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Lundi dans l’Octave du Sacré-Cœur (avant 1955)

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Commentaires liturgiques  
  Chanoine Reck, Le Missel Médité.  

En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave du Sacré-Cœur. Depuis, au bréviaire, l’Office est réduit à la lecture de l’Écriture occurrente (ancien premier nocturne des Matines), la psalmodie est celle du jour de la semaine et non plus celle du Jour de la Fête.

Nous donnons ici l’Office des Matines avec les deux lectures propres à chaque jour (Merci à Alexandre du FC pour les traductions des lectures patristiques du 3ème Nocturne des Matines), et les commentaires habituels.

On trouvera une introduction à l’Octave au Samedi, et les commentaires généraux sur le jour même de la Fête ici.

Textes de la Messe

Comme au jour de la Fête

Office

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Cor Iesu amóre nostri vulnerátum * Veníte, adorémus.Le Cœur de Jésus blessé par son amour pour nous, * Venez, adorons.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne
Auctor beáte sǽculi,
Christe, Redémptor ómnium,
Lumen patris de lúmine,
Deúsque verus de Deo :
Bienheureux créateur du monde,
Christ, universel rédempteur,
lumière jaillie de la lumière du Père,
Dieu vrai sorti de Dieu :
Amor coégit te tuus
Mortále corpus súmere,
Ut, novus Adam, rédderes,
Quod vetus ille abstúlerat.
C’est votre amour qui vous a contraint
à prendre un corps mortel,
pour nous rendre, nouvel Adam,
ce que l’ancien, nous avait pris.
Ille amor almus ártifex
Terræ marísque et síderum,
Erráta patrum míserans
Et nostra rumpens víncula.
Cet amour, auguste artisan
de la terre, de la mer et des astres,
prit en pitié les égarements de nos pères
et rompit nos liens.
Non Corde discédat tuo
Vis illa amóris íncliti :
Hoc fonte gentes háuriant
Remissiónis grátiam.
Que de votre Cœur ne se retire pas
la force de ce merveilleux amour ;
qu’à cette source les nations
puisent la grâce du pardon.
Percússum ad hoc est láncea
Passúmque ad hoc est vúlnera,
Ut nos laváret sórdibus,
Unda fluénte et sánguine.
Si la lance le frappa,
s’il endura ses blessures,
c’était pour nous laver de nos taches
par l’eau et le sang répandu.
Iesu tibi sit glória,
Qui Corde fundis grátiam,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
Jésus, à Vous soit la gloire,
Vous dont le Cœur répand l’amour,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier,
dans les siècles sempiternels.
Amen.
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. 1 Cogitatiónes * Cordis eius in generatióne et generatiónem.Ant. 1 Les pensées * de son Cœur subsistent de génération en génération [1].
Psaume 32
Ant. 2 Apud te * est fons vitæ ; torrénte voluptátis tuæ potábis nos, Dómine.Ant. 2 En Vous * est la source de la vie ; Vous nous ferez boire au torrent de vos délices, Seigneur [2].
Psaume 35
Ant. 3 Homo * pacis meæ, qui edébat panes meos, magnificávit super me supplantatiónem.Ant. 3 L’homme * de ma paix, qui mangeait mes pains, a fait éclater sa trahison contre moi [3].
Psaume 40
V/. Tóllite iugum meum super vos et díscite a me. V/. Prenez sur vous mon jour et apprenez de moi [4].
R/. Quia mitis sum et húmilis Corde. R/. Que je suis doux et humble de Cœur.
Lectio i1ère leçon
De libro primo Regum.Du premier livre des Rois.
Cap. 10, 17-19.
Et convocávit Sámuel pópulum ad Dóminum in Maspah et ait ad fílios Israël : Ego edúxi Israël de Ægýpto et érui vos de manu Ægyptiórum et de manu ómnium regum, qui affligébant vos. Vos autem hódie proiecístis Deum vestrum, qui solus salvávit vos de univérsis malis et tribulatiónibus vestris, et dixístis : Nequáquam, sed regem constítue super nos. Nunc ergo state coram Dómino per tribus vestras et per famílias.Après cela, Samuel convoqua tout le peuple auprès du Seigneur à Maspha, et il dit aux enfants d’Israël : Voici ce que dit le Seigneur Dieu d’Israël : C’est moi qui ai retiré Israël de l’Égypte, et qui vous ai délivrés de la main des Égyptiens, et de la main de tous les rois qui vous affligeaient. Mais vous, aujourd’hui, vous avez rejeté votre Dieu, qui seul vous a sauvés de tous vos maux et de toutes vos tribulations, et vous avez dit : Point du tout ; mais établissez un roi sur nous. Maintenant donc, tenez-vous devant le Seigneur, selon vos tribus, et selon vos familles.
R/. Fériam eis pactum sempitérnum et non désinam eis benefácere et timórem meum dabo in corde eórum * Ut non recédant a me.R/. Je ferai avec eux une alliance éternelle, et Je ne cesserai pas de leur faire du bien, et Je mettrai ma crainte dans leur cœur, * Afin qu’ils ne se retirent pas de moi [5].
V/. Et lætábor super eis cum bene eis fécero in toto Corde meo.V/. Et Je me réjouirai à leur sujet, lorsque Je leur aurai fait du bien de tout mon Cœur [6].
* Ut non recédant a me. * Afin qu’ils ne se retirent pas de moi.
Lectio ii2e leçon
Cap. 10, 20-24.
Et applícuit Sámuel omnes tribus Israël, et cécidit sors tribus Béniamin ; et applícuit tribum Béniamin et cognatiónes eius, et cécidit cognátio Metri, et pervénit usque ad Saul fílium Cis. Quæsiérunt ergo eum, et non est invéntus. Et consuluérunt post hæc Dóminum utrúmnam ventúrus esset illuc. Respondítque Dóminus : Ecce abscónditus est domi. Cucurrérunt ítaque et tulérunt eum inde ; stetítque in médio pópuli, et áltior fuit univérso pópulo ab húmero et sursum. Et ait Sámuel ad omnem pópulum : Certe vidétis quem elégit Dóminus, quóniam non sit símilis illi in omni pópulo. Et clamávit omnis pópulus et ait : Vivat rex.Et Samuel fit approcher toutes les tribus d’Israël, et le sort tomba sur la tribu de Benjamin. Il fit donc approcher la tribu de Benjamin et ses familles, et la famille de Métri tomba au sort, et le sort arriva jusqu’à Saül, fils de Cis. Ils le cherchèrent donc, mais il ne se trouva pas. Et ils consultèrent après cela le Seigneur, pour savoir s’il devait venir en ce lieu-là, et le Seigneur répondit : Voilà qu’il est caché dans sa maison. C’est pourquoi ils coururent, et ils l’enlevèrent de là ; et il se tint debout au milieu du peuple et il se trouva plus grand que tout le peuple de l’épaule et de la tête. Et Samuel dit à tout le peuple : Certes, vous voyez quel est celui qu’a choisi le Seigneur, et qu’il n’y en a point de semblable dans tout le peuple. Alors tout le peuple s’écria et dit : Vive le roi !
