Ce Dimanche était appelé « Dimanche dans l’Octave de l’Ascension » avant 1960.
Nous célébrerons aujourd’hui l’Ascension du Seigneur avec droiture, avec fidélité, avec dévotion, avec sainteté et avec piété, dit S. Augustin, si nous montons avec lui et tenons en haut nos cœurs. Que nos pensées soient donc là où il est, et ici-bas ce sera le repos. Montons maintenant avec le Christ par le cœur ; et lorsque son jour sera venu, nous le suivrons aussi de corps. Cependant nous devons savoir que ni l’orgueil, ni l’avarice, ni la luxure ne s’élèvent avec le Christ. Si nous voulons suivre notre médecin dans son ascension, nous devons déposer le fardeau de nos vices et de nos péchés (Matines).
Ce Dimanche nous prépare à la Pentecôte. Avant de monter au ciel, Jésus, à la dernière Cène, nous a promis qu’il ne nous laisserait pas orphelins, mais qu’il nous en verrait son Esprit Consolateur (Ev., All.) afin qu’en toutes choses nous glorifiions Dieu par Jésus- Christ (Ép.). Comme les Apôtres réunis dans le Cénacle, il faut donc nous préparer, par la prière et la charité (Ep.), au saint jour de la Pentecôte où Jésus « qui est notre avocat auprès du Père » (1er Nocturne) nous obtiendra de Lui l’Esprit-Saint.
Ant. ad Introitum. 26, 7, 8 et 9. | Introït | |
Exáudi, Dómine, vocem meam, qua clamávi ad te, allelúia : tibi dixit cor meum, quæsívi vultum tuum, vultum tuum, Dómine, requíram : ne avértas fáciem tuam a me, allelúia, allelúia. | Exaucez, Seigneur, ma voix, qui a crié vers vous, alléluia ; mon cœur vous a dit : mes yeux vous ont cherché ; votre visage, Seigneur, je le rechercherai, ne détournez pas de moi votre face, alléluia, alléluia. | |
Ps. ibidem, 1. | ||
Dóminus illuminátio mea et salus mea : quem timébo ? | Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui craindrai-je ? | |
V/.Glória Patri. | ||
Oratio. | Collecte | |
Omnípotens sempitérne Deus : fac nos tibi semper et devótam gérere voluntátem ; et maiestáti tuæ sincéro corde servíre. Per Dóminum nostrum. | Dieu tout-puissant et éternel : faites que notre volonté vous soit toujours dévouée ; et que nous servions votre Majesté d’un cœur sincère. | |
Ante 1955 : Deinde fit commemoratio Octavæ Ascensionis : | Avant 1955 : Ensuite on fait mémoire de l’Octave de l’Ascension : | |
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui hodiérna die Unigénitum tuum, Redemptórem nostrum, ad cælos ascendísse crédimus ; ipsi quoque mente in cæléstibus habitémus. Per eúndem Dóminum. | Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, faites-nous cette grâce : nous qui croyons que votre Fils unique, notre Rédempteur, est aujourd’hui monté aux cieux ; que nous habitions aussi nous-mêmes en esprit dans les demeures célestes. | |
Léctio Epístolæ beáti Petri Apóstoli. | Lecture de l’Épître du B. Apôtre Pierre. | |
1. Petri 4, 7-11. | ||
Caríssimi : Estóte prudéntes et vigiláte in oratiónibus. Ante ómnia autem mútuam in vobismetípsis caritátem contínuam habéntes : quia cáritas óperit multitúdinem peccatórum. Hospitáles ínvicem sine murmuratióne : unusquísque, sicut accépit grátiam, in altérutrum illam administrántes, sicut boni dispensatóres multifórmis grátiæ Dei. Si quis lóquitur, quasi sermónes Dei : si quis minístrat, tamquam ex virtúte, quam adminístrat Deus : ut in ómnibus honorificétur Deus per Iesum Christum, Dóminum nostrum. | Mes bien-aimés : soyez prudents et veillez dans la prière. Mais surtout ayez les uns pour les autres une charité persévérante, car la charité couvre une multitude de péchés. Exercez entre vous l’hospitalité sans murmurer. Que chacun mette au service des autres le don spirituel qu’il a reçu, comme doivent faire de bons dispensateurs de la grâce de Dieu aux formes multiples. Si quelqu’un parle, que ce soit selon les oracles de Dieu ; si quelqu’un exerce un ministère, que ce soit comme employant une force que Dieu donne, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ Notre-Seigneur. | |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 46, 9. Regnávit Dóminus super omnes gentes : Deus sedet super sedem sanctam suam. | Allelúia, allelúia. V/. Dieu régnera sur toutes les nations ; Dieu est assis sur son saint trône. | |
Allelúia. V/. Ioann. 14, 18. Non vos relínquam órphanos : vado, et vénio ad vos, et gaudébit cor vestrum. Allelúia. | Allelúia. V/. Je ne vous laisserai pas orphelins ; je m’en vais et je reviens vers vous et votre cœur se réjouira. Alléluia. | |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Suite du Saint Évangile selon saint Jean. | |
Ioann. 15, 26-27 ; 16, 1-4. | ||
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum vénerit Paráclitus, quem ego mittam vobis a Patre, Spíritum veritátis, qui a Patre procédit, ille testimónium perhibébit de me : et vos testimónium perhibébitis, quia ab inítio mecum estis. Hæc locútus sum vobis, ut non scandalizémini. Absque synagógis fácient vos : sed venit hora, ut omnis, qui intérficit vos, arbitrétur obséquium se præstáre Deo. Et hæc fácient vobis, quia non novérunt Patrem neque me. Sed hæc locútus sum vobis : ut, cum vénerit hora eórum, reminiscámini, quia ego dixi vobis. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Lorsque le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi. Et vous aussi vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. Ils vous chasseront des synagogues, et l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu. Et ils vous traiteront ainsi parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni moi. Je vous ai dit ces choses afin que, lorsque l’heure en sera venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites. | |
Credo | ||
Ant. ad Offertorium. Ps. 46, 6. | Offertoire | |
Ascéndit Deus in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | Dieu est monté au milieu des cris de joie, et le Seigneur au son de la trompette, alléluia. | |
Secreta. | Secrète | |
Sacrifícia nos, Dómine, immaculáta puríficent : et méntibus nostris supérnæ grátiæ dent vigórem. Per Dóminum nostrum. | Que ce sacrifice sans tache nous purifie, Seigneur, et qu’il donne à nos âmes la vigueur de la grâce surnaturelle. | |
Ante 1955 : Pro Octava Ascensionis : | Avant 1955 : Pour l’Octave de l’Ascension : | |
Súscipe, Dómine, múnera, quæ pro Fílii tui gloriósa censióne deférimus : et concéde propítius ; ut a præséntibus perículis liberémur, et ad vitam per veniámus ætérnam. Per eúndem Dóminum. | Agréez, Seigneur, les offrandes que nous vous présentons en l’honneur de la glorieuse ascension de votre Fils et concédez-nous avec bonté d’être délivrés des périls de la vie présente, puis de parvenir à la vie éternelle. | |
Præfatio de Ascensione. | Préface de l’Ascension . | |
Ante 1955 | Avant 1955 | |
Præfatio et Communicántes de Ascensione. | Préface de l’Ascension et Communicántes propre. | |
Ant. ad Communionem. Ioann. 17,12-13 et 15. | Communion | |
Pater, cum essem cum eis, ego servábam eos, quos dedísti mihi, allelúia : nunc autem ad te vénio : non rogo, ut tollas eos de mundo, sed ut serves eos a malo, allelúia, allelúia. | Père, lorsque j’étais avec eux, je les gardais en votre nom, eux que vous m’avez donnés, alléluia. Mais maintenant je viens à vous ; je ne vous prie point de les ôter du monde, mais de les préserver du mal, alléluia, alléluia. | |
Postcommunio. | Postcommunion | |
Repléti, Dómine, munéribus sacris : da, quǽsumus ; ut in gratiárum semper actióne maneámus. Per Dóminum nostrum. | Nourris de vos dons sacrés, ô Seigneur, nous vous en supplions, donnez-nous de demeurer toujours dans l’action de grâces. | |
Ante 1955 : Pro Octava Ascensionis : | Avant 1955 : Pour l’Octave de l’Ascension : | |
Præsta nobis, quǽsumus, omnípotens et miséricors Deus : ut, quæ visibílibus mystériis suménda percépimus, invisíbili consequámur efféctu. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Dieu tout-puissant et miséricordieux, accordez-nous que ce que nous avons reçu en nourriture durant ces mystères visiblement célébrés, nous en obtenions l’effet invisible. |
Ant. 1 Viri Galilǽi, * quid aspícitis in cælum ? Hic Iesus qui assúmptus est a vobis in cælum, sic véniet, allelúia. | Ant. 1 Hommes de Galilée, * que regardez-vous au ciel ? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été enlevé au ciel, viendra de la même manière [1], alléluia. |
Psaume 109 | |
Ant. 2 Cumque intueréntur * in cælum eúntem illum, dixérunt, allelúia. | Ant. 2 Lorsqu’ils le virent * montant au ciel, ils dirent, alléluia. |
Psaume 110 | |
Ant. 3 Elevátis mánibus, * benedíxit eis, et ferebátur in cælum, allelúia. | Ant. 3 Les mains levées, * il les bénit, et il s’éleva au ciel [2], alléluia. |
Psaume 111 | |
Ant. 4 Exaltáte Regem regum, * et hymnum dícite Deo, allelúia. | Ant. 4 Exaltez le Roi des rois, * et dites un hymne à Dieu, alléluia. |
Psaume 112 | |
Ant. 5 Vidéntibus illis, * elevátus est, et nubes suscépit eum in cælo, allelúia. | Ant. 5 Eux le voyant, * il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux [3], alléluia. |
Psaume 116 | |
Capitulum 1 Petr. 4. 7-8. | Capitule |
Caríssimi : Estóte prudéntes, et vigiláte in oratiónibus. Ante ómnia autem mútuam in vobismetípsis caritátem contínuam habéntes, quia cáritas óperit multitúdinem peccatórum. | Mes bien-aimés : soyez prudents et veillez dans la prière. Mais surtout ayez les uns pour les autres une charité persévérante, car la charité couvre une multitude de péchés. |
Hymnus | Hymne |
Salútis humánæ Sator,
Iesu, volúptas córdium Orbis redémpti Cónditor, Et casta lux amántium : | Auteur du salut de l’homme,
Jésus, la joie des cœurs, Créateur du monde racheté, et chaste lumière de ceux qui vous aiment : |
Qua victus es cleméntia,
