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Mercredi dans l’Octave de l’Ascension (avant 1955)

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave de l’Ascension. Depuis, au bréviaire, l’Office est réduit à la lecture de l’Écriture occurrente (ancien premier nocturne des Matines), la psalmodie est celle du jour de la semaine et non plus celle du Jour de l’Ascension.

Nous donnons ici l’Office des Matines avec les deux lectures patristiques propres à chaque jour, et les commentaires habituels.

Textes de la Messe

La Messe est celle du jour de la Fête.

Office

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Allelúia, Christum Dóminum ascendéntem in cælum, * Veníte adorémus, allelúia.Alléluia, le Christ Seigneur montant au ciel, * Venez, adorons-le, alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymne
Æterne Rex altíssime (matines de l’Ascension)
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. 1 Eleváta est * magnificéntia tua super cælos, Deus, allelúia.Ant. 1 Elle est élevée, * votre magnificence, ô Dieu, au dessus des cieux [1], alléluia.
Psaume 8
Ant. 2 Dóminus in templo * sancto suo, Dóminus in cælo, allelúia.Ant. 2 Le Seigneur est * dans son temple saint, le Seigneur est dans le ciel [2], alléluia.
Psaume 10
Ant. 3 A summo cælo * egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius, allelúia.Ant. 3 A l’extrémité du ciel * est sa sortie : et le terme de sa course à son extrémité [3], alléluia.
Psaume 18
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, allelúia.V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie [4], alléluia.
R/. Et Dóminus in voce tubæ, allelúia.R/. Et le Seigneur, au son de la trompette, alléluia.
Lectio i1ère leçon
Incipit Epístola secúnda beáti Ioánnis Apóstoli.Commencement de la seconde Épître du bienheureux Apôtre Jean.
Vers. 1-5.
Sénior Eléctæ dóminæ et natis eius, quos ego díligo in veritáte, et non ego solus, sed et omnes qui cognovérunt veritátem, propter veritátem, quæ pérmanet in nobis, et nobíscum erit in ætérnum. Sit vobíscum grátia, misericórdia, pax a Deo Patre et a Christo Iesu Fílio Patris in veritáte et caritáte. Gavísus sum valde, quóniam invéni de filiis tuis ambulántes in veritáte sicut mandátum accépimus a Patre. Et nunc rogo te, dómina, non tamquam mandátum novum scribens tibi, sed quod habúimus ab inítio, ut diligámus altérutrum.Le vieillard à la dame Électe [5] et à ses enfants, que j’aime dans la vérité, et non pas moi seul, mais aussi tous ceux qui connaissent la vérité, à cause de la vérité qui demeure en nous, et qui sera avec nous éternellement. Qu’avec vous soit grâce, miséricorde, paix par Dieu le Père, et par Jésus-Christ, Fils du Père, dans la vérité et la charité. J’ai eu beaucoup de joie de trouver de vos enfants marchant dans la vérité, comme nous en avons reçu le commandement du Père. Et maintenant je vous prie, madame, non comme vous écrivant un commandement nouveau, mais celui que nous avons reçu dès le commencement, que nous nous aimions les uns les autres.
R/. Post passiónem suam per dies quadragínta appárens eis, et loquens de regno Dei, allelúia : * Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia.R/. Après sa passion il leur apparut pendant quarante jours, leur parlant du royaume de Dieu [6], alléluia : * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux [7], alléluia.
V/. Et convéscens præcépit eis, ab Ierosólymis ne discéderent, sed exspectárent promissiónem Patris.V/. Mangeant avec eux, il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père [8].
* Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia. * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux, alléluia.
Lectio ii2e leçon
Vers. 6-9.
Et hæc est cáritas, ut ambulémus secúndum mandáta eius. Hoc est enim mandátum, ut quemádmodum audístis ab inítio, in eo ambulétis. Quóniam multi seductóres exiérunt in mundum, qui non confiténtur Iesum Christum venísse in carnem. Hic est sedúctor et antichrístus. Vidéte vosmetípsos, ne perdátis, quæ operáti estis : sed ut mercédem plenam accipiátis. Omnis, qui recédit, et non pérmanet in doctrína Christi, Deum non habet : qui pérmanet in doctrína, hic et Patrem et Fílium habet.Or, la charité, c’est de marcher selon les commandements de Dieu ; et c’est là le commandement que vous avez reçu dès le commencement, afin que vous y marchiez. Car beaucoup d’imposteurs se sont introduits dans le monde, lesquels ne confessent pas que Jésus-Christ soit venu dans la chair ; ceux-là sont les imposteurs et les antéchrists. Veillez sur vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas votre travail, mais que vous en receviez pleine récompense. Quiconque se retire et ne demeure point dans la doctrine du Christ ne possède point Dieu ; quiconque demeure dans sa doctrine, celui-là possède le Père et le Fils.
R/. Omnis pulchritúdo Dómini exaltáta est super sídera : * Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia.R/. Toute la beauté du Seigneur a été exaltée au-dessus des astres [9] : * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement [10], alléluia.
V/. A summo cælo egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius.V/. A l’extrémité du ciel est sa sortie, et le terme de sa course à son extrémité [11].
* Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia. * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement, alléluia.
Lectio iii3e leçon
Vers. 10-13.
Si quis venit ad vos et hanc doctrínam non affert, nolíte recípere eum in domum, nec Ave ei dixéritis. Qui enim dicit illi Ave, commúnicat opéribus eius malígnis. Plura habens vobis scríbere, nólui per chartam et atraméntum : spero enim me futúrum apud vos et os ad os loqui, ut gáudium vestrum plenum sit. Salútant te filii soróris tuæ Eléctæ.Si quelqu’un vient à vous et n’apporte point cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, ne lui dites pas même Salut. Car celui qui lui dit « Salut » participe à ses œuvres mauvaises. Ayant plusieurs autres choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec du papier et de l’encre ; car j’espère être bientôt près de vous, et vous parler de bouche à bouche, afin que votre joie soit pleine. Les enfants de votre sœur Électe vous saluent.
R/. Exaltáre, Dómine, allelúia, * In virtúte tua, allelúia.R/. Élevez-vous, Seigneur [12], alléluia, * Dans votre puissance, alléluia.
V/. Eleváta est, magnificéntia tua super cælos, Deus.V/. Dieu, votre magnificence est élevée au-dessus des cieux [13].
* In virtúte tua, allelúia. Glória Patri. * In virtúte tua, allelúia.* Dans votre puissance, alléluia. Gloire au Père. * Dans votre puissance, alléluia.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 4 Exaltáre, Dómine, * in virtúte tua : cantábimus et psallémus, allelúia.Ant. 4 Élevez-vous, Seigneur, * dans votre puissance : nous chanterons et nous psalmodierons [14], alléluia.
Psaume 20
Ant. 5 Exaltábo te, * Dómine, quóniam suscepísti me, allelúia.Ant. 5 Je vous exalterai, * Seigneur, parce que vous m’avez relevé [15], alléluia.
Psaume 29
Ant. 6 Ascéndit Deus * in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ, allelúia.Ant. 6 Dieu est monté * au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur, au son de la trompette [16], alléluia.
Psaume 46
V/. Ascéndens Christus in altum, allelúia.V/. Le Christ montant au ciel [17], alléluia.
R/. Captívam duxit captivitátem, allelúia.R/. A emmené captive la captivité [18], alléluia.
Lectio iv4e leçon
Sermo sancti Gregórii Nysseni.Sermon de saint Grégoire de Nysse.
Oratio de Ascensione Domini
Hodiérnam celebritátem satis per se magnam, prophéta David maiórem éfficit, dum illi gáudium e Psalmis adiúngit. Hic enim excélsus Prophéta supra seípsum egrédiens, tamquam córporis ónere nihil premátur, infert se cæléstibus potestátibus, et voces eárum nobis expónit, cum in cælum redeúntem Dóminum ipsæ comitántes, Angelis, qui versántur in terris, quibúsque in humánam vitam ingréssus commíssus est, ímperant ad hunc modum : Tóllite portas, príncipes, vestras ; et elevámini, portæ æternáles, et introíbit Rex glóriæ.Le Prophète David ajoute à la solennité de ce jour, déjà si solennel par lui-même, en unissant dans les Psaumes, sa joie à la nôtre. Ce grand Prophète, s’élevant au-dessus de lui-même, comme s’il n’était nullement accablé par le poids de son corps, se transporte auprès des puissances célestes, et nous rapporte les paroles qu’en accompagnant le Seigneur rentrant au ciel, ces puissances adressent aux Anges qui demeurent sur la terre et auxquels ceux qui entrent dans la vie humaine ont été confiés, leur donnant ce commandement : « Élevez vos portes, ô princes ; et vous, élevez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera » [19].
R/. Tempus est, ut revértar ad eum, qui me misit, dicit Dóminus : nolíte contristári, nec turbétur cor vestrum : * Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia.R/. Il est temps que je retourne à celui qui m’a envoyé [20], dit le Seigneur : ne soyez pas attristés, et que votre cœur ne se trouble pas [21] : * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même [22], alléluia, alléluia.
V/. Nisi ego abíero, Paráclitus non véniet : cum assúmptus fúero, mittam vobis eum.V/. Si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas : mais lorsque je serai monté, je vous l’enverrai [23].
* Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia. * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même, alléluia, alléluia.
Lectio v5e leçon
Et quóniam ubicúmque fúerit ille, qui in seípso ómnia cóntinet, pro suscipiéntium captu seípsum dimetítur (neque enim solum inter hómines homo fit, verum étiam dum inter Angelos versátur, ad illórum vocem sese demíttit) idcírco ianitóres intérrogant : Quis est iste Rex glóriæ ? Respóndent ipsis, demonstrántque fortem et poténtem in prǽlio, qui pugnatúrus erat contra illum, qui natúram humánam in servitúte captívam detinébat, et eversúrus eum, qui mortis habébat impérium : ut gravíssimo hoste superáto, genus hóminum in libertátem et pacem vindicáret.Et parce que Dieu qui renferme toutes choses en lui-même, s’accommode, partout où il se trouve, à la capacité de celui qui le reçoit (car non seulement il se fait homme avec les hommes, mais lorsqu’il est avec les Anges, il s’abaisse jusqu’à leur manière de converser) ; les portiers du ciel font donc cette question : « Quel est ce Roi de gloire » [24] ? Les autres Anges répondent et disent qu’il est fort et puissant dans le combat, lui qui devait combattre l’ennemi qui tenait la nature humaine captive dans son esclavage, et renverser celui qui avait l’empire de la mort, de façon qu’après avoir vaincu cet ennemi terrible, il pût affranchir le genre humain afin de lui donner la liberté et la paix.
