Ce Dimanche s’appelle aujourd’hui, dans l’Eglise d’Occident, le Dimanche des deux maîtres en raison de son Évangile.
A LA MESSE.
Regardez-nous, ô Dieu notre protecteur, jetez les yeux sur la face de votre Christ. Ainsi débute aujourd’hui l’Église s’avançant vers l’autel. L’Église est l’Épouse de l’Homme-Dieu et sa gloire [1] ; mais l’Époux, dit saint Paul, est à la fois l’image et la gloire de Dieu [2] et la tête de l’Épouse [3]. C’est donc en toute vérité, comme avec une pleine assurance d’être exaucée, que l’Église, s’adressant au Dieu trois fois saint, le prie de jeter les yeux, en la regardant, sur la face de son Christ.
Les gloires futures à la pensée desquelles l’Église tressaille, la dignité de l’union divine qui la rend dès ce monde véritablement Épouse, ne l’empêchent point de sentir le besoin continuel qu’elle a du secours d’en haut. Un seul moment d’abandon du côté du ciel, et elle verrait l’humaine fragilité emporter ses membres à l’abîme de vice que décrit l’Apôtre dans l’Épître, bien loin des vertus qu’il célèbre. Demandons avec notre Mère, dans la Collecte, cette assistance miséricordieuse de tous les instants qui nous est si nécessaire.
EPÎTRE.
L’Épouse venue pour être couronnée des hauteurs de Sanir et d’Hermon [4], ne connaît point la servitude du Sinaï [5]. Bien moins encore est-elle soumise à l’esclavage des sens. Sur la montagne où sa tente est fixée jusqu’aux derniers jours [6], l’Époux a brisé, avec les liens de la loi juive, la chaîne plus terrible encore qui liait tout les peuples, la trame de péché enveloppant les nations [7]. Ses fils sont rois comme elle [8] ; le lait qu’elle leur donne [9] infuse en eux la liberté [10]. Remplis de l’Esprit-Saint qui fait leur noblesse et leur force [11], ils grandissent sous l’œil du Dieu des armées dans les combats qui conviennent à des princes [12]. Satan a vu leurs luttes glorieuses restreindre son empire [13]. Deux cités se partagent la terre désormais [14] ; et la cité sainte, composée des vainqueurs du démon, du monde et de la chair, tressaille de voir affluer dans son sein l’élite des nations [15]. L’amour supplée à toute loi dans ses murs ; car l’Esprit, qui conduit ses heureux citoyens, dirige leur marche bien au delà des prescriptions ou des défenses d’une loi quelconque. Avec la charité, la joie et tous ces fruits divins qu’énumère l’Apôtre, y nais sent, comme d’eux-mêmes, sur un sol imbibé des eaux du fleuve qui n’est autre encore que l’Esprit sanctificateur inondant de ses flots la cité de Dieu [16]. Ne nous étonnons point que la nouvelle Sion soit plus aimée du Seigneur que ne le furent toutes les tentes [17] de Jacob autrefois si belles [18]. Depuis que la bénédiction a remplacé la loi sur terre, les serviteurs de Dieu ont fait place à ses fils. Prouvant dans la chair même leur céleste origine, ils vont de vertu en vertu ; sans quitter la vallée des larmes, ils montent incessamment, atteignant les plus hauts sommets de la sainteté, retraçant ici-bas la perfection du Père céleste [19] qui apparaît véritablement comme le Dieu des dieux [20], entouré qu’il est dans Sion de leur noble cour.
La chair et le sang n’ont eu nulle part à leur divine naissance [21] ; la chair et le sang n’en ont point davantage en leur vie renouvelée [22]. Nés de la chair primitivement, ils étaient chair, et faisaient les œuvres de honte citées dans l’Epître, montrant bien en tout qu’ils sortaient du limon [23] ; nés de l’Esprit, ils sont esprit [24], et font les œuvres de l’Esprit malgré la chair qui les enveloppe toujours [25]. Car l’Esprit en leur donnant la vie, les a soustraits, par la force de l’amour, à l’empire du péché [26] qui régnait dans leurs membres [27] ; et, greffés sur le Christ, ils fructifient maintenant pour Dieu [28].
L’homme, asservi par la concupiscence, a donc retrouvé sur la croix de l’Homme-Dieu l’équilibre de son être [29] avec la liberté. La suprématie que l’âme avait perdue en punition de sa révolte contre Dieu [30] lui a été rendue sous les eaux de la fontaine sacrée ; redevenue reine, qu’a-t-elle à faire qu’à châtier l’esclave qui, si longtemps, tyrannisa sa légitime maîtresse ? Certes, de lui-même déjà, l’homme ne doit rien à la chair [31]. Mais de plus, Dieu, insulté par tant d’ignominies commises sous ses yeux trois fois saints, réclame aussi sa vengeance ; et il daigne faire alliance avec l’homme affranchi, en lui confiant la mission d’exercer sur l’usurpatrice ennemie leurs communes représailles. Au reste il y va, dans la continuation de la lutte, de la sûreté même des résultats acquis. Car, bien que réduite à l’impuissance de nuire à ceux qui sont en Jésus-Christ et ne suivent point ses honteuses suggestions [32], l’ancienne révoltée n’en demeure pas moins toujours en état de rébellion ouverte contre l’esprit, n’épargnant qu’à de rares privilégiés ses importunes attaques, suivant Antoine au désert, souffletant Paul au sortir de ses révélations sublimes [33].