Ut nostra ferres crímina ? Mortem subíres ínnocens, A morte nos ut tólleres ? | Quelle clémence vous vainquit
pour que vous portiez nos crimes ? Qu’innocent, vous subissiez la mort, pour nous arracher à la mort ? |
Perrúmpis inférnum chaos :
Vinctis caténas détrahis ; Victor triúmpho nóbili Ad déxteram Patris sedes. | Vous brisez le chaos infernal :
vous faites tomber les chaînes des captifs ; vainqueur d’un noble triomphe, vous vous asseyez à la droite du Père. |
Te cogat indulgéntia,
Ut damna nostra sárcias, Tuíque vultus cómpotes Dites beáto lúmine. | Que la miséricorde vous force
À réparer nos malheurs, Et enrichissez-nous de la bienheureuse Lumière de votre visage. |
Tu, dux ad astra, et sémita,
Sis meta nostris córdibus, Sis lacrimárum gáudium, Sis dulce vitæ prǽmium. Amen. | Vous, guide et voie qui mènent aux cieux ;
soyez aussi le but de nos cœurs ; soyez notre joie dans les larmes, soyez la douce récompense de notre vie. Amen. |
V/. Dóminus in cælo, allelúia. | V/. Le Seigneur dans le ciel [4], alléluia. |
R/. Parávit sedet suam, allelúia. | R/. A préparé son trône, alléluia. |
Ad Magnif. Ant. Cum vénerit Paráclitus, * quem ego mittam vobis Spíritum veritátis, qui a Patre procédit, ille testimónium perhibébit de me, allelúia. | Ant. au Magnificat Lorsque sera venu le Paraclet, * que je vous enverrai, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi [5], alléluia. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Omnípotens sempitérne Deus : fac nos tibi semper et devótam gérere voluntátem ; et maiestáti tuæ sincéro corde servíre. Per Dóminum nostrum. | Dieu tout-puissant et éternel : faites que notre volonté vous soit toujours dévouée ; et que nous servions votre Majesté d’un cœur sincère. |
Et fit Commemoratio præcedentis diei infra Octavam : | Et on fait mémoire du samedi pendant l’Octave : |
Ant. O Rex glóriæ, * Dómine virtútum, qui triumphátor hódie super omnes cælos ascendísti, ne derelínquas nos órphanos ; sed mitte promíssum Patris in nos, Spíritum veritátis, allelúia. | Ant. O Roi de gloire [6], * Seigneur des Puissances, qui aujourd’hui êtes monté en triomphateur au-dessus de tous les cieux [7], ne nous laissez pas orphelins [8] ; mais envoyez sur nous l’Esprit de vérité promis par le Père [9], alléluia. |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, allelúia. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie [10], alléluia. |
R/. Et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | R/. Et le Seigneur, au son de la trompette, alléluia. |
Oratio | Prière |
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui hodiérna die Unigénitum tuum, Redemptórem nostrum, ad cælos ascendísse crédimus ; ipsi quoque mente in cæléstibus habitémus. Per eúndem Dóminum. | Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, faites-nous cette grâce : nous qui croyons que votre Fils unique, notre Rédempteur, est aujourd’hui monté aux cieux ; que nous habitions aussi nous-mêmes en esprit dans les demeures célestes. |
Invitatorium | Invitatoire |
Allelúia, Christum Dóminum ascendéntem in cælum, * Veníte adorémus, allelúia. | Alléluia, le Christ Seigneur montant au ciel, * Venez, adorons-le, alléluia. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymne | |
Æterne Rex altíssime (matines de l’Ascension) | |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. 1 Eleváta est * magnificéntia tua super cælos, Deus, allelúia. | Ant. 1 Elle est élevée, * votre magnificence, ô Dieu, au dessus des cieux [11], alléluia. |
Psaume 8 | |
Ant. 2 Dóminus in templo * sancto suo, Dóminus in cælo, allelúia. | Ant. 2 Le Seigneur est * dans son temple saint, le Seigneur est dans le ciel [12], alléluia. |
Psaume 10 | |
Ant. 3 A summo cælo * egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius, allelúia. | Ant. 3 A l’extrémité du ciel * est sa sortie : et le terme de sa course à son extrémité [13], alléluia. |
Psaume 18 | |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, allelúia. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie [14], alléluia. |
R/. Et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | R/. Et le Seigneur, au son de la trompette, alléluia. |
Lectio i | 1ère leçon |
Incipit Epístola prima beáti Ioánnis Apóstoli | Commencement de la première Épître du bienheureux Apôtre Jean. |
Cap. 1, 1-5. | |
Quod fuit ab inítio, quod audívimus, quod vídimus óculis nostris, quod perspéximus, et manus nostræ contrectavérunt de verbo vitæ : et vita manifestáta est, et vídimus, et testámur, et annuntiámus vobis vitam ætérnam, quæ erat apud Patrem, et appáruit nobis : quod vídimus et audívimus, annuntiámus vobis, ut et vos societátem habeátis nobíscum, et socíetas nostra sit cum Patre et cum Fílio eius Iesu Christo. Et hæc scríbimus vobis ut gaudeátis, et gáudium vestrum sit plenum. Et hæc est annuntiátio, quam audívimus ab eo, et annuntiámus vobis : Quóniam Deus lux est, et ténebræ in eo non sunt ullæ. | Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et touché par nos mains, du Verbe de la vie (car la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, nous l’attestons, et nous vous l’annonçons, cette vie éternelle qui nous est apparue) ; ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous entriez vous-mêmes en société avec nous, et que notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons ceci, afin que vous vous réjouissiez, et que votre joie soit complète. Or ce que nous vous annonçons après l’avoir entendu, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres. |
R/. Post passiónem suam per dies quadragínta appárens eis, et loquens de regno Dei, allelúia : * Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia. | R/. Après sa passion il leur apparut pendant quarante jours, leur parlant du royaume de Dieu [15], alléluia : * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux [16], alléluia. |
V/. Et convéscens præcépit eis, ab Ierosólymis ne discéderent, sed exspectárent promissiónem Patris. | V/. Mangeant avec eux, il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père [17]. |
* Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia. | * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux, alléluia. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 1, 6-10. | |
Si dixérimus quóniam societátem habémus cum eo, et in ténebris ambulámus, mentímur, et veritátem non fácimus. Si autem in luce ambulámus sicut et ipse est in luce, societátem habémus ad ínvicem, et sanguis Iesu Christi, Fílii eius, emúndat nos ab omni peccáto. Si dixérimus quóniam peccátum non habémus, ipsi nos sedúcimus, et véritas in nobis non est. Si confiteámur peccáta nostra : fidélis est et iustus, ut remíttat nobis peccáta nostra, et emúndet nos ab omni iniquitáte. Si dixérimus quóniam non peccávimus : mendácem fácimus eum, et verbum eius non est in nobis | Si nous disons que nous sommes en société avec lui, et que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons et nous ne suivons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous sommes ensemble dans la même société, et le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous remettre nos péchés, et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons point péché, nous le faisons menteur [18], et sa parole n’est point en nous. |
R/. Omnis pulchritúdo Dómini exaltáta est super sídera : * Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia. | R/. Toute la beauté du Seigneur a été exaltée au-dessus des astres [19] : * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement [20], alléluia. |
V/. A summo cælo egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius. | V/. A l’extrémité du ciel est sa sortie, et le terme de sa course à son extrémité [21]. |
* Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia. | * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement, alléluia. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 2, 1-6. | |
Filíoli mei, hæc scribo vobis, ut non peccétis. Sed, et si quis peccáverit, advocátum habémus apud Patrem Iesum Christum iustum : et ipse est propitiátio pro peccátis nostris : non pro nostris autem tantum, sed étiam pro totíus mundi. Et in hoc scimus quóniam cognóvimus eum, si mandáta eius observémus. Qui dicit se nosse eum, et mandáta eius non custódit, mendax est, et in hoc véritas non est. Qui autem servat verbum eius, vere in hoc cáritas Dei perfécta est : et in hoc scimus quóniam in ipso sumus. Qui dicit se in ipso manére, debet, sicut ille ambulávit, et ipse ambuláre. | Mes petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez point. Cependant, si quelqu’un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Et il est lui-même propitiation pour nos péchés ; non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde. Or ce qui nous assure que nous le connaissons, c’est si nous gardons ses commandements. Celui qui dit le connaître et ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. Mais celui qui garde sa parole a vraiment en lui l’amour parfait de Dieu ; et c’est par là que nous connaissons que nous sommes en lui. Celui qui dit qu’il demeure en lui, doit marcher lui-même comme il a marché. |
R/. Exaltáre, Dómine, allelúia, * In virtúte tua, allelúia. | R/. Élevez-vous, Seigneur [22], alléluia, * Dans votre puissance, alléluia. |
V/. Eleváta est, magnificéntia tua super cælos, Deus. | V/. Dieu, votre magnificence est élevée au-dessus des cieux [23]. |
* In virtúte tua, allelúia. Glória Patri. * In virtúte tua, allelúia. | * Dans votre puissance, alléluia. Gloire au Père. * Dans votre puissance, alléluia. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Exaltáre, Dómine, * in virtúte tua : cantábimus et psallémus, allelúia. | Ant. 4 Élevez-vous, Seigneur, * dans votre puissance : nous chanterons et nous psalmodierons [24], alléluia. |