R/. Non turbétur cor vestrum : ego vado ad Patrem ; et cum assúmptus fúero a vobis, mittam vobis, allelúia, * Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia.R/. Que votre cœur ne se trouble point [25] : moi je vais à mon Père ; et lorsque je vous aurai quittés, je vous enverrai [26], alléluia : * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira [27], alléluia.
V/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis.V/. Moi je prierai mon Père, et il nous donnera un autre Paraclet [28].
* Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia. * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira, alléluia.
Lectio vi6e leçon
Occúrrunt ei custódes, et portas iubent reclúdi, ut in ipsis rursum glóriam assequátur. Verum non agnóscunt eum, qui sórdidam vitæ nostræ stolam indútus est : cuius rubra sunt vestiménta ex humanórum malórum torculári. Itaque rursus cómites eius vócibus illis interrogántur : Quis est iste Rex glóriæ ? Respondétur autem non ámplius, Fortis et potens in prǽlio ; sed, Dóminus virtútum, qui mundi principátum obtínuit, qui summátim ómnia in se collégit, qui prístinum in statum cuncta restítuit : ipse est Rex glóriæ.Les gardiens du ciel courent à sa rencontre et font ouvrir les portes, afin qu’il rentre en possession de sa gloire ancienne. Mais ils ne reconnaissent point ce Dieu qui a revêtu la robe abjecte de notre vie et dont les vêtements sont rouges, pour avoir passé par le pressoir des maux de l’humanité [29]. C’est pourquoi ils interrogent de nouveau ceux qui l’accompagnent par ces paroles : « Quel est ce Roi de gloire ? » Or, on ne répond plus : « C’est le Seigneur fort et puissant dans le combat », mais : « C’est le Seigneur dès vertus » [30]] qui a obtenu la principauté du monde, qui a tout réuni en lui-même comme en un abrégé, qui a rétabli toutes choses dans leur premier état : « c’est lui, le Roi de gloire ».
R/. Ascéndens Christus in altum, captívam duxit captivitátem, * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia.R/. Le Christ montant au ciel a conduit captive la captivité [31], * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia,
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ.V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur au son de la trompette [32].
* Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia.* Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, Gloire au Père. * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia,
In III NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 7 Nimis exaltátus est, * allelúia : super omnes deos, allelúia.Ant. 7 Vous êtes infiniment élevé, * alléluia, au-dessus de tous les dieux [33], alléluia [34].
Psaume 96
Ant. 8 Dóminus in Sion, * allelúia : magnus et excélsus, allelúia.Ant. 8 Le Seigneur est dans Sion, * alléluia ; il est grand et élevé [35], alléluia.
Psaume 98
Ant. 9 Dóminus in cælo, * allelúia : parávit sedem suam, allelúia.Ant. 9 Le Seigneur dans le ciel, * alléluia, a préparé son trône [36], alléluia.
Psaume 102
V/. Ascéndo ad Patrem meum, et Patrem vestrum [37], allelúia.V/. Je monte vers mon Père et votre Père, alléluia.
R/. Deum meum, et Deum vestrum, allelúia.R/. Vers mon Dieu et votre Dieu, alléluia.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Marcum.Lecture du saint Évangile selon saint Marc.
Cap. 16, 14-20.
In illo témpore : Recumbéntibus úndecim discípulis, appáruit illis Iesus : et exprobrávit incredulitátem eórum et durítiam cordis, quia iis, qui víderant eum resurrexísse, non credidérunt. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus se montra aux Onze eux-mêmes, tandis qu’ils étaient à table : et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui avaient vu qu’il était ressuscité. Et le reste.
Homilía sancti Gregórii Papæ.Homélie de saint Grégoire, Pape.
Eadem Homilía 29
Hoc autem nobis primum quæréndum est, quidnam sit, quod, nato Dómino, apparuérunt Angeli, et tamen non legúntur in albis véstibus apparuísse : ascendénte autem Dómino, missi Angeli in albis legúntur véstibus apparuísse. Sic étenim scriptum est : Vidéntibus illis elevátus est, et nubes suscépit eum ab óculis eórum. Cumque intueréntur in cælum eúntem illum, ecce duo viri stetérunt iuxta illos in véstibus albis. In albis autem véstibus gáudium et solémnitas mentis osténditur. Quid est ergo, quod, nato Dómino, non in albis véstibus ; ascendénte autem Dómino, in albis véstibus Angeli appárent : nisi quod tunc magna solémnitas Angelis facta est, cum cælum Deus homo penetrávit ? Quia nascénte Dómino, videbátur divínitas humiliáta ; ascendénte vero Dómino, est humánitas exaltáta. Albæ étenim vestes exaltatióni magis cóngruunt, quam humiliatióni.Il faut d’abord nous demander pourquoi, à la naissance du Seigneur, des Anges apparurent, et pourquoi cependant l’Écriture ne rapporte pas qu’ils fussent vêtus de blanc, tandis que nous lisons que les Anges qui furent envoyés lorsque le Seigneur monta au ciel, avaient des vêtements blancs. Voici en effet ce qui est écrit : « Eux le voyant, il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils le regardaient allant au ciel, voilà que deux hommes se présentèrent devant eux, avec des vêtements blancs » [38]. Les habits blancs nous marquent la joie de l’esprit et la solennité. Qu’est-ce donc à dire que, le Seigneur étant né, les Anges n’apparaissent pas dans des vêtements blancs, et que, le Seigneur montant au ciel, ils apparaissent ainsi, sinon que ce fut une grande réjouissance pour les Anges lorsque l’Homme-Dieu entra dans le ciel ? A la naissance du Seigneur, la divinité semblait humiliée ; lors de son ascension, l’humanité fut exaltée. Les habits blancs conviennent mieux à l’élévation qu’à l’humiliation.