C’est pourquoi, n’eussions-nous aucune faute à expier, la plus élémentaire sagesse nous dicterait encore, contre cette persévérante et trop intime ennemie, des mesures de répression préventive. « Je châtie mon corps, disait l’Apôtre, et je le réduis en servitude, de peur que je ne devienne réprouvé [34]. »
La pénitence est une dette de justice, qui s’impose au pécheur ; la mortification est un devoir de haute prudence, qui regarde quiconque ne peut se vanter d’avoir éteint en lui sans retour les feux de la concupiscence. Et qui donc se rendra le double témoignage d’être quitte envers Dieu, et d’avoir étouffé dans son sein tous les germes des basses convoitises ? C’est pourquoi tous les auteurs qui traitent de la conduite des âmes professent, sans exception, qu’aucun homme soucieux de la perfection et du salut ne doit se borner à l’observation des règles de la simple tempérance, qui prohibe l’excès dans l’usage des jouissances de tout genre ; il faut que, s’armant de force, il sache de temps en temps se refuser des plaisirs permis d’ailleurs, s’imposer des privations qui n’étaient pas commandées, aller même au-devant de la souffrance proprement dite, selon le mode et dans la mesure que conseillera un sage directeur.
Écoutons entre mille, sur ce sujet, l’aimable et doux saint François de Sales : « Si vous pouvez supporter le jeûne », dit-il, dans l’Introduction à la vie dévote, à sa chère Philothée, « vous ferez bien de jeûner quelques jours outre les jeûnes que l’Église nous commande... ; bien qu’on ne jeûne pas beaucoup, l’ennemi néanmoins nous craint davantage quand il connait que nous savons jeûner. Les mercredi, vendredi et samedi sont les jours lesquels les anciens chrétiens s’exerçaient le plus à l’abstinence. Prenez-en donc de ceux-là pour jeûner, autant que votre dévotion et la discrétion de votre directeur vous le conseilleront..... La discipline a une merveilleuse vertu pour réveiller l’appétit de la dévotion, étant prise modérément. La haire matte puissamment le corps... ; ès jours plus signalés de la pénitence, on la peut employer avec l’avis d’un discret confesseur [35]. »
Ainsi s’exprime le docte et pieux évêque de Genève, malgré sa douceur ; et c’est aux personnes vivant dans le monde que s’adressent ses instructions. C’est qu’en effet, dans le monde comme dans le cloître, la vie chrétienne, dès qu’on la prend au sérieux, exige cet incessant combat de l’esprit contre la chair, faute duquel celle-ci reprend bientôt son empire usurpé et réduit l’âme à l’impuissance, en éteignant ses premières aspirations vers la vertu dans la torpeur d’un engourdissement fatal, quand elle ne la replonge pas d’un seul bond dans la fange.
Qu’on ne craigne point, au reste, que l’affabilité des rapports sociaux ait rien à souffrir de cette énergie que le chrétien saura déployer contre lui-même : la vertu qui repose sur l’oubli de soi jusqu’à aimer pour Dieu la souffrance et la gêne, n’enlève rien aux grâces de qui la possède, ni aux charmes de la société où elle se rencontre ; et il n’est point de parure, quand c’est J’amour du Christ Jésus qui préside à son agencement, où les bijoux de la pénitence ne sachent très bien trouver leur place sans faire nul tort à ceux du siècle. Quelle leçon ne réserve pas le jour du jugement à tant de chrétiens, tièdes et lâches, qui pensent que tout autour d’eux partage sur ce point la mollesse où ils s’endorment si volontiers ! Alors ils verront, révélées au grand jour, les pieuses industries que le culte de la croix suggérait, pour crucifier leur chair au sein même des plaisirs, à tels et telles dont l’aménité faisait le plus bel ornement de leurs fêtes mondaines.
Et ne faut-il pas reconnaître qu’il en doit être ainsi d’ailleurs, à moins de dire que le christianisme et l’amour divin ne sont plus de ce monde ? Comment aimer Jésus, l’homme de douleurs [36], sans aimer ses souffrances ? Comment prétendre marcher après lui, si l’on n’est pas dans la voie du Calvaire ? Si quelqu’un veut venir après moi, dit l’Homme-Dieu, qu’il se renonce lui-même, qu’il porte sa croix tous les jours, et qu’il me suive [37]. Et l’Église qui ne fait qu’un avec son Époux, qui le complète en toutes choses [38], poursuivant et développant sa vie d’expiation et de réparation à travers les siècles, l’Église demande à ses fils l’accomplissement de cette tâche sublime que l’Apôtre exprimait par ces mots : Je supplée à ce qui manque aux souffrances de Jésus-Christ, en souffrant dans ma chair pour son corps qui est l’Église [39]. Tâche sublime en effet, toute filiale du côté qui regarde l’Église, mais aussi toute divine et déifiante, considérée entre le Verbe et l’âme qu’il daigne élever au-dessus des anges à ce point de l’appeler en part du calice réservé par le Père souverain à son humanité-sainte [40]. C’est là vraiment l’intimité de l’Épouse ; c’est le breuvage dont la vertu confond leurs deux vies en une seule ; et l’on ne doit pas s’étonner si l’ivresse douloureuse qu’ils puisent à l’envi dans la coupe sacrée donne une telle force à leur union, que la créature redescend parfois de l’extase marquée dans son âme, et dans sa chair même, des plaies du divin Crucifié. Mais que le Seigneur daigne ou non communiquer d’une manière invisible ou visible à sa bien-aimée les stigmates de son amour, la souffrance, sous ses mille formes, est le sceau royal qui donne ici-bas son cachet d’authenticité le plus sûr au contrat de l’union divine. Plusieurs, qui tressaillent d’une pieuse envie au récit des faveurs gratuitement accordées à quelques âmes saintes, reculeraient terrifiés devant l’exposé des épreuves qu’elles ont dû traverser pour gagner ces sommets mystérieux. Après même que les épreuves purifiantes dont nous avons parlé ailleurs [41] sont accomplies, le rendez-vous du Cantique n’en demeure pas moins fixé toujours au mont de la myrrhe [42] qui signifie la souffrance ; la myrrhe est le premier des parfums que le Verbe divin recueille au jardin symbolique, le seul qu’il nomme entre tous [43] ; la myrrhe découle des mains de l’Épouse et remplit ses doigts [44] ; il est lui-même au sein de son élue le bouquet de myrrhe [45], et c’est la myrrhe que distillent pour elle ses lèvres d’Époux [46].