Psaume 20 | |
Ant. 5 Exaltábo te, * Dómine, quóniam suscepísti me, allelúia. | Ant. 5 Je vous exalterai, * Seigneur, parce que vous m’avez relevé [25], alléluia. |
Psaume 29 | |
Ant. 6 Ascéndit Deus * in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | Ant. 6 Dieu est monté * au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur, au son de la trompette [26], alléluia. |
Psaume 46 | |
V/. Ascéndens Christus in altum, allelúia. | V/. Le Christ montant au ciel [27], alléluia. |
R/. Captívam duxit captivitátem, allelúia. | R/. A emmené captive la captivité [28], alléluia. |
Lectio iv | 4e leçon |
Sermo sancti Augustíni Epíscopi. | Sermon de saint Augustin, Évêque. |
Sermo 2 de Ascensione Domini, qui est 175 de Tempore. | |
Salvátor noster, dilectíssimi fratres, ascéndit in cælum : non ergo turbémur in terra. Ibi sit mens, et hic erit réquies. Ascendámus cum Christo ínterim corde : cum dies eius promíssus advénerit, sequémur et córpore. Scire tamen debémus, fratres, quia cum Christo non ascéndit supérbia, non avarítia, non luxúria : nullum vítium nostrum ascéndit cum médico nostro. Et ídeo si post médicum desiderámus ascéndere, debémus vítia et peccáta depónere. Omnes enim quasi quibúsdam compédibus nos premunt, et peccatórum nos rétibus ligáre conténdunt : et ídeo cum Dei adiutório, secúndum quod ait Psalmísta : Dirumpámus víncula eórum : ut secúri possímus dícere Dómino : Dirupísti víncula mea, tibi sacrificábo hóstiam laudis. | Notre Sauveur, mes très chers frères, est monté au ciel, ne nous troublons donc pas sur la terre. Que nos pensées soient là où il est, et ici-bas ce sera le repos. Montons maintenant avec le Christ par le cœur ; lorsque son jour promis sera venu, nous le suivrons aussi de corps. Cependant, mes frères, nous devons savoir que ni l’orgueil, ni l’avarice, ni la luxure ne s’élèvent avec le Christ ; aucun de nos vices ne s’élève avec notre médecin. Et c’est pourquoi si nous voulons suivre le médecin dans son ascension, nous devons déposer le fardeau de nos vices et de nos péchés. Ils nous chargent, pour ainsi dire, tous de chaînes, ils s’efforcent de nous retenir captifs dans les filets de nos fautes : c’est pourquoi avec le secours de Dieu, et comme le dit le Psalmiste : « Rompons leurs liens » [29], afin qu’en toute sécurité nous puissions dire au Seigneur : « Vous avez rompu mes liens, c’est à vous que je sacrifierai une hostie de louange » [30]. |
R/. Tempus est, ut revértar ad eum, qui me misit, dicit Dóminus : nolíte contristári, nec turbétur cor vestrum : * Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia. | R/. Il est temps que je retourne à celui qui m’a envoyé [31], dit le Seigneur : ne soyez pas attristés, et que votre cœur ne se trouble pas [32] : * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même [33], alléluia, alléluia. |
V/. Nisi ego abíero, Paráclitus non véniet : cum assúmptus fúero, mittam vobis eum. | V/. Si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas : mais lorsque je serai monté, je vous l’enverrai [34]. |
* Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia. | * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même, alléluia, alléluia. |
Lectio v | 5e leçon |
Resurréctio Dómini spes nostra est : ascénsio Dómini glorificátio nostra est. Ascensiónis hódie solémnia celebrámus. Si ergo recte, si fidéliter, si devóte, si sancte, si pie ascensiónem Dómini celebrámus, ascendámus cum illo, et sursum corda habeámus. Ascendéntes autem non extollámur, nec de nostris, quasi de própriis méritis præsumámus. Sursum autem corda habére debémus ad Dóminum. Sursum enim cor non ad Dóminum, supérbia vocátur : sursum autem cor ad Dóminum, refúgium vocátur. Vidéte, fratres, magnum miráculum. Altus est Deus : érigis te, et fugit a te : humílias te, et descéndit ad te. Quare hoc ? Quia excélsus est, et humília réspicit, et alta de longe cognóscit. Humília de próximo réspicit, ut attóllat : alta, id est, supérba, de longe cognóscit, ut déprimat. | La résurrection du Seigneur est notre espérance ; l’ascension du Seigneur, notre glorification. Nous célébrons aujourd’hui la solennité de l’Ascension. Si donc nous célébrons l’ascension du Seigneur avec droiture, avec fidélité, avec dévotion, avec sainteté et avec piété, montons avec lui et tenons en haut nos cœurs. Mais, en montant, gardons-nous de nous enorgueillir et de présumer de nos mérites, comme s’ils nous étaient propres. Nous devons tenir nos cœurs en haut attachés au Seigneur ; car le cœur en haut, mais non auprès du Seigneur, c’est l’orgueil ; le cœur en haut près du Seigneur, c’est le refuge. Voici, mes frères, un fait surprenant : Dieu est élevé, tu t’élèves et il fuit loin de toi ; tu t’humilies et il descend vers toi. Pourquoi cela ? C’est que « le Seigneur est élevé, et il regarde ce qui est bas, et ce qui est haut, c’est de loin qu’il le connaît » [35]. Il regarde de près ce qui est humble, pour l’attirer à lui, et il regarde de loin ce qui s’élève, c’est-à-dire les superbes, pour les abaisser. |
R/. Non turbétur cor vestrum : ego vado ad Patrem ; et cum assúmptus fúero a vobis, mittam vobis, allelúia, * Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia. | R/. Que votre cœur ne se trouble point [36] : moi je vais à mon Père ; et lorsque je vous aurai quittés, je vous enverrai [37], alléluia : * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira [38], alléluia. |
V/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis. | V/. Moi je prierai mon Père, et il nous donnera un autre Paraclet [39]. |
* Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia. | * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira, alléluia. |
Lectio vi | 6e leçon |
Resurréxit enim Christus, ut spem nobis daret, quia surgit homo, qui móritur : ne moriéndo desperarémus, et vitam nostram in morte finítam putarémus, secúros nos fecit. Sollíciti enim erámus de ipsa ánima : et ille nobis resurgéndo, de carnis resurrectióne fidúciam dedit. Crede ergo, ut mundéris. Prius te opórtet crédere, ut póstea per fidem Deum mereáris aspícere. Deum enim vidére vis ? Audi ipsum : Beáti mundo corde : quóniam ipsi Deum vidébunt. Prius ergo cógita de corde mundándo : quidquid ibi vides, quod dísplicet Deo, tolle. | Le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance, car tout homme qui meurt ressuscite ; et il nous a donné cette assurance, afin qu’en mourant nous ne désespérions pas et que nous ne pensions pas que notre vie finit dans la mort. Nous étions dans l’anxiété au sujet de notre âme elle-même, et le Sauveur, en ressuscitant, nous a donné la foi en la résurrection de la chair. Crois donc, afin d’être purifié. Il te faut d’abord croire, afin de mériter par ta foi de voir Dieu un jour. Veux-tu voir Dieu ? Écoute-le lui-même : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu » [40]. Pense donc avant tout à purifier ton cœur ; enlève tout ce que tu y vois qui puisse déplaire à Dieu. |
R/. Ascéndens Christus in altum, captívam duxit captivitátem, * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. | R/. Le Christ montant au ciel a conduit captive la captivité [41], * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur au son de la trompette [42]. |
* Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. | * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, Gloire au Père. * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, |
In III Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 7 Nimis exaltátus est, * allelúia : super omnes deos, allelúia. | Ant. 7 Vous êtes infiniment élevé, * alléluia, au-dessus de tous les dieux [43], alléluia [44]. |
Psaume 96 | |
Ant. 8 Dóminus in Sion, * allelúia : magnus et excélsus, allelúia. | Ant. 8 Le Seigneur est dans Sion, * alléluia ; il est grand et élevé [45], alléluia. |
Psaume 98 | |
Ant. 9 Dóminus in cælo, * allelúia : parávit sedem suam, allelúia. | Ant. 9 Le Seigneur dans le ciel, * alléluia, a préparé son trône [46], alléluia. |
Psaume 102 | |
V/. Ascéndo ad Patrem meum, et Patrem vestrum [47], allelúia. | V/. Je monte vers mon Père et votre Père, alléluia. |
R/. Deum meum, et Deum vestrum, allelúia. | R/. Vers mon Dieu et votre Dieu, alléluia. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Joánnem. | Lecture du saint Évangile selon saint Jean. |
Cap. 15, 26-27 ; 16, 1-4. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum vénerit Paráclitus, quem ego mittam vobis a Patre, Spíritum veritátis, qui a Patre procédit, ille testimónium perhibébit de me. Et réliqua. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Lorsque le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi. Et le reste. |
Homilía sancti Augustíni Epíscopi. | Homélie de saint Augustin, Évêque. |
Tractatus 92 in Ioannem. | |
Dóminus Iesus in sermóne, quem locútus est discípulis suis post cœnam, próximus passióni, tamquam itúrus, et relictúrus eos præséntia corporáli, cum ómnibus autem suis usque in consummatiónem sǽculi futúrus præséntia spiritáli, exhortátus est eos ad perferéndas persecutiónes impiórum, quos mundi nómine nuncupávit. Ex quo tamen mundo étiam ipsos discípulos se elegísse dixit : ut scirent se Dei grátia esse, quod sunt ; suis autem vítiis fuísse, quod fuérunt. | Le Seigneur, dans le discours qu’il tint à ses disciples après la cène, aux approches de sa passion, alors qu’il allait partir et les quitter quant à sa présence corporelle, quoiqu’il dût néanmoins rester avec tous les siens par sa présence spirituelle jusqu’à la consommation des siècles ; le Seigneur Jésus, dans ce discours, les exhorta à supporter les persécutions des impies, qu’il désignait sous le nom de monde. Du sein de ce même monde il avait tiré ses disciples : il le leur déclara, afin qu’ils sussent que la grâce de Dieu les faisait ce qu’ils se trouvaient être, tandis que leurs vices les avaient rendus ce qu’ils étaient auparavant. |
