Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave de la Fête-Dieu. Depuis, au bréviaire, l’Office est réduit à la lecture de l’Écriture occurrente (ancien premier nocturne des Matines), la psalmodie est celle du jour de la semaine et non plus celle du Jour de la Fête.
Nous donnons ici l’Office des Matines avec les deux lectures patristiques propres à chaque jour, et les commentaires habituels.
On trouvera une introduction à l’Octave au Vendredi, et les commentaires généraux sur le jour même de la Fête ici.
Pendant tous les jours de l’Octave, sauf le Dimanche, la Messe est dite comme au jour de la Fête
L’Office est celui de la Fête, sauf les lectures des Matines.
A MATINES
Invitatorium | Invitatoire |
Christum Regem adorémus dominántem Géntibus : * Qui se manducántibus dat spíritus pinguédinem. | Adorons le Christ-Roi, dominateur des nations : * Qui donne à ceux qui le mangent l’abondance de son esprit. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymnus | Hymne [1] |
Sacris solémniis iuncta sint gáudia,
Et ex præcórdiis sonent præcónia ; Recédant vétera, nova sint ómnia, Corda, voces, et ópera. | Qu’à ces solennités sacrées se joignent nos joies,
que du fond des cœurs résonne les louanges ; loin de nous la vétusté, que tout soit nouveau, les cœurs, les voix et les œuvres. |
Noctis recólitur cœna novíssima,
Qua Christus créditur agnum et ázyma Dedísse frátribus, iuxta legítima Priscis indúlta pátribus. | Nous célébrons la mémoire de la dernière cène,
de cette nuit où nous savons que le Christ partagea aux frères l’agneau et les azymes, selon les rites légaux donnée à leurs pères [2]. |
Post agnum týpicum, explétis épulis,
Corpus Domínicum datum discípulis, Sic totum ómnibus, quod totum síngulis, Eius fatémur mánibus. | Après l’agneau figuratif, le repas terminé,
le corps du Seigneur fut donné aux disciples tout entier à tous, tout entier à chacun, par ses mains : c’est notre foi. |
Dedit fragílibus córporis férculum,
Dedit et trístibus sánguinis póculum, Dicens : Accípite quod trado vásculum ; Omnes ex eo bíbite. | Aux faibles, il donna son corps en aliment,
aux tristes, il donna son sang en boisson, disant : Prenez la coupe que je livre ; buvez-en tous. |
Sic sacrifícium istud instítuit,
Cuius offícium commítti vóluit Solis presbýteris, quibus sic cóngruit, Ut sumant, et dent céteris. | C’est ainsi qu’il institua ce sacrifice
dont il a voulu que le ministère fût confié aux seuls prêtres : à eux il appartient de s’en nourrir et d’en donner aux autres. |
Panis Angélicus fit panis hóminum ;
Dat panis cǽlicus figúris términum ; O res mirábilis : mandúcat Dóminum Pauper servus et húmilis. | Le pain des Anges devient le pain des hommes ;
le pain du ciel met fin aux figures ; o prodige admirable : il mange son Seigneur, le pauvre, l’esclave, le tout petit. |
Te, trina Déitas únaque, póscimus ;
Sic nos tu vísita, sicut te cólimus : Per tuas sémitas duc nos quo téndimus, Ad lucem quam inhábitas. Amen. | O Dieu unique et Trine, nous vous le demandons ;
visitez-nous en ce jour où nous vous honorons ; et, par vos sentiers [3], conduisez-nous au but auquel nous tendons, vers la lumière que vous habitez ! Amen. |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. 1 Fructum salutíferum * gustándum dedit Dóminus mortis suæ témpore. | Ant. 1 C’est un fruit apportant le salut * que le Seigneur nous a donné à savourer au temps de sa mort [4]. |
Psaume 1 | |
Ant. 2 A fructu fruménti * et vini multiplicáti fidéles in pace Christi requiéscunt. | Ant. 2 Multipliés par l’abondance du froment * et du vin, les fidèles se reposent dans la paix du Christ [5]. |
Psaume 4 | |
Ant. 3 Communióne cálicis, * quo Deus ipse súmitur, non vitulórum sánguine, congregávit nos Dóminus. | Ant. 3 C’est par la communion au calice * où l’on se nourrit de Dieu lui-même et non par le sang des taureaux, que le Seigneur nous a rassemblés [6]. |
Psaume 15 | |
V/. Panem cæli dedit eis, allelúia. | V/. Il leur a donné le pain du ciel [7], alléluia. |
R/. Panem Angelórum manducávit homo, allelúia. | R/. L’homme a mangé le pain des Anges, alléluia. |
Lectio i | 1ère leçon |
De libro primo Regum. | Du premier Livre des Rois. |
Cap. 6, 1-3. | |
Fuit ergo arca Dómini in regióne Philisthinórum septem ménsibus, et vocavérunt Philísthiim sacerdótes et divínos, dicéntes : Quid faciémus de arca Domini ? Indicáte nobis quómodo remittámus eam in locum suum. Qui dixérunt : Si remíttitis arcam Dei Israël, nolíte dimíttere eam vácuam, sed quod debétis réddite ei pro peccáto : et tunc curabímini et sciétis quare non recédat manus eius a vobis. | L’arche du Seigneur fut donc dans le pays des Philistins pendant sept mois. Et les Philistins appelèrent les prêtres et les devins, disant : Que ferons-nous de l’arche du Seigneur ? Indiquez-nous comment nous la renverrons en son lieu. Ceux-ci répondirent : Si vous renvoyez l’arche du Dieu d’Israël, ne la renvoyez point vide ; mais rendez-lui pour le péché ce que vous devez, et alors vous serez guéris ; et vous saurez pourquoi sa main ne se retire pas de vous. |
R/. Immolábit hædum multitúdo filiórum Israël ad vésperam Paschæ : * Et edent carnes et ázymos panes. | R/. La multitude des enfants d’Israël immolera un chevreau au soir delà Pâque [8] : * Et ils en mangeront les chairs avec des pains azymes. |
V/. Pascha nostrum immolátus est Christus : ítaque epulémur in ázymis sinceritátis et veritátis. | V/. Notre agneau pascal, le Christ, a été immolé : mangeons-le avec les azymes de la sincérité et de la vérité [9]. |
* Et edent carnes et ázymos panes. | * Et ils en mangeront les chairs avec des pains azymes. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 6, 6-10. | |
Quare aggravátis corda vestra, sicut aggravávit Ægýptus et phárao cor suum ? Nonne, postquam percússus est, tunc dimísit eos, et abiérunt ? Nunc ergo arrípite et fácite plaustrum novum unum, et duas vaccas fœtas, quibus non est impósitum iugum, iúngite in plaustro et reclúdite vítulos eárum domi. Tolletísque arcam Dómini et ponétis in plaustro et vasa áurea, quæ exsolvétis ei pro delícto, ponétis in capséllam ad latus eius, et dimíttite eam ut vadat. Et aspiciétis, et, si quidem per viam fínium suórum ascénderit contra Béthsames ipse fecit nobis hoc malum grande ; sin autem mínime, sciémus quia nequáquam manus eius tétigit nos, sed casu áccidit. Fecérunt ergo illi hoc modo. | Pourquoi aggravez-vous vos cœurs comme l’Égypte et Pharaon aggravèrent leur cœur ? N’est-ce pas après qu’il eut été frappé, qu’il les renvoya, et qu’ils s’en allèrent ? Maintenant donc prenez et faites un char neuf, et attelez à ce char deux vaches nourrices, et auxquelles on n’a pas imposé de joug, et renfermez leurs veaux dans l’étable. Puis, vous prendrez l’arche du Seigneur, et vous la placerez sur le char ; mais les objets d’or que vous lui aurez payés pour le péché, vous les mettrez dans le coffret, à côté d’elle ; et laissez-la aller. Et vous regarderez ; et si toutefois elle monte, par la route de ses confins, vers Bethsamès, c’est lui-même qui nous a fait ce grand mal ; mais sinon, nous saurons que ce n’est nullement sa main qui nous a touchés, mais que c’est arrivé par hasard. Les Philistins firent donc de cette manière. |
R/. Comedétis carnes, et saturabímini pánibus : * Iste est panis, quem dedit vobis Dóminus ad vescéndum. | R/. Vous mangerez de la chair, et vous serez rassasiés de pain [10] : * Voici le pain que le Seigneur vous a donné à manger. |
V/. Non Móyses dedit vobis panem de cælo, sed Pater meus dat vobis panem de cælo verum. | V/. Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel [11]. |
* Iste est panis, quem dedit vobis Dóminus ad vescéndum. | * Voici le pain que le Seigneur vous a donné à manger. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 6, 12-15. | |
