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10ème dimanche après la Pentecôte

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Sommaire

  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Office  
  Textes de la Messe  
  Dominica Decima post Pentecosten  
  10ème Dimanche après la Pentecôte  

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La ruine de Jérusalem a clos le cycle prophétique dans sa partie consacrée aux institutions et à l’histoire du temps des figures. L’autel du vrai Dieu, fixé par Salomon sur la cime de Moriah, était pour le monde ancien le titre authentique de la véritable religion sous la loi de l’attente. Même après la promulgation du Testament nouveau, l’existence permanente de cet autel, reconnu comme seul légitime autrefois par le Très-Haut [1], pouvait jusqu’à un certain point couvrir encore les partisans attardés de l’ancien ordre de choses. Après sa destruction définitive, aucune excuse n’existe plus ; les plus aveugles sont bien obligés de reconnaître l’abrogation complète d’une religion réduite par le Seigneur à l’impossibilité d’offrir jamais des sacrifices qui faisaient son essence.

Les ménagements que la délicatesse de l’Église gardait jusqu’ici pour la synagogue expirante n’ont plus de raison davantage. C’est dans la pleine liberté de ses allures de reine et d’épouse qu’elle va continuer d’aller aux nations, pour dompter par la puissance de l’Esprit leurs instincts farouches, les unifier en Jésus-Christ, et les établir par la foi dans la possession substantielle, quoique non visible encore [2], des éternelles réalités qu’annonçait la loi des figures. Le Sacrifice nouveau, qui n’est autre que celui de la croix et de l’éternité, apparaît toujours plus comme l’unique centre où sa vie est fixée en Dieu avec le Christ son Époux [3], et d’où dérive l’activité qu’elle déploie pour convertir et sanctifier les hommes des générations successives. L’Église, de plus en plus féconde, demeure plus que jamais stabilisée dans la vie d’union qui lui vaut cette fécondité merveilleuse.

On ne doit donc pas s’étonner si la sainte Liturgie, qui est l’expression de la vie intime de l’Épouse, reflète maintenant mieux que jamais cette stabilité de l’union divine. Toute gradation disparaît, quant aux formules préparatoires du Sacrifice, dans la série des semaines qui vont suivre. Dans les lectures elles-mêmes de l’Office de la nuit, à partir du mois d’août, les livres historiques ont fait, ou vont faire place aux enseignements de la divine Sagesse, qui seront suivis bientôt des livres de Job, Tobie, Judith, Esther, sans autre lien entre eux que celui de la sainteté en précepte ou en acte. Les rapprochements qu’on remarquait encore jusqu’ici entre ces lectures et la composition des Messes du Temps après la Pentecôte, ne sont plus autrement saisissables.

Nous devrons donc nous renfermer désormais, pour chaque Dimanche, dans le commentaire de l’Épitre et de l’Évangile, laissant comme l’Église à l’Esprit divin le soin de faire lever et se développer, selon qu’il voudra en chacun [4], la doctrine qu’elle sèmera de concert avec lui d’une façon si variée. C’est l’avis même qui ressort de l’Épître du jour.

Le grand événement qui devait marquer la consommation des prophéties en renversant les barrières judaïques, vient d’affirmer d’une façon éclatante l’universalité du règne de l’Esprit sanctificateur ; depuis la glorieuse Pentecôte, en effet, il a conquis la terre [5] ; et l’Église, en s’inquiétant peu désormais de suivre un ordre logique dans les enseignements de sa Liturgie, fait profession de se confier moins, pour la réforme des âmes, à une méthode quelconque, qu’à la vertu réunie du Sacrifice et de la parole sainte, mise en œuvre divinement par la spontanéité de cet Esprit d’amour [6].

Ce Dimanche peut être déjà le deuxième de la série dominicale qui autrefois prenait son point de départ à la fête de saint Laurent, et tirait son nom (post Sancti Laurentii) de la solennité du grand diacre martyr. On le nomme aussi le Dimanche de l’humilité ou du Pharisien et du Publicain, à cause de l’Évangile du jour.

A LA MESSE.

L’humble et suppliante confiance que l’Église met dans le secours de son Époux, la préservera toujours des abaissements qui ont châtié la jalousie persécutrice et l’orgueil de la synagogue. Elle exhorte ses fils à l’imiter dans leurs sollicitudes, et ne cesse de faire monter vers le ciel les accents de sa prière.

Toujours sous l’émotion des justices éclatantes exercées contre le peuple juif, la Mère commune rappelle à Dieu que les merveilles de la miséricorde et de la grâce font ressortir encore plus sa toute-puissance ; elle demande, dans la Collecte, une effusion abondante de cette grâce sur l’assemblée chrétienne. Mais quelle grandeur n’a pas, quelle sublimité ne présentait pas autrefois surtout que le rapprochement était plus immédiat, l’attitude de l’Église, lorsqu’en réponse au récit que lui fait son Époux de la plus effroyable vengeance que la juste colère de son Père ait jamais exercée, vraiment épouse et mère, elle ose, elle, débuter par ces mots : Deus qui omnipotentiam tuam PARCENDO MAXIME ET MISERANDO manifestas !

ÉPÎTRE.

Le rejet de la synagogue vient de manifester l’Église comme héritière unique des promesses [7] et dépositaire sans rivale des dons de Dieu ; elle conduit ses fils au Docteur des nations, pour apprendre de lui les principes qui doivent diriger l’appréciation ou l’usage de ces dons. Ainsi qu’on l’aura compris à la lecture de l’Épitre, il s’agit ici de faveurs toutes gratuites qui formaient plus ou moins à l’origine le lot commun des assemblées chrétiennes, et sont restées depuis le privilège de quelques âmes engagées d’ordinaire, quoique non toujours nécessairement, dans les voies spéciales de la Théologie mystique. Si, le plus souvent, les fidèles ne doivent pas rencontrer en eux-mêmes ces facultés infuses de la prophétie, de la science surnaturelle, du don des langues ou du miracle proprement dit, la Vie des Saints n’en forme pas moins toujours le patrimoine commun des enfants de l’Église ; ils ne peuvent donc point négliger de s’entourer des lumières utiles pour la comprendre, et pour mieux profiter d’une étude qui doit leur être si précieuse. Dans cette partie de l’année liturgique consacrée plus spécialement à célébrer les mystères de l’union divine, il importait de rencontrer la notion précise sans laquelle on risquerait de confondre ce qui, dans cette vie supérieure, est la perfection intime de l’âme et sa vraie sainteté, avec les phénomènes extrinsèques, intermittents, variables à l’infini, qui ne sont que le rayonnement divinement capricieux de l’Esprit d’amour.

Telles sont les raisons pour lesquelles l’Église ouvre aujourd’hui à cet endroit le livre de l’Apôtre. Si nous voulons entrer pleinement dans sa pensée, ne bornons point notre attention aux quelques lignes qu’on vient d’en lire ; la fin du chapitre d’où elles sont tirées, les deux qui suivent également, ne font qu’un même tout avec elles et n’en peuvent être séparés [8]. Avec l’exposé de principes qui ne changent pas, nous trouvons là un instructif tableau de ce qu’étaient les réunions des Églises, en ces temps où la toute-puissance de l’Esprit ouvrait partout simultanément et faisait couler à pleins bords la double source du miracle et de la sainteté.

La conquête rapide de l’univers, qui devait faire resplendir dès le commencement la catholicité de l’Église, exigeait un grand déploiement de la vertu d’en haut ; pour que la promulgation de l’alliance nouvelle s accomplît avec autorité parmi les hommes, il avait fallu que Dieu l’entourât de formes solennelles et authentiques en la confirmant par des signes dont lui seul pouvait être l’auteur. De là vient que l’Esprit divin ne prenait guère alors possession d’une âme par le saint baptême, sans démontrer extérieurement la réalité de sa présence dans le nouveau chrétien par quelqu’une des manifestations qu’énumère l’Apôtre. Ainsi le témoin du Verbe [9] accomplissait-il dans l’unité la double mission qu’il avait reçue, de sanctifier en vérité les fidèles du Christ [10], et de convaincre de péché le monde resté rebelle à la parole des messagers de l’Evangile [11].