Ne prétendons point, dans notre misère, être emportés jamais par l’Esprit jusqu’aux cimes élevées de la vie mystique où l’union divine produit les merveilleux résultats cités plus haut ; mais rappelons-nous que ni l’intensité, ni le mérite de l’amour, ni la réalité même de l’union effective ne dépendent de ces manifestations extérieures. Il doit nous suffire, pour aimer, pour rechercher la souffrance, de nous souvenir par la foi qu’elle a été toute la vie de Celui qui désire et mérite si bien être l’unique objet de nos affections et de nos pensées. Nous sommes les membres d’un Chef couronné d’épines : pourrions-nous ne rêver que délices et fleurs ? N’oublions point que tous les saints, au ciel, doivent reproduire les traits de l’Adam nouveau [47] ; le Père éternel n’admet dans sa maison que des images de son Fils [48].
L’Église chante, au Graduel, la bienheureuse confiance qu’elle a mise dans le Seigneur son Époux. Le Verset alléluiatique invite ses fils à se réjouir comme elle en Dieu leur Sauveur
ÉVANGILE.
La vie surnaturelle, pour arriver à son plein épanouissement dans les âmes, doit triompher de trois ennemis que saint Jean a nommés la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux et l’orgueil de la vie [49]. Nous venons de voir, dans l’Épître du jour, l’obstacle opposé par le premier de ces ennemis à l’Esprit-Saint et la manière de le surmonter ; l’humilité, sur laquelle l’Église a ramené plus d’une fois notre attention dans les Dimanches précédents, est le renversement de l’orgueil de la vie ; la concupiscence des yeux, ou l’attache aux biens de ce monde qui n’ont de biens que le faux nom et l’apparence trompeuse, est l’objet de l’Évangile qu’on vient d’entendre.
« Personne, dit l’Homme-Dieu, ne peut servir deux maîtres ; » et ces deux maîtres dont il parle sont Dieu et Mammon, c’est-à-dire la richesse [50]. Non que la richesse soit mauvaise par elle-même. Acquise légitimement et employée suivant la volonté du Seigneur suprême, elle sert à gagner les vrais biens, à entasser par avance dans l’éternelle patrie des trésors qui ne craignent point les voleurs ou la rouille [51]. Quoique la pauvreté soit la noblesse des cieux depuis que le Verbe divin Fa épousée, c’est une grande mission que celle du riche, établi pour faire valoir, au nom du Très-Haut, les diverses parties de la création matérielle. Dieu daigne remettre à ses soins la nourriture et l’entretien de ses fils les plus aimés, des membres dénués et souffrants de son Christ ; il l’appelle à se faire le soutien des intérêts de son Église, le promoteur des œuvres du salut ; il lui confie la splendeur de ses temples. Heureux et digne de toute louange est celui qui ramène directement ainsi à la gloire de leur auteur les fruits de la terre et les métaux qu’elle renferme en son sein ! Qu’il ne craigne point : ce n’est pas à lui que s’adressent les anathèmes tombés si souvent de la bouche de l’Homme-Dieu sur les riches et les heureux du siècle. Lui n’a qu’un maître : le Père qui est aux cieux, dont il se reconnaît humblement l’économe. Mammon ne le domine pas ; car, au contraire, il en a fait son esclave et l’a mis au service de son zèle. Le soin qu’il prend pour administrer ses biens dans la justice et la charité, n’est point celui que condamne l’Évangile ; car en cela même il suit la parole du Seigneur, cherchant d’abord le royaume de Dieu ; et la richesse qui passe par ses mains en bonnes œuvres ne distrait point ses pensées du ciel où est son trésor et son cœur [52].
Tout autrement en est-il, quand la richesse n’est plus envisagée comme un simple moyen, mais devient le but de l’existence, au point défaire négliger et parfois oublier à l’homme sa fin dernière. Les voies de l’avare ravissent son âme, dit l’Esprit-Saint [53]. C’est qu’en effet, explique l’Apôtre à son disciple Timothée, l’amour de l’argent précipite l’homme dans la tentation et les filets du diable par la multitude des désirs pernicieux et vains qu’il engendre ; il l’enfonce toujours plus avant dans l’abîme, lui faisant vendre au besoin jusqu’à sa foi [54]. Et cependant plus l’avare amasse, et moins il dépense. Garder chèrement son trésor, le contempler [55], ne penser qu’à lui quand la nécessité l’en éloigne, c’est là toute sa vie ; sa passion tourne en idolâtrie [56]. Mammon bientôt, en effet, n’est plus seulement pour lui un maître aux ordres primant tous les autres ; c’est un dieu devant qui, courbé jour et nuit, l’avare immole amis, parents, patrie et lui-même, dévouant son âme à son idole, et lui jetant tout vivant, dit l’Ecclésiastique, ses propres entrailles [57]. Ne soyons point étonnés que notre Évangile représente Dieu et Mammon comme d’irréconciliables rivaux : quel autre que Mammon a vu Dieu en personne sacrifié pour trente pièces d’argent sur son vil autel ? Est-il un ange déchu dont la hideuse gloire rayonne d’un plus sinistre éclat sous les voûtes infernales, que le démon du gain, auteur du marché qui livra aux bourreaux le Verbe éternel ? Le déicide est à la charge des avares ; leur misérable passion, que l’Apôtre qualifie de racine de tous les maux [58], revendique légitimement le plus grand des crimes que le monde ait commis.
