Psaume 94 (Invitatoire)

Psalmus 94 Psaume 94
Dicitur conveniens invitatorium, quod ante psalmum bis integrum recitatur, et ad singulos eiusdem psalmi versus vel integrum vel dimidiatum ab asterisco * alternis vicibus, ut infra, repetitur.On dit l’invitatoire qui convient. On le répète deux fois tout entier avant le psaume, et on le répète alternativement tout entier ou depuis la coupure de l’astérisque* à tour de rôle, ainsi qu’il est indiqué ci-dessous.
Veníte, exsultémus Dómino, iubilémus Deo, salutári nostro : præoccupémus fáciem eius in confessióne, et in psalmis iubilémus ei.Venez [1], réjouissons-nous dans le Seigneur [2], poussons des cris de joie vers Dieu, notre Sauveur : Allons au-devant de lui avec des louanges, et chantons des psaumes à sa gloire.
Repetitur integrum Invitatorium.On répète l’invitatoire en entier.
Quóniam Deus magnus Dóminus, et Rex magnus super omnes deos : quóniam non repéllet Dóminus plebem suam : quia in manu eius sunt omnes fines terræ, et altitúdines móntium ipse cónspicit.Car le Seigneur est le grand Dieu, et le grand Roi au-dessus de tous les dieux : Car le Seigneur ne repoussera pas son peuple : Dans sa main sont tous les confins de la terre, et son regard domine les sommets des montagnes.
Repetitur altera pars Invitatorii.On répète la seconde partie de l’invitatoire.
Quóniam ipsíus est mare, et ipse fecit illud, et áridam fundavérunt manus eius :A lui est la mer, et c’est lui qui l’a faite, et ses mains ont formé le continent :
Genuflectitur :On se met à genoux :
VENÍTE, ADORÉMUS, ET PROCIDÁMUS ANTE DEUM :VENEZ, ADORONS ET PROSTERNONS-NOUS DEVANT DIEU :
plorémus coram Dómino, qui fecit nos, quia ipse est Dóminus Deus noster ; nos autem pópulus eius, et oves páscuæ eius.pleurons devant le Seigneur qui nous a faits [3], car Lui est le Seigneur notre Dieu ; et nous, son peuple, et les brebis de son pâturage.
Repetitur integrum Invitatorium.On répète l’invitatoire en entier.
Hódie, si vocem eius audiéritis, nolíte obduráre corda vestra, sicut in exacerbatióne, secúndum diem tentatiónis in desérto : ubi tentavérunt me patres vestri, probavérunt et vidérunt ópera mea.Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme lorsqu’ils excitèrent ma colère, au jour de la tentation dans le désert : où vos pères m’ont tenté, m’ont mis à l’épreuve, et ont vu mes œuvres [4].
Repetitur altera pars Invitatorii.On répète la seconde partie de l’invitatoire.
Quadragínta annis próximus fui generatióni huic, et dixi : Semper hi errant corde ; ipsi vero non cognovérunt vias meas : quibus iurávi in ira mea : Si introíbunt in réquiem meam.Pendant quarante ans je fus proche de cette génération, et je dis : Toujours leur cœur s’égare ; Et ils n’ont point connu mes voies : de sorte que j’ai juré dans ma colère : Ils n’entreront point dans mon repos [5].
Repetitur integrum Invitatorium.On répète l’invitatoire en entier.
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts :
Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto. Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, et in sǽcula sæculórum. Amen.Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.
Repetitur altera pars Invitatorii.On répète la seconde partie de l’invitatoire.
Denique repetitur integrum Invitatorium.Enfin, on répète l’invitatoire en entier.

[1] Venez ! La prière exige toujours un rapprochement du cœur. Physiquement, nous sommes continuellement tout près de Dieu ; mais nous en sommes moralement loin ou près selon que nos sentiments ont effacé, atténué, ou rendu plus nette et plus belle l’image de Dieu qu’est notre âme illuminée des clartés de la foi et embrasée des ardeurs de la charité. Rapprochons-nous et exultons pieusement en Dieu si nous voulons pouvoir, en toute sécurité, nous rire des attaques de nos ennemis spirituels.(S. Augustin).

[2] Venez, réjouissons-nous dans le Seigneur. Prions en union avec Jésus-Christ et la sainte Église qui nous appellent ; prions pour tous nos frères et particulièrement pour les pécheurs et les infidèles, qui méconnaissent leur Créateur et leur Maître. Le Psaume 94 : Venite exultemus montre combien il est juste de bénir le Seigneur ; car il a tout fait, nous sommes les brebis de son bercail. Écoutons sa voix et n’endurcissons pas nos cœurs, comme le firent les Juifs ingrats, et cela spécialement à deux reprises, durant une période de quarante années : la première fois, dans le désert, la seconde fois, depuis le commencement de la prédication de N. S. jusqu’à la ruine de leur ville.

[3] Il est naturel que l’acte d’adoration soit accompagné d’un renouveau de contrition. Ces pleurs sont un aliment de joie car ils nous sont un témoignage que la grâce de Dieu, ouvrière de repentir, est en nous. (Le P. Hugueny, Psaumes et Cantiques du Bréviaire Romain).

[4] Dieu ne nous a-t-il pas tirés et choisis du milieu des enfants du siècle comme il a tiré les Israélites de l’Égypte, fait passer la Mer Rouge des passions et des vices, nourris, non de cailles et de manne, mais du pain eucharistique qui doit nous soutenir dans le désert qu’est ce monde ? Ce désert a ses jours de tentations, de lassitude où l’âme souffre de la soif, des jours où, dans notre découragement d’enfants ingrats, nous allons jusqu’à dire à l’Esprit-Saint : « Je n’en puis plus ; si vous êtes de Dieu, donnez-moi à boire, ou je cesse de vous suivre ! » (Idem).

[5] Notre repos, c’est le ciel après cette vie. Au sens mystique, c’est ici-bas l’union, l’intimité avec Dieu devenue si constante et si profonde qu’elle transforme toute souffrance en expansion de joyeuse charité. C’est par la confiance que nous entrerons toujours plus avant dans ce repos ; confiance surtout quand tout semble aller au plus mal. C’est l’heure du détachement, l’épreuve des cœurs vraiment fidèles qui ne s’égarent point dans l’oubli des bienfaits reçus de leur divin Sauveur. (Idem).