Trois genres de preuves formaient en effet pour le monde, d’après saint Paul [12], un sûr garant de la divinité de Jésus-Christ : sa résurrection d’entre les morts, la sainteté de ceux qui se faisaient ses disciples, enfin les prodiges sans nombre accompagnant la prédication de ses Apôtres et la conversion des gentils. Sans rappeler autrement aujourd’hui la première de ces preuves qui sera proposée de nouveau dans huit jours à nos méditations, la divinité de la loi que Jésus de Nazareth avait donnée au monde s’affirmait pleinement par la transformation sublime de cette terre, où, on pouvait le redire quand il naquit pour nous sauver, toute chair avait corrompu sa voie [13]. Aucun argument ne pouvait l’emporter, pour les vrais philosophes, sur cette démonstration qui consistait à faire germer en tous lieux du sein de la pourriture une moisson digne du ciel, à remplacer par les mœurs et les aspirations des anges, dans l’homme avili, le règne des appétits de la bête ; car faire prévaloir ainsi sur la corruption la bonne odeur du Christ [14], vivre de sa vie comme faisaient les chrétiens, c’était révéler Dieu aux hommes en manifestant la vie même de Dieu dans une chair mortelle [15]. Mais pour le vulgaire qui ne sait point remonter au delà du présent ni s’élever au-dessus des sens, pour tant d’êtres malheureusement abrutis chez qui la vertu qui ne partage point leurs débauches ne fait qu’exciter de stupides étonnements et d’ineptes blasphèmes [16], l’Esprit-Saint avait préparé une démonstration tangible et visible, à la portée de tous, dans cette exubérance de dons surnaturels en activité partout où se trouvait une Église. Le don des langues, qui avait aidé si puissamment la prédication des Apôtres au jour de la Pentecôte [17], se multipliait avec une stupéfiante largesse autour des fontaines baptismales [18] ; il continuait d’être le signe par la force duquel l’incroyant, surpris d’abord, inclinait peu à peu vers la parole de la foi sa pensée et son cœur [19]. Mais l’œuvre de sa conversion avançait plus encore, lorsqu’introduit dans la réunion de ces hommes de son voisinage qu’il n’avait connus jusque-là que dans la simplicité des rapports de la vie civile, il les retrouvait transformés en prophètes et pénétrant jusqu’aux plus secrets replis de son âme infidèle : convaincu par tous, jugé par tous, il tombait la face contre terre, adorant Dieu et prononçant que le Seigneur était vraiment dans cette assemblée [20].

Les Corinthiens auxquels écrivait saint Paul étaient riches de ces dons spirituels ; rien ne leur manquait en ce genre de grâces, et l’Apôtre en remerciait pour eux le Père de tout bien ; car la bonne nouvelle s’en était trouvée chez eux merveilleusement affermie [21]. Mais celui-là se fût trompé grandement, qui eût voulu conclure de cette profusion de l’Esprit envers leur Église à la perfection des Corinthiens. La jalousie, la vanité, l’entêtement, d’autres défauts encore, ne leur méritaient que trop l’épithète de charnels qui leur était appliquée par l’Esprit-Saint, et empêchaient le Docteur des nations de les traiter autrement qu’en enfants incapables de s’élever dans les hauteurs de la doctrine [22]. Ces privilégiés des grâces gratuites montraient donc bien, dès lors, la différence d’estime qu’il convient au chrétien d’établir entre ces faveurs brillantes, mais stériles pour l’âme, et la grâce justifiante et sanctifiante qui fait l’ami de Dieu.

Fruit régulier des Sacrements institués pour tous par la divine munificence, cette dernière est la base nécessaire du salut ; mesure unique de la gloire future, elle tire du seul mérite de chacun son développement et sa croissance. La grâce gratuite au contraire, irrégulière et spontanée dans son origine comme dans ses allures, ne provient chez l’homme de dispositions ni de mérites d’aucune sorte. Comme l’autorité sur les âmes et les divers ministères dont il est aussi question dans notre Épître, elle a pour but moins l’utilité de celui qui la reçoit que celle de tous ; et ce but, elle l’atteint, quelles que soient d’ailleurs les vertus ou les imperfections de l’instrument qu’elle a voulu choisir. Le miracle ou la prophétie ne supposent donc point nécessairement, par eux seuls, tel ou tel degré de sainteté dans le prophète ou le thaumaturge. Mieux encore que nos Corinthiens, Balaam et Judas en fournissent la preuve ; Dieu, qui avait ses vues indépendantes de leur malice, maintenait en eux ses dons, comme il le fait dans le prêtre indigne exerçant validement, malgré le péché, des pouvoirs plus divins que nuls autres. Au jour du jugement, déclarait l’Homme-Dieu, beaucoup me diront : « Seigneur, Seigneur, est-ce ce que nous n’avons pas prophétisé en votre nom, chassé les démons en votre nom, opéré en votre nom de nombreux miracles ? » Et alors je leur dirai hautement : « Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, ouvriers d’iniquité [23]. »

Aujourd’hui que ces manifestations de la puissance surnaturelle, n’étant plus nécessaires à la promulgation de l’Évangile, sont devenues moins fréquentes, il est rare sans doute qu’elles ne soient pas dans un chrétien l’indice d’une intimité véritable et sanctifiante établie entre lui et l’Esprit d’amour. L’Esprit qui élève ce chrétien au-dessus des voies communes se complaît dans son œuvre ; il aime à attirer sur elle l’attention du peuple fidèle ou de quelques privilégiés qui, émus par ces signes extraordinaires, rendent gloire à Dieu de ce qu’il fait dans cette âme. Alors même pourtant, on jugerait mal du degré d’avancement de l’âme favorisée, au nombre ou à l’éclat de ces faveurs du dehors. C’est le développement de la charité par l’exercice des vertus qui seul fait les saints ; l’union divine, dans ce qu’elle a d’accessible à tous comme sur les sommets réservés de la Théologie mystique, ne dépend aucunement de ces brillants phénomènes ; et ceux-ci, quand ils se produisent dans un sujet, n’attendent point généralement sa consommation dans l’amour qui seule lui donnera, s’il est fidèle, la perfection de la vraie sainteté.

Quelle conclusion poserons-nous pratiquement, sinon cette parole qui résume la doctrine de l’Apôtre : En eux-mêmes estimez tous ces dons comme l’œuvre de l’Esprit-Saint qui enrichit par eux diversement le corps social [24] ; n’en méprisez aucun [25] ; mais quand vous les rencontrerez, préférez comme meilleurs [26] ceux qui vont davantage à l’édification de l’Eglise et des âmes [27].

Enfin, et surtout, écoutons saint Paul disant à la suite : « J’ai à vous montrer une voie autrement excellente [28] ! Quand je parlerais toutes les langues des hommes et des anges, quand je serais prophète et connaîtrais tous les mystères et posséderais toute science, quand j’aurais la foi qui transporte les montagnes : si je n’ai point la charité, je ne suis rien, rien ne me sert. La prophétie disparaîtra, les langues cesseront, la science s’évanouira dans la lumière : la charité ne finira pas, elle l’emporte sur tout [29] ! »

L’Église, au Graduel, revient de nouveau sur la confiance d’Épouse qu’elle met dans le secours de son Dieu ; forte de l’amour qu’elle lui porte et qui la dirige dans les voies de l’équité, elle ne craint point ses jugements. Le Verset exalte la gloire de l’Époux dans Sion ; mais cette fois, et maintenant pour jamais, il s’agit ici de la vraie Sion, de la nouvelle Jérusalem.

