Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave de la Fête-Dieu. Depuis, au bréviaire, l’Office est réduit à la lecture de l’Écriture occurrente (ancien premier nocturne des Matines), la psalmodie est celle du jour de la semaine et non plus celle du Jour de la Fête.
Nous donnons ici l’Office des Matines avec les deux lectures patristiques propres à chaque jour, et les commentaires habituels.
On trouvera une introduction à l’Octave au Vendredi, et les commentaires généraux sur le jour même de la Fête ici.
Pendant tous les jours de l’Octave, sauf le Dimanche, la Messe est dite comme au jour de la Fête
L’Office est celui de la Fête, sauf les lectures des Matines.
A MATINES
Invitatorium | Invitatoire |
Christum Regem adorémus dominántem Géntibus : * Qui se manducántibus dat spíritus pinguédinem. | Adorons le Christ-Roi, dominateur des nations : * Qui donne à ceux qui le mangent l’abondance de son esprit. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymnus | Hymne [1] |
Sacris solémniis iuncta sint gáudia,
Et ex præcórdiis sonent præcónia ; Recédant vétera, nova sint ómnia, Corda, voces, et ópera. | Qu’à ces solennités sacrées se joignent nos joies,
que du fond des cœurs résonne les louanges ; loin de nous la vétusté, que tout soit nouveau, les cœurs, les voix et les œuvres. |
Noctis recólitur cœna novíssima,
Qua Christus créditur agnum et ázyma Dedísse frátribus, iuxta legítima Priscis indúlta pátribus. | Nous célébrons la mémoire de la dernière cène,
de cette nuit où nous savons que le Christ partagea aux frères l’agneau et les azymes, selon les rites légaux donnée à leurs pères [2]. |
Post agnum týpicum, explétis épulis,
Corpus Domínicum datum discípulis, Sic totum ómnibus, quod totum síngulis, Eius fatémur mánibus. | Après l’agneau figuratif, le repas terminé,
le corps du Seigneur fut donné aux disciples tout entier à tous, tout entier à chacun, par ses mains : c’est notre foi. |
Dedit fragílibus córporis férculum,
Dedit et trístibus sánguinis póculum, Dicens : Accípite quod trado vásculum ; Omnes ex eo bíbite. | Aux faibles, il donna son corps en aliment,
aux tristes, il donna son sang en boisson, disant : Prenez la coupe que je livre ; buvez-en tous. |
Sic sacrifícium istud instítuit,
Cuius offícium commítti vóluit Solis presbýteris, quibus sic cóngruit, Ut sumant, et dent céteris. | C’est ainsi qu’il institua ce sacrifice
dont il a voulu que le ministère fût confié aux seuls prêtres : à eux il appartient de s’en nourrir et d’en donner aux autres. |
Panis Angélicus fit panis hóminum ;
Dat panis cǽlicus figúris términum ; O res mirábilis : mandúcat Dóminum Pauper servus et húmilis. | Le pain des Anges devient le pain des hommes ;
le pain du ciel met fin aux figures ; o prodige admirable : il mange son Seigneur, le pauvre, l’esclave, le tout petit. |
Te, trina Déitas únaque, póscimus ;
Sic nos tu vísita, sicut te cólimus : Per tuas sémitas duc nos quo téndimus, Ad lucem quam inhábitas. Amen. | O Dieu unique et Trine, nous vous le demandons ;
visitez-nous en ce jour où nous vous honorons ; et, par vos sentiers [3], conduisez-nous au but auquel nous tendons, vers la lumière que vous habitez ! Amen. |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. 1 Fructum salutíferum * gustándum dedit Dóminus mortis suæ témpore. | Ant. 1 C’est un fruit apportant le salut * que le Seigneur nous a donné à savourer au temps de sa mort [4]. |
Psaume 1 | |
Ant. 2 A fructu fruménti * et vini multiplicáti fidéles in pace Christi requiéscunt. | Ant. 2 Multipliés par l’abondance du froment * et du vin, les fidèles se reposent dans la paix du Christ [5]. |
Psaume 4 | |
Ant. 3 Communióne cálicis, * quo Deus ipse súmitur, non vitulórum sánguine, congregávit nos Dóminus. | Ant. 3 C’est par la communion au calice * où l’on se nourrit de Dieu lui-même et non par le sang des taureaux, que le Seigneur nous a rassemblés [6]. |
Psaume 15 | |
V/. Panem cæli dedit eis, allelúia. | V/. Il leur a donné le pain du ciel [7], alléluia. |