Ibant autem in diréctum vaccæ per viam, quæ ducit Béthsames, et itínere uno gradiebántur pergéntes et mugiéntes et non declinábant neque ad déxteram neque ad sinístram ; sed et sátrapæ Philísthiim sequebántur usque ad términos Béthsames. Porro Bethsamítæ metébant tríticum in valle, et elevántes óculos suos vidérunt arcam et gavísi sunt cum vidíssent. Et plaustrum venit in agrum Iósue Bethsamítæ et stetit ibi. Erat autem ibi lapis magnus, et concidérunt ligna plaustri, vaccásque imposuérunt super ea holocáustum Dómino. Levítæ autem deposuérunt arcam Dei. | Or, les vaches allaient tout droit par la route qui mène à Bethsamès, et marchaient par le même chemin, s’avançant et mugissant ; et elles ne s’écartaient ni à droite ni à gauche ; mais les satrapes des Philistins suivirent aussi jusqu’aux frontières de Bethsamès. Cependant les Bethsamites moissonnaient le froment dans la vallée ; et, levant les yeux, ils virent l’arche, et ils se réjouirent, lorsqu’ils l’eurent vue. Et le char vint dans le champ de Josué, le Bethsamite et s’arrêta là. Or il y avait là une grande pierre ; et ils coupèrent en morceaux le bois du char, et ils mirent les vaches dessus comme un holocauste au Seigneur. Mais les Lévites descendirent l’arche de Dieu. |
R/. Respéxit Elías ad caput suum subcinerícium panem : qui surgens comédit et bibit : * Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei. | R/. Élie vit auprès de sa tête un pain cuit sous la cendre : se levant, il mangea et but [12] : * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu. |
V/. Si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum. | V/. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement [13]. |
* Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei. Glória Patri. * Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei. | * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu. Gloire au Père. * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Memor sit Dóminus * sacrifícii nostri : et holocáustum nostrum pingue fiat. | Ant. 4 Que le Seigneur se souvienne * de notre sacrifice, et que notre holocauste lui soit agréable [14]. |
Psaume 19 | |
Ant. 5 Parátur * nobis mensa Dómini advérsus omnes, qui tríbulant nos. | Ant. 5 Elle est dressée * pour nous, la table du Seigneur, contre tous ceux qui nous persécutent [15]. |
Psaume 22 | |
Ant. 6 In voce exsultatiónis * résonent epulántes in mensa Dómini. | Ant. 6 Que des accents d’allégresse * retentissent parmi les convives, à la table du Seigneur [16]. |
Psaume 41 | |
V/. Cibávit illos ex ádipe fruménti, allelúia. | V/. Il les a nourris de la fleur du froment [17], alléluia. |
R/. Et de petra, melle saturávit eos, allelúia. | R/. Et pour les rassasier, il a fait sortir le miel de la pierre [18], alléluia. |
Lectio iv | 4e leçon |
Ex Epístola sancti Cypriáni Epíscopi et Mártyris ad Cæcílium. | De l’Épître de saint Cyprien, Évêque et Martyr à Cécilius. |
Liber 2, Epistola 3, sub init. | |
In sacerdóte Melchísedech sacrifícii Domínici sacraméntum præfigurátum vidémus, secúndum quod Scriptúra divína testátur, et dicit : Et Melchísedech rex Salem prótulit panem et vinum. Fuit autem sacérdos Dei summi, et benedíxit Abraham. Quod autem Melchísedech typum Christi portáret, declárat in Psalmis Spíritus Sanctus, ex persóna Patris ad Fílium dicens : Ante lucíferum génui te : Tu es sacérdos in ætérnum secúndum órdinem Melchísedech. Qui ordo útique hic est, de sacrifício illo véniens et inde descéndens, quod Melchísedech sacérdos Dei summi fuit, quod panem et vinum óbtulit, quod Abraham benedíxit. | Le mystère du sacrifice du Seigneur nous apparaît figuré de loin dans le prêtre Melchisédech, comme l’Écriture sainte l’indique en ces termes : « Melchisédech, roi de Salem, offrit du pain et du vin, car il était prêtre du Dieu Très-Haut, et il bénit Abraham » [19]. Que Melchisédech représentât Jésus-Christ, l’Esprit-Saint le déclare dans les psaumes, lorsque, parlant au nom du Père, il dit au Fils : « Je t’ai engendré avant l’aurore des temps : tu es prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech » [20]. L’ordre en question est assurément celui qui part et descend de l’ancien sacrifice, où Melchisédech, agissant comme prêtre du Dieu Très-Haut, offre du pain et du vin et bénit Abraham. |
R/. Cœnántibus illis, accépit Iesus panem, et benedíxit, ac fregit, dedítque discípulis suis, et ait : * Accípite et comédite : hoc est corpus meum. | R/. Pendant qu’ils soupaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples, disant [21] : * Prenez et mangez : ceci est mon corps. |
V/. Dixérunt viri tabernáculi mei : Quis det de cárnibus eius, ut saturémur ? | V/. Les hommes qui demeurent sous ma tente ont dit : Qui nous donnera de nous rassasier de sa chair [22] ? |
* Accípite et comédite : hoc est corpus meum. | * Prenez et mangez : ceci est mon corps. |
Lectio v | 5e leçon |
Nam quis magis sacérdos Dei summi, quam Dóminus noster Iesus Christus ? qui sacrifícium Deo Patri óbtulit ; et óbtulit hoc idem, quod Melchísedech obtúlerat, id est, panem et vinum, suum scílicet corpus et sánguinem. Et circa Abraham benedíctio illa præcédens, ad nostrum pópulum pertinébat. Nam si Abraham Deo crédidit, et deputátum est ei ad iustítiam ; útique quisquis Deo credit, et fide vivit, iustus invenítur, et iam pridem in Abraham fidéli benedíctus et iustificátus osténditur, sicut beátus Apóstolus Paulus probat, dicens : Crédidit Abraham Deo, et deputátum est ei ad iustítiam. Cognóscitis ergo quia qui ex fide sunt, hi sunt fílii Abrahæ. Próvidens autem Scriptúra, quia ex fide iustíficat gentes Deus, prænuntiávit Abrahæ quia benedicéntur in illo omnes gentes. | Qui donc en effet est mieux le prêtre du Dieu Très-Haut, que notre Seigneur Jésus-Christ offrant à son Père un sacrifice, le même que celui où Melchisédech offrait du pain et du vin, à savoir le sacrifice de son corps et de son sang ? Et quant à la bénédiction répandue sur Abraham à titre de prémices, elle s’étendit jusqu’au peuple chrétien. Car si la foi d’Abraham en la parole du Seigneur lui compta comme justification, indubitablement quiconque croit à Dieu et vit de la foi est par là trouvé juste, et même déjà béni et justifié d’avance en la personne du Patriarche fidèle, ainsi que l’Apôtre saint Paul en donne la preuve en disant : « Abraham crut à Dieu et sa foi lui fut imputée à justice » [23]. Vous voyez donc bien que ceux-là sont enfants d’Abraham qui vivent de la foi. Aussi, dans la prévision que Dieu justifierait les nations par la foi, l’Écriture prédit-elle à Abraham qu’en lui seront bénies toutes les nations [24]. |
R/. Accépit Iesus cálicem, postquam cœnávit, dicens : Hic calix novum testaméntum est in meo sánguine : * Hoc fácite in meam commemoratiónem. | R/. Jésus prit le calice après avoir soupe, disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang [25] : * Faites ceci en mémoire de moi. |
V/. Memória memor ero, et tabéscet in me ánima mea. | V/. J’en conserverai toujours la mémoire, et mon âme sera comme défaillante d’amour à ce souvenir [26]. |
* Hoc fácite in meam commemoratiónem. | * Faites ceci en mémoire de moi. |
Lectio vi | 6e leçon |
