Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Jour Octave de l’Ascension, double majeur.
En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave de l’Ascension. Au lieu des lectures particulières de l’Écriture au jour Octave (Ephes. 4, 1-21), a été placée une lecture de l’Écriture occurrente (III Jn), déplacée du vendredi qui suit.
Nous donnons ici l’Office des Matines avec les deux lectures patristiques propres à chaque jour, et les commentaires habituels.
La Messe est celle du jour de la Fête.
Aux 1ères Vêpres, comme les 1ères Vêpres de la Fête.
A MATINES
Invitatorium | Invitatoire |
Allelúia, Christum Dóminum ascendéntem in cælum, * Veníte adorémus, allelúia. | Alléluia, le Christ Seigneur montant au ciel, * Venez, adorons-le, alléluia. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymne | |
Æterne Rex altíssime (matines de l’Ascension) | |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. 1 Eleváta est * magnificéntia tua super cælos, Deus, allelúia. | Ant. 1 Elle est élevée, * votre magnificence, ô Dieu, au dessus des cieux [1], alléluia. |
Psaume 8 | |
Ant. 2 Dóminus in templo * sancto suo, Dóminus in cælo, allelúia. | Ant. 2 Le Seigneur est * dans son temple saint, le Seigneur est dans le ciel [2], alléluia. |
Psaume 10 | |
Ant. 3 A summo cælo * egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius, allelúia. | Ant. 3 A l’extrémité du ciel * est sa sortie : et le terme de sa course à son extrémité [3], alléluia. |
Psaume 18 | |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, allelúia. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie [4], alléluia. |
R/. Et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | R/. Et le Seigneur, au son de la trompette, alléluia. |
Lectio i | 1ère leçon |
De Epístola beáti Pauli Apóstoli ad Ephésios. | De l’Épitre du bienheureux Apôtre Paul aux Éphésiens. |
Cap. 4, 1-8. | |
Obsecro ítaque vos ego vinctus in Dómino, ut digne ambulétis vocatióne, qua vocáti estis, cum omni humilitáte et mansuetúdine, cum patiéntia, supportántes ínvicem in caritáte, sollíciti serváre unitátem Spíritus in vínculo pacis. Unum corpus et unus spíritus, sicut vocáti estis, in una spe vocatiónis vestræ. Unus Dóminus, una fides, unum baptísma. Unus Deus et Pater ómnium, qui est super omnes, et per ómnia, et in ómnibus nobis. Unicuíque autem nostrum data est grátia secúndum mensúram donatiónis Christi. Propter quod dicit : Ascéndens in altum, captívam duxit captivitátem : dedit dona homínibus. | Je vous conjure donc, moi, chargé de liens pour le Seigneur, de marcher d’une manière digne de la vocation à laquelle vous avez été appelés, avec toute humilité et toute mansuétude, avec toute patience, vous supportant mutuellement en charité ; appliqués à conserver l’unité d’esprit, par le lien de la paix. Soyez un seul corps et un seul esprit, comme vous avez été appelés à une seule espérance dans votre vocation. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et au milieu de toutes choses, et en nous tous. Or à chacun de nous a été donnée la grâce, selon la mesure du don de Jésus-Christ [5]. C’est pourquoi l’Écriture dit : Montant au ciel, il a conduit une captivité captive ; il a donné des dons aux hommes [6]. |
R/. Post passiónem suam per dies quadragínta appárens eis, et loquens de regno Dei, allelúia : * Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia. | R/. Après sa passion il leur apparut pendant quarante jours, leur parlant du royaume de Dieu [7], alléluia : * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux [8], alléluia. |
V/. Et convéscens præcépit eis, ab Ierosólymis ne discéderent, sed exspectárent promissiónem Patris. | V/. Mangeant avec eux, il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père [9]. |
* Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia. | * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux, alléluia. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 4, 9-14. | |
Quod autem ascéndit, quid est, nisi quia et descéndit primum in inferióres partes terræ ? Qui descéndit, ipse est et qui ascéndit super omnes cælos, ut impléret ómnia. Et ipse dedit quosdam quidem Apóstolos, quosdam autem Prophétas, álios vero Evangelístas, álios autem pastóres, et doctóres ad consummatiónem sanctórum in opus ministérii, in ædificatiónem córporis Christi : donec occurrámus omnes in unitátem fídei, et agnitiónis Fílii Dei, in virum perféctum, in mensúram ætátis plenitúdinis Christi : ut iam non simus párvuli fluctuántes, et circumferámur omni vento doctrínæ in nequítia hóminum, in astútia ad circumventiónem erróris. | Mais qu’est-ce : Il est monté, sinon qu’il est descendu auparavant dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les deux, afin qu’il remplît toutes choses [10]. Et c’est lui qui a fait les uns Apôtres, les autres Prophètes, d’autres Évangélistes, d’autres pasteurs et docteurs, pour la perfection des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’un homme parfait, à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ ; afin que nous ne soyons plus comme de petits enfants qui flottent, ni emportés ça et là à tout vent de doctrine, par la méchanceté des hommes, par l’astuce qui entraîne dans le piège de l’erreur. |
R/. Omnis pulchritúdo Dómini exaltáta est super sídera : * Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia. | R/. Toute la beauté du Seigneur a été exaltée au-dessus des astres [11] : * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement [12], alléluia. |
V/. A summo cælo egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius. | V/. A l’extrémité du ciel est sa sortie, et le terme de sa course à son extrémité [13]. |
* Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia. | * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement, alléluia. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 4, 15-21. | |