Mais, sans aller jusqu’aux excès qui firent dire aux auteurs inspirés des livres eux-mêmes de l’ancienne alliance : « Rien de plus criminel que l’avare, rien de plus inique que d’aimer l’argent [59], » il est facile de se laisser entraîner, au sujet des biens de ce monde, à une sollicitude exagérée, dépassant celle que permet la prudence. Le Créateur qui ne néglige ni les oiseaux du ciel, ni les lis des champs, oublierait-il, soit de nourrir, soit de vêtir l’homme même, pour qui furent faits les oiseaux et les lis ? Depuis surtout que l’homme peut dire à Dieu : Mon Père, l’inquiétude que condamne la simple raison serait pour des chrétiens une injure à Celui dont ils sont les fils. Leur bassesse d’âme mériterait l’abandon du Seigneur de toutes choses. Si répondant au contraire à leur noblesse de race, ils cherchent avant tout ce royaume de Dieu dont la couronne est pour eux dans la vraie patrie, les biens de la vallée d’exil leur sont assurés par la parole expresse du Seigneur même, dans la mesure utile au voyage qui les conduit au ciel. Quelle ineffable suavité dans ces déductions du Sauveur ! Vouloir y ajouter d’humaines paroles serait en diminuer le charme et la force à la fois.
Insistons seulement pour faire observer que la préoccupation blâmée ici comme un manque de confiance envers le Père qui est aux cieux, serait, en outre, la preuve d’une attache incompatible avec la perfection de la vie chrétienne et le désir d’avancer dans les voies de l’union divine. La Vie unitive n’est fermée à aucun des états de ce monde ; mais c’est à la condition pour l’âme de se dégager des liens qui l’empêchent de monter vers son Dieu. Le religieux brise ces liens par ses trois vœux, qui répondent directement aux efforts de la triple concupiscence ; le séculier qui désire, quoique dans le monde, répondre autant que possible à l’appel du Seigneur, doit arriver, sans l’aide de cette séparation effective, à se détacher non moins complètement de sa volonté propre, de ses sens et des biens qu’il possède, pour n’avoir plus de regards et d’aspirations qu’au ciel où réside son amour. S’il ne fait pas en sorte d’être, au sein même des richesses, aussi pauvre d’esprit que l’est de fait le religieux, sa marche se trouve arrêtée dès le premier degré de l’échelle contemplative ; tant qu’il n’aura pas triomphé de l’obstacle, il ne doit pas compter s’élever, dans la vie et l’amour, au-dessus des sentiers du grand nombre.
L’Offertoire, comme les autres parties de cette Messe, est tout à la confiance. Le chef des milices de Dieu, l’archange Michel dont la fête approche, et que l’Église invoque tous les jours dans la bénédiction de l’encens à ce moment du Sacrifice, n’est-il pas là pour garder ceux qui craignent le Seigneur ?
Demandons, dans la Secrète, que l’hostie offerte sur l’autel purifie notre âme par sa vertu et détermine la divine puissance à se montrer en notre faveur.
L’Antienne de la Communion, tirée de l’Évangile qui est aujourd’hui celui du présent Dimanche, ne se trouvait pas ici primitivement ; les anciens liturgistes n’en font point mention à cette place, et on ne l’y rencontre dans aucun des manuscrits consultés par le Bienheureux Tommasi pour la publication de son Antiphonaire. La composition de cette Messe et de quelques autres présente au reste, historiquement, plus d’une autre variante ; mais ces détails, si intéressants qu’ils soient d’ailleurs, relèvent trop exclusivement de l’érudition, et nous ne pourrions y entrer sans changer le caractère de cet ouvrage.
Pureté croissante, protection du ciel et persévérance finale, tels sont les fruits précieux de la fréquentation des Mystères. Obtenons-les, en priant avec l’Église dans la Postcommunion.
La Préface qui répondait autrefois à notre Évangile, lorsqu’il était placé au quinzième Dimanche après la Pentecôte, était la suivante :
PRÉFACE.
Il est vraiment digne de vous rendre grâces, Dieu éternel, qui des biens du temps nous conduisez à ceux qui durent toujours : vous donnez ceux-ci, vous accordez ceux-là de telle sorte que nous commencions à nous attacher dès maintenant aux éternels et à nous détacher de ceux de la vie présente. C’est à vous, en effet, que nous devons de vivre ; viciés dans notre nature par la plaie du péché, nés de la terre, c’est vous qui faites que nous passions aux cieux.
L’ancienne Préface du quatorzième dimanche était ainsi conçue :
PRÉFACE.
C’est une chose bien juste de vous rendre grâces, Dieu éternel ; car c’est vous qui, toujours tirant la force de notre faiblesse, avez donné à votre Église de grandir au milieu des obstacles. La croyait-on vaincue : c’est alors surtout qu’elle l’emportait triomphante ; ainsi en même temps, et l’affliction éprouve la solidité de la foi, et toujours par votre aide, la dévotion reste victorieuse.
C’est le temps de la moisson, alors que presque tous les habitants de Rome abandonnaient leurs sept collines et se transportaient aux environs pour y jouir de la campagne. C’est donc fort à propos que la liturgie dominicale vient à nouveau nous enseigner aujourd’hui une filiale confiance dans la divine Providence qui nourrit les oiseaux et revêt les fleurs des champs de splendides couleurs.
L’introït est tiré du psaume 83 : « Vous êtes, ô Dieu, notre bouclier ; ah ! Regardez et contemplez la face de votre Oint. » Voici le véritable motif pour lequel Dieu nous accorde ses faveurs. Il nous a prédestinés dans son Christ, qui est le plérome de sa gloire, et c’est en Lui et pour Lui qu’il nous aime, comme membres de son corps mystique. Gardons-nous donc de séparer ce que Dieu a uni. Si le Père éternel ne nous regarde point dans notre désolante personnalité, mais toujours en relation avec le Christ, pourquoi voudrions-nous nous enfermer dans un pernicieux égoïsme, et ne considérerions-nous pas plutôt continuellement ce que nous sommes dans le Christ ?
