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2ème Dimanche après Pâques

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Ce Dimanche est appelé le Dimanche du Bon Pasteur. St Pierre, que Jésus ressuscité constitue chef et Pasteur de son Église, nous dit en effet dans l’Épître que le Christ est le Pasteur de nos âmes, qui étaient comme des brebis errantes. Il est venu donner sa vie pour elles et elles se sont groupées autour de lui. L’Évangile nous redit la parabole du Bon Pasteur, qui défend ses brebis contre les attaques du loup et les préserve de la mort (Or.). Il annonce aussi que les païens viendront se joindre aux Juifs de l’Ancienne Loi et qu’ils ne formeront qu’une seule église et un seul troupeau, sous un même Pasteur. Jésus les reconnaît pour ses brebis et, comme les disciples d’Emmaüs dont « les yeux s’ouvrent à la fraction du pain » (Ev., 1er All.), elles reconnaissent à leur tour, à l’autel où le prêtre consacre l’Hostie qui est le mémorial de la Passion de Jésus, que le Christ est « le bon Pasteur qui a donné sa vie pour pouvoir nourrir ses brebis de son corps et de son sang » (Matines, S. Grégoire, leçon X.). Levant alors vers lui leurs regards (Off.), elles lui expriment leur reconnaissance pour sa grande miséricorde (Intr.). « C’est en ces jours, dit S. Léon, que le Saint-Esprit s’est répandu sur tous les Apôtres par l’insufflation du Seigneur, et que le bienheureux Apôtre Pierre, élevé au-dessus de tous, s’est vu confier, après les clefs du royaume, le soin du troupeau du Seigneur » (2ème Nocturne). C’est le prélude de la fondation de l’Église. — Serrons-nous autour du divin Pasteur de nos âmes caché dans l’Eucharistie, et dont le Pape, Pasteur de l’Église universelle, est le représentant visible.

Textes de la Messe

Dominica Secunda post Pascha
2ème Dimanche après Pâques
ante CR 1960 : semiduplex
Semidouble
CR 1960 : II classis
2nde classe
Ant. ad Introitum. Ps. 32, 5-6.Introït
Misericórdia Dómini plena est terra, allelúia : verbo Dómini cæli firmáti sunt, allelúia, allelúia.La terre est remplie de la miséricorde du Seigneur, alléluia ; les cieux ont été affermis par la parole du Seigneur, alléluia, alléluia.
Ps. ibid., 1.
Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio.Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur ; c’est aux hommes droits que sied la louange.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui in Fílii tui humilitáte iacéntem mundum erexísti : fidélibus tuis perpétuam concéde lætítiam ; ut, quos perpétuæ mortis eripuísti cásibus, gáudiis fácias pérfrui sempitérnis. Per eúndem Dóminum.Dieu, qui, par l’humilité de votre Fils, avez relevé le monde abattu : accordez à vos fidèles une allégresse constante, et faites jouir des joies éternelles ceux que vous avez arrachés aux dangers d’une mort sans fin.
Léctio Epístolæ beáti Petri Apóstoli.Lecture de l’Épître du B. Ap. Pierre.
1 Petri 2, 21-25.
Caríssimi : Christus passus est pro nobis, vobis relínquens exémplum, ut sequámini vestígia eius. Qui peccátum non fecit, nec invéntus est dolus in ore eius : qui cum male dicerétur, non maledicébat : cum paterétur, non comminabátur : tradébat autem iudicánti se iniúste : qui peccáta nostra ipse pértulit in córpore suo super lignum : ut, peccátis mórtui, iustítiæ vivámus : cuius livóre sanáti estis. Erátis enim sicut oves errántes, sed convérsi estis nunc ad pastórem et epíscopum animárum vestrárum.Mes bien-aimés, le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces : lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel ne s’est pas trouvé de fraude ; lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, et, maltraité, ne faisait point de menaces, mais se livrait à celui qui le jugeait injustement ; lui qui a porté lui-même nos péchés dans son corps sur le bois, afin qu’étant morts au péché, nous vivions à la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris. Car vous étiez comme des brebis errantes ; mais vous êtes retournés maintenant au pasteur et au gardien de vos âmes.
Allelúia, allelúia. V/. Luc. 24, 35. Cognovérunt discípuli Dóminum Iesum in fractióne panis.Allelúia, allelúia. V/. Les disciples reconnurent le Seigneur, Jésus à la fraction du pain.
Allelúia. V/. Ioann. 10, 14. Ego sum pastor bonus : ei cognósco oves meas, et cognóscunt me meæ. Allelúia.Allelúia. V/. Je suis le bon pasteur et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Suite du Saint Évangile selon saint Jean.
Ioann. 10, 11-16.
In illo témpore : Dixit Iesus pharisǽis : Ego sum pastor bonus. Bonus pastor ánimam suam dat pro óvibus suis. Mercenárius autem et qui non est pastor, cuius non sunt oves própriæ, videt lupum veniéntem, et dimíttit oves et fugit : et lupus rapit et dispérgit oves : mercenárius autem fugit, quia mercenárius est et non pértinet ad eum de óvibus. Ego sum pastor bonus : et cognósco meas et cognóscunt me meæ. Sicut novit me Pater, et ego agnósco Patrem, et ánimam meam pono pro óvibus meis. Et alias oves hábeo, quæ non sunt ex hoc ovíli : et illas opórtet me addúcere, et vocem meam áudient, et fiet unum ovíle et unus pastor.En ce temps-là, Jésus dit aux pharisiens : Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, et celui qui n’est point pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, et abandonne les brebis, et s’enfuit ; et le loup ravit et disperse les brebis. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon pasteur, et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là aussi, il faut que je les amène, et elles écouteront ma voix, et il n’y aura qu’une seule bergerie et qu’un seul pasteur.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 62, 2 et 5.Offertoire
Deus, Deus meus, ad te de luce vígilo : et in nómine tuo levábo manus meas, allelúia.O Dieu, mon Dieu, je veille aspirant à vous dès l’aurore et je lève mes mains en votre nom, alléluia.
Secreta.Secrète
Benedictiónem nobis, Dómine, cónferat salutárem sacra semper oblátio : ut, quod agit mystério, virtúte perfíciat. Per Dóminum.Que cette oblation sacrée attire toujours sur nous, Seigneur, votre bénédiction salutaire ; en sorte que ce qu’elle opère en ce mystère, elle l’achève par sa vertu.
Præfatio paschalis, in qua dicitur : in hoc potíssimum. Préface pascale
Ant. ad Communionem. Ioann. 10, 14.Communion
Ego sum pastor bonus, allelúia : et cognósco oves meas, et cognóscunt me meæ, allelúia, allelúia.Je suis le bon pasteur, alléluia ; et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, alléluia, alléluia.
Postcommunio.Postcommunion
Præsta nobis, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, vivificatiónis tuæ grátiam consequéntes, in tuo semper múnere gloriémur. Per Dóminum nostrum.Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, qu’obtenant de vous la grâce d’une nouvelle vie, nous nous glorifiions toujours de ce bienfait que nous vous devons.

Office

AUX 1ères VÊPRES

Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes.
Psaume 143, i
Psaume 143, ii
Psaume 144, i
Psaume 144, ii
Psaume 144, iii
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum 1 Petr. 2. 21-22. Capitule
Caríssimi, Christus passus est pro nobis, vobis relínquens exémplum, ut sequámini vestígia eius. Qui peccátum non fecit, nec invéntus est dolus in ore eius.Mes bien-aimés, le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ; lui qui n’a pas commis de péché, et en la bouche de qui n’a pas été trouvée la tromperie.
Hymnus Hymne
Ad cenam Agni próvidi (ancienne hymne des vêpres au Temps Pascal)
Ad régias Agni dapes,
Stolis amícti cándidis,
Post tránsitum Maris Rubri,
Christo canámus Príncipi :
Au royal banquet de l’Agneau,
revêtus de nos robes blanches,
après le passage de la mer Rouge,
chantons au Christ notre Chef :
Divína cuius cáritas
Sacrum propínat sánguinem,
Almíque membra córporis
Amor sacérdos ímmolat.
C’est lui dont la charité divine
nous verse à boire le sang sacré,
son amour est le sacrificateur qui immole
les membres du corps nourricier.
Sparsum cruórem póstibus
Vastátor horret Angelus :
Fugítque divísum mare ;
Mergúntur hostes flúctibus.
Le sang dont nos portes sont marquées
remplit de crainte l’Ange exterminateur :
la mer, divisée en deux, fuit devant nous ;
les ennemis sont submergés dans les flots.
Iam Pascha nostrum Christus est,
Paschális idem víctima,
Et pura puris méntibus
Sinceritátis ázyma.
Notre Pâque, maintenant, c’est le Christ :
il est notre victime pascale ;
il est pour les cœurs purs,
le pur azyme de la sincérité.
O vera cæli víctima,
Subiécta cui sunt tártara,
Solúta mortis víncula,
Recépta vitæ prǽmia.
O victime véritable, venue du ciel,
par qui les enfers sont domptés,
les liens de la mort brisés,
les dons de la vie recouvrés !
Victor subáctis ínferis,
Trophǽa Christus éxplicat ;
Cælóque apérto, súbditum
Regem tenebrárum trahit.
Vainqueur de la mort terrassée,
le Christ déploie son étendard ;
il rouvre le ciel, et traîne
en captif le roi des ténèbres.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.
V/. Mane nobíscum, Dómine, allelúia. V/. Restez avec nous, Seigneur, alléluia.
R/. Quóniam advesperáscit, allelúia.R/. Car le soir tombe, alléluia. [1]
Ad Magnif. Ant. Ego sum pastor óvium : * ego sum via, véritas, et vita : ego sum pastor bonus, et cognósco oves meas, et cognóscunt me meæ, allelúia, allelúia. Ant. au Magnificat Moi je suis le pasteur des brebis : * moi je suis la voie, la vérité et la vie : moi je suis le bon pasteur, et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, alléluia, alléluia.
Magnificat
OratioPrière
Deus, qui in Fílii tui humilitáte iacéntem mundum erexísti : fidélibus tuis perpétuam concéde lætítiam ; ut, quos perpétuæ mortis eripuísti cásibus, gáudiis fácias pérfrui sempitérnis. Per eúndem Dóminum.Dieu, qui, par l’humilité de votre Fils, avez relevé le monde abattu : accordez à vos fidèles une allégresse constante, et faites jouir des joies éternelles ceux que vous avez arrachés aux dangers d’une mort sans fin.