Ut ergo in Génesi per Melchísedech sacerdótem posset rite celebrári, præcédit ante imágo sacrifícii, in pane et vino scílicet constitúta. Quam rem perfíciens et adímplens Dóminus, panem et cálicem mixtum vino óbtulit ; et, qui est plenitúdo, veritátem præfigurátæ imáginis adimplévit. Sed et per Salomónem Spíritus Sanctus typum Domínici sacrifícii ante præmónstrat, immolátæ hóstiæ et panis et vini, sed et altáris et Apostolórum fáciens mentiónem : Sapiéntia, inquit, ædificávit sibi domum, et súbdidit colúmnas septem ; mactávit suas hóstias, míscuit in cratére vinum suum, et parávit mensam suam. Et misit servos suos cónvocans cum excélsa prædicatióne ad cratérem, dicens : Qui est insípiens, declínet ad me. Et egéntibus sensu dixit : Veníte, édite de meis pánibus, et bíbite vinum quod míscui vobis. | Or donc, c’était pour que cette bénédiction en Abraham fût déjà dignement célébrée par le prêtre Melchisédech, qu’il y eut dès lors un sacrifice figuratif, consistant en offrande de pain et de vin ; et c’est pour perfectionner et accomplir, cette offrande, que notre Seigneur a offert du pain et une coupe de vin ; et de la sorte, lui qui est la plénitude, il a pleinement réalisé la figure. L’Esprit-Saint a aussi tracé d’avance par Salomon la peinture du sacrifice de notre Seigneur, faisant mention tout à la fois, et d’une immolation de victimes, et du pain et du vin, et de l’autel, et des Apôtres. « La sagesse, dit-il, s’est bâti une maison, elle l’a soutenue par sept colonnes. Elle a immolé ses victimes, mêlé son vin dans la coupe et dressé sa table. Elle a envoyé ses serviteurs pour inviter à cette coupe, en criant à haute voix : Que celui qui manque de sagesse vienne à moi. Et à ceux qui sont dépourvus d’intelligence, elle a dit : Venez, mangez de mon pain et buvez le vin que je vous ai mêlé » [27]. |
R/. Ego sum panis vitæ ; patres vestri manducavérunt manna in desérto, et mórtui sunt [28] : * Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur. | R/. Je suis le pain de vie ; vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts : * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas. |
V/. Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi : si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum. | V/. Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. |
* Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur. Glória Patri. * Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur. | * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas. Gloire au Père. * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas. |
In III Nocturno | Au 3ème Nocturne |
Ant. 7 Introíbo * ad altáre Dei : sumam Christum, qui rénovat iuventútem meam. | Ant. 7 Je viendrai * à l’autel de Dieu, je recevrai le Christ qui renouvelle ma jeunesse [29]. |
Psaume 42 | |
Ant. 8 Cibávit nos Dóminus * ex ádipe fruménti : et de petra, melle saturávit nos. | Ant. 8 Le Seigneur nous a nourris * de la fleur du froment, et pour nous rassasier il a fait sortir le miel de la pierre [30]. |
Psaume 80 | |
Ant. 9 Ex altári tuo, * Dómine, Christum súmimus : in quem cor et caro nostra exsúltant. | Ant. 9 A votre autel, * Seigneur, nous recevons le Christ, en qui exultent notre cœur et notre chair [31]. |
Psaume 83 | |
V/. Edúcas panem de terra, allelúia [32]. | V/. Faites sortir le pain de la terre, alléluia. |
R/. Et vinum lætíficet cor hóminis, allelúia. | R/. Et que le vin réjouisse le cœur de l’homme, alléluia. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem. | Lecture du saint Évangile selon saint Jean. |
Cap. 6, 56-59. | |
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus. Et réliqua. | En ce temps-là : Jésus, dit aux Juifs : Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Et le reste. |
Homilía sancti Augustíni Epíscopi. | Homélie de saint Augustin, Évêque. |
Tract. 26 in Ioann., circa med. | |
Non sicut manducavérunt patres vestri manna, et mórtui sunt. Quare manducavérunt, et mórtui sunt ? Quia quod vidébant, credébant ; quod non vidébant , non intelligébant. Ideo patres vestri, quia símiles estis illórum. Nam quantum pértinet, fratres mei, ad mortem istam visíbilem et corporálem, numquid nos non mórimur, qui manducámus panem de cælo descendéntem ? Sic sunt mórtui et illi, quemádmodum et nos sumus moritúri ; quantum áttinet, ut dixi, ad mortem huius córporis visíbilem atque carnálem. | « Vos pères ont mangé la manne dans le désert et ils sont morts » [33]. Pourquoi sont-ils morts, bien qu’ils aient mangé la manne ? Parce qu’ils ne croyaient que ce qu’ils voyaient, et qu’ils ne comprenaient point ce qui échappait à leurs regards. Ils sont donc réellement vos pères, puisque vous leur ressemblez. A ne parler, mes frères, que de cette mort visible et corporelle, n’y sommes-nous pas soumis nous-mêmes, bien que nous mangions le pain qui descend du ciel ? Ils sont donc morts, comme nous mourrons nous-mêmes, de la mort extérieure et sensible du corps. |
R/. Qui mandúcat meam carnem et bibit meum sánguinem, * In me manet, et ego in eo. | R/. Celui qui mange ma chair et boit mon sang [34], * Demeure en moi et moi en lui. |
V/. Non est ália nátio tam grandis, quæ hábeat deos appropinquántes sibi, sicut Deus noster adest nobis. | V/. Il n’est point d’autre nation, si grande qu’elle soit, qui ait des dieux s’approchant d’elle, comme notre Dieu est présent pour nous [35]. |
* In me manet, et ego in eo. | * Demeure en moi et moi en lui. |
Lectio viii | 8e leçon |
Quantum autem pértinet ad illam mortem, de qua terret Dóminus, qua mórtui sunt patres istórum ; manducávit manna et Móyses, manducávit manna et Aaron, manducávit manna et Phínees, manducavérunt ibi multi, qui Dómino placuérunt, et mórtui non sunt. Quare ? Quia visíbilem cibum spiritáliter intellexérunt, spiritáliter esuriérunt, spiritáliter gustavérunt, ut spiritáliter satiaréntur. Nam et nos hódie accípimus visíbilem cibum ; sed áliud est sacraméntum, áliud virtus sacraménti. | Mais quant à cette autre mort, dont le Seigneur veut inspirer la crainte, et dont leurs pères sont morts, on peut l’éviter ; car Moïse a mangé la manne dans le désert, Aaron et Phi-nées en ont mangé également, ainsi que beaucoup d’autres qui ont été agréables à Dieu, et ils ne sont pas morts. Pourquoi ? Parce qu’ils ont compris la signification toute spirituelle de cette nourriture, parce qu’ils ont eu de la manne une faim spirituelle, ils l’ont mangée spirituellement, et en ont été spirituellement rassasiés. Nous-mêmes aujourd’hui, nous recevons comme eux une nourriture visible ; mais autre chose est le sacrement extérieur, autre chose est la vertu intime du sacrement. |
R/. Misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem : * Et qui mandúcat me, vivet propter me. | R/. Mon Père qui vit m’a envoyé, et je vis par mon Père [36] : * Et celui qui me mange vivra aussi par moi. |
V/. Cibávit illum Dóminus pane vitæ et intelléctus. | V/. Le Seigneur l’a nourri du pain de vie et d’intelligence [37]. |
* Et qui mandúcat me, vivet propter me. Glória Patri. * Et qui mandúcat me, vivet propter me. | * Et celui qui me mange vivra aussi par moi. Gloire au Père. * Et celui qui me mange vivra aussi par moi. |
Lectio ix | 9e leçon |
Quam multi de altári accípiunt, et moriúntur, et accipiéndo moriúntur ! Unde dicit Apóstolus : Iudícium sibi mandúcat et bibit. Nonne buccélla Domínica venénum fuit Iudæ ? Et tamen accépit. Et cum accépit, in eum inimícus intrávit ; non quia malum accépit, sed quia bonum male malus accépit. Vidéte ergo, fratres, panem cæléstem spiritáliter manducáte, innocéntiam ad altáre apportáte. Peccáta, etsi sunt quotidiána, vel non sint mortífera ; ántequam ad altáre accedátis, atténdite quod dicátis : Dimítte nobis débita nostra, sicut et nos dimíttimus debitóribus nostris. Si dimíttis, dimittétur tibi : secúrus accéde, panis est, non venénum. | Combien hélas ! Participent à l’autel, et meurent en y participant ! De là, cette parole de l’Apôtre : « Il mange et boit son jugement » [38]. Le pain que le Seigneur donna à Judas ne fut-il pas un poison pour lui ? Et cependant il le reçut, et à peine l’eut-il reçu que l’ennemi entra en lui. Ce qu’il avait reçu n’était pas mauvais, mais il était mauvais lui-même et il reçut dans de mauvaises dispositions une chose excellente. Ayez donc soin, mes frères, de manger spirituellement ce pain venu du ciel, apportez à l’autel un cœur innocent. Si vous avez tous les jours des fautes à vous reprocher, que, du moins, elles ne soient pas mortelles. Avant de vous approcher de l’autel, faites attention à ce que vous dites : « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » [39]. Si tu pardonnes, on te pardonnera, approche avec sécurité tu as devant toi le pain et non pas un poison. |
Te Deum | |
A LAUDES.