R/. Panem Angelórum manducávit homo, allelúia. | R/. L’homme a mangé le pain des Anges, alléluia. |
Lectio i | 1ère leçon |
De libro primo Regum. | Du premier Livre des Rois. |
Cap. 6, 19-21 ; 7, 1. | |
Percússit autem de viris Bethsamítibus, eo quod vidíssent arcam Dómini ; et percússit de pópulo septuagínta viros et quinquagínta míllia plebis. Luxítque pópulus, eo quod Dóminus percussísset plebem plaga magna. Et dixérunt viri Bethsamítæ : Quis póterit stare in conspéctu Dómini Dei sancti huius ? et ad quem ascéndet a nobis ? Miserúntque núntios ad habitatóres Cariathíarim et reduxérunt arcam Dómini et intulérunt eam in domum Abínadab in Gábaa ; Eleázarum autem fílium eius sanctificavérunt, ut custodíret arcam Dómini. | Or, le Seigneur frappa des hommes de Bethsamès, parce qu’ils avaient regardé l’arche du Seigneur ; et il frappa d’entre le peuple soixante-dix hommes, et cinquante mille du bas peuple. Et le peuple pleura, parce que le Seigneur avait frappé le peuple d’une grande plaie. Et les hommes de Bethsamès dirent : Qui pourra subsister en la présence du Seigneur, ce Dieu saint ? Et chez qui montera-t- il de chez nous ? Ils envoyèrent donc des messagers aux habitants de Cariathiarim, disant : Les Philistins ont ramené l’arche du Seigneur, descendez et ramenez-la chez vous. Les hommes de Cariathiarim vinrent donc, ramenèrent l’arche du Seigneur, et la transportèrent dans la maison d’Abinadab à Oabaa : mais ils sanctifièrent Eléazar, son fils, afin qu’il gardât l’arche du Seigneur. |
R/. Immolábit hædum multitúdo filiórum Israël ad vésperam Paschæ : * Et edent carnes et ázymos panes. | R/. La multitude des enfants d’Israël immolera un chevreau au soir delà Pâque [8] : * Et ils en mangeront les chairs avec des pains azymes. |
V/. Pascha nostrum immolátus est Christus : ítaque epulémur in ázymis sinceritátis et veritátis. | V/. Notre agneau pascal, le Christ, a été immolé : mangeons-le avec les azymes de la sincérité et de la vérité [9]. |
* Et edent carnes et ázymos panes. | * Et ils en mangeront les chairs avec des pains azymes. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 7, 2-4. | |
Et factum est, ex qua die mansit arca Dómini in Cariathíarim, multiplicáti sunt dies (erat quippe iam annus vigésimus), et requiévit omnis domus Israël post Dóminum. Ait autem Sámuel ad univérsam domum Israël dicens : Si in toto corde vestro revertímini ad Dóminum, auférte deos aliénos de médio vestri Báalim et Astaroth et præparáte corda vestra Dómino et servíte ei soli, et éruet vos de manu Philísthiim. Abstulérunt ergo fílii Israël Báalim et Astaroth, et serviérunt Dómino soli. | Et il arriva que depuis le jour où l’arche du Seigneur demeura à Cariathiarim, les jours se multiplièrent (car c’était déjà la vingtième année), et toute la maison d’Israël se reposa à l’abri du Seigneur. Et Samuel s’adressa à toute la maison d’Israël, disant : Si c’est de tout votre cœur que vous revenez au Seigneur, ôtez d’au milieu de vous les dieux étrangers, les Baalim et les Astaroth, et préparez vos cœurs pour le Seigneur, ne servez que lui, et il vous délivrera de la main des Philistins. Les enfants d’Israël enlevèrent donc les Baalim et les Astaroth, et ne servirent que le Seigneur. |
R/. Comedétis carnes, et saturabímini pánibus : * Iste est panis, quem dedit vobis Dóminus ad vescéndum. | R/. Vous mangerez de la chair, et vous serez rassasiés de pain [10] : * Voici le pain que le Seigneur vous a donné à manger. |
V/. Non Móyses dedit vobis panem de cælo, sed Pater meus dat vobis panem de cælo verum. | V/. Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel [11]. |
* Iste est panis, quem dedit vobis Dóminus ad vescéndum. | * Voici le pain que le Seigneur vous a donné à manger. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 7, 5-8. | |