A MATINES (Avant 1960)

Invitatorium Invitatoire
Surréxit Dóminus vere, * Allelúia.Le Seigneur est vraiment ressuscité, * Alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne
Rex sempitérne cǽlitum,
Rerum Creátor ómnium,
Æquális ante sǽcula
Semper Parénti Fílius :
Roi éternel des habitants des cieux,
créateur de toutes choses,
égal dès avant les siècles
toujours au Père, vous le Fils :
Nascénte qui mundo faber
Imáginem vultus tui
Tradens Adámo, nóbilem
Limo iugásti spíritum.
A la naissance du monde, vous, artisan
imprimant le sceau de votre visage,
au front d’Adam avez uni
un noble esprit au limon.
Cum livor et fraus dǽmonis
Fœdásset humánum genus :
Tu, carne amíctus, pérditam
Formam refórmas ártifex.
Quand l’envie et la ruse du démon
eurent dégradé la race humaine :
Vous, artisan, revêtu de la chair,
réformez la forme perdue
Qui, natus olim e Vírgine,
Nunc e sepúlcro násceris,
Tecúmque nos a mórtuis
Iubes sepúltos súrgere.
Né d’abord de la Vierge,
vous renaissez maintenant du sépulcre,
et vous nous commandez, à nous ensevelis,
de nous lever avec vous d’entre les morts.
Qui, pastor ætérnus, gregem
Aqua lavas baptísmatis :
Hæc est lavácrum méntium :
Hæc est sepúlcrum críminum.
Pasteur éternel, vous lavez
votre troupeau dans l’eau baptismale ;
c’est là le bain purificateur des âmes,
c’est le sépulcre des crimes.
Nobis diu qui débitæ
Redémptor affíxus cruci,
Nostræ dedísti pródigus
Prétium salútis sánguinem.
Attaché comme rédempteur à la croix,
qui depuis longtemps nous était due,
vous avez prodigué votre sang,
la rançon de notre salut
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio, qui a mórtuis
Surréxit, ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels.
Ainsi soit-il.
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. Allelúia, * lapis revolútus est, allelúia : ab óstio monuménti, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * la pierre a été roulée, alléluia : de la porte du tombeau, alléluia, alléluia.
Psaume 1
Psaume 2
Psaume 3
Ant. Allelúia, * lapis revolútus est, allelúia : ab óstio monuménti, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * la pierre a été roulée, alléluia : de la porte du tombeau, alléluia, alléluia.
V/. Surréxit Dóminus de sepúlchro, allelúia.V/. Le Seigneur est ressuscité du tombeau, alléluia.
R/. Qui pro nobis pepéndit in ligno, allelúia.R/. Lui qui pour nous fut attaché au bois, alléluia.
Lectio i1ère leçon
De Actibus Apostolórum.Des Actes des Apôtres.
Cap. 13, 13-20.
Cum a Papho navigássent Paulus et qui cum eo erant, venérunt Pergen Pamphýliæ. Ioánnes autem discédens ab eis, revérsus est Ierosólymam. Illi vero pertranseúntes Pergen, venérunt Antiochíam Pisídiæ, et ingréssi synagógam die sabbatórum, sedérunt. Post lectiónem autem legis et prophetárum, misérunt príncipes synagógæ ad eos, dicéntes : Viri fratres, si quis est in vobis sermo exhortatiónis ad plebem, dícite. Surgens autem Paulus, et manu siléntium indícens, ait : Viri Israëlítæ, et qui timétis Deum, audíte : Deus plebis Israël elégit patres nostros, et plebem exaltávit, cum essent íncolæ in terra Ægýpti, et in bráchio excélso edúxit eos ex ea, et per quadragínta annórum tempus mores eórum sustínuit in desérto. Et déstruens gentes septem in terra Chánaan, sorte distríbuit eis terram eórum, quasi post quadringéntos et quinquagínta annos : et post hæc dedit iúdices usque ad Sámuel prophétam.Paul, et ceux qui étaient avec lui, s’étant embarqués à Paphos, vinrent à Perge de Pamphylie. Mais Jean, se séparant d’eux, s’en retourna à Jérusalem. Mais eux, passant au-delà de Perge, vinrent à Antioche de Pisidie, et, étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s’assirent. Après la lecture de la loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue envoyèrent vers eux, disant : Hommes, nos frères, si vous avez quelque exhortation à faire au peuple, parlez. Alors Paul se levant, et de la main commandant le silence, dit : Hommes d’Israël, et vous qui craignez Dieu, écoutez : Le Dieu du peuple d’Israël a choisi nos pères, et a exalté ce peuple lorsqu’il habitait dans la terre d’Égypte, et, le bras levé, il l’en a retiré. Et pendant une durée de quarante ans, il supporta sa conduite dans le désert. Puis, ayant détruit sept nations dans le pays de Chanaan, il lui en partagea la terre par le sort, après environ quatre cent cinquante ans ; et ensuite, il leur donna des juges jusqu’au Prophète Samuel.
R/. Virtúte magna reddébant Apóstoli * Testimónium resurrectiónis Iesu Christi Dómini nostri, allelúia, allelúia.R/. Les Apôtres rendaient avec une grande force [2], * Témoignage de la résurrection de Jésus-Christ notre Seigneur, alléluia, alléluia.
V/. Repléti quidem Spíritu Sancto, loquebántur cum fidúcia verbum Dei.V/. Remplis de l’Esprit-Saint, ils annonçaient la parole de Dieu avec confiance.
* Testimónium resurrectiónis Iesu Christi Dómini nostri, allelúia, allelúia. * Témoignage de la résurrection de Jésus-Christ notre Seigneur, alléluia, alléluia.
Lectio ii2e leçon
Cap. 13, 21-25.
Et exínde postulavérunt regem : et dedit illis Deus Saul fílium Cis, virum de tribu Béniamin, annis quadragínta. Et, amóto illo, suscitávit illis David regem : cui testimónium pérhibens, dixit : Invéni David fílium Iesse, virum secúndum cor meum, qui fáciet omnes voluntátes meas. Huius Deus ex sémine secúndum promissiónem edúxit Israël Salvatórem Iesum, prædicánte Ioánne ante fáciem advéntus eius baptísmum pœniténtiæ omni pópulo Israël. Cum impléret autem Ioánnes cursum suum, dicébat : Quem me arbitrámini esse, non sum ego ; sed ecce venit post me, cuius non sum dignus calceaménta pedum sólvere.Alors, ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, pendant quarante ans ; puis, l’ayant ôté, il leur suscita pour roi David, à qui il rendit témoignage, disant : J’ai trouvé David, fils de Jessé, homme selon mon cœur, qui fera toutes mes volontés. C’est de sa postérité que Dieu, selon sa promesse, a suscité à Israël le Sauveur Jésus, Jean, avant sa venue, ayant prêché le baptême de pénitence à tout le peuple d’Israël. Et lorsque Jean achevait sa course, il disait : Je ne suis pas celui que vous pensez ; mais voilà que vient après moi celui dont je ne suis pas digne de délier la chaussure.
R/. De ore prudéntis procédit mel, allelúia : dulcédo mellis est sub lingua eius, allelúia : * Favus distíllans lábia eius, allelúia, allelúia.R/. De la bouche du sage découle le miel, alléluia : la douceur du miel est sous sa langue, alléluia [3] : * Un rayon de miel distille de ses lèvres, alléluia, alléluia.
V/. Sapiéntia requiéscit in corde eius, et prudéntia in sermóne oris illíus.V/. La sagesse repose dans son cœur, et la prudence est dans les paroles de sa bouche [4].
* Favus distíllans lábia eius, allelúia, allelúia.* Un rayon de miel distille de ses lèvres, alléluia, alléluia.
Lectio iii3e leçon
Cap. 13, 26-33.
Viri fratres, fílii géneris Abraham, et qui in vobis timent Deum, vobis verbum salútis huius missum est. Qui enim habitábant Ierúsalem, et príncipes eius hunc ignorántes, et voces prophetárum, quæ per omne sábbatum legúntur, iudicántes implevérunt ; et nullam causam mortis inveniéntes in eo, petiérunt a Piláto, ut interfícerent eum. Cumque consummássent ómnia quæ de eo scripta erant, deponéntes eum de ligno, posuérunt eum in monuménto. Deus vero suscitávit eum a mórtuis tértia die : qui visus est per dies multos his, qui simul ascénderant cum eo de Galilǽa in Ierúsalem : qui usque nunc sunt testes eius ad plebem. Et nos vobis annuntiámus eam, quæ ad patres nostros repromíssio facta est : quóniam hanc Deus adimplévit fíliis nostris resúscitans Iesum, sicut et in Psalmo secundo scriptum est : Fílius meus es tu, ego hódie génui te.Hommes, mes frères, fils de la race d’Abraham, c’est à vous, et à ceux qui parmi vous craignent Dieu, que la parole de ce salut a été envoyée. Car ceux qui habitaient Jérusalem, et leurs chefs le méconnaissant et ne comprenant pas les paroles des Prophètes, qui sont lues à chaque sabbat, ils les ont accomplies en le condamnant ; et, ne trouvant en lui aucune cause de mort, ils demandèrent à Pilate de le faire mourir. Et après qu’ils eurent consommé tout ce qui était écrit de lui, le descendant du bois, ils le mirent dans un sépulcre. Mais Dieu l’a ressuscité des morts le troisième jour, et pendant un grand nombre de jours il a été vu de ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, et qui sont maintenant ses témoins devant le peuple. Et nous, nous vous annonçons que la promesse qui a été faite à nos pères, Dieu l’a tenue à nos fils, ressuscitant Jésus comme il est écrit dans le deuxième Psaume : Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd’hui.
R/. Ecce vicit leo de tribu Iuda, radix David, aperíre librum, et sólvere septem signácula eius : * Allelúia, allelúia, allelúia.R/. Voici qu’il a vaincu, le lion de la tribu de Juda, la racine de David, qui a obtenu par sa victoire d’ouvrir le livre et d’en délier les sept sceaux [5] : * Alléluia, alléluia, alléluia.
V/. Dignus est Agnus, qui occísus est, accípere virtútem, et divinitátem, et sapiéntiam, et fortitúdinem, et honórem, et glóriam, et benedictiónem.V/. Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction.
* Allelúia, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Allelúia, allelúia, allelúia.* Alléluia, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Alléluia, alléluia, alléluia.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. Allelúia, * quem quæris, múlier ? allelúia : vivéntem cum mórtuis, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * qui cherches-tu, femme ? alléluia : un vivant parmi les morts, alléluia, alléluia.
Psaume 8
Psaume 9, i
Psaume 9, ii
Ant. Allelúia, * quem quæris, múlier ? allelúia : vivéntem cum mórtuis, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * qui cherches-tu, femme ? alléluia : un vivant parmi les morts, alléluia, alléluia.
V/. Surréxit Dóminus vere, allelúia.V/. Le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
R/. Et appáruit Simóni, allelúia.R/. Et il est apparu à Simon, alléluia.
Lectio iv4e leçon
Sermo sancti Leónis Papæ.Sermon de saint Léon, Pape.
Sermo 1 de Ascensióne Dómini, post initium
Hi dies, dilectíssimi, qui inter resurrectiónem Dómini ascensionémque fluxérunt, non otióso transiére decúrsu, sed magna in eis confirmáta sacraménta, magna sunt reveláta mystéria. In iis metus diræ mortis aufértur, et non solum ánimæ, sed étiam carnis immortálitas declarátur. In iis per insufflatiónem Dómini infúnditur Apóstolis ómnibus Spíritus Sanctus : et beáto Apóstolo Petro supra céteros, post regni claves, ovílis Domínici cura mandátur.Mes bien-aimés, les jours qui se sont écoulés entre la résurrection du Seigneur et son ascension, n’ont point passé d’un cours infructueux et inutile pour nous ; mais en ces jours, de grands sacrements ont été confirmés, de grands mystères révélés. En ces jours, la crainte d’une mort funeste nous a été enlevée, et non seulement l’immortalité de l’âme, mais aussi la résurrection de la chair nous a été manifestée. C’est en ces jours que le Saint-Esprit s’est répandu dans tous les Apôtres par l’insufflation du Seigneur, et que le bienheureux Apôtre Pierre, élevé au-dessus de tous, s’est vu confier, après les clefs du royaume, le soin du troupeau du Seigneur.