R/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis, * Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia. | R/. Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet [48] : * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia. |
V/. Si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos : si autem abíero, mittam eum ad vos. | V/. Car, si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai [49]. |
* Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia. | * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia. |
Lectio viii | 8e leçon |
Deínde persecutóres et suos et ipsórum, Iudǽos evidénter expréssit : ut omníno apparéret étiam ipsos mundi damnábilis appellatióne conclúsos, qui persequúntur sanctos. Cumque de illis díceret, quod ignorárent eum a quo missus est ; et tamen odíssent et Fílium, et Patrem, hoc est, et eum qui missus est, et eum a quo missus est : (de quibus ómnibus in áliis semónibus iam disserúimus) ad hoc pervénit, ubi ait : Ut adimpleátur sermo, qui in lege eórum scriptus est : Quia ódio habuérunt me gratis. | Ensuite il leur annonça clairement que les Juifs devaient être et ses persécuteurs et les leurs, de façon qu’il fût absolument évident que ceux qui persécutent les saints sont compris, eux aussi, sous cette appellation de monde condamnable. Or, après avoir dit des Juifs qu’ils ne connaissaient pas celui qui l’avait envoyé, et que cependant ils haïssaient et le Fils et le Père, c’est-à-dire celui qui avait été envoyé et celui par qui il était envoyé (toutes choses dont nous avons déjà parlé dans d’autres sermons), il en vint à cet endroit où il leur dit : « C’est afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï gratuitement » [50]. |
R/. Si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos : si autem abíero, mittam eum ad vos. * Cum autem vénerit ille, docébit vos omnem veritátem, allelúia. | R/. Si je ne m’en vais point [51], le Paraclet ne viendra pas à vous : mais si je m’en vais, je vous l’enverrai. * Quand il sera venu, il vous enseignera toute vérité, alléluia. |
V/. Non enim loquétur a semetípso : sed quæcúmque áudiet, loquétur ; et quæ ventúra sunt, annuntiábit vobis [52]. | V/. Car il ne parlera point de lui-même : mais tout ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui doit arriver, il vous l’annoncera [53]. |
* Cum autem vénerit ille, docébit vos omnem veritátem, allelúia. Glória Patri. * Cum autem vénerit ille, docébit vos omnem veritátem, allelúia. | * Quand il sera venu, il vous enseignera toute vérité, alléluia. Gloire au Père. * Quand il sera venu, il vous enseignera toute vérité, alléluia. |
Lectio ix | 9e leçon |
Deínde tamquam consequénter adiúnxit, unde modo disputáre suscépimus : Cum autem vénerit Paráclitus, quem ego mittam vobis a Patre, Spíritum veritátis, qui a Patre procédit, ille testimónium perhibébit de me : et vos testimónium perhibébitis, quia ab inítio mecum estis. Quid hoc pértinet ad illud quod díxerat : Nunc autem et vidérunt, et odérunt et me, et Patrem meum : sed ut impleátur sermo, qui in lege eórum scriptus est : Quia ódio habuérunt me gratis ? An quia Paráclitus quando venit Spíritus veritátis, eos, qui vidérunt, et odérunt, testimónio manifestióre convícit ? Immo vero étiam áliquos ex illis qui vidérunt, et adhuc óderant, ad fidem, quæ per dilectiónem operátur, sui manifestatióne convértit. | Ensuite il ajouta, comme conséquemment, ces paroles que nous avons entrepris d’expliquer aujourd’hui. « Mais lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que, dès le commencement, vous êtes avec moi » [54]. Quel rapport ces paroles ont-elles avec ce qu’il vient de dire : « Mais maintenant ils ont vu mes œuvres ; et ils ont haï et moi et mon Père, mais c’est afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï gratuitement » [55]. Quand le Paraclet est venu, cet Esprit de vérité a-t-il convaincu par un témoignage plus évident ceux qui avaient vu ses œuvres et le haïssaient encore ? Il a fait bien plus ; car, en se manifestant à eux, il a converti à la foi, qui opère par la charité, plusieurs de ceux qui avaient vu, et dont la haine persévérait encore. |
Te Deum | |
Ant. 1 Viri Galilǽi, * quid aspícitis in cælum ? Hic Iesus qui assúmptus est a vobis in cælum, sic véniet, allelúia. | Ant. 1 Hommes de Galilée, * que regardez-vous au ciel ? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été enlevé au ciel, viendra de la même manière [56], alléluia. |
Psaume 92 | |
Ant. 2 Cumque intueréntur * in cælum eúntem illum, dixérunt, allelúia. | Ant. 2 Lorsqu’ils le virent * montant au ciel, ils dirent, alléluia. |
Psaume 99 | |
Ant. 3 Elevátis mánibus, * benedíxit eis, et ferebátur in cælum, allelúia. | Ant. 3 Les mains levées, * il les bénit, et il s’éleva au ciel, alléluia [57]. |
Psaume 62 | |
Ant. 4 Exaltáte Regem regum, * et hymnum dícite Deo, allelúia. | Ant. 4 Exaltez le Roi des rois, * et dites un hymne à Dieu, alléluia. |
Cantique des trois Enfants | |
Ant. 5 Vidéntibus illis, * elevátus est, et nubes suscépit eum in cælo, allelúia. | Ant. 5 Eux le voyant, * il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux [58], alléluia. |
Psaume 148 | |
Capitulum 1 Petr. 4. 7-8. | Capitule |
Caríssimi : Estóte prudéntes, et vigiláte in oratiónibus. Ante ómnia autem mútuam in vobismetípsis caritátem contínuam habéntes, quia cáritas óperit multitúdinem peccatórum. | Mes bien-aimés : soyez prudents et veillez dans la prière. Mais surtout ayez les uns pour les autres une charité persévérante, car la charité couvre une multitude de péchés. |
Hymnus | Hymne |
Salútis humánæ Sator,
Iesu, volúptas córdium Orbis redémpti Cónditor, Et casta lux amántium : | Auteur du salut de l’homme,
Jésus, la joie des cœurs, Créateur du monde racheté, et chaste lumière de ceux qui vous aiment : |
Qua victus es cleméntia,
Ut nostra ferres crímina ? Mortem subíres ínnocens, A morte nos ut tólleres ? | Quelle clémence vous vainquit
pour que vous portiez nos crimes ? Qu’innocent, vous subissiez la mort, pour nous arracher à la mort ? |
Perrúmpis inférnum chaos :
Vinctis caténas détrahis ; Victor triúmpho nóbili Ad déxteram Patris sedes. | Vous brisez le chaos infernal :
vous faites tomber les chaînes des captifs ; vainqueur d’un noble triomphe, vous vous asseyez à la droite du Père. |
Te cogat indulgéntia,
Ut damna nostra sárcias, Tuíque vultus cómpotes Dites beáto lúmine. | Que la miséricorde vous force
À réparer nos malheurs, Et enrichissez-nous de la bienheureuse Lumière de votre visage. |
Tu, dux ad astra, et sémita,
Sis meta nostris córdibus, Sis lacrimárum gáudium, Sis dulce vitæ prǽmium. Amen. | Vous, guide et voie qui mènent aux cieux ;
soyez aussi le but de nos cœurs ; soyez notre joie dans les larmes, soyez la douce récompense de notre vie. Amen. |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, allelúia. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie [59], alléluia. |
Ad Bened. Ant. Cum vénerit Paráclitus, * quem ego mittam vobis Spíritum veritátis, qui a Patre procédit, ille testimónium perhibébit de me, allelúia. | Ant. au Benedictus Lorsque sera venu le Paraclet * que je vous enverrai du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi [60], alléluia. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Omnípotens sempitérne Deus : fac nos tibi semper et devótam gérere voluntátem ; et maiestáti tuæ sincéro corde servíre. Per Dóminum nostrum. | Dieu tout-puissant et éternel : faites que notre volonté vous soit toujours dévouée ; et que nous servions votre Majesté d’un cœur sincère. |
Et fit Commemoratio Octavæ : | Et on fait mémoire de l’Octave : |
Ant. Ascéndo ad Patrem meum, * et Patrem vestrum : Deum meum, et Deum vestrum, allelúia. | Ant. Je monte vers mon Père, * et votre Père : vers mon Dieu et votre Dieu [61], alléluia. |
V/. Dóminus in cælo, allelúia. | V/. Le Seigneur dans le ciel [62], alléluia. |
R/. Parávit sedet suam, allelúia. | R/. A préparé son trône, alléluia. |
Oratio | Prière |
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui hodiérna die Unigénitum tuum, Redemptórem nostrum, ad cælos ascendísse crédimus ; ipsi quoque mente in cæléstibus habitémus. Per eúndem Dóminum. | Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, faites-nous cette grâce : nous qui croyons que votre Fils unique, notre Rédempteur, est aujourd’hui monté aux cieux ; que nous habitions aussi nous-mêmes en esprit dans les demeures célestes. |
Ant. 1 Viri Galilǽi, * quid aspícitis in cælum ? Hic Iesus qui assúmptus est a vobis in cælum, sic véniet, allelúia. | Ant. 1 Hommes de Galilée, * que regardez-vous au ciel ? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été enlevé au ciel, viendra de la même manière [63], alléluia. |
Psaume 109 | |
Ant. 2 Cumque intueréntur * in cælum eúntem illum, dixérunt, allelúia. | Ant. 2 Lorsqu’ils le virent * montant au ciel, ils dirent, alléluia. |
Psaume 110 | |
Ant. 3 Elevátis mánibus, * benedíxit eis, et ferebátur in cælum, allelúia. | Ant. 3 Les mains levées, * il les bénit, et il s’éleva au ciel [64], alléluia. |
Psaume 111 | |
Ant. 4 Exaltáte Regem regum, * et hymnum dícite Deo, allelúia. | Ant. 4 Exaltez le Roi des rois, * et dites un hymne à Dieu, alléluia. |
Psaume 112 | |
Ant. 5 Vidéntibus illis, * elevátus est, et nubes suscépit eum in cælo, allelúia. | Ant. 5 Eux le voyant, * il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux [65], alléluia. |