R/. Si inimícus meus maledixísset mihi, sustinuíssem útique * Tu vero homo unánimis qui simul mecum dulces capiébas cibos.R/. Si mon ennemi m’avait maudit, je l’aurais supporté [7]. * Mais toi, qui ne faisais qu’un avec moi, qui avec moi partageais les doux mets de ma table [8].
V/. Et si is qui me óderat super me magna locútus fuísset, abscondíssem me fórsitan ab eo.V/. Et si celui qui me haïssait avait parlé de moi avec insolence, peut-être me serais-je caché de lui [9].
* Tu vero homo unánimis qui simul mecum dulces capiébas cibos. * Mais toi, qui ne faisais qu’un avec moi, qui avec moi partageais les doux mets de ma table.
Lectio iii3e leçon
Cap. 10, 25-27.
Locútus est autem Sámuel ad pópulum legem regni et scripsit in libro et repósuit coram Dómino ; et dimísit Sámuel omnem pópulum, síngulos in domum suam. Sed et Saul ábiit in domum suam in Gábaa ; et ábiit cum eo pars exércitus, quorum tetígerat Deus corda. Fílii vero Bélial dixérunt : Num salváre nos póterit iste ? Et despexérunt eum, et non attulérunt ei múnera ; ille vero díssimulábat se audíre.Or, Samuel dit au peuple la loi du royaume, et il l’écrivit dans le livre, et il le déposa devant le Seigneur, et Samuel renvoya tout le peuple chacun dans sa maison. Mais Saül aussi s’en alla dans sa maison à Gabaa ; et s’en alla avec lui la partie de l’armée dont Dieu avait touché le cœur. Au contraire, les enfants de Bélial dirent : Est-ce qu’il pourra nous sauver, celui-là ? Et ils le méprisèrent, et ils ne lui apportèrent point de présents ; mais Saül feignait de ne pas entendre.
R/. Cum essémus mórtui peccátis, convivificávit nos Deus in Christo * Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos.R/. Lorsque nous étions morts par nos péchés, Dieu nous a rendu la vie dans le Christ [10] * A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés [11].
V/. Ut osténderet in sǽculis superveniéntibus abundántes divítias grátiæ suæ.V/. Afin de montrer dans les siècles à venir les richesses surabondantes de sa grâce [12].
* Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos. Glória Patri. * Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos.* A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés. Gloire au Père. * A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 4 Rex omnis terræ * Deus ; regnábit super Gentes.Ant. 4 Le Roi de toute la terre * c’est Dieu ; Il régnera sur les Nations [13].
Psaume 46
Ant. 5 Dum anxiarétur * Cor meum, in petra exaltásti me.Ant. 5 Lorsque s’angoissait * mon Cœur, Vous m’avez élevé sur la pierre. [14].
Psaume 60
Ant. 6 Secúndum multitúdinem * dolórum meórum in Corde meo, consolatiónes tuæ lætificavérunt ánimam meam.Ant. 6 Selon la multitude * des douleurs dans mon Cœur, Vos consolations ont rempli de joie mon âme [15].
Psaume 93
V/. Ego dixi, Dómine, miserére mei.V/. Moi, j’ai dit : Seigneur, ayez pitié de moi [16].
R/. Sana ánimam meam quia peccávi tibi.R/. Guérissez mon âme, car j’ai péché contre Vous.
Lectio iv4e leçon
Ex lítteris Encýclicis Pii Papæ undécimi.Des Encycliques du Pape Pie XI.
At nulla creáta vis hóminum sceléribus expiándis erat satis, nisi humánam natúram Dei Fílius reparándam assumpsísset. Quod quidem ipse hóminum Salvátor sacri Psaltis ore nuntiávit : Hóstiam et oblatiónem noluísti, corpus autem aptásti mihi : holocautómata pro peccáto non tibi placuérunt : tunc dixi : Ecce vénio. Et reápse vere languóres nostros ipse tulit et dolóres nostros ipse portávit ; vulnerátus est propter iniquitátes nostras et peccáta nostra ipse pértulit in córpore suo super lignum ; delens quod advérsus nos erat chirógraphum decréti, quod erat contrárium nobis, et ipsum tulit de médio affígens illud cruci, ut peccátis mórtui iustítiæ vivámus. Quamquam vero copiósa Christi redémptio abúnde nobis ómnia delícta donávit ; ob miram tamen illam divínæ Sapiéntiæ dispensatiónem, qua in carne nostra adimplénda sunt quæ desunt passiónum Christi pro córpore eius quod est Ecclésia, étiam láudibus et satisfactiónibus, quas Christus in nómine peccatórum Deo persólvit, nostras quoque laudes et satisfactiónes adícere póssumus, immo étiam debémus.Mais aucune puissance créée n’aurait jamais suffi à expier les crimes du genre humain si le Fils de Dieu n’avait assumé la nature humaine pour la relever. Le Sauveur des hommes l’a lui-même annoncé par la bouche du Psalmiste : Vous n’avez voulu ni sacrifice ni oblation, mais vous m’avez formé un corps ; vous n’avez pas agréé les holocaustes pour le péché. Alors j’ai dit : Me voici, je viens [17]. Et de fait, il s’est vraiment chargé de nos infirmités, il a porté lui-même nos douleurs [18] ; il a été broyé à cause de nos iniquités ; il a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois [19], détruisant l’acte qui était écrit contre nous et nous était contraire avec ses ordonnances ; et il l’a fait disparaître en le clouant à la croix [20]... afin que, morts, au péché, nous vivions pour la justice [21]. La surabondante Rédemption du Christ nous a fait remise de toutes nos fautes [22]. Cependant, par une admirable disposition de la Sagesse divine, nous devons compléter dans notre chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l’Église [23]. En conséquence, aux louanges et aux réparations « dont le Christ s’est acquitté envers Dieu au nom des pécheurs » pouvons-nous, et même devons-nous ajouter encore nos louanges et nos expiations.
R/. Prope est Dóminus ómnibus invocántibus eum, * Omnibus invocántibus eum in veritáte.R/. Le Seigneur est près de tous ceux qui L’invoquent, de * Tous ceux qui L’invoquent avec sincérité [24].
V/. Miserátor et miséricors Dóminus, pátiens et multum miséricors.V/. Le Seigneur est clément et miséricordieux, patient et tout à fait miséricordieux [25].
* Omnibus invocántibus eum in veritáte. * Tous ceux qui L’invoquent avec sincérité.
Lectio v5e leçon