R/. Ego sum vitis vera, et vos pálmites : * Qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum, allelúia, allelúia.R/. Moi, je suis la vraie vigne, et vous les sarments [6] : * Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruits, alléluia, alléluia.
V/. Sicut diléxit me Pater, et ego diléxi vos.V/. Comme mon Père m’a aimé, moi je vous ai aimés.
* Qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum, allelúia, allelúia.* Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruits, alléluia, alléluia.
Lectio v5e leçon
In iis diébus, duóbus discípulis tértius in via Dóminus comes iúngitur, et ad omnem nostræ ambiguitátis calíginem detergéndam, pavéntium ac trepidántium tárditas increpátur. Flammam fídei illumináta corda concípiunt : et quæ erant tépida, reseránte Scriptúras Dómino, efficiúntur ardéntia. In fractióne quoque panis, convescéntium aperiúntur obtútus : multo felícius eórum óculis patefáctis, quibus natúræ suæ manifestáta est glorificátio, quam illórum géneris nostri príncipum, quibus prævaricatiónis suæ est ingésta confúsio.C’est pendant ces jours que le Seigneur se joint, comme troisième compagnon de voyage, à deux disciples qui font route ensemble, et qu’afin de dissiper toutes les ténèbres de nos doutes, il reproche à ces hommes craintifs et tremblants leur lenteur à croire. Leurs cœurs, alors, sont éclairés, la flamme de la foi s’y allume, et, de tièdes qu’ils étaient, ils deviennent pleins d’ardeur, tandis que le Seigneur leur découvre le sens des Écritures. Pendant qu’ils sont à table, leurs yeux s’ouvrent aussi, et c’est au moment de la fraction du pain. Combien plus heureusement furent alors ouverts les yeux de ces disciples, auxquels le Seigneur manifestait en sa personne la glorification de leur propre nature, que ne l’avaient été ceux de nos premiers parents, pour sentir la confusion qu’ils avaient méritée par leur désobéissance.
R/. Surgens Iesus Dóminus noster, stans in médio discipulórum, suórum, dixit : * Pax vobis, allelúia : gavísi sunt discípuli viso Dómino, allelúia.R/. Notre Seigneur Jésus, ressuscité, se tenant au milieu de ses disciples, leur dit : [7] * Paix à vous, alléluia : Les disciples se réjouirent à la vue du Seigneur, alléluia.
V/. Una ergo sabbatórum, cum fores essent clausæ, ubi erant discípuli congregáti, venit Iesus, et stetit in médio eórum, et dixit eis.V/. Le premier jour de la semaine, comme les portes du lieu où les disciples se trouvaient assemblés, étaient fermées, Jésus vint et se tint au milieu d’eux, et leur dit.
* Pax vobis, allelúia : gavísi sunt discípuli viso Dómino, allelúia. * Paix à vous, alléluia : Les disciples se réjouirent à la vue du Seigneur, alléluia.
Lectio vi6e leçon
Inter hæc autem, aliáque mirácula, cum discípuli trépidis cogitatiónibus æstuárent, et apparuísset in médio eórum Dóminus, dixissétque, Pax vobis : ne hoc remanéret in eórum opiniónibus, quod volvebátur in córdibus (putábant enim se spíritum vidére, non carnem) redárguit cogitatiónes a veritáte discórdes : íngerit dubitántium óculis manéntia in mánibus suis et pédibus crucis signa ; et ut diligéntius pertractétur, invítat. Quia ad sanánda infidélium córdium vúlnera, clavórum et lánceæ erant serváta vestígia : ut non dúbia fide, sed constantíssima sciéntia tenerétur, eam natúram in Dei Patris consessúram throno, quæ iacúerat in sepúlcro.Cependant malgré ces faits et d’autres miracles, les disciples demeuraient agités de pensées de crainte, bien que le Seigneur eût apparu au milieu d’eux et qu’il leur eût dit : Paix à vous ! Pour ne pas laisser se fixer dans leur esprit le doute qui s’élevait dans leur cœur (car ils croyaient voir un esprit et non un corps), le Sauveur leur montre la fausseté de ces pensées si peu conformes à la vérité ; il met sous les yeux des disciples qui doutaient encore les marques de son crucifiement demeurées dans ses mains et dans ses pieds ; il les invite à les examiner attentivement et à les toucher. Les vestiges des blessures faites par la lance et par les clous étaient conservés pour guérir les plaies des cœurs infidèles, et pour que l’on crût, non d’une foi chancelante, mais comme l’objet d’une connaissance très certaine, que cette même nature qui avait été gisante dans le tombeau, devait s’asseoir avec le Fils de Dieu sur le trône de son Père.
R/. Expurgáte vetus ferméntum, ut sitis nova conspérsio : étenim Pascha nostrum immolátus est Christus : * Itaque epulémur in Dómino, allelúia.R/. Purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle : car notre Pâque, le Christ, a été immolé : [8] * C’est pourquoi mangeons la Pâque dans le Seigneur, alléluia.
V/. Mórtuus est propter delícta nostra, et resurréxit propter iustificatiónem nostram.V/. Il est mort pour nos péchés, et il est ressuscité pour notre justification. [9]
* Itaque epulémur in Dómino, allelúia. Glória Patri. * Itaque epulémur in Dómino, allelúia.* C’est pourquoi mangeons la Pâque dans le Seigneur, alléluia. Gloire au Père. * C’est pourquoi mangeons la Pâque dans le Seigneur, alléluia.
In III NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. Allelúia, * noli flere, María, allelúia : resurréxit Dóminus, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * ne pleure pas, Marie, alléluia : le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia.
Psaume 9, iii
Psaume 9, iv
Psaume 10
Ant. Allelúia, * noli flere, María, allelúia : resurréxit Dóminus, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * ne pleure pas, Marie, alléluia : le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia.
V/. Gavísi sunt discípuli, allelúia.V/. Les disciples se sont réjouis, alléluia.
R/. Viso Dómino, allelúia.R/. A la vue du Seigneur, alléluia.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 10, 11-16.
In illo témpore : Dixit Iesus pharisǽis : Ego sum pastor bonus. Bonus pastor ánimam suam dat pro óvibus suis. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus dit aux Pharisiens : Moi, je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Et le reste.
Homilía sancti Gregórii Papæ.Homélie de saint Grégoire, Pape.
Homilia 14 in Evangelia
Audístis, fratres caríssimi, ex lectióne evangélica eruditiónem vestram : audístis et perículum nostrum. Ecce enim is, qui non ex accidénti dono, sed essentiáliter bonus est, dicit : Ego sum pastor bonus. Atque eiúsdem bonitátis formam, quam nos imitémur, adiúngit, dicens : Bonus pastor ánimam suam ponit pro óvibus suis. Fecit quod mónuit : osténdit quod iussit. Bonus pastor pro óvibus suis ánimam suam pósuit, ut in sacraménto nostro corpus suum et sánguinem vérteret, et oves quas redémerat, carnis suæ aliménto satiáret.Vous avez entendu, mes très chers frères, dans la lecture du saint Évangile, un enseignement qui vous concerne ; vous y avez appris aussi à quelle épreuve nous sommes mis, (nous, vos pasteurs). Celui qui est bon, non par une grâce accidentelle, mais par l’essence de sa nature, vous dit : « Moi je suis le bon pasteur. » Et nous donnant le modèle de cette même bonté à imiter, il ajoute : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » Il a fait ce qu’il a enseigné ; il nous a donné l’exemple de ce qu’il a commandé. Le bon pasteur a donné sa vie pour ses brebis, afin de convertir, dans notre sacrement, son corps et son sang, et d’en rassasier tous ceux qu’il avait rachetés.
R/. Christus resúrgens ex mórtuis, iam non móritur, mors illi ultra non dominábitur : quod enim mórtuus est peccáto, mórtuus est semel : * Quod autem vivit, vivit Deo, allelúia, allelúia.R/. Le Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus, la mort ne dominera plus sur lui : car, s’il est mort pour le péché, il est mort une seule fois : [10] * Et s’il vit, il vit pour Dieu, alléluia, alléluia.
V/. Mórtuus est semel propter delícta nostra, et resurréxit propter iustificatiónem nostram.V/. Il est mort une fois pour nos péchés, et il est ressuscité pour notre justification.
* Quod autem vivit, vivit Deo, allelúia, allelúia. * Et s’il vit, il vit pour Dieu, alléluia, alléluia.
Lectio viii8e leçon
Osténsa nobis est de contémptu mortis via, quam sequámur : appósita est forma, cui imprimámur. Primum nobis est, exterióra nostra misericórditer óvibus eius impéndere : postrémum vero, si necésse sit, étiam mortem nostram pro eísdem óvibus ministráre. A primo autem hoc mínimo pervenítur ad postrémum maius. Sed cum incomparabíliter longe sit mélior ánima, qua vívimus, quam terréna substántia, quam extérius possidémus : qui non dat pro óvibus substántiam suam, quando pro his datúrus est ánimam suam ?La voie que nous devons suivre, au mépris de la mort, nous a été montrée ; l’exemple auquel nous devons nous conformer a été mis sous nos yeux. Notre premier devoir est d’employer charitablement nos biens extérieurs en faveur des brebis du Christ ; mais il nous faut encore, s’il est nécessaire, donner notre vie pour elles. De ce premier degré de sacrifice, qui est le moindre, on arrive jusqu’au dernier, qui est plus grand. Comme la vie l’emporte beaucoup en excellence sur les biens terrestres qui nous sont extérieurs, celui qui ne donne pas ses biens pour ses brebis, donnera-t-il jamais pour elles sa propre vie ?
R/. Surréxit pastor bonus, qui ánimam suam pósuit pro óvibus suis, et pro grege suo mori dignátus est : * Allelúia, allelúia, allelúia.R/. Le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis [11], et qui a daigné mourir pour son troupeau, est ressuscité : * Alléluia, alléluia, alléluia.
V/. Etenim Pascha nostrum immolátus est Christus.V/. Car notre Pâque, le Christ, a été immolé. Alléluia. [12]
* Allelúia, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Allelúia, allelúia, allelúia.* Alléluia, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Alléluia, alléluia, alléluia.
Lectio ix9e leçon
Et sunt nonnúlli, qui dum plus terrénam substántiam quam oves díligunt, mérito nomen pastóris perdunt : de quibus prótinus súbditur : Mercenárius autem, et qui non est pastor, cuius non sunt oves própriæ, videt lupum veniéntem, et dimíttet oves, et fugit. Non pastor, sed mercenárius vocátur, qui non pro amóre íntimo oves Domínicas, sed ad temporáles mercédes pascit. Mercenárius quippe est, qui locum quidem pastóris tenet, sed lucra animárum non quærit : terrénis cómmodis ínhiat, honóre prælatiónis gaudet, temporálibus lucris páscitur, impénsa sibi ab homínibus reveréntia lætátur.Il en est qui, aimant davantage les biens de la terre que leurs brebis, ne méritent plus le nom de pasteurs ; de ceux-là l’Évangile ajoute aussitôt : « Mais le mercenaire, et celui qui n’est point pasteur, celui dont les brebis ne sont pas le bien propre, voyant le loup venir, laisse là les brebis et s’enfuit. » On n’appelle point pasteur, mais mercenaire, celui qui fait paître les brebis du Seigneur dans l’espoir de récompenses temporelles, et non par le motif d’un amour sincère. C’est un mercenaire qui tient la place de pasteur, mais ne cherche pas le bien des âmes, celui qui désire avec avidité les commodités de la vie présente, se complaît en l’honneur attaché à sa charge, se nourrit de gains temporels, et se réjouit des égards que les hommes ont pour lui.
Te Deum