ÉVANGILE.

Le Vénérable Bède, commentant ce passage de saint Luc [30], en explique ainsi le mystère : « Le pharisien, c’est le peuple juif qui, se prévalant des justices de la loi, vante ses mérites ; le publicain est le gentil qui, resté loin de Dieu, avoue ses crimes. L’orgueil de l’un fait qu’il s’éloigne abaissé ; l’autre, relevé par ses gémissements, mérite d’approcher dans la louange. C’est des deux peuples, comme de tout humble et de tout superbe, qu’il est de même écrit ailleurs : l’élèvement du cœur précède la ruine, et l’humiliation de l’homme son élévation en gloire [31]. »

On ne pouvait donc choisir, dans le saint Évangile, un enseignement qui convînt mieux après le récit de la chute de Jérusalem. Les enfants de l’Église qui la virent, à ses premiers jours, humiliée dans Sion sous l’arrogance de la synagogue, comprennent maintenant cette parole du Sage : Il est meilleur d’être humilié avec les doux, que de partager les dépouilles avec les superbes [32] ! Selon un autre mot des Proverbes, la langue du Juif, cette langue qui décriait le publicain et accusait le gentil, est devenue dans sa bouche comme une verge d’orgueil [33] qui l’a frappé à son tour en attirant sur lui la ruine. Mais la gentilité, en adorant la justice des vengeances du Seigneur, enchantant ses bontés, doit éviter de prendre elle-même la voie où s’est perdu le peuple infortuné dont elle tient la place. La faute d’Israël a posé le principe du salut des nations, dit saint Paul [34], mais son orgueil serait aussi leur perte ; et tandis qu’Israël est assuré par ses prophéties d’un retour en grâce à la tin des temps [35], rien ne garantit un second appel de la miséricorde aux nations redevenues criminelles après leur baptême. Si, aujourd’hui, la puissance de l’éternelle Sagesse fait porter aux gentils des fruits de gloire et d’honneur [36], qu’ils n’oublient donc jamais leur stérilité première ; alors l’humilité qui seule peut les garder, comme seule naguère elle attira sur eux les regards du Très-Haut, leur demeurera facile, et en même temps ils comprendront la considération dont doit toujours, malgré ses fautes, être entouré l’ancien peuple.

Pendant que le vice originel de leur naissance faisait des peuples gentils comme autant d’oliviers sauvages ne produisant que des fruits sans valeur, l’olivier franc, dans les branches duquel coulait la sève de la grâce, croissait ailleurs, puisant pour ses rameaux la sanctification dans la racine sainte des patriarches bénis de Dieu [37]. Or cet arbre de salut est toujours le même. Quelques branches, il est vrai, étant tombées à terre, d’autres les ont remplacées ; mais cette accession des gentils, admis par grâce à enter leurs rameaux sur la tige sacrée, n’a changé ni cette tige, ni sa racine. Le Dieu des nations n’est point autre que le Dieu d’Isaac et de Jacob ; la souche unique du céleste olivier plonge toujours dans le sein d’Abraham : c’est de la foi de ce juste sans pareil [38], de la bénédiction promise à lui [39] et à son germe divin [40] pour toutes les familles du monde, que procède la sève vivace et luxuriante qui transformera la gentilité dans toute la suite des âges. Que les nations chrétiennes, en quête de leurs origines, se gardent donc d’oublier la principale ! Les fondateurs des empires de la terre ne sont point devant Dieu les vrais pères des peuples ; dans l’ordre des intérêts surnaturels, les seuls qui doivent compter ici-bas, Abraham l’Hébreu [41], sorti de Chaldée à la voix du Très-Haut [42], est devenu dès lors par la fécondité de sa foi l’unique père des nations [43].

Nous comprendrons maintenant cette parole de l’Apôtre : « Arbre sauvage, greffé malgré ta nature sur le franc olivier, ne te glorifie point contre les premiers rameaux. Que si tu es tenté de présomption à leur endroit, songe que ce n’est point toi qui portes la racine, mais la racine qui te porte. Ne t’élève donc pas, mais tiens-toi dans la crainte [44]. »

L’humilité, qui produit en nous cette crainte salutaire, est la vertu qui met l’homme à sa vraie place, dans sa propre estime, à l’égard de Dieu comme de ses semblables. Elle repose sur la conscience intime que la grâce nous met au cœur du tout de Dieu en l’homme et du vide de notre nature, abaissée encore de notre fait à nous-mêmes, par le péché, au-dessous du néant. La raison seule suffit pour donner à qui réfléchit un instant la conviction du néant de toute créature ; mais à l’état de conclusion purement théorique, cette conviction n’est pas encore l’humilité : elle s’impose au démon dans l’enfer, et le dépit qu’elle lui inspire est le plus actif aliment de la rage de ce prince des orgueilleux. Pas plus donc que la foi, qui nous révèle ce qu’est Dieu dans l’ordre de la fin surnaturelle, l’humilité, qui nous apprend ce que nous sommes en face de Dieu, ne procède de la raison pure et ne réside dans la seule intelligence ; pour être une vertu véritable, elle doit tirer d’en haut sa lumière, et mouvoir aussi dans l’Esprit-Saint nos volontés. En même temps que l’Esprit divin fait pénétrer dans nos âmes la notion de leur petitesse, il les incline doucement à l’acceptation, à l’amour de cette vérité que la raison toute seule serait tentée de trouver importune. Et combien la lumière de cet Esprit de vérité [45], de cet incomparable témoin des cœurs [46], ne l’emporte-t-elle pas en ce point, quand il s’empare d’une âme, sur les données de la simple raison ! On est stupéfait lorsqu’on voit jusqu’où va toujours, dans les saints, le sentiment de leur misère ; il les conduit à s’estimer au-dessous de tous, et les pousse, dans leur langage et leurs actes, à des extrémités qui semblent, au jugement de notre pauvre sagesse, excéder par trop les bornes de toute vérité comme de toute justice. Mais l’Esprit qui les dirige et les domine en juge autrement ; et c’est parce qu’il est à la fois l’Esprit de toute vérité comme de toute justice, l’Esprit sanctificateur en un mot, que, voulant accroître immensément leur sainteté, il développe en eux sans mesure la connaissance de la vérité sur eux-mêmes et sur Dieu. Satan, l’esprit de péché, fait prendre aux siens le contre-pied de cette conduite divine, ainsi qu’il le fit au commencement pour lui-même : il ne s’est point tenu dans la vérité, nous dit le Seigneur [47], il a prétendu égaler le Très-Haut [48], mais son orgueil n’a réussi qu’à le fixer pour jamais dans le faux et l’absurde. C’est à cause de cela que la vérité nous délivre [49] en nous enlevant à l’empire de ce père du mensonge, comme elle nous sanctifie [50] en nous unissant à Dieu vérité vivante et substantielle.