Psaume 116 | |
Capitulum 1 Petr. 4. 7-8. | Capitule |
Caríssimi : Estóte prudéntes, et vigiláte in oratiónibus. Ante ómnia autem mútuam in vobismetípsis caritátem contínuam habéntes, quia cáritas óperit multitúdinem peccatórum. | Mes bien-aimés : soyez prudents et veillez dans la prière. Mais surtout ayez les uns pour les autres une charité persévérante, car la charité couvre une multitude de péchés. |
Hymnus | Hymne |
Salútis humánæ Sator,
Iesu, volúptas córdium Orbis redémpti Cónditor, Et casta lux amántium : | Auteur du salut de l’homme,
Jésus, la joie des cœurs, Créateur du monde racheté, et chaste lumière de ceux qui vous aiment : |
Qua victus es cleméntia,
Ut nostra ferres crímina ? Mortem subíres ínnocens, A morte nos ut tólleres ? | Quelle clémence vous vainquit
pour que vous portiez nos crimes ? Qu’innocent, vous subissiez la mort, pour nous arracher à la mort ? |
Perrúmpis inférnum chaos :
Vinctis caténas détrahis ; Victor triúmpho nóbili Ad déxteram Patris sedes. | Vous brisez le chaos infernal :
vous faites tomber les chaînes des captifs ; vainqueur d’un noble triomphe, vous vous asseyez à la droite du Père. |
Te cogat indulgéntia,
Ut damna nostra sárcias, Tuíque vultus cómpotes Dites beáto lúmine. | Que la miséricorde vous force
À réparer nos malheurs, Et enrichissez-nous de la bienheureuse Lumière de votre visage. |
Tu, dux ad astra, et sémita,
Sis meta nostris córdibus, Sis lacrimárum gáudium, Sis dulce vitæ prǽmium. Amen. | Vous, guide et voie qui mènent aux cieux ;
soyez aussi le but de nos cœurs ; soyez notre joie dans les larmes, soyez la douce récompense de notre vie. Amen. |
V/. Dóminus in cælo, allelúia. | V/. Le Seigneur dans le ciel [66], alléluia. |
R/. Parávit sedet suam, allelúia. | R/. A préparé son trône, alléluia. |
Ad Magnif. Ant. Hæc locútus sum * vobis, ut cum vénerit hora eórum, reminiscámini quia ego dixi vobis, allelúia. | Ant. au Magnificat Je vous ai dit ces choses, * afin que, lorsqu’en sera venue l’heure, vous vous souveniez que je vous les ai dites [67], alléluia. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Omnípotens sempitérne Deus : fac nos tibi semper et devótam gérere voluntátem ; et maiestáti tuæ sincéro corde servíre. Per Dóminum nostrum. | Dieu tout-puissant et éternel : faites que notre volonté vous soit toujours dévouée ; et que nous servions votre Majesté d’un cœur sincère. |
Et fit Commemoratio sequentis diei infra Octavam : | Et on fait mémoire du jour suivant pendant l’Octave : |
Ant. Pater, * manifestávi nomen tuum homínibus quos dedísti mihi : nunc autem pro eis rogo, non pro mundo, quia ad te vénio, allelúia. | Ant. Père, * j’ai manifesté votre nom aux hommes que vous m’avez donnés : et maintenant je prie pour eux, non pour le monde, parce que je viens à vous [68], alléluia. |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, allelúia. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie [69], alléluia. |
R/. Et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | R/. Et le Seigneur, au son de la trompette, alléluia. |
Oratio | Prière |
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui hodiérna die Unigénitum tuum, Redemptórem nostrum, ad cælos ascendísse crédimus ; ipsi quoque mente in cæléstibus habitémus. Per eúndem Dóminum. | Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, faites-nous cette grâce : nous qui croyons que votre Fils unique, notre Rédempteur, est aujourd’hui monté aux cieux ; que nous habitions aussi nous-mêmes en esprit dans les demeures célestes. |
Jésus est monté aux cieux. Sa divinité n’en avait jamais été absente, mais aujourd’hui son humanité y est intronisée, elle y est couronnée d’un diadème de splendeur ; et c’est là encore une nouvelle face du glorieux mystère de l’Ascension. A cette humanité sainte le triomphe ne suffisait pas ; le repos lui était préparé sur le trône même du Verbe éternel auquel elle est unie éternellement dans une même personnalité, et c’est du haut de ce trône qu’elle doit recevoir les adorations de toute créature. Au nom de Jésus Fils de l’homme et Fils de Dieu, de Jésus assis à la droite du Père tout-puissant, « tout genou doit fléchir au ciel, sur la terre et dans les enfers » [70].
Habitants de la terre, c’est là cette nature humaine qui apparut autrefois dans l’humilité des langes, qui parcourut la Judée et la Galilée n’ayant pas où reposer sa tête, qui fut enchaînée par des mains sacrilèges, flagellée, couronnée d’épines, clouée à une croix ; mais tandis que les hommes qui l’avaient méconnue la foulaient aux pieds comme un ver de terre, elle acceptait le calice des douleurs avec une entière soumission et s’unissait à la volonté du Père ; elle consentait, devenue victime, à réparer la gloire divine en donnant tout son sang pour la rançon des pécheurs. Cette nature humaine, issue d’Adam par Marie l’immaculée, est le chef d’œuvre de la puissance de Dieu. Jésus, « le plus beau des enfants des hommes » [71], est l’objet de l’admiration extatique des Anges ; sur lui se sont reposées les complaisances de la suprême Trinité ; les dons de la grâce déposés en lui surpassent ce qui a été accordé à tous les hommes et à tous les esprits célestes ensemble ; mais Dieu l’avait destiné à la voie de l’épreuve, et Jésus qui aurait pu racheter l’homme à moins de frais, s’est plongé volontairement dans une mer d’humiliations et de douleurs, afin de payer avec surabondance la dette de ses frères. Quelle sera la récompense ? L’Apôtre nous le dit dans ces fortes paroles : « Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix ; à cause de cela Dieu l’a exalté, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom » [72].
O vous donc qui compatissez ici-bas aux douleurs par lesquelles il nous a rachetés, vous qui aimez à le suivie dans les stations de son pèlerinage jusqu’au Calvaire, levez la tête aujourd’hui, et regardez au plus haut des cieux. Le voici, « parce qu’il a souffert la mort, le voici couronné de gloire et d’honneur [73]. Plus il s’est anéanti sous la forme d’esclave, lui qui dans son autre nature pouvait sans injustice se dire égal à Dieu » [74] ; plus le Père prend plaisir à l’élever en gloire et en puissance. La couronne d’épines qu’il a portée ici bas est remplacée par le diadème d’honneur [75]. La croix qu’il laissa imposer sur son épaule est désormais le signe de sa principauté [76]. Les plaies que les clous et la lance ont imprimées sur son corps resplendissent comme des soleils. Gloire soit donc rendue à la justice du Père envers Jésus son Fils ! Mais réjouissons-nous aussi de voir en ce jour « l’Homme des douleurs » [77] devenu le Roi de gloire, et répétons avec transport l’Hosannah que la cour céleste fait retentir à son arrivée.
Toutefois n’allons pas croire que le Fils de l’homme établi désormais sur le trône de la divinité reste inactif dans son glorieux repos. C’est une souveraineté, mais une souveraineté active que le Père lui a concédée. Il l’a d’abord établi « juge des vivants et des morts [78], et nous devons tous comparaître devant son tribunal » [79]. A peine notre âme aura-t-elle quitté son corps, qu’elle se trouvera transportée au pied de ce tribunal sur lequel le Fils de l’homme s’est assis aujourd’hui, et elle entendra sortir de sa bouche la sentence qu’elle aura méritée. O Sauveur couronné en ce jour, soyez-nous miséricordieux à cette heure décisive pour notre éternité.
Mais la judicature exercée par le Seigneur Jésus ne se bornera pas à l’exercice silencieux de ce souverain pouvoir ; les Anges nous l’ont dit aujourd’hui : il doit se montrer de nouveau à la terre, redescendre à travers les airs, ainsi qu’il est monté, et alors se tiendront les solennelles assises où le genre humain comparaîtra tout entier. Assis sur les nuées du ciel, entouré des milices angéliques, le Fils de l’homme apparaîtra à la terre dans toute sa majesté. Les hommes verront « Celui qu’ils ont percé » [80], et les traces de ses blessures, qui ajouteront encore à sa beauté, seront pour les uns un objet de terreur et pour les autres la source d’ineffables consolations. Pasteur encore sur son trône aérien, il séparera ses brebis des boucs, et sa voix souveraine que la terre ne connaissait plus depuis tant de siècles, retentira pour commander aux pécheurs impénitents de descendre aux enfers, et pour inviter les justes à venir occuper, en corps et en âme, le séjour des délices éternelles.
En attendant ce dénouement final des destinées de la race humaine, Jésus reçoit aussi du Père, en ce jour, l’investiture visible du pouvoir royal sur toutes les nations de la terre. Nous ayant tous rachetés au prix de son sang, nous sommes à lui ; qu’il soit donc désormais notre Seigneur. Il l’est en effet, et il s’intitule le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs [81]. Les rois de la terre ne règnent légitimement que par lui, et non par la force, ou en vertu d’un prétendu pacte social dont la sanction ne serait que d’ici-bas. Les peuples ne s’appartiennent pas à eux-mêmes : ils sont à lui. Sa loi ne se discute pas ; elle doit planer au-dessus de toutes les lois humaines comme leur règle et leur maîtresse : « Les nations frémiront sous son sceptre, nous dit le Roi-prophète ; les peuples, pour lui échapper, méditeront de vains systèmes ; les princes de la terre se ligueront contre lui ; ils diront : Brisons son joug, et jetons-le loin de nous » [82]. Inutiles efforts ! Car, ainsi que nous ledit l’Apôtre, « il faut qu’il règne, jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous les pieds » [83], jusqu’à ce qu’il apparaisse une seconde fois pour abattre la puissance de Satan et l’orgueil des hommes.
