Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
La liturgie de ce jour exalte la justice de Dieu (Intr., Ev.) qui se manifeste par le triomphe de Jésus et par l’envoi du Saint-Esprit. « La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance en ressuscitant le Christ d’entre les morts » (All.) et en le faisant monter au ciel le jour de son Ascension. Il nous est expédient que Jésus quitte la terre, car du ciel il enverra à son Église l’Esprit de vérité (Ev.), ce don excellent qui vient du Père des lumières (Ep.). L’Esprit-Saint nous enseignera toute vérité (Ev., Off., Secr.), « il nous annoncera » ce que Jésus lui dira et c’est en écoutant cette parole de vie que nous serons sauvés (Ép.). L’Esprit-Saint nous dira les merveilles que Dieu a opérées pour son Fils (Intr., Off.) et ce témoignage de la justice éclatante faite à Notre-Seigneur consolera nos âmes et nous soutiendra au milieu des persécutions. Et comme, au dire de St Jacques, « l’épreuve de notre foi produit la patience, laquelle bannit l’inconstance et rend les œuvres parfaites » (1er Nocturne), « nous imiterons de la sorte la patience de notre Dieu et de notre Père » (2nd Nocturne) en qui « il n’y a ni variation, ni changement » (Ép.) et « nos cœurs seront alors fixés là où sont les joies véritables » (Or.). L’Esprit-Saint convaincra aussi Satan et le monde du péché qu’ils ont commis en livrant Jésus à la mort (Év., Com.) et en continuant à le persécuter dans son Église.
Ant. ad Introitum. Ps. 97, 1 et 2. | Introït |
Cantáte Dómino cánticum novum, allelúia : quia mirabília fecit Dóminus, allelúia : ante conspéctum géntium revelávit iustítiam suam, allelúia, allelúia, allelúia. | Chantez au Seigneur un cantique nouveau, alléluia ; car le Seigneur a opéré des merveilles, alléluia, Il a révélé sa justice aux yeux des nations, alléluia, alléluia, alléluia. |
Ps. ibid, 1. | |
Salvávit sibi déxtera eius : et bráchium sanctum eius. | Sa droite et son saint bras l’ont fait triompher. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui fidélium mentes uníus éfficis voluntátis : da pópulis tuis id amáre quod prǽcipis, id desideráre quod promíttis ; ut inter mundánas varietátes ibi nostra fixa sint corda, ubi vera sunt gáudia. Per Dóminum. | Dieu, qui donnez aux cœurs de vos fidèles une même volonté : accordez à vos peuples d’aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les joies véritables. |
Léctio Epístolæ beáti Iacóbi Apóstoli. | Lecture de l’Épître du Bienheureux Apôtre Jacques. |
Iac. 1, 17-21. | |
Caríssimi : Omne datum óptimum, et omne donum perféctum desúrsum est, descéndens a Patre lúminum, apud quem non est transmutátio nec vicissitúdinis obumbrátio. Voluntárie enim génuit nos verbo veritátis, ut simus inítium áliquod creatúræ eius. Scitis, fratres mei dilectíssimi. Sit autem omnis homo velox ad audiéndum : tardus autem ad loquéndum et tardus ad iram. Ira enim viri iustítiam Dei non operátur. Propter quod abiiciéntes omnem immundítiam et abundántiam malítiæ, in mansuetúdine suscípite ínsitum verbum, quod potest salváre ánimas vestras. | Mes bien-aimés, toute grâce excellente et tout don parfait descend d’en haut, et vient du Père des lumières, chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement. De sa propre volonté il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures. Vous le savez, mes frères bien-aimés. Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, et lent à se mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de méchanceté, recevez avec douceur la parole entrée en vous qui peut sauver vos âmes. |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 117, 16. Déxtera Dómini fecit virtútem : déxtera Dómini exaltávit me. | Allelúia, allelúia. V/. La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance ; la droite du Seigneur m’a exalté. |
Allelúia. V/. Rom. 6, 9. Christus resúrgens ex mórtuis iam non móritur : mors illi ultra non dominábitur. Allelúia. | Allelúia. V/. Le Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus la mort n’aura plus d’empire sur lui. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Suite du Saint Évangile selon saint Jean. |
Ioann. 16, 5-14. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Vado ad eum, qui misit me : et nemo ex vobis intérrogat me : Quo vadis ? Sed quia hæc locútus sum vobis, tristítia implévit cor vestrum. Sed ego veritátem dico vobis : expédit vobis, ut ego vadam : si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos : si autem abíero, mittam eum ad vos. Et cum vénerit ille. árguet mundum de peccáto et de iustítia et de iudício. De peccáto quidem, quia non credidérunt in me : de iustítia vero, quia ad Patrem vado, et iam non vidébitis me : de iudício autem, quia princeps huius mundi iam iudicátus est. Adhuc multa hábeo vobis dícere : sed non potéstis portáre modo. Cum autem vénerit ille Spíritus veritátis, docébit vos omnem veritátem. Non enim loquétur a semetípso : sed quæcúmque áudiet, loquétur, et quæ ventúra sunt, annuntiábit vobis. Ille me clarificábit : quia de meo accípiet et annuntiábit vobis. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Je vais à celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où allez-vous ? Mais, parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. Cependant, je vous dis la vérité : il vous est utile que je m’en aille ; car, si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra point à vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. Et lorsqu’il sera venu, il convaincra le monde ne ce qui concerne le péché, la justice et le jugement. En ce qui concerne le péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ; en ce qui concerne la justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus ; en ce qui concerne le jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité. Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera l’avenir. Il me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Ps. 65, 1-2 et 16. | Offertoire |
Iubiláte Deo, univérsa terra, psalmum dícite nómini eius : veníte et audíte, et narrábo vobis, omnes qui timétis Deum, quanta fecit Dóminus ánimæ meæ, allelúia. | Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière, chantez un hymne à son nom ; venez, entendez, vous tous qui craignez Dieu et je vous raconterai tout ce qu’il a fait à mon âme, alléluia. |
Secreta. | Secrète |
Deus, qui nos, per huius sacrificii veneránda commércia, uníus summæ divinitátis partícipes effecísti : præsta, quǽsumus ; ut, sicut tuam cognóscimus veritátem, sic eam dignis móribus assequámur. Per Dóminum. | O Dieu, qui, par les échanges admirables de ce sacrifice, nous avez rendus participants de votre divinité une et souveraine : faites, nous vous en supplions, que comme nous connaissons votre vérité, de même nous la suivions par une conduite digne d’elle. |
Præfatio paschalis, in qua dicitur : in hoc potíssimum. | Préface pascale |
Ant. ad Communionem. Ioann. 16, 8. | Communion |
Cum vénerit Paráclitus Spíritus veritátis, ille árguet mundum de peccáto et de iustítia et de iudício, allelúia, allelúia. | Quand le Consolateur, l’Esprit de vérité sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement, alléluia, alléluia. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Adésto nobis, Dómine, Deus noster : ut per hæc, quæ fidéliter súmpsimus, et purgémur a vítiis et a perículis ómnibus eruámur. Per Dóminum nostrum. | Assistez-nous, Seigneur notre Dieu, afin qu’au moyen de ce sacrement reçu par nous avec foi, nous soyons purifiés de nos vices et arrachés à tous les périls. |
AUX 1ères VÊPRES
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia. |
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi. | Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes. |
Psaume 143, i | |
Psaume 143, ii | |
Psaume 144, i | |
Psaume 144, ii | |
Psaume 144, iii | |
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia. |
Capitulum Iac. 1. 17. | Capitule |
Caríssimi : Omne datum óptimum, et omne donum perféctum desúrsum est, descéndens a Patre lúminum, apud quem non est transmutátio, nec vicissitúdinis obumbrátio. | Mes bien-aimés : toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut et descend du Père des lumières, en qui il n’y a ni changement, ni ombre de vicissitudes. |
Hymnus | Hymne |
Ad cenam Agni próvidi (ancienne hymne des vêpres au Temps Pascal) | |
Ad régias Agni dapes,
Stolis amícti cándidis, Post tránsitum Maris Rubri, Christo canámus Príncipi : | Au royal banquet de l’Agneau,
revêtus de nos robes blanches, après le passage de la mer Rouge, chantons au Christ notre Chef : |
Divína cuius cáritas
Sacrum propínat sánguinem, Almíque membra córporis Amor sacérdos ímmolat. | C’est lui dont la charité divine
nous verse à boire le sang sacré, son amour est le sacrificateur qui immole les membres du corps nourricier. |
Sparsum cruórem póstibus
Vastátor horret Angelus : Fugítque divísum mare ; Mergúntur hostes flúctibus. | Le sang dont nos portes sont marquées
remplit de crainte l’Ange exterminateur : la mer, divisée en deux, fuit devant nous ; les ennemis sont submergés dans les flots. |
Iam Pascha nostrum Christus est,
Paschális idem víctima, Et pura puris méntibus Sinceritátis ázyma. | Notre Pâque, maintenant, c’est le Christ :
il est notre victime pascale ; il est pour les cœurs purs, le pur azyme de la sincérité. |
O vera cæli víctima,
Subiécta cui sunt tártara, Solúta mortis víncula, Recépta vitæ prǽmia. | O victime véritable, venue du ciel,
par qui les enfers sont domptés, les liens de la mort brisés, les dons de la vie recouvrés ! |
Victor subáctis ínferis,
Trophǽa Christus éxplicat ; Cælóque apérto, súbditum Regem tenebrárum trahit. | Vainqueur de la mort terrassée,
le Christ déploie son étendard ; il rouvre le ciel, et traîne en captif le roi des ténèbres. |
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium, A morte dira críminum Vitæ renátos líbera. | Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale libérez de la cruelle mort du péché, ceux que vous avez fait renaître à la vie. |
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis Surréxit ac Paráclito, In sempitérna sǽcula. Amen. | Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts, ainsi qu’au Paraclet, dans les siècles éternels. Ainsi soit-il. |
