mort et la nature seront dans la stupeur, lorsque ressuscitera la créature pour répondre à son juge. On produira le livre écrit renfermant tout l’objet du jugement du monde. Quand donc s’assiéra le juge, tout ce qui se cache apparaîtra, rien ne demeurera sans vengeance. Que dirai-je alors, malheureux ? Quel défenseur implorerai-je, quand à peine rassuré sera le juste ? Roi de majesté redoutable, qui sauvez gratuitement ceux qui doivent l’être, sauvez-moi, source de miséricorde. Souvenez-vous, ô doux Jésus, que je suis la cause de votre venue : ne me perdez pas en ce jour [42] ! »

Sans nul doute, une telle prière a toute chance d’être exaucée, lorsqu’elle s’adresse ainsi à celui qui n’a rien plus à cœur que notre salut, et qui, pour l’obtenir, s’est dévoué aux fatigues, aux tourments, à la mort de la croix. Mais nous serions inexcusables et mériterions doublement la condamnation, en ne profitant pas des avis qu’il nous donne lui-même, pour parer d’avance aux angoisses de « ce jour de larmes où l’homme coupable se lèvera de sa cendre pour être jugé [43]. » Méditons donc la parabole de notre Évangile, qui n’a d’autre but que de nous enseigner un moyen sûr d’apurer dès maintenant nos comptes avec le Roi éternel.

Nous sommes tous, a le bien prendre, ce serviteur négligent, débiteur insolvable, que son maître est en droit de vendre avec tout ce qu’il possède et de livrer aux bourreaux. La dette contractée par nos fautes envers la Majesté souveraine est de telle nature qu’elle requiert, en toute justice, des tourments sans fin, et suppose un enfer éternel où, payant sans cesse, l’homme pourtant ne s’acquitte jamais. Louange donc et reconnaissance infinie au divin créancier ! touché par les prières du malheureux qui le supplie de lui donner le temps de s’acquitter, il va plus loin que sa demande et lui remet dès l’instant toute sa dette. Mais c’est à la condition pour le serviteur, la suite le fait bien voir et la clause est trop juste, d’en user avec ses compagnons comme son maître l’a fait avec lui. Exaucé si grandement par son Seigneur et Roi, délivré gratuitement d’une dette infinie, pourrait-il rejeter, venant d’un égal, cette même prière qui l’a sauvé, et se montrer impitoyable au sujet des obligations contractées envers lui ?

« Tout homme sans doute, dit saint Augustin, a son frère pour débiteur ; car quel est l’homme qui n’ait jamais été offensé par personne ? Mais quel est l’homme aussi qui ne soit le débiteur de Dieu, puisque tous ont péché ? L’homme est donc à la fois débiteur de Dieu, créancier de son frère. C’est pourquoi le Dieu juste t’a posé cette règle d’en agir avec ton débiteur comme il le fait avec le sien... [44]. Tous les jours nous prions, tous les jours nous faisons monter la même supplication aux oreilles divines, tous les jours nous nous prosternons pour dire : Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons nous-mêmes à nos débiteurs [45]. De quelles dettes parles-tu ? de toutes tes dettes, ou seulement d’une partie ? Tu vas dire : De toutes. Remets donc tout toi-même à ton débiteur, puisque c’est la règle posée, la condition acceptée [46]. » « Il est plus grand, dit saint Jean Chrysostome, de remettre au prochain ses torts envers nous qu’une dette d’argent ; car, en lui remettant ses péchés, nous imitons Dieu [47]. » Et qu’est donc, après tout, le tort de l’homme envers l’homme, comparé à l’offense de l’homme envers Dieu ? Cependant, hélas ! celle-ci nous est familière : le juste la connaît sept fois le jour [48] ; plus ou moins donc, elle remplit nos journées. Qu’au moins l’assurance d’être pardonnés chaque soir à la seule condition du désaveu de nos misères, nous rende accessibles à la miséricorde pour autrui. C’est une sainte habitude que celle de ne regagner sa couche qu’à la condition de pouvoir s’endormir sur le sein de Dieu, comme l’enfant d’un jour ; mais si nous éprouvons l’heureux besoin de ne trouver à la fin de nos journées, dans le cœur du Père qui est aux cieux [49], qu’oubli de nos fautes et tendresse infinie, comment prétendre garder en même temps dans notre cœur à nous de fâcheux souvenirs ou des rancunes, petites ou grandes, contre nos frères qui sont aussi ses fils ? Lors même que nous aurions été de leur part l’objet d’injustes violences ou d’atroces injures, leurs fautes contre nous égaleront-elles jamais nos attentats contre ce Dieu très bon dont nous sommes nés les ennemis, dont nous avons causé la mort ? Il n’est donc point de circonstance où ne s’applique la règle de l’Apôtre : Soyez miséricordieux, pardonnez-vous mutuellement comme Dieu vous a pardonné dans le Christ ; soyez les imitateurs de Dieu comme ses fils très chers [50]. Tu appelles Dieu ton Père, et tu gardes mémoire d’une injure ! « Ce n’est pas là le fait d’un fils de Dieu », dit encore admirablement saint Jean Chrysostome ; « l’œuvre d’un fils de Dieu, c’est de pardonnera ses ennemis, de prier pour ceux qui le crucifient, de répandre son sang pour ceux qui le haïssent. Voilà qui est digne d’un fils de Dieu ; les ennemis, les ingrats, les voleurs, les impudents, les traîtres, en faire ses frères et ses cohéritiers [51] ! ».