R/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis, * Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia.R/. Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet [39] : * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia.
V/. Si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos : si autem abíero, mittam eum ad vos.V/. Car, si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai [40].
* Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia. * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia.
Lectio viii8e leçon
In ascensióne ergo eius Angeli in albis véstibus vidéri debuérunt : quia qui in nativitáte sua appáruit Deus húmilis, in ascensióne sua osténsus est homo sublímis. Sed hoc nobis magnópere, fratres caríssimi, in hac solemnitáte pensándum est : quia delétum est hodiérna die chirógraphum damnatiónis nostræ, mutáta est senténtia corruptiónis nostræ. Illa enim natúra, cui dictum est : Terra es, et in terram ibis ; hódie in cælum ivit. Pro hac ipsa namque carnis nostræ sublevatióne, per figúram beátus Iob Dóminum avem vocat. Quia enim ascensiónis eius mystérium Iudǽam non intellígere conspéxit, de infidelitáte eius per figúram beátus Iob senténtiam prótulit, dicens : Sémitam ignorávit avis.Les Anges durent donc paraître vêtus de blanc au moment de l’ascension, parce que celui qui dans sa naissance, apparut Dieu humilié, se montra, dans son ascension, homme glorieusement élevé. Mais nous devons surtout considérer, très chers frères, en cette solennité, qu’en ce jour fut déchiré l’acte écrit de notre condamnation, et modifiée la sentence de notre corruption. Car cette même nature à laquelle il a été dit : « Tu es terre, et tu iras en terre » [41], est allée aujourd’hui au ciel. C’est en considération de cette élévation de notre chair, que le bienheureux Job donna au Sauveur le nom figuratif d’oiseau. Voyant que les Juifs ne comprendraient pas le mystère de son ascension, le bienheureux Job proféra une sentence figurative au sujet de leur infidélité, en disant : « Ce peuple ignora le chemin de l’oiseau » [42].
R/. Ponis nubem ascénsum tuum, Dómine : * Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia.R/. Vous montez, Seigneur, sur une nuée [43] : * Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia.
V/. Confessiónem et decórem induísti, amíctus lumen sicut vestiméntum.V/. Vous êtes revêtu de louange et d’honneur, enveloppé de lumière, comme d’un vêtement [44].
* Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia. Glória Patri. * Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia.* Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia. Gloire au Père. * Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia.
Lectio ix9e leçon
Avis enim recte appellátus est Dóminus, quia corpus cárneum ad ǽthera librávit. Cuius avis sémitam ignorávit, quisquis eum ad cælum ascendísse non crédidit. De hac solemnitáte per Psalmístam dícitur : Eleváta est magnificéntia tua super cælos. De hac rursus ait : Ascéndit Deus in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ. De hac íterum dicit : Ascéndens in altum captívam duxit captivitátem, dedit dona homínibus. Ascéndens quippe in altum, captívam duxit captivitátem : quia corruptiónem nostram virtúte suæ incorruptiónis absórbuit. Dedit vero dona homínibus : quia misso désuper Spíritu, álii sermónem sapiéntiæ, álii sermónem sciéntiæ, álii grátiam virtútum, álii grátiam curatiónum, álii génera linguárum, álii interpretatiónem tríbuit sermónum.C’est à bon droit que le Seigneur est appelé oiseau, puisqu’il a soutenu dans les airs un corps de chair. Quiconque n’a pas cru qu’il est monté au ciel, a ignoré le chemin de l’oiseau. C’est de cette solennité que le Psalmiste a dit : « Votre magnificence est élevée au-dessus des cieux » [45]. C’est de cette solennité qu’il dit aussi : « Dieu est monté au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur au son de la trompette » [46]. C’est de cette solennité qu’il dit encore : « Montant au ciel, il a conduit une captivité captive, il a donné des dons aux hommes » [47]. En effet, montant au ciel, il a conduit une captivité captive, puisqu’il a anéanti notre corruption, par la vertu de son incorruption. Il a donné des dons aux hommes, car en leur envoyant d’en haut l’Esprit-Saint, il a accordé à l’un la parole de sagesse, à un autre la parole de science, à un autre la grâce de force, à un autre la grâce de guérison, à un autre diverses espèces de langues, à un autre l’interprétation des discours.
Te Deum