Dixit autem Sámuel : Congregáte univérsum Israël in Masphath, ut órem pro vobis Dóminum. Et convenérunt in Masphath hauserúntque aquam et effudérunt in conspéctu Dómini et ieiunavérunt in die illa atque dixérunt ibi : Peccávimus Dómino. Iudicavítque Sámuel fílios Israël in Masphath. Et audiérunt Philísthiim quod congregáti essent fílii Israël in Masphath, et ascendérunt sátrapæ Philisthinórum ad Israël. Quod cum audíssent fílii Israël, timuérunt a fácie Philisthinórum. Dixerúntque ad Samuélem : Ne cesses pro nobis clamáre ad Dóminum Deum nostrum, ut salvet nos de manu Philisthinórum. | Or, Samuel dit : Rassemblez tout Israël à Masphath, afin que je prie pour vous le Seigneur. Et ils s’assemblèrent à Masphath ; ils puisèrent de l’eau, et la répandirent en la présence du Seigneur ; ils jeûnèrent aussi en ce jour, et ils dirent là : Nous avons péché contre le Seigneur. Et Samuel jugea les enfants d’Israël à Masphath. Cependant les Philistins apprirent que les enfants d’Israël s’étaient rassemblés à Masphath, et les satrapes des Philistins montèrent vers Israël. Ce qu’ayant appris les enfants d’Israël, ils craignirent à l’aspect des Philistins. Et ils dirent à Samuel : Ne cessez point de crier pour nous vers le Seigneur notre Dieu, afin qu’il nous sauve de la main des Philistins. |
R/. Respéxit Elías ad caput suum subcinerícium panem : qui surgens comédit et bibit : * Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei. | R/. Élie vit auprès de sa tête un pain cuit sous la cendre : se levant, il mangea et but [12] : * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu. |
V/. Si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum. | V/. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement [13]. |
* Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei. Glória Patri. * Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei. | * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu. Gloire au Père. * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Memor sit Dóminus * sacrifícii nostri : et holocáustum nostrum pingue fiat. | Ant. 4 Que le Seigneur se souvienne * de notre sacrifice, et que notre holocauste lui soit agréable [14]. |
Psaume 19 | |
Ant. 5 Parátur * nobis mensa Dómini advérsus omnes, qui tríbulant nos. | Ant. 5 Elle est dressée * pour nous, la table du Seigneur, contre tous ceux qui nous persécutent [15]. |
Psaume 22 | |
Ant. 6 In voce exsultatiónis * résonent epulántes in mensa Dómini. | Ant. 6 Que des accents d’allégresse * retentissent parmi les convives, à la table du Seigneur [16]. |
Psaume 41 | |
V/. Cibávit illos ex ádipe fruménti, allelúia. | V/. Il les a nourris de la fleur du froment [17], alléluia. |
R/. Et de petra, melle saturávit eos, allelúia. | R/. Et pour les rassasier, il a fait sortir le miel de la pierre [18], alléluia. |
Lectio iv | 4e leçon |
Ex libro sancti Ambrósii Epíscopi de Sacraméntis. | Du livre de saint Ambroise, Évêque : Des Sacrements. |
Lib. 4, cap. 4 | |
Auctor sacramentórum quis est, nisi Dóminus Iesus ? De cælo ista sacraménta venérunt. Consílium enim omne de cælo est. Vere autem magnum est et divínum miráculum, quod pópulo pluit Deus manna de cælo, et non laborábat pópulus, et manducábat. Tu forte dicis : Meus panis est usitátus. Sed panis iste, panis est ante verba sacramentórum : ubi accésserit consecrátio, de pane fit caro Christi. Hoc ígitur astruámus. Quómodo potest, qui panis est, corpus esse Chrísti ? Consecratióne. Consecrátio ígitur quibus verbis est, et cuius sermónibus ? Dómini Iesu. Nam réliqua ómnia quæ dicúntur, laudem Deo déferunt, orátio præmíttitur pro pópulo, pro régibus, pro céteris : ubi venítur ut conficiátur venerábile Sacraméntum, iam non suis sermónibus sacérdos, sed útitur sermónibus Christi. | Qui est, sinon le Seigneur Jésus, l’auteur des sacrements ? C’est du ciel que sont venus les sacrements, comme en vient toute miséricorde. Quand, pour son peuple, le Seigneur fit pleuvoir la manne du ciel, ce fut, à vrai dire, un miracle grand et tout divin : sans nul travail, le peuple trouvait sa nourriture. Peut-être