Nous donnons ici en son entier le célèbre Offertoire de Job, avec ses Versets. Ce que nous avons dit, au commencement de ce Dimanche, aidera à le faire comprendre. L’Antienne, seule conservée aujourd’hui, nous représente, dit Amalaire, les paroles de l’historien qui raconte simplement les faits, et elle se poursuit à cause de cela directement ; tandis que Job lui-même, le corps épuisé, l’âme remplie d’amertume, est mis en scène dans les Versets : leurs répétitions, leurs suspensions, leurs reprises, leurs phrases inachevées, expriment au vif son souffle haletant et sa douleur [52].

R/. Il y avait un homme dans la terre de Hus, simple et droit, et craignant Dieu, que Satan demanda de tenter ; et puissance lui fut donnée sur ses biens et sur sa chair ; et il fît périr tout ce qui lui appartenait et ses enfants, et il frappa sa chair d’une plaie funeste.
V/. I. Plût à Dieu que l’on pesât mes péchés, plût à Dieu que l’on pesât mes péchés par lesquels j’ai mérité la colère, par lesquels j’ai mérité la colère, et les maux, et les maux que je souffre : ceux-ci apparaîtraient plus grands !
R/. Il y avait un homme.
V/. II. Car quelle est, car quelle est, car quelle est ma force pour les porter ? ou quand sera ma fin, pour agir en patience ?
R/. Il y avait un homme.
V/. III. Est-ce que ma force est celle des rochers ? ou ma chair est-elle d’airain ? ou ma chair est-elle d’airain ?
R/. Il y avait un homme.
V/. IV. Parce que, parce que, parce que mon œil ne se retrouvera plus à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur, à voir le bonheur.
R/. Il y avait un homme. Le salut du monde, comme celui de l’homme, est toujours en puissance dans l’auguste Sacrifice, dont la vertu guérit la terre en apaisant le ciel. Offrons-le, sans nous décourager jamais, comme un recours souverain à la divine miséricorde.

Une espérance indéfectible va de pair, au fond de l’âme de la sainte Église, avec son admirable patience. Les persécutions ont beau redoubler contre elle, sa prière ne défaille pas ; car, ainsi que l’exprime la Communion, elle garde fidèle mémoire en son cœur de la parole de salut qui lui fut donnée.

En possession de l’aliment d’immortalité, obtenons d’en vivre dans la sincérité d’une âme purifiée.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

« VI post nat. sancti Cypriani. »

Une tristesse intense envahit aujourd’hui tous les chants de la messe. Ce sentiment est à son comble dans l’offertoire, d’une exquise facture grégorienne, et qui, dans sa rédaction primitive, constituait un vrai joyau musical. De fait, l’état de l’âme qui gémit sous la main pesante de la divine justice est admirablement décrit en ce passage du texte sacré, que l’inspiration musicale grégorienne orna d’une mélodie très expressive. Job est aussi un symbole de Jésus crucifié, si bien qu’aux premiers siècles son livre était lu durant la semaine sainte. Un profond mystère pénètre toutes ces pages : le Patient de l’Idumée, couvert de plaies et couché sur le fumier, proteste de son innocence, tandis que ses impitoyables interlocuteurs, arguant de la rigueur des peines qu’il souffre et de l’équité de la justice divine, tentent de démontrer que ses maux sont la punition de ses péchés. Le sens typique de la prophétie donne raison à l’un et aux autres : Jésus est la sainteté même, mais la justice de Dieu poursuit en Lui nos fautes, desquelles, dans sa miséricorde infinie, il voulut librement se charger.