A LAUDES.

Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi cum cantico.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes avec le cantique.
Psaume 92
Psaume 99
Psaume 62
Cantique des trois Enfants
Psaume 148
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum 1 Petr. 2. 21-22. Capitule
Caríssimi, Christus passus est pro nobis, vobis relínquens exémplum, ut sequámini vestígia eius. Qui peccátum non fecit, nec invéntus est dolus in ore eius.Mes bien-aimés, le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ; lui qui n’a pas commis de péché, et en la bouche de qui n’a pas été trouvée la tromperie.
Hymnus Hymne
Auróra cælum púrpurat,
Æther resúltat láudibus,
Mundus triúmphans iúbilat,
Horrens avérnus ínfremit :
L’aurore empourpre le ciel,
l’air retentit de louanges,
le monde triomphant jubile,
et l’enfer horrifié frémit :
Rex ille dum fortíssimus
De mortis inférno specu
Patrum senátum líberum
Edúcit ad vitæ iubar.
Quand le Roi très puissant,
de l’antre infernal de la mort
le sénat enfin libre des Patriarche
ramène à l’éclat de la vie.
Cuius sepúlcrum plúrimo
Custóde signábat lapis,
Victor triúmphat, et suo
Mortem sepúlcro fúnerat.
La pierre de son tombeau était
scellée par une garde nombreuse,
victorieux, il triomphe, et dans son
tombeau, il ensevelit la mort.
Sat fúneri, sat lácrimis,
Sat est datum dolóribus :
Surréxit exstínctor necis,
Clamat corúscans Angelus.
Assez de deuil, assez de larmes,
assez de temps donné à la douleur :
il est ressuscité, le destructeur de la mort,
un Ange éclatant de lumière le proclame.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels.
Ainsi soit-il.
V/. In resurrectióne tua, Christe, allelúia. V/. O Christ, en votre résurrection, alléluia.
R/. Cæli et terra læténtur, allelúia.R/. Le ciel et la terre se réjouissent, alléluia.
Ad Bened. Ant. Ego sum pastor óvium : * ego sum via, véritas, et vita : ego sum pastor bonus, et cognósco oves meas, et cognóscunt me meæ, allelúia, allelúia. Ant. au Bénédictus Moi je suis le pasteur des brebis : * moi, je suis la voie, la vérité et la vie ; moi je suis le bon pasteur, et je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, alléluia, alléluia.
Benedictus
OratioPrière
Deus, qui in Fílii tui humilitáte iacéntem mundum erexísti : fidélibus tuis perpétuam concéde lætítiam ; ut, quos perpétuæ mortis eripuísti cásibus, gáudiis fácias pérfrui sempitérnis. Per eúndem Dóminum.Dieu, qui, par l’humilité de votre Fils, avez relevé le monde abattu : accordez à vos fidèles une allégresse constante, et faites jouir des joies éternelles ceux que vous avez arrachés aux dangers d’une mort sans fin.
AUX VÊPRES.
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes.
Psaume 109
Psaume 110
Psaume 111
Psaume 112
Psaume 113
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum 1 Petr. 2. 21-22. Capitule
Caríssimi, Christus passus est pro nobis, vobis relínquens exémplum, ut sequámini vestígia eius. Qui peccátum non fecit, nec invéntus est dolus in ore eius.Mes bien-aimés, le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ; lui qui n’a pas commis de péché, et en la bouche de qui n’a pas été trouvée la tromperie.
Hymnus Hymne
Ad cenam Agni próvidi (ancienne hymne des vêpres au Temps Pascal)
Ad régias Agni dapes,
Stolis amícti cándidis,
Post tránsitum Maris Rubri,
Christo canámus Príncipi :
Au royal banquet de l’Agneau,
revêtus de nos robes blanches,
après le passage de la mer Rouge,
chantons au Christ notre Chef :
Divína cuius cáritas
Sacrum propínat sánguinem,
Almíque membra córporis
Amor sacérdos ímmolat.
C’est lui dont la charité divine
nous verse à boire le sang sacré,
son amour est le sacrificateur qui immole
les membres du corps nourricier.
Sparsum cruórem póstibus
Vastátor horret Angelus :
Fugítque divísum mare ;
Mergúntur hostes flúctibus.
Le sang dont nos portes sont marquées
remplit de crainte l’Ange exterminateur :
la mer, divisée en deux, fuit devant nous ;
les ennemis sont submergés dans les flots.
Iam Pascha nostrum Christus est,
Paschális idem víctima,
Et pura puris méntibus
Sinceritátis ázyma.
Notre Pâque, maintenant, c’est le Christ :
il est notre victime pascale ;
il est pour les cœurs purs,
le pur azyme de la sincérité.
O vera cæli víctima,
Subiécta cui sunt tártara,
Solúta mortis víncula,
Recépta vitæ prǽmia.
O victime véritable, venue du ciel,
par qui les enfers sont domptés,
les liens de la mort brisés,
les dons de la vie recouvrés !
Victor subáctis ínferis,
Trophǽa Christus éxplicat ;
Cælóque apérto, súbditum
Regem tenebrárum trahit.
Vainqueur de la mort terrassée,
le Christ déploie son étendard ;
il rouvre le ciel, et traîne
en captif le roi des ténèbres.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.
V/. Mane nobíscum, Dómine, allelúia. V/. Restez avec nous, Seigneur, alléluia.
R/. Quóniam advesperáscit, allelúia.R/. Car le soir tombe, alléluia. [13]
Ad Magnif. Ant. Ego sum pastor bonus, * qui pasco oves meas, et pro óvibus meis pono ánimam meam, allelúia. Ant. au Magnificat Moi je suis le bon pasteur, * je nourris mes brebis, et je donne ma vie pour mes brebis, alléluia.
Magnificat
OratioPrière
Deus, qui in Fílii tui humilitáte iacéntem mundum erexísti : fidélibus tuis perpétuam concéde lætítiam ; ut, quos perpétuæ mortis eripuísti cásibus, gáudiis fácias pérfrui sempitérnis. Per eúndem Dóminum.Dieu, qui, par l’humilité de votre Fils, avez relevé le monde abattu : accordez à vos fidèles une allégresse constante, et faites jouir des joies éternelles ceux que vous avez arrachés aux dangers d’une mort sans fin.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Ce Dimanche est désigné sous l’appellation populaire de Dimanche du bon Pasteur, parce qu’on y lit à la Messe le passage de l’Évangile de saint Jean où notre Seigneur se donne à lui-même ce titre. Un lien mystérieux unit ce texte évangélique au temps où nous sommes ; car c’est en ces jours que le Sauveur des hommes, établissant et consolidant son Église, commença par lui donner le Pasteur qui devait la gouverner jusqu’à la consommation des siècles.