A mesure que dans les voies de l’union divine l’homme se rapproche de ce tout infini, de celui qui seul est par essence [51], son être d’emprunt, loin de s’évanouir, gagne sans doute merveilleusement en lumière et chaleur ; mais il achève de perdre, avec sa vie propre, le rayonnement factice qui accompagnait cette vie diminuée, et que, plus éloigné du centre divin, il semblait posséder par lui-même. Ainsi les astres gravitant autour du soleil, quoique plus que jamais transpercés de ses feux quand ils l’avoisinent, s’effacent entièrement sous l’action immédiate de son puissant foyer ; tandis que la clarté qu’ils tiennent de lui paraît moins dépendante avec l’isolement que produit la distance, et semble être la leur d’autant plus qu’ils s’éloignent davantage. Il est des hommes qui ont tout fait, comme Satan, pour quitter l’orbite du divin soleil : plutôt que de s’avouer redevables au Dieu Très-Haut, ils s’anéantiraient, si la chose était possible ; à la jouissance des célestes trésors du Père commun, ouverts à quiconque se reconnaît son enfant, ils préfèrent la satisfaction de s’en tenir aux biens de nature, pour ne relever que d’eux-mêmes. Insensés, qui ne comprennent pas qu’alors même ils n’en tiennent pas moins tout ce qu’ils ont de ce Dieu méconnu [52] ! Esprits infirmes, qui prennent pour sentiments de légitime fierté ces vapeurs du néant dont leurs cerveaux troublés se repaissent ! Leur noblesse n’est qu’ignominie ; leur indépendance n’aboutit qu’au servage. Car, rejetant Dieu comme père, il ne se peut pourtant qu’ils ne l’aient pour maître ; faute donc d’être ses fils, ils seront ses esclaves. A eux tout d’abord, ici-bas, la nourriture grossière qu’ils ont préférée aux pures délices dont la Sagesse enivre ceux qui la suivent ; à eux bientôt le fouet et la chaîne. Ils n’ont point voulu, dans leur suffisance, du trône qu’on leur préparait [53], ni de la robe nuptiale [54] ; qu’ils se drapent, s’ils veulent, dans leurs vêtements luxueux du moment ! Mais déjà, plus avant qu’avec le fer rouge, la note servile s’imprime dans leur chair révoltée. C’est qu’en dépit de leur vaine philosophie, ils n’ont point su que, la vraie grandeur étant dans la vérité, l’humilité pouvait seule les y conduire.

Non seulement l’homme ne s’amoindrit pas en s’abaissant lui-même, puisqu’il ne fait que rentrer ainsi dans la notion de ce qu’il est réellement ; mais, selon l’expression évangélique, le degré de cet abaissement volontaire marque pour chacun la mesure de son élévation devant Dieu. L’Esprit ne ménage point ses dons à qui sait lui en rapporter la gloire. C’est aux petits que le Seigneur du ciel et de la terre révèle ce qu’il cache aux prudents et aux sages [55]. Ou plutôt les vrais sages, les parfaits dont parle saint Paul, qui seuls entendent, pour les avoir éprouvés dès ce monde, les mystères de l’amour infini [56], ne sont-ils pas, nous l’avons dit ailleurs [57], ces parvuli que la Sagesse convoque autour d’elle [58], qui ne sont rien à leurs yeux [59], mais dont la confiante simplicité ravit son cœur [60], et qui trouvent tous les biens dans son divin commerce [61] ? C’est vraiment en eux qu’elle prend ses délices parmi les fils des hommes [62] ; et c’est ce que ne comprenaient point les disciples, lorsqu’à la suite du discours du Sauveur qui fait le sujet de notre Évangile, ils voulaient, ainsi que le rapporte saint Luc, éloigner de lui les petits enfants. Mais Jésus, Sagesse incarnée, les rassemblant au contraire, disait comme dans les livres de l’ancienne Alliance : « Laissez venir à moi les petits enfants, et gardez-vous de les en empêcher, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent ; je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera point [63]. » Dans ce royaume de Dieu, l’humilité des saints dépasse encore en effet ce qu’elle fut sur la terre, parce qu’ils y voient les réalités qu’ils ne saisissaient qu’obscurément durant leur vie. Leur bonheur est de mesurer dans l’adoration cette altitude de Dieu dont ils ne se feront jamais une idée parfaite, et de descendre toujours plus bas dans leur néant. Méditons ces pensées ; nous comprendrons mieux comment les plus grands saints ont été les plus humbles des hommes ici-bas, puisqu’il en est encore ainsi dans le ciel même, la lumière croissant pour les élus en proportion de leur gloire. Près du trône de son divin Fils comme à Nazareth [64], Notre-Dame est toujours la plus humble des créatures, parce qu’elle est la plus éclairée, parce qu’elle comprend mieux que les chérubins et les séraphins la grandeur de Dieu et le néant de la créature.

C’est l’humilité qui donne à l’Église la confiance dont elle fait preuve dans l’Offertoire. Plus, en effet, cette vertu fait sentir à l’homme sa faiblesse, plus elle lui montre en même temps la puissance du Dieu qui se tient toujours prêt à sauver ceux qui l’invoquent.

La Messe est à la fois le suprême honneur qui puisse se rendre à la divine Majesté, et le remède souverain de nos misères. C’est ce qu’exprime la Secrète.

L’Antienne de la Communion chante l’oblation pure, et toute de justice, qui a remplacé les victimes mosaïques sur l’autel du Seigneur

L’incessante réparation que nous trouvons à nos misères dans l’auguste Sacrement serait peu profitable, si la divine bonté ne nous continuait incessamment aussi le secours de ces grâces actuelles qui gardent et accroissent sans fin les trésors de l’âme. Demandons, dans la Postcommunion, un secours qui nous est si nécessaire.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Le cycle dominical ordinaire de la saison d’été se poursuit, sans caractères particuliers. A la différence de la série des dimanches qui avoisinait la fête de saint Pierre, ceux qui gravitent autour de la solennité de saint Laurent ne révèlent aucune allusion, même lointaine, au saint. Il s’agit donc du normal Sacrifice festif de l’Église romaine, se déroulant avec les rites accoutumés. Les grandes chaleurs de la Ville, mentionnées dans le Bréviaire romain lui-même le 5 août, poussent alors patriciens et affranchis à chercher un abri dans les villas de la Sabine ou de Tusculum.

L’introït est le même qu’au jeudi de la semaine de quinquagésime et est tiré du psaume 54. C’est un chant de guerre, mais il est pénétré d’un sentiment de confiance et de filial abandon vis-à-vis de Dieu. « J’invoquerai le Seigneur et Il m’aidera contre ceux qui me persécutent. Dieu les abattra, Lui qui est avant tous les siècles. Toi, remets ton sort au Seigneur, et il te gardera. »

Nous ne devons pas intervertir les rôles : à Dieu revient celui de diriger et de pourvoir ; à nous celui d’exécuter les ordres de sa Providence, d’être comme les bras par lesquels II agit. Si nous renversons cet ordre et nous substituons à Dieu, peut-être nous laissera-t-il faire, mais nous tomberons victimes de notre insuffisance.

La collecte de ce jour est d’une perfection vraiment classique. Dieu fait spécialement resplendir sa toute-puissance en épargnant les coupables et en usant de miséricorde envers les pécheurs. Pensée profonde et parfaitement exacte, car la réintégration d’un égaré requiert une condescendance telle de la part de Dieu, que la puissance qui s’y manifeste est plus grande que celle qui fut requise pour la création du monde elle-même. En effet, l’abîme qui sépare Dieu du mal est plus profond que celui qui le sépare du néant. Et cet abîme, Dieu le franchit, quand, dans son infinie miséricorde, il y descend pour en retirer le pécheur qui s’y était plongé.

Après cette considération de caractère général, et qui sert d’introduction, nous demandons, dans la collecte d’aujourd’hui, que le Seigneur répande à pleines mains sur nous sa miséricorde, si utile pour nous, si glorieuse pour Lui. Le résultat sera une augmentation de la vertu surnaturelle d’espérance, grâce à laquelle les fidèles se sentiront plus que jamais stimulés à se diriger, bien plus, à courir, vers ces biens impérissables que Dieu a promis à celui qui l’aime et qui le sert.

Dans le passage de l’épître aux Corinthiens, saint Paul (I, 12, 2-11) explique la vie multiforme du Saint-Esprit dans le corps mystique de Jésus, l’Église. De même que dans le corps humain chaque membre a des opérations qui lui sont propres, et qui toutefois sont ordonnées à l’harmonie et au salut de l’organisme entier, ainsi, dans la famille chrétienne, doit-il y avoir aussi des distinctions de grâces, de degrés sociaux, de fonctions et d’activité. Tout cela d’ailleurs doit tourner à l’avantage commun, moyennant le bien de la charité qui, à la manière d’un principe vital unique, pénètre tous les organes et les rend participants d’une unique vie.