Comme au jour de la Fête, ici.
AUX VÊPRES.
Comme au jour de la Fête, ici.
La Sagesse poursuit l’accomplissement du plan divin qu’elle a conçu avant tous les âges. Ses noces avec la nature humaine au sein de la Vierge-Mère ont manifesté son amour ; et Jésus, ce fils de l’homme qui n’eut jamais d’autre personnalité que le Verbe lui-même, immolé sur la Croix dans un Sacrifice renouvelé chaque jour, présente au Père une gloire infinie.
Mais l’auguste victime, descendue sur terre à la voix du Prêtre, ne remonte point vers les cieux dans les tourbillons de la flamme sacrée qui consumait autrefois l’holocauste. Immobile et passive comme les éléments dont sa substance a pris la place en cette conversion merveilleuse qui fait le Sacrifice, elle demeure à l’autel sous leur propre apparence, pain et vin pour les yeux et tous les sens, Sacrement auguste, signe sensible d’un festin mystérieux. « Sacrement des sacrements [40], ô très saint, soulevant levant les voiles qui t’entourent de leurs significations mystérieuses, montre-toi de loin dans ta splendeur et remplis nos âmes de ta directe et très pure lumière » [41]. Ainsi s’écrie dans son incomparable langage le révélateur des divines hiérarchies, l’Aigle d’Athènes aussi la gloire de notre terre des Gaules, lorsqu’après avoir exposé les cérémonies saintes du Sacrifice, prêtant ses ailes au souffle de l’Esprit divin, il s’élance, dans les délices d’une contemplation sublime, jusqu’à la rayonnante beauté des archétypes ou principes des rites sacrés qu’il vient de décrire. Suivons du regard le vol puissant du Platon chrétien consacrant dans la foi les formules du génie antique, et soumettant avec Paul au Christ les hauteurs de la science [42].
Le Prêtre vient d’accomplir les redoutables Mystères ; il les produit aux yeux sous le voile des espèces. Ce pain cache tout à l’heure et ne formant qu’un tout, il le découvre, il le divise en plusieurs parts ; il donne à tous du même calice : il multiplie symboliquement et distribue l’UNITÉ, consommant ainsi le Sacrifice. Car l’unité simple et cachée du Verbe, épousant l’humanité entière, s’est avancée des profondeurs de Dieu jusqu’au monde visible et multiple des sens ; et s’adaptant au nombre sans changer de nature, unissant notre bassesse à ses grandeurs, notre vie et sa vie, sa substance et nos membres, elle veut ne faire de tous qu’un seul tout avec elle [43] : de même le Sacrement divin, un, simple, indivisible en son essence, se multiplie amoureusement sous le symbole extérieur des espèces, afin que, se repliant sur son principe et rentrant du multiple en sa propre unité, il y ramène ceux qui sont venus à lui dans la sainteté [44].
Aussi le nom qui lui convient davantage est-il excellemment Eucharistie, Action de grâces, comme renfermant l’objet de toute louange et tous les dons célestes arrivés jusqu’à nous. Merveilleux sommaire des opérations déifiantes, il soutient notre vie, et restaure la ressemblance divine en nos âmes sur l’archétype souverain de l’éternelle beauté ; il nous conduit par de sublimes ascensions dans une voie surhumaine ; par lui sont réparées les ruines de la faute première ; par lui prend fin notre indigence : prenant tout en nous, se donnant tout entier, il nous fait participants de Dieu même et de tous ses biens [45].
De là vient, dit encore saint Denys, que « ce qui est commun aux autres, sacrements est attribué a spécialement à celui-ci, étant aussi appelé COMMUNION et Synaxe : bien que chacun d’eux ait également pour but de ramener au centre divin nos vies divisées ; bien que tous, réduisant sous l’influence de la simplicité déifique la multiplicité des affections diverses et contraires, mettent l’homme par eux-mêmes en communion intime avec l’Unité souveraine. Mais à ces autres signes sacrés et sanctificateurs il faut, pour la consommation de leur œuvre commune, le complément de la perfection substantielle et divine que donne le premier. Il n’est guère en effet de fonction sacrée où la divine Eucharistie, comme couronnement de toute consécration, ne vienne serrer les liens de l’initié avec I’Un suprême et parfaire cette union divine dans le don des Mystères augustes qui la consomment. Si donc les autres sacrements, ne donnant point ce qu’ils n’ont pas, demeurent comme incomplets, sans pouvoir établir entre nous et l’Unité d’union substantielle ; si leur but est de préparer celui qui les reçoit aux Mystères divins, comme à la fin sommaire où ils tendent : c’est à bon droit que l’accord des Pontifes a nommé celui-ci d’un nom tiré de la nature des choses, en l’appelant COMMUNION » [46].
« O Sacrement d’amour ! ô signe de l’unité ! ô lien de charité ! » reprend à son tour saint Augustin [47]. Mais cette force unitive de l’Eucharistie, magnifiquement célébrée par l’Aréopagite dans le rapprochement qu’elle opère entre Dieu et sa créature, l’évêque d’Hippone se complaît à la voir édifiant dans la paix le corps mystique du Seigneur, et le préparant pour l’éternel Sacrifice et la communion universelle et parfaite des cieux. C’est l’idée-mère qui lui inspire sur le divin Sacrement ces élans sublimes, dont plus d’une fois déjà le lecteur a pu apprécier la beauté ; car parmi les autres Pères et saints Docteurs, si riches eux-mêmes en profondeur et en amour sur le divin objet qui nous occupe, nous aimons à le citer de préférence à la suite de l’Église, dont il reflète tellement la pensée dans cette Octave, qu’elle l’a choisi jusqu’aujourd’hui pour son unique interprète dans les belles Homélies de l’Office nocturne.