Selon le décret éternel, l’Homme-Dieu, après quelques jours encore, doit cesser d’être visible ici-bas. La terre ne le reverra plus qu’à la fin des temps, lorsqu’il viendra juger les vivants et les morts. Cependant il ne saurait abandonner cette race humaine pour laquelle il s’est offert en sacrifice sur la croix, qu’il a vengée de la mort et de l’enfer en sortant victorieux du tombeau. Il demeurera son Chef dans les deux ; mais sur la terre qu’aurons-nous pour suppléera sa présence ? Nous aurons l’Église. C’est à l’Église qu’il va laisser toute son autorité sur nous ; c’est entre les mains de l’Église qu’il va remettre le dépôt de toutes les vérités qu’il a enseignées ; c’est l’Église qu’il va établir dispensatrice de tous les moyens de salut qu’il a destinés aux hommes.

Cette Église est une vaste société dans laquelle tous les hommes sont appelés à entrer ; société composée de deux sortes de membres, les uns gouvernant et les autres gouvernés, les uns enseignant et les autres enseignés, les uns sanctifiant et les autres sanctifiés. Cette société immortelle est l’Épouse du Fils de Dieu : c’est par elle qu’il produit ses élus. Elle est leur mère unique : hors de son sein le salut ne saurait exister pour personne.

Mais comment cette société subsistera-t-elle ? Comment traversera-t-elle les siècles, et arrivera-t-elle ainsi jusqu’au dernier jour du monde ? Qui lui donnera l’unité et la cohésion ? Quel sera le lien visible entre ses membres, le signe palpable qui la désignera comme la véritable Épouse du Christ, dans le cas où d’autres sociétés prétendraient frauduleusement lui ravir ses légitimes honneurs ? Si Jésus eût dû rester au milieu de nous, nous ne courions aucun risque ; partout où il est, là est aussi la vérité et la vie ; mais « il s’en va », nous dit-il, et nous ne pouvons encore le suivre. Écoutez donc, et apprenez sur quelle base il a établi la légitimité de son unique Épouse.

Durant sa vie mortelle, étant un jour sur le territoire de Césarée de Philippe, ses Apôtres assemblés autour de lui, il les interrogea sur l’idée qu’ils avaient de sa personne. L’un d’eux, Simon, fils de Jean ou Jonas, et frère d’André, prit la parole, et lui dit : « Vous êtes le Christ, Fils du « Dieu vivant ». Jésus reçut avec bonté ce témoignage qu’aucun sentiment humain n’avait suggéré à Simon, mais qui sortait de sa conscience divinement inspirée à ce moment ; et il déclara à cet heureux Apôtre que désormais il n’était plus Simon, mais Pierre. Le Christ avait été désigné par les Prophètes sous le caractère symbolique de la pierre [14] ; en attribuant aussi solennellement à son disciple ce titre distinctif du Messie, Jésus donnait à entendre que Simon aurait avec lui un rapport que n’auraient pas les autres Apôtres. Mais Jésus continua son discours. Il avait dit à Simon : « Tu es Pierre » ; il ajouta : « et sur cette Pierre je bâtirai mon Église ».

Pesons ces paroles du Fils de Dieu : « Je bâtirai mon Église. » Il a donc un projet : celui de bâtir une Église. Cette Église, ce n’est pas maintenant qu’il la bâtira ; cette œuvre est encore différée ; mais ce que nous savons déjà avec certitude, c’est que cette Église sera bâtie sur Pierre. Pierre en sera le fondement, et quiconque ne posera pas sur Pierre ne fera pas partie de l’Église. Écoutons encore : « Et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre mon Église. » Dans le style des Juifs les portes signifient les puissances ; ainsi l’Église de Jésus sera indestructible, malgré tous les efforts de l’enfer. Pourquoi ? Parce que le fondement que Jésus lui aura donné sera inébranlable. Le Fils de Dieu continue : « Et je te donnerai les clefs du Royaume des cieux. » Dans le langage des Juifs, les clefs signifient le pouvoir de gouvernement, et dans les paraboles de l’Évangile le Royaume de Dieu signifie l’Église qui doit être bâtie par le Christ. En disant à Pierre, qui ne s’appellera plus Simon : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux, » Jésus s’exprimait comme s’il lui eût dit : « Je te ferai le Roi de cette Église, dont tu seras en même temps le fondement. » Rien n’est plus évident ; mais ne perdons pas de vue que toutes ces magnifiques promesses regardaient l’avenir [15].

Or, cet avenir est devenu le présent. Nous voici arrivés aux dernières heures du séjour de Jésus ici-bas. Le moment est venu où il va remplir sa promesse, et fonder ce Royaume de Dieu, cette Église qu’il devait bâtir sur la terre. Fidèles aux ordres que leur avaient transmis les Anges, les Apôtres se sont rendus en Galilée. Le Seigneur se manifeste à eux sur le bord du lac de Tibériade, et après un repas mystérieux qu’il leur a préparé, pendant qu’ils sont tous attentifs à ses paroles, il interpelle tout à coup son disciple : « Simon, fils de Jean, lui dit-il, m’aimes-tu ? » Remarquons qu’il ne lui donne pas en ce moment le nom de Pierre ; il se replace au moment où il lui dit autrefois : « Simon, fils de Jonas, tu es Pierre ; » il veut que les disciples sentent le lien qui unit la promesse et l’accomplissement. Pierre, avec son empressement accoutumé, répondu l’interrogation de son Maître : « Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime. » Jésus reprend la parole avec autorité : « Pais mes agneaux, » dit-il au disciple. Puis réitérant la demande, il dit encore : « Simon fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre s’étonne de l’insistance avec laquelle son Maître semble le poursuivre ; toutefois il répond avec la même simplicité : « Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime. » Après cette réponse, Jésus répète les mêmes paroles d’investiture : « Pais mes agneaux. »

Les disciples écoutaient ce dialogue avec respect ; ils comprenaient que Pierre était encore une fois mis à part, qu’il recevait en ce moment quelque chose qu’ils ne recevraient pas eux-mêmes. Les souvenirs de Césarée de Philippe leur revenaient à l’esprit, et ils se rappelaient les égards particuliers que leur Maître avait toujours eus pour Pierre depuis ce jour. Cependant, tout n’était pas terminé encore. Une troisième fois Jésus interpelle Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » A ce coup l’Apôtre n’y tient plus. Ces trois appels que fait Jésus à son amour ont réveillé en lui le triste souvenir des trois reniements qu’il eut le malheur de prononcer devant la servante de Caïphe. Il sent une allusion à son infidélité encore si récente, et c’est en demandant grâce qu’il répond cette fois avec plus de componction encore que d’assurance : « Seigneur, dit-il, tout vous est connu ; vous savez que je vous aime. » Alors le Seigneur mettant le dernier sceau à l’autorité de Pierre, prononce ces paroles imposantes : « Pais mes brebis » [16].

Voilà donc Pierre établi Pasteur par celui-là même qui nous a dit : « Je suis le bon Pasteur. » D’abord le Seigneur a donné à son disciple et par deux fois le soin des agneaux ; ce n’était pas encore l’établir Pasteur ; mais quand il le charge de paître aussi les brebis, le troupeau tout entier est placé sous son autorité. Que l’Église paraisse donc maintenant, qu’elle s’élève, qu’elle s’étende ; Simon fils de Jean en est proclamé le Chef visible. Est-elle un édifice, cette Église ? Il en est la Pierre fondamentale. Est-elle un Royaume ? Il en tient les Clefs, c’est-à-dire le sceptre. Est-elle une bergerie ? Il en est le Pasteur.

Oui, elle sera une bergerie, cette Église que Jésus organise en ce moment, et qui se révélera au jour de la Pentecôte. Le Verbe de Dieu est descendu du ciel « pour réunir en un les enfants de Dieu qui auparavant étaient dispersés » [17], et le moment approche où il n’y aura plus « qu’une « seule bergerie et un seul Pasteur » [18]. Nous vous bénissons, nous vous rendons grâces, ô notre divin Pasteur ! C’est par vous qu’elle subsiste et qu’elle traverse les siècles, recueillant et sauvant toutes les âmes qui se confient à elle, cette Église que vous fondez en ces jours. Sa légitimité, sa force, son unité, lui viennent de vous, son Pasteur tout-puissant et tout miséricordieux. Nous vous bénissons aussi et nous vous rendons grâces, ô Jésus, pour la prévoyance avec laquelle vous avez pourvu au maintien de cette légitimité, de cette force, de cette unité, en nous donnant Pierre votre vicaire, Pierre notre Pasteur en vous et par vous, Pierre à qui brebis et agneaux doivent obéissance, Pierre en qui vous demeurez visible, ô notre divin Chef, jusqu’à la consommation des siècles.

Dans l’Église grecque, le deuxième Dimanche après Pâques que nous appelons du Bon Pasteur, est désigné sous le nom de Dimanche des saintes myrophores, ou porte-parfums. On y célèbre particulièrement la piété des saintes femmes qui apportèrent des parfums au Sépulcre pour embaumer le corps du Sauveur. Joseph d’Arimathie a aussi une part dans les cantiques dont se compose l’Office de l’Église grecque durant cette semaine.

L’Église Romaine lit les Actes des Apôtres, à l’Office des Matines, depuis lundi dernier jusqu’au troisième Dimanche après Pâques exclusivement.

A LA MESSE.

L’Introït respire le triomphe. Empruntant les accents de David, il célèbre la miséricorde du Seigneur qui s’est étendue à la terre entière, par la fondation de l’Église. Les cieux, qui signifient les Apôtres dans le langage mystérieux de l’Écriture, ont été affermis par le Verbe de Dieu, le jour où il leur a donné Pierre pour Pasteur et pour fondement.

Dans la Collecte, la sainte Église demande pour ses enfants la grâce d’une sainte joie ; car tel est le sentiment qui convient au Temps pascal. Il nous faut nous réjouir d’avoir été sauvés de la mort par le triomphe de notre Sauveur, et nous préparer par les joies pascales à celles de l’éternité.

ÉPÎTRE.

