Psalmus 2 | Psaume 2 [1] |
Quare fremuérunt gentes : * et pópuli meditáti sunt inánia ? | Pourquoi [2] les nations ont-elles frémi : * et les peuples médité des choses vaines ? |
Astitérunt reges terræ, et príncipes convenérunt in unum * advérsus Dóminum, et advérsus Christum eius. | Les rois de la terre se sont levés, et les princes se sont assemblés * contre le Seigneur et contre son Christ. |
Dirumpámus víncula eórum : * et proiciámus a nobis iugum ipsórum. | Rompons leurs liens : * et jetons loin de nous leur joug [3]. |
Qui hábitat in cælis, irridébit eos : * et Dóminus subsannábit eos. | Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux : * et le Seigneur se moquera d’eux. |
Tunc loquétur ad eos in ira sua, * et in furóre suo conturbábit eos. | Alors [4] Il leur parlera dans sa colère, * et Il les épouvantera dans sa fureur. |
Ego autem constitútus sum rex ab eo super Sion montem sanctum eius, * prǽdicans præcéptum eius. | Pour moi, j’ai été établi Roi par lui sur Sion, sa montagne sainte, * annonçant son décret. |
Dóminus dixit ad me : * Fílius meus es tu, ego hódie génui te. | Le Seigneur m’a dit : * Tu es mon Fils ; je t’ai engendré aujourd’hui [5]. |
Póstula a me, et dabo tibi gentes hereditátem tuam, * et possessiónem tuam términos terræ. | Demande-moi et je te donnerai les nations pour ton héritage, * et pour ton domaine les extrémités de la terre [6]. |
Reges eos in virga férrea, * et tamquam vas fíguli confrínges eos. | Tu les gouverneras avec une verge de fer, * et tu les briseras comme le vase du potier [7]. |
Et nunc, reges, intellígite : * erudímini, qui iudicátis terram. | Et maintenant, ô rois, comprenez : * apprenez, vous qui jugez la terre. |
Servíte Dómino in timóre : * et exsultáte ei cum tremóre. | Servez le seigneur avec crainte : * et réjouissez-vous en lui avec tremblement [8]. |
Apprehéndite disciplínam, nequándo irascátur Dóminus, * et pereátis de via iusta. | Embrassez la doctrine, de peur que le Seigneur ne s’irrite, * et que vous ne périssiez hors de la voie juste [9]. |
Cum exárserit in brevi ira eius : * beáti omnes qui confídunt in eo. | Lorsque bientôt s’enflammera sa colère : * heureux tous ceux qui ont confiance en lui. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] Applications liturgiques. L’Église chante ce psaume aux Matines de Noël et prend pour Antienne le v. 7 : Le Seigneur... le Vendredi-Saint avec l’Antienne : Les rois... du v. 2. A Pâques, elle prend l’Antienne du v. 8, enfin nous le trouvons aux Matines des Saints Martyrs et Confesseurs. (Le P. Emmanuel).
[2] Exclamation dédaigneuse équivalant à : A quoi bon, en vain. — En effet, ils n’ont point accompli ce qu’ils voulaient, qui était d’anéantir Dieu et son Christ. (Saint Augustin). Pourquoi ? A cause de l’opposition qu’il y a en tout homme, entre la loi du péché et la loi du Christ. Dans nos sociétés chrétiennes, le mal se heurte à tout instant à la prédication de l’Évangile, à l’opinion et aux mœurs publiques créées dans ces sociétés par la vie de ceux qui obéissent au Christ. De là sa colère et ses efforts pour détruire le règne du Christ et de Dieu : Rompons leurs liens, et rejetons loin de nous leur joug. (Le P. Hugueny).
[3] Rompons leurs liens : Voilà le vrai motif de cette conjuration. Ils ne veulent ni des liens de la foi pour l’intelligence, ni du joug des commandements pour la volonté. Ces liens cependant sont ceux dont Dieu disait par son prophète : « Je les attirerai par les liens qui captivent les hommes, par les liens de l’amour. » (Osée, XI, 4). Ce joug, ces liens, dit saint Augustin, ne sont pas un poids pour celui qui s’en charge ; ce sont des ailes qui l’aident à voler.
[4] Alors, c’est-à-dire au grand jour du jugement général qui aura déjà été précédé du jugement particulier. Cependant, Dieu n’attend pas toujours cette heure-là, souvent dès ici-bas il châtie les persécuteurs du Christ et de son Église. (Le P. Hugueny).
[5] Ce texte est un de ceux qui indiquent le plus péremptoirement la divinité du Messie (Lesêtre).
[6] Jésus-Christ est proclamé le maître universel des âmes. Il l’était en tant que verbe de Dieu ; mais en tant qu’Homme-Dieu, il a demandé humblement ces âmes à son Père ; la verge de fer est l’image de sa croix.
[7] La comparaison du vase de potier peut-être comprise 1° dans un sens de destruction complète, 2° dans un sens de destruction relative avant la cuisson (Voir Jérémie, XVIII, 1 à 6). Cette dernière explication nous fait songer à la bonté et à la miséricorde du Seigneur, qui nous envoie les épreuves, afin que par l’humiliation et la contrition, nous nous relevions pour nous rapprocher de lui et transforme le vase de notre cœur en un vase d’honneur.
[8] Réjouissez-vous par rapport à lui, mais tremblez par rapport à vous, parce qu’encore que par lui-même il ne veut apporter que du bien, vos crimes et votre malice pourront peut-être l’obliger à vous faire du mal. (Bossuet, 3e Sermon pour Noël).
[9] La voie de la justice, c’est Jésus-Christ ; voie qui seule conduit à la vérité et à la vie.