Le graduel, commun au jeudi après le Ier dimanche de Carême, est tiré du psaume 16 : « Gardez-moi comme la pupille de l’œil, cachez-moi à l’ombre de vos ailes. Que ma sentence vienne de vous ; que vos yeux jugent avec rectitude. » Le thème général de ces psaumes responsoriaux est presque toujours le même. C’est le Christ qui, contre ses adversaires, en appelle à la justice du Père, ou, contre la mort, invoque le salut de la résurrection. Nous sommes la pupille des yeux de Dieu, parce qu’il n’a rien de plus précieux sur la terre que l’âme humaine, où se reflète la beauté de la divine Triade. L’ombre des ailes de Dieu signifie la suavité de la grâce par laquelle Dieu empêche l’âme de pécher.

Le passage évangélique de saint Luc (18, 9-14) rapporte la parabole du pharisien et du publicain. L’antithèse est très vigoureusement marquée, entre le puritanisme orgueilleux et l’humble confession des fautes. Le pharisien puritain se passe volontiers de Dieu dans l’œuvre de son perfectionnement qu’il revendique exclusivement comme sienne ; Dieu, en retour, s’éloigne de ce superbe. L’humble publicain comprend, au contraire, que Dieu seul peut lui faire grâce, commençant l’œuvre de sa sanctification par le pardon de ses fautes, et Dieu vols immédiatement au secours de cette âme qui l’appelle à son aide.

Le verset de l’offertoire, commun au Ier dimanche de l’Avent et au jeudi de Quinquagésime, est tiré du psaume 24 et exprime toute la confiance que l’âme met en Dieu, en face de l’insolence de ses adversaires. « Mon Dieu, à vous je me confie ; ah ! Faites que je n’aie pas à rougir ni à être tourné en dérision par mes ennemis. » L’âme parle de ce péril, non parce qu’il l’épouvante, mais parce qu’elle le méprise. Elle ajoute en effet : Tous ceux, Seigneur, qui se confient en vous, certainement-ne seront pas confondus. »

La secrète de ce jour, avant l’anaphore, est très belle : « Seigneur, que vous soient consacrées les oblations ici présentes, — la formule est au pluriel parce qu’elle se rapporte à toutes les hosties apportées par le peuple, lequel veut participer aux divins Mystères — puisque vous avez disposé que le Sacrifice qui est offert à votre gloire profite aussi à notre salut. » Cela est admirablement dit : l’Eucharistie a en effet deux fins principales. Elle rend à Dieu l’adoration parfaite en esprit et en vérité, celle précisément que Dieu désire ; et elle alimente la charité qui est la vie de l’âme. Cette grâce, que l’on peut en toute vérité comparer à une première résurrection spirituelle, à l’exemple de Jésus immolé mais ressuscité ensuite glorieux, rend le fidèle apte à participer également à la finale résurrection des corps, alors que le Christ remportera son dernier et complet triomphe sur le péché et sur la mort.

L’antienne pour la distribution de la Communion est commune au jeudi de Quinquagésime, et elle est empruntée au psaume 50. Le peuple juif se trouve maintenant dans les mêmes conditions que lorsqu’il était en esclavage à Babylone, sans temple ni autel. Alors il soutenait sa foi messianique par l’espérance de la rédemption future, quand, le temple étant reconstruit, le Seigneur aurait de nouveau agréé les offrandes sur son autel.

Maintenant l’espérance a obtenu son objet ; car l’Israël selon l’esprit, c’est-à-dire la multitude des fidèles symbolisés sous le type prophétique de l’ancien Israël, présente à Dieu en tout lieu de la terre une oblation pure et agréable, offerte sur un autel indestructible, spirituel et saint : le Christ Jésus.

La collecte d’action de grâces n’a pas de caractère particulier. On y demande au Seigneur que, en raison même des divins sacrements par lesquels continuellement il répare nos pertes spirituelles, — il en est pour l’âme comme pour le corps, qui compense par la nourriture matérielle les forces qui s’usent, — il daigne ne jamais nous soustraire ce secours particulier, sans lequel nous sommes incapables de rien faire dans l’ordre de la vie éternelle. En somme, c’est comme motif de grâces ultérieures, que se présente la divine Eucharistie, la bonne grâce, dont il faut que le Seigneur garde en nous les effets, par une longue et ininterrompue série de secours.

L’orgueil, que symbolise le pharisien, est une espèce de lèpre spirituelle, beaucoup plus terrible dans ses conséquences que la concupiscence elle-même. Celle-ci souille le corps, celui-là souille l’âme ; l’une se dompte par les pénitences et avec le temps ; l’autre n’expire pas au lit de mort, il ne se consume même pas dans les flammes de l’enfer.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

L’âme du publicain dans la maison de Dieu.

Dimanche dernier était grave et sombre. L’Église a entr’ouvert la porte de l’enfer et nous a fait jeter un coup d’œil sur ce lieu de tourment. Elle nous a montré le Seigneur pleurant sur Jérusalem ; elle nous a fait voir aussi l’âme humaine pécheresse. Aujourd’hui, notre Mère nous apporte la consolation. Elle nous montre comment Dieu accueille avec miséricorde cette pauvre âme quand elle se repent humblement et revient à lui.

1. La messe (Cum clamarem).

L’Introït est particulièrement triste. Le psaume 54 est un des psaumes de prière les plus désolés. C’est ce psaume qui contient la prédiction de la trahison de Judas. Ces sombres accents du psaume s’éclairent par la parole consolante de notre Mère l’Église dans l’antienne. L’Église a l’expérience des siècles. Songeons à tous les pays où l’on persécute la religion. Quelle n’est pas la supplication angoissée des chrétiens de ces pays ! Ils s’écrient, eux aussi : « Écoute ma prière, Seigneur, ne me repousse pas... » L’Église tranquillise les chrétiens : Dieu se penchera vers vous, lui qui vit éternellement ; jetez vos soucis sur le Seigneur ! — L’Église se représente le Christ comme le Roi assis sur le trône éternel ; il « nourrira » les enfants des hommes.

L’oraison dit : Dieu manifeste sa toute-puissance surtout par le pardon et la miséricorde. L’oraison est une illustration de la prière du publicain.

L’Épitre nous décrit la vie commune de la primitive Église à Corinthe. C’est d’une manière merveilleuse que l’Esprit-Saint dirigeait alors l’Église. Chacun avait un don de grâce spécial. Personne n’a le droit de s’exalter ; tous forment un grand corps ; chaque chrétien est membre de ce corps avec une tâche déterminée. Si nous nous appliquons ces paroles, nous dirons : chacun a sa vocation dans l’Église comme dans la vie. Voyons dans cette vocation notre service de membre du corps mystique du Christ ; cette vocation alors sera grande.

Graduel. Nous sommes venus à l’Église. Or Dieu nous couvre de ses ailes pour nous protéger ; nous sommes chers au Seigneur, comme la prunelle de son œil.

Le grand enseignement de l’Évangile est renfermé dans ces deux mots : humilité — orgueil. Nous sommes des enfants de Dieu quand nous sommes petits devant Dieu, devant les hommes et devant nous-mêmes. Nous sommes des enfants de l’enfer si nous sommes orgueilleux et fiers. Au Saint-Sacrifice se renouvelle la parabole. Nous sommes entrés à l’Église comme d’humbles publicains ; pendant la prière graduelle, nous nous sommes frappés la poitrine ; nous avons crié miséricorde, au Kyrie : nous avons fait notre pèlerinage vers Sion (All.). Maintenant nous recevons du Seigneur la bienheureuse assurance du pardon.

L’Offertoire est une prière d’Avent : elle respire l’accablement et l’ardent désir. La Communion est d’une grande beauté. Pendant que les fidèles s’approchent de la table sainte, on chante le psaume 50, le psaume de pénitence. Le drame de la parabole du publicain s’achève ici. Le chœur chante avec confiance le Miserere, et le publicain reçoit à la table sainte le gage de la rémission des péchés. Ite missa est — « il descendit justifié dans sa maison ».