Veritátem autem faciéntes in caritáte, crescámus in illo per ómnia, qui est caput Christus : ex quo totum corpus compáctum et connéxum per omnem iunctúram subministratiónis, secúndum operatiónem in mensúram uniuscuiúsque membri, augméntum córporis facit in ædificatiónem sui in caritáte. Hoc ígitur dico, et testíficor in Dómino, ut iam non ambulétis, sicut et Gentes ámbulant in vanitáte sensus sui, ténebris obscurátum habéntes intelléctum, alienáti a vita Dei per ignorántiam, quæ est in illis, propter cæcitátem cordis ipsórum, qui desperántes, semetípsos tradidérunt impudicítiæ, in operatiónem immundítiæ omnis, in avarítiam. Vos autem non ita didicístis Christum, si tamen illum audístis, et in ipso edócti estis. | Mais que, pratiquant la vérité dans la charité, nous croissions en toutes choses dans celui qui est le chef, le Christ, en vertu duquel tout le corps uni et lié par toutes les jointures qui se prêtent un mutuel secours, d’après une opération proportionnée à chaque membre, reçoit son accroissement pour être édifié dans la charité. Je vous dis donc et je vous conjure par le Seigneur de ne plus marcher comme les Gentils, qui marchent dans la vanité de leurs pensées, qui ont l’intelligence obscurcie de ténèbres, entièrement éloignés de la vie de Dieu, par l’ignorance qui est en eux, à cause de l’aveuglement de leur cœur ; qui, ayant perdu tout espoir, se sont livrés à l’impudicité, à toutes sortes de dissolutions, à l’avarice. Pour vous, ce n’est pas ainsi que vous avez été instruits touchant le Christ, si cependant vous l’avez écouté et si vous avez été instruits en lui. |
R/. Exaltáre, Dómine, allelúia, * In virtúte tua, allelúia. | R/. Élevez-vous, Seigneur [14], alléluia, * Dans votre puissance, alléluia. |
V/. Eleváta est, magnificéntia tua super cælos, Deus. | V/. Dieu, votre magnificence est élevée au-dessus des cieux [15]. |
* In virtúte tua, allelúia. Glória Patri. * In virtúte tua, allelúia. | * Dans votre puissance, alléluia. Gloire au Père. * Dans votre puissance, alléluia. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Exaltáre, Dómine, * in virtúte tua : cantábimus et psallémus, allelúia. | Ant. 4 Élevez-vous, Seigneur, * dans votre puissance : nous chanterons et nous psalmodierons [16], alléluia. |
Psaume 20 | |
Ant. 5 Exaltábo te, * Dómine, quóniam suscepísti me, allelúia. | Ant. 5 Je vous exalterai, * Seigneur, parce que vous m’avez relevé [17], alléluia. |
Psaume 29 | |
Ant. 6 Ascéndit Deus * in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | Ant. 6 Dieu est monté * au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur, au son de la trompette [18], alléluia. |
Psaume 46 | |
V/. Ascéndens Christus in altum, allelúia. | V/. Le Christ montant au ciel [19], alléluia. |
R/. Captívam duxit captivitátem, allelúia. | R/. A emmené captive la captivité [20], alléluia. |
Lectio iv | 4e leçon |
Sermo sancti Augustíni Epíscopi. | Sermon de saint Augustin, Évêque. |
Sermo 3 de Ascensione Domini, qui est 176 de Tempore | |
Omnia, caríssimi, quæ Dóminus Iesus Christus in hoc mundo sub fragilitáte nostra mirácula édidit, nobis profíciunt : qui dum humánam conditiónem sidéribus importávit, credéntibus cælum patére posse monstrávit : et dum victórem mortis in cæléstia elevávit, victóribus quo sequántur osténdit. Ascénsio ergo Dómini cathólicæ fídei confirmátio fuit : ut secúri in pósterum crederémus miráculi illíus donum, cuius iam in præsénti percepissémus efféctum : et fidélis quisque cum iam tanta percéperit, per ea, quæ cognóscit prǽstita, discat speráre promíssa, ac Dei sui prætéritam præsentémque bonitátem, quasi futurórum téneat cautiónem. | Mes bien-aimés, toutes les choses merveilleuses qu’a faites en ce monde le Seigneur Jésus-Christ, revêtu de notre faiblesse, nous sont salutaires. En introduisant dans les cieux la nature humaine, il a montré aux croyants que le ciel peut être ouvert ; et en l’élevant dans les cieux après l’avoir rendue victorieuse de la mort, il a fait voir aux vainqueurs où ils ont à le suivre. L’ascension du Seigneur a donc été la confirmation de la foi catholique. Par elle nous croyons fermement que nous obtiendrons plus tard pour nous-mêmes la faveur de ce miracle, dont un exemple nous fait déjà maintenant comprendre l’effet. Que chaque fidèle, après avoir déjà compris de si grandes choses, apprenne par ce qu’il sait avoir eu lieu, à espérer ce qui lui a été promis, et à considérer la bonté passée et présente de son Dieu comme le gage des biens futurs. |
R/. Tempus est, ut revértar ad eum, qui me misit, dicit Dóminus : nolíte contristári, nec turbétur cor vestrum : * Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia. | R/. Il est temps que je retourne à celui qui m’a envoyé [21], dit le Seigneur : ne soyez pas attristés, et que votre cœur ne se trouble pas [22] : * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même [23], alléluia, alléluia. |
V/. Nisi ego abíero, Paráclitus non véniet : cum assúmptus fúero, mittam vobis eum. | V/. Si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas : mais lorsque je serai monté, je vous l’enverrai [24]. |
* Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia. | * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même, alléluia, alléluia. |
Lectio v | 5e leçon |
Super excélsa ergo cæli terrénum corpus impónitur : ossa, intra sepúlcri angústias paulo ante conclúsa, Angelórum cœtibus interúntur : in grémium immortalitátis mortális natúra transfúnditur : et ídeo sacra apostólicæ lectiónis testátur história : Cum hæc dixísset, inquit, vidéntibus illis, elevátus est. Dum audis elevátum, agnósce milítiæ cæléstis obséquium : unde hodiérna festívitas hóminis nobis et Dei sacraménta manifestávit. Sub una eadémque persóna, in eo qui élevat, divínam poténtiam ; in eo autem, qui elevátur, humánam cognósce substántiam. | Un corps formé de terre est donc placé au plus haut des cieux ; des ossements, renfermés peu auparavant dans l’étroite enceinte d’un sépulcre, sont transportés dans l’assemblée des Anges ; une nature mortelle pénètre dans le sein de l’immortalité ; c’est pourquoi le récit sacré des Actes des Apôtres l’atteste : « Quand il eut dit ces choses, eux le voyant, il s’éleva » [25]. En entendant qu’il fut élevé, comprends l’empressement de la milice céleste ; par ce texte, la solennité de ce jour nous a découvert les mystères de l’homme et de Dieu. Sous une seule et même personne, reconnais, en celui qui élève, la divine puissance ; en celui qui est élevé, la substance humaine. |