Ne craignons donc point de suivre l’évêque d’Hippone sur ces sommets de la théologie eucharistique, où L’Église le donne pour guide à ses fils. La lumière de la foi, reçue au saint baptême, suffit à disposer le simple fidèle à l’intelligence de ces enseignements sublimes qui ne sont au fond que la sève régulière de la vraie vie chrétienne. Ce n’est point dans l’assemblée choisie de quelques âmes d’élite, ni au sein de quelqu’une des plus illustres Églises, que s’exprime en ses homélies le Docteur de la grâce : c’est dans une ville relativement obscure de la côte Africaine, à des matelots, aux bateliers d’Hippone, aux femmes du peuple et aux enfants pressés autour de sa chaire, qu’il adresse ces grandes leçons comme l’enseignement commun des petits et des forts.
A sa voix, écho de la tradition tout entière, la très sainte Eucharistie nous apparaissait, il y a huit jours, comme le centre et le lien de la grande communion catholique en cette terre de l’exil. Au matin même de la fête, complétant sa pensée dans le passage auquel l’Église emprunte l’explication officielle de l’Évangile du jour, il embrasse, non plus seulement la terre, mais le ciel même, le corps complet de la sainte Église, dans la signification des paroles du Sauveur annonçant l’institution du Mystère d’amour.
« Je suis le pain vivant descendu du ciel », avait dit le Sauveur ; « si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » [48] : « car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage » [49]. Cette nourriture, ce breuvage qu’il promet aux hommes, explique saint Augustin, c’est sans doute et directement sa vraie chair et le sang de ses veines ; c’est l’hostie même immolée sur la Croix. Mais par suite, établie sur sa propre et réelle substance, immolée avec lui comme une seule hostie dans un même Sacrifice, « c’est la sainte Église en tous ses membres, prédestinés, appelés, justitiés, glorifiés ou encore voyageurs ». Au ciel seulement se déclarera dans sa plénitude et sa stabilité le grand mystère eucharistique, cet ineffable rassasiement des âmes qui consistera dans l’union permanente et parfaite de tous en tous et en Dieu même par Jésus-Christ. « Comme en effet, poursuit saint Augustin, ce que les hommes désirent dans le manger et le boire est d’apaiser leur faim et d’éteindre leur soif, ce résultat n’est vraiment atteint que par la nourriture et le breuvage qui rendent ceux qui les prennent immortels et incorruptibles, à savoir la société même des Saints, où la paix régnera dans une pleine et parfaite unité » [50]. Festin seul digne des cieux ! Banquet sublime, où chaque élu, participant du corps entier, lui donne à son tour accroissement et plénitude !
C’est là cette Pâque de l’éternité qu’annonçait le Seigneur, lorsqu’au soir de sa vie [51], mettant fin à la Pâque des figures par la réalité voilée encore du Sacrement, il conviait les siens pour un festin nouveau dans la patrie sans figures et sans ombres. Je ne mangerai plus de cette Pâque, jusqu’à sa consommation dans le royaume de Dieu [52]. disait-il aux dépositaires de l’alliance ; « je ne goûterai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai avec vous, vin nouveau, dans le royaume de mon Père » [53]. Jour sans fin ; jour de pleine lumière, chanté par David : où, dégagée des voiles, enivrée la première d’amour à son divin banquet, la Sagesse, enserrant pour jamais dans un seul embrassement le Chef et les membres, abreuvera l’homme du torrent de ses divines voluptés et de la vie qu’elle puise au sein du Père [54] ! Mais déjà le Christ notre Chef a pénétré les nues ; inondée de délices, appuyée sur son Bien-Aimé, l’Église monte incessamment du désert [55] ; le nombre se complète chaque jour de ses membres nos frères admis au festin sacré des cieux. A bon droit le Christ s’écrie : « C’est là maintenant l’os de mes os et la chair de ma chair » [56] ; ils lui adhèrent comme l’épouse à l’époux, n’étant plus qu’un même corps. L’Eucharistie a produit cette adaptation merveilleuse, qui ne se révèle qu’au grand jour de la gloire ; mais c’est ici-bas, sous l’ombre de la foi, qu’elle transforme ainsi les prédestinés dans le Christ lui-même.
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » [57]. « Demeurer dans le Christ et l’avoir en soi, c’est là donc vraiment, dit saint Augustin, manger cette nourriture et boire ce breuvage [58] ; c’est, dans le Sacrement, le signe de la grâce [59] ». C’est la vraie condition du festin eucharistique, festin mutuel, où l’homme ne peut manger comme il faut le pain de vie, sans être lui-même d’abord et devenir toujours plus le pain du Christ, cet unique pain dont parle l’Apôtre [60], pétri par l’Église aux saints Mystères dans le levain[Chrys. Hom. 46 in Johan.]] de la chair sacrée du Verbe, et donnant au corps mystique du Seigneur accroissement et force dans l’unité [61]. eJe suis le froment de Dieu », disait saint Ignace d’Antioche aux Romains : « puissé-je être moulu par la dent des bêtes, afin d’offrir au Christ un pain immaculé [62] ! »
Reprenant au VIIIe siècle la pensée de l’illustre martyr du premier âge, le moine saint Béatus et son disciple Hétérius la développaient, dans leur réponse aux Nestoriens d’Espagne [63] : « Nos persécuteurs, en effet, séparent en nous la paille du bon grain dans le van des tribulations ; ils dégagent de la lie le jus de la grappe sous le pressoir de leurs tourments. A genoux prions pour ceux qui font de nous la nourriture de Dieu. Comme le vin sortant du pressoir est reçu dans la coupe, ainsi vous, fidèles, après vos labeurs. Vous êtes avec nous ce que nous sommes. Nous sommes avec vous dans le calice du Seigneur, calice unique, parce qu’une est la Passion du Christ et sa mort. Vous êtes le pain du Seigneur ; comme le pain consacré qui est son corps passe en nos membres, ainsi passons-nous dans les siens par l’unité qu’il produit en nous. L’hérétique, lui, ne sait que séparer, couper, briser et disjoindre. Il sépare du Verbe la chair ; il divise, il éloigne, il met à part Dieu et l’homme, la tête et le corps. Il ne sait pas, le malheureux, que Dieu est la tête du Christ [64] et lui de son Église [65] ; il ignore que Dieu et l’homme est un seul Christ, chef de l’Église formant son corps. Les hérétiques ne sont point la nourriture du Seigneur ; ce n’est point d’eux que le Seigneur a dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre [66], cette œuvre qui consiste à former un seul pain des grains dispersés, à faire de la multitude une seule âme dans l’unité des vertus. Si les âmes unies par la foi n’étaient pas cette nourriture de Dieu dont il parle, il ne dirait pas de leurs moissons blanchissantes que les disciples ne voient point encore : J’ai une nourriture à manger que vous ne connaissez pas [67]. »
Oh ! Quelle faim est la sienne ! Quel besoin pressant, quelle ardeur dévorante le pousse vers ce banquet de la Cène où, puissant convive, se donnant lui-même en pâture, il voudrait absorber l’humanité entière ! « Comme le feu dévore le bois dans la fournaise, il mange vraiment et s’assimile, à cette table sacrée, le corps entier de la sainte Église, le faisant sien, prenant ainsi force et croissance » [68]. Ainsi parle Guillaume de Paris, au commencement du XIIIe siècle. « En effet, expliquent de concert Léon le Grand et Augustin, la participation du corps et du sang du Seigneur ne fait autre chose que nous changer en lui [69], en sorte que, réduits en son corps, devenus ses membres, nous soyons ce que nous recevons [70], ut in id quod sumimus transeamus, ut simus quod accipimus. »
La Sagesse éternelle se faisant chair avait en vue tous les enfants des hommes. Si l’unité qui préside aux œuvres divines lui faisait une loi de ne s’unir qu’à un seul dans une même hypostase ou personne, cette même loi d’unité, secondant son amour, avait donc fait de cet Homme-Dieu la tête d’un corps immense, où chaque élu devait s’adjoindre au Christ en union substantielle. Telle est l’économie du grand mystère de l’Incarnation, que cet ineffable mystère nous est représenté par les saints Docteurs comme en suspens et incomplet, jusqu’à ce que, par l’Eucharistie, la tête enfin s’adjoignît les membres et ne demeurât plus comme tronquée, séparée du corps qu’elle devait animer et régir.