V/. Mane nobíscum, Dómine, allelúia. | V/. Restez avec nous, Seigneur, alléluia. |
R/. Quóniam advesperáscit, allelúia. | R/. Car le soir tombe, alléluia. [1] |
Ad Magnif. Ant. Vado ad eum * qui misit me : et nemo ex vobis intérrogat me : Quo vadis ? allelúia, allelúia. | Ant. au Magnificat Je m’en vais à celui * qui m’a envoyé, et personne de vous ne me demande : Où allez-vous ? alléluia, alléluia. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Deus, qui fidélium mentes uníus éfficis voluntátis : da pópulis tuis id amáre quod prǽcipis, id desideráre quod promíttis ; ut inter mundánas varietátes ibi nostra fixa sint corda, ubi vera sunt gáudia. Per Dóminum. | Dieu, qui donnez aux cœurs de vos fidèles une même volonté : accordez à vos peuples d’aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les joies véritables. |
A MATINES (Avant 1960)
Invitatorium | Invitatoire |
Surréxit Dóminus vere, * Allelúia. | Le Seigneur est vraiment ressuscité, * Alléluia. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymnus | Hymne |
Rex sempitérne cǽlitum,
Rerum Creátor ómnium, Æquális ante sǽcula Semper Parénti Fílius : | Roi éternel des habitants des cieux,
créateur de toutes choses, égal dès avant les siècles toujours au Père, vous le Fils : |
Nascénte qui mundo faber
Imáginem vultus tui Tradens Adámo, nóbilem Limo iugásti spíritum. | A la naissance du monde, vous, artisan
imprimant le sceau de votre visage, au front d’Adam avez uni un noble esprit au limon. |
Cum livor et fraus dǽmonis
Fœdásset humánum genus : Tu, carne amíctus, pérditam Formam refórmas ártifex. | Quand l’envie et la ruse du démon
eurent dégradé la race humaine : Vous, artisan, revêtu de la chair, réformez la forme perdue |
Qui, natus olim e Vírgine,
Nunc e sepúlcro násceris, Tecúmque nos a mórtuis Iubes sepúltos súrgere. | Né d’abord de la Vierge,
vous renaissez maintenant du sépulcre, et vous nous commandez, à nous ensevelis, de nous lever avec vous d’entre les morts. |
Qui, pastor ætérnus, gregem
Aqua lavas baptísmatis : Hæc est lavácrum méntium : Hæc est sepúlcrum críminum. | Pasteur éternel, vous lavez
votre troupeau dans l’eau baptismale ; c’est là le bain purificateur des âmes, c’est le sépulcre des crimes. |
Nobis diu qui débitæ
Redémptor affíxus cruci, Nostræ dedísti pródigus Prétium salútis sánguinem. | Attaché comme rédempteur à la croix,
qui depuis longtemps nous était due, vous avez prodigué votre sang, la rançon de notre salut |
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium, A morte dira críminum Vitæ renátos líbera. | Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale libérez de la cruelle mort du péché, ceux que vous avez fait renaître à la vie. |
Deo Patri sit glória,
Et Fílio, qui a mórtuis Surréxit, ac Paráclito, In sempitérna sǽcula. Amen. | Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts, ainsi qu’au Paraclet, dans les siècles éternels. Ainsi soit-il. |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. Allelúia, * lapis revolútus est, allelúia : ab óstio monuménti, allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * la pierre a été roulée, alléluia : de la porte du tombeau, alléluia, alléluia. |
Psaume 1 | |
Psaume 2 | |
Psaume 3 | |
Ant. Allelúia, * lapis revolútus est, allelúia : ab óstio monuménti, allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * la pierre a été roulée, alléluia : de la porte du tombeau, alléluia, alléluia. |
V/. Surréxit Dóminus de sepúlchro, allelúia. | V/. Le Seigneur est ressuscité du tombeau, alléluia. |
R/. Qui pro nobis pepéndit in ligno, allelúia. | R/. Lui qui pour nous fut attaché au bois, alléluia. |
Lectio i | 1ère leçon |
Incipit Epístola cathólica beáti Iacóbi Apóstoli. | Commencement de l’Épître catholique du bienheureux Apôtre Jacques. |
Cap. 1, 1-6. | |
Iacóbus, Dei et Dómini nostri Iesu Christi servus, duódecim tríbubus, quæ sunt in dispersióne, salútem. Omne gáudium existimáte, fratres mei, cum in tentatiónibus várias incidéritis : sciéntes quod probátio fídei vestræ patiéntiam operátur. Patiéntia autem opus perféctum habet : ut sitis perfécti et íntegri in nullo deficiéntes. Si quis autem vestrum índiget sapiéntia, póstulet a Deo, qui dat ómnibus affluénter, et non impróperat : et dábitur ei. Póstulet autem in fide nihil hǽsitans. | Jacques, serviteur de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut. Considérez comme sujet d’une joie complète, mes frères, lorsque vous tombez en diverses tentations, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience [2] ; or la patience rend les œuvres parfaites de manière que vous soyez parfaits, accomplis, et ne manquant de rien. Que celui à qui manque la sagesse, la demande à Dieu qui donne à tous en abondance et ne reproche rien, et elle lui sera donnée ; mais qu’il demande avec foi, sans aucun doute. |
R/. Si oblítus fúero tui, allelúia, obliviscátur mei déxtera mea : * Adhǽreat lingua mea fáucibus meis, si non memínero tui, allelúia, allelúia. | R/. Si je t’oublie [3], alléluia, que ma main droite soit livrée à l’oubli : * Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, alléluia, alléluia. |
V/. Super flúmina Babylónis illic sédimus et flévimus, dum recordarémur tui, Sion. | V/. Sur les fleuves [4] de Babylone, là nous nous sommes assis et nous avons pleuré, comme nous nous souvenions de Sion. |
* Adhǽreat lingua mea fáucibus meis, si non memínero tui, allelúia, allelúia. | * Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, alléluia, alléluia. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 1, 6-11. | |
Qui enim hǽsitat, símilis est flúctui maris, qui a vento movétur et circumfértur. Non ergo ǽstimet homo ille quod accípiat áliquid a Dómino. Vir duplex ánimo incónstans est in ómnibus viis suis. Gloriétur autem frater húmilis in exaltatióne sua : dives autem in humilitáte sua, quóniam sicut flos fœni transíbit. Exórtus est enim sol cum ardóre, et arefécit fœnum, et flos eius décidit, et decor vultus eius depériit : ita et dives in itinéribus suis marcéscet. | Car celui qui doute est semblable au flot de la mer, qui est agité et poussé ça et là par le vent. Que cet homme donc ne s’imagine pas recevoir quelque chose de Dieu. L’homme double d’esprit [5] est inconstant dans toutes ses voies. Que celui de nos frères qui est dans l’abaissement se réjouisse de son élévation, et le riche de son abaissement [6], parce qu’il passera comme la fleur de l’herbe, car le soleil s’est levé avec ses ardeurs, et il a desséché l’herbe, et sa fleur est tombée, et le charme de sa beauté s’est évanoui : ainsi le riche, lui aussi, se flétrira dans ses voies [7]. |
R/. Vidérunt te aquæ, Deus, vidérunt te aquæ, et timuérunt : * Multitúdo sónitus aquárum vocem dedérunt nubes, allelúia, allelúia, allelúia. | R/. Les eaux vous ont vu [8], ô Dieu, les eaux vous ont vu, et elles ont craint : * Il y a eu un grand bruit des eaux, les nuées ont fait entendre leur voix, alléluia, alléluia. |
V/. Illuxérunt coruscatiónes tuæ orbi terræ : vidit et commóta est terra. | V/. Vos éclairs ont brillé sur le globe de la terre : la terre l’a vu et a tremblé. |
* Multitúdo sónitus aquárum vocem dedérunt nubes, allelúia, allelúia, allelúia. | * Il y a eu un grand bruit des eaux, les nuées ont fait entendre leur voix, alléluia, alléluia. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 1, 12-16. | |
Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ, quam repromísit Deus diligéntibus se. Nemo, cum tentátur, dicat quóniam a Deo tentátur : Deus enim intentátor malórum est : ipse autem néminem tentat. Unusquísque vero tentátur a concupiscéntia sua abstráctus et illéctus. Deínde concupiscéntia, cum concéperit, parit peccátum : peccátum vero, cum consummátum fúerit, génerat mortem. Nolíte ítaque erráre, fratres mei dilectíssimi. | Bienheureux l’homme qui supporte la tentation, parce qu’après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l’aiment. Que nul, lorsqu’il est tenté, ne dise que c’est Dieu qui le tente ; car Dieu ne tente point pour le mal, et il ne tente lui-même personne [9] ; mais chacun est tenté par sa concupiscence, qui l’entraîne et le séduit. Puis la concupiscence, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché, et le péché, quand il a été consommé, engendre la mort [10]. Ne vous y trompez donc point, mes frères bien-aimés. |
R/. Narrábo nomen tuum frátribus meis, allelúia : * In médio Ecclésiæ laudábo te, allelúia, allelúia. | R/. Je raconterai [11] votre nom à mes frères, alléluia : * Je vous louerai au milieu de l’assemblée, alléluia, alléluia. |
V/. Confitébor tibi in pópulis, Dómine, et psalmum dicam tibi in Géntibus. | V/. Je vous louerai [12] parmi les peuples, Seigneur, et je dirai un psaume en votre honneur parmi les Nations. |
* In médio Ecclésiæ laudábo te, allelúia, allelúia. Glória Patri. * In médio Ecclésiæ laudábo te, allelúia, allelúia. | * Je vous louerai au milieu de l’assemblée, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Je vous louerai au milieu de l’assemblée, alléluia, alléluia. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. Allelúia, * quem quæris, múlier ? allelúia : vivéntem cum mórtuis, allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * qui cherches-tu, femme ? alléluia : un vivant parmi les morts, alléluia, alléluia. |
Psaume 8 | |
Psaume 9, i | |
Psaume 9, ii | |
Ant. Allelúia, * quem quæris, múlier ? allelúia : vivéntem cum mórtuis, allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * qui cherches-tu, femme ? alléluia : un vivant parmi les morts, alléluia, alléluia. |
V/. Surréxit Dóminus vere, allelúia. | V/. Le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia. |
R/. Et appáruit Simóni, allelúia. | R/. Et il est apparu à Simon, alléluia. |
Lectio iv | 4e leçon |
Ex Tractátu sancti Cypriáni Epíscopi et Mártyris de bono patiéntiæ. | Du Traité de saint Cyprien, Évêque et Martyr ‘Du bien de la patience’. |
Num. 1-3 et 20. | |