L’introït est tiré du livre d’Esther (XIII, 9,10-11). Mardochée, ayant appris la nouvelle de la condamnation à mort de tout le peuple de Dieu à l’instigation d’Aman, s’humilie, fait pénitence avec Esther et recourt à l’aide assurée de la prière. Quelle résignation et quelle foi transpirent dans ses paroles ! Il ne prétend pas scruter les jugements de Dieu, qui parfois punit nos fautes en ce monde pour n’avoir pas à les punir dans l’autre. Si pourtant Dieu avait décidé de faire grâce à Israël — qu’il est beau cet humble appel à la miséricorde ! — personne alors ne pourra s’opposer à sa volonté et les menées elles-mêmes des oppresseurs de la famille du Seigneur seront ordonnées par la Providence à un plus splendide triomphe de la sainte religion.

Cette dernière observation révèle le secret de toute la philosophie de l’histoire de l’Église. Le mal que, par permission de Dieu, accomplit la malice des créatures, entre dans le plan magnifique de la Providence divine, laquelle atteint ses fins les plus sublimes précisément par l’œuvre de ses adversaires les plus acharnés. Comme le démon qui, criblant avec dépit le grain, rend un utile service au Père de famille, ainsi font tous les impies. Sans le vouloir et malgré eux, ils servent à Dieu et préparent son triomphe.

Dans la collecte, on supplie aujourd’hui le Seigneur de garder sa communauté chrétienne. — L’esprit qui informe l’antique liturgie est toujours éminemment social ; l’individu disparaît dans la collectivité de la communion de l’Église. — On implore ensuite deux grâces importantes : d’abord la défense contre les embûches du démon, qui, pour nous retirer du bien, suscite obstacles matériels, moraux et spirituels, discordes civiles, épidémies, tentations ; puis l’on demande ce spécial esprit de dévotion, — la pistas qui est l’un des sept dons du Saint-Esprit, — grâce auquel l’âme se sent attirée et inclinée au service divin et à la pratique des œuvres vertueuses.

Dans le passage de l’Épître aux Éphésiens (VI, 10-17) est décrite la lutte cruelle que les fidèles soutiennent contre le démon, lutte d’autant plus terrible que le combat est engagé d’esprit contre esprit. Dans les tentations, surtout quand le champ de bataille est l’âme elle-même avec ses opérations spirituelles, l’arme la plus efficace contre le démon est précisément la foi. Pour cette raison, Dieu permet que certains saints soutiennent ces sortes de luttes internes contre l’ennemi du genre humain, afin que leur foi soit de plus en plus purifiée et fortifiée, serve d’exemple aux fidèles, et qu’au démon soit infligée une plus terrible humiliation. C’est là précisément l’histoire de Job, laquelle, sous différents noms et en des circonstances diverses, se prolonge et se répète indéfiniment dans les fastes de l’histoire de l’Église.

Le répons qu’on modulait sur les degrés de l’ambon est tiré du psaume 89. Les anciens prodiges accomplis par le Seigneur aux premiers siècles du royaume d’Israël ou de la constitution de l’Église nous donnent l’assurance que son aide ne manquera pas non plus à nos jours, car II est toujours le même Dieu constant et immuable, qui préexistait à la formation du créé. Comme sa main aimante nous tira du néant par un excès de condescendance, ainsi aujourd’hui ce même amour nous conserve dans l’être et ne nous soustrait pas les soins les plus tendres de sa Providence.

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 113 qui était l’un des psaumes de la Pâque juive que Jésus-Christ chanta donc avec ses Apôtres lors de la dernière Cène. Toutefois chanté tel que l’indique le Liber Gradualis actuel, sans les versets qui suivent, il ne présente pas un sens complet. « Quand Israël sortit de l’Egypte et la descendance de Jacob du milieu d’un peuple barbare... »

Il faut remarquer qu’en fait de culture purement civile, l’ancienne Égypte était, sans comparaison, très supérieure au peuple juif. Néanmoins le Saint-Esprit appelle barbares les sujets du Pharaon, parce que la civilisation d’un peuple ne se mesure pas uniquement aux conditions matérielles et artistiques où il se trouve, mais plutôt à l’élévation spirituelle de sa vie et de sa culture. Sous cet aspect, la civilisation juive, telle qu’elle transparaît de la Bible, l’emporte de beaucoup sur toutes les plus célèbres civilisations des anciens peuples, et démontre l’origine surnaturelle de la foi hébraïque.

La parabole évangélique du serviteur impitoyable envers son débiteur (Matth., XVIII, 23-35) laquelle, selon le Capitulaire de Würzbourg, appartiendrait au IVe dimanche après la fête de saint Cyprien, est le commentaire le plus autorisé de ces paroles de l’Oraison dominicale : « Remettez-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs. » La mesure des divines miséricordes est déterminée par nous-mêmes, et correspond en tout à celle que nous aurons employée envers nos semblables.