« Et c’est pour cela, dit du Seigneur Paschase Radbert [71], qu’il se réjouit grandement à la Cène, rendant grâces à Dieu son Père d’avoir enfin comblé ses longues aspirations. Il aspirait, avant de souffrir [72], à manger la vraie Pâque, pour qu’au moment de se livrer comme prix du rachat, déjà tous en lui nous fussions un même corps. Ainsi fallait-il que nous fussions avec lui crucifiés, ensevelis, ressuscités [73]. »
Si intime est dans l’Eucharistie le rapprochement du Chef et des membres, que, s’appuyant des paroles de l’Homme-Dieu qui le compare à son union avec le Père [74] saint Hilaire contre les Ariens, saint Cyrille d’Alexandrie contre Nestorius, s’en font un argument pour défendre d’une part la consubsrantialité du Verbe [75] et de l’autre l’union réelle, physique, et non seulement d’influence ou d’amour, qui lie le Verbe et la nature humaine dans l’Incarnation [76]. Une par nature avec le Père, une dans le Christ avec la chair, la Sagesse éternelle nous fait par cette chair un dans le Père avec elle-même.
Déjà cependant par avance l’Esprit-Saint, lien éternel, a rassemblé les élus ; hôte divin des fils de Dieu, l’Esprit sanctificateur, indivisible, rallie lui-même les fils d’Adam dans l’unité de sa propre substance. « Comme la vertu de la chair du Christ fait des nations un seul corps [77], dit saint Cyrille [78], ainsi l’Esprit fait-il un seul des esprits divers, sans que pour cela soient confondus les esprits ou les corps : Un seul corps, un seul esprit, disait l’Apôtre, un seul Dieu Père de tous, au-dessus de tous et en nous tous [79]. » Mais dans le merveilleux rapprochement des créatures accompli à la gloire du Père souverain par l’Esprit du Père et du Fils, c’est à celui-ci comme Verbe incarné, comme Sagesse éternelle ineffablement éprise des enfants des hommes [80], qu’aboutit cet immense travail d’union dont les noces divines avec l’humanité sont le terme glorieux.
Et c’est ainsi qu’au terme nous-mêmes de cette carrière d’amour trop rapidement parcourue en la suave compagnie de la divine Sagesse, et près de passer, dans les deux jours qui vont suivre, à des considérations moins exclusivement dogmatiques sur l’auguste Mystère, nous retrouvons la pensée qui fut notre point de départ au jour de la fête. Dieu est amour, disions-nous ; mais l’amour appelle l’union, et l’union veut des semblables. Or, cette assimilation, qui, de l’homme à Dieu, ne pouvait s’accomplir que par l’appel de l’homme en participation de la nature divine [81], est l’œuvre spéciale de l’Esprit-Saint par la grâce, le résultat de son habitation personnelle [82] dans l’âme sanctifiée, dont, comme une huile très pure, il pénètre intimement tous les ressorts et la substance même. Ainsi fit-il dans le Christ, inondant l’être humain de sa plénitude au sein de la Vierge-Mère, au temps même où l’éternelle Sagesse s’unit à cette nature inférieure et créée, mais dès lors sainte et parfaite à jamais dans l’Esprit sanctificateur. Ainsi fait-il encore, préparant l’Église, la Cité sainte, au banquet des noces de l’Agneau, revêtant la très noble Épouse du Christ de sa parure éblouissante formée des vertus des saints [83] ; et lorsqu’il l’a façonnée dans l’unité par le baptême, affermie dans la sainteté par le second des sacrements, déifiée pour l’Époux, disant alors avec elle le Venez [84] des Mystères qui doivent achever son œuvre et ne faire qu’un seul corps de l’Épouse et de l’Époux. Ainsi les fils et membres de l’Épouse, identifiés au Christ, un seul corps avec lui, sont-ils rendus participants de ses noces divines avec la Sagesse éternelle.
Si donc nous avons été baptisés dans l’unique Esprit, conclurons-nous avec l’Apôtre, c’était bien pour former l’unique corps où Juifs et Gentils, esclaves et libres, ne sont plus dans leur multiple diversité que les membres du Christ, abreuvés tous en cet unique Esprit d’un même breuvage [85], le Verbe divin passant en nous comme un lait très pur de la chair sacrée du Sauveur.
« Comme des enfants nouveau-nés, aspirez à ce lait du Verbe » [86], dit aux chrétiens le Prince des Apôtres interprété par Clément d’Alexandrie. Sang du Verbe, aliment facile des petits enfants [87] nés de l’Esprit [88], qu’il prépare à la nourriture solide de l’éternité, le Verbe sans voiles ! Mets délicieux, doux comme la grâce, nourrissant comme la vie, immaculé comme la lumière ! Douce rosée tombée du sein du Père au sein virginal, le Verbe se donne à l’Église, elle aussi vierge et mère : pure comme une vierge, aimante comme une mère, appelant ses enfants, elle les allaite de ce lait sacré qui est l’Enfant-Dieu ; elle n’a point d’autre lait que ce bel enfant de notre race, le corps du Christ abreuvant du Verbe ses tendres rejetons. Courons aux mamelles bénies qui donnent avec l’oubli des maux le Verbe de Dieu [89]. Le sein de la mère est tout pour l’enfant, sa vie, sa joie, son univers. Avec quel empressement il se jette à son trésor, nous disait hier dans l’Office de la nuit saint Jean Chrysostome [90] ! avec quelle ardeur presse-t-il de ses lèvres la source des biens ! Le lait des mères n’est pourtant qu’un symbole de celui que j’exalte ; il passe avec les premiers mois du nouveau-né : le mien demeure en sa source féconde ; il forme l’homme parfait, il suffit à lui faire atteindre la plénitude de l’âge du Christ [91].
Et quels sont donc les parfaits ici-bas, les disciples bien-aimés de l’éternelle Sagesse, sinon les plus petits, ces parvuli qu’elle convoque à la suivre sur les hauteurs [92], les hommes redevenus enfants pour entrer dans le royaume des cieux [93] ? Sublime enfance, célébrée sans fin par les Pères en des traits d’admirable éloquence ! Entendons Zenon de Vérone invitant, au grand jour de la Pâque, les nouveaux baptisés à passer des bords de la fontaine sacrée au lieu du désir suprême, où les attend le saint lait [94], unique pour tous [95] devenus un même corps [96]. Puis, quand les initiés sont en possession du Mystère ineffable, dans son enthousiasme d’évêque et de père, il chante ses nouveau-nés, race céleste aux représentants accourus du berceau comme de l’âge mûr, de la vieillesse comme de l’adolescence, et subitement redevenus tous enfants d’un jour sur le tendre sein de la Mère commune : enfance féconde et fortunée, qui ne doit plus se perdre en ceux qui l’ont acquise, depuis que le doux et triomphant Agneau de la Pâque a infusé avec amour son lait bienheureux dans leurs lèvres vagissantes [97] !
Aussi ne devra-t-on pas s’étonner que le lait fût une des figures de l’Eucharistie les plus familières aux premiers chrétiens. Sainte Perpétue raconte que le Pasteur mit en sa bouche, à la veille du martyre, un lait délicieux ; et les détails de cette scène touchante font voir qu’il s’agit du Sacrement divin [98]. Dans les peintures des catacombes, il n’est pas rare de rencontrer cet emblème entouré des grâces d’une poésie pleine d’amour. Mais, que le vase de lait s’y montre dans la main du Pasteur [99] ou à ses côtés [100], qu’il repose sur un monticule en forme d’autel, gardé respectueusement par les brebis elles-mêmes [101], ou que l’Agneau divin, Pasteur des pasteurs, le tienne suspendu près de lui à la houlette [102], la signification ne diffère en rien sous l’expression variée du symbole : elle se révèle en pleine lumière dans cette autre peinture [103], où, placé sur le dos même de l’Agneau portant la palme de son sanglant triomphe, incorporé avec lui, le vase mystérieux paraît entouré du nimbe, comme renfermant le Verbe divin, aliment des Anges [104], adapté par l’amour à notre faiblesse.
