Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Troisième jour des Rogations. On se reportera aussi aux commentaires du Lundi et du Mardi. On célèbre aussi aujourd’hui la Vigile de l’Ascension.
Au bréviaire, l’Office est celui de la Vigile de l’Ascension
Pour la troisième fois la sainte Église reprend sa marche, et sort du saint temple, afin de faire un dernier appel à la divine miséricorde. Rangeons-nous sous sa bannière, et unissant nos voix à la sienne, invoquons avec elle le secours des Saints. Elle est glorieuse, mais aussi elle est puissante, la Litanie dans laquelle sont invoqués tour à tour les chœurs de la Jérusalem céleste. C’est l’Église triomphante s’unissant à l’Église militante pour obtenir le salut de la terre.
Marie, Mère de Dieu, Vierge des vierges, miracle de la puissance divine, employez en notre faveur votre maternelle médiation auprès de celui qui étant Dieu est aussi votre fils.
Michel l’invincible, Gabriel, heureux messager du salut, Raphaël, médecin compatissant de nos misères ; Anges et Archanges qui veillez à notre défense et coopérez à notre salut ; hiérarchies célestes qui attendez les élus de la terre pour renforcer vos rangs, intercédez pour vos frères et vos clients.
Jean-Baptiste, précurseur de l’Agneau de Dieu ; Joseph, époux de Marie immaculée, père nourricier du Fils de Dieu ; Patriarches, ancêtres majestueux de la race humaine, aïeux du divin Messie ; Prophètes qui avez annoncé sa venue et décrit tous ses traits, afin que la terre reconnût en lui son Sauveur : souvenez-vous des habitants de cette terre lointaine sur laquelle vous avez été voyageurs.
Pierre, Pasteur universel, porte-clefs du royaume des cieux ; Paul, apôtre des Gentils, armé du glaive de la parole et consommé par le glaive du martyre ; André, crucifié comme votre Maître ; Jacques le Majeur, enfant du tonnerre, fondateur du royaume Catholique ; Jean le Bien-Aimé, fils et gardien de Marie, Évangéliste et le dernier des Prophètes ; Thomas, apôtre des Indes, immolé par la lance ; Jacques le Mineur, appelé frère du Seigneur ; Philippe, qui avez évangélisé les Scythes et rencontré la croix à Hiérapolis ; Barthélemy, docteur de l’Arménie, arrosée de votre sang ; Évangéliste Matthieu, qui êtes allé porter la foi jusque dans les régions brûlantes de l’Éthiopie ; Simon, dont la Mésopotamie a entendu la voix ; Thaddée, qui avez affronté l’Égypte et ses idoles ; Mathias, appelé à prendre la place du traître Judas, et digne d’un tel honneur ; Barnabé, compagnon de Paul, et plus tard la lumière de l’île de Chypre ; Luc, disciple de l’Apôtre des Gentils, historien du Verbe incarné ; Marc, disciple de Pierre, qui avez écrit sous sa dictée l’Évangile du salut : nous vous saluons tous avec amour comme nos pères dans la foi ; priez en ces jours avec nous et pour nous.
Disciples du Seigneur, qui, sans avoir été élevés jusqu’au rang des Apôtres, fûtes choisis par lui pour être leurs coopérateurs, et qui, au jour de la Pentecôte, avez été remplis des feux de l’Esprit-Saint ; tendres enfants de Bethléhem , prémices des Martyrs : daignez tous vous associer à nos supplications.
Etienne le Couronné, Laurent, dont le front est ceint de lauriers, Vincent le Victorieux, tous trois unis dans la forte milice du diaconat ; Fabien, pontife désigné par la colombe céleste ; Sébastien, noble chevalier de la sainte Église ; Jean et Paul, Côme et Damien, Gervais et Protais, généreux frères qui avez combattu le même combat : armée innombrable des Martyrs, protégez-nous à l’ombre de vos palmes.
Silvestre, pontife de la paix ; Grégoire, vicaire du Christ dans sa mansuétude comme dans son autorité ; Ambroise, dont la parole fut douce comme le miel, et la force indomptable comme celle du lion ; Augustin, soleil de vérité, apôtre de la charité divine ; Jérôme, interprète inspiré de la parole de Dieu ; Martin, thaumaturge de l’Occident ; Nicolas, thaumaturge de l’Orient : saints pontifes, saints docteurs, ramenez à Jésus ses brebis errantes.
Antoine, la gloire du désert, le vainqueur de Satan ; Benoît, nouvel Abraham, entouré d’une postérité sans nombre ; Bernard, soutien de la sainte Église, favori de l’auguste Reine des cieux ; Dominique, prédicateur de la vraie doctrine, fléau de l’hérésie ; François, amant et époux de la pauvreté, crucifié avec le Christ : nous vous honorons tous ; ranimez dans nos âmes le sentiment de la perfection chrétienne.
Prêtres du Seigneur, saints moines, saints ermites, saints confesseurs, priez pour ce peuple qui implore votre secours.
Marie-Madeleine, pécheresse sanctifiée, amante du Rédempteur, obtenez-nous la componction du cœur qui répare le péché par l’amour.