Dans la collecte, nous confessons à Dieu notre extrême misère. Cette superbia vitae qui forme l’orgueil des mondains est appelée aujourd’hui dans la sainte liturgie humana mortalitas, laquelle, par conséquent, sans Dieu labitur, c’est-à-dire succombe à la misère, au mal. Nécessaire donc est la divine grâce pour la soulever et la soutenir. Et nous, aujourd’hui, nous l’implorons bien abondante, cette grâce, sur nous-mêmes et sur toute l’Église, afin qu’elle s’oppose comme un bouclier aux attraits du mal, que ceux-ci ne nous séduisent pas, et qu’elle nous pousse à faire notre salut moyennant des actes vertueux, méritoires pour la vie éternelle.
Combien sont profondes, au point de vue théologique, ces collectes dominicales du Missel, et avec quel fruit la prière antique tirait son inspiration, plutôt que du sentiment, des sources très hautes de la doctrine révélée !
Suit un passage de l’épître aux Galates (5, 16-24). La loi n’était qu’un frein contre les désirs charnels, — et l’Apôtre en énumère les diverses manifestations, — tandis que le chrétien est sous l’empire du Saint-Esprit, lequel au contraire produit dans l’âme des œuvres de pénitence, la charité, la bonté et la joie. A ces signes on peut facilement reconnaître de quel esprit chacun est animé. Quant à la marque générale de tous les amis du Christ, c’est la douleur et la souffrance, supportées avec joie pour son amour.
Le répons qui suit la lecture est commun au vendredi après le IVe dimanche de Carême, et il est tiré du psaume 117. « II vaut mieux se confier au Seigneur qu’en l’homme, mieux vaut mettre sa confiance dans le Seigneur que dans les puissants. » La raison en est que l’amour de Dieu est éternel et gratuit, tandis que le bien que peuvent nous faire les créatures est occasionnel et souvent intéressé. C’est pourquoi saint Paul parle ainsi : Dieu est véridique ; tout homme au contraire est menteur. Or qui voudrait compter sur l’inconstance et la duplicité humaine ?
Le verset alléluiatique est tiré du psaume 94 : « Venez, chantons au Seigneur, jubilons en Dieu notre salut. » Voilà l’esprit du christianisme, esprit non de crainte servile qui agit par force sous le fouet d’un Dieu tyran, mais esprit de liberté du cœur, tel qu’il convient à un fils aimant, qui accomplit avec joie ce qu’il aime.
La lecture évangélique de saint Matthieu (6, 24-33) exclut de l’âme toute possibilité de partage. On ne peut servir en même temps Dieu et les biens matériels, mais on doit avant tout rechercher le Seigneur au moyen de l’observance de sa loi, attendant de sa Providence tout ce qui sera vraiment nécessaire pour le bien-être du corps. Cela ne comporte point une certaine insouciance fataliste, laquelle, dans l’oisiveté du corps et de l’esprit prétend recevoir tout du Seigneur par miracle, mais modère seulement l’activité humaine et la contient dans les limites établies par Dieu, qui, tout en nous ordonnant de pourvoir à nos besoins à la sueur de notre front, nous défend de nous y attacher avec excès, comme si l’homme n’était que chair et matière, ou comme si la divine Providence n’existait pas. Le proverbe populaire exprime fort bien l’ordre juste des choses : aide-toi, le Ciel t’aidera.
L’antienne pour la présentation des offrandes destinées au Sacrifice par le peuple est tirée du psaume alphabétique 33, et elle est commune au jeudi après le Ier dimanche de Carême. « L’ange du Seigneur campe autour de ceux qui craignent Dieu, et il les sauve. Expérimentez et voyez combien suave est le Seigneur ! » Qu’il est beau, ce contraste entre la crainte de Dieu et celle des hommes ! Celui qui craint Dieu n’a pas peur des hommes, parce que, dans sa conscience, plus forte que toutes les menaces du monde — cela est bien prouvé par les martyrs — se trouve la crainte de la justice du Seigneur. De plus, cette sainte crainte de Dieu qui est le fondement de toute la perfection chrétienne et le principe de la science du salut, est un don du Saint-Esprit, et Dieu, par le ministère de ses anges, garde jalousement en nous ce qui lui appartient. A dessein le Psalmiste mentionne l’Ange qui fait comme une ronde autour de l’âme craignant Dieu, vraie tour où réside le divin Paraclet. En dernier lieu le Prophète en appelle à l’expérience des dons divins, car la suavité des consolations célestes surpasse infiniment tous les plaisirs humains et elle est telle que seul celui qui y a goûté sait ce qu’elle est : quod nemo scit, nisi qui accipit, comme il est dit dans l’Apocalypse.
Dans la secrète, on demande au Seigneur que le sacrifice qui va lui être immolé pour le salut du monde obtienne spécialement deux effets : qu’il expie dans le sang de Jésus les péchés de ceux qui l’offrent, et qu’il leur rende propice la toute-puissance divine, si bien que la grâce comble les lacunes et les défauts de l’infirme nature humaine.
L’antienne pour la Communion est tirée de la lecture évangélique de ce jour. « Cherchez par-dessus tout le règne intérieur de Dieu dans l’âme moyennant la pratique intégrale des vertus propres à votre état. » — Voilà pourquoi la vertu est appelée ici justice.
En disant que celle-ci doit être notre premier soin, l’Évangile n’exclut pas — bien au contraire, il l’indique implicitement — que nous devions aussi rechercher ce qui est nécessaire ou utile pour soutenir notre vie matérielle. Il veut toutefois qu’en cette double recherche — si bien exprimée dans l’oraison dominicale — l’on conserve l’ordre établi : Dieu, l’âme et le corps. C’est notre devoir d’agir, de travailler : ce que nous ne parvenons pas à faire, Dieu l’accomplira. La collecte d’action de grâces exprime à peu près le même concept que la secrète. « Que la sainte Communion purifie l’assemblée de ses fautes et fortifie sa vertu par les charismes eucharistiques, en sorte que les sacrés Mystères auxquels elle a participé dans le temps comme à un gage de vie céleste, soient aussi le Sacrement opérant en elle l’éternel salut. »
Les chastes beautés de la nature, presque incompréhensibles pour une âme corrompue par la sensualité et par l’esprit du monde, les prairies verdoyantes, les nuances si délicates des fleurs, inspiraient les saints. Si Dieu aime à ce point les moindres herbes des prés et les plus petits insectes, qu’il a pourvu à leur vie grâce à un merveilleux organisme, combien plus ne prendra-t-il pas soin du chrétien, en qui II reconnaît l’image de Jésus son Premier-Né ? « Pense à moi et je penserai à toi », disait un jour le Seigneur à sainte Catherine de Sienne. Ayons confiance en Dieu, épousons les intérêts de sa gloire, et II s’occupera de ceux de notre salut.