Car, explique admirablement saint Augustin, « l’homme ne vit pas d’une nourriture, et l’ange d’une autre : la vérité, la Sagesse divine, est l’unique aliment des intelligences [105]. Les Anges, les Vertus, les esprits des cieux s’en nourrissent ; ils mangent et s’engraissent, sans diminuer jamais l’ineffable aliment [106]. Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu [107] : prends si tu peux, mange, c’est l’aliment. Mais tu vas me dire : Oui, sans doute, c’est l’aliment ; mais moi je suis un enfant, c’est du lait qu’il me faut, je ne puis autrement y atteindre. Puis donc que c’est du lait qu’il te faut, et que pourtant ce mets des cieux est le seul qui puisse te nourrir, il passera par la chair pour arriver jusqu’à tes lèvres [108]. Car l’aliment ne devient lait qu’en passant par la chair. Ainsi fait la mère. Ce que mange la mère est cela même qu’absorbe l’enfant ; mais l’enfant n’étant point assez fort pour se nourrir directement du pain lui-même, la mère incarne le pain qui par elle en douce liqueur passe à son fils [109]. Il ne reçoit que ce qu’il eût pris à la table ; mais ce qui passe par la chair convient à l’enfant [110]. Le Verbe donc s’est fait chair, et il a habité parmi nous [111] ; l’homme a mangé le pain des Anges [112]. La Sagesse éternelle est venue jusqu’à nous, comme un lait bienfaisant, par la chair et le sang du Seigneur [113]. » Oh ! Combien donc l’Épouse a raison de s’écrier à l’Époux : Meilleures que le vin sont vos mamelles [114] ! Puisque par elles, dit à son tour saint Irénée, nous absorbons le pain d’immortalité, le Verbe de Dieu [115].
La Sagesse a tenu ses divins projets d’amour. Elle est parvenue de son point de départ au but d’arrivée, à travers mille obstacles ; elle a atteint d’une extrémité à l’autre avec une force qui n’a d’égale que son incomparable douceur [116].
L’Antiphonaire du célèbre monastère de Benchor, en Irlande, publié par Muratori, et dont la date ne descend pas au-dessous du VIIe siècle, nous fournit cette Hymne pleine de noblesse et d’une exquise suavité.
HYMNE. Quando communicarent Sacerdotes. | |
Sancti, venite, Christi corpus sumite, Sanctum bibentes Quo redempti sanguinem. | Venez, justes ; prenez le corps du Christ, buvez le sang précieux de la rédemption. |
Salvati Christi Corpore et sanguine, A quo refecti Laudes dicamus Deo. | Nous qu’a sauvés le Christ par son corps et son sang, nourris de Dieu rendons-lui gloire. |
Dator salutis, Christus Filius Deo Mundum servavit Per crucem et sanguinem. | Le Christ, auteur du salut, garda le monde à Dieu son Père par sa croix et son sang. |
Pro universis Immolatus Dominus, Ipse sacerdos Exstitit et hostia. | Immolé pour tous, le Seigneur fut lui-même le prêtre et l’hostie. |
Lege præceptum Immolari hostias, Qua adumbrantur Divina mysteria. | La loi ordonnait d’immoler des victimes : elle figurait les Mystères divins. |
Lucis indultor Et Salvator omnium Præclaram sanctis Largitus est gratiam. | Celui qui donne la lumière, le Sauveur de tous, accorde aux saints un don merveilleux. |
Accedant omnes Pura mente creduli, Sumant æternam Salutis custodiam. | Que tous s’approchent dans la foi d’une âme pure, qu’ils reçoivent le gage éternel du salut. |
Sanctorum custos Rector quoque Dominus, Vitam perennem Largitur credentibus. | Gardien des saints et leur guide, le Seigneur donne aux croyants la vie sans fin. |
Cœlestem panem Dat esurientibus, De fonte vivo Præbet sitientibus. | Il donne à qui a faim le pain du ciel, il offre à qui a soif de la fontaine vivante. |
Alpha et Omega Ipse Christus Dominus, Venit venturus Judicare homines. | Alpha et Omega est le Christ Seigneur : venu déjà, il doit revenir juger les hommes. |
A la suite d’un appel si touchant dans son antique simplicité, nos lecteurs nous sauront gré de remettre sous leurs yeux la lyrique Antienne que l’Église des Gaules faisait retentir au moment de la Communion, dans la Solennité des solennités, pour convoquer ses fils à la participation de l’immortel Mystère. L’usage s’en est conservé dans l’Église de Milan jusqu’à nos jours.
APPEL DU PEUPLE A LA COMMUNION. | |
Venite, populi, ad sacrum et immortale mysterium, et libamen agendum : | Venez ; approchez-vous de l’immortel Mystère : venez goûter la libation sacrée. |
Cum timore et fide accedamus ; manibus mundis, pœnitentiæ munus communicemus ; quoniam Agnus Dei propter nos Patri sacrificium propositum est : | Avançons avec crainte, avec foi ; les mains pures, venons nous unir à celui qui est le prix de notre pénitence : l’Agneau offert en sacrifice à Dieu son Père. |
Ipsum solum adoremus, ipsum glorificemus, cum Angelis clamantes Alleluia. | Adorons-le, glorifions-le ; et, avec les Anges, chantons Alleluia. |
Au jour de la glorieuse Nativité du Seigneur, d’autres chants conduisaient nos pères au saint banquet ; l’Antienne exécutée à ce moment fortuné comparait leur sort à celui de la Vierge-Mère, qui, durant neuf mois, avait porté en elle le même Jésus que leur poitrine allait contenir. L’ange dont il y est question est l’Esprit-Saint lui-même, l’envoyé divin des deux autres personnes de l’adorable Trinité pour la sanctification des élus ; la sainteté ici demandée pour le corps et le sang du Seigneur, montre à nouveau l’ampleur du mystère eucharistique embrassant à la fois Jésus et l’Église : si le chef est saint, les membres aussi doivent l’être, et ils ne le seront pas sans le secours du divin Esprit. Un texte paraissant plus moderne traduit ainsi, en effet, la même pensée : « Envoyez votre Saint-Esprit, ô Seigneur, et daignez, en les sanctifiant, purifier nos cœurs et nos corps pour la réception de votre corps et de votre sang. Emitte Spiritum Sanction tuum, Domine, et dignare sanctificando mundare corda et corpora nostra ad percipiendum corpus et sanguinem tuum.
ANTIENNE EN LA FÊTE DE NOËL. Ad Corpus Domini sumendum. | |
Emitte Angelum tuum, Domine, et dignare sanctificare corpus et sanguinem tuum. Nos frangimus, Domine ; tu dignare benedicere, ut immaculatis manibus illud tractemus. O quam beatus venter ille qui Christum meruit portare ! O quam speciosa gemma et margarita quam lucis mundi illustrat gratia ! O quam beati pedes illi qui Christum meruerunt sustinere : cui angeli et archangeli offerunt munera sempiterno et excelso regi. Alleluia. | Envoyez votre Ange, Seigneur, et daignez sanctifier votre corps et votre sang. La fraction du Sacrement est notre œuvre, Seigneur : à votre bonté de bénir, pour que soient pures les mains qui le touchent. O l’heureux sein qui mérita de porter le Christ ! O pierre sans prix, perle qu’illumine de ses feux la lumière du monde ! Pieds fortunés, qui furent dignes de soutenir le Christ, éternel, très-haut Roi, à qui les anges et les archanges offrent leurs dons ! Alleluia. |
L’Octave reprenant la Messe de la Fête, le Bhx Schuster ne donne pas de commentaire propre. On trouvera ses commentaires sur la Messe ici
Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech.