L’offertoire est tiré, comme il a déjà été dit, du premier chapitre de Job ; mais dépouillé, comme il l’est aujourd’hui, de ses versets primitifs, tels qu’ils se trouvent dans l’Antiphonaire grégorien, il est devenu un simple récit, et a perdu de la sorte en grande partie cet ardent caractère dramatique que voulut lui imprimer l’ancien compositeur de la Schola Romana[Voir le texte complet au commentaire de Dom Guéranger, plus haut.].

Job, étendu sur le fumier, proteste toujours de son innocence et dit que sa chair n’est point de bronze pour pouvoir supporter tant de souffrance. La splendide composition musicale s’achève en un cri passionné vers cette félicité qui forme le suprême désir de tous les cœurs. Quoniam, quoniam, quoniam non reverteiur oculus meus, ut videam bona, ut videam bona, ut videam bona, ut videam bona,, ut videam bona, ut videam bona, ut videam bona, ut videam bona, ut videam bona. L’humanité s’évertue de toutes ses forces à affirmer sa soif insatiable de félicité et de bien ; mais pour trouver l’un et l’autre il faut s’élever au-dessus de ce que l’œil peut voir, de ce que l’oreille peut entendre, montant jusqu’à la contemplation de Celui qui se présentait à Abraham comme omne bonum.

La secrète demande au Seigneur d’accepter avec bienveillance les offrandes dont elle décrit ainsi le double fruit spirituel : le Sacrifice Eucharistique apaise la justice divine et satisfait pour nous, et en même temps il nous restitue cet état de salut dans lequel Dieu avait créé nos premiers parents. Cette réparation, en vertu du Sang du Nouveau Testament, est un acte gracieux de la divine miséricorde, à laquelle, dans la collecte, est attribué le titre si expressif de puissante. Dieu, en effet, superexaltat misericordiam iudicio, celle-ci ayant triomphé de la justice divine elle-même, selon ce qui est écrit : Et misericordia eius super omnia opera eius.

Le verset pour la Communion est tiré du psaume 118. La nacelle de l’Église est menacée de sombrer au moment où la tempête se déchaîne. Pourtant l’âme chrétienne met en Dieu toute sa confiance, et elle attend, non pas un secours humain mais le salut du Seigneur, que le Psalmiste appelle précisément Salutare tuum. Quand Dieu jugera-t-il ses adversaires spirituels ? demande-t-elle. Ce jugement est toutefois déjà accompli, par le fait que les ennemis de la lumière et de la grâce se mettent d’eux-mêmes en dehors de ces biens : Qui non credit, iam iudicatus est.

Dans la collecte d’action de grâces, nous appelons aujourd’hui l’Eucharistie l’aliment qui nous nourrit pour l’éternité, et nous demandons cette faveur, que la Communion sacramentelle ait pour effet l’intime adhésion de notre âme, de notre cœur et de notre volonté à Jésus, qui veut nous faire revivre de Lui-même.

La sainte Écriture, et saint Paul en particulier, assignent à saint Michel, dont ces dimanches prennent parfois précisément le nom — post sanctum Angelum — une part décisive dans la lutte que soutient l’Église contre le démon. Le déroulement du mystère d’iniquité, déjà commencé quand l’Apôtre écrivait aux Thessaloniciens (II, II, 7) est retardé par le puissant Chef des milices célestes, qui remportera la victoire finale et décisive sur l’Antéchrist. La protection de saint Michel sur toute l’Église doit nous inspirer la plus pieuse confiance en son intercession et l’horreur la plus profonde pour les sectes secrètes et infernales qui sont comme les instruments extérieurs qu’emploie le démon dans sa lutte contre Dieu et sa famille.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.

L’automne liturgique présente les pensées, les sentiments et les avertissements les plus divers. La messe de dimanche dernier était une messe lyrique ; notre cœur avait été saisi par de profonds sentiments de nostalgie et de désir de la céleste patrie ; sous la figure de l’exil nous voyions la vie de cette terre. La messe d’aujourd’hui se situe dans le domaine de l’action : c’est le combat contre les ennemis du salut, la patience dans la vie, la charité et le pardon qui constituent les préceptes du jour. Du désir naissent la crainte et l’inquiétude à la pensée de la reddition des comptes au jour du jugement. Nous voyons de nouveau le Christ à son retour, cette fois-ci comme roi miséricordieux et magnanime dans le pardon, sévère dans le jugement. Si nous voulions définir ce dimanche, ce serait : la vie chrétienne à la lumière du second avènement.