De patiéntia locutúrus, fratres dilectíssimi, et utilitátes eius et cómmoda prædicatúrus, unde pótius incípiam, quam quod nunc quoque ad audiéntiam, vestram patiéntiam vídeo esse necessáriam : ut nec hoc ipsum, quod audítis et díscitis, sine patiéntia fácere possítis ? Tunc enim demum sermo et rátio salutáris efficáciter díscitur, si patiénter, quod dícitur, audiátur. Nec invénio, fratres dilectíssimi, inter céteras cæléstis disciplínæ vias, quibus ac consequénda divínitus prǽmia spei ac fídei nostræ secta dirígitur, quid magis sit vel utílius ad vitam, vel maius ad glóriam, quam ut, qui præcéptis Domínicis obséquio timóris ac devotiónis innítimur, patiéntiam máxime tota observatióne tueámur. Hanc se sectári philósophi quoque profiténtur : sed tam illic patiéntia falsa est, quam et falsa sapiéntia est. Unde enim vel sápiens esse, vel pátiens possit, qui nec sapiéntiam nec patiéntiam Dei novit ? | Voulant, bien-aimés frères, vous entretenir de la patience, et vous en montrer les services et les avantages, puis-je mieux commencer que par la patience dont je vois que vous avez besoin pour m’écouter maintenant encore ? En effet, l’action même d’écouter et d’apprendre, vous ne la pouvez faire sans patience. Car l’enseignement et la doctrine du salut ne s’apprennent efficacement que si l’on écoute patiemment ce qui s’enseigne. Et, parmi tous les moyens que nous offre la loi céleste, et qui dirigent notre vie vers l’acquisition des récompenses divines, objet de notre espérance et de notre foi, je ne trouve rien de plus utile pour la vie, ni de meilleur pour obtenir la gloire, que de garder la patience avec un soin extrême, nous qui nous attachons aux préceptes du Seigneur, avec un culte de crainte et d’amour. Les philosophes païens aussi font profession de pratiquer cette vertu, mais leur patience est aussi fausse que leur sagesse. Car comment pourrait-il être sage ou patient, celui qui ne connaît ni la sagesse, ni la patience de Dieu ? |
R/. In ecclésiis benedícite Deo, allelúia : * Dómino de fóntibus Israël, allelúia, allelúia. | R/. Dans les assemblées [13], bénissez Dieu, alléluia : * Bénissez le Seigneur, vous qui êtes sortis des sources d’Israël, alléluia, alléluia. |
V/. Psalmum dícite nómini eius, date glóriam laudi eius. | V/. Dites [14] un psaume à son nom, rendez gloire à sa louange. |
* Dómino de fóntibus Israël, allelúia, allelúia. | * Bénissez le Seigneur, vous qui êtes sortis des sources d’Israël, alléluia, alléluia. |
Lectio v | 5e leçon |
Nos autem, fratres dilectíssimi, qui philósophi non verbis, sed factis sumus ; nec vestítu sapiéntiam, sed veritáte præférimus : qui virtútum consciéntiam magis quam iactántiam nóvimus : qui non lóquimur magna, sed vívimus quasi servi et cultóres Dei : patiéntiam, quam magistériis cæléstibus díscimus, obséquiis spiritálibus præbeámus. Est enim nobis cum Deo virtus ista commúnis : inde patiéntia íncipit, inde cláritas eius et dígnitas caput sumit. Orígo et magnitúdo patiéntiæ Deo auctóre procédit. Diligénda res hómini, quæ Deo cara est. Bonum quod amat, maiéstas dívina comméndat. Si Dóminus nobis et Pater Deus est, sectémur patiéntiam dómini páriter et patris ; quia et servos opórtet esse obsequéntes, et fílios non decet esse degéneres. | Pour nous, mes chers frères, qui sommes philosophes non dans nos paroles, mais dans nos actions ; qui préférons la sagesse, non dans ses dehors, mais dans sa réalité ; qui connaissons mieux la pratique des vertus que leur ostentation ; qui ne disons pas de grandes choses, mais qui les réalisons dans notre vie ; serviteurs et adorateurs de Dieu, montrons par la soumission de notre esprit cette patience que de divins exemples nous enseignent. Car cette vertu nous est commune avec Dieu. C’est de lui qu’elle vient, qu’elle tire son éclat et sa gloire. L’origine et la grandeur de la patience viennent de Dieu. L’homme doit aimer ce qui est cher à Dieu, car ce qu’aimé la majesté divine, elle le recommande. Si Dieu est notre Seigneur et notre père, imitons la patience de notre Seigneur et en même temps de notre père, puisqu’il convient que des serviteurs soient obéissants, et que des fils ne soient point dégénérés. |
R/. In toto corde meo, allelúia, exquisívi te, allelúia : * Ne repéllas me a mandátis tuis, allelúia, allelúia. | R/. Je vous ai recherché [15], alléluia, de tout mon cœur, alléluia : * Ne me repoussez pas de vos commandements, alléluia, alléluia. |
V/. Benedíctus es tu, Dómine, doce me iustificatiónes tuas. | V/. Vous êtes béni [16], Seigneur, enseignez-moi vos justifications. |
* Ne repéllas me a mandátis tuis, allelúia, allelúia. | * Ne me repoussez pas de vos commandements, alléluia, alléluia. |
Lectio vi | 6e leçon |
Patiéntia est, quæ nos Deo et comméndat et servat : ipsa est, quæ iram témperat, quæ linguam frenat, quæ mentem gubérnat, pacem custódit, disciplínam regit, libídinis ímpetum frangit, tumóris violéntiam cómprimit, incéndium simultátis exstínguit, coércet poténtiam dívitum, inópiam páuperum réfovet, tuétur in virgínibus beátam integritátem, in víduis laboriósam castitátem, in coniúnctis et maritátis indivíduam caritátem : facit húmiles in prósperis, in advérsis fortes, contra iniúrias et contumélias mites : docet delinquéntibus cito ignóscere : si ipse delínquas, diu et multum rogáre : tentatiónes expúgnat, persecutiónes tólerat, passiónes et martýria consúmmat. Ipsa est, quæ fídei nostræ fundaménta fírmiter munit. | C’est la patience qui nous rend agréables à Dieu et nous retient dans son service ; c’est elle qui calme la colère, enchaîne la langue, gouverne l’esprit, garde la paix, règle la discipline, brise l’impétuosité des passions, comprime les emportements de l’orgueil, éteint l’incendie de la haine, contient la tyrannie des grands, ranime l’indigence du pauvre, protège la bienheureuse pureté de la vierge, la laborieuse chasteté de la veuve, la tendresse sans partage des époux. Elle inspire l’humilité dans le bonheur, le courage dans l’adversité, la douceur au milieu des injustices et des affronts. Elle nous apprend à pardonner sans délai à ceux qui ont mal fait ; si nous avons commis une faute, à en implorer longtemps et instamment le pardon. Les tentations, elle en triomphe ; les persécutions, elle les endure ; les souffrances et le martyre, elle les couronne. C’est elle qui élève l’édifice de notre foi sur des fondements inébranlables. |
R/. Hymnum cantáte nobis, allelúia : * Quómodo cantábimus cánticum Dómini in terra aliéna ? allelúia, allelúia. | R/. Chantez-nous [17] un hymne, alléluia : * Comment chanterons-nous un cantique du Seigneur dans une terre étrangère ? alléluia, alléluia. |
V/. Illic interrogavérunt nos, qui captívos duxérunt nos, verba cantiónum. | V/. Ceux-là qui nous avaient emmenés captifs, nous demandèrent les paroles de nos chants. |
* Quómodo cantábimus cánticum Dómini in terra aliéna ? allelúia, allelúia. Glória Patri. * Quómodo cantábimus cánticum Dómini in terra aliéna ? allelúia, allelúia. | * Comment chanterons-nous un cantique du Seigneur dans une terre étrangère ? alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Comment chanterons-nous un cantique du Seigneur dans une terre étrangère ? alléluia, alléluia. |
In III Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. Allelúia, * noli flere, María, allelúia : resurréxit Dóminus, allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * ne pleure pas, Marie, alléluia : le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia. |
Psaume 9, iii | |
Psaume 9, iv | |
Psaume 10 | |
Ant. Allelúia, * noli flere, María, allelúia : resurréxit Dóminus, allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * ne pleure pas, Marie, alléluia : le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia. |
V/. Gavísi sunt discípuli, allelúia. | V/. Les disciples se sont réjouis, alléluia. |
R/. Viso Dómino, allelúia. | R/. A la vue du Seigneur, alléluia. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem. | Lecture du saint Évangile selon saint Jean. |
Cap. 16, 5-14. | |
In illo témpore : In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Vado ad eum qui misit me ; et nemo ex vobis intérrogat me : Quo vadis ? Et réliqua. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Je vais à celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où allez-vous ? Et le reste. |
Homilía sancti Augustíni Epíscopi. | Homélie de saint Augustin, Évêque. |
Tract. 94 in Ioann., initio | |
Cum Dóminus Iesus prædixísset discípulis suis persecutiónes, quas passúri erant post eius abscéssum, subiúnxit atque ait : Hæc autem vobis ab inítio non dixi, quia vobíscum eram : nunc autem vado ad eum, qui me misit. Ubi primum vidéndum est, utrum eis futúras non prædíxerit ante passiónes. Sed álii tres Evangelístæ satis eum prædixísse ista demónstrant, ántequam ventum esset ad cœnam : qua perácta, secúndum Ioánnem ista locútus est, ubi ait : Hæc autem vobis ab inítio non dixi, quia vobíscum eram. | Lorsque le Seigneur Jésus eut prédit à ses disciples les persécutions qu’ils auraient à souffrir après son éloignement, il ajouta : « Je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous ; mais maintenant je vais à celui qui m’a envoyé. » Il faut d’abord voir ici s’il ne leur avait pas prédit auparavant les souffrances futures. Les trois autres Évangélistes montrent qu’il les leur avait suffisamment annoncées avant la cène, tandis que saint Jean place cette prédiction après le repas lorsqu’il leur dit : « Mais je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous. » |
R/. Deus, cánticum novum cantábo tibi, allelúia : * In psaltério decem chordárum psallam tibi, allelúia, allelúia. | R/. O Dieu [18], je vous chanterai un cantique nouveau, alléluia : * Je vous chanterai un psaume sur le psaltérion à dix cordes, alléluia, alléluia. |
V/. Deus meus es tu, et confitébor tibi : Deus meus es tu, et exaltábo te. | V/. C’est vous [19] qui êtes mon Dieu, et je vous louerai : c’est vous qui êtes mon Dieu, et je vous exalterai. |
* In psaltério decem chordárum psallam tibi, allelúia, allelúia. | * Je vous chanterai un psaume sur le psaltérion à dix cordes, alléluia, alléluia. |
Lectio viii | 8e leçon |