Agathe et Lucie, fleurs odorantes de l’heureuse Sicile ; Agnès, qui suivez partout l’Agneau divin ; Cécile, couronnée de roses et de lis, brillante reine de l’harmonie ; Catherine, vierge sage qui confondîtes la fausse sagesse des philosophes ; Anastasie, femme forte qui avez triomphé des épreuves de la vie et de la rigueur des supplices : vous toutes, vierges sacrées ou épouses fidèles, jetez un regard de compassion sur les habitants de la terre.
Saints et saintes de Dieu, justes de tout âge, de tout sexe et de toute condition, qui peuplez déjà l’empyrée, souvenez-vous de nous qui gémissons encore dans cette vallée de larmes, et élevez nos cœurs jusqu’au séjour de l’éternel bonheur que les vanités de ce monde nous feraient si souvent oublier.
La Litanie est achevée ; et, pour la troisième fois, l’auguste Sacrifice va sceller la réconciliation du Dieu offensé avec ses enfants coupables ; espérons désormais une année tranquille et féconde. Daigne le Seigneur, en l’année qui suivra celle-ci, accroître le nombre de ceux qui viendront s’unir à son Église pour implorer le pardon général !
La Messe des Rogations se trouve au Lundi. Assistons-y avec le sentiment de l’insuffisance de nos réparations personnelles, mais avec une entière confiance dans les mérites infinis de la victime pascale.
Enfin nous nous pénétrerons une dernière fois de l’esprit de pénitence qui animait en ces trois jours l’antique Église des Gaules, en lut empruntant cette pieuse prière qu’elle présentait aujourd’hui même à la Majesté divine.
IMMOLATIO. | |
Vere dignum et justum est, satisque est dignum : te solum a jejunantibus quærere, qui es magister abstinentiæ, et continentiæ remunerator æterne : quique a jejunantibus fideli tantum corde exposcunt abstergi omnem maculam, quam saturitas contrahit indecens. Hoc itaque sanctum jejunium in Leviticis apicibus per famulum tuum Moysen evidentius declarasti : in quo jussisti ut humiliaremus animas nostras, ne exterminaremur ; sicut esu gulæ deditus populus, exterminatur. Quod etiam nobis Unigenitus tuus ita sanctificavit implendo : et ut regnum perditum per jejunium panderet, et peccatis veniam daret. Et ideo quas instituisti, jejunia suscipe libens , per ea nos a reatibus cunctis absolvens. | Il est juste et raisonnable, ô Dieu tout-puissant et éternel, que ceux qui se livrent au jeûne se tournent vers vous qui avez été, par votre exemple, le maître de l’abstinence, et qui êtes maintenant le rémunérateur éternel de nos privations ; puisque dans ceux qui jeûnent avec les dispositions d’un cœur fidèle, vous daignez, à leur demande, effacer toutes les taches que l’intempérance leur avait fait contracter. C’est vous-même qui avez proclamé l’institution du jeûne sacré, par votre serviteur Moïse, au livre du Lévitique, nous ordonnant d’humilier nos âmes, afin que nous ne fussions pas exterminés, comme le fut ce peuple qui s’était abandonné aux excès de la sensualité. Votre Fils unique est venu sanctifier cette institution en s’y soumettant lui-même, nous rouvrant, par son jeûne, l’accès du royaume que avions perdu, et nous accordant le pardon de nos pèches. Daignez donc recevoir avec bonté l’hommage d’une pratique dont la première institution vient de vous, et nous accorder en retour la remise de toutes nos offenses. |
Cette station à la basilique Vaticane, au terme du triduum des Rogations, fut instituée non seulement par vénération pour la Confession apostolique, mais probablement aussi pour rapprocher le plus possible les Litanies mineures des Litanies majeures du 25 avril, qui se terminaient précisément à la basilique de Saint-Pierre. Les raisons de cet ingénieux et tardif rapprochement ont certainement de l’importance, mais on ne tint sans doute pas compte de la légère anomalie liturgique qui en résulte, celle de deux jours consécutifs de station à Saint-Pierre, aujourd’hui et demain.
Les litanies des saints, chantées durant ce triduum, sont l’un des plus précieux joyaux de l’ancienne euchologie. Dans la forme actuelle, qui remonte au moins au Xe siècle, la longue série des apôtres, des martyrs, des prêtres, des confesseurs et des vierges rappelle les théories de saints que nos pères aimaient à représenter en mosaïque le long des nefs des basiliques. Ce sont là les fastes glorieux de l’Église, les raisons que nous avons d’espérer. Si maintenant la Jérusalem céleste se réjouit de si nombreux et si nobles habitants, ceux-ci du moins furent nourris dans le sein de l’Église militante, et chaque couronne, chaque trône occupé dans le ciel, a coûté à l’Église d’âpres luttes, des douleurs aiguës et du sang. C’est là le riche sacrifice d’holocauste que la famille chrétienne rend au Christ en échange de celui du Calvaire.
Nous célébrons aujourd’hui le troisième jour des Rogations. Si nous le pouvons, nous assisterons à l’antique et vénérable procession de station, nous y réciterons et y chanterons les litanies des saints. La station est à saint Pierre de Rome ; nous nous y rendrons en esprit avec toute la chrétienté. Aujourd’hui est l’un des rares cas où nous pouvons choisir une seconde messe qui est, elle aussi, dans le sens de l’année liturgique : la messe de la vigile de l’Ascension.