1. La Messe (In voluntate). — Une atmosphère de profonde gravité plane sur cette messe. Environnée de nombreux ennemis, se représentant la gravité du jugement à venir, l’âme s’approche du sanctuaire.

Dans l’abside de l’église, elle voit trôner le juste Juge : l’Introït est une belle image dramatique : le Christ, Roi universel, sur son trône de juge ; toutes les créatures rassemblées devant lui. Devant cette image, nous chantons le célèbre chant de route de ceux qui parcourent sans tache le chemin de la vie.

A l’Oraison, l’Église demande protection : « Sois le gardien de ta famille ; fais qu’elle soit dégagée de tout mal et qu’elle serve ton nom par sa bonne conduite. »

L’Épître nous transporte aux derniers jours de l’Église, au « mauvais jour », au second avènement du Christ (à la mort).

Le Graduel est un écho de l’Épître : le Dieu éternel est un refuge dans le combat.

L’Alléluia fait de nouveau songer à la parousie : dans la terre promise du ciel, loin de la servitude de la vie terrestre, c’est là qu’il y a un éternel Alléluia.

L’Évangile (Matth. XVIII, 24-35) dit : Le second avènement du Christ est le grand jour de la reddition des comptes ; Dieu est royal dans le pardon ; il est prêt à pardonner ici-bas les péchés si nous pratiquons le pardon dans la charité. Si donc nous voulons obtenir un jugement de miséricorde, nous devons nous assurer dès ici-bas la possession de la charité qui pardonne, afin qu’elle plaide pour nous. Ceux qui sont durs et impitoyables seront sévèrement punis. L’acte magnanime que le Roi Jésus a accompli jadis en mourant sur la croix est rappelé aujourd’hui au Saint Sacrifice ; il nous remet la dette immense de nos péchés ; en retour de ce don, nous devons pratiquer l’amour du prochain.

L’Offertoire est particulièrement beau ; il constitue aujourd’hui tout un récit : la patience de Job, une illustration de l’Épître. Ce Job patient, c’est l’Église ; c’est nous aussi ; il représente les combats de la vie ; l’enfant de Dieu est sur terre un enfant disgracié que « Satan cherche afin de le tenter ». Par conséquent, ne nous attendons pas à trouver le bonheur sur terre ; la souffrance est une grande grâce de Dieu qui nous permet de demeurer sur terre en étrangers ; que les amertumes de la vie soient notre offrande au Saint Sacrifice. Dans l’antienne de la communion, notre âme laisse échapper un cri d’ardent désir vers la terre de notre espérance, hors du champ de bataille de la vie d’ici-bas.

2. Les trois leçons du dimanche. — Cette messe de dimanche peut être illustrée par une image formant triptyque : au milieu, le divin Juge à son second avènement (Ev.) ; d’un côté, le combattant revêtu de son armure, au mauvais jour (Épître) ; de l’autre, Job, l’homme patient (Off.). Ce sont les trois leçons du dimanche : la Vie chrétienne à la lumière du second avènement, en rapport avec : a) l’amour du prochain (le pardon dans la charité), b) le combat dans la tentation, c) la patience dans les souffrances.

a) Au milieu se tient donc le Juge éternel ! Il nous faut examiner la saisissante image. Le Juge si miséricordieux et pourtant si sévère ! D’un mot il nous remet l’énorme dette — mais nous ne voulons pas pardonner aux hommes leurs légères offenses. Tout se révolte en nous devant cette comparaison, et nous considérons comme une juste satisfaction que l’homme impitoyable soit puni. Et pourtant, cet homme, c’est nous ! Leçon : Nous devons pratiquer le pardon charitable si nous voulons trouver un juge clément. Le Christ a fixé cette leçon dans le Notre Père... (Chaque messe réalise aussi ces deux aspects : Dieu nous remet, au Saint Sacrifice, l’énorme dette ; nous, au baiser de paix, nous remettons la petite dette de nos semblables).