At semper meminérimus opórtet, totam expiatiónis virtútem ab uno Christi cruénto sacrifício pendére, quod sine témporis intermissióne in nostris altáribus incruénto modo renovátur ; síquidem una eadémque est Hóstia, idem nunc ófferens sacerdótum ministério, qui seípsum tunc in cruce óbtulit, sola offeréndi ratióne divérsa ; quamóbrem cum hoc augustíssimo Eucharístico sacrifício et ministrórum et aliórum fidélium immolátio coniúngi debet, ut ipsi quoque hóstias vivéntes, sanctas, Deo placéntes sese exhibeant. Quin immo, sanctus Cypriánus affirmáre non dúbitat sacrifícium domínicum legítima sanctificatióne non celebrári, nisi oblátio et sacrifícium nostrum respónderit passióni. Quaprópter nos monet Apóstolus, ut mortificatiónem Iesu in córpore nostro circumferéntes, atque cum Christo consepúlti et complantáti similitúdini mortis eius, non modo carnem nostram crucifigámus cum vítiis et concupiscéntiis, fugiéntes eius quæ in mundo est concupiscéntiæ corruptiónem, sed et vita Iesu manifestétur in corpóribus nostris et, ætérni eius sacerdótii partícipes effécti, offerámus dona et sacrifícia pro peccátis.Mais nous ne devons jamais l’oublier, toute la vertu d’expiation découle uniquement du sacrifice sanglant du Christ, qui se renouvelle sans interruption, d’une manière non sanglante sur nos autels, car « c’est toujours une seule et même victime, c’est le même qui s’offre maintenant par le ministère du prêtre et qui s’offrit jadis sur la croix ; seule la manière d’offrir diffère » [26]. C’est pour cette raison qu’au très auguste Sacrifice eucharistique les ministres et le reste des fidèles doivent joindre leur propre immolation, de sorte qu’ils s’offrent eux aussi comme des hosties vivantes, saintes, agréables à Dieu [27]. Bien plus, saint Cyprien ne craint pas d’affirmer que « le sacrifice du Seigneur n’est pas célébré avec la sainteté requise si notre propre oblation et notre propre sacrifice ne correspondent pas à sa Passion » [28]. Pour cette raison encore, l’Apôtre nous exhorte à « porter dans notre corps la mort de Jésus » [29], à nous ensevelir avec Jésus et à nous greffer sur lui par la ressemblance de sa mort [30] non seulement en crucifiant notre chair avec ses vices et ses convoitises en fuyant la corruption de la concupiscence [31] qui règne dans le monde, mais encore en manifestant la vie de Jésus dans nos corps [32] et, unis à son éternel sacerdoce, à offrir ainsi des dons et des sacrifices pour nos péchés [33].
R/. Confíteor tibi, Pater, Dómine cæli et terræ, quia abscondísti hæc a sapiéntibus et prudéntibus * Et revelásti ea párvulis.R/. Je Vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux habiles * Et de l’avoir révélé aux tous petits [34].
V/. Ita, Pater, quóniam sic fuit plácitum ante te.V/. Oui, Père, car tel a été votre bon plaisir [35].
* Et revelásti ea párvulis. * Et de l’avoir révélé aux tous petits.
Lectio vi6e leçon
Neque enim arcáni huius sacerdótii et satisfaciéndi sacrificandíque múneris participatióne ii soli fruúntur, quibus Póntifex noster Christus Iesus adminístris útitur ad oblatiónem mundam divíno Nómini ab ortu solis usque ad occásum omni loco offeréndam ; sed étiam christianórum gens univérsa, ab Apostolórum Príncipe genus eléctum, regále sacerdótium iure appelláta, debet cum pro se, tum pro toto humáno génere offérre pro peccátis, haud áliter propémodum quam sacérdos omnis ac póntifex ex homínibus assúmptus, pro homínibus constituítur in iis quæ sunt ad Deum.A ce sacerdoce mystérieux et à cette mission de satisfaire et de sacrifier ne participent pas seulement les ministres choisis par notre Pontife, le Christ Jésus, pour l’oblation immaculée qui se doit faire en son nom divin depuis l’Orient jusqu’à l’Occident [36] mais encore le peuple chrétien tout entier, appelé à bon droit par le Prince des Apôtres race élue, sacerdoce royal[I Petr., II, 9.]] ; car soit pour eux-mêmes, soit pour le genre humain tout entier, les fidèles doivent concourir à cette oblation pour les péchés [37], à peu près de la même manière que le Pontife choisi parmi les hommes est établi pour les hommes en ce qui concerne les choses de Dieu [38].
R/. Omnes gentes quascúmque fecísti vénient * Et adorábunt coram te, Dómine.R/. Toutes les nations que Vous avez créées viendront * Et se prosterneront devant Vous, Seigneur [39].
V/. Et glorificábunt nomen tuum quóniam magnus es tu, et fáciens mirabília.V/. Et elles rendront gloire à votre nom car Vous êtes grand, et Vous faites des prodiges.
* Et adorábunt coram te, Dómine. Glória Patri. * Et adorábunt coram te, Dómine.* Et se prosterneront devant Vous, Seigneur. Gloire au Père. * Et se prosterneront devant Vous, Seigneur.
In III NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 7 Qui dilígitis Dóminum, * confitémini memóriæ sanctificatiónis eius.Ant. 7 Vous qui aimez le Seigneur, * célébrez la mémoire de sa sanctification [40].
Psaume 96
Ant. 8 Vidérunt * omnes términi terræ salutáre Dei nostri.Ant. 8 Tous les confins * de la terre ont vu le salut de notre Dieu [41].
Psaume 97
Ant. 9 Psallam tibi * in natiónibus, quia magna est super cælos misericórdia tua.Ant. 9 Je Vous chanterai * parmi les nations, car votre miséricorde s’est plus grande que les cieux [42].
Psaume 107
V/. Memóriam fecit mirabílium suórum miserátor Dóminus.V/. Il a institué un mémorial de ses merveilles, lui, le Seigneur miséricordieux [43].
R/. Escam dedit timéntibus se.R/. Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 19, 31-37.
In illo témpore : Iudǽi, quóniam parascéve erat, ut non remanérent in cruce córpora sábbato (erat enim magnus dies ille sábbati) rogavérunt Pilátum, ut frangeréntur eórum crura et tolleréntur. Et réliqua.En ce temps-là : Ce jour étant celui de la Préparation, afin que les corps ne demeurassent pas en croix durant le Sabbat (car ce Sabbat était un jour très solennel), les Juifs prièrent Pilate qu’on leur rompît les jambes, et qu’on les enlevât. Et le reste.
Homilía sancti Lauréntii Iustiniáni Epíscopi.Homélie de saint Laurent Justinien, évêque.
De triumphale Christi agone, cap. 21