An forte hinc ista sólvitur quǽstio, quia et illi eum narrant passióni próximum fuísse cum hæc díceret ? Non ergo ab inítio, quando cum illis erat : quia iam discessúrus, iamque ad Patrem perrectúrus hæc dixit. Et ídeo étiam secúndum illos Evangelístas verum est, quod hic dictum est : Hæc autem vobis ab inítio non dixi. Sed quid ágimus de fide Evangélii secúndum Matthǽum, qui hæc eis a Dómino non solum cum iam Pascha esset cum discípulis cœnatúrus, imminénte passióne, verum et ab inítio denuntiáta esse commémorat ; ubi primum nominátim duódecim exprimúntur Apóstoli, et ad ópera divína mittúntur ? | Ne peut-on pas résoudre cette difficulté, en disant que les autres Évangélistes font observer que sa passion était proche, au moment où il parlait ainsi ? Il ne leur avait donc pas dit ces choses dès le commencement, lorsqu’il était avec eux, puisqu’il ne les leur dit qu’au moment de s’éloigner d’eux et de retourner à son Père. Ainsi donc, même selon ces Évangélistes, se trouve confirmée la vérité de ces paroles du Sauveur : « Je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement. » Mais que penser de la véracité de l’Évangile selon saint Matthieu, qui rapporte que ces prédictions ont été faites par le Seigneur, non seulement à la veille de sa passion lorsqu’il allait célébrer la Pâque avec ses disciples, mais dès le commencement, à l’endroit où les douze Apôtres sont expressément désignés par leurs noms et où on les voit envoyés pour exercer le saint ministère ? |
R/. Bonum est confitéri Dómino, allelúia : * Et psállere, allelúia. | R/. Il est bon [20] de louer le Seigneur, alléluia : * Et de lui chanter des psaumes, alléluia. |
V/. In decachórdo psaltério, cum cántico et cíthara. | V/. Sur le psaltérion [21] à dix cordes, avec un cantique sur la harpe. |
* Et psállere, allelúia. Glória Patri. * Et psállere, allelúia. | * Et de lui chanter des psaumes, alléluia. Gloire au Père. * Et de lui chanter des psaumes, alléluia. |
Lectio ix | 9e leçon |
Quid sibi ergo vult, quod hic ait : Hæc autem vobis ab inítio non dixi, quia vobíscum eram : nisi quia ea, quæ hic dicit de Spíritu Sancto, quod sit ventúrus ad eos, et testimónium perhibitúrus, quando mala illa passúri sunt, hæc ab inítio eis non dixit, quia cum ipsis erat ? Consolátor ergo ille, vel advocátus (utrúmque enim interpretátur, quod erat Græce Paráclitus), Christo abscedénte fúerat necessárius : et ídeo de illo non díxerat ab inítio, quando cum illis erat, quia eius præséntia consolabántur. | Que veulent donc dire ces paroles : « Mais je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous », si ce n’est que les prédictions qu’il leur fait ici du Saint-Esprit, à savoir qu’il viendrait à eux et rendrait témoignage au moment où ils auraient à souffrir les maux qu’il leur annonçait, il ne les leur avait pas faites dès le commencement, parce qu’il était avec eux ? Ce consolateur ou cet avocat (car le mot grec Paraclet veut dire l’un et l’autre) n’était donc nécessaire qu’après le départ du Christ ; il ne leur en avait point parlé dès le commencement lorsqu’il était avec eux, parce qu’il les consolait lui-même par sa présence. |
Te Deum | |
A LAUDES.
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia. |
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi cum cantico. | Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes avec le cantique. |
Psaume 92 | |
Psaume 99 | |
Psaume 62 | |
Cantique des trois Enfants | |
Psaume 148 | |
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia. |
Capitulum Iac. 1. 17. | Capitule |
Caríssimi : Omne datum óptimum, et omne donum perféctum desúrsum est, descéndens a Patre lúminum, apud quem non est transmutátio, nec vicissitúdinis obumbrátio. | Mes bien-aimés : toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut et descend du Père des lumières, en qui il n’y a ni changement, ni ombre de vicissitudes. |
Hymnus | Hymne |
Auróra cælum púrpurat,
Æther resúltat láudibus, Mundus triúmphans iúbilat, Horrens avérnus ínfremit : | L’aurore empourpre le ciel,
l’air retentit de louanges, le monde triomphant jubile, et l’enfer horrifié frémit : |
Rex ille dum fortíssimus
De mortis inférno specu Patrum senátum líberum Edúcit ad vitæ iubar. | Quand le Roi très puissant,
de l’antre infernal de la mort le sénat enfin libre des Patriarche ramène à l’éclat de la vie. |
Cuius sepúlcrum plúrimo
Custóde signábat lapis, Victor triúmphat, et suo Mortem sepúlcro fúnerat. | La pierre de son tombeau était
scellée par une garde nombreuse, victorieux, il triomphe, et dans son tombeau, il ensevelit la mort. |
Sat fúneri, sat lácrimis,
Sat est datum dolóribus : Surréxit exstínctor necis, Clamat corúscans Angelus. | Assez de deuil, assez de larmes,
assez de temps donné à la douleur : il est ressuscité, le destructeur de la mort, un Ange éclatant de lumière le proclame. |
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium, A morte dira críminum Vitæ renátos líbera. | Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale libérez de la cruelle mort du péché, ceux que vous avez fait renaître à la vie. |
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis Surréxit ac Paráclito, In sempitérna sǽcula. Amen. | Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts, ainsi qu’au Paraclet, dans les siècles éternels. Ainsi soit-il. |
V/. In resurrectióne tua, Christe, allelúia. | V/. O Christ, en votre résurrection, alléluia. |
R/. Cæli et terra læténtur, allelúia. | R/. Le ciel et la terre se réjouissent, alléluia. |
Ad Bened. Ant. Vado ad eum * qui misit me : et nemo ex vobis intérrogat me : Quo vadis ? allelúia, allelúia. | Ant. au Bénédictus Je m’en vais à celui * qui m’a envoyé, et personne de vous ne me demande : Où allez-vous ? alléluia, alléluia. |
Benedictus | |
Oratio | Prière |
Deus, qui fidélium mentes uníus éfficis voluntátis : da pópulis tuis id amáre quod prǽcipis, id desideráre quod promíttis ; ut inter mundánas varietátes ibi nostra fixa sint corda, ubi vera sunt gáudia. Per Dóminum. | Dieu, qui donnez aux cœurs de vos fidèles une même volonté : accordez à vos peuples d’aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les joies véritables. |
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia. |
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi. | Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes. |
Psaume 109 | |
Psaume 110 | |
Psaume 111 | |
Psaume 112 | |
Psaume 113 | |
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia. | Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia. |
Capitulum Iac. 1. 17. | Capitule |
Caríssimi : Omne datum óptimum, et omne donum perféctum desúrsum est, descéndens a Patre lúminum, apud quem non est transmutátio, nec vicissitúdinis obumbrátio. | Mes bien-aimés : toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut et descend du Père des lumières, en qui il n’y a ni changement, ni ombre de vicissitudes. |
Hymnus | Hymne |
Ad cenam Agni próvidi (ancienne hymne des vêpres au Temps Pascal) | |
Ad régias Agni dapes,
Stolis amícti cándidis, Post tránsitum Maris Rubri, Christo canámus Príncipi : | Au royal banquet de l’Agneau,
revêtus de nos robes blanches, après le passage de la mer Rouge, chantons au Christ notre Chef : |
Divína cuius cáritas
Sacrum propínat sánguinem, Almíque membra córporis Amor sacérdos ímmolat. | C’est lui dont la charité divine
nous verse à boire le sang sacré, son amour est le sacrificateur qui immole les membres du corps nourricier. |
Sparsum cruórem póstibus
Vastátor horret Angelus : Fugítque divísum mare ; Mergúntur hostes flúctibus. | Le sang dont nos portes sont marquées
remplit de crainte l’Ange exterminateur : la mer, divisée en deux, fuit devant nous ; les ennemis sont submergés dans les flots. |
Iam Pascha nostrum Christus est,
Paschális idem víctima, Et pura puris méntibus Sinceritátis ázyma. | Notre Pâque, maintenant, c’est le Christ :
il est notre victime pascale ; il est pour les cœurs purs, le pur azyme de la sincérité. |
O vera cæli víctima,
Subiécta cui sunt tártara, Solúta mortis víncula, Recépta vitæ prǽmia. | O victime véritable, venue du ciel,
par qui les enfers sont domptés, les liens de la mort brisés, les dons de la vie recouvrés ! |
Victor subáctis ínferis,
Trophǽa Christus éxplicat ; Cælóque apérto, súbditum Regem tenebrárum trahit. | Vainqueur de la mort terrassée,
le Christ déploie son étendard ; il rouvre le ciel, et traîne en captif le roi des ténèbres. |
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium, A morte dira críminum Vitæ renátos líbera. | Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale libérez de la cruelle mort du péché, ceux que vous avez fait renaître à la vie. |
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis Surréxit ac Paráclito, In sempitérna sǽcula. Amen. | Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts, ainsi qu’au Paraclet, dans les siècles éternels. Ainsi soit-il. |
V/. Mane nobíscum, Dómine, allelúia. | V/. Restez avec nous, Seigneur, alléluia. |
R/. Quóniam advesperáscit, allelúia. | R/. Car le soir tombe, alléluia. [22] |
Ad Magnif. Ant. Vado ad eum * qui misit me : sed quia hæc locútus sum vobis, tristítia implévit cor vestrum, allelúia. | Ant. au Magnificat Je m’en vais à celui * qui m’a envoyé : mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur, alléluia. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Deus, qui fidélium mentes uníus éfficis voluntátis : da pópulis tuis id amáre quod prǽcipis, id desideráre quod promíttis ; ut inter mundánas varietátes ibi nostra fixa sint corda, ubi vera sunt gáudia. Per Dóminum. | Dieu, qui donnez aux cœurs de vos fidèles une même volonté : accordez à vos peuples d’aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les joies véritables. |
Nous avons vu Jésus constituer son Église, et confier aux mains de ses Apôtres le dépôt des vérités qui seront l’objet de notre foi. Il est une autre œuvre non moins importante pour le monde, à laquelle il donne ses soins durant cette dernière période de son séjour sur la terre : c’est l’institution définitive des Sacrements. Il ne nous suffit pas de croire ; il faut encore que nous soyons rendus justes, c’est-à-dire conformes à la sainteté de Dieu ; il faut que la grâce, fruit de la Rédemption, descende en nous, s’incorpore à nous ; afin qu’étant devenus les membres vivants de notre divin Chef, nous puissions être les cohéritiers de son Royaume. Or, c’est au moyen des Sacrements que Jésus doit opérer en nous cette merveille de la justification, en nous appliquant les mérites de son incarnation et de son Sacrifice par les moyens qu’il a décrétés dans sa puissance et dans sa sagesse.