A Laudes, comme les Laudes de la Fête.

Aux Vêpres, comme les 1ères Vêpres de la Fête.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Abaissons sur la terre nos regards, que nous avons tenus jusqu’ici fixés au ciel pour y suivre Celui qui nous a quittés. Recherchons maintenant les effets du divin mystère de l’Ascension jusque dans notre humble et passagère demeure, où le Fils de Dieu a cessé de résider visiblement. Quel étonnant spectacle attire notre attention ici-bas ! Ce Jésus, qui monta aux cieux en ce jour, sans que la ville de Jérusalem s’en émût, sans qu’elle s’en fût même aperçue, sans que le genre humain s’ébranlât à la nouvelle du départ de son hôte divin ; ce même Jésus, en ce simple anniversaire d’aujourd’hui, dix-huit siècles après l’événement, émeut encore la terre tout entière de l’éclat de son Ascension. En nos tristes jours la foi est languissante ; quelle est cependant la région du globe où n’habitent pas les chrétiens, soit à l’état de peuple, soit à l’état d’individus ? C’en est assez pour que l’univers entier entende dire que Jésus est monté aux cieux, et que ce jour est consacré à fêter sa glorieuse Ascension.

Durant trente-trois années il vécut de notre vie sur la terre. Fils éternel de Dieu, son séjour parmi nous fut ignoré de toutes les nations sauf une seule. Cette nation le crucifia ; les Gentils ne l’eussent pas même regardé ; car « la lumière a beau luire dans les ténèbres, les ténèbres ne la comprennent pas » [48] ; et Dieu a pu « venir dans son œuvre même, et ne pas être accueilli par les siens » [49]. Au sein du peuple préparé pour sa visite, sa parole a été cette semence qui tombe sur un terrain pierreux et ne germe pas, dans les épines et est bientôt étouffée par elles, et qui rencontre à peine un coin de cette bonne terre où elle peut fructifier [50]. Si, à force de patience et de bonté, il maintient autour de lui quelques disciples, leur confiance en lui est demeurée faible, hésitante, toujours prête à s’éteindre.

Et néanmoins, depuis la prédication de ces mêmes Apôtres, le nom et la gloire de Jésus sont partout ; en toutes les langues, dans toutes les races, il est proclamé le Fils de Dieu incarné ; les peuples les plus civilisés comme les plus barbares sont venus à lui ; on fête sa naissance dans l’étable de Bethléhem, sa mort douloureuse sur la croix où il paya la rançon du monde coupable, sa résurrection par laquelle il confirma la mission divine qu’il était venu accomplir, enfin son Ascension qui le fait asseoir en ce jour Homme-Dieu, à la droite de son Père. Dans l’univers entier la grande voix de l’Église fait retentir le mystère de la glorieuse Trinité, qu’il est venu révéler au monde. Cette sainte Église qu’il a fondée enseigne à toutes les nations la vérité révélée, et dans toutes les nations elle rencontre des âmes dociles qui répètent son symbole.

Comment s’est accomplie cette merveille ? Comment a-t-elle persévéré et persévère-t-elle depuis dix-huit siècles ? Jésus, qui s’élève au ciel en ce jour, nous l’explique d’un seul mot : « Je m’en vais, dit-il, et il vous est avantageux que je m’en aille. » Qu’est-ce à dire, sinon que, dans notre état actuel, il y a pour nous quelque chose Je plus avantageux que sa présence sensible ? Cette vie n’est donc pas le moment de le voir et de le contempler, même dans sa nature humaine. Pour le connaître, pour le goûter, même dans cette humaine nature, un autre élément nous est nécessaire : c’est la foi. Or, la foi aux mystères du Verbe incarné ne commence à régner sur la terre qu’à partir du moment où il cesse d’être visible ici-bas.

Qui pourrait dire la force triomphante de la foi ? Saint Jean l’appelle d’un nom glorieux. « La foi, dit-il, c’est la victoire qui abat le monde « sous nos pieds » [51]. C’est elle qui a abattu aux pieds de notre divin Chef absent de ce monde, la puissance, l’orgueil et les superstitions de la société antique ; et l’hommage en est monté jusqu’au trône où prend place aujourd’hui Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie.

Saint Léon le Grand, le sublime interprète du mystère de l’Incarnation, a pénétré cette doctrine de son coup d’œil toujours si sûr, et il l’a rendue avec l’éloquence qui lui est familière.

Après avoir accompli la prédication de l’Évangile et les mystères de la nouvelle Alliance, nous dit-il, Jésus-Christ notre Seigneur s’élevant au ciel sous les yeux de ses disciples, a mis un terme à sa présence corporelle ici-bas, et il doit demeurer à la droite de son Père jusqu’à ce que soient accomplis les temps divinement destinés à la multiplication des enfants de l’Église ; après quoi il reviendra pour être le Juge des vivants et des morts, dans la même chair avec laquelle il est monté. Ainsi donc, tout ce qui avait été visible ici-bas en notre Rédempteur a passé dans l’ordre des Mystères ; et afin de rendre la foi plus excellente et plus ferme, la vue a été remplacée par un enseignement dont l’autorité, entourée d’un rayonnement céleste, entraîne les cœurs des croyants.

C’est par la vertu de cette foi dont l’Ascension du Seigneur a accru l’énergie, et que le don de l’Esprit-Saint est venu fortifier, que ni les chaînes, ni les cachots, ni l’exil, ni la faim, ni les bûchers, ni la dent des bêtes féroces, ni les supplices inventés par la cruauté des persécuteurs, n’ont pu effrayer les chrétiens. C’est pour leur fidélité à cette foi que, dans le monde entier, non seulement des hommes, mais même des femmes, non seulement des enfants et des adolescents, mais des jeunes filles délicates, ont combattu jusqu’à l’effusion de leur sang. C’est cette foi qui a chassé les démons, fait disparaître les maladies, ressuscité les morts. De là, nous avons vu les bienheureux Apôtres eux-mêmes qui, après avoir été confirmés par tant de miracles, instruits par tant de discours du Seigneur, s’étaient laissé effrayer par les indignités de sa Passion, et n’acceptèrent la vérité de sa résurrection qu’après avoir hésité ; nous les avons vus changés aussitôt après son Ascension, à tel point que les choses qui jusqu’alors ne leur inspiraient que de la terreur, devinrent tout à coup pour eux une source d’allégresse. Toute la force du regard de leur âme s’était dirigée sur la divinité de celui qui est assis à la droite du Père ; la vue de son corps ne retardait plus la vigueur de leur œil, dès lors qu’ils pénétraient le Mystère, et arrivaient à comprendre qu’en descendant des cieux il ne s’était pas séparé de son Père, pas plus qu’en y remontant il ne s’était isolé de ceux qui avaient été ses disciples.