C’est le Prince des Apôtres, le Pasteur visible de l’Église universelle, qui vient de nous faire entendre sa parole. Voyez comment il termine ce passage en reportant nos pensées sur le Pasteur invisible dont il est le Vicaire, et comment il évite avec modestie tout retour sur lui-même. C’est bien là ce Pierre qui, dirigeant Marc son disciple dans la rédaction de son Évangile, n’a pas voulu qu’il y racontât l’investiture que le Christ lui a donnée sur tout le troupeau, mais a exigé qu’il n’omît rien dans son récit du triple reniement chez Caïphe. Avec quelle tendresse l’Apôtre nous parle ici de son Maître, des souffrances qu’il a endurées, de sa patience, de son dévouement jusqu’à la mort à ces pauvres brebis errantes dont il devait composer sa bergerie ! Ces paroles auront un jour leur application dans Pierre lui-même. L’heure viendra où il sera attaché au bois, où il se montrera patient comme son Maître au milieu des outrages et des mauvais traitements. Jésus le lui avait prédit ; car, après lui avoir confié brebis et agneaux, il ajouta que le temps viendrait où Pierre « devenu vieux étendrait ses mains » sur la croix, et que la violence des bourreaux s’exercerait sur sa faiblesse [19]. Et ceci arrivera non seulement à la personne de Pierre, mais à un nombre considérable de ses successeurs qui tous ne font qu’un avec lui, et que l’on verra, dans la suite des siècles, si souvent persécutés, exilés, emprisonnés, mis à mort. Suivons, nous aussi, les traces de Jésus, en souffrant de bon cœur pour la justice ; nous le devons à Celui qui, étant de toute éternité l’égal de Dieu le Père dans la gloire, a daigné descendre sur la terre pour être « le Pasteur et l’Évêque de nos âmes ».

Le premier Verset alléluiatique rappelle le repas d’Emmaüs ; dans peu d’instants nous aussi nous connaîtrons Jésus à la fraction du Pain de vie.

Le second proclame par les propres paroles du Sauveur la dignité et les qualités du Pasteur, son amour pour ses brebis, et l’empressement de celles-ci à le reconnaître pour leur chef.

ÉVANGILE.

Divin Pasteur de nos âmes, qu’il est grand votre amour pour vos heureuses brebis ! Vous allez jusqu’à donner votre vie pour qu’elles soient sauvées. La fureur des loups ne vous fait pas fuir ; vous vous donnez en proie, afin de détourner d’elles la dent meurtrière qui voudrait les dévorer. Vous êtes mort en notre place, parce que vous étiez notre Pasteur. Nous ne nous étonnons plus que vous ayez exigé de Pierre plus d’amour que vous n’en attendiez de ses frères : vous vouliez l’établir leur Pasteur et le nôtre. Pierre a pu répondre avec assurance qu’il vous aimait, et vous lui avez conféré votre propre titre avec la réalité de vos fonctions, afin qu’il vous suppléât quand vous auriez disparu à nos regards. Soyez béni, divin Pasteur ; car vous avez songé aux besoins de votre bergerie qui ne pouvait se conserver Une, si elle eût eu plusieurs Pasteurs sans un Pasteur suprême. Pour nous conformer à vos ordres, nous nous inclinons avec amour et soumission devant Pierre, nous baisons avec respect ses pieds sacrés ; car c’est par lui que nous nous rattachons à vous, c’est par lui que nous sommes vos brebis. Conservez-nous, ô Jésus, dans la bergerie de Pierre qui est la vôtre. Éloignez de nous le mercenaire qui voudrait usurper la place et les droits du Pasteur. Intrus dans la bergerie par une profane violence, il affecte les airs de maître ; mais il ne connaît pas les brebis, et les brebis ne le connaissent pas. Attiré, non par le zèle, mais par la cupidité et l’ambition, il fuit à l’approche du danger. Quand on n’est mû que par des intérêts terrestres, on ne sacrifie pas sa vie pour autrui ; le pasteur schismatique s’aime lui-même ; ce n’est pas vos brebis qu’il aime ; pourquoi donnerait-il sa vie pour elles ? Gardez-nous de ce mercenaire, ô Jésus ! Il nous séparerait de vous, en nous séparant de Pierre que vous avez établi votre Vicaire. Nous n’en voulons pas connaître d’autre. Anathème à quiconque voudrait nous commander en votre nom, et ne serait pas envoyé de Pierre ! Faux pasteur, il ne poserait pas sur la pierre du fondement, il n’aurait pas les clefs du Royaume des cieux ; il ne pourrait que nous perdre. Accordez-nous, ô bon Pasteur, de demeurer toujours avec vous et avec Pierre dont vous êtes le fondement, comme il est le nôtre, et nous pourrons défier toutes les tempêtes. Vous l’avez dit, Seigneur : « L’homme sage a bâti sa maison sur le rocher ; les pluies ont fondu sur elle, les fleuves se sont déchaînés, les vents ont soufflé, toutes ces forces se sont ruées sur la maison, et elle n’est pas tombée, parce qu’elle était fondée sur la Pierre » [20].

L’Offertoire est une aspiration vers Dieu empruntée au Roi-Prophète.

Dans la Secrète, l’Église demande que la divine énergie du Mystère qui va se consommer sur l’autel produise en nous les effets auxquels nos âmes aspirent : mourir au péché et ressusciter à la grâce.

Les paroles de l’Antienne de la Communion rappellent encore le bon Pasteur. C’est le mystère qui domine toute cette journée. Rendons un dernier hommage au Fils de Dieu qui daigne se montrer à nous sous des traits si touchants, et soyons toujours pour lui de fidèles brebis.

Au divin banquet, Jésus bon Pasteur vient d’être donné en nourriture à ses brebis ; la sainte Église, dans la Postcommunion, demande pour nous que nous soyons toujours plus pénétrés d’amour pour cet auguste sacrement, dans lequel nous devons mettre notre gloire ; car il est pour nous l’aliment d’immortalité.

Terminons cette journée par le grand souvenir de la Résurrection, en empruntant cette belle Préface au Missel Mozarabe.

ILLATIO.Feria VI Paschœ.
Dignum et justum est, sanctum et salutare est, nos te gloriosissime Pater Domini nostri Jesu Christi, inenarrabilibus triumphis attollere, completisque erga nos promissorum suorum beneficiis, in quantum se mens parvulorum, te inspirante, repleri senserit, propensius conlaudare. Ut cui plus dimissum est amplius diligat, et potiora jam fœdera accumulet qui tanta necdum credenti donavit. Postquam igitur Verbum caro factum est et habitavit in nobis, fecitque prius cuncta quæ docuit, perfectum divinis operibus virum necessariæ nobis sibique voluntariæ tradidit passioni. Ut quemadmodum mundo huic prædicationis suæ claritate effulserat, ne errorum interitus tenebris fluctuaret, ita etiam infernali carcere mancipatis sua resolvendis descensione succurreret. Neque regnum usque in finem sæculi dilataret. Et spolia quæ quondam prædo attraxerat fraudulentus, ad cœlos secum reveheret innocens crucifixus. Et liberaret virtute justitiæ quos humilitatis suæ redemerat passione. Emisso itaque spiritu, et paternis, ut scriptum est, manibus commendato, hospitium divinitatis immensæ quem virginea conceperant atque ediderant viscera, virgo interim sepultura suscepit. Sed mansit illic nihilominus incorruptus, quia non fuerat ex Adam nati seminis corruptione conceptus. Judæis quoque petentibus, custodes monumento deputantur a Præside, quorum testimonio et fides firmaretur credentium, et confunderetur impietas perfidorum. Quid enim illi obesse potuit humana custodia, cui et dum requiesceret cœleste vigilavit excubium, et cum resurgeret Deus inerat Verbum ? Quod immaculatæ animæ inseparabiliter copulatum adiit, exterruit, subjecit, et domuit, et vinxit cunctas hujus æris in lacu novissimo potestates. Illic mors hebetata contremuit, seseque peremtam acrius quam stimulaverat sensit. Quæque se humani generis dominam lætitabat, ancillam mox crucis affectam Christo triumphante lugebat. Fracta est confestim virtus sæva carnificum, et ad nihilum redacta est exhausta grassatio cruentorum. Inclinata est harum tenebrarum Christi humilitate superbia, et diabolica malitia divini Agni est simplicitate restincta. Amisit e manibus subito quod se crudelissimus hostis credebat perpetim possessurum, cernens humanum genus per hominem Deum paradiso, unde prævaricatione Adæ eliminatum fuerat, restitutum.Il est digne et juste, saint et salutaire, ô glorieux Père de notre Seigneur Jésus-Christ, que nous célébrions votre Nom par les plus triomphantes acclamations, et qu’après avoir vu s’accomplir ce qu’il avait promis, nous fassions entendre ses louanges avec tout l’enthousiasme que vous inspirerez à nos âmes, nous qui ne sommes que des enfants. Celui auquel il a été remis davantage doit aimer davantage aussi ; celui qui, ne croyant pas encore, a reçu des dons si précieux, doit d’autant plus reconnaître le lien que son bienfaiteur a formé avec lui. Le Verbe d’abord se fit chair, et il habita parmi nous ; ses œuvres furent conformes à ses enseignements ; plus tard, lui, l’homme parfait dans ses divines opérations, a daigné embrasser la souffrance nécessaire pour nous, volontaire de sa part. Il avait éclairé le monde des rayons de son enseignement, afin de l’arracher aux ténèbres de l’erreur dans lesquelles il flottait : de même il voulut descendre jusque dans les régions souterraines pour briser les chaînes de ceux qui y gémissaient captifs. Mais il n’a pas attendu la fin des siècles pour proclamer sa royauté. Cette proie que le perfide ennemi s’était acquise par la tromperie, lui, l’innocent crucifié, voulait la faire entrer avec lui dans les cieux, et délivrer, dans sa justice, ceux qu’il avait rachetés par ses humiliations et ses souffrances. Il rendit l’esprit, le remettant aux mains de son Père, ainsi qu’il est écrit ; et un tombeau vierge reçut l’hôte immense et divin que le sein de la Vierge avait conçu et enfanté. Il y demeura sans corruption, de même qu’il avait été conçu de la race d’Adam, sans en contracter la souillure. Sur la demande des Juifs, le gouverneur place des gardes au tombeau ; et le témoignage de ces gardes sert d’appui à la foi des croyants, en même temps qu’il confond l’impiété des perfides. Quel obstacle pouvait lui susciter la surveillance des hommes, à lui autour duquel, durant son repos, veillaient les Esprits célestes ? À lui, qui est ressuscité parce qu’il était le Verbe de Dieu ? Il n’avait point rompu le lien qui l’unissait indissolublement à son âme très pure : lorsqu’il vint la réunir à son corps, il épouvanta les puissances de l’air ; il les soumit, les dompta et les enchaîna dans le gouffre le plus profond. Ce fut alors que, sentant son glaive émoussé, la mort trembla, et qu’elle se vit atteinte plus avant que son aiguillon n’avait porté sur sa victime. Elle se proclamait fièrement maîtresse du genre humain ; maintenant, elle pleure d’être devenue l’esclave de la croix du Christ triomphant. La cruauté des bourreaux envers le Rédempteur a été réduite au néant : tous leurs tourments sont vains. L’orgueil des esprits de ténèbres a été abaissé par l’humilité du Christ ; et la malice du diable a succombé devant la simplicité de l’Agneau. Le cruel ennemi s’est vu tout à coup arracher des mains ce qu’il croyait posséder à jamais ! Sous ses veux, le genre humain a été rétabli par l’Homme-Dieu dans le Paradis, d’où il avait été expulsé par le crime d’Adam.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station à Saint-Pierre.