R/. Non turbétur cor vestrum : ego vado ad Patrem ; et cum assúmptus fúero a vobis, mittam vobis, allelúia, * Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia. | R/. Que votre cœur ne se trouble point [26] : moi je vais à mon Père ; et lorsque je vous aurai quittés, je vous enverrai [27], alléluia : * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira [28], alléluia. |
V/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis. | V/. Moi je prierai mon Père, et il nous donnera un autre Paraclet [29]. |
* Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia. | * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira, alléluia. |
Lectio vi | 6e leçon |
Ideóque omnímodis detestánda sunt venéna Orientális erróris, qui ímpia novitáte præsúmit assérere Fílium Dei ac Fílium hóminis uníus esse natúræ. In altérutra enim parte, vel qui solum hóminem fuísse díxerit, negábit Conditóris glóriam : vel qui solum Deum, negábit misericórdiam Redemptóris. Quo génere non fácile Ariánus evangélicam póterit habére veritátem, ubi Fílium Dei nunc æquálem légimus, nunc minórem. Qui enim uníus natúræ Salvatórem nostrum mortífera persuasióne credíderit, solum hóminem, aut solum Deum cogétur dícere crucifíxum. Sed non ita est. Mortem enim nec solus Deus sentíre, nec solus homo superáre potuísset. | Aussi faut-il détester en tous points le poison de cette erreur de l’Orient, qui, par une nouveauté impie, ose affirmer que le Fils de Dieu et le fils de l’homme sont d’une même nature. Il y a là un double mensonge : prétendre que le Christ n’a été qu’un homme, c’est nier la gloire du Créateur ; dire qu’il a été Dieu seulement, c’est nier la miséricorde du Rédempteur. Aussi n’est-il pas facile à un Arien de comprendre la vérité de l’Évangile, où nous lisons tantôt que le Fils de Dieu est égal à son Père, et tantôt qu’il lui est inférieur. En effet, celui qui, par suite d’une persuasion mortelle, aura cru que notre Sauveur n’a qu’une seule nature, sera forcé de dire que celui qui a été crucifié était seulement Dieu ou seulement homme. Mais il n’en est pas ainsi. Car s’il eût été Dieu seulement, le Christ n’aurait pu souffrir la mort ; et s’il n’eût été qu’homme, il n’aurait pu la vaincre. |
R/. Ascéndens Christus in altum, captívam duxit captivitátem, * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. | R/. Le Christ montant au ciel a conduit captive la captivité [30], * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur au son de la trompette [31]. |
* Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. | * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, Gloire au Père. * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, |
In III Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 7 Nimis exaltátus est, * allelúia : super omnes deos, allelúia. | Ant. 7 Vous êtes infiniment élevé, * alléluia, au-dessus de tous les dieux [32], alléluia [33]. |
Psaume 96 | |
Ant. 8 Dóminus in Sion, * allelúia : magnus et excélsus, allelúia. | Ant. 8 Le Seigneur est dans Sion, * alléluia ; il est grand et élevé [34], alléluia. |
Psaume 98 | |
Ant. 9 Dóminus in cælo, * allelúia : parávit sedem suam, allelúia. | Ant. 9 Le Seigneur dans le ciel, * alléluia, a préparé son trône [35], alléluia. |
Psaume 102 | |
V/. Ascéndo ad Patrem meum, et Patrem vestrum [36], allelúia. | V/. Je monte vers mon Père et votre Père, alléluia. |
R/. Deum meum, et Deum vestrum, allelúia. | R/. Vers mon Dieu et votre Dieu, alléluia. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Marcum. | Lecture du saint Évangile selon saint Marc. |
Cap. 16, 14-20. | |
In illo témpore : Recumbéntibus úndecim discípulis, appáruit illis Iesus : et exprobrávit incredulitátem eórum et durítiam cordis, quia iis, qui víderant eum resurrexísse, non credidérunt. Et réliqua. | En ce temps-là : Jésus se montra aux Onze eux-mêmes, tandis qu’ils étaient à table : et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui avaient vu qu’il était ressuscité. Et le reste. |
Homilía sancti Gregórii Papæ. | Homélie de saint Grégoire, Pape. |
Eadem Homilia 29 | |
De hac ascensiónis eius glória étiam Hábacuc ait : Elevátus est sol, et luna stetit in órdine suo. Quis enim solis nómine, nisi Dóminus ; et quæ lunæ nómine, nisi Ecclésia designátur ? Quoúsque enim Dóminus ascéndit ad cælos, sancta eius Ecclésia advérsa mundi omnímodo formidávit : at postquam eius ascensióne roboráta est, apérte prædicávit quod occúlte crédidit. Elevátus est ergo sol, et luna stetit in órdine suo : quia cum Dóminus cælum pétiit, sancta eius Ecclésia in auctoritáte prædicatiónis excrévit. | Habacuc, lui aussi, parle de la gloire de l’ascension du Christ quand il dit : « Le soleil s’est élevé, et la lune s’est tenue en son rang » [37]. Qui est désigné sous le nom de soleil sinon le Seigneur, et que signifie la lune, sinon l’Église ? Jusqu’à ce que le Seigneur monte au ciel, son Église sainte a redouté de toutes façons l’hostilité du monde, mais après avoir été fortifiée par son ascension, elle a prêché ouvertement ce qu’elle avait cru en secret. Le soleil s’est donc élevé, et la lune s’est tenue en son rang, parce que, dès que le Seigneur eut gagné le ciel, son Église sainte a grandi dans l’autorité de la prédication. |
R/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis, * Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia. | R/. Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet [38] : * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia. |
V/. Si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos : si autem abíero, mittam eum ad vos. | V/. Car, si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai [39]. |
* Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia. | * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia. |
Lectio viii | 8e leçon |
Hinc eiúsdem Ecclésiæ voce per Salomónem dícitur : Ecce iste venit sáliens in móntibus, et transíliens colles. Considerávit namque tantórum óperum cúlmina, et ait : Ecce iste venit sáliens in móntibus. Veniéndo quippe ad redemptiónem nostram, quosdam, ut ita dicam, saltus dedit. Vultis, fratres caríssimi, ipsos eius saltus agnóscere ? De cælo venit in úterum, de útero venit in præsépe, de præsépe venit in crucem, de cruce venit in sepúlcrum, de sepúlcro rédiit in cælum. Ecce, ut nos post se cúrrere fáceret, quosdam pro nobis saltus manifestáta per carnem Véritas dedit : quia exsultávit ut gigas ad curréndam viam suam, ut nos ei dicerémus ex corde : Trahe nos : post te currémus in odórem unguentórum tuórum. | C’est à son sujet que la voix de la même Église fait entendre ces paroles de Salomon : « Le voici qui vient, sautant sur les montagnes, franchissant les collines » [40]. Il a considéré les sommets de si grandes œuvres, et il dit : « Le voici qui vient, sautant sur les montagnes ». En effet, venant pour nous racheter, il a fait, si je puis m’exprimer ainsi, comme des bonds. Voulez-vous, mes très chers frères, reconnaître ces bonds eux-mêmes ? Il est venu du ciel dans le sein d’une vierge, de ce sein il est venu dans la crèche, de la crèche il est venu sur la croix, de la croix au sépulcre, et du sépulcre il est retourné au ciel. Voilà les bonds que la Vérité, qui s’est manifestée dans la chair, a faits, afin que nous courions à sa suite, car le Christ « s’est élancé comme un géant pour parcourir sa carrière » [41], afin que nous lui disions du fond-du cœur : « Entraînez-nous après vous ; nous courrons à l’odeur de vos parfums » [42]. |
R/. Ponis nubem ascénsum tuum, Dómine : * Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia. | R/. Vous montez, Seigneur, sur une nuée [43] : * Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia. |
V/. Confessiónem et decórem induísti, amíctus lumen sicut vestiméntum. | V/. Vous êtes revêtu de louange et d’honneur, enveloppé de lumière, comme d’un vêtement [44]. |
* Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia. Glória Patri. * Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia. | * Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia. Gloire au Père. * Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia. |
Lectio ix | 9e leçon |
Unde, fratres caríssimi, opórtet, ut illuc sequámur corde, ubi eum córpore ascendísse crédimus. Desidéria terréna fugiámus : nihil nos iam deléctet in ínfimis, qui Patrem habémus in cælis. Et hoc nobis est magnópere perpendéndum : quia is qui plácidus ascéndit, terríbilis redíbit ; et quidquid nobis cum mansuetúdine præcépit, hoc a nobis cum distinctióne éxiget. Nemo ergo indúlta pœniténtiæ témpora parvipéndat, nemo curam sui, dum valet, ágere négligat : quia Redémptor noster tanto tunc in iudícium distríctior véniet, quanto nobis ante iudícium magnam patiéntiam prærogávit. | C’est pourquoi, mes bien chers frères, il faut que nous le suivions de cœur, là où nous sommes persuadés qu’il est monté corporellement. Fuyons les désirs terrestres ; que rien ne nous satisfasse plus dans les choses infimes, nous qui avons un père dans les cieux. Et il nous faut songer attentivement à ceci : celai qui est monté plein de douceur reviendra terrible, et tout ce qu’il nous a prescrit avec mansuétude, il nous en demandera compte avec sévérité. Que personne donc ne fasse peu de cas des temps accordés pour la pénitence ; que personne ne néglige le soin de son salut tandis qu’il peut le faire ; car notre Rédempteur viendra alors avec d’autant plus de rigueur pour le jugement, qu’avant le jugement il nous aura témoigné une plus grande patience. |
Te Deum | |
A Laudes, comme les Laudes de la Fête.
Aux 2ndes Vêpres, comme les 2ndes Vêpres de la Fête.
Nous avons vu comment l’Ascension de notre Emmanuel lui a assuré ici-bas un premier triomphe par la foi, qui lui donne l’empire sur les intelligences. Une seconde victoire ressort du même mystère : c’est la victoire de l’amour qui fait régner Jésus sur les cœurs. Depuis dix-huit siècles, en qui les hommes ont-ils cru fermement, universellement, si ce n’est en lui ? Quel autre point de ralliement ont eu les intelligences, si ce n’est dans les dogmes de la foi ? Quelles ténèbres ce divin flambeau n’a-t-il pas éclairées ? Quelles clartés n’a-t-il pas projetées sur les peuples qui ont accueilli sa lumière ? En quelles ombres n’a-t-il pas laissé ceux qui, après l’avoir accueilli, ont fermé plus tard leurs yeux à ses rayons ?
De même on peut bien le dire, depuis l’Ascension de notre Rédempteur nul n’a été aimé des hommes de tous les lieux et de toutes les races comme il l’a été, comme il l’est encore, comme il le sera jusqu’à la fin. Or, il fallait qu’il se retirât pour être ainsi aimé, comme il le fallait pour que nous crussions en lui. « Il vous est avantageux que je m’en aille » : ces mêmes paroles nous serviront encore aujourd’hui à mieux pénétrer le mystère. Avant l’Ascension, les disciples étaient aussi chancelants dans leur amour que dans leur foi ; Jésus ne pouvait compter sur eux ; mais à peine a-t-il disparu à leurs regards, qu’un élan inconnu s’empare de leurs cœurs. Au lieu de plaindre leur abandon, ils rentrent pleins de joie dans Jérusalem. Heureux du triomphe de leur Maître, oublieux d’eux-mêmes, ils s’empressent de lui obéir en se rendant au Cénacle, où la Vertu d’en haut doit venir les visiter. Étudiez ces hommes dans les années qui vont suivre, parcourez leur carrière jusqu’à la mort ; comptez, si vous pouvez, les actes de leur dévouement dans l’immense labeur de la prédication de l’Évangile, et dites si un autre mobile que l’amour de leur Maître les a soutenus et rendus capables de tout ce qu’ils ont fait. Avec quel empressement ils ont bu son calice [45] ! Avec quel transport ils ont salué sa croix, lorsqu’ils l’ont vue dressée pour eux-mêmes !
