Psaume 107

Psalmus 107 Psaume 107
Parátum cor meum, Deus, parátum cor meum : * cantábo, et psallam in glória mea.Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt [1] : * je chanterai et je psalmodierai dans ma gloire.
Exsúrge, glória mea, exsúrge, psaltérium et cíthara : * exsúrgam dilúculo.Lève-toi, ma gloire : levez-vous, psaltérion et cithare : * je me lèverai dès l’aurore [2].
Confitébor tibi in pópulis, Dómine : * et psallam tibi in natiónibus.Je Vous célébrerai, Seigneur, au milieu des peuples : * et je Vous chanterai parmi les nations.
Quia magna est super cælos misericórdia tua : * et usque ad nubes véritas tua :Car votre miséricorde s’est plus grande que les cieux : * et votre vérité jusqu’aux nues [3].
Exaltáre super cælos, Deus, et super omnem terram glória tua : * ut liberéntur dilécti tui.Soyez exalté, ô Dieu, au-dessus des cieux, et votre gloire sur toute la terre : * pour que vos bien-aimés soient délivrés [4].
Salvum fac déxtera tua, et exáudi me : * Deus locútus est in sancto suo :Sauvez-moi par votre droite et exaucez-moi : * Dieu a parlé dans son sanctuaire :
Exsultábo, et dívidam Síchimam : * et convállem tabernaculórum dimétiar.J’exulterai, et Je partagerai Sichem : * et Je mesurerai la vallée des Tentes [5].
Meus est Gálaad, et meus est Manásses : * et Ephraim suscéptio cápitis mei.A moi [6], Galaad, et à Moi Manassé : * et Éphraïm est le soutien de ma tête.
Iuda rex meus : * Moab lebes spei meæ.Juda est mon roi [7] : * Moab est comme le vase de mon espérance.
In Idumǽam exténdam calceaméntum meum : * mihi alienígenæ amíci facti sunt.J’étendrai ma chaussure sur l’Idumée : * les étrangers sont devenus mes amis.
Quis dedúcet me in civitátem munítam ? * quis dedúcet me usque in Idumǽam ?Qui me conduira à la ville fortifiée [8] ? * qui me conduira jusqu’en Idumée ?
Nonne tu, Deus, qui repulísti nos, * et non exíbis, Deus, in virtútibus nostris ?N’est-ce pas Vous, ô Dieu, qui nous avez repoussés ? * et ne sortirez-Vous pas, ô Dieu, à la tête de nos armées [9] ?
Da nobis auxílium de tribulatióne : * quia vana salus hóminis.Donnez-nous du secours contre la tribulation : * car vain est le salut de l’homme [10].
In Deo faciémus virtútem : * et ipse ad níhilum dedúcet inimícos nostros.En Dieu nous ferons preuve de courage [11] : * et Lui-même réduira à néant nos ennemis.
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts :
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

[1] Dès le début de ce jour que la Providence me donne, mon cœur doit être prêt, c’est-à-dire que je dois être préparé, non seulement à agir extérieurement, mais prêt de cœur et de sentiment. (Saint Jérôme), afin de faire la volonté du Seigneur mon maître, avec l’acquiescement profond et le zèle ardent de l’amour.

[2] Dieu veut être béni dans la lumière. Même dans la nuit, nous le bénissons dans la lumière car le soleil de justice brille toujours pour le chrétien. Dans un sens plus relevé, on peut dire que c’est le Seigneur qui chante, en parlant à son corps : Lève-toi, psaltérion et harpe, toi qui es descendu aux enfers et y est demeuré, lève-toi du tombeau. Le corps et la nature humaine dont s’est revêtu le Fils de Dieu, louent le Seigneur, bénissent Dieu le Père. (S. Jérôme).

[3] Sans J.-C., nous n’aurions part ni à la miséricorde, ni à la vérité de Dieu. En exaltant ces deux grands attributs du Seigneur, en en faisant la base de leur confiance, les Prophètes devaient avoir en vue le Sauveur qui est venu nous offrir de la part de Dieu une miséricorde sans bornes, ainsi que la connaissance de la vérité, et qui est mort pour les établir parmi les hommes. (Berthier).

[4] Le Prophète invite par ce verset Jésus-Christ à manifester sa gloire dans le ciel et sur la terre. (Berthier). Brûlons d’amour pour lui parce qu’il s’est fait semblable à nous ; tremblons, parce que nous lui ressemblons encore si peu. (S. Augustin).

[5] Je mesurerai la vallée des tentes. Notre Seigneur et Sauveur est entré dans notre vallée de larmes pour nous imposer son joug si doux et son fardeau si léger. (Saint Jérôme.) Il mesure la faiblesse et les douleurs du voyageur d’ici-bas.

[6] Ce verset ainsi que les deux suivants, dans le sens littéral, énoncent les succès remportés par David sur ses ennemis ou l’avantage qu’il avait eu de réunir sous son sceptre les tribus divisées d’Israël. Dans le sens prophétique, ils ont trait aux victoires de Jésus-Christ et de l’Église sur tous les peuples, en les faisant entrer dans la nouvelle alliance, (Berthier).

[7] Tout chrétien peut redire ces mots, parce que le Christ est sorti de la tribu de Juda et qu’à lui plus qu’à personne appartient le titre de roi. (Berthier).

[8] Une ville fortifiée, au sens littéral, Détra, la capitale de l’Idumée. Au sens spirituel, le Christ invite les apôtres et les missionnaires de tous les siècles à porter son nom dans les pays et les cités qui l’ignorent et à triompher des remparts où se retranche l’erreur. Au sens mystique, la cité fortifiée, c’est notre volonté qui résiste souvent à la grâce divine et où, néanmoins, le Seigneur désire régner.

[9] Au sens mystique, dans nos luttes pour les progrès dans la vertu : disons au Sauveur : « Vous qui avez souffert pour nous, pourquoi ne venez-vous pas à notre secours ; ne marcherez-vous pas à la tête de nos armées. Parler ici d’armées, cela veut dire que c’est lorsque nous faisons des efforts que Dieu nous aide. L’athlète qui se livre au sommeil perd la victoire.

[10] Voulez-vous être exaucé par le Seigneur ? Soyez dans la tribulation (acceptez-la), criez vers lui ; et vous serez exaucé. Vain est le salut de l’homme. Voici quelqu’un qui a placé son espérance dans un prince, un accident subit vient-il enlever celui en qui il mettait son espoir, cette espérance de salut s’évanouit tout entière. Nous n’avons d’espérance qu’en Dieu. (S. Jérôme).

[11] A leur exemple nous ferons preuve de courage, non avec le glaive, non à la vue des hommes, mais dans notre intérieur où réside Dieu qui l’anime et qui vaincra nos ennemis. (Saint Augustin, Disc. sur le Ps. LIX).