Ad Iesum ígitur cum veníssent, illúmque iam mórtuum conspexíssent, ipsíus mínime crura fregérunt, verum astántium unus, vibráta láncea, latus eius apéruit, et contínuo exívit sanguis et aqua. Grande prorsus et inaudítum prodígium, ut de exanimáto córpore sanguis exíret et aqua. Verúmtamen, máximum, in re hac gesta, nobis vóluit Dei sapiéntia commendáre sacraméntum, sui vidélicet, et Ecclésiæ unitátem. Huius enim spirituális cópulæ figúra præcéssit, quando de látere Adæ dormiéntis una ex costis ipsíus subtrácta narrátur, atque de eádem Eva cunctórum parens formáta est, quæ typum gerébat Ecclésiæ. Significábat tunc Spíritus Sanctus, verum et spirituálem Adam esse futúrum, qui Paracléti virtúte plasmátus, dum dormíret in cruce, de ipsíus látere, profluéntibus aqua et sánguine, speciósa sponsa sine ruga et mácula, formarétur Ecclésia.Arrivés à Jésus et constatant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un d’eux, dardant « sa lance, lui ouvrit le côté, et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau » [44]. Prodige sublime et inouï, que d’un corps inanimé sorte du sang et de l’eau ! Aussi bien dans ce fait la sagesse de Dieu a voulu nous révéler un très grand mystère, celui de son union avec l’Église. De cette union spirituelle, une figure avait déjà précédé, lorsque, nous est-il raconté, durant son sommeil, une côte fut enlevée du flanc d’Adam, et que d’elle fut formée Ève, la mère de tous les hommes, qui était l’image de l’Église. L’Esprit Saint faisait alors entendre que viendrait le véritable et spirituel Adam, formé par la vertu du Paraclet, et que, de l’eau et du sang qui s’échapperaient de son côté, tandis qu’il dormirait sur la croix, serait formée l’Église, son Épouse toute belle, sans ride et sans tache [45].
R/. Ego si exaltátus fúero a terra * Omnia traham ad meípsum.R/. Moi, quand J’aurai été élevé de terre * J’attirerai tout à Moi [46].
V/. Hoc autem dicébat signíficans qua morte esset moritúrus.V/. Il disait cela, pour marquer de quelle mort Il devait mourir [47].
* Omnia traham ad meípsum. * J’attirerai tout à Moi.
Lectio viii8e leçon
Hæc quippe sunt sacraménta ecclesiástica per quæ totum corpus Ecclésiæ ablúitur atque sanctificátur. In lavácro útique aquæ regeneratiónis, quod Christi morte sacrátur, ab origináli contagióne mundátur. In Redemptóris vero sánguine nedum ab omni culpa purgátur, verum étiam regni cæléstis illi aperítur introítus. Ambo hæc in unum efféctum convéniunt nec unum sine áltero valet ad salútem prodésse : non enim absque baptísmi sacraménto et peccatórum remissióne, potest quis futúræ beatitúdinis hereditátem percípere. Hoc ubíque in orbe terrárum sancta mater confitétur Ecclésia, et multiplícibus Scripturárum divinárum testimóniis roborátur. Insuper et qui vidit de Christo aquam emanáre et sánguinem, testimónium perhíbuit, et verum est testimónium eius. Nempe iste est Ioánnes Apóstolus et Evangelísta, qui præcípuo amóre diléctus est a Dómino.Ce sont là les sacrements de l’Église par qui le corps entier de l’Église est purifié et sanctifié. En effet dans le bain de l’eau régénérante, qui est consacré par la mort du Christ, il est purifié de la tache originelle. Mais dans le sang du Rédempteur, non seulement il est purifié de toute faute, mais l’entrée du Royaume céleste lui est ouverte. Ces deux choses concourent au même effet, et l’une ne peut rien sans l’autre pour le salut. Car personne ne peut sans le sacrement du baptême et la rémission des péchés recueillir l’héritage de la béatitude future. C’est ce que confesse par toute la terre notre Mère la sainte Église, ce que confirment de multiples témoignages des divines Écritures. Enfin « celui qui a vu » l’eau et le sang jaillir du côté du Christ, « en a rendu témoignage et son témoignage est vrai » [48]. C’est Jean, apôtre et évangéliste, qui a été aimé du Seigneur d’un amour de prédilection.
R/. Simus ergo imitatóres Dei * Et ambulémus in diléctione.R/. Soyons donc les imitateurs de Dieu * Et marchons dans l’amour [49].
V/. Sicut et Christus diléxit nos et trádidit semetípsum pro nobis.V/. Comme le Christ, qui nous a aimés, et qui s’est livré Lui-même pour nous.
* Et ambulémus in diléctione. Glória Patri. * Et ambulémus in diléctione.* Et marchons dans l’amour. Gloire au Père. * Et marchons dans l’amour.
Lectio ix9e leçon
Profécto hæc facta sunt ut Scriptúra implerétur quæ ait : Os non comminuétis ex eo. A Dómino quippe Móysi fúerat imperátum ne in sacrifícii phase, in celebratióne immoláti agni, ullum comminuerétur os. In Dómino autem Iesu innocentíssimo agno, figúræ véritas est compléta. Nequáquam crura illíus sunt fracta, quemádmodum duórum nequam cum eo pendéntium ; sed tantum illíus latus apértum, quátenus ália Scriptúra perficerétur quæ dicit : Vidébunt in quem transfixérunt. Porro vúlnerum cicatríces in suo vóluit Dóminus córpore retinére, ut, sicut eléctis incentívum devotiónis, ita et réprobis irrefragábile fíeret testimónium damnatiónis. Ita ómnia consummáta in Christo, longe ante Prophetárum oráculis promulgáta fúere, quátenus cathólica fides tam pro se quam advérsus hæreticórum munirétur erróres.Tout ce que nous venons de raconter, il l’a très fidèlement prêché et écrit. Et « ces choses sont arrivées pour que s’accomplît l’Écriture : “Vous ne briserez aucun de ses os” » [50]. En effet le Seigneur avait prescrit à Moïse de ne rompre aucun des os de l’agneau qui était immolé en sacrifice pour célébrer la Pâque [51]. Or c’est dans le Seigneur Jésus, agneau très innocent, que s’accomplit la réalité de cette figure. Ses jambes ne furent pas brisées comme celles des deux criminels crucifiés avec lui ; mais seulement son côté fut ouvert, afin d’accomplir cette autre parole de l’Écriture : « Ils regarderont celui qu’il auront transpercé » [52]. Or le Seigneur a voulu conserver en son corps les cicatrices de ses blessures, afin qu’elles fussent pour les réprouvés un irréfragable témoignage de leur damnation, comme pour les élus un stimulant de leur amour. Toutes ces choses qui se sont accomplies dans le Christ ont été longtemps auparavant annoncées par les oracles des prophètes, afin que fût affermie la foi catholique, tant pour elle-même que contre les erreurs des hérétiques.
Te Deum