Le moment donc où le Fils de l’homme, qui est aussi le Fils de Dieu, s’est manifesté d’une façon plus excellente et plus auguste, est celui où il s’est retiré dans la gloire et la majesté de son Père ; car c’est alors que, par un procédé ineffable, il s’est rendu plus présent par sa divinité, à mesure que son humanité s’éloignait de nous davantage. C’est alors que la foi plus éclairée que l’œil terrestre s’est approchée d’un pas plus ferme de celui qui est le Fils égal au Père, qu’elle n’a plus eu besoin de palper dans le Christ cette nature humaine par laquelle il lui est inférieur. La substance de ce corps glorifié est demeurée la même ; mais la foi des croyants avait désormais son rendez-vous là où non plus une main de chair, mais une intelligence spirituelle est admise à toucher le Fils égal au Père. De là vient que le Seigneur ressuscité, lorsque Marie-Madeleine, qui représentait l’Église, s’élançait pour saisir ses pieds, l’arrêta par ces paroles : « Ne me touche pas ; car je ne suis pas monté encore vers mon Père » ; comme s’il eût dit : « Je ne veux plus que tu arrives à moi par une voie sensible, ni que tu me reconnaisses au contact humain ; je t’ai réservée à une plus sublime expérience ; j’ai préparé pour toi un sort plus digne d’envie. Lorsque je serai monté vers mon Père, c’est alors que tu me saisiras, mais d’une manière plus parfaite et plus vraie, parce que les sens étant dépassés, la foi te révélera ce que tes yeux ne verront pas encore. [52]

Il est donc inauguré par le départ de notre Emmanuel, ce règne de la foi qui doit nous préparer à l’éternelle vue du souverain bien ; et cette heureuse foi, qui est notre élément, nous donne en même temps toute la lumière compatible avec notre faible condition présente pour saisir et adorer le Verbe consubstantiel au Père, et pour avoir l’intelligence des Mystères que ce Verbe incarné a opérés ici-bas dans son humanité. Un grand nombre de siècles nous séparent du moment où il se rendit visible sur la terre, et nous le connaissons mieux que ne le connurent et ne le goûtèrent ses propres disciples avant son Ascension sur le mont des Oliviers. Il nous était donc véritablement avantageux qu’il s’éloignât ; sa présence eût gêné l’essor de notre foi, et notre foi seule pouvait remplir l’intervalle qui le sépare de nous, jusqu’à ce que nous ayons pénétré « à l’intérieur du voile ».

Combien est profond l’aveuglement de ces hommes qui ne sentent pas la puissance surhumaine de cet élément de la foi, par lequel le monde a été non seulement vaincu, mais transformé ! Ils prétendent avoir découvert la fabrication des Évangiles, et ils ne voient pas cet Évangile vivant qui résulte de dix-huit siècles de foi unanime, qui ressort de la confession généreuse de tant de millions de martyrs, de la sainteté de tant de justes, de la conversion successive de tant de nations, à commencer par les plus civilisées et à finir par les plus barbares. Certes, celui-là qui, après avoir visité un coin de cette terre durant quelques années, n’a eu besoin que de disparaître pour attirer à lui la foi des plus grands génies comme des cœurs les plus simples et les plus droits, est bien ce qu’il nous a dit être : le Fils éternel de Dieu. Gloire et action de grâces soient donc à vous, Seigneur, qui, pour nous consoler de votre départ, nous avez donné la foi par laquelle l’œil de notre âme s’épure, l’espérance de notre cœur s’enflamme, et les divines réalités que nous possédons se font sentir à nous dans toute leur puissance ! Conservez en nous ce don précieux de votre bonté toute gratuite, accroissez-le sans cesse, faites qu’il s’épanouisse dans toute sa maturité, au moment solennel qui doit précéder celui où vous vous révélerez à nous face à face.

Nous célébrerons aujourd’hui le mystère de l’Ascension en empruntant la voix d’une de nos Églises les plus septentrionales, tombée, hélas ! Comme toutes ses sœurs de la Suède, sous le joug du luthéranisme. C’est une Séquence tirée du dernier missel d’Abô, dans la Finlande. La composition de cette pièce se rapporte au XIVe ou au XVe siècle.