1. Prière des Heures. — Le saint évêque et martyr Cyprien voit dans le prêtre-roi Melchisédech le symbole du Christ eucharistique. « Dans le prêtre Melchisédech, nous voyons, préfiguré mystérieusement, le sacrifice du Seigneur ; car la Sainte-Écriture atteste : « Et Melchisédech, le roi de Salem, offrait du pain et du vin. Or il était prêtre du Très-Haut et il bénit Abraham. » Que Melchisédech ait été réellement la figure du Christ, le Saint-Esprit le déclare dans le psaume (109), en faisant dire par le Père au Fils : « Je t’ai engendré avant l’étoile du matin. Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech. » Cet « ordre » se rapporte certainement à ce sacrifice et à ce fait que Melchisédech était prêtre du Dieu Très-Haut, qu’il offrait le pain et le vin, qu’il bénit Abraham. Qui donc est davantage prêtre du Très-Haut que Notre Seigneur Jésus-Christ qui offrit son sacrifice à Dieu, le Père ? Et il offrit la même chose que Melchisédech : le pain et le vin, c’est-à-dire son corps et son sang. Et la bénédiction d’Abraham s’applique aussi à notre peuple ».
Saint Augustin parle de la communion de Judas. « Combien reçoivent le pain de l’autel et meurent parce qu’ils le reçoivent » ! C’est pourquoi l’apôtre dit : il mange et boit son propre jugement. La bouchée que le Seigneur donna à Judas ne fut-elle pas pour lui un poison ? Et pourtant, il la reçut. Et quand il l’eut reçue, l’ennemi entra en lui. Ce ne fut pas parce qu’il avait reçu quelque chose de mauvais, mais parce que, mauvais, il avait reçu, d’une manière mauvaise, ce qui était bon. Veillez donc, mes frères, à manger spirituellement le pain du ciel ; apportez l’innocence à l’autel. Que vos péchés, même s’ils sont quotidiens, ne soient pas mortels. Avant d’approcher de l’autel, réfléchissez à la prière que vous faites : « Pardonne-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Si tu pardonnes, il te sera pardonné ; approche avec confiance ; alors, c’est du pain et non du poison.
2. Lecture d’Écriture (1 Rois, chap. 6). — Les prêtres et les devins donnèrent ce conseil aux Philistins : « Faites un chariot neuf et attelez-y deux vaches qui allaitent et qui n’aient point porté le joug. Mettez l’arche sur ce char ; puis, placez à côté de l’arche de l’or comme offrande d’expiation et laissez les vaches aller où elles voudront... Peut-être le Seigneur cessera-t-il d’appesantir sa main sur vous ». Ils firent comme il leur était conseillé. Les vaches prirent tout droit le chemin de Bethsamès. « Les Bethsamites étaient justement occupés à moissonner le blé dans la plaine. Levant les yeux, ils aperçurent l’arche et se réjouirent en la voyant... Ils fendirent le bois du chariot, et l’on offrit les vaches en holocauste au Seigneur ». L’arche fut ensuite transportée à Cariathiarim où elle demeura jusqu’au règne de David qui la fit transporter à Jérusalem sur le mont Sion. Quand les Israélites eurent recouvré l’arche d’alliance, ils se convertirent au Seigneur et firent disparaître les idoles.
[1] St Thomas d’Aquin.
[2] de l’ancienne alliance.
[3] Puisque les voies que vous avez choisies pour venir et fixer votre séjour au milieu de nous sont celles de l’amour, du sacrifice et de l’anéantissement, que nous n’en suivions pas d’autres pour arriver, sous votre conduite, au but auquel nous tendons, à la lumière que vous habitez. (L’abbé Pimont.)
[4] Ps. 1, 3.
[5] Ps. 4, 8.
[6] Heb. 9, 12.
[7] Ps. 77, 24.
[8] Ex. 12, 6.
[9] I Cor. 5, 7.
[10] Ex. 16, 12.
[11] Jn. 6, 32.
[12] III Reg. 19, 6.
[13] Jn. 6, 52.
[14] Ps. 19, 4.
[15] Ps. 22, 5.
[16] Ps. 41, 5.
[17] Ps. 80, 17.
[18] De miel sauvage déposé par les abeilles dans le creux des rochers.
[19] Gen. 14, 11.
[20] Ps. 109, 3.
[21] Matth. 26, 26.
[22] Job. 31, 31.
[23] Gal. 3, 6.
[24] Gen. 12, 3
[25] Luc. 22, 20.
[26] Lament. 3, 20.
[27] Prov. 9, 1.
[28] Jn. 6, 48.
[29] Ps. 42, 4.
[30] Ps. 80, 17.
[31] Ps. 83, 3.
[32] Ps. 103, 4.
[33] Jn. 6, 49.
[34] Jn. 6, 57.
[35] Deut. 4, 7.
[36] Jn. 6, 58.
[37] Eccli. 15, 3.
[38] I Cor. 11, 29.
[39] Matth. 6, 12.
[40] Dion. De eccl. hier, c III. I.
[41] Dion. Ibid. 3, § II.
[42] II Cor. X, 5.
[43] Dion. Ibid. § XII, XIII.
[44] Dion. Ibid. § III.
[45] Ibid. § VII.
[46] Dion. De eccl. hier. c. III, I.
[47] In Johan. Tract, XXVI, 13.
[48] Iohan. VI, 51, 52.
[49] Ibid. 56.
[50] In Johan. Tract XXVI, 15, 17.
[51] Hymn. Laud.
[52] Luc. XXII, 16.
[53] Matth. XXVI, 29.
[54] Psalm. XXXV, 8-10.
[55] Cant. VIII 5.
[56] Gen. II, 23.
[57] Johan. VI, 57.
[58] In Johan. Tract, XXVI, 18.
[59] Ibid. Tract, XXVII, 1.
[60] I Cor. X, 17.
[61] Aug. Serm. 57, 137.
[62] Ad Rom. IV.
[63] Ad Elipand. Lib. I, 72.
[64] I Cor. XI, 3.
[65] Eph. V, 23.
[66] Johan. IV, 34.
[67] Johan. IV. 32.
[68] Guil. Alv. De Sacram. Euch. c. IV.
[69] Léo. Serm. 14 de Pass.
[70] Aug. Serm. 57 de Scripturis.
[71] Ep. ad Frudeg.
[72] Luc. XXII, 15.
[73] Rom. VI.
[74] Johan. XVII, 21.
[75] Hil. de Trinit. Lib. VIII.
[76] Cyr. Al. in Johan. Lib. X.
[77] Eph. III, 6.
[78] Cyr. Al. in Johan. Lib. X.
[79] Eph IV, 4, 6.
[80] Prov. VIII, 31.
[81] II Petr. I, 4.
[82] I Cor. III, 16.
[83] Apoc. XIX, 7.
[84] Ibid. XXII, 17.
[85] I Cor. XII, 13.
[86] I Petr. II, 2.
[87] Matth. XVIII, 3.
[88] Johan. III, 5.
[89] Clem. Al. Pœdag. I, 6.
[90] Hom. 60 ad Pop. Antioch.
[91] Eph. IV, 13.
[92] Prov. IX, 3-4.
[93] Matth. XVIII, 3-4.
[94] Zen. Ver. Tract, XXXII.
[95] Tract, XLII.
[96] Tract, XXXIII.
[97] Tract, XLIII.
[98] Ruin. Act. sinc. pag. 87.
[99] Via Appia. De Rossi, I, tav. 16.
[100] Via Nomentana. Bosio. 455.
[101] Via Appia. De Rossi, I, tav. 12.
[102] Via Ardeatina. Bosio, 249.
[103] Via Lavicana. Bosio, 363.
[104] Sap. XVI, 20.
[105] Enarr. in Psalm. CXXXIV.
[106] In Psalm. XXXIII.
[107] Johan. I, 1.
[108] In Psalm. CXIX.
[109] In Psalm. XXXIII.
[110] In Psalm. XXX.
[111] Johan. I, 14.
[112] Psalm. LXXVII, 25.
[113] In Psalm. XXX, CXXXIV ; Confess. VII, 18.
[114] Cant I, 1.
[115] Iren. IV 38.
[116] Sap. VIII, 1.