Ainsi donc, le Fils de l’homme couronné dans son Ascension doit régner sur le monde jusqu’à ce qu’il revienne. Mais, direz-vous, règne-t-il donc dans un temps où les princes confessent tenir leur autorité du mandat de leurs peuples, où les peuples séduits par ce prestige qu’ils nomment liberté ont perdu jusqu’au sens même de l’autorité ? Oui, il règne, mais dans la justice, puisque les hommes ont dédaigné d’être conduits par sa bonté. Ils ont effacé sa loi de leurs codes, ils ont accordé droit de cité à l’erreur et au blasphème ; alors il les a livrés à leur sens absurde et mensonger. Chez eux le pouvoir éphémère, que l’onction sainte ne rend plus sacré, échappe à tout moment aux mains qui s’efforcent de le retenir, et lorsque les peuples, après avoir roulé dans les abîmes de l’anarchie, essayent de le constituer de nouveau, c’est pour le voir crouler encore, parce que princes et peuples veulent se tenir en dehors du domaine du Fils de l’homme. Et il en sera ainsi, jusqu’à ce que princes et peuples, lassés de leur impuissance, le rappellent pour régner sur eux, jusqu’à ce qu’ils aient repris la devise de nos pères : « Le Christ est vainqueur ! Le Christ règne ! Le Christ commande ! Daigne le Christ préserver son peuple de tout malheur ! » En ce jour de votre couronnement, recevez donc les hommages de vos fidèles, ô notre souverain Roi, notre Seigneur et notre juge ! Nous qui fûmes par nos péchés les auteurs de vos humiliations et de vos souffrances dans le cours de votre vie mortelle, nous nous unissons aux acclamations que firent entendre les Esprits célestes au moment où le diadème royal fut placé sur votre divin Chef. Nous ne faisons encore qu’entrevoir vos grandeurs ; mais l’Esprit-Saint que vous nous avez promis achèvera de nous révéler tout ce que nous pouvons connaître ici-bas sur votre souverain pouvoir, dont nous voulons être à jamais les humbles et fidèles sujets.
Le Dimanche dans l’Octave de l’Ascension était appelé à Rome, au moyen âge, le Dimanche des Roses, parce que l’on avait coutume en ce jour de joncher de roses le pavé des basiliques, comme un hommage au Christ qui s’élevait au ciel dans la saison des fleurs. On sentait alors toutes les harmonies. La fête de l’Ascension si riante et si remplie de jubilation, lorsqu’on la considère sous son principal aspect, qui est le triomphe du Rédempteur, venait embellir les radieuses journées du printemps sous un ciel fortuné. On cessait un moment de sentir les tristesses de la terre, veuve de son Emmanuel, pour ne se souvenir que de la parole qu’il a dite à ses Apôtres, afin qu’elle nous fût répétée : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m’en vais à mon Père » [84]. Imitons cet exemple ; offrons à notre tour la rose à celui qui l’a faite pour l’embellissement de notre séjour, et sachons nous aider de sa beauté et de son parfum pour nous élever jusqu’à lui, qui nous dit dans le divin Cantique : « Je suis la fleur des champs et le lis des vallons » [85]. Il voulut être appelé Nazaréen, afin que ce nom mystérieux réveillât en nous le souvenir qu’il retrace, le souvenir des fleurs dont il n’a pas dédaigné d’emprunter le symbole, pour exprimer le charme et la suavité que ceux qui l’aiment trouvent en lui.
L’Introït, tiré du Psautier, exprime le désir que ressent la sainte Église de revoir son Époux qui s’est enfui loin d’elle. L’âme fidèle partage ce sentiment, et s’unit à la mère commune pour dire comme elle à l’Emmanuel : « Mon cœur vous le dira, je veux revoir vos traits divins ; offrez-les bientôt à ma vue. »
Dans la Collecte, l’Église nous apprend à demander à Dieu cette bonne volonté qui nous rendra dignes de revoir Jésus, par notre zèle à servir la divine Majesté.
ÉPÎTRE.
Tandis que les disciples sont réunis dans le Cénacle, n’ayant qu’un cœur et qu’une âme, et attendant la venue de l’Esprit-Saint, le prince des Apôtres qui présidait cette assemblée sainte se tourne vers nous qui attendons ici-bas la même faveur, et nous recommande la charité fraternelle. Il nous promet que cette vertu couvrira la multitude de nos péchés ; quelle heureuse préparation pour recevoir le don divin ! L’Esprit-Saint arrive afin d’unir les hommes en une seule famille ; arrêtons donc toutes nos discussions, et préparons-nous à la fraternité universelle qui doit s’établir dans le monde à la prédication de l’Évangile. En attendant la descente du Consolateur promis, l’Apôtre nous dit que nous devons être prudents et veiller dans la prière. Recevons la leçon : la prudence consistera à écarter de nos cœurs tout obstacle qui repousserait le divin Esprit ; quanta la prière, c’est elle qui les ouvrira, afin qu’il les reconnaisse et s’y établisse.
Des deux Versets de l’Alléluia, l’un est emprunté à David, et célèbre la majesté de Jésus sur son trône royal ; l’autre est formé des paroles mêmes du Sauveur qui nous promet son retour à la fin des temps, lorsqu’il viendra réclamer ses élus.
ÉVANGILE.
A la veille de nous envoyer son Esprit, Jésus nous annonce les effets que ce divin Consolateur produira dans nos âmes. S’adressant aux Apôtres dans la dernière Cène, il leur dit que cet Esprit leur rendra témoignage de lui, c’est-à-dire qu’il les instruira sur la divinité de Jésus et sur la fidélité qu’ils lui doivent, jusqu’à mourir pour lui. Voilà donc ce que produira en eux cet hôte divin que Jésus, près de monter aux cieux, leur désignait en l’appelant la Vertu d’en haut. De rudes épreuves les attendent ; il leur faudra résister jusqu’au sang. Qui les soutiendra, ces hommes faibles ? L’Esprit divin qui sera venu se reposer en eux. Par lui ils vaincront, et l’Évangile fera le tour du monde. Or, il va venir de nouveau, cet Esprit du Père et du Fils ; et quel sera le but de sa venue, sinon de nous armer aussi pour le combat, de nous rendre forts pour la lutte ? Au sortir de la Saison pascale, où les plus augustes mystères nous illuminent et nous protègent, nous allons retrouver en face le démon irrité, le monde qui nous attendait, nos passions calmées un moment qui voudront se réveiller. Si nous sommes « revêtus de la Vertu d’en haut », nous n’aurons rien à craindre ; aspirons donc à la venue du céleste Consolateur, préparons-lui en nous une réception digne de sa majesté ; quand nous l’aurons reçu, gardons-le chèrement ; il nous assurera la victoire, comme il l’assura aux Apôtres.
L’Offertoire rappelle avec les paroles du Roi-prophète les grandeurs de Jésus montant au ciel ; la sainte Église veut que la pensée d’un tel triomphe nous accompagne sans cesse, et qu’elle rixe à jamais nos cœurs dans le séjour où le Triomphateur nous attend.
En offrant à Dieu le pain et le vin qui bientôt vont être transformés au corps et au sang de Jésus, la sainte Église demande pour nous, dans l’Oraison Secrète, non seulement que le contact des Mystères divins nous rende purs, mais qu’il nous donne cette énergie sans laquelle la vie chrétienne n’existe pas.
Les paroles de la prière de Jésus à son Père forment l’Antienne de la Communion. Il les prononça après avoir nourri ses disciples de sa chair sacrée. Elles montrent son désir à notre égard.
L’action de grâces est le premier devoir du chrétien après la communion au corps et au sang de Jésus-Christ ; l’Église, qui connaît mieux que nous la grandeur du bienfait que nous avons reçu, demande dans la Postcommunion que cette action de grâces demeure continuellement en nous.
Offrons à Jésus triomphant cette belle Hymne que l’Église emploie, à l’Office des Matines, le jour de l’Ascension et durant toute l’Octave. Elle exprime avec énergie le mystère tout entier, et nous montre comment la chrétienté latine, dans l’antiquité, savait rendre ses sentiments en présence du Rédempteur glorifié.
Hymnus | Hymne [86] |
Æterne Rex altíssime,
Redémptor et fidélium, Cui mors perémpta détulit Summæ triúmphum glóriæ : | Roi éternel, Roi très haut. Rédempteur des fidèles, ô vous, à qui la victoire sur la mort désormais abattue a mérité le plus glorieux triomphe. |
Ascéndis orbes síderum,
Quo te vocábat cǽlitus Colláta, non humánitus, Rerum potéstas ómnium : | En vous élevant aujourd’hui, vous franchissez la région des astres, et vous allez vous asseoir sur le trône pour exercer le souverain pouvoir que le ciel, et non l’homme, vous a conféré. |
Ut trina rerum máchina,
Cæléstium, terréstrium, Et inferórum cóndita, Flectat genu iam súbdita. | C’est là que vous recevez l’hommage des trois régions créées, le ciel, la terre et les enfers, qui, dans leur soumission, fléchissent le genou devant votre majesté. |
Tremunt vidéntes Angeli
Versam vicem mortálium : Peccat caro, mundat caro, Regnat Deus Dei caro. | Les Anges contemplent avec stupeur la révolution qui s’est accomplie dans le sort des mortels ; la chair avait péché, et la chair a tout purifie ; un Dieu fait chair étend partout son empire. |
Sis ipse nostrum gáudium,
Manens olympo prǽmium, Mundi regis qui fábricam, Mundána vincens gáudia. | Soyez donc notre allégresse, ô vous qui demeurez au ciel pour être notre récompense ! Vous qui tenez les rênes de ce monde, et nous aidez à triompher de ses dangereux attraits ! |
Hinc te precántes quǽsumus,
Ignósce culpis ómnibus, Et corda sursum súbleva Ad te supérna grátia. | Daignez pardonner toutes nos offenses, et par l’énergie de votre grâce, attirez en haut et vers vous nos cœurs ; |
Ut, cum repénte cœperis
Clarére nube iúdicis, Pœnas repéllas débitas, Reddas corónas pérditas. | Afin qu’au jour où vous paraîtrez soudain assis comme un juge sur la nuée, vous écartiez de nous les châtiments que nous méritons, et nous rendiez la couronne que nous avions perdue. |
Iesu, tibi sit glória,
Qui victor in cælum redis, Cum Patre, et almo Spíritu, In sempitérna sǽcula. Amen. | A vous soit la gloire avec le Père et l’Esprit-Saint, dans les siècles éternels, ô Jésus qui, vainqueur aujourd’hui, remontez dans les cieux ! Amen. |
Terminons par cette prière que nous fournit le Bréviaire mozarabe.