Souverain maître de la grâce, il est libre de déterminer les sources par lesquelles il la fera descendre sur nous ; c’est à nous de nous conformer a ses volontés. Chacun des Sacrements sera donc une loi de sa religion, en sorte que l’homme ne pourra prétendre aux effets que le Sacrement est destiné à produire, s’il dédaigne ou néglige de remplir les conditions selon lesquelles il opère. Admirable économie, qui concilie, dans un même acte, l’humble soumission de l’homme avec la plus prodigue largesse de la munificence divine.
Nous avons montré, il y a quelques jours, comment la sainte Église, société spirituelle, était en même temps une société visible et extérieure, parce que l’homme auquel elle est destinée est composé d’un corps et d’une âme. Jésus, en instituant ses Sacrements, leur assigne à chacun un rite essentiel ; et ce rite est extérieur et sensible. Le Verbe divin, en prenant la chair, en a fait l’instrument de notre salut dans sa Passion sur la croix : c’est par le sang de ses veines qu’il nous a rachetés ; poursuivant ce plan mystérieux, il prend les éléments de la nature physique pour auxiliaires dans l’œuvre de notre justification. Il les élève à l’état surnaturel, et en fait jusqu’au plus intime de nos âmes les conducteurs fidèles et tout-puissants de sa grâce. Ainsi s’appliquera jusqu’à ses dernières conséquences le mystère de la divine incarnation, qui a eu pour but de nous élever, par les choses visibles, à la connaissance et à la possession des choses invisibles. Ainsi est brisé l’orgueil de Satan, qui dédaignait la créature humaine, parce que l’élément matériel s’unit en elle à la grandeur spirituelle, et qui refusa, pour son éternel malheur, de fléchir le genou devant le Verbe fait chair.
En même temps, les divins Sacrements étant autant de signes sensibles, formeront un lien de plus entre les membres de l’Église, déjà unis entre eux par la soumission à Pierre et aux Pasteurs qu’il envoie, et par la profession d’une même foi. L’Esprit-Saint nous dit dans les divines Écritures que « le lien tressé en trois ne se rompt pas aisément [23] » ; or, tel est celui qui nous retient dans la glorieuse unité de l’Église : Hiérarchie, Dogme et Sacrements, tout contribue à faire de nous un seul corps. Du septentrion au midi, de l’orient à l’occident, les Sacrements proclament la fraternité des chrétiens ; ils sont en tous lieux leur signe de reconnaissance, et la marque qui les désigne aux yeux des infidèles. C’est dans ce but que ces Sacrements divins sont identiques pour toutes les races baptisées, quelle que soit la variété des formules liturgiques qui en accompagnent l’administration : partout le fond est le même, et la même grâce est produite sous les mêmes signes essentiels.
Notre divin ressuscité choisit le septénaire pour le nombre de ses Sacrements. Il empreint ce nombre sacré sur son œuvre la plus sublime, de même qu’il l’avait marqué au commencement, en créant ce monde visible et inaugurant la semaine par six jours d’action et un jour de repos. Sagesse éternelle du Père, il nous révèle, dès l’Ancien Testament, qu’il se bâtira une maison qui est la sainte Église, et il ajoute qu’il la fera reposer sur sept colonnes [24]. Cette Église, il la figure d’avance dans le tabernacle de Moïse, et il ordonne qu’un superbe chandelier qui lance sept branches chargées de fleurs et de fruits, éclaire jour et nuit le sanctuaire [25]. S’il transporte au ciel, dans un ravissement, son disciple bien-aimé, c’est pour se montrer à lui environné de sept chandeliers, et tenant sept étoiles dans sa main [26]. S’il se manifeste sous les traits de l’Agneau vainqueur, cet Agneau porte sept cornes, symbole de sa force, et sept yeux qui marquent l’étendue infinie de sa science [27]. Près de lui est le livre qui contient les destinées du genre humain, et ce livre est scellé de sept sceaux que l’Agneau seul peut lever [28]. Devant le trône de la Majesté divine, le disciple aperçoit sept Esprits bienheureux ardents comme sept lampes [29], attentifs aux moindres ordres de Jéhovah, et prêts à porter sa parole jusqu’aux dernières limites de la création.
Si maintenant nous tournons nos regards vers l’empire des ténèbres, nous voyons l’esprit de malice occupé à contrefaire l’œuvre divine, et usurpant le septénaire pour le souiller en le consacrant au mal. Sept péchés capitaux sont l’instrument de sa victoire sur l’homme ; et le Seigneur nous avertit que lorsque, dans sa fureur, Satan s’élance sur une âme, il prend avec lui sept esprits des plus méchants de l’abîme. Nous savons que Madeleine, l’heureuse pécheresse, ne recouvra la vie de l’âme qu’après que le Sauveur eut expulsé d’elle sept démons. Cette provocation de l’esprit d’orgueil forcera la colère divine, lorsqu’elle tombera sur le monde pécheur, à empreindre le septénaire jusque dans ses justices. Saint Jean nous apprend que sept trompettes, sonnées par sept Anges, annonceront les convulsions successives de la race humaine [30], et que sept autres Anges verseront tour à tour sur la terre coupable sept coupes remplies de la colère de Dieu [31].
Nous donc qui voulons être sauvés, et jouir de la grâce en ce monde, et en l’autre de la vue de notre divin ressuscité, accueillons avec un souverain respect et une tendre reconnaissance le Septénaire miséricordieux de ses Sacrements. Sous ce nombre sacré il a su renfermer toutes les formes de sa grâce. Soit qu’il veuille dans sa bonté nous faire passer de la mort à la vie, par le Baptême et la Pénitence ; soit qu’il s’applique à soutenir en nous la vie surnaturelle, et à nous consoler dans nos épreuves, par la Confirmation, l’Eucharistie et l’Extrême-Onction ; soit enfin qu’il pourvoie au ministère de son Église et à sa propagation par l’Ordre et le Mariage : on ne saurait trouver un besoin de l’âme, une nécessite de la société chrétienne auxquels il n’ait satisfait au moyen des sept sources de régénération et de vie qu’il a ouvertes pour nous, et qu’il ne cesse de faire couler sur nos âmes. Les sept Sacrements suffisent à tout ; un seul de moins, l’harmonie serait rompue. Les Églises de l’Orient, séparées de l’unité catholique depuis tant de siècles, confessent avec nous le septénaire sacramentel ; et le protestantisme, en portant sur ce nombre sacré sa main profane, a montré en cela, comme en toutes ses autres réformes prétendues, que le sens chrétien lui faisait défaut. Ne nous en étonnons pas ; la théorie des Sacrements s’impose tout entière à la foi ; l’humble soumission du fidèle doit l’accueillir d’abord comme venant du souverain Maître : c’est lorsqu’elle s’applique à rame que sa magnificence et son efficacité divine se révèlent ; alors nous comprenons, parce que nous avons cru. Credite et intelligetis.
Aujourd’hui, consacrons notre admiration et notre reconnaissance au premier des Sacrements, au Baptême. Le Temps pascal nous le montre dans toute sa gloire. Nous l’avons vu, au Samedi saint, comblant les vœux de l’heureux catéchumène, et enfantant à la patrie céleste des peuples entiers. Mais ce divin mystère avait eu sa préparation. En la fête de l’Épiphanie, nous adorâmes notre Emmanuel descendant dans les flots du Jourdain, et communiquant à l’élément de l’eau, par le contact de sa chair sacrée, la vertu de purifier toutes les souillures de l’âme. L’Esprit-Saint, colombe mystique, vint reposer sur la tête de l’Homme-Dieu, et féconder par sa divine influence l’élément régénérateur, tandis que la voix du Père céleste retentissait dans la nue, annonçant l’adoption qu’il daignerait faire des baptisés, en son Fils Jésus, l’objet de son éternelle complaisance.
Durant sa vie mortelle, le Rédempteur s’explique déjà devant un docteur de la loi sur ses mystérieuses intentions. « Celui, dit-il, qui ne sera pas rené de l’eau et du Saint-Esprit ne pourra entrer dans le royaume de Dieu [32]. » Selon son usage presque constant, il annonce ce qu’il doit faire un jour, mais il ne l’accomplit pas encore ; nous apprenons seulement que notre première naissance n’ayant pas été pure, il nous en prépare une seconde qui sera sainte, et que l’eau en sera l’instrument.
Mais en ces jours le moment est venu où notre Emmanuel va déclarer la puissance qu’il a donnée aux eaux de produire la sublime adoption projetée par le Père. S’adressant à ses Apôtres, il leur dit tout à coup avec la majesté d’un roi qui promulgue la loi fondamentale de son empire : « Allez ; enseignez toutes les nations ; baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit [33]. » Le salut par l’eau, avec l’invocation de la glorieuse Trinité, tel est le bienfait capital qu’il annonce au monde ; car, dit-il encore : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé [34]. » Révélation pleine de miséricorde pour la race humaine ; inauguration des Sacrements, par la déclaration du premier, de celui qui, selon le langage des saints Pères, est la porte de tous les autres !
Nous qui lui devons la vie de nos âmes, avec le sceau éternel et mystérieux qui fait de nous les membres de Jésus, saluons avec amour cet auguste mystère. Saint Louis, baptisé sur les humbles fonts de Poissy, se plaisait à signer Louis de Poissy, considérant la fontaine baptismale comme une mère qui l’avait enfanté à la vie céleste, et oubliant son origine royale pour ne se souvenir que de celle d’enfant de Dieu. Nos sentiments doivent être les mêmes que ceux du saint roi.
Mais admirons avec attendrissement la condescendance de notre divin ressuscité, lorsqu’il institua le plus indispensable de ses Sacrements. La matière qu’il choisit est la plus commune, la plus aisée à rencontrer. Le pain, le vin, l’huile d’olives, ne sont pas partout sur la terre ; l’eau coule en tous lieux ; la providence de Dieu l’a multipliée sous toutes les formes, afin qu’au jour marqué, la fontaine de régénération fût accessible de toutes parts à l’homme pécheur.
Ses autres Sacrements, le Sauveur les a confiés au sacerdoce qui seul a pouvoir de les administrer ; il n’en sera pas ainsi du Baptême. Tout fidèle pourra en être le ministre, sans distinction de sexe ni de condition. Bien plus, tout homme, ne fût-il pas même membre de l’Église chrétienne, pourra conférer à son semblable, par l’eau et l’invocation de la sainte Trinité, la grâce baptismale qui n’est pas en lui, à la seule condition de vouloir, en cet acte, accomplir sérieusement ce que fait la sainte Église, quand elle administre le sacrement du Baptême.