Mais ne nous arrêtons pas à ces premiers témoins ; ils avaient vu le Christ, ils l’avaient entendu, ils l’avaient touché de leurs mains [46]. Tournons nos regards sur les générations qui ne l’ont connu que par la foi, et voyons si cet amour qui triomphe dans les Apôtres, a fait défaut chez les chrétiens un seul jour dans le cours de dix-huit siècles. C’est d’abord la lutte du martyre qui n’a jamais totalement cessé depuis la promulgation de l’Évangile, et qui occupe trois cents ans pour le début. Par quel motif tant de millions de héros et d’héroïnes ont-ils couru au-devant des tortures les plus affreuses, bravé en souriant la flamme des bûchers, la dent des bêtes féroces, si ce n’est pour prouver au Christ leur amour ?
Rappelons-nous ces terribles épreuves qu’ont acceptées avec tant d’empressement non seulement des hommes aguerris à la souffrance, mais des femmes délicates, de jeunes vierges et jusqu’à des enfants. Remettons-nous en mémoire tant de sublimes paroles, noble élan du cœur qui aspire à rendre au Christ mort pour mort, et n’oublions pas que les martyrs de nos jours, en Chine, au Tongking, dans la Cochinchine, dans la Corée, ont reproduit textuellement, sans s’en douter, en présence de leurs juges et de leurs bourreaux, le langage que tenaient leurs prédécesseurs devant les proconsuls du IIIe et du IVe siècle.
Oui, certes, il est aimé comme nul ne le sera jamais, ni ne le pourrait être, notre divin Roi qui s’est enfui aux cieux ; car depuis son départ, on ne saurait compter les millions d’âmes qui, pour s’unir à lui uniquement, ont foulé aux pieds les séductions de l’amour terrestre, et n’ont voulu connaître d’autre amour que le sien. Tous les siècles, même le nôtre dans sa triste défaillance, les ont vus, et Dieu seul en connaît le nombre.
Il a été aimé sur cette terre, notre Emmanuel, et il le sera jusqu’au dernier jour du monde, ainsi qu’en fait foi, dans toute la suite des temps, le généreux abandon des biens terrestres, dans le but de conquérir la ressemblance avec l’enfant de Bethléhem ; abandon pratiqué si souvent par les personnes les plus opulentes du siècle ! Que serait-ce s’il nous fallait signaler tant de sacrifices de la volonté propre obtenus de l’orgueil humain, afin de réaliser dans l’humanité le mystère de l’obéissance de l’Homme-Dieu sur la terre, et les innombrables traits d’héroïsme offerts par la pénitence chrétienne, qui continue et complète ici-bas avec tant de générosité les satisfactions que l’amour du Rédempteur pour les hommes lui fit accepter dans sa douloureuse Passion ?
Mais cette inextinguible ardeur pour Jésus envolé au ciel, ne s’est pas trouvée satisfaite encore de tant de dévouements. Jésus avait dit : « Tout ce que vous ferez en faveur du moindre de vos frères, c’est à moi que vous l’aurez fait » : l’amour pour le Christ s’est emparé de cette parole, et depuis le commencement jusqu’aujourd’hui, il s’est livré à un autre genre de recherche pour atteindre, à travers le pauvre, jusqu’à Jésus qui réside en lui. Et comme la première de toutes les misères de l’homme est l’ignorance des vérités divines, sans lesquelles il ne peut être sauvé, chaque époque a fourni une succession d’apôtres qui, renonçant aux liens les plus doux de la patrie et de la famille, s’élancent au secours des peuples assis dans l’ombre de la mort. Qui pourrait dire les fatigues qu’ils assument dans un tel labeur, les tourments qu’ils bravent, afin que le nom de Jésus soit annoncé, qu’il soit aimé d’un sauvage, glorifié par un Chinois ou par un Indou ?
S’agit-il de consoler les douleurs du Christ ou de panser ses plaies dans ses frères les plus disgraciés ? N’allez pas croire que l’amour qui réside dans les fidèles de son Église fasse jamais défaut. Comptez plutôt les membres de ces associations charitables qui se sont vouées au soulagement des pauvres et des malades, depuis qu’il a été possible aux chrétiens de développer au grand jour leurs plans pour l’exercice de la charité. Voyez le sexe le plus faible, décimé chaque année par les plus nobles vocations, payer avec un empressement héroïque son tribut au chevet des infirmes et des mourants. Le monde lui-même s’en émeut, les économistes s’étonnent d’être obligés de compter avec un élément indispensable aux sociétés, et qui échappe à toutes leurs spéculations. Heureux s’ils en venaient jusqu’à reconnaître celui dont l’amour seul opère toutes ces merveilles !
Mais ce que l’œil de l’homme peut atteindre n’est rien : il ne saisit que ce qui paraît à l’extérieur. Nul ne saurait donc apprécier à quel point Jésus a été aimé et l’est encore sur la terre. Qu’on se retrace les millions de chrétiens qui ont passé ici-bas depuis l’origine de l’Église. Parmi eux, sans doute, il en est beaucoup qui ont eu le malheur de manquer leur fin ; mais quelle multitude innombrable a aimé le Seigneur Christ de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces ! Les uns l’ont aimé constamment, d’autres ont eu besoin d’être rappelés par sa miséricorde, mais ils se sont endormis dans son baiser. Comptez, si vous pouvez, les actes vertueux, les sacrifices sublimes, en dix-huit siècles, au sein de cet immense peuple chrétien que nous verrons se dérouler tout entier au dernier jour du monde, dans la vallée de Josaphat ! La mémoire de Dieu peut seule en embrasser le souvenir. Or, tout cet ensemble d’œuvres, de sentiments, depuis l’élan séraphique de l’âme déjà divinisée, jusqu’au verre d’eau donné au nom du Rédempteur, qu’est-ce autre chose qu’un incessant concert d’amour qui monte nuit et jour vers le Christ, vers ce divin absent que la terre ne peut oublier ?