A LAUDES.

Comme au jour de la Fête.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Comme au jour de la Fête.

Commentaires liturgiques

Institué en 1929, l’Octave du Sacré-Cœur ne peut pas avoir été commenté dans l’Année Liturgique de Dom Guéranger ; le Bhx Cardinal Schuster, ne commentant que les textes du Missel, ne donne qu’un commentaire de la Messe qu’on retrouvera ici. Quand à Dom Pius Parsch, il n’en parle que pour le Dimanche dans l’Octave pour relier l’évangile de la brebis perdue et du bon Pasteur au thème du Sacré-Cœur.

C’est pourquoi nous donnons ici des commentaires glanés ci et là…

Chanoine Reck, Le Missel Médité.

Nota bene : ces commentaires [53] concernent les textes liturgiques de la Messe du Sacré-Cœur avant 1929 : c’est pourquoi nous redonnons les textes liturgiques à chaque partie du commentaire.

Plan. L’ensemble des prières liturgiques de notre messe pourrait être résumé dans cette pieuse invocation : Cœur de Jésus, rempli de bonté et d’amour.

La pensée de l’introït est que le cœur de Jésus est tout miséricordieux : Miserebitur... miserationum... misericordias. L’œuvre de son amour miséricordieux est le bienfait de notre rédemption — caritatis beneficia (collecte). Cet amour fait du cœur de Jésus la source de notre salut — haurietis de fontibus Salvatoris (épître) ; et la source est ouverte depuis que le coup de lance a percé ce cœur sur la croix — lancea latus ejus aperuit (évangile). On voit que jusqu’ici il s’agit de l’amour que nous porte le cœur de Jésus. Les autres pièces liturgiques ont plutôt en vue notre amour pour ce divin cœur.

Remercie ce cœur de son amour, et ne l’oublie pas, nous dit l’offertoire ; implore la grâce d’aimer et de pouvoir aimer ce cœur comme il le mérite, nous dit la secrète ; n’offense jamais ce cœur, mais expie tant d’injustices dont il a à souffrir — c’est la pensée de la communion ; enfin mets-toi à l’école du cœur de Jésus, sois humble et doux de cœur — c’est ce que nous suggère la postcommunion.

Introït.

Thren. 3, 32-33 et 25.
Miserébitur secúndum multitúdinem miseratiónum suárum : non enim humiliávit ex corde suo, et abiécit fílios hóminum : bonus est Dóminus serántibus in eum, ánimæ quærénti illum. (T. P. Allelúia, allelúia.)Il aura pitié de nous dans la grandeur de sa miséricorde ; car il n’a point dédaigné ni chassé de son cœur les enfants des hommes. Le Seigneur est bon à ceux qui espèrent en lui, à l’âme qui le cherche. (T. P. Alléluia, alléluia.)
Ps. 88,2.
Misericódias Dómini in ætérnum cantábo : in generatiónem et generatiónem.Je chanterai à jamais les miséricordes du Seigneur, je les célébrerai dans a suite des générations.
V/.Glória Patri.

Le choix du psaume LXXXVIII pour l’introït de cette fête s’explique facilement par la présence du mot misericordias à la toute première place du premier verset. C’est d’ailleurs une prière suppliante, où le psalmiste implore la miséricorde de Dieu en faveur du royaume de David gravement menacé par ses ennemis. L’antienne, empruntée aux Lamentations de Jérémie, est tout à fait dans l’esprit du psaume : elle bénit la bonté du cœur de Dieu envers les enfants des hommes, conformément à l’engagement que nous prenons dans le psaume : Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur.

Le sens de l’antienne.

1. Il est dit dans le contexte [54] : Si Dieu châtie et afflige, ce n’est pas qu’il n’aime plus ; ce sont bien plutôt des traits de sa miséricorde, et il châtie l’homme, pour l’amener au repentir — Saint François de Sales dit qu’il blesse pour guérir. C’est aussi la pensée de saint Paul [55]. En effet, continue le prophète, ce n’est pas par un ressentiment de son cœur qu’il humilie et repousse les enfants des hommes ; telles ne sont pas ses pensées ; cette sévérité lui répugne, et il n’en use que parce que nous l’y forçons. Envers ceux qui espèrent en lui, il est bon, bon à l’égard de toute âme qui le cherche, de toute âme qui l’avait fui, mais qui revient à lui.

2. Remarquons que le compositeur liturgique, toujours dans la bonne tradition, a traité librement son texte, et qu’il a présenté dans un sens parfaitement déclaratif, sans hypothèses ni conditions la douce bonté du sacré Cœur de Jésus. On ne nous parle que de l’amour infini de ce cœur, qui dans le péché et ses suites voit plutôt le malheur de l’homme que son iniquité, qui pour aller vers le coupable prend les voies de la miséricorde, et ne demande et ne désire qu’une seule chose pour pouvoir exercer sa bonté : la confiance et le retour — animae quaerenti. Saint Bernard, citant un psaume, disait : Le Seigneur ne privera pas de ses bienfaits ceux qui marchent dans l’innocence [56] ; et il ajoutait : Il n’en privera pas non plus ceux qui marchent dans la pénitence [57].

L’alternance de l’antienne avec le psaume présente ici, comme en tant d’autres introïts, une disposition dramatique. A l’antienne, où nous pouvons entendre la voix du prophète représenté par les solistes, l’assemblée des fidèles chrétiens rachetés répond par le cri de sa reconnaissance : Misericordias Domini in aeternum cantabo.

Nous chantons les miséricordes du Seigneur ; notre reconnaissance s’attache aux preuves si nombreuses de la miséricorde divine, qui a toujours été infiniment généreuse pour nous, qui ne nous a jamais fait défaut.