Ce n’est pas tout encore. Ce ministre du sacrement peut manquer à l’homme qui va mourir ; l’éternité va s’ouvrir pour lui sans que la main d’autrui se lève pour répandre sur sa tête l’eau purificatrice ; le divin instituteur de la régénération des âmes ne l’abandonne pas dans ce moment suprême. Qu’il rende hommage au saint Baptême, qu’il le désire de toute l’ardeur de son âme, qu’il entre dans les sentiments d’une componction sincère et d’un véritable amour ; après cela qu’il meure : la porte du ciel est ouverte au baptisé de désir.
Mais l’enfant qui n’a pas encore l’usage de sa raison, et que la mort va moissonner dans quelques heures, a-t-il donc été oublié dans cette munificence générale ? Jésus a dit : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé » ; comment alors obtiendra-t-il le salut, cet être faible qui va s’éteindre, chargé de la faute originelle, et incapable de la foi ? Rassurez-vous. La puissance du saint Baptême s’étendra jusqu’à lui. La foi de l’Église qui le veut pour fils, lui va être imputée ; qu’on répande l’eau sur sa tête au nom des trois divines Personnes, et le voilà chrétien pour jamais. Baptisé dans la foi de l’Église, cette foi est maintenant personnelle en lui, avec l’Espérance et la Charité ; l’eau sacramentelle a produit cette merveille. Qu’il expire maintenant, ce tendre rejeton de la race humaine ; le royaume du ciel est à lui.
Tels sont, ô Rédempteur, les prodiges que vous opérez dans le premier de vos Sacrements, par l’effet de cette volonté sincère que vous avez du salut de tous [35] ; en sone que ceux en qui cette volonté ne s’accomplit pas, n’échappent à la grâce de la régénération que par suite du péché commis antérieurement, péché que votre éternelle justice ne vous permet pas toujours de prévenir en lui-même, ou de réparer dans ses suites. Mais votre miséricorde est venue au secours ; elle a tendu ses filets, et d’innombrables élus y sont tombés. L’eau sainte est venue couler jusque sur le front de l’enfant qui s’éteignait entre les bras d’une mère païenne, et les Anges ont ouvert leurs rangs pour recevoir cet heureux transfuge. A la vue de tant de merveilles, que nous reste-t-il à faire, sinon de nous écrier avec le Psalmiste : « Nous qui possédons la vie, bénissons le Seigneur » ?
Le quatrième Dimanche après Pâques est appelé, dans l’Église grecque, le Dimanche de la Samaritaine, parce qu’on y lit le passage de l’Évangile où la conversion de cette femme est rapportée.
L’Église Romaine commence aujourd’hui, à l’Office de la nuit, la lecture des Épîtres dites Canoniques, qu’elle continue jusqu’à la fête de la Pentecôte.
A LA MESSE.
Dans l’Introït, l’Église, adoptant un des plus beaux cantiques du Psalmiste, célèbre avec enthousiasme les bienfaits que le Seigneur son Époux a répandus sur elle, toutes les nations appelées à connaître ses grandeurs, à recevoir l’effusion de la sainteté dont il est la source, le salut auquel il a appelé tout les hommes.
Comblés des bienfaits de Dieu qui les unit en un seul peuple par ses divins Sacrements, les fidèles doivent s’élever à l’amour des préceptes du Seigneur, et aspirer aux délices éternelles qu’il leur promet : l’Église implore pour eux cette grâce dans la Collecte.
ÉPÎTRE.
Les faveurs répandues sur le peuple chrétien procèdent de la haute et sereine bonté du Père céleste. Il est le principe de tout dans l’ordre de la nature ; et si, dans l’ordre de la grâce, nous sommes devenus ses enfants, c’est parce que lui-même a envoyé vers nous son Verbe consubstantiel, qui est la Parole de vérité, par laquelle nous sommes devenus, au moyen du Baptême, les fils de Dieu. Il suit de là que nous devons imiter, autant qu’il est possible à notre faiblesse, le calme divin de notre Père qui est dans les cieux, et nous garantir de cette agitation passionnée qui est le caractère d’une vie toute terrestre, tandis que la nôtre doit être du ciel où Dieu nous attire. Le saint Apôtre nous avertit de recevoir dans la douceur cette Parole qui nous fait ce que nous sommes. Elle est, selon sa doctrine, une greffe de salut entée sur nos âmes. Qu’elle s’y développe, que son succès ne soit pas traversé par nous, et nous serons sauvés.
Dans le premier Verset alléluiatique, le Christ ressuscité célèbre, par la voix du Psalmiste, la puissance du Père qui lui a donné la victoire dans sa résurrection. Le second, emprunté à saint Paul, proclame la vie immortelle de notre divin ressuscité.
ÉVANGILE.
Les Apôtres furent attristés lorsque Jésus leur eut dit : « Je m’en vais. » Ne le sommes-nous pas aussi, nous qui, depuis sa naissance en Bethléhem, l’avons suivi constamment, grâce à la sainte Liturgie qui nous attachait à ses pas ? Encore quelques jours, et il va s’élever au ciel, et l’année va perdre ce charme qu’elle empruntait, jour par jour, aux actions et aux discours de notre Emmanuel. Il ne veut pas cependant que nous nous laissions aller à une trop grande tristesse. Il nous annonce qu’en sa place le divin Consolateur, le Paraclet, va descendre sur la terre, et qu’il restera avec nous pour nous éclairer et nous fortifier jusqu’à la fin des temps. Profitons avec Jésus des dernières heures ; bientôt il sera temps de nous préparer à recevoir l’hôte céleste qui doit venir le remplacer.
Jésus, qui prononçait ces paroles la veille de sa Passion, ne se borne pas à nous montrer la venue de l’Esprit-Saint comme la consolation de ses fidèles ; il nous la fait voir en même temps comme redoutable à ceux qui auront méconnu leur Sauveur. Les paroles de Jésus sont aussi mystérieuses que terribles ; empruntons-en l’explication à saint Augustin, le Docteur des docteurs. « Lorsque l’Esprit-Saint sera venu, dit le Sauveur, il convaincra le monde en ce qui touche le péché. » Pourquoi ? « parce que les hommes n’ont pas cru en Jésus. » Combien, en effet, sera grande la responsabilité de ceux qui, ayant été les témoins des merveilles opérées par le Rédempteur, ne se rendront pas à sa parole ! Jérusalem entendra dire que l’Esprit est descendu sur les disciples de Jésus, et elle demeurera aussi indifférente qu’elle le fut aux prodiges qui lui désignaient son Messie. La venue de l’Esprit-Saint sera comme le prélude de la ruine de cette ville déicide. Jésus ajoute que « le Paraclet convaincra le monde au sujet de la justice, parce que, dit-il, je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ». Les Apôtres et ceux qui croiront à leur parole seront saints et justes par la foi. Ils croiront en celui qui s’en est allé au Père, en celui que leurs yeux ne verront plus en ce monde. Jérusalem, au contraire, ne gardera souvenir de lui que pour le blasphémer ; la justice, la sainteté, la foi de ceux qui auront cru seront sa condamnation, et l’Esprit-Saint l’abandonnera à son sort. Jésus dit encore : « Le Paraclet convaincra le monde en ce qui touche le jugement. » Et pourquoi ? « Parce que le prince du monde est déjà jugé. » Ceux qui ne suivent pas Jésus-Christ ont cependant un chef qu’ils suivent. Ce chef est Satan. Or, le jugement de Satan est déjà prononcé. L’Esprit-Saint avertit donc les disciples du monde que leur prince est pour jamais plongé dans la réprobation. Qu’ils y réfléchissent ; car, ajoute saint Augustin, « l’orgueil de l’homme aurait tort de compter sur l’indulgence ; qu’il se donne la peine de contempler le supplice auquel sont livrés les anges superbes [36]. »
Dans l’Offertoire, le chrétien emploie les paroles de David pour célébrer les bienfaits de Dieu envers son âme. Il associe la terre entière à sa reconnaissance, et avec raison ; car les faveurs dont le chrétien est comblé sont le bien commun du genre humain, que Jésus ressuscité a appelé tout entier à prendre part, dans les divins Sacrements, aux grâces de la Rédemption.
La sainte Église, qui prend ses délices dans la contemplation de la vérité, dont Jésus ressuscité lui prodigue les trésors, demande pour ses enfants, dans la Secrète, la grâce de mener une vie pure, afin qu’ils puissent mériter d’être admis à voir éternellement cette auguste vérité dans sa source.
L’Antienne de la Communion reproduit les paroles mystérieuses de l’Évangile que nous venons d’interpréter, et dans lesquelles la venue du divin Esprit nous est montrée comme devant apporter en même temps la récompense aux croyants et le châtiment aux incrédules.
En offrant ses actions de grâces pour le divin Mystère auquel ils viennent de participer, la sainte Église enseigne à ses enfants, dans la Postcommunion, que l’Eucharistie a en même temps la vertu de nous purifier de nos péchés et de nous préserver des dangers auxquels nous vivons exposés.
Pour terminer cette journée, nous emprunterons cette belle Préface à l’antique Missel gothique publié par dom Mabillon, et qui a été en usage autrefois dans un grand nombre d’Églises des Gaules.
CONTESTATIO. | |
Dignum et justum est ; æquum et salutare est : nos tibi hic et ubique semper gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus. Sed in hac die Resurrectionis Domini nostri Jesu Christi Filii tui gratulatio major exsultat in cordibus nostris. Hic est enim dies, in quo nobis exorta est perpetuæ causa lætitiæ. Hic est dies resurrectionis humanæ, et vitæ natalis æternæ. Hic est dies, in quo satiati sumus mane misericordia tua : quo nobis ille Benedictus, qui venit in nomine Domini, Deus noster inluxit nobis. Hic enim Dominus noster Jesus Christus Filius tuus adimplens Prophetias temporibus præstitutis, visitavit nos post biduum, die tertia resurrexit. Hic est enim dies tanti muneris benedictione signatus : qui hodierna festivitate gaudentibus in toto orbe mortalibus frequentatur. Quia omnium mors perempta est in cruce Christi ; et in Resurrectione ejus omnium vita surrexit. | Il est digne et juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel : mais dans ce jour de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils, une allégresse plus grande fait tressaillir nos cœurs. Car c’est ici le jour en lequel nous est apparue la cause des joies éternelles. C’est le jour de la résurrection de l’humanité et le principe de la vie qui ne doit pas finir. C’est le jour où dès le matin nous avons été rassasiés par votre miséricorde, où il a lui sur nous, celui qui est béni et qui vient au nom du Seigneur, celui qui est notre Dieu. C’est le jour où notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils, accomplissant les prophéties au temps marqué, nous a visités après deux jours, en ressuscitant le troisième. C’est le jour béni par le souvenir de si grands bienfaits, que, par toute la terre, il est la source de la joie des mortels ; car si la mort a succombé sur la Croix même du Christ, la vie de tous les hommes s’est relevée dans sa Résurrection. |
Tous les dimanches entre Pâques et la Pentecôte sont pour ainsi dire une continuation de la solennité pascale ; aussi en ce jour l’introït comme les versets qui suivent la lecture de l’épître de saint Jacques, célèbrent la victoire du Fort qui, dans la puissance de son bras, triomphe de la mort et du péché.