SÉQUENCE.
Omnes gentes plaudite,
Festos choros ducite,
Christo triumphante ;
Redit cum victoria,
Capta ducens spolia,
Tuba jubilante.
Nations, applaudissez,
menez des chœurs de fête :
le Christ triomphe,
il remonte victorieux,
traînant après lui les dépouilles qu’il a conquises ;
il monte au son joyeux de la trompette.
Papæ ! quam magnificum
Hodie dominicum
Germen gloriatur !
Terrae fructus hodie
Super thronos curiæ
Cœli sublimatur.
Oh ! Quelle gloire
entoure aujourd’hui
le Fils du souverain Seigneur !
Comme il s’élève,
le fruit de la terre,
au-dessus de tous les trônes du ciel.
Intrat tabernaculum
Moyses, et populum
Trahit ad spectaculum
Tantæ virtus rei :
Stant suspensis vultibus,
Intendentes nubibus
Jesum subducentibus,
Viri Galilæi.
De même que Moïse
étant entré dans le Tabernacle,
le peuple est entraîné
à contempler un spectacle si étonnant ;
ainsi les hommes de Galilée
ne peuvent détacher
leurs regards de la nuée
qui leur a soustrait Jésus.
Dum Elias sublevatur,
Elisæo duplex datur
Spiritus et pallium :
Alta Christus dum conscendit,
Servis suis mnas appendit
Gratiarum omnium.
Élie s’élève au ciel,
laissant à Élisée
son double esprit et son manteau ;
le Christ, montant à son tour,
fait part à ses serviteurs
du trésor de ses grâces.
Transit Jacob hunc Jordanem,
Luctum gerens non inanem,
Crucis usus baculo ;
Redit turmis cum duabus,
Angelis et animabus,
Et thesauri sacculo.
Le véritable Jacob a passé le Jourdain,
et à travers la souffrance,
se servant de la croix pour bâton,
aujourd’hui il revient escorté de deux bataillons,
les Anges et les âmes rachetées,
et il porte avec lui le trésor qu’il a conquis.
Hic est fortis,
Qui de mortis
Victor portis
Introit cum gloria ;
Rex virtutum,
Cujus nutum
Et obtutum
Trina tremit regia.
C’est le vaillant
qui, vainqueur
des portes de la mort,
entre avec gloire ;
c’est le Seigneur des armées,
dont un signe,
un regard,
fait trembler le triple univers.
Vocat Pater Filium
Ad consessus solium,
Donec suppedaneos,
Victos vel spontaneos,
Ponat inimicos.
Sedet in altissimis,
Fruitur potissimis ;
Redit ex novissimis,
Judicans ex intimis
Justos et iniquos.
Le Père invite son Fils
à s’asseoir sur le trône
jusqu’à ce qu’il ait réduit,
de gré ou de force,
ses ennemis à lui servir de marchepied.
Le voilà siégeant
au plus haut des cieux,
en possession d’honneurs infinis ;
mais à la fin il doit revenir,
pour juger les bons et les méchants
sur leurs actions même les plus secrètes.
Veni, Deus ultionum,
Veni cum clementia :
Dum sistemur ante thronum
Tua in præsentia :
Mane nobis tunc auditam
Fac misericordiam ;
In perennem transfer vitam
Ad futuram gloriam.
Amen.
Dieu vengeur,
venez avec clémence,
on ce jour où nous serons présentés
en face de votre trône ;
en cette vie, faites-nous goûter
dès le matin votre miséricorde ;
et transportez-nous
bientôt dans la vie éternelle,
pour y prendre part à la gloire future.
Amen.

Nous terminerons, comme les jours précédents, par une des belles prières du Bréviaire mozarabe dans le cours de l’Octave.

CAPITULA.
Domine Jesu Christe, qui sublimius exaltasti thronum tuum in Jerusalem civitatem tuam, quas est utique Ecclesia, dum eam gloriose conquiris et ab ea triumphanter ad Patrem ascendis : dum in assumpto homine Assumptionis tuæ gloriam manifestas : sint ergo in nobis, et vota tibi placita, et opera ipsa accepta ; ut ex hoc tecum possideamus regnum in gloria sempiterna. Amen.Seigneur Jésus-Christ, qui avez élevé avec tant de gloire votre trône dans votre cité de Jérusalem qui est l’Église ; vous qui en avez fait si glorieusement la conquête et qui de son sein vous élevez dans un si beau triomphe jusqu’au Père, et nous manifestez les grandeurs de votre Ascension dans la nature humaine que vous avez revêtue, daignez agréer nos vœux et accepter nos œuvres, afin que nous puissions posséder le royaume avec vous dans la gloire éternelle. Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

L’Octave reprenant la Messe de la Fête, le Bhx Schuster ne donne pas de commentaire propre.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Le Roi de gloire veut entrer.

Nous entendons aujourd’hui l’Apôtre saint Jean et deux autres saints représentant, l’un l’Église d’Occident et l’autre, l’Église d’Orient : saint Grégoire le Grand et saint Grégoire de Nysse, évêque et docteur de l’Église, l’un des trois Cappadociens.

1. L’Ascension du Christ. — Saint Grégoire de Nysse nous offre un exemple classique d’application liturgique d’un psaume à propos du psaume 23. « La solennité de ce jour, déjà assez grande en elle-même, le Prophète David la rend plus grande encore en lui ajoutant la joie tirée des psaumes. En effet, cet illustre Prophète s’élève au-dessus de lui-même, se débarrasse, pour ainsi dire, du poids de son corps, se mêle aux puissances célestes et nous expose leurs voix quand elles accompagnent le Seigneur qui rentre au ciel. Elles commandent aux anges qui séjournent sur la terre et ont été chargés de la direction de la vie humaine, de cette manière : « Princes, élevez vos portes, élevez-vous portes éternelles, et le Roi de gloire fera son entrée ». Le Seigneur, qui contient tout en lui, se laisse mesurer, en quelque lieu qu’il soit, selon l’intelligence de ceux qui le reçoivent (en effet, il ne fut pas seulement un homme parmi les hommes, mais encore, quand il se trouve parmi les anges, il se rabaisse à leur langage). C’est pourquoi, aussi, les gardiens de la porte (du ciel) demandent : « Quel est ce Roi de gloire ? » Ils reçoivent cette réponse et cette indication : « Le Seigneur, le Fort, le Puissant dans le combat ». C’est lui, en effet, qui était destiné à combattre contre celui qui a réduit la nature humaine en servitude et a renversé celui à qui avait été donnée la puissance de la mort. Après avoir triomphé du terrible ennemi, il devait rendre au genre humain la liberté et la paix. Les gardiens des portes s’avancent à sa rencontre, donnent l’ordre de lui ouvrir les portes et lui rendent eux-mêmes l’hommage convenable. Seulement, ils ne le connaissent pas, car il a revêtu l’humble vêtement de notre humanité et parce que Il ses habits, dans le pressoir des souffrances humaines, ont été maculés de sang [53]. C’est pourquoi ils interrogèrent, une seconde fois, l’escorte du Roi qui fait son entrée : « Quel est ce Roi de gloire ? » Mais la réponse n’est plus, cette fois : « Le Seigneur, le Fort, le Puissant dans le combat », mais elle se formule ainsi : « Le Seigneur des armées », celui qui possède la puissance sur tout, qui rassemble et réunit tout sous lui, qui ramène tout à l’état primitif. C’est le « Roi de gloire ».