Nous les chanterons à jamais ! Voilà une pensée juste, voilà un sentiment louable, une conduite correcte ! Mais les belles paroles du psalmiste sont-elles sur tes lèvres l’expression de la vérité ? Hélas ! Il en est tant qui ne prononcent jamais ces mots ! Il en est bien plus encore qui n’en ont ni le sens ni la pratique ! Que ce mot soit du moins notre devise en la fête du Sacré-Cœur. Disons-le du fond de notre âme, pour rendre hommage à l’amour du divin Sauveur, pour expier l’ingratitude de tant de créatures, pour nous lier nous-mêmes par une sainte promesse : Misericordias Domini in aeternum cantabo ! Puissent ces paroles être de bon augure ! Si nous y demeurons fidèles, nous sommes autorisés à espérer que ce sera pour nous en effet une félicité éternelle que de chanter les miséricordes du Seigneur. Ce désir devient une prière dans notre collecte.

Collecte.

Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut qui, in sanctíssimo dilécti Fíliitui Corde gloriántes, præcípua in nos caritátis eius benefícia recólimus ; eórum páriter et actu delectémur et fructu. Per eúndem Dóminum nostrum.Daignez accorder, Dieu tout-puissant : à nous qui nous glorifions dans le très saint Cœur de votre Fils bien aimé, et qui célébrons les bienfaits solennels de sa charité envers nous ; que nous trouvions notre joie dans leur accomplissement et dans les fruits qu’ils ont produits.

1. Qu’est-ce que se glorifier dans le sacré Cœur de Jésus ? Le sentiment compris sous ces expressions peut, je pense, se traduire ainsi : Nous sommes redevables à l’amour de votre divin cœur, ô Jésus ! de ce que nous sommes et de ce que nous avons ; nous vous devons notre réconciliation et notre paix, notre salut et notre délivrance, notre honneur et notre élévation — gloriantes ; sans vous nous serions perdus ; par vous nous sommes rentrés en possession de tout, et vous êtes vous-même le don le plus magnifique qui nous soit fait pour le temps et pour l’éternité, « ô amour crucifié ! ».

2. La fête de ce jour nous invite tout particulièrement à méditer sur cet amour— Praecipua in nos caritatis ejus beneficia recolimus. Quels sont ces bienfaits signalés, principaux ? Le symbole de Nicée nous les désigne : Qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit de cœlis, et incarnatus est... L’incarnation du Fils de Dieu ! Ah ! Ce fut un trait de son amour. Ce n’est pas tout : il a souffert, il a été crucifié pour nous. Quel immense amour, Seigneur infiniment bon ! Vous êtes ressuscité pour notre justification ; vous nous avez envoyé le Saint-Esprit ; vous nous donnez dans la sainte Eucharistie le pain de vie et le gage de la gloire future. C’est que vous avez aimé les vôtres jusqu’à la fin ! Oui, que toutes ces pensées occupent le cœur pieux, et que le cœur pieux les conserve fidèlement — recolere !

3. Eorum pariter et actu delectemur et fructu. Par ces mots nous demandons la grâce de célébrer la fête du Sacré Cœur dans les sentiments qu’il convient — actu delectemur, et d’en retirer les avantages qu’elle comporte — et fructu. Les fruits ne vont pas sans les œuvres, il y a connexion nécessaire entre les uns et les autres.

Pourquoi cette prière ? Pour pouvoir témoigner au divin Cœur l’honneur qui lui appartient, il faut que nous soyons soutenus par la grâce. Mais, quand nous aurons fait tout ce qui dépend de nos forces, le fruit que nous en retirerons est assez grand pour valoir la peine qu’on le demande expressément dans la prière, et à coup sûr il sera toujours plus grand que nous ne le méritons. Par elle-même cette prière est déjà un hommage rendu au Sacré-Cœur — Deo omnis voluntas loquitur.

Épître.

Lectio Isaíæ Prophétæ.Lecture du Prophète Isaïe.
Is. 12, 1-6.
Confitébor tibi, Dómine, quóniam irátus es mihi ; convérsus est furor tuus, et consolátus es me. Ecce Deus salvátor meus ; fiduciáliter agam, et non timébo : quia fortitúdo mea et laus mea Dóminus, et factus est mihi in salútem. Hauriétis aquas in gáudio de fóntibus salvatóris : et dicétis in die illa : Confitémini Dómino et invocáte nomen eius : notas fácite in pópulis adinventiónes eius : mementóte quóniam excélsum est nomen ejus. Cantáte Dómino, quóniam magnífice fecit : annuntiáte hoc in univérsa terra. Exsúlta et lauda, habitátio Sion : quia magnus in médio tui Sanctus Israël.Je vous louerai, Seigneur, qui avez été irrité contre nous ; car votre colère s’est arrêtée, et vous m’avez comblé de consolation. Voici le Dieu mon Sauveur, j’agirai avec confiance et je ne craindrai plus ; car le Seigneur est ma force, il est ma gloire, et il est devenu l’auteur de mon salut. Dans votre allégresse, vous puiserez les eaux jaillissantes aux fontaines du Sauveur, et en ce jour-là vous direz : Célébrez le Seigneur et invoquez son Nom. Souvenez-vous que son Nom est au-dessus de tout. Chantez au Seigneur pour les œuvres magnifiques qu’il a opérées ; annoncez-les à la terre entière. Tressaille et fais retentir tes louanges, ô ville de Sion ; car le Saint d’Israël est grand au milieu de toi.

1. Ce texte d’Isaïe se rattache évidemment pour l’inspiration à l’introït, aussi bien au psaume qu’à l’antienne : ce sont les mêmes sentiments, les mêmes aspirations, les mêmes prières. Isaïe prophétise ici l’avenir messianique sous la forme d’un hymne d’action de grâces. Suivant le sens littéral, nous entendons parler dans ce discours l’antique peuple de Dieu — habitatio Sion, pour qui le centre de sa religion est le sanctuaire choisi par Dieu pour sa demeure sur le mont Sion. L’hymne bénit le Seigneur pour le bienfait de la délivrance dont Israël a été l’objet. Ce bienfait paraît d’autant plus grand, que le Seigneur, malgré les péchés et les offenses de son peuple, lui a témoigné sa miséricorde et lui a donné sa grâce. « Vous avez dû vous irriter contre moi, et vous m’avez consolé » ; ainsi parle l’humilité, et elle trouve grâce. Mais aussi elle a droit, cette humilité, à la confiance et à l’espoir — Ecce Deus salvator meus — Dieu s’est fait mon Sauveur.