Où est-il l’homme d’entre nous, si chère que soit sa mémoire, pour lequel on se dévouera encore, pour lequel on mourra encore, pour l’amour duquel on se renoncera soi-même, un siècle, dix siècles, vingt siècles après sa mort ? Où trouvera-t-on cet homme mort dont le nom fera battre le cœur à tant de millions d’hommes de toute génération, de toute race, de tout siècle, si ce n’est Jésus, qui est mort, qui est ressuscité, qui est monté aux cieux ?
Mais, nous le reconnaissons humblement, ô notre Emmanuel, il était nécessaire que vous disparussiez du milieu de nous, afin que la foi, prenant son essor, allât vous chercher jusqu’aux cieux, désormais votre séjour, et que nos cœurs, ainsi éclairés, fussent rendus capables de vous aimer. Jouissez de votre Ascension, ô divin Chef des Anges et des hommes ! Dans notre exil, nous goûterons les fruits de ce sublime mystère, jusqu’à ce qu’il s’opère en nous. Éclairez les pauvres aveugles que l’orgueil empêche de vous reconnaître à des traits si frappants. Ils vous discutent, ils vous jugent, sans s’être rendu compte de ce témoignage de la foi et de l’amour de tant de générations. L’hommage que vous offre l’humanité représentée par les premières nations de la terre, par les cœurs les plus vertueux, par tant d’hommes de génie, est pour eux comme non avenu. Que sont-ils pour s’opposer à un tel concert ? Sauvez-les, Seigneur, de leur vain et périlleux orgueil, et ils reviendront, et avec nous ils diront : « Il était véritablement avantageux pour ce monde qu’il perdit votre présence sensible, ô Emmanuel ! car si votre grandeur, votre puissance et votre divinité ont paru et ont été reconnues, c’est depuis que vous avez cessé d’être visible parmi nous. Gloire soit donc au mystère de votre Ascension, par lequel en montant aux cieux, comme dit le Psalmiste, vous recevez les plus hauts dons pour les répandre en largesses sur les hommes » [47].
L’Église grecque nous fournira aujourd’hui la matière de notre hommage liturgique au Rédempteur triomphant ; c’est une Hymne du jour de la fête, à l’Office du soir.
IN ASSUMPTIONE DOMINI, AD MAGNUM VESPERTINUM.
Le Seigneur a été enlevé dans les cieux, d’où il doit envoyer au monde le Paraclet. Les cieux lui ont préparé un trône, et les nuées ont secondé son Ascension. Les Anges sont dans l’étonnement, voyant un homme établi au-dessus d’eux. Le Père reçoit à son arrivée celui qui lui est coéternel dans son sein. L’Esprit-Saint donne un commandement à tous ses Anges : « Princes, élevez vos portes. Nations, battez des mains ; car le Christ est monté où il était auparavant. »
A ton Ascension, ô Christ, les Chérubins furent dans l’étonnement, te voyant monter sur les nuées et aller t’asseoir au-dessus d’eux. Pour nous, nous te glorifions ; car ta miséricorde est remplie de douceur : Gloire à toi !
O Christ, splendeur delà gloire du Père, nous contemplons ton Ascension jusqu’aux sommets des montagnes saintes, nous célébrons l’éclatante beauté de ton visage, nous adorons tes souffrances, nous honorons ta résurrection, nous glorifions ton Ascension sublime : Aie pitié de nous !
Quand les Apôtres te virent, Seigneur, t’élever sur les nuées, saisis de tristesse, ils s’adressèrent à toi, dans les gémissements et les larmes, ô Christ, auteur de la vie ! Ils se lamentaient en disant : « Seigneur miséricordieux, ne laisse pas orphelins les serviteurs que tu as aimés dans ta bonté ; mais envoie-nous, ainsi que tu l’as promis, ton Très Saint Esprit pour illuminer nos âmes. »
Après avoir accompli le mystère de la dispensation. Seigneur, tu pris avec toi tes disciples, et tu les conduisis sur la montagne des Oliviers, et bientôt tu pénétras le firmament du ciel. O toi qui t’es fait pauvre pour moi et avec moi, et qui es monté dans ce séjour que tu n’avais pas quitté, envoie ton Très Saint Esprit pour illuminer nos âmes.
Conversant avec les hommes qui sont sur la terre, ô très doux Jésus, tu ne t’étais pas séparé du sein paternel : aujourd’hui tu t’élèves glorieux du sommet de la montagne des Oliviers, et dans ta miséricorde, relevant notre nature tombée, tu l’as fait asseoir sur le trône même du Père. Les bataillons célestes des Esprits incorporels ont contemple avec stupeur le prodige. Saisis d’une crainte respectueuse, ils ont célèbré ton amour pour les hommes. Nous nous joignons à eux, nous habitants de la terre : nous glorifions ta descente vers nous et ton départ d’avec nous, et nous t’adressons cette supplication : « O toi qui, au moment de ton Ascension, as rempli d’une allégresse infinie le cœur de tes disciples et celui de ta mère qui a enfanté un Dieu, daigne, par leurs prières et par ta grande miséricorde, nous donner part à la joie de tes élus.
Enfin nous recueillerons, pour terminer cette glorieuse Octave, la huitième de ces belles prières que le Bréviaire mozarabe nous a fournies pour chaque jour.