Cherchez d’abord le royaume de Dieu.
Ce dimanche s’appelait autrefois : Dominica Providentiae, le dimanche de la Providence, à cause du bel Évangile qui nous parle de la bonté paternelle de Dieu. Puisse cette belle formule nous accompagner toute la semaine ! Nous trouvons encore aujourd’hui, dans les deux lectures, l’antithèse aimée des deux royaumes : ici, le royaume de la chair, de Mammon ; là, le royaume de l’esprit, le royaume de Dieu (Ép. et Év.). Les conséquences que nous devons tirer de ces images opposées sont claires. Attachons-nous de toute notre âme à Dieu. Le leitmotiv de la semaine est cette phrase : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu ; tout le reste vous sera donné par surcroît » (Év. Comm.). Ce verset termine aussi l’office des Heures du jour (Ant. Magn.). Au début du jour, nous avons entendu cette parole consolante du Christ : « Ne soyez pas en souci et ne demandez pas : Que mangerons-nous et que boirons-nous ? Car votre Père sait que vous avez besoin de cela, Alléluia ».
La messe (Protector noster). — De nouveau, une messe belle et joyeuse. Aujourd’hui la communauté et l’âme ont l’impression d’assister à des fiançailles. Comme l’âme a désiré passer le « jour du Seigneur » dans les « parvis de Dieu », dans son « tabernacle » ! C’est ici sa « demeure ». Elle implore de Dieu un regard de complaisance sur son « oint » (c’est l’âme et la communauté, le Christ mystique). L’oraison correspond parfaitement aux pensées des deux lectures et au ton de confiance enfantine de cette messe : Conserve ton Église dans ta bienveillance perpétuelle ; sans toi, elle est faible (elle incline vers l’esprit mondain) ; l’âme est comme un enfant qui apprend à marcher, qu’on ne doit pas perdre de vue sous peine de le voir tomber. Le secours de ta grâce doit produire un double effet : nous arracher au mal (Dieu doit agir avec nous comme l’ange qui arracha Lot à Sodome), et nous guider vers le bien (comme un pasteur conduit des brebis). En un mot, il faut une grande grâce de Dieu pour nous conduire spirituellement. (C’est donc une oraison riche de pensées).
Saint Paul est notre docteur ; il nous montre en quoi consistent le bien et le mal. Il décrit les deux royaumes : le royaume de l’esprit et le royaume de la chair ; le royaume de grâce créé dans l’âme par le Saint-Esprit et le principe impie du péché. Ces deux puissances combattent dans notre âme, et la ligne de combat traverse tout cœur humain. Saint Paul nous montre les « œuvres de la chair », — mais aussi les « fruits de l’Esprit ». Chaque chrétien est comme un arbre planté par le Saint-Esprit et qui porte ses fruits précieux. Toute l’Épître nous montre le grand champ de bataille de l’âme. Nous voyons les adversaires et les alliés. La vie chrétienne n’est pas une idylle ; c’est un combat. « Celui qui appartient au Christ crucifie sa chair avec ses vices et ses convoitises ». Dans ce combat nous disposons d’une arme puissante : la confiance en Dieu.
Au Graduel, nous voyons aussi les deux camps : le camp où l’on a confiance en Dieu et celui où l’on se fie dans les princes. Dans le verset de l’Alléluia l’allégresse pascale se fait jour. Le vainqueur de Pâques a aussi scellé notre victoire sur la chair. Ce que le disciple nous enseigne, le Maître le prêche dans le Sermon sur la montagne (Év.) qui est assurément un des plus charmants passages de la Sainte Écriture. Le chrétien ne doit pas signer de compromis avec le monde : servir un peu Dieu et goûter un peu au monde. Le Christ nous trace une autre ligne de conduite : la confiance profonde dans la bonté de Dieu. Que de consolation a apportée à l’humanité dans le besoin la comparaison de l’oiseau que Dieu nourrit et des lis des champs qu’il revêt de splendeur ! Toute la messe nous rappelle les relations entre Dieu et nous : il est notre Père et nous sommes ses enfants. Ses enfants ! Prenons de plus en plus conscience de ce titre. Nous sommes une communauté sainte, et les anges de Dieu veillent avec soin sur nous. Le monde et l’enfer ne peuvent rien contre nous. Nous nous préparons à « goûter et à voir » la « douceur du pain du Christ ».
L’Offertoire nous présente une belle image : l’armée chrétienne rassemblée autour de son Roi (c’est-à-dire autour de l’autel). Les anges de Dieu constituent un rempart contre l’ennemi. L’armée vient chercher à l’autel l’aliment nécessaire pour le combat. A la communion, nous sommes les oiseaux que Dieu nourrit, les lis qu’il revêt. Puisse l’Eucharistie faire mourir en nous l’esprit du monde (Secr.) ! A l’antienne de communion, nous chantons le leitmotiv de la journée : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu... »
Leçons des Matines avant 1960
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Nul ne peut servir deux maîtres. Et le reste.
Homélie de saint Augustin, évêque.
Septième leçon. « Nul ne peut servir deux maîtres. » A cette même intention, bonne ou mauvaise, se rapporte ce que notre Seigneur expose en conséquence de son assertion : « Ou il haïra l’un et il aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. » Il faut examiner attentivement ce passage ; le Seigneur lui-même indique quels sont ces deux maîtres, en ajoutant : « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » Les Hébreux donnent, dit-on, aux richesses le nom de Mammona. En langue punique, ce mot a le même sens ; car mammon signifie gain.