2. L’âme du publicain en nous. — Pendant ces derniers dimanches, l’Église s’est plue à représenter la vie chrétienne sous l’aspect d’antithèses. Rappelons-nous : nous avons vu l’esclave du péché et l’esclave de Dieu, l’homme spirituel et l’homme charnel, le bon arbre et le mauvais arbre, les enfants de lumière et les enfants du monde. Nous nous trouvons aujourd’hui encore en face d’une pareille antithèse : la parabole si vivante de l’humble publicain et de l’orgueilleux pharisien. Assurément, l’Église notre Mère ne nous laisse pas le choix entre ces images opposées. Non ; nous nous sommes déjà prononcés pour le Christ au moment de notre baptême. Mais, quand nous regardons jusqu’au fond de notre cœur, nous découvrons qu’il y a toujours deux âmes en nous, l’âme inférieure qui veut nous entraîner en bas, et l’âme supérieure qui tend vers Dieu, l’âme païenne et l’âme chrétienne. Ces deux âmes se disputent la possession de notre cœur. La tâche de notre vie est de vaincre de plus en plus notre âme païenne et d’établir la puissance exclusive de notre âme chrétienne. Aujourd’hui, l’Église porte la lumière dans notre intérieur et nous fait découvrir l’âme petite et humble du publicain d’une part et, d’autre part, l’âme orgueilleuse et fière du pharisien. Elle s’unit avec l’âme du publicain et la conduit à la maison de Dieu. Apprenons à connaître davantage ces deux âmes que nous portons en nous.

L’âme inférieure est naturellement indépendante, fière, rebelle ; elle veut être son propre dieu. L’orgueil est un triste héritage qui lui vient de notre premier père. Il lui vient aussi de Lucifer qui osa crier à Dieu : « Je ne servirai pas ». « Je veux élever mon trône au-dessus du trône du Très-Haut ». Satan insinua à Adam : « Vous serez, comme Dieu, connaissant le bien et le mal ». L’orgueil est le masque du royaume infernal. Alors est venu sur la terre le second Adam, le Christ, revêtu du manteau de l’humilité. Son œuvre rédemptrice est un grand acte d’humilité. Saint Paul le dit magnifiquement : « Il s’est dépouillé lui-même, il a pris l’aspect d’un esclave... il a été obéissant jusqu’à la mort, jusqu’à la mort de la Croix » (Phil. II, 7 sq.). L’humilité est la grande loi fondamentale du royaume de Dieu. Chaque soir, l’Église formule cette loi dans son cantique d’action de grâces pour la Rédemption (Magnificat), en empruntant les paroles de la Mère de Dieu. « Il fait descendre de leur trône les puissants et il exalte les humbles... »

Or l’Église prend aujourd’hui par la main cette âme petite et humble ; elle la conduit au Saint-Sacrifice de la Messe et lui donne le gage de la rémission des péchés. Comment nous rendons-nous à l’église ? L’âme du publicain monte au temple (c’est aujourd’hui l’église). Elle s’avance, chargée de ses péchés et de ses faiblesses, consciente de n’avoir rien de bon en elle. Elle ne balbutie qu’un mot : « Seigneur, aie pitié de moi qui suis pécheur ! » C’est aujourd’hui l’Introït, le Confiteor, le Kyrie. Cependant, cette conscience de notre incapacité n’écrase pas notre âme. Au pauvre publicain, notre ; Mère l’Église montre l’autel sur lequel le Christ est présent : « Jette tes soucis sur le Seigneur ; c’est lui qui te nourrira ! » Et comme cette âme a l’impression qu’elle est un vase vide, Dieu, le Seigneur, se plaît à y verser d’abord, à l’avant-messe, l’eau de la sainte doctrine, dans l’Épître et l’Évangile ; il y verse surtout le vin de la grâce, au Saint-Sacrifice. — L’âme du publicain fait un pas de plus, elle va à l’Offrande. Jusqu’ici elle en était restée à l’Introït, elle s’avance maintenant vers l’autel. Ah ! s’écrie-t-elle, toute honteuse, que puis-je offrir ? Je n’ai que mes misères et mes péchés. Notre Mère l’Église vient encore à son secours ; elle lui montre l’autel, le Christ dans sa gloire : « Élève ton regard vers lui, aie confiance en lui ; personne n’a été confondu après avoir espéré en lui » (Offertoire.). Humilité et confiance profonde, tels sont aujourd’hui les dons que nous déposerons sur l’autel. Le Seigneur Jésus se présente réellement devant nous au moment de la Consécration, comme il apparut à Thomas l’incrédule après sa Résurrection. A la Communion, il vient à nous, pauvres publicains, et nous dit : « Va en paix, tu es justifié ». L’âme tombe comme Thomas aux pieds du Seigneur et chante avec confiance le Miserere, le psaume de pénitence (ps. 50) (antienne de communion). L’âme du publicain est venue à l’église, accablée du poids de ses péchés, avec un profond besoin de rédemption ; elle s’en retourne avec la certitude joyeuse d’avoir été pardonnée.

Office

Ant. du Magnificat aux 1ères Vêpres Joas fit * ce qui était droit devant le Seigneur, pendant tous les jours que l’instruisit Joïada, le prêtre.

Leçons des Matines avant 1960 Au premier nocturne. Du quatrième livre des Rois. Première leçon. En la onzième année de Joram fils d’Achab, Ochozias était devenu roi sur Juda. Jéhu rentra à Jizréel et Jézabel l’apprit. Elle se farda les yeux, s’orna la tête, se mit à la fenêtre et, lorsque Jéhu franchit la porte, elle dit : « Cela va-t-il bien, Zimri, assassin de son maître ? » Jéhu leva la tête vers la fenêtre et dit : « Qui est avec moi, qui ? » et deux ou trois eunuques se penchèrent vers lui. Il dit : « Jetez-la en bas. » Ils la jetèrent en bas, son sang éclaboussa les murs et les chevaux qui la piétinèrent. [Jéhu] entra, mangea et but, puis il ordonna : « Occupez-vous de cette maudite et donnez-lui la sépulture, car elle est fille de roi. » Deuxième leçon. On alla pour l’ensevelir, mais on ne trouva d’elle que le crâne, les pieds et les mains. On revint en informer Jéhu, qui dit : « C’est la parole du Seigneur, qu’il a prononcée par le ministère de son serviteur Élie le Tisbite : Dans le champ de Jizréel, les chiens dévoreront la chair de Jézabel ; le cadavre de Jézabel sera comme du fumier épandu dans la campagne, en sorte qu’on ne pourra pas dire : C’est Jézabel. » Il y avait à Samarie septante fils d’Achab. Jéhu écrivit des lettres qu’il envoya à Samarie aux commandants de la ville, aux anciens et aux tuteurs des enfants d’Achab" Il disait : « Maintenant, – quand cette lettre vous parviendra, – vous avez avec vous les fils de votre maître, vous avez les chars et les chevaux, les villes fortes et les armes. Voyez quel est, parmi les fils de votre maître, le meilleur et le plus digne, mettez-le sur le trône de son père, et combattez pour la maison de votre maître. »

Troisième leçon. Ils eurent une très grande peur et dirent : « Voilà que les deux rois n’ont pas tenu devant lui, comment pourrions-nous tenir nous-mêmes ? » Le maître du palais, le commandant de la ville, les anciens et les tuteurs envoyèrent ce message à Jéhu : « Nous sommes tes serviteurs, nous ferons tout ce que tu ordonneras, nous ne proclamerons pas de roi ; fais ce qui te paraît bon. » Jéhu leur écrivit une seconde lettre, où il disait : « Si donc vous êtes pour moi et si vous voulez m’écouter, prenez les têtes des hommes de la maison de votre maître et venez me trouver demain à cette heure à Jizréel. » (Il y avait chez les grands de la ville, qui les élevaient, septante fils du roi.) Dès que cette lettre leur parvint, ils prirent les fils du roi, les égorgèrent tous les septante, mirent leurs têtes dans des corbeilles et les lui envoyèrent à Jizréel.