b) La vie est un combat ; ce fut le thème de plusieurs dimanches après la Pentecôte (les deux riches) ; toutefois, il est exposé aujourd’hui en considération de la fin. C’est la volonté de Dieu que nous gagnions le ciel en combattant (« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive »). Nous sommes dans l’Église militante. L’ennemi, c’est le démon, le monde, la chair, le moi. Toutefois, dans ce combat nous ne sommes pas seuls. L’Église nous arme (l’épître nous revêt d’une armure complète). La messe du dimanche est la meilleure école de combat pour le combat de la semaine : La parole de Dieu, à l’avant-messe, est pour nous bouclier et épée ; le sacrifice et la communion nous donnent force et grâce. L’immolation du Christ est l’expression la plus haute du combat héroïque de notre chef, le Christ, sur le champ de bataille du Golgotha. c) Nous nous familiarisons avec l’image de Job, l’homme patient. L’Église nous indique le meilleur moyen de combattre : C’est la patience, elle est la maîtresse de la vie. Job sur le tas de cendres de sa maison est l’image de notre vie, avec sa vocation, son destin, ses peines. Que pouvons-nous donner au Juge éternel ? Notre vie patiente et résignée. L’Église nous donne donc une triple leçon à la lumière de la justification passée : pratiquons le pardon charitable ; combattons le bon combat et persévérons dans la patience.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples cette parabole : Le royaume des cieux est semblable à un roi, qui voulut faire rendre leurs comptes à ses serviteurs. Et le reste.

Homélie de saint Jérôme, prêtre.

Septième leçon. C’est une habitude, chez les Syriens et surtout les Palestiniens, de toujours mêler à leurs propos quelque parabole ; ainsi, les auditeurs saisissent par des comparaisons et des exemples ce qu’un simple précepte ne peut leur faire entendre. Par la comparaison du roi et maître et du serviteur qui devait 10.000 talents et qui obtint de son maître la remise qu’il implorait, le Seigneur prescrit à Pierre de remettre à ses compagnons de service les péchés moins considérables. Car si ce roi et maître remet si facilement les 10.000 talents que son serviteur lui doit, à combien plus forte raison les serviteurs doivent-ils remettre de moindres dettes à leurs compagnons de service ?

Huitième leçon. Pour plus de clarté, prenons un exemple. Si l’un de nous commet un adultère, un homicide, un sacrilège, eh bien, ces crimes plus importants que la dette de 10.000 talents, sont remis à ceux qui implorent, pour autant qu’eux-mêmes remettent à ceux qui leur doivent beaucoup moins. Mais si pour une injure reçue nous sommes implacables, si pour une parole amère nous gardons rancune sans fin, ne reconnaîtrons-nous pas que nous méritons d’être incarcérés et que par l’exemple de notre action nous nous fermons la possibilité du pardon pour nos fautes plus graves ?

Neuvième leçon. « C’est ainsi que mon Père du Ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. » Redoutable sentence qui soumet et transforme le jugement de Dieu selon les dispositions de notre cœur ! Si nous ne remettons pas à nos frères les petites offenses, Dieu ne nous remettra pas les grandes. Et parce que chacun peut dire : « Je n’ai rien contre lui, il le sait bien, il a Dieu pour juge ; je ne me soucie pas de ce qu’il veut faire, je lui ai pardonné », le Seigneur insiste sur ce qu’il vient d’énoncer et ruine tout semblant de paix fictive par ces mots : « Si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. »

Ant. du Benedictus à Laudes Le Seigneur dit * à son serviteur : Rends-moi ce que tu me dois. Ce serviteur, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Ayez patience envers moi, et je vous rendrai tout.

Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres Méchant serviteur, je t’ai remis toute ta dette, parce que tu m’en avais prié ; ne fallait-il donc pas avoir pitié, toi aussi, de ton compagnon, comme j’avais eu pitié de toi ? Alléluia.