Au temps de saint Grégoire le Grand, la station de ce jour avait lieu à Saint-Pierre, près de la tombe du Pastor ovium, puisque c’est là que le saint Docteur prononça sa splendide Homélie sur l’Évangile du Bon Pasteur. L’affirmation était énergique et belle : Jésus, le « prince des pasteurs et l’évêque de nos âmes », comme précisément saint Pierre l’appelle en ce jour (I, II, 25), avait voulu, avant de lui confier le soin de l’Église universelle, que l’Apôtre l’assurât qu’il l’aimait d’un amour intense, qui ne pût être comparé avec celui de ses collègues dans l’apostolat. Sur la foi indéfectible et sur l’amour de Pierre, Jésus fondait la primauté pontificale ; et Pierre, à l’imitation du Sauveur, n’hésita pas à donner sa vie pour le troupeau qui lui avait été confié, scellant de son sang son office pastoral.

C’est pourquoi, dès l’antiquité la plus reculée, l’Église romaine désignait la tombe de saint Pierre comme un trophée de victoire. Là, en effet, à quelques pas de la Confession Apostolique, le premier Pontife avait proclamé devant le « divin » Néron et sa cour, la divinité du Christ : Tu es Christus, filius Dei vivi [21] ; aussi, tel un conquérant glorieux, avait-il étendu ses bras sur la croix, comme pour accueillir Rome et le monde sous sa protection.

La dévotion à Jésus Rédempteur sous les traits du Bon Pasteur pénétra de bonne heure dans le cœur des premiers fidèles. Abercius, dans son inscription funéraire, parle du Bon Pasteur qui, de ses yeux toujours vigilants, regarde son troupeau. A la fin de l’âge apostolique, Hermas donne précisément le nom du Pasteur à son écrit apocalyptique sur la pénitence, sujet alors si discuté. A Rome, l’église située sur le Viminal, près de laquelle les Pontifes fixent leur résidence temporaire, est dédiée au bon Pasteur, dont l’image, au dire de Tertullien, ornait les calices et les coupes eucharistiques. La représentation du bon Pasteur est si familière aux peintres et aux sculpteurs des catacombes que nous la trouvons reproduite à profusion dans les arcosolia et sur les sarcophages. Bien plus, à une époque où le spiritualisme de l’art chrétien antique avait encore en horreur les statues, on fait une exception en faveur de celle du bon Pasteur, dont plusieurs exemplaires importants nous ont été conservés.

Ce dimanche, l’Église grecque commémore avec délicatesse les pieuses femmes qui allèrent au sépulcre de Jésus pour embaumer son corps. Rien n’indique que cet usage ait pénétré dans la liturgie romaine. Quoi qu’il en soit, cette pensée est pleine de noblesse, et nous ne saurions nous dispenser de rapporter ce gracieux distique grec en l’honneur des saintes Myrrhophores :

Christo deferunt aromata discipulae Quibus, pro unguento, carmina fero.

L’introït est tiré du psaume 32. La résurrection de Jésus est venue répandre sur la terre ses miséricordes, c’est-à-dire les Sacrements, les charismes et les grâces qui alimentent dans l’Église cette vie de sainteté et de mystique résurrection. C’est la puissance de la parole divine qui a opéré tant de merveilles. La nature seule ne pourrait aucunement expliquer un fait aussi merveilleux que la conversion, en si peu de temps, du monde païen au christianisme, et la constitution divine de la famille catholique. Ici intervient évidemment le doigt de Dieu, et à lui seul aussi doit en être attribuée la gloire.

Dans la collecte, il est rappelé que les humiliations du Christ ont été comme les échelons, le moyen dont Dieu s’est servi pour descendre jusqu’au monde abattu dans la poussière et la fange du péché, pour nous relever à notre dignité première d’enfants de Dieu. Heureusement, ce triste état de choses est désormais fini, et au deuil a succédé l’allégresse pascale. On demande donc au Seigneur de donner aux fidèles un continuel motif de se réjouir, non pas des vains plaisirs mondains, mais de cette joie intime que le Saint-Esprit alimente dans le cœur des saints. L’effet de cette allégresse toute spirituelle est de nous pousser plus facilement à désirer et, par suite, à obtenir le bonheur céleste.

Dans la lecture (I Petr., II, 21-25) c’est Pierre en sa demeure, c’est-à-dire dans la basilique Vaticane, qui prend la parole. Il veut expliquer aux fidèles la raison de cette fête pascale en l’honneur du bon Pasteur, qui donne sa vie pour son troupeau. Il décrit dans ce but les circonstances qui révèlent davantage la tendresse et l’amour du Christ en son sacrifice volontaire, sa patience en face des injures, ses blessures, la charité qui lui fait exprimer de ses plaies le baume salutaire destiné à guérir nos péchés. Enfin l’Apôtre termine en nous proposant Jésus-Christ comme le type du pasteur et de l’évêque de nos âmes.

Le verset alléluiatique est pris dans saint Luc (XXIV, 35), là où il raconte que les Apôtres reconnurent Jésus à la fraction du Pain eucharistique. Durant la vie présente, nous procédons par voie de paraboles et de voiles mystérieux. Quand nous sommes sur le point de franchir le seuil de l’éternité bienheureuse, Dieu déchire le voile du Sacrement et il se révèle à nous, non plus sous des symboles et des signes extérieurs, mais face à face, dans les splendeurs de sa lumière, dont le Psalmiste a dit : Et in lumine tuo videbimus lumen [22].

Le verset alléluiatique précédant l’Évangile (Joan., X, 14) présente par anticipation Jésus qui aujourd’hui se révèle à nous comme un pasteur tendre et bon. Entre lui et le troupeau il y a une intime correspondance d’affection. Il connaît ses brebis, c’est-à-dire qu’il les aime, et il dispose tout pour leur bien. Celles-ci à leur tour le connaissent, c’est-à-dire écoutent intérieurement sa voix, dont elles ont l’intime expérience, et elles se prêtent aux motions intérieures de sa grâce, comme il est écrit : Qui Spiritu Dei aguntur, hi sunt filii Dei. [23].

Aujourd’hui la leçon évangélique vient troubler le cycle des lectures pascales de l’Évangile, qui sont tirées exclusivement du discours de Jésus après la Cène. Toutefois une solennité trop caractéristique et trop exceptionnelle se présente aujourd’hui pour que cette infraction à l’antique règle romaine ne semble pas plus que justifiée. D’ailleurs la tradition liturgique de l’Évangile du bon Pasteur, le IIe dimanche après Pâques, est très ancienne, Jésus se présente donc à nous en ce jour comme le bon Pasteur, et il proclame quelles seront dorénavant ses relations avec son troupeau. Brebis et Pasteur avant tout se comprendront réciproquement, et toute la sainteté des âmes aura donc pour base cette vie intérieure d’union avec Jésus. L’âme se maintiendra dans un état de recueillement afin d’entendre la voix suave du bon Pasteur qui parle, et c’est dans ce colloque qu’elle reconnaîtra Jésus.

Il n’est que trop vrai que le nombre des catholiques est restreint, en comparaison de ceux qui non sunt ex hoc ovili [24]. Qu’on remarque le langage plein de douceur de Jésus envers les dissidents : pas un mot de reproche, mais seulement la constatation d’un fait. Pourtant le Christ est venu pour racheter tous les hommes, afin que, comme en Adam tous avaient péri, ainsi en lui tous puissent se sauver. Au moyen de son Église il veut donc aller à la recherche des brebis égarées. Le travail est long et difficile, mais il faut être toujours confiant, parce que Jésus a prédit que l’issue sera heureuse. Nonobstant toute la mauvaise volonté des hommes et des démons, fiet unum ovile [25], il se fera indubitablement un seul bercail sous le gouvernement d’un unique Pasteur.

L’antienne pour l’offrande est tirée du psaume matutinal 62 : « Je lève vers vous, ô Seigneur, mes bras avant le jour, tant est ardent mon amour, tant urgent est le besoin où je me trouve. »

Dans la collecte qui nous prépare à l’anaphore, nous supplions le Seigneur afin que l’oblation eucharistique nous comble de bénédictions, et que la Communion accomplisse effectivement en nous toutes ces grâces d’intime union au Christ sacrifié et triomphant qu’elle — sacramentum unitatis — symbolise mystiquement.

L’antienne pour la Communion répète le verset alléluiatique du bon Pasteur. Non seulement Jésus donne sa vie pour ses brebis, mais il renouvelle quotidiennement pour elles son sacrifice sur les saints autels. En effet, pour perpétuer le souvenir de sa mort, il désire que les fidèles se nourrissent aussi de sa chair et de son sang, sacrifiés et offerts pour nous, afin de nous incorporer à lui.

Dans la collecte d’action de grâces après la Communion, on demande au Seigneur qu’ayant participé aujourd’hui au Sacrement qui nous fait vivre de sa vie même, nous soyons aussi assurés pour l’avenir de la jouissance d’une si grande grâce. Pensée profonde ! La meilleure préparation à une sainte Communion est précisément la Communion qui la précède.

O sacrosainte basilique Vaticane ! Élargis tes nefs spacieuses, parce que tes espérances, fondées sur la promesse de Jésus, ne peuvent être déçues ! Le bon Pasteur ramènera au bercail même les brebis égarées, et illas oportet me adducere [26]... et il y aura un seul troupeau et un seul Pasteur.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Je suis le Bon-Pasteur : je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.