Ce qui suit a fourni le verset caractéristique de l’office du Sacré-Cœur : Haurietis aquas in gaudio de fontibus salvatoris. On l’interprète comme une apostrophe épisodique : ceux qui ont été l’objet de la grâce et du pardon s’encouragent mutuellement à participer au salut qui leur est préparé ; ils s’excitent aussi à rendre grâces à Dieu pour ses bienfaits — Confitemini Domino.

2. Maintenant on comprendra facilement l’adaptation liturgique des pensées exprimées par le prophète, mais prises ici dans le sens chrétien et éclairées à la lumière de la fête de ce jour. C’est maintenant l’Église qui parle, l’ensemble des chrétiens rachetés, ou bien encore c’est chaque âme chrétienne en particulier. L’hymne de louanges s’applique au bienfait de notre rédemption — copiosa redemptio. Celui qui nous a sauvés — Salvator, c’est le Fils de Dieu fait homme, qui nous a aimés et s’est livré pour nous. Au pied de sa croix s’épanchent les eaux du salut et fleurit l’espérance de la vie éternelle.

Graduel et Alléluia.

Thren. 1, 12.
O vos omnes, qui transítis per viam, atténdite et vidéte, si est dolor sicut dolor meus.O vous tous qui passez par le chemin, considérez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur.
V/. Joann. 13, 1. Cum dilexísset suos, qui erant in mundo, in finem diléxit eos.V/. Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin.
Allelúia, allelúia. Alléluia, alleluia.
V/. Matth. 11, 29. Díscite a me, quia mitis sum et húmilis corde, et inveniétis réquiem animábus vestris. Allelúia. V/. Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Alléluia.

Tout à l’heure Isaïe terminait ainsi : Il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. Oui, chrétiens rachetés, il est grand, incomparablement grand devant vos regards, votre Seigneur et Sauveur. Regardez-le plongé dans une mer de douleurs ; regardez-le élevé en croix : sa douleur est sans égale, sans mesure — mais sa douleur est en même temps la mesure de son amour pour vous.

Entrons dans le cénacle, et écoutons : « Prenez et mangez, ceci est mon corps, qui sera livré pour vous — ma chair pour la vie du monde. » Ici l’amour du Sauveur devient un mystère insondable. Seulement il y a dans ce mystère un point qui est clair comme le jour : Comme il avait aimé les siens, il les aima jusqu’à la fin.

Il existe une mesure de l’amour du Seigneur ; c’est la profondeur de son humiliation. L’humiliation l’accompagna tant qu’il vécut ; elle l’avait introduit dans la vie, quand il s’humilia jusqu’à prendre la forme d’esclave. Ainsi les versets du graduel et de l’alléluia nous conduisent du Calvaire à l’autel, de l’autel à la crèche, trois stations dans la voie du sacrifice parcourue par le Rédempteur. O chrétienté rachetée, il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !

Évangile.

+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Suite du Saint Évangile selon saint Jean.
Ioann 19 ,31-35.
In illo témpore : Iudǽi (quóniam Parascéve erat), ut non remanérent in cruce córpora sábbato (erat enim magnus dies ille sábbati), rogavérunt Pilátum, ut frangeréntur eórum crura, et tolleréntur. Venérunt ergo mílites : et primi quidem fregérunt crura et alteríus, qui crucifíxus est cum eo. Ad Iesum autem cum veníssent, ut vidérunt eum iam mórtuum, non fregérunt eius crura, sed unus mílitum láncea latus eius apéruit, et contínuo exívit sanguis et aqua. Et qui vidit, testimónium perhíbuit : et verum est testimónium eius.En ce temps-là : Ce jour étant celui de la Préparation, afin que les corps ne demeurassent pas en croix durant le Sabbat (car ce Sabbat était un jour très solennel), les Juifs prièrent Pilate qu’on leur rompît les jambes, et qu’on les enlevât. Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes du premier, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui. Étant venus à Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes ; mais un des soldats lui ouvrit le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et celui qui le vit en rend témoignage, et son témoignage est vrai.

1. Haurietis aquas in gaudio de fontibus salvatoris. — Ce passage du prophète, que nous lisions dans l’épître trouve son pendant dans ce trait du récit évangélique : Un des soldats lui ouvrit le côté d’un coup de lance, et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau. C’est en effet ce trait qui a déterminé le choix de notre évangile. Le coup de lance du soldat a percé le cœur de Jésus. Le sang et l’eau qui en sortent sont le symbole de notre rédemption — Empti estis pretio magno — Vous avez été rachetés par le précieux sang du Christ [58] ; ils sont le symbole de notre nouvelle naissance par le baptême — Lavacrum regenerationis [59] ; le cœur de Jésus ouvert est ainsi la source d’où jaillissent les eaux de la grâce.

2. Notre évangile nous conduit devant la croix, sur laquelle le Seigneur a souffert et est mort pour nous. Nous nous rappelons que le Seigneur a dit : « Il n’est point de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » Il faut lui prouver par une ardente reconnaissance que nous le comprenons. Oui, en mourant sur la croix il a donné la preuve du plus grand amour qui se puisse imaginer ; et, lorsque nous reconnaissons en Jésus un cœur infiniment aimant et infiniment aimable, nous ne faisons qu’une pauvre tentative impuissante pour mesurer son amour.

3. Cœur de Jésus infiniment aimable, disons-nous. Sachons comprendre en même temps que cet amour est aussi un devoir pour nous. Satisfaisons-nous à cette obligation ? Le Sacré Cœur de Jésus mérite un amour infini ! Alors laissons-nous dire par saint Bernard : La mesure d’aimer, c’est d’aimer sans mesure. Aimons-nous d’un tel amour ? Avons-nous du moins pour le très saint cœur de Jésus un amour quelconque ? Ou bien ne finissons-nous pas par gagner sur nous-mêmes de rester insensibles même en face de la croix de notre Sauveur, de notre amour crucifié ? Puissions-nous ne pas provoquer ce reproche attristé : J’ai étendu mes mains tout le jour vers un peuple incroyant et contradicteur [60] !

Offertoire.

Ps. 102, 2 et 5
Bénedic, ánima mea, Dómino, et noli oblivísci omnes retributiónes eius, qui replet in bonis desidérium tuum. (T. P. Allelúia.)Bénis le Seigneur, ô mon âme, et n’oublie pas tous ses bienfaits ; c’est lui qui remplit tes désirs en te comblant de biens. (T. P. Alléluia.)