ORATIO. | |
Salvator noster, et Domine, qui ascendens in cœlos, intuentium clarificatus apparere dignatus es oculis : dum ita ut ascenderas, venturum ad judicium polliceris ; fac nos hodiernæ Ascensionis tuæ festum pura cordium devotione suscipere : ut ita in te semper ad melius vita nostra ascendendo proficiat, qualiter ad judicium venientem inconfusibili contuitu te semper visionis adspiciat. Amen. | Notre Sauveur et notre maître, vous qui, montant aux cieux, avez daigné vous glorifier aux regards de ceux qui vous contemplaient, leur promettant que votre retour comme juge serait semblable à votre départ, faites-nous aujourd’hui accueillir avec une dévotion sincère la fête de votre Ascension, afin que notre vie s’élève sans cesse en vous à ce qu’il y a de meilleur, en sorte que nos yeux puissent se porter avec assurance sur vous, lorsque vous viendrez pour le jugement. |
La célébration de l’octave de l’Ascension date seulement du XVe siècle ; aussi, dans les documents romains antérieurs, ce dimanche est-il simplement appelé dominica de rosa. La station est assignée au temple de Sancta Maria rotunda, l’antique sanctuaire des Martyrs, jadis le Panthéon d’Agrippa.
Le Pape lui-même y célébrait la messe et y prononçait l’homélie, annonçant au peuple là prochaine venue du Saint-Esprit. Et même, pour donner une forme plus sensible au thème qu’il développait, tandis que le Pontife prêchait, on faisait tomber sur les fidèles, de l’ouverture centrale au haut de l’édifice, une pluie de roses, in figura eiusdem Spiritus Sancti [87]. Encore à présent, la messe, durant laquelle on fait seulement mémoire de l’Ascension, n’est qu’une préparation à la prochaine fête de la Pentecôte ; l’épître de saint Pierre décrit les divers charismes de l’Esprit Saint, et la lecture évangélique contient la promesse formelle qu’en fit Jésus à la dernière Cène.
L’introït est tiré du psaume 26 : « Seigneur, écoutez ma voix, je vous appelle ; je vous entends me dire au cœur : Cherche ma face. J’ai bien recherché votre face. Ne me voilez pas votre visage. »
Ce magnifique introït où, avec tant d’insistance, on nous enseigne à chercher toujours le visage de Dieu, c’est-à-dire à l’avoir toujours présent dans nos pensées et dans nos désirs, a suggéré le choix de la station de ce jour à Sainte-Marie ad Martyres. Là en effet, au moyen âge, en un coffret fermé par treize clefs, l’on conservait l’image de la sainte Face, appelée par Dante la Veronica nostra. De son temps, elle avait déjà été transportée à la basilique vaticane.
Dans la collecte nous demandons au Seigneur — à qui est soumise même la libre détermination de notre volonté — de nous accorder que cette volonté lui soit dévouée, c’est-à-dire de ne vouloir que lui ; et non seulement de le vouloir, mais de réaliser pratiquement cette résolution de vie dévote, grâce à une bonne vie et à des actions vertueuses. A ce propos, non sans subtilité, mais avec exactitude, l’on a coutume de répéter que l’enfer est plein de bonnes résolutions, lesquelles n’ont toutefois jamais été mises à exécution par les damnés durant leur vie. Saint Philippe Neri avait l’habitude de dire avec cet esprit enjoué qui le distingue : « Des actes, des actes, et non pas des mots ! »
Dans la lecture, saint Pierre (I, IV, 7-11), au lendemain de l’incendie néronien et à la veille des bûchers humains dans le cirque Vatican, adjure les fidèles de se tenir dans la vigilance et dans la prière. Les dons que Dieu fait à chacun sont destinés à l’utilité de tous, puisque nous ne sommes que les dispensateurs des communs trésors du Père céleste. C’est avec cet esprit que nous devons user des facultés que nous avons reçues, les employant au service de nos frères. Celui-ci a une aptitude, celui-là en a une autre ; aucune n’est parfaite par elle-même. Toutes cependant se complètent les unes les autres, quand chacune est mise au service de la communauté chrétienne tout entière. Si nous exerçons ainsi la charité envers autrui, ce courant d’amour sert à nous purifier de nos fautes et nous prépare à soutenir le jugement de Dieu.
Le verset est pris au psaume 46 : Dieu est le Roi de toute la terre. Il a écrasé les sujets qui s’étaient révoltés contre lui, c’est-à-dire les Anges apostats, qui, au début de la création avaient refusé de le reconnaître pour leur Chef dans sa nature humaine. Il a fait asseoir cette humanité sur son trône saint, lequel aujourd’hui est appelé sien, parce qu’il lui appartient en conséquence de l’union hypostatique avec la nature divine, et par les mérites de sa passion et de sa mort.
Le verset qui précède l’Évangile est tiré de saint Jean (XIV, 18) : « Je ne vous laisserai pas orphelins. Je m’en vais, mais je reviendrai bientôt à vous par ma grâce, au moyen de mon Esprit, dans mon Eucharistie. Alors vous serez inondés de joie. » Voilà donc les sources de la joie chrétienne : le contact continuel avec Jésus à travers les sacrements de l’Église.
La lecture évangélique est, elle aussi, de saint Jean (XV, 26-27 et XVI, 1-4). La mission du Paraclet doit être de rendre témoignage à la sainteté de Jésus, contre ce monde qui, autrefois, le condamna à mort.
Les Apôtres et l’Église sont associés à cette mission, puisque, par leur sainteté, par leur prédication intrépide, par l’exercice des vertus les plus austères, à travers les plus dures épreuves, dans les prisons, sur les bûchers, sur les échafauds, ils attestent perpétuellement la divinité du Sauveur crucifié.
L’antienne pour l’offertoire est la même qu’au jour de l’Ascension. Comme la trompette angélique accompagne Jésus montant au ciel, ainsi ce même son se fera entendre le jour de son retour sur la terre, quand tous les morts se lèveront de leur tombeau et iront à sa rencontre. Ces trompettes angéliques symbolisent aussi la prédication de l’évangile faite par les évêques et par les pasteurs d’âmes. En effet, ceux-ci sont appelés dans l’Apocalypse Anges des respectives Églises auxquelles le Saint-Esprit lui-même les a préposés, afin qu’ils paissent le troupeau acquis par le Christ avec son propre sang.
Dans la collecte avant l’anaphore consécratoire, nous demandons à Dieu que l’offrande immaculée de l’Eucharistie soit pour nous une source de purification, et qu’en outre, ce bain dans les eaux de la Rédemption donne la vigueur de la jeunesse à nos membres, en sorte que nous puissions accomplir avec ardeur notre ascension au ciel. La montée est ardue, l’air est oxygéné, malheur aux cœurs faibles ! Le pain des forts, qui donne la vigueur est absolument nécessaire. Ce pain est précisément celui qui fut indiqué à Élie, quand il dut gagner les sommets granitiques du Sinaï. Ce pain est Jésus.
L’antienne pour la Communion est tirée de la dernière prière de Jésus à la Cène (Ioan., XVII, 12-15) : « Père, tant que je suis resté avec eux, j’ai gardé ceux que, dans ton insondable prédestination, tu m’avais confiés. Aucun n’a péri, sauf le fils de réprobation, et encore parce qu’il l’a obstinément voulu en dépit de tous les efforts de mon cœur aimant pour le sauver. Maintenant je monte à toi. Je te demande donc, non pas que tu enlèves du monde mes fidèles, mais que tu les préserves de l’esprit néfaste du monde. »
Voici donc la volonté de Dieu : vivre en dehors de l’esprit du monde, mais non hors du monde. Il n’est pas nécessaire, et il ne serait pas toujours licite, de se retirer matériellement de la société humaine pour vivre séparément et fuir tout péril. Le chrétien, et surtout le prêtre, le religieux, vivent et demeurent dans le monde tant que Dieu le veut, mais sans participer à son esprit, sans lui appartenir. Ils sont dans le monde comme le rayon du soleil qui illumine et réchauffe cette pauvre terre sans se souiller des crimes qui se consomment à sa lumière.
Dans la belle collecte d’action de grâces, on supplie le Seigneur de nous accorder le véritable esprit eucharistique, qui est celui d’une tendre et aimante reconnaissance pour les dons splendides qu’il nous a faits et d’une humble et intime union avec Jésus-Hostie, en sorte qu’il vive en nous et que nous puissions vivre non plus de notre esprit mais du sien.
L’esprit eucharistique est donc un esprit d’union avec Jésus, esprit d’humilité, de sacrifice, de silencieux recueillement. Ce sont précisément les effets de la sainte Communion, et les dons charismatiques que l’Église implore du Saint-Esprit dans l’antique anaphore consécratoire : ut quotquot ex hac altaris participatione Sacrosanctum Filii tui Corpus et Sanguinem sumpserimus, omni benedictione cœlesti et gratia repleamur [88].
SIXIÈME SEMAINE APRÈS L’OCTAVE DE PÂQUES
Le dimanche appartient à l’Octave de l’Ascension et forme transition entre cette fête et celle de la Pentecôte que nous célébrerons solennellement dans huit jours. Disons donc : le dimanche est un écho de l’Ascension et une préparation à la Pentecôte. Au Moyen Age, on appelait ce dimanche : le dimanche des roses, parce qu’on apportait à l’église les premières roses (le dimanche des roses de l’antiquité chrétienne — il est vrai que c’était en Italie — était le dimanche Lætare). Quand nous entrerons aujourd’hui à l’église, nous ne verrons plus le cierge pascal à côté de l’autel. Il est parti ; il ne sera plus allumé qu’une fois : le samedi avant la Pentecôte, pour la bénédiction des fonts.
SIXIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES
Vers ton visage je soupire.
1. Premières impressions. — Le jour de l’Ascension, nous nous sommes réjouis du triomphe du Christ et de l’élévation de notre nature. Notre vœu ardent était de demeurer au ciel. Il n’y avait pas trace de tristesse, de mélancolie, au sujet du départ du Maître aimé. Aujourd’hui, par contre, l’Église s’est attendrie. Aujourd’hui, son cœur est rempli d’aspirations ardentes vers le Seigneur ; elle éprouve presque la douleur de la séparation. Nous comprendrons l’esprit de ce dimanche, si nous essayons de nous pénétrer des sentiments de la petite communauté chrétienne après le départ du Seigneur et avant la descente du Saint-Esprit.
1) Elle a d’ardentes aspirations vers le Christ (Intr. Comm.) ; elle lève les yeux vers le Roi céleste (Grad.).