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Jean Chrysostome.

Quatrième leçon. N’allons pas croire que nous serons excusés parce que d’autres ont péché avec nous. Au contraire, notre châtiment n’en sera que plus grand. Le serpent a été puni plus que la femme et celle-ci plus que l’homme ; la peine imposée à Jézabel fut plus dure que celle d’Achab ; lui, il avait accaparé la vigne, mais elle avait ourdi toute l’affaire et précipité le roi dans sa chute. Toi aussi, dès lors, si tu as mené d’autres hommes à leur perte, tu subiras un sort plus terrible que ceux qui seront tombés par ta faute. Autre chose est, en effet, de pécher soi-même, autre chose – et plus pernicieuse – d’inciter autrui à pécher.

Cinquième leçon. Ainsi donc, si nous voyons d’autres se livrer au péché, loin de les encourager, efforçons-nous de les retirer de l’abîme de leur malice, si nous ne voulons pas payer pour la ruine d’autrui. Souvenons-nous sans cesse du tribunal redoutable, du fleuve de feu, des chaînes infrangibles, des ténèbres épaisses, des grincements de dents, du ver qui empoisonne. « Mais, diras-tu, Dieu aime les hommes. » Alors, tout ceci n’est que verbiage ? Et ce riche qui méprise Lazare, n’est-il point puni ? Et les vierges étourdies, ne sont-elles pas rejetées de la salle des noces ? Et ceux qui n’ont pas voulu soulager la faim du Christ ne vont-ils pas au feu préparé pour le diable ? Celui qui ose se montrer avec des vêtements sordides ne périra-t-il pas, pieds et poings liés ? Et celui qui a exigé le remboursement de ses cent deniers, n’est-il pas livré aux bourreaux ? Et ce qui est dit des adultères : « Leur ver ne mourra pas et leur feu ne s’éteindra jamais », cela ne sera-t-il pas vrai ?

Sixième leçon. Ces mots n’évoquent-ils que de simples menaces ? « Justement », diras-tu. Mais au nom de quel argument, dis-moi, oses-tu soutenir cela et porter, de ta propre autorité, un tel jugement ? Pour moi, je pourrai te prouver le contraire, à partir des paroles de Dieu et de ses œuvres. Car, si tu refuses de croire à l’annonce des châtiments futurs, crois du moins en voyant ceux qui ont déjà eu lieu. Assurément, ce qui s’est passé, et a pris forme d’évènements concrets, on ne peut l’appeler menaces et verbiage. Qui donc a submergé toute la terre au temps de Noé, déchaîné le terrible déluge et fait périr notre race tout entière ? Ensuite qui a lancé la foudre et les traits de feu sur le pays de Sodome ? Qui a englouti sous les flots toute l’Égypte ? Qui a voué aux flammes la bande d’Abiron ? Qui faucha en un instant septante mille hommes au temps de David ? Qui a infligé tous ces châtiments et d’autres encore, qui donc, sinon Dieu ?

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
En ce temps-là : Jésus dit cette parabole à l’adresse de certains qui se flattaient d’êtres justes et méprisaient les autres : Deux homme montèrent au temple pour prier, l’un Pharisien et l’autre publicain. Et le reste.

Homélie de l’évêque saint Augustin, évêque. Septième leçon. Si au moins ce pharisien avait dit : Je ne suis pas comme beaucoup d’hommes. Car par ces mots « le reste des hommes » que veut-il dire sinon, tous, lui seul excepté ? Moi, dit-il, je suis juste, tous les autres, pécheurs. « Je ne suis pas comme le reste des hommes, injustes, voleurs, adultères. » Et voici pour toi, dans le voisinage d’un publicain, une occasion de te rengorger davantage. « Comme ce publicain-là », dit-il. « Moi, dit-il, je suis un être à part ! Celui-là est un des autres ! » Non, dit-il, je ne suis pas tel que lui ! Grâce à mes oeuvres de justice, je ne suis pas un homme malhonnête. Huitième leçon. « Je jeûne deux fois la semaine, je paie la dîme de tout ce que je gagne. » Qu’a-t-il demandé à Dieu ? Cherche dans ses paroles, tu ne trouveras rien ! Il monte prier. Or, il ne veut pas implorer Dieu, mais se louer soi-même. C’est trop peu dire : « Pas implorer Dieu, mais se louer soi-même. » En surplus, il insulte celui qui prie. « Le publicain, lui, se tenait à distance » et cependant, il s’approchait de Dieu. Sa conscience secrète l’en éloignait, sa piété l’en rapprochait. « Le publicain, lui, se tenait à distance », mais, tout proche, le Seigneur lui prêtait attention. Neuvième leçon. Le Seigneur est le Très-Haut et il regarde l’humilité. Mais les hommes hautains, – et le pharisien était l’un d’eux –, il ne les connaît que de loin. Leurs actes hautains, Dieu les connaît de loin, mais il ne méconnaît pas leur faute. Écoute encore l’humilité du publicain. Non content de se tenir à distance, il ne levait même pas les yeux vers le ciel. Afin d’être regardé, lui ne regardait pas. Il n’osait pas relever les yeux. Sa conscience l’opprimait, l’espérance le soulevait. Écoute encore : « Il se frappait la poitrine. » De lui-même, il exige un châtiment. Aussi le Seigneur épargne-t-il celui qui confesse sa faute. « Il se frappait la poitrine en disant : Mon Dieu, sois indulgent au pécheur que je suis. » Le voilà, celui qui prie ! Pourquoi t’étonner ? La faute qu’il reconnaît Dieu, lui, ne veut plus la connaître.

Ant. du Benedictus à Laudes Le publicain, se tenant éloigné, n’osait pas lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, en disant : O Dieu, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur.

Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres Celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre ; car quiconque s’élève sera humilié, et quiconque s’humilie sera élevé.