Huitième leçon. Servir Mammon, c’est être l’esclave de celui que sa perversité a préposé aux choses terrestres, et que le Seigneur appelle « prince de ce monde ». Donc : « ou l’homme le haïra et aimera l’autre », c’est-à-dire Dieu ; « ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. » En effet, quiconque est esclave des richesses s’attache à un maître dur et à une domination funeste ; enchaîné par sa cupidité, il subit la tyrannie du démon, et certes, il ne l’aime pas ; car qui peut aimer le démon ? Mais cependant il le supporte.
Neuvième leçon. « C’est pourquoi, continue le Sauveur, je vous dis : Ne vous inquiétez point pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous vous vêtirez. » Il ne veut pas que notre cœur se partage à la recherche, non seulement du superflu, mais même du nécessaire, et que, pour nous le procurer, notre intention se détourne de sa véritable fin, dans les actions que nous paraissons faire par un motif de miséricorde. C’est-à-dire qu’il ne veut pas que, tout en paraissant nous dévouer aux intérêts du prochain, nous ayons moins en vue son utilité que notre avantage personnel, et que nous nous regardions comme exempts de fautes, parce que nous ne voulons obtenir que le nécessaire et non le superflu.
Ant. du Benedictus à Laudes Ne soyez pas en souci et ne demandez pas : Que mangerons-nous et que boirons-nous ? Car votre Père sait que vous avez besoin de cela, Alléluia.
Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. Alléluia.
Dominica Decima quarta post Pentecosten |
14ème Dimanche après la Pentecôte |
Ant. ad Introitum. Ps. 83, 10-11. | Introït |
Protéctor noster, áspice, Deus, et réspice in fáciem Christi tui : quia mélior est dies una in átriis tuis super mília. | Dieu, notre protecteur, jetez les yeux sur nous, et regardez la face de votre Christ ; car un jour passé dans vos parvis vaut mieux que mille autres. |
Ps. ibid., 2-3. | |
Quam dilécta tabernácula tua, Dómine virtútum ! concupíscit, et déficit ánima mea in átria Dómini. | Que vos tabernacles sont aimés, ô Dieu des vertus ! mon âme est consumée d’un ardent désir et défaille en pensant aux parvis du Seigneur. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Custódi, Dómine, quǽsumus, Ecclésiam tuam propitiatióne perpétua : et quia sine te lábitur humána mortálitas ; tuis semper auxíliis et abstrahátur a nóxiis et ad salutária dirigátur. Per Dóminum. | O Seigneur, gardez votre Église par l’assistance continuelle de votre miséricorde ; et puisque, sans vous, la faiblesse humaine ne peut que faillir, daignez, par votre assistance, la préserver sans cesse de tout ce qui peut lui nuire, et la diriger vers ce qui est salutaire. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Gálatas. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtres aux Galates. |
Gal. 5, 16-24. | |
Fratres : Spíritu ambuláte, et desidéria carnis non perficiétis. Caro enim concupíscit advérsus spíritum, spíritus autem advérsus carnem : hæc enim sibi ínvicem adversántur, ut non quæcúmque vultis, illa faciátis. Quod si spíritu ducímini, non estis sub lege. Manifésta sunt autem ópera carnis, quæ sunt fornicátio, immundítia, impudicítia, luxúria, idolórum sérvitus, venefícia, inimicítiæ, contentiónes, æmulatiónes, iræ, rixæ, dissensiónes, sectæ, invídiæ, homicídia, ebrietátes, comessatiónes, et his simília : quæ prædíco vobis, sicut prædíxi : quóniam, qui talia agunt, regnum Dei non consequántur. Fructus autem Spíritus est : cáritas, gáudium, pax, patiéntia, benígnitas, bónitas, longanímitas, mansuetúdo, fides, modéstia, continéntia, cástitas. Advérsus huiúsmodi non est lex. Qui autem sunt Christi, carnem suam crucifixérunt cum vítiis et concupiscéntiis. | Mes Frères : Marchez selon l’esprit, et vous n’accomplirez point les désirs de la chair. Car la chair convoite contre l’esprit, et l’esprit contre la chair ; en effet, ils sont opposés l’un à l’autre, pour que vous ne fassiez pas tout ce que vous voudriez. Si vous êtes conduits par l’esprit, vous n’êtes point sous la loi. Or les œuvres de la chair sont manifestes : c’est la fornication, l’impureté, l’impudicité, la luxure, l’idolâtrie, les maléfices, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les rixes, les dissensions, les factions, l’envie, les meurtres, l’ivrognerie, les débauches, et les choses semblables, dont je vous prédis, comme je l’ai déjà fait, que ceux qui les commettent ne seront point héritiers du royaume de Dieu. Mais les fruits de l’esprit sont : la charité, la joie, la paix, la patience, la bénignité, la bonté, la longanimité, la douceur, la foi, la modestie, la continence, la chasteté. Contre de pareilles choses il n’y a pas de loi. Or ceux qui sont au Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises. |
Graduale. Ps. 117, 8-9. | Graduel |
Bonum est confidére in Dómino, quam confidére in hómine. | Mieux vaut se confier dans le Seigneur que dans les hommes. |
V/. Bonum est speráre in Dómino, quam speráre in princípibus. | Mieux vaut espérer dans le Seigneur que dans les princes. |
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 94, 1. | |