2) Elle attend le Saint-Esprit (Evang.) et l’appelle par de longues prières (Intr.).
3) Elle regarde vers l’avenir et se remplit de l’esprit des martyrs et des confesseurs (Ep. Evang.).
2. La messe (Exaudi Domine). — La messe est caractérisée par une profonde sentimentalité et une grande ferveur. On pourrait presque dire que la liturgie se départ, aujourd’hui, de son style classique et dépouillé. Pendant ces derniers dimanches, elle était remplie d’allégresse et c’est à peine si on remarquait une trace de chagrin causé par la séparation ; aujourd’hui, elle devient tendre et lyrique ; toute la messe est dominée par une chaude sensibilité (je comparerais volontiers cette messe avec celle du dimanche dans l’Octave de Noël). A l’Introït, nous voyons immédiatement la grande différence. Pas d’allégresse, pas de louange, mais une ardente prière : voir le visage du Seigneur ; c’est le désir de la parousie des premiers chrétiens qu’illumine pendant l’Alléluia. Au jour de l’Ascension, les anges avaient dit aux disciples dont les regards restaient fixés au ciel : « Il reviendra tel que vous l’avez vu monter au ciel ». Aujourd’hui, nous disons déjà avec les Apôtres : « Maranatha. — Viens, Seigneur Jésus ! ». (Le psaume dans son ensemble renforce cette impression).
Le Kyrie nous semble aujourd’hui le vrai chant de l’exil : nous l’avions presque oublié pendant le temps pascal. Au Gloria, nous levons les yeux, avec toute l’impatience de nos désirs, vers le Seigneur « qui est assis à la droite du Père ».
A l’oraison, nous revenons sur la terre, nous demandons une véritable vie chrétienne, « présenter à Dieu une volonté dévouée et servir la divine majesté avec un cœur sincère ». Il y a dans ces paroles une profondeur saisissante ; (on y trouve également l’essence de toute piété). Alors Pierre se lève, comme premier représentant du Seigneur, et adresse à la communauté primitive (nous sommes dans ses rangs) une prédication (Ep.) : Grandissez dans la sainte communauté de l’Église, exercez la prière en commun ainsi que la charité qui pardonne et qui sert. Les charismes et les ministères servent à l’édification du corps mystique. L’action du Saint-Esprit consiste à animer et à développer le corps mystique du Seigneur.
Le chant de l’Alléluia est pénétré d’émotion. Nous jetons un regard d’ardent désir vers le ciel et nous voyons le Seigneur assis à la droite du Père. De là, il se penche doucement vers les siens et il nous console : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous et votre cœur se réjouira ». Cette promesse se réalisera au moment de son retour ; mais déjà, tant dans l’Évangile que dans l’Eucharistie, nous avons l’avant-goût de sa venue.
L’Évangile nous prépare à la descente du Saint-Esprit qui nous inspirera l’esprit des martyrs et des confesseurs. On le voit, l’Église tourne nos regards vers la vie terrestre. Il nous semble entendre la voix des anges : « Pourquoi restez-vous là à regarder ? » allez à votre travail.
A l’Offrande, qui nous conduit à la montagne mystique de l’autel, se renouvelle pour nous la vision de l’Ascension. Au Saint-Sacrifice, l’avant-messe doit se réaliser ; nous recevons l’Esprit d’amour qui fera de nous des martyrs et des confesseurs, nous recevons toutes les grâces d’état qui nous permettront d’édifier le corps mystique.
A la Communion, nous entendons le Seigneur prier pour nous au ciel : « Père, tant que j’étais parmi eux, je les ai gardés... je te prie, garde-les du Mauvais ». On peut résumer la messe ainsi : Au milieu des misères de cette vie, nous regardons vers le Roi exalté.
3. La prière des Heures. — Elle est de l’Ascension. Aujourd’hui deux hommes nous parlent, qui ont entre eux beaucoup de traits communs : l’évangéliste et Apôtre saint Jean, l’évêque et docteur de l’Église saint Augustin.
a) Saint Jean. Cette semaine, nous lisons les trois Épîtres de saint Jean et l’apôtre de saint Jude. La première épître de saint Jean, que nous commençons aujourd’hui (l, 1-2, 6), contient, à côté d’un certain nombre de difficultés, beaucoup de belles pensées qui sont de véritables perles. A travers toute l’épître, circule comme un fil d’or, la pensée préférée de l’Apôtre bien-aimé : l’amour du prochain ; Cette Épître est peut-être une lettre d’envoi de l’évangile de saint Jean. En tout cas, on y trouve les mêmes pensées : la lumière et les ténèbres, la vérité et le mensonge, la vie et la mort, l’esprit et la chair, Dieu et le monde, la foi et l’incroyance. Ces idées se balancent dans un rythme toujours nouveau. Rien n’est plus saisissant que ces paroles du témoin oculaire : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché, du « Verbe de vie », nous vous l’annonçons. Car la « Vie » s’est manifestée, et nous vous annonçons, comme témoin oculaire, la Vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons afin que vous soyez en communion avec nous. Notre communion est avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ ».
b) Saint Augustin nous donne la conséquence pratique de l’Ascension, le Sursum corda : « Notre Sauveur, mes très chers frères, est monté au ciel ; ne vous laissez pas troubler pour cela sur la terre. Que là-haut soit notre cœur, et nous trouverons ici le repos. En attendant, montons au ciel en esprit avec le Christ ; quand le jour de sa promesse sera arrivé, nous pourrons le suivre aussi avec notre corps. N’oublions pas cependant, mes frères, que ne monteront avec le Christ ni l’orgueil, ni l’avarice, ni la luxure ; aucune de nos maladies spirituelles ne montera avec notre médecin. Si, donc, nous désirons monter avec notre médecin, nous devons déposer nos vices et nos péchés. Car tous ces ennemis nous attachent et nous retiennent à terre ».
[1] Act. 1, 11.
[2] Luc. 24, 50-51.
[3] Act. 1, 9.
[4] Ps. 102, 19.
[5] Jn. 5, 26.
[6] Ps. 23, 10.
[7] Ephes. 4, 10.
[8] Jn. 14, 18.
[9] Luc. 24.49.
[10] Ps. 46, 6.
[11] Ps. 8, 2.
[12] Ps. 10, 5.
[13] Ps. 18, 7.
[14] Ps. 46, 6.
[15] Act. 1, 3.
[16] Act. 1, 9.
[17] Act. 1, 4.
[18] Nous le faisons menteur, puisque nous soutenons le contraire de ce que l’Écriture nous enseigne, savoir que nul n’est sans péché.
[19] Ps. 67, 35.
[20] Ps. 9, 8.
[21] Ps. 18, 7.
[22] Ps. 20, 14.
[23] Ps. 8, 2.
[24] Ps. 20, 14.
[25] Ps. 29, 1.
[26] Ps. 46, 6.
[27] Ephes. 4, 8 ; cf. Ps. 67, 18-19.
[28] « Le mot captivité peut s’entendre ici des captifs ou de ceux qui tenaient des captifs. Suivant la première acception, le Christ triomphant a emmené avec lui au ciel les Patriarches, les Prophètes et les autres saints, délivrés de la captivité des limbes et devenus les bienheureux captifs du Sauveur. Suivant la seconde, le Christ a rendu captifs le péché, la mort, le démon et l’enfer dont nous étions devenus les captifs. » (Corn. a Lapide).
[29] Ps. 2, 3.
[30] Ps. 115, 16.
[31] Tob. 12, 20.
[32] Jn. 14, 1.
[33] Jn. 17, 9.
[34] Jn. 16, 7.
[35] Ps. 137, 6.
[36] Jn. 14, 1.
[37] Jn. 15, 26.
[38] Jn. 16, 22.
[39] Jn. 14, 16.
[40] Matth. 5, 8.
[41] Ephes. 4, 8.
[42] Ps. 46, 6.
[43] « Quels dieux ? Les idoles n’ont point de vie, les démons ont le sentiment et la vie, mais sont mauvais. Quelle gloire donnons-nous au Sauveur en l’élevant au-dessus des idoles et des démons ? Les démons sont les dieux des nations ; des hommes aussi ont été appelés des dieux. Notre-Seigneur Jésus-Christ est bien supérieur à tous, non seulement aux idoles, non seulement aux démons, mais encore aux hommes justes ; c’est peu encore, il est supérieur à tous les Anges. » (Saint Augustin).
[44] Ps. 96, 9.
[45] Ps. 98, 2.
[46] Ps. 102, 19.
[47] Jn. 20, 17.
[48] Jn. 14, 16.
[49] Jn. 16, 7.
[50] Jn. 15, 25.
[51] Jn. 16, 7.
[52] Jn. 16, 13.
[53] Jn. 16, 13.
[54] Jn. 15, 26.
[55] Jn. 15, 25.
[56] Act. 1, 11.
[57] Luc. 24, 50-51.
[58] Act. 1, 9.
[59] Ps. 46, 6.
[60] Jn. 15, 26.
[61] Jn. 20, 17.
[62] Ps. 102, 19.
[63] Act. 1, 11.
[64] Luc. 24, 50-51.
[65] Act. 1, 9.
[66] Ps. 102, 19.
[67] Jn. 16, 4.
[68] Jn. 17, 6.
[69] Ps. 46, 6.
[70] Philip. II, 10.
[71] Psalm. XLIV.
[72] Philip. II.
[73] Heb. II, 9.
[74] Philip, II, 6, 7.
[75] Psalm. XX.
[76] Isai. XII.
[77] Ibid. LIII.
[78] Act. X, 42.
[79] Rom. XIV, 10.
[80] Zach. XII, 10.
[81] Apoc. XIX, 16.
[82] Psalm. II.
[83] I Cor. XV, 25.
[84] Johan. XIV, 28.
[85] Cant IV, 1.
[86] Nous donnons ici l’Hymne présenté plus haut dans l’Office des Matines avec la traduction propre de Dom Guéranger.
[87] « A l’image de ce même Esprit-Saint ».
[88] Prière Supplices du Canon Romain : « Et quand nous aurons reçu, en communiant ici à l’autel, le Corps et le Sang infiniment saints de votre Fils, puissions-nous tous être comblés de tous les grâces et bénédictions du ciel. »