ORATIO. | |
Christe Jesu, terribilis Deus noster, et rex noster, cujus in nativitate cum pastoribus Angeli gloriam detulerunt ; cui, devicto mortis auctore, omnes gentes manibus cordibusque plauserunt ; quem tropæa victricia reportantem ad æthera, Apostolorum est fides prosecuta : fac nos redemptionis nostræ, et Ascensionis tuæ mysteria fidei jubilatione cantare ; et cum principibus populi, Deo Abraham fideli famulatu placere. Amen. | O Christ, ô Jésus, notre Dieu terrible et notre roi, vous qui à votre naissance reçûtes les hommages des Anges et des bergers ; vous qui, après avoir vaincu l’auteur de la mort, avez vu toutes les nations applaudir de la main et du cœur ; vous qui, emportant au ciel les trophées de votre victoire, y avez été suivi par la foi de vos Apôtres : accordez-nous de célébrer les mystères de notre rédemption et de votre Ascension dans les transports d’une foi semblable, et d’offrir au Dieu d’Abraham nos hommages fidèles dans la compagnie de ceux qui ont été établis les Princes de votre peuple. Amen. |
L’Octave reprenant la Messe de la Fête, le Bhx Schuster ne donne pas de commentaire propre.
Le Christ monte vers les hauteurs et emmène les prisonniers.
Le dernier jour de l’Octave jouit d’une plus grande solennité ; c’est un dernier résumé de tout ce que nous avons célébré et vécu pendant l’Octave. La solennité plus grande se manifeste encore par ce fait que la lecture d’Écriture n’est pas prise dans la section en cours, mais choisie exprès pour l’Ascension.
1. L’Octave. — Nous terminons, aujourd’hui, l’Octave de l’Ascension du Christ ; nous avons mûrement considéré les pensées de la fête. Mais l’Église nous laisse quelques souvenirs qui nous permettent de nous rappeler l’Ascension toute l’année. A la messe, après la Consécration, le prêtre récite une antique prière qui se rattache à l’ordre du Christ de faire ceci en mémoire de lui : « C’est pourquoi nous nous rappelons, nous, tes serviteurs et ton peuple saint, la bienheureuse Passion, la Résurrection d’entre les morts et la glorieuse Ascension du Christ... » [48]. L’Église nous ordonne, à tous, de songer tous les jours au mystère de cette fête ; bien plus, la pensée est, ici, une réalisation sanctifiante des grands faits salutaires. Depuis que le Seigneur trône au ciel, notre regard est dirigé vers lui et nous le voyons « assis à la droite de Dieu » ; c’est le Christ monté au ciel que nous confessons dans le Symbole ; c’est lui que nous prions au Gloria in excelsis ; c’est dans la foi à l’Ascension que nous concluons toutes les oraisons : Par Notre Seigneur Jésus-Christ, ton Fils, qui vit et règne avec toi. Tenons toujours nos regards attachés sur le Seigneur élevé au ciel et assis à la droite de Dieu. Enfin nous devons, dans un Sursum corda, nous rappeler qu’il ne faut pas seulement croire à l’Ascension du Seigneur, mais encore en garder les leçons dans notre vie ; nous devons demeurer de cœur au ciel.
2. La prière des Heures. — Aujourd’hui, le grand Africain, saint Augustin, veut encore nous entretenir du mystère de la fête. Nous entendons aujourd’hui : saint Paul, saint Augustin et saint Grégoire le Grand.
a) Saint Paul nous parle dans l’Épître aux Éphésiens (IV, 1-21). Le passage est d’autant plus important qu’il contient une interprétation authentique d’un psaume. Le passage du psaume 67 : « Il monte vers les hauteurs, il emmène les prisonniers avec lui et partage ses dons aux hommes », est appliqué par saint Paul à l’Ascension. Ce passage est, d’ailleurs, le verset typique et principal de la fête. Paul explique quels sont les dons que distribue le triomphateur céleste.
b) Saint Augustin montre comment l’Ascension du Seigneur est pour nous une garantie des biens célestes : « Tous les miracles, très chers, que le Seigneur Jésus-Christ accomplit en ce monde, revêtu de notre fragilité, sont salutaires pour nous. Aussi quand (dans son Ascension) il éleva la nature humaine au-dessus des étoiles, il enseigna que le ciel est ouvert à ceux qui croient. Ayant élevé le vainqueur de la mort (sa sainte humanité) jusqu’au ciel, il nous indiqua, à nous, les vainqueurs, le chemin par lequel nous devons le suivre. L’Ascension du Seigneur fut donc la confirmation de la foi catholique afin que, dans l’avenir, nous croyions au don de ce miracle (notre propre ascension) dont nous avons déjà perçu l’effet dans le présent et que chaque fidèle, qui a déjà ici goûté de si grandes grâces par les bienfaits reçus, apprenne à attendre la promesse ; ainsi, la bonté, de son Dieu, éprouvée dans le passé et dans le présent, lui donnera comme la caution des biens futurs.
c) Saint Grégoire le Grand nous donne une bonne explication allégorique d’un passage du Cantique des cantiques. « Salomon fait dire à l’Église (Cant. II, 8) : « Voici qu’il vient, sautant par-dessus les montagnes, bondissant par-dessus les collines. » Salomon voit ici, éclairé par l’Esprit, les hauteurs de l’œuvre divine du salut, quand il dit : « Voici qu’il vient sautant par dessus les montagnes ». En effet, quand le Seigneur vint pour notre Rédemption, il fit, pour ainsi dire, un certain nombre de « bonds ». Voulez-vous, mes très chers frères, connaître ces bonds ? Du ciel, il vint dans le sein de sa Mère ; de là, dans la Crèche ; de la Crèche, sur la Croix ; de la Croix, au tombeau ; et du tombeau, il retourna au ciel. Voici que, pour nous faire courir après elle, la Vérité, manifestée dans la chair, fit quelques bonds ; elle bondit, comme un géant, pour parcourir sa voie afin que nous puissions lui dire de tout cœur : « Tire-nous ; nous courrons après toi, à l’odeur de tes parfums » (Cant. 1, 3).