Veníte, exsultémus Dómino, iubilémus Deo, salutári nostro. Allelúia. | Venez, réjouissons-nous dans le Seigneur, faisons éclater notre joie devant Dieu, notre Sauveur. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu Luc Jean Marc. |
Matth. 6, 24-33. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Nemo potest duóbus dóminis servíre : aut enim unum ódio habébit, et álterum díliget : aut unum sustinébit, et álterum contémnet. Non potéstis Deo servíre et mammónæ. Ideo dico vobis, ne sollíciti sitis ánimæ vestræ, quid manducétis, neque córpori vestro, quid induámini. Nonne ánima plus est quam esca : et corpus plus quam vestiméntum ? Respícite volatília cæli, quóniam non serunt neque metunt neque cóngregant in hórrea : et Pater vester cæléstis pascit illa. Nonne vos magis pluris estis illis ? Quis autem vestrum cógitans potest adícere ad statúram suam cúbitum unum ? Et de vestiménto quid sollíciti estis ? Consideráte lília agri, quómodo crescunt : non labórant neque nent. Dico autem vobis, quóniam nec Sálomon in omni glória sua coopértus est sicut unum ex istis. Si autem fænum agri, quod hódie est et cras in clíbanum míttitur, Deus sic vestit : quanto magis vos módicæ fídei ? Nolíte ergo sollíciti esse, dicéntes : Quid manducábimus aut quid bibémus aut quo operiémur ? Hæc enim ómnia gentes inquírunt. Scit enim Pater vester, quia his ómnibus indigétis. Quǽrite ergo primum regnum Dei et iustítiam eius : et hæc ómnia adiiciéntur vobis. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Nul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent pas dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. N’êtes-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui de vous, en se tourmentant, peut ajouter une coudée à sa taille ? Et au sujet du vêtement, pourquoi vous inquiéter ? Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent. Cependant je vous dis que Salomon lui-même dans toute sa gloire n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. Mais si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui, et qui demain sera jetée dans le four, combien plus vous-mêmes hommes de peu de foi ! Ne vous inquiétez donc pas, en disant : Que mangerons-nous, ou que boirons-nous, ou de quoi nous couvrirons-nous ? Car ce sont les païens qui se préoccupent de toutes ces choses ; mais votre Père sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. |
Credo | Credo |
Ant. ad Offertorium. Ps. 33, 8-9. | Offertoire |
Immíttet Angelus Dómini in circúitu timéntium eum, et erípiet eos : gustáte et vidéte, quóniam suávis est Dóminus. | L’ange du Seigneur environnera de son assistance ceux qui craignent Dieu et les arrachera au danger ; goûtez et voyez combien le Seigneur est doux. |
Secreta. | Secrète |
Concéde nobis, Dómine, quǽsumus, ut hæc hóstia salutáris et nostrórum fiat purgátio delictórum, et tuæ propitiátio potestátis. Per Dóminum. | Accordez-nous, s’il vous plaît, Seigneur, que cette hostie salutaire nous purifie de nos fautes, et nous rende votre puissance favorable. |
Præfatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur præfatio communis. | Préface de la Sainte Trinité ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune . |
Ant. ad Communionem. Matth. 6, 33. | Communion |
Primum quǽrite regnum Dei, et ómnia adiiciéntur vobis, dicit Dóminus. | Cherchez d’abord le royaume de Dieu et tout vous sera donné par surcroît, dit le Seigneur. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Puríficent semper et múniant tua sacraménta nos, Deus : et ad perpétuæ ducant salvatiónis efféctum. Per Dóminum. | Que vos sacrements, ô Dieu, nous purifient toujours ; qu’ils nous munissent de secours et qu’ils nous conduisent au salut éternel. |
[1] I Cor. XI, 7.
[2] I. Cor. XI, 7.
[3] Ibid. 3 ; Eph. V, 23.
[4] Cant. IV, 8.
[5] Gal. IV, 24-26.
[6] Isai. II, 2.
[7] Ibid. XXV, 7.
[8] I Petr. II, 9.
[9] Isai. LXVI, 8-12.
[10] Gal. IV, 31.
[11] Rom. VIII, 14, 26.
[12] Eph. IV, 8 ; VI, 12.
[13] Jean. XII, 31.
[14] Aug. De civit. Dei.
[15] Isai. LX, 5.
[16] Psalm. LXIV, 11 ; Ps. XIV, 5.
[17] Ps. LXXXVI, 2.
[18] Num. XXIV, 5.
[19] Matth. V, 48.
[20] Psalm. LXXXIII, 6-8.
[21] Jean. I, 12.
[22] I Cor. XV, 5o.
[23] Gen. II, 17.
[24] Jean. III, 6.
[25] II Cor. X, 3.
[26] Rom. VIII, 2.
[27] Ibid. VII, 23.
[28] Ibid. 4.
[29] Ibid. VIII, 3.
[30] Rom. I, 28.
[31] Ibid. VIII, 12.
[32] Ibid. 1.
[33] II Cor. XII, 7.
[34] I Cor. IX, 27.
[35] Introd. à la vie dévote, III° partie, chap. XXIII.
[36] Isai. LIII, 3.
[37] Matth. XVI, 24.
[38] Eph. I, 23.
[39] Col. I, 24.
[40] Jean. XVIII, 11.
[41] VI° Dim. apr. la Pentec.
[42] Cant. IV, 6.
[43] Ibid. V, 1.
[44] Ibid. 5.
[45] Ibid. I, 12.
[46] Ibid. V, 13.
[47] I Cor. XV, 45-49.
[48] Rom. VIII, 29-30.
[49] I Jean. II, l6.
[50] Homil. diei.
[51] Matth. VI, 19-20.
[52] Matth. VI, 21.
[53] Prov. I, 19.
[54] I Tim. VI, 9-10.
[55] Eccle. V, 9-10.
[56] Eph. V, 5 ; Col. III, 5.
[57] Eccli. X, 10.
[58] I Tim. VI, 10.
[59] Eccli. X, 9-10.
Curieux évangéliste ce dimanche ... : "saint Mathieu Luc Jean Marc"...
Merci pour ce site merveilleux.
HP
Dans les textes de la messe, pour l’évangile, "selon saint Matthieu" suffira. Ou alors il faut mettre des cases et demander de cocher la bonne...
Effacez mes commentaires après les avoir pris en compte...
Bien cordialement. YD