Textes de la Messe

Dominica Vigesima prima post Pentecosten

21ème Dimanche après la Pentecôte

II Classis
2ème Classe
Ant. ad Introitum. Esth. 13, 9 et 10-11.Introït
In voluntáte tua, Dómine, univérsa sunt pósita, et non est, qui possit resístere voluntáti tuæ : tu enim fecísti ómnia, cælum et terram et univérsa, quæ cæli ámbitu continéntur : Dominus universórum tu es.Tout est soumis à votre volonté, Seigneur, et nul ne peut lui résister, car vous avez tout créé, le ciel et la terre et toutes les choses qui sont comprises dans le cours des cieux ; vous êtes le Seigneur de l’univers.
Ps. 118, 1.
Beáti immaculáti in via : qui ámbulant in lege Dómini.Bienheureux ceux qui sont purs dans leurs voies, qui marchent dans la loi du Seigneur.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Famíliam tuam, quǽsumus, Dómine, contínua pietáte custódi : ut a cunctis adversitátibus, te protegénte, sit líbera, et in bonis áctibus tuo nómini sit devóta. Per Dóminum nostrum.Nous vous supplions, Seigneur, de garder votre famille par l’assistance continuelle de votre bonté, afin que, par votre protection, elle soit délivrée de toute adversité et qu’elle soit fervente dans la pratique des bonnes œuvres, pour la gloire de votre nom.
Lectio Epistolæ beáti Pauli Apóstoli ad Ephésios.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Éphésiens.
Ephes. 6, 10-17.
Fratres : Confortámini in Dómino et in poténtia virtútis eius. Indúite vos armatúram Dei, ut póssitis stare advérsus insídias diáboli. Quóniam non est nobis colluctátio advérsus carnem et sánguinem : sed advérsus príncipes et potestátes, advérsus mundi rectóres tenebrárum harum, contra spirituália nequítiæ, in cæléstibus. Proptérea accípite armatúram Dei, ut póssitis resístere in die malo et in ómnibus perfécti stare. State ergo succíncti lumbos vestros in veritáte, et indúti lorícam iustítiæ, et calceáti pedes in præparatióne Evangélii pacis : in ómnibus suméntes scutum fídei, in quo póssitis ómnia tela nequíssimi ígnea exstínguere : et gáleam salútis assúmite : et gládium spíritus, quod est verbum Dei.Mes frères : Fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa vertu toute-puissante. Revêtez-vous de l’armure de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les embûches du diable. Car ce n’est pas contre la chair et le sang que nous avons à lutter, mais contre les principautés et les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice des régions célestes. C’est pourquoi, recevez l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister dans le jour mauvais, et rester debout après avoir tout supporté. Tenez ferme, ayant vos reins ceints de la vérité, revêtus de la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de zèle pour l’évangile de la paix, prenant par-dessus tout le bouclier de la foi, au moyen duquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin. Prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu.
Graduale. Ps. 89, 1-2.Graduel
Dómine, refúgium factus es nobis, a generatióne et progénie.Seigneur, vous vous êtes fait notre refuge de génération en génération.
V/. Priúsquam montes fíerent aut formarétur terra et orbis : a sǽculo et usque in sǽculum tu es, Deus.Avant que les montagnes fussent créées, avant que la terre fût formée et sa sphère, au début des siècles et jusque dans tous les siècles, vous êtes Dieu.
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 113, 1.Alléluia, alleluia.
In éxitu Israël de Ægýpto, domus Iacob de pópulo bárbaro. Allelúia.Lorsque Israël sortit d’Egypte, et la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 18, 23-35.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis parábolam hanc : Assimilátum est regnum cælórum hómini regi, qui vóluit ratiónem pónere cum servis suis. Et cum cœpísset ratiónem pónere, oblátus est ei unus, qui debébat ei decem mília talénta. Cum autem non habéret, unde rédderet, iussit eum dóminus eius venúmdari et uxórem eius et fílios et ómnia, quæ habébat, et reddi. Prócidens autem servus ille, orábat eum, dicens : Patiéntiam habe in me, et ómnia reddam tibi. Misértus autem dóminus servi illíus, dimísit eum et débitum dimísit ei. Egréssus autem servus ille, invénit unum de consérvis suis, qui debébat ei centum denários : et tenens suffocábat eum, dicens : Redde, quod debes. Et prócidens consérvus eius, rogábat eum, dicens : Patiéntiam habe in me, et ómnia reddam tibi. Ille autem nóluit : sed ábiit, et misit eum in cárcerem, donec rédderet débitum. Vidéntes autem consérvi eius, quæ fiébant, contristáti sunt valde : et venérunt et narravérunt dómino suo ómnia, quæ facta fúerant. Tunc vocávit illum dóminus suus : et ait illi : Serve nequam, omne débitum dimísi tibi, quóniam rogásti me : nonne ergo opórtuit et te miseréri consérvi tui, sicut et ego tui misértus sum ? Et irátus dóminus eius, trádidit eum tortóribus, quoadúsque rédderet univérsum débitum. Sic et Pater meus cæléstis fáciet vobis, si non remiséritis unusquísque fratri suo de córdibus vestris.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : Le royaume des cieux est semblable à un roi, qui voulut faire rendre leurs comptes à ses serviteurs. Et lorsqu’il eut commencé à faire rendre compte, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents. Mais, comme il n’avait pas de quoi les rendre, son maître ordonna qu’on le vendît, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu’il avait, pour acquitter la dette. Ce serviteur, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Ayez patience envers moi, et je vous rendrai tout. Touché de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller, et lui remit sa dette. Mais ce serviteur, étant sorti, trouva un de ses compagnons qui lui devait cent deniers ; et le saisissant, il l’étouffait, en disant : Rends-moi ce que tu me dois. Et son compagnon, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Aie patience envers moi, et je te rendrai tout. Mais il ne voulut pas ; et il s’en alla, et le fit mettre en prison, jusqu’à ce qu’il lui rendît ce qu’il devait. Les autres serviteurs, ayant vu ce qui était arrivé, en furent vivement attristés, et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors son maître le fit appeler, et lui dit : Méchant serviteur, je t’ai remis toute ta dette, parce que tu m’en avais prié ; ne fallait-il donc pas avoir pitié, toi aussi, de ton compagnon, comme j’avais eu pitié de toi ? Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il payât tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur.
CredoCredo
Ant. ad Offertorium. Iob 1.Offertoire
Vir erat in terra Hus, nómine Iob : simplex et rectus ac timens Deum : quem Satan pétiit ut tentáret : et data est ei potéstas a Dómino in facultátes et in carnem eius : perdidítque omnem substántiam ipsíus et fílios : carnem quoque eius gravi úlcere vulnerávit.Il y avait dans la terre de Hus un homme du nom de Job, simple, droit et craignant Dieu. Satan demanda de le tenter, et pouvoir lui fut donné par le Seigneur sur ses biens et sur son corps. Il lui fit perdre tous ses biens et ses enfants ; il attaqua aussi sa chair d’un douloureux ulcère.
Secreta.Secrète
Suscipe, Dómine, propítius hóstias : quibus et te placári voluísti, et nobis salútem poténti pietáte restítui. Per Dóminum.Recevez favorablement, Seigneur, ces hosties au moyen desquelles vous avez voulu, dans votre puissante bonté, que votre justice fût apaisée et que le salut nous fût rendu.
Præfatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur præfatio communis. Préface de la Sainte Trinité  ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune .
Ant. ad Communionem. Ps. 118, 81, 84 et 86.Communion
In salutári tuo ánima mea, et in verbum tuum sperávi : quando fácies de persequéntibus me iudícium ? iníqui persecúti sunt me, ádiuva me, Dómine, Deus meus.Mon âme a été dans l’attente de votre salut, j’ai espéré en votre parole ; quand ferez-vous le jugement de ceux qui me persécutent ? Des hommes iniques m’ont persécuté ; aidez-moi, Seigneur, mon Dieu.
Postcommunio.Postcommunion
Immortalitátis alimóniam consecúti, quǽsumus, Dómine : ut, quod ore percépimus, pura mente sectémur. Per Dóminum.Ayant reçu l’aliment de l’immortalité, nous vous supplions, Seigneur, de faire que nous conservions dans un coeur pur ce que notre bouche a reçu.