1. Le Bon Pasteur. — L’image du Bon Pasteur nous accompagne pendant la Semaine-Sainte et la semaine de Pâques. Aux matines du Samedi-Saint, nous chantons :

Il s’est éloigné, notre Pasteur, La source d’eau vive, A son départ, le soleil s’est assombri…

Et à Pâques, nous avons chanté :

Il est ressuscité, le Bon-Pasteur Qui donna sa vie pour ses brebis Et pour son troupeau voulut mourir, Alléluia. Notre Agneau pascal, le Christ, est immolé.

Aujourd’hui, nous chantons au lever du soleil : « Je suis le pasteur des brebis ; je suis la voie, la vérité et la vie ; je suis le Bon Pasteur, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, Alléluia, Alléluia ». Au coucher du soleil, nous chantons : « Je suis le Bon Pasteur et je pais mes brebis et, pour mes brebis, je donne ma vie, Alléluia ». Qu’ils sont saisissants ces deux chants quand, dans le soleil, on voit le symbole du Christ ! A son lever, il dit au monde : Je suis votre pasteur, je suis la voie, la vérité, la vie ; à son coucher, il parle de sa mort. C’est justement par sa mort et sa Résurrection que le Christ s’est montré le Bon Pasteur. Il a donné sa vie pour ses brebis quand il est mort sur la Croix. Après sa Résurrection, il rassemble son troupeau avec un amour de Pasteur, cet amour qui pardonne, console et dirige. Il établit un pasteur pour le remplacer. C’est une véritable image de Pâques. Le dimanche est appelé le « dimanche du Bon Pasteur ».

2. La messe (Misericordia). — L’architecture de la messe est d’une belle unité. Presque dans chaque morceau, le Bon Pasteur nous regarde. Ce qui est particulièrement beau, c’est que le verset principal de l’Évangile est répété, comme leitmotiv, à l’Alléluia et à la Communion. L’office de station se célébrait jadis à Saint-Pierre, au tombeau de celui que le Christ a établi pasteur suprême. C’était symbolique.

A l’Introït, nous louons la miséricorde du Bon Pasteur et nous chantons le psaume du Bon Pasteur (Ps. 32). Ce psaume décrit Dieu comme le Bon Pasteur de la nature et des hommes.

Dans l’oraison, le Bon Pasteur paraît de nouveau devant nous : la brebis perdue, l’humanité tombée qu’il a retirée des épines, il la porte maintenant sur ses épaules où elle jouit de la paix en attendant l’éternelle joie dont le temps pascal est l’avant-goût.

Maintenant, à l’Épître, le saint de station, saint Pierre, s’adresse à nous. Saint Pierre, plus que bien d’autres, a éprouvé l’amour prévenant et miséricordieux du Bon Pasteur. En termes chaleureux, il décrit le Bon Pasteur de nos âmes dans sa Passion, il nous rappelle le temps de nos égarements et le bonheur de notre retour au Bon Pasteur. « Vous étiez des brebis errantes, mais, maintenant, vous êtes revenus vers l’Évêque de vos âmes ».

Les deux versets de l’Alléluia ne sont reliés que par le mot connaître (cognoscere). Le Bon Pasteur connaît ses brebis et ses brebis le connaissent — les disciples d’Emmaüs reconnaissent le Seigneur à la fraction du pain. Cette association d’idées est d’abord difficile à comprendre ; puis nous méditons sur le mot connaître. Ce mot signifie plus que son sens littéral ; il veut dire comprendre, avoir confiance, aimer, vivre l’un pour l’autre. C’est là la meilleure explication. Le Christ veut dire : Je suis avec les miens dans l’union la plus étroite, je suis un avec les miens. Le modèle de cette union est l’unité de la sainte Trinité. Mais où cette union se réalise-t-elle d’une manière plus profonde et plus intime que dans la « fraction du pain », dans la sainte Eucharistie ? Cette pensée est la lumière qui éclaire toute la messe.

A l’Évangile, le Bon Pasteur lui-même est devant nous. Il nous donne aujourd’hui encore les deux preuves de son amour de pasteur. Il donne sa vie pour nous, car la messe est le renouvellement du sacrifice sanglant du Calvaire. Il nous connaît et nous devons le connaître dans la sainte communion. Dans l’église des Gentils (saint Pierre), il parle aussi des « autres brebis qu’il veut faire entrer dans le bercail ». Comparons la conclusion des deux lectures. L’une annonce le plan de Dieu, l’autre l’exécution de ce plan. « Celles-ci, je veux aussi les amener au bercail. ». -c Vous étiez des brebis errantes, maintenant — vous êtes rentrés… ».

L’antienne de l’Offertoire est saisissante. Jusqu’ici, il était question du Bon Pasteur Maintenant, on parle des brebis. Quand la communauté se presse autour de l’autel, au moment de l’Offrande, c’est comme si les brebis se pressaient autour de leur pasteur. Nous comprenons alors l’antienne de l’Offertoire que l’Église met dans leur bouche : « Dieu, mon Dieu, je te cherche dès le matin », j’élève vers toi mes mains (pour l’offrande des dons).

A la Communion, nous entendons de nouveau le leitmotiv de la messe. C’est la « connaissance » la plus intime qui puisse s’imaginer.

3. La Prière des Heures. — Aux matines, nous entendons deux « bons pasteurs », deux représentants du « Pasteur et Évêque de nos âmes », les deux papes saint Léon le Grand et saint Grégoire le Grand. — Saint Léon parlé des quarante jours qui ont suivi la Résurrection : « Les jours entre la Résurrection et l’Ascension du Seigneur ne se sont pas passés dans l’inaction. Au contraire, pendant ce temps, de grands sacrements ont été institués, de grands mystères ont été révélés. Pendant ce temps, la crainte de la mort terrible est enlevée et l’immortalité non seulement de l’âme, mais aussi du corps, est annoncée. En ces jours, par l’insufflation du Seigneur, le Saint-Esprit est répandu dans tous les Apôtres. L’Apôtre Pierre, placé avant tous les autres, reçoit, après les clefs du royaume, le soin du bercail du Seigneur... » Saint Grégoire prononça son homélie, en ce jour, dans l’église de station de Saint-Pierre. Le saint Pape nous enseigne que le Christ a réalisé sa parole : « Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis », non seulement sur la Croix, mais encore dans l’Eucharistie. Mais la parabole doit surtout être une leçon et un avertissement pour les pasteurs des âmes ; elle doit les exhorter à donner leur bien et leur vie pour les brebis qui leur sont confiées. Voici que celui qui est bon, non en vertu d’un don accidentel, mais essentiellement, dit : Je suis le Bon Pasteur. Et il ajoute le modèle de cette bonté que nous devons imiter en disant : le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Il fit ce qu’il nous demande de faire, il montra ce qu’il nous ordonne. Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis afin de présenter son corps et son sang, sous une forme nouvelle, dans notre sacrement et de rassasier de l’aliment de sa chair les brebis qu’il avait rachetées. Le mépris de la mort nous montre la voie que nous devons suivre ; un exemple nous est donné auquel nous devons nous conformer. Notre premier devoir est de nous montrer pleins de miséricorde pour ses brebis ; mais nous avons encore le devoir d’offrir, s’il le faut, notre mort pour ces mêmes brebis.

4. Lecture d’Écriture (Act. Ap., chap. 13 et 14). — Nous lisons le récit du premier voyage missionnaire de Paul et de Barnabé dans l’île de Chypre et l’Asie Mineure. Ils prêchèrent hardiment à Antioche de Pisidie et « tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent ». Mais les Juifs, ayant excité les femmes prosélytes de la classe élevée et les principaux de la ville, suscitèrent une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire. « Ils allèrent à Iconium ; ils entrèrent de même dans la synagogue des Juifs et y prêchèrent de manière qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. Mais les Juifs restés incrédules excitèrent et aigrirent l’esprit des Gentils contre leurs frères. Ils firent néanmoins un assez long séjour dans ce lieu, parlant avec assurance, appuyés par le Seigneur qui rendait témoignage à la parole de grâce par les prodiges et les miracles qu’il leur donnait de faire. Toute la ville se divisa : les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les Apôtres ». De là aussi, saint Paul et son compagnon durent s’enfuir. Ils continuèrent leur œuvre à Lystres. Saint Paul ayant guéri dans cette ville un paralytique, la foule les prit pour des dieux et voulait leur offrir des sacrifices. Ce n’est qu’à grand’peine que le peuple se laissa persuader que ce miracle n’avait pas été accompli par la puissance de Paul, mais par celle du Dieu vivant. Il renonça au sacrifice. Alors survinrent d’Antioche et d’Iconium des Juifs, qui ayant gagné le peuple, lapidèrent Paul et le traînèrent hors de la ville, le croyant mort. Mais, les disciples l’ayant entouré, il se releva et rentra dans la ville. Le lendemain, Paul et Barnabé partirent pour Derbé. De là, ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche, raffermissant l’esprit des disciples, et les exhortèrent à persévérer dans la foi en disant que c’est « par beaucoup de tribulations qu’on doit entrer dans le royaume de Dieu. Ils se rendirent ensuite, en traversant la Pisidie, en Pamphylie, puis à Attalie où ils s’embarquèrent pour Antioche. Dès qu’ils furent arrivés, ils assemblèrent l’Église et racontèrent tout ce que Dieu avait fait par eux et comment ils avaient ouvert aux nations les portes de la foi. Ils demeurèrent assez longtemps avec les disciples. Dans cette lecture, nous voyons saint Paul se montrer, lui aussi, un bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.

[1] Luc. 24, 29.

[2] Act. 4, 33.

[3] Cant. 4, 11.

[4] Prov. 14, 33.

[5] Apoc. 5.

[6] Jn. 15, 5.

[7] Jn. 20, 19.

[8] I Cor. 5, 7.

[9] Rom. 4, 25.

[10] Rom. 6, 9.

[11] Jean. 10, 11.

[12] Cor. 5, 7.

[13] Luc. 24, 29.

[14] Isai. XXVIII, 16.

[15] Matth. XVI.

[16] Johan. XXI.

[17] Johann, XI, 52.

[18] Ibid. X, 16.

[19] Johan. XXI.

[20] Matth. VII, 24, 25.

[21] « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant. » (Matth., XVI, 16.)

[22] Ps. XXXV, 10 : Dans votre lumière, nous verrons la lumière.

[23] Rom., VIII, 14 : Ceux qui agissent par l’Esprit de Dieu, sont fils de Dieu.

[24] Ceux qui ne sont pas de cette bergerie.

[25] Il y aura une seule bergerie.

[26] celles-là aussi, il faut que je les amène