La venue du Saint-Esprit, annoncée aujourd’hui à la messe, rend absolue et irréductible l’antithèse entre l’Église et l’esprit mondain. Le Paraclet constitue l’Église une, lui donnant un identique vouloir, une identique foi, une identique vie surnaturelle en Jésus-Christ, tandis que le monde s’endurcit de plus en plus dans son péché. La Pentecôte est donc la glorification suprême de Jésus et de son corps mystique et c’est en ce sens que l’Esprit Saint convainc le monde de déicide, prononce sur le démon l’irrévocable condamnation et rend justice au Sauveur, le prêchant comme le Fils unique de Dieu, assis dans le ciel à la droite du Père.
L’introït provient du psaume 97. Chantez au Seigneur un cantique nouveau, semblable à celui qu’entonna le Christ, inaugurant sa nouvelle vie de gloire et de triomphe au jour de sa résurrection. Cela ne suffit pas ; cette heureuse rénovation comprend le monde tout entier, lequel s’associe à la joie de Jésus. En effet, Dieu a manifesté devant toute l’humanité ce « Juste », ce Sauveur, au secret duquel, à l’origine, les Prophètes avaient initié la seule nation juive. Le Père éternel a présenté son Fils unique au monde, en plein jour et sur le sommet d’une montagne où étaient rassemblés Juifs, Grecs et Romains, afin que désormais tous les peuples, sans monopole national de culte, pussent tourner leur regard vers le Crucifié, le saluant Rédempteur universel du genre humain.
Dans la collecte il est d’abord question du prodige que Dieu accomplit au moyen de la sainte foi, grâce à laquelle une si grande multitude de croyants professe un unique symbole de foi, nourrit un identique idéal de salut. Et puisque le Seigneur, par cette unité de doctrine, se montre vraiment l’arbitre des cœurs, nous lui demandons de diriger le nôtre afin qu’à travers la succession des événements humains, tantôt tristes, tantôt heureux, notre amour tende toujours là seulement où sont les joies véritables, c’est-à-dire en Dieu. En effet, tout change en ce monde, tout passe et disparaît ; Dieu seul demeure pour toujours.
Le cycle des lectures apostoliques se poursuit par la continuation de l’Épître de saint Jacques (I, 17-21), commencée dimanche dernier. Le cousin de Jésus qui fut le premier évêque de Jérusalem, aux spéculations de la fausse gnose qui déjà tentait de souiller les sources pures de l’inspiration évangélique, oppose surtout le contenu moral de l’Évangile, montrant la vanité de cette foi inerte qui est une connaissance spéculative et non une œuvre, ne s’affirmant pas, ne produisant pas le fruit des bonnes actions. Cette sentence de saint Jacques contient la condamnation anticipée de tout ce système protestant qui nie la nécessité des bonnes œuvres, et fait simplement de la religion, qui veut être une vie vécue, une théorie élaborée dans une école. Luther s’aperçut bien que saint Jacques lui était contraire, aussi déversa-t-il sa colère contre lui en supprimant son épître de la collection des Écritures, et en l’appelant une épître « de paille », c’est-à-dire sans valeur. Même après Luther, l’argument du frère du Seigneur conserve toute sa valeur et peut être invoqué comme un critérium pour reconnaître la véritable Église de Jésus-Christ. On demande donc la foi droite et les œuvres vertueuses. Une morale qui n’a pas son fondement dans le dogme est comme une maison qui s’élève sur le sable, ou comme un fou qui agit bien, mais qui ne le sait pas et qui, s’il le savait, ne le voudrait plus. D’autre part, une foi qui nie la nécessité des œuvres conformes à ses injonctions est une telle monstruosité et un tel contresens qu’il s’y trouve quelque chose de honteux et contre nature. — La phrase : Crede firmiter et pecca fortiter [37] appartient bien à Luther. — L’Église catholique seule, par les fruits abondants et magnifiques de sainteté, d’amour et de zèle qu’elle produit, se fait connaître partout pour l’unique et légitime dépositaire du message sauveur du Christ.
La péricope évangélique est prise, comme d’habitude, du discours après la Cène. (Ioan. XVI, 5-14.) Jésus se plaint que nous n’entrions pas en familiarité avec lui et que, alors qu’il nous déclare être déjà sur le point de s’éloigner, nous n’ayons même pas cure de lui demander : Seigneur, où allez-vous ? Oui, il s’éloignera, mais c’est pour notre bien ; car s’il n’acquiert pas d’abord dans le ciel, à la droite du Père, la plénitude définitive de la gloire qu’il a méritée dans sa passion, il ne pourra pas faire découler cette gloire du chef sur tous les membres de son corps mystique.
Cette glorification de Jésus par la diffusion de la grâce dans l’Église est précisément la mission réservée au Saint-Esprit. De la sorte celui-ci réparera l’honneur enlevé par le monde au Sauveur dans sa condamnation à mort, et anticipera en quelque sorte le jugement final des réprouvés obstinés, les abandonnant à leur sort et sanctifiant seulement ceux qui croient en Jésus le Sauveur du genre humain.
L’antienne de l’offertoire, avec sa luxuriante mélodie qui est l’un des plus exquis chefs-d’œuvre de l’art grégorien, est la même qu’au second dimanche après l’Épiphanie. Si alors on invitait toute la terre à admirer le prodige d’amour montré par Dieu au monde dans l’incarnation du Verbe, combien plus ne doit-on pas le faire maintenant que le Seigneur a associé l’humanité rachetée à la grâce, à la résurrection, à la glorification finale de Jésus ?
Dans la prière d’introduction à l’anaphore consécratoire, nous rappelons à Dieu que le sacrifice eucharistique établit entre le ciel et la terre des relations mutuelles que, pour les faire mieux comprendre au peuple, l’on pourrait comparer à celles du monde commercial. Nous donnons Jésus à Dieu comme prix de notre rachat, et Lui en échange se donne lui-même à nous, avec sa grâce comme gage. Tel est l’état de choses entre Dieu et nous. Maintenant c’est à nous à ne pas l’altérer en manquant au contrat, et en nous écartant de cette intime imitation de Jésus qui est la condition première et essentielle du salut éternel. Pourquoi cela ? Parce que ce Jésus que nous devons donner au Père comme prix de notre rachat doit être un Jésus vécu par nous, avec lequel nous entrons en participation moyennant l’union de notre âme avec lui, que nous embrassons par la foi et par les œuvres.
L’antienne pour la Communion, tirée de la lecture évangélique du jour, est comme une nouvelle menace au monde. Quand viendra le Paraclet, y est-il dit, il accusera le monde de déicide, il réparera l’injustice commise contre Jésus et il jugera ceux qui, si injustement, siégèrent pour le condamner. Ce jugement, dans l’attente de celui de la fin des temps, est simplement négatif. Le Saint-Esprit est lumière et vie. Les impies ferment obstinément les yeux et opposent une vive résistance, pour que cette lumière ne les éblouisse pas, pour que cette vie ne les réchauffe pas et ne les pousse pas au bien. Voilà, selon la parole de l’Écriture, la première mort, laquelle précède la seconde mort, perpétuelle celle-là, et dont parle l’Église quand elle nous fait chanter : a morte perpetua, libera nos, Domine [38].
Dans la collecte d’action de grâces, nous supplions le Seigneur afin que le sacrifice eucharistique expie les erreurs de notre vie passée, et nous aguerrisse contre les possibles périls futurs. Beaucoup réfléchissent trop peu à l’obligation où nous sommes, même après la confession sacramentelle, de faire pénitence pour les péchés commis.
Voici que le Divin Sacrifice, par la force de sa valeur expiatoire, vient très opportunément à notre secours. Entendons donc la sainte Messe avec cet esprit de sincère pénitence ; faisons en sorte qu’elle soit offerte quelquefois par le prêtre à cette intention, et ainsi nous abrégerons de beaucoup le temps de notre purgatoire.
La séparation entre l’Église et le monde est formulée nettement aujourd’hui. L’Esprit de Jésus communique à l’Église cette suprême glorification que le Crucifié a méritée pour le Chef et pour les membres de son corps mystique, glorification qui maintenant enveloppe les membres d’une auréole de grâce et de sainteté, mais qui, en son temps, se transformera en un nimbe de gloire. Au contraire, le monde in maligno est positus [39]. Il est envahi par l’esprit de Satan, qui est un esprit de haine, et c’est pourquoi il ne peut participer à cette vie divine de charité, dont le Paraclet est le principe et la source vive.
1. Premières impressions. — Aujourd’hui précisément l’Église nous parle de l’action du Saint-Esprit. Cette action est triple : dans le monde, dans l’Église et dans l’âme. Dans le monde : Le Saint-Esprit présentera au monde coupable un miroir dans lequel il pourra voir sa culpabilité, la vérité et la juste cause de l’Église, mais aussi le châtiment qui le menace. Le Saint-Esprit montre au monde la marche victorieuse de l’Église qu’il dirige. Le monde impie doit reconnaître ces faits en grinçant des dents, même s’il ne veut pas en convenir extérieurement. Avant le Christ, le monde croupissait dans la souillure de ses vices, mais il ne se rendait pas compte de son état dégénéré. Aujourd’hui, l’Église est comme le reproche de la conscience pour les mauvais. Aussi, le monde hait l’Église parce qu’elle ne cesse de secouer son repos paresseux et de mettre le doigt sur ses plaies. Combien, cependant, n’ont pu supporter ce reproche et se sont convertis au Christ ! Telle est, en effet, l’action du Saint-Esprit sur le monde : Ou bien les hommes se convertissent au Christ, ou bien ils haïssent le Christ ; ils reconnaissent leurs péchés, la justice de l’Église et l’approche menaçante du jugement, soit pour leur salut, soit pour leur perte. Mais, de toute façon, ils reconnaîtront ces vérités et c’est là l’œuvre du Saint-Esprit dans le monde.