[1] Cf. VII° Dim. ap. la Pentec..

[2] Dur. Ration. VI, 138.

[3] Esth. XIII, 9-11.

[4] Ibid. 17.

[5] Deut. XXIV, 5.

[6] Job. VII, 1.

[7] Psalm. XXIII, 8. 6.

[8] Psalm. XLIV, 4.

[9] Ibid. 6.

[10] Ibid. 5.

[11] Ibid. 12.

[12] Ibid. 10.

[13] Cant. IV, 4.

[14] Ibid. VII, 1.

[15] Ibid. VI, 9.

[16] Cant. III, 7-8.

[17] Ibid. IV, 6

[18] Apoc. XXI, 9, 23.

[19] Eph. V, 16.

[20] Resp. Libera me.

[21] II Tim. IV, 7.

[22] Apoc. 11, 11.

[23] II Tim. IV, 8.

[24] Apoc. XX, 6.

[25] Ibid. III, 21.

[26] Cant. VIII, 5.

[27] Isai. XI, 5.

[28] Ibid. LIX, 17.

[29] Sap. V, 19-20.

[30] Apoc. II, 16.

[31] Matth. IV, 1-11.

[32] I Jean. V, 4.

[33] II Tim. IV, 7.

[34] I Tim. VI, 12.

[35] Chrys. Hom. XXII in ep. ad Eph.

[36] II Petr. II, 19.

[37] Rom. XVI, 20.

[38] Luc. X, 18.

[39] Apoc. XII, 7.

[40] Sequ. Dies irae.

[41] I Thess. V, 14-16.

[42] Sequ. Dies irae.

[43] Ibid.

[44] Aug. Serm. LXXXIII, 2.

[45] Matth. VI, 12.

[46] Aug. Ibid. 4.

[47] Chrys. in ep. ad Eph. Hom. XVII, 1.

[48] Prov. XXIV, 16.

[49] Matth. VI, 9.

[50] Eph. IV, 32 ; V, 1.

[51] Chrys. in ep. ad Eph. Hom. XIV, 3.

[52] Amal. De eccl. Off. L. III, c. 39.