Textes de la Messe

Dominica Decima post Pentecosten

10ème Dimanche après la Pentecôte

II Classis
2ème Classe
Ant. ad Introitum. Ps. 54, 17, 18, 20 et 23.Introït
Dum clamárem ad Dóminum, exaudívit vocem meam, ab his, qui appropínquant mihi : et humiliávit eos, qui est ante sǽcula et manet in ætérnum : iacta cogitátum tuum in Dómino, et ipse te enútriet.Lorsque je criais vers le Seigneur, il a exaucé ma voix, me mettant à l’abri de ceux qui m’assiégeaient. Il les a humiliés, lui qui est avant tous les siècles et demeure à jamais. Jetez vos préoccupations aux mains du Seigneur, et lui-même vous nourrira.
Ps. ibid., 2.
Exáudi, Deus, oratiónem meam, et ne despéxeris deprecatiónem meam : inténde mihi et exáudi me.Exaucez, ô Dieu, ma prière et ne méprisez pas ma supplication, écoutez-moi et exaucez-moi.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui omnipoténtiam tuam parcéndo máxime et miserándo maniféstas : multíplica super nos misericórdiam tuam ; ut, ad tua promíssa curréntes, cæléstium bonórum fácias esse consórtes. Per Dóminum.O Dieu, qui montrez particulièrement votre toute puissance en pardonnant et en compatissant, multipliez sur nous votre miséricorde, afin qu’après avoir recherché les biens que vous avez promis, nous soyons rendus participants de ces biens dans le ciel.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios.Lecture de l’Épître du B. Apôtre Paul aux Corinthiens.
1. Cor 12, 2-11.
Fratres : Scitis, quóniam, cum gentes essétis, ad simulácra muta prout ducebámini eúntes. Ideo notum vobisfacio, quod nemo in Spíritu Dei loquens, dicit anáthema Iesu. Et nemo potest dícere, Dóminus Iesus, nisi in Spíritu Sancto. Divisiónes vero gratiárum sunt, idem autem Spíritus. Et divisiónes ministratiónum sunt, idem autem Dóminus. Et divisiónes operatiónum sunt, idem vero Deus, qui operátur ómnia in ómnibus. Unicuíque autem datur manifestátio Spíritus ad utilitátem. Alii quidem per Spíritum datur sermo sapiéntiæ álii autem sermo sciéntiæ secúndum eúndem Spíritum : álteri fides in eódem Spíritu : álii grátia sanitátum in uno Spíritu : álii operátio virtútum, álii prophétia, álii discrétio spirítuum, álii génera linguárum, álii interpretátio sermónum. Hæc autem ómnia operátur unus atque idem Spíritus, dívidens síngulis, prout vult.Mes frères, vous savez que, lorsque vous étiez païens, vous vous laissiez entraîner vers les idoles muettes, selon qu’on vous menait. C’est pourquoi je vous déclare que personne, parlant par l’Esprit de Dieu,ne dit anathème à Jésus ; et personne ne peut dire : ‘Seigneur Jésus’, si ce n’est par Esprit-Saint. Sans doute il y a diversité de grâces ; mais il n’y a qu’un même Esprit. Il y a diversité de ministères ; mais il n’y a qu’un même Seigneur. Et il y a aussi diversité d’opérations ; mais il n’y a qu’un même Dieu, qui opère tout en tous. Or la manifestation de l’Esprit est donnée à chacun pour l’utilité commune. En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse ; à un autre, une parole de science, selon le même Esprit ; à un autre la foi, par le même Esprit ; à un autre, la grâce des guérisons par le même Esprit ; à un autre, le don d’opérer des miracles ; à un autre, la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre, la diversité des langues ; à un autre, l’interprétation des langues. Or c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, les distribuant à chacun comme il veut.
Graduale. Ps. 16, 8 et 2.Graduel
Custódi me, Dómine, ut pupíllam óculi : sub umbra alárum tuárum prótege me.Défendez-moi, Seigneur, comme la prunelle de l’œil, protégez-moi à l’ombre de vos ailes.
V/. De vultu tuo iudícium meum pródeat : óculi tui vídeant æquitátem.Que mon jugement procède de votre face ; que vos yeux voient dans l’équité.
Allelúia, allelúia. V/.Ps 64, 2.
Te decet hymnus, De us, in Sion : et tibi redde tu votum in Ierúsalem. Allelúia.L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 18, 9-14.
In illo témpore : Dixit Iesus ad quosdam, qui in se confidébant tamquam iusti et aspernabántur céteros, parábolam istam : Duo hómines ascendérunt in templum, ut orárent : unus pharisǽus, et alter publicánus. Pharisǽus stans, hæc apud se orábat : Deus, grátias ago tibi, quia non sum sicut céteri hóminum : raptóres, iniústi, adúlteri : velut étiam hic publicánus. Ieiúno bis in sábbato : décimas do ómnium, quæ possídeo. Et publicánus a longe stans nolébat nec óculos ad cælum leváre : sed percutiébat pectus suum, dicens : Deus, propítius esto mihi peccatóri.Dico vobis : descéndit hic iustificátus in domum suam ab illo : quia omnis qui se exáltat, humiliábitur : et qui se humíliat, exaltábitur.En ce temps-là, Jésus dit cette parabole à quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes, comme étant justes, et qui méprisaient les autres : Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était pharisien, et l’autre publicain. Le pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes, adultères, ni même comme ce publicain. Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. Et le publicain, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, en disant : O Dieu, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur. Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre ; car quiconque s’élève sera humilié, et quiconque s’humilie sera élevé.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 24, 1-3.Offertoire
Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam : neque irrídeant me inimíci mei : étenim univérsi, qui te exspéctant, non confundéntur.Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme ; mon Dieu, je mets ma confiance en vous, que je n’aie pas à rougir. Et que mes ennemis ne se moquent point de moi, car tous ceux qui espèrent en vous, ne seront pas confondus.
Secreta.Secrète
Tibi, Dómine, sacrifícia dicáta reddántur : quæ sic ad honórem nóminis tui deferénda tribuísti, ut eadem remédia fíeri nostra præstáres. Per Dóminum.Qu’ils vous rendent gloire, Seigneur, les sacrifices qui vous sont dédiés et que vous nous avez accordé d’offrir à l’honneur de votre nom, afin qu’ils deviennent aussi des remèdes pour nos âmes.
Præfatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur præfatio communis. Préface de la Sainte Trinité  ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune .
Ant. ad Communionem. Ps. 50, 21.Communion
Acceptábis sacrificium iustítiæ, oblatiónes et holocáusta, super altáre tuum, Dómine.Vous agréerez, Seigneur, un sacrifice de justice, les oblations et les holocaustes sur votre autel.
Postcommunio.Postcommunion
Quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, quos divínis reparáre non désinis sacraméntis, tuis non destítuas benígnus auxíliis. Per Dóminum nostrum.Nous vous en supplions, Seigneur, notre Dieu, dans votre bonté, ne privez pas de votre secours ceux que vous ne cessez de fortifier au moyen de vos divins sacrements.

[1] Deut. XII, 13-14.

[2] Heb. XI, 1.

[3] Col. III, 3.

[4] I Cor. XII, 11.

[5] Sap. I, 7.

[6] Jean. III, 8.

[7] Gal. IV, 3o.

[8] I Cor. XII, XIII, XIV.

[9] Jean. XV, 26.

[10] Ibid. XVII, 17.

[11] Ibid. XVI, 8-11 ; I Cor. XIV, 22, 24, 25.

[12] Rom. I, 4.

[13] Gen. VI, 12.

[14] II Cor. II, 14-16.

[15] II Cor. IV, 10-11

[16] I Petr. IV, 4.

[17] Act. II, 6-11.

[18] Ibid. X, 44-48.

[19] I Cor. XIV, 22.

[20] Ibid. 24-25.

[21] I Cor. I, 4-7.

[22] Ibid. III, 1-3.

[23] Matth. VII, 22-23.

[24] I Cor. XII, 11-3o.

[25] Ibid. XIV, 39.

[26] Ibid. XII, 31.

[27] Ibid. XIV, 12.

[28] Ibid. XII, 31.

[29] Ibid. XIII, 1-13.

[30] Bed. in Luc. V.

[31] Prov. XVIII, 12.

[32] Ibid. XVI, 19.

[33] Ibid. XIV, 3.

[34] Rom. XI, 11.

[35] Ibid. 25-27.

[36] Eccli. XXIV, 23.

[37] Rom. XI, 16-24.

[38] Ibid. IV, 11-18.

[39] Gen. XII, 3.

[40] Ibid. XXII, 18.

[41] Gen. XIV, 13.

[42] Ibid. XII, 1-4.

[43] Ibid. XVII, 4-7.

[44] Rom. XI, 18, 20, 24.

[45] Jean. XIV, 17.

[46] Sap. 1, 6.

[47] Jean. VIII, 44.

[48] Isai. XIV, 14.

[49] Jean. VIII, 32, 34.

[50] Ibid. XVII, 17.

[51] Ex. III, 14.

[52] I Cor. IV, 7.

[53] Sap. VI, 22.

[54] Eccli. VI, 22.

[55] Luc. X, 21.

[56] I Cor. 11, 6-16.

[57] Mardi dans l’Octave du S.-Sacrement.

[58] Prov. IX, 4.

[59] Sap. IX, 5.

[60] Ibid. VIII.

[61] Ibid. VII, 11.

[62] Prov. VIII, 31.

[63] Luc. XVIII, 15-17.

[64] Ibid. I, 48.