Ceci est la juste conséquence des idées exposées dans l’évangile, et les termes dans lesquels cette conclusion est exprimée doivent nous entraîner invinciblement à la justice et à l’amour envers le Sacré Cœur de Jésus. En pareil cas le « moi » a sa raison d’être. Oui, dis bien cela avec insistance : Je dois, je veux louer le Seigneur avec reconnaissance ; mon âme ne doit, mon âme ne peut jamais oublier tous ses bienfaits ; c’est moi qu’il a favorisé et comblé de ses biens et de ses dons.

Bénis, mon âme — n’oublie pas ! Cela ne nous fait-il pas un peu rougir que l’on nous dise, ou que l’on nous fasse dire : N’oublie pas ? Et pourtant est-il bien vrai que cette recommandation soit superflue ? Ah ! Il est permis d’éprouver quelque confusion ; que du moins ce soit une confusion salutaire !

Secrète.

Tuére nos, Dómine, tua tibi holocáusta offeréntes : ad quæ ut fervéntius corda nostra præparéntur, flammis adúre tuæ divínæ caritátis : Qui vivis.Jetez un regard de protection sur nous, Seigneur, qui vous offrons ce Sacrifice : et afin d’y préparer nos cœurs par une ferveur plus grande, consumez-les par les flammes de votre divine charité.

Le sacrifice de nos autels est un holocauste, un sacrifice où toute la victime est consumée ; et le feu qui la consume est celui de l’amour infini. Le Christ est la victime de notre sacrifice ; il nous a été donné par son Père céleste, pour que nous le lui offrions à notre tour. Comment faire cette offrande ? Avec des cœurs brûlants des flammes de l’amour : Corda nostra, Domine, flammis adure tuae divinae caritatis.

Communion.

Ps. 68, 21.Communion
Impropérium exspectávi Cor meum et misériam : et sustínui, qui simul mecum contristarétur, et non fuit : consolántem me quæsívi, et non invéni. (T. P. Allelúia.)Mon Cœur a compté sur l’opprobre et sur la douleur. J’ai attendu que quelqu’un me compatit, et nul ne l’a fait ; que quelqu’un me consolât, et je n’ai trouvé personne. (T. P. Alléluia.)

Il en fut ainsi quand Jésus était cloué à la croix, et il savait qu’il en serait ainsi ; cela n’effraya pas l’amour de son cœur, qui surmonta tout, et triompha de tout. — L’amour est fort comme la mort.

Mais sur l’autel, mais à la sainte messe, mais à la sainte communion, il n’en doit pas être ainsi pour le cœur sacré de Jésus. Pourtant — hélas ! N’en est-il pas souvent ainsi ? Ce Cœur n’est-il pas « rassasié d’opprobres », jusque dans le Sacrement de l’amour ? Toi du moins, ô mon âme, épargne l’outrage à ton Sauveur ; frémis en songeant à l’injustice avec laquelle on le traite, console-le en te présentant avec un cœur pur à la sainte table.

Postcommunion.

Pacíficis pasti delíciis et salutáribus sacraméntis, te súpplices exorámus, Dómine Deus noster : ut qui mitis es et húmilis corde, nos a vitiórum labe purgátos, propénsius fácias a supérbis sǽculi vanitátibus abhorrére : Qui vivis et regnas.Nourris des Mystères qui nous apportent le salut avec les délices de la paix, nous vous supplions, Seigneur notre Dieu : vous êtes doux et humble de cœur, après nous avoir purifiés des taches du péché, inspirez-nous une horreur toujours plus grande pour les vanités orgueilleuses du monde.

Dans la sainte communion, nous avons puisé avec joie aux sources du Sauveur, et nous en rendons grâces dans les premières paroles de la postcommunion. A cela nous joignons une prière, pour demander un fruit spécial de la sainte Eucharistie : que notre cœur se forme à l’image du cœur de Jésus, c’est-à-dire qu’il devienne doux et humble, sage et fort, pour que nous nous détournions résolument de l’orgueil et des vanités du monde — abhorrere. La suprême sagesse, dit l’Imitation, est de tendre aux royaumes célestes par le mépris du monde [61].

[1] Ps. 32, 11. Les desseins de bonté du Cœur du Christ sont immuables et fidèles comme ceux de Dieu. Tel est le sens de cette Antienne comprise d’après le sens du verset du Psaume dont elle est extraite.

[2] Ps. 35, 9-10.

[3] Ps. 40, 10.

[4] Matth. 11, 29.

[5] Jer. 32, 40.

[6] Jer. 32, 41.

[7] Ps. 54, 13.

[8] Ps. 54, 14-15.

[9] Ps. 54, 13.

[10] Eph. 2, 5.

[11] Eph. 2, 4.

[12] Eph. 2, 7.

[13] Ps. 46, 8-9.

[14] Ps. 60, 2. Vous m’avez rend fermeté et sécurité. Cela a été vrai du Sacré-Cœur vivant sur terre et c’est encore vrai du cœur de ses fidèles.

[15] Ps. 93, 19.

[16] Ps. 40, 4.

[17] Hebr., X, 5-7.

[18] Is., V, 3 ; IV, 5.

[19] I Petr., II, 24.

[20] Coloss., II, 14.

[21] I Petr., II, 24.

[22] Cf. Coloss., II, 13.

[23] Cf. Coloss., I, 24.

[24] Ps. 144, 18.

[25] Ps. 144, 8.

[26] Conc. Trid., sess. XXII, c. 2.

[27] Rom., XII, 1.

[28] Ep. 63, n. 381.

[29] Cor., IV, 10.

[30] Cf. Rom., VI, 4-5.

[31] Cf. Gal., V, 24.

[32] II Cor., IV, 10.

[33] Hebr., V, 1.

[34] Matth. 11, 25.

[35] Matth. 11, 26.

[36] Malach., I, 11.

[37] Cf. Hebr., V, 2.

[38] Hebr., V, 1.

[39] Ps. 85, 9-10

[40] Ps. 96, 11 & 13.

[41] Ps. 97, 5.

[42] Ps. 107, 3-4.

[43] Ps. 110, 4.

[44] Jn. 19, 34.

[45] Cf. Éphes. 5, 27.

[46] Jn. 12, 32.

[47] Jn. 12, 33.

[48] Jn. 19, 35.

[49] Ephes. 5, 1-2.

[50] Jn. 19, 36.

[51] cf. Ex. 12, 46.

[52] Za. 12, 10.

[53] Chan. François-Xavier Reck, Le Missel Médité, conférences sur les textes liturgiques de la Messe, 1913, T. IV, pp. 584-593.

[54] Lament. III, 32-33.

[55] II Cor. VII, 9.

[56] Ps. LXXXIII, 13.

[57] De div. XL, 4.

[58] I Petr. I, 19.

[59] Tit. III, 5.

[60] Rom. X, 21.

[61] I, I, 3.