Saint Grégoire 1er explique l’Évangile de la fête à sa manière directe et simple.

2. Lecture d’Écriture (II Jean). — Cette brève Épître est une lettre pastorale du vieil Apôtre à une Église chrétienne. Jean se nomme « l’Ancien » — « Presbyter » — car il était le seul survivant des Douze. L’Épître contient une recommandation d’amour fraternel et une mise en garde contre les docteurs d’erreur. Jean appelle la communauté « dame », et les chrétiens « ses enfants », car cette Église était l’image de la Mater Ecclesia, l’Épouse du Christ et la Mère des chrétiens. « Ce fut pour moi une grande joie de rencontrer de tes enfants qui marchent dans la vérité, selon le commandement que nous avons reçu du Père. Maintenant, je te prie, Dame, non comme si je te prescrivais un commandement nouveau, car c’est celui que nous avons reçu dès le commencement — aimons-nous les uns les autres. L’amour consiste à marcher selon ses commandements ; et c’est là son commandement, comme vous l’avez appris dès le commencement, de marcher dans la charité. Car plusieurs séducteurs ont paru dans le monde ; ils ne confessent pas que Jésus-Christ est venu dans la chair. Par leur bouche parle le séducteur, l’antéchrist. Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense. Quiconque va au-delà et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, ne possède point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine possède le Père et le Fils ».

[1] Ps. 8, 2.

[2] Ps. 10, 5.

[3] Ps. 18, 7.

[4] Ps. 46, 6.

[5] Comme Électe signifie élue et que saint Jean parle encore d’une autre Électe, sœur de la première, on s’est demandé si ce n’était pas un nom mystique donné à une Église, à celle d’Éphèse, par exemple, ou à celle de Rome, appelée collecta par saint Pierre.

[6] Act. 1, 3.

[7] Act. 1, 9.

[8] Act. 1, 4.

[9] Ps. 67, 35.

[10] Ps. 9, 8.

[11] Ps. 18, 7.

[12] Ps. 20, 14.

[13] Ps. 8, 2.

[14] Ps. 20, 14.

[15] Ps. 29, 1.

[16] Ps. 46, 6.

[17] Ephes. 4, 8 ; cf. Ps. 67, 18-19.

[18] « Le mot captivité peut s’entendre ici des captifs ou de ceux qui tenaient des captifs. Suivant la première acception, le Christ triomphant a emmené avec lui au ciel les Patriarches, les Prophètes et les autres saints, délivrés de la captivité des limbes et devenus les bienheureux captifs du Sauveur. Suivant la seconde, le Christ a rendu captifs le péché, la mort, le démon et l’enfer dont nous étions devenus les captifs. » (Corn. a Lapide).

[19] Ps. 23, 7.

[20] Tob. 12, 20.

[21] Jn. 14, 1.

[22] Jn. 17, 9.

[23] Jn. 16, 7.

[24] Ps. 23, 8.

[25] Jn. 14, 1.

[26] Jn. 15, 26.

[27] Jn. 16, 22.

[28] Jn. 14, 16.

[29] Cf. Is. 63, 2.

[30] Ps. 23, 10.

[31] Ephes. 4, 8.

[32] Ps. 46, 6.

[33] « Quels dieux ? Les idoles n’ont point de vie, les démons ont le sentiment et la vie, mais sont mauvais. Quelle gloire donnons-nous au Sauveur en l’élevant au-dessus des idoles et des démons ? Les démons sont les dieux des nations ; des hommes aussi ont été appelés des dieux. Notre-Seigneur Jésus-Christ est bien supérieur à tous, non seulement aux idoles, non seulement aux démons, mais encore aux hommes justes ; c’est peu encore, il est supérieur à tous les Anges. » (Saint Augustin).

[34] Ps. 96, 9.

[35] Ps. 98, 2.

[36] Ps. 102, 19.

[37] Jn. 20, 17.

[38] Act. 1, 9.

[39] Jn. 14, 16.

[40] Jn. 16, 7.

[41] Gen. 3, 19.

[42] Job. 28, 7.

[43] Ps. 103, 3.

[44] Ps. 103, 3.

[45] Ps. 8, 2.

[46] Ps. 46, 6.

[47] Ps. 67, 19 ; cf. Ephes. 4, 8.

[48] Johan. I, 5.

[49] Ibid. 11.

[50] Matth. XIII.

[51] Johan. V, 4.

[52] De Ascensione Domini, Sermo II. (Sermon lu en partie aux Matines du Vendredi et d Samedi pendant l’Octave.)

[53] Isaïe, LXIII, 2.