3. Préparation à la Confirmation. — Tous les ans, à la Pentecôte, nous devons prendre conscience de la grâce de la Confirmation et la raviver en nous. Trois sacrements impriment dans notre âme un caractère indélébile. Le catéchisme nous parle de ce signe ineffaçable, dans le Baptême, la Confirmation et l’Ordre. Le baptême fait, de l’homme, un enfant de Dieu et un citoyen du royaume de Dieu ; la Confirmation l’enrôle dans l’armée du Seigneur et la prêtrise en fait un officier dans cette armée, un chef dans le royaume de Dieu. De là résulte la haute importance de ces trois sacrements pour l’édification de l’Église, la répartition de ses membres et leur organisation hiérarchique. Quel est l’effet de la Confirmation ? Le nom (Confirmation = affermissement) nous dit, déjà, qu’elle élève le baptisé à un plus haut rang dans le christianisme, à un état de maturité. La Confirmation en fait un parfait chrétien. Les trois sacrements que nous venons de nommer mettent l’homme dans une relation étroite avec le Saint-Esprit. Dans le baptême, il devient un temple du Saint-Esprit qui demeure en lui. Par le sacerdoce, il devient un instrument du Saint-Esprit et participe au pouvoir divin de bénédiction, de consécration et d’absolution. La Confirmation tient le milieu entre le Baptême et l’Ordre. D’une part, elle procure une habitation plus intime du Saint-Esprit et, d’autre part, elle confère une certaine participation à l’Ordre qui est une œuvre particulière du Saint-Esprit. L’effet de la Confirmation peut être résumé dans les trois idées suivantes : elle fait du chrétien un chevalier, un martyr et un « prêtre ».
L’armement du chevalier. Le Baptême fait de nous des enfants de Dieu. Tant que l’enfant reste sous la protection aimante de ses parents, il ne sait rien du sérieux de la vie. Dès qu’il s’en va dans le monde, alors commencent les combats et les soucis. Il en est de même dans le royaume de Dieu. Dès que l’enfant de Dieu a atteint l’âge de raison, l’âge insouciant prend fin et de puissants ennemis s’élèvent contre son âme. Le diable, le monde, la nature inférieure se liguent pour l’arracher au royaume de Dieu. Mais l’enfant de Dieu ne doit pas être laissé seul. Il reçoit des aides et des alliés. Il est armé chevalier par le sacrement de Confirmation ; le Saint-Esprit le munit d’armes défensives et offensives. Alors, le chrétien entre dans les rangs de l’armée militante, il reçoit l’armure que décrit l’Apôtre saint Paul : « Revêtez-vous de l’armure de Dieu afin de pouvoir résister aux jours mauvais et, après avoir tout surmonté, rester debout. Soyez donc fermes, les reins ceints de la vérité, revêtus de la cuirasse de la justice et, les sandales aux pieds, prêts à annoncer l’Évangile de paix. Avant tout, prenez le bouclier de la foi par lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin. Prenez aussi le casque du salut et le glaive de l’Esprit : la Parole dé Dieu » [49]. C’est de cette armure que le Saint-Esprit revêt le chrétien dans la Confirmation, afin qu’il combatte le bon combat » et reçoive la couronne de vie ».
[1] Ps. 8, 2.
[2] Ps. 10, 5.
[3] Ps. 18, 7.
[4] Ps. 46, 6.
[5] « Non à cause de nos mérites, ni dans la mesure de nos mérites, mais dans la mesure de la donation gratuite du Christ. » (Corn. a Lapide).
[6] Ps. 67, 19.
[7] Act. 1, 3.
[8] Act. 1, 9.
[9] Act. 1, 4.
[10] « Afin que dominant dans les cieux et dans le monde entier, et envoyant l’Esprit-Saint, il remplît son royaume de foi, de religion et de culte envers Dieu. » (Saint Anselme).
[11] Ps. 67, 35.
[12] Ps. 9, 8.
[13] Ps. 18, 7.
[14] Ps. 20, 14.
[15] Ps. 8, 2.
[16] Ps. 20, 14.
[17] Ps. 29, 1.
[18] Ps. 46, 6.
[19] Ephes. 4, 8 ; cf. Ps. 67, 18-19.
[20] « Le mot captivité peut s’entendre ici des captifs ou de ceux qui tenaient des captifs. Suivant la première acception, le Christ triomphant a emmené avec lui au ciel les Patriarches, les Prophètes et les autres saints, délivrés de la captivité des limbes et devenus les bienheureux captifs du Sauveur. Suivant la seconde, le Christ a rendu captifs le péché, la mort, le démon et l’enfer dont nous étions devenus les captifs. » (Corn. a Lapide).
[21] Tob. 12, 20.
[22] Jn. 14, 1.
[23] Jn. 17, 9.
[24] Jn. 16, 7.
[25] Act. 1, 9.
[26] Jn. 14, 1.
[27] Jn. 15, 26.
[28] Jn. 16, 22.
[29] Jn. 14, 16.
[30] Ephes. 4, 8.
[31] Ps. 46, 6.
[32] « Quels dieux ? Les idoles n’ont point de vie, les démons ont le sentiment et la vie, mais sont mauvais. Quelle gloire donnons-nous au Sauveur en l’élevant au-dessus des idoles et des démons ? Les démons sont les dieux des nations ; des hommes aussi ont été appelés des dieux. Notre-Seigneur Jésus-Christ est bien supérieur à tous, non seulement aux idoles, non seulement aux démons, mais encore aux hommes justes ; c’est peu encore, il est supérieur à tous les Anges. » (Saint Augustin).
[33] Ps. 96, 9.
[34] Ps. 98, 2.
[35] Ps. 102, 19.
[36] Jn. 20, 17.
[37] Hab. 3, 11.
[38] Jn. 14, 16.
[39] Jn. 16, 7.
[40] Cant. 2, 8.
[41] Ps. 18, 6.
[42] Cant. 1, 3.
[43] Ps. 103, 3.
[44] Ps. 103, 3.
[45] Matth. XX, 23.
[46] I Johan. I, I.
[47] Psalm. LXVII, 9.
[48] Canon Romain, anamnèse.
[49] Éph., VI, 12.