Plus douce est l’action du Saint-Esprit dans l’Église. Il y continue l’œuvre du Christ sur la terre ; il enseigne l’Église, il rappelle au magistère tout ce que le Christ dit : il garde l’Église exempte de fautes et d’erreurs. Chrétiens, que de choses nous pourrions dire sur l’action du Saint-Esprit dans l’Église ! Tous les sacrements sont son œuvre. Dans le Baptême, il nous fait ses temples. Dans la Confirmation ; il fait de nous des combattants, des prêtres (au sens large), des martyrs. L’Eucharistie est son œuvre. De même que, jadis, il a été l’auteur de l’humanité du Christ, de même, à la messe, il change le pain et le vin au corps et au sang du Christ. Le pouvoir de remettre les péchés est son œuvre. C’est pourquoi le Sauveur dit : « Recevez le Saint-Esprit ; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez... » Nous voyons donc quelle grande action exerce le Saint-Esprit dans l’Église.
En parlant de son action dans l’Église, nous avons déjà parlé de son action dans l’âme. Il est notre guide dans cette vallée de larmes. Il est le docteur de l’âme individuelle. Il y a, dans notre cœur, un jardin dans lequel il cultive la semence divine et l’arrose. Sans lui, rien ne pousserait. C’est lui, aussi, qui écarte la mauvaise herbe de ce jardin. Nous comprenons ce que cela veut dire. Les fleurs sont les vertus, les fruits sont les bonnes œuvres et les mauvaises herbes sont les péchés.
2. La messe (Cantate). — La messe nous manifeste l’action véritable du Saint-Esprit. Dans l’Introït, l’Alléluia est le point central. « Chantez au Seigneur le cantique nouveau : Alléluia ». On nous dit aussi le motif de notre chant : « Il a fait des merveilles ». Ces merveilles que Dieu manifeste aux regards du monde, ce sont les œuvres du Saint-Esprit. C’est le Saint-Esprit qui fond les fidèles dans une unité, le corps mystique du Christ ; c’est lui qui, sur la mer orageuse de la vie, ancre nos cœurs au ciel, où le Christ nous a précédés (Or.). Le Saint-Esprit « descend de là-haut » il est le « don parfait du Père des lumières », il fait de nous des hommes de lumière « au milieu des ombres obscures » de la vie terrestre. Nous avons été « régénérés » à Pâques par la divine « Parole », le Christ. C’est alors que la plante divine a été placée dans le jardin de notre cœur. Nous devons maintenant, laisser agir le divin jardinier, le Saint-Esprit, afin que « notre âme soit bienheureuse » (Ep.). Ce divin jardinier est « la droite du Seigneur » (Le Saint-Esprit est souvent appelé, dans la Sainte-Écriture et la liturgie, le doigt de Dieu). La droite de Dieu crée la victoire, l’exaltation, la vie (Allel.). C’est pourquoi il est bon pour nous que le Christ s’en aille. Ce n’est qu’à cette condition que viendra le Paraclet victorieux, le guide, le docteur qui nous fera pénétrer toujours plus avant dans la doctrine du Christ. C’est lui, aussi, qui glorifiera sur la terre le Christ, le Christ mystique. Cette magnifique activité, le Saint-Esprit l’exerce dans l’Eucharistie (Ev.).
Maintenant, dans le Saint-Sacrifice, nous recevons de nouveau ce que nous promet l’avant-messe. Nous chantons avec reconnaissance, au moment où nous entrons dans le sacrifice (Off.), le cantique pascal : « Que de grandes choses le Seigneur a faites à notre âme ! » (C’est la repetenda dans le psaume complet). Dans l’Eucharistie, cet Esprit victorieux vient sur nous et fait de nous des vainqueurs du monde, des martyrs. Nous chantons à la Communion : « Quand le Paraclet, l’Esprit de vérité, viendra ». C’est maintenant, en effet, au moment de la Communion, qu’il descend en nous.
3. De la patience. — Après nous avoir rappelé le « petit délai » dont parle le Seigneur, l’Église nous entretient aujourd’hui de la patience. Elle nous recommande, cette semaine, la pratique de cette vertu, d’une manière toute spéciale, et elle nous fait lire un beau passage du livre de saint Cyprien sur la patience. Le saint nous propose, d’abord, l’exemple de Dieu et du Christ : « Cette vertu nous est commune avec Dieu. C’est en lui que cette vertu a son principe, c’est de lui qu’elle tire sa gloire et sa dignité. Dans son origine et dans sa grandeur, la patience a Dieu comme auteur. L’homme doit aimer une chose qui est chère à Dieu. Un bien que Dieu aime est recommandé par sa divine majesté. Si Dieu est notre Seigneur et notre Père, attachons-nous à la patience de celui qui est à la fois notre Seigneur et notre Père. Il faut, en effet, que les serviteurs obéissent et que les enfants ne soient pas dégénérés ». Saint Cyprien parcourt toute la vie du Seigneur et nous montre partout sa patience, surtout dans sa Passion.
La Sainte Écriture de l’Ancien comme du Nouveau Testament est également remplie d’exemples de patience. Enfin, saint Cyprien étudie la patience par rapport à la vie chrétienne. Elle donne la persévérance, elle préserve des vices, elle fait naître l’amour, elle triomphe de la haine et de la discorde, elle fait surmonter les contrariétés de la vie. « L’efficacité de la patience est très étendue. Dans toutes nos actions, rien ne peut s’achever sans recevoir sa force de la patience. C’est la patience qui nous recommande et nous garde à Dieu. C’est elle qui tempère la colère, qui réfrène la langue, qui gouverne l’esprit, qui conserve la paix, qui dirige la bonne éducation, qui brise l’impétuosité des passions, qui réprime la violence de l’orgueil, qui éteint l’incendie des haines, qui maintient dans ses limites la puissance des riches, qui adoucit la détresse des pauvres, qui protège la bienheureuse intégrité des vierges, la laborieuse chasteté des veuves et l’amour indestructible des gens mariés ; elle rend humble dans la prospérité, fort dans l’adversité, doux en face des injustices et des injures. Elle apprend à pardonner vite à ceux qui commettent une faute ; si l’on commet soi-même une faute, elle enseigne à demander, longtemps et avec instance, le pardon. Elle combat les tentations, elle supporte les persécutions, elle conduit à leur perfection les souffrances et le martyre. C’est elle qui affermit les fondements de notre foi, c’est elle qui favorise le développement de notre espérance. Elle dirige toutes nos actions, elle nous rend capables de suivre la voie du Christ en nous faisant marcher dans sa patience ».
4. Lecture d’Écriture (Jacq., I, 1-16). — L’Épître de saint Jacques le Mineur est très instructive et très édifiante ; elle est en même temps facile à comprendre. Elle fait sans doute partie des plus anciens écrits du Nouveau Testament et doit remonter à l’époque qui précède de peu le concile de Jérusalem. Elle traite de la pratique de la vie chrétienne. Le passage qui nous occupe traite de la patience : « Voyez un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toutes sortes qui vous assaillent. Vous le savez, si votre foi est véritable, elle produit la patience ; mais la patience doit vous mener à la perfection ». Il parle ensuite de la véritable sagesse (c’est-à-dire de la vie vertueuse) : « Si la sagesse fait défaut à quelqu’un d’entre vous, qu’il la demande à Dieu, lequel la donne à tous, simplement, sans faire de reproche. Mais qu’il la demande avec foi, sans hésiter. Car celui qui hésite est semblable au flot de la mer agité et ballotté par le vent. Que cet homme-là ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : homme à deux âmes, inconstant dans ses voies. Que le frère pauvre se glorifie de son élévation et que le riche mette sa gloire dans son abaissement !... Heureux l’homme qui supporte l’épreuve !... Lorsque quelqu’un est tenté, qu’il ne dise pas : c’est Dieu qui me tente… Chacun est tenté par sa propre convoitise... Ne vous abusez pas, mes frères bien-aimés. Tout don excellent, toute grâce parfaite descend d’en haut, du Père des lumières, en qui n’existe aucune vicissitude, ni ombre de changement »
[1] Luc. 24, 29.
[2] Tentations signifie ici les afflictions, les persécutions, les épreuves en général. L’épreuve nous rend plus humbles, plus soumis, plus patients. C’est par l’exercice des souffrances que nous acquérons la patience.
[3] Ps. 136, 5.
[4] Ps. 136, 1.
[5] C’est-à-dire qui est partagé entre la foi et l’incrédulité, entre Dieu et le monde.
[6] « Que l’humble et le pauvre se réjouissent, car l’humilité et la pauvreté sont devenues glorieuses par le Christ. L’humilité est l’échelle qui conduit au ciel, la voie certaine de l’exaltation. » (Corn. a Lap.).
[7] Ses voies, c’est-à-dire ses œuvres.
[8] Ps. 76, 17.
[9] « II y a deux sortes de tentations, l’une qui induit en erreur, et l’autre qui éprouve : quand la tentation est de nature à tromper, Dieu ne tente personne ; dès qu’elle est une épreuve, le Seigneur votre Dieu vous tente afin de savoir si vous l’aimez, (Deut., 13, 3). Qu’est-ce à dire, pour savoir ? Pour vous faire savoir, car lui le sait. » (Saint Augustin).
[10] L’état d’une âme séparée de Dieu par le péché est justement comparé à la mort.
[11] Ps. 21, 23.
[12] Ps. 56, 10.
[13] Ps. 67, 27.
[14] Ps. 65, 2.
[15] Ps. 118, 10.
[16] Ps. 118, 12.
[17] Ps. 136, 3.
[18] Ps. 143, 2.
[19] Ps. 117, 28.
[20] Ps. 81, 1.
[21] Ps. 91, 4.
[22] Luc. 24, 29.
[23] Eccle. IV, 12.
[24] Prov. IX, 1.
[25] Exod. XXV, 37.
[26] Apoc. I, 12, 16.
[27] Ibid. V, 6.
[28] Ibid. 5.
[29] Ibid. IV, 5.
[30] Ibid. VIII, 2.
[31] Ibid. XV, 1.
[32] Johan. III, 5.
[33] Matth. XXVIII, 19.
[34] Marc. XVI, 16.
[35] I Tim. II, 4.
[36] In Johannem, Tract. XCV.
[37] Croie fermement et pèche fortement.
[38] De la mort éternelle, libérez-nous Seigneur.
[39] Placé dans le mal.