allez-vous dire : Ce que je vois là, c’est mon pain ordinaire. Oui, jusqu’aux paroles sacramentelles, ce n’est que du pain, mais dès que la consécration a eu lieu, ce pain devient la chair du Christ. Faisons-en la preuve. Comment du pain peut-il devenir le corps du Christ ? Par la consécration. Au moyen de quelles paroles s’opère la consécration, et qui les prononce ? Ce sont les paroles du Seigneur Jésus. Le reste du sacrifice se compose, en effet, de louanges offertes à Dieu, de prières pour le peuple, pour les rois, et pour d’autres ; mais quand le prêtre en vient à l’accomplissement de l’auguste mystère, il ne se sert plus de ses propres paroles, mais de celles du Christ. |
R/. Cœnántibus illis, accépit Iesus panem, et benedíxit, ac fregit, dedítque discípulis suis, et ait : * Accípite et comédite : hoc est corpus meum. | R/. Pendant qu’ils soupaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples, disant [19] : * Prenez et mangez : ceci est mon corps. |
V/. Dixérunt viri tabernáculi mei : Quis det de cárnibus eius, ut saturémur ? | V/. Les hommes qui demeurent sous ma tente ont dit : Qui nous donnera de nous rassasier de sa chair [20] ? |
* Accípite et comédite : hoc est corpus meum. | * Prenez et mangez : ceci est mon corps. |
Lectio v | 5e leçon |
Ergo sermo Christi hoc cónficit Sacraméntum. Quis sermo Chrísti ? Nempe is, quo facta sunt ómnia. Iussit Dóminus, et factum est cælum : iussit Dóminus, et facta est terra : iussit Dóminus, et facta sunt mária : iussit Dóminus, et omnis creatúra generáta est. Vides ergo quam operatórius sit sermo Christi. Si ergo tanta vis est in sermóne Dómini Iesu, ut incíperent esse quæ non erant ; quanto magis operatórius est, ut quæ erant, in áliud commuténtur ? Cælum non erat, terra non erat. Sed audi dicéntem : Ipse dixit, et facta sunt : ipse mandávit, et creáta sunt. Ergo tibi ut respóndeam, non erat corpus Christi ante consecratiónem ; sed post consecratiónem dico tibi quod iam corpus est Christi. Ipse dixit, et factum est : ipse mandávit, et creátum est. | C’est donc la parole du Christ qui effectue ce sacrement. Quelle est la parole du Christ ? C’est celle « par qui toutes choses ont été faites » [21]. Le Seigneur commanda, et le ciel fut créé ; le Seigneur commanda, et la terre fut faite ; le Seigneur commanda, et les mers sortirent du néant ; le Seigneur commanda, et toute créature prit naissance. Vous voyez donc combien la parole du Christ est puissante et efficace. Si donc il y a dans la parole du Seigneur Jésus tant de force et de vertu qu’elle a donné l’existence aux choses qui n’étaient pas, combien, à plus forte raison, aura-t-elle le pouvoir de changer en d’autres substances, les substances qui existent ! Le ciel n’était pas, la mer n’était pas, la terre n’était pas ; mais écoutez l’Écriture : « Il a dit, et les choses ont été faites ; il a commandé, et elles ont été créées » [22]. Pour vous répondre, je vous dirai donc que ce n’était pas le corps du Christ avant la consécration, mais après la consécration, alors c’est le corps du Christ. Jésus lui-même a parlé, et cela a été fait ; il a commandé, et cela a été réalisé. |
R/. Accépit Iesus cálicem, postquam cœnávit, dicens : Hic calix novum testaméntum est in meo sánguine : * Hoc fácite in meam commemoratiónem. | R/. Jésus prit le calice après avoir soupe, disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang [23] : * Faites ceci en mémoire de moi. |
V/. Memória memor ero, et tabéscet in me ánima mea. | V/. J’en conserverai toujours la mémoire, et mon âme sera comme défaillante d’amour à ce souvenir [24]. |
* Hoc fácite in meam commemoratiónem. | * Faites ceci en mémoire de moi. |
Lectio vi | 6e leçon |
Iam redi mecum ad propositiónem meam. Magnum quidem et venerábile, quod manna Iudǽis pluit e cælo. Sed intéllige quid est ámplius, manna de cælo, an corpus Chrísti ? Corpus Christi útique, qui auctor est cæli. Deínde, manna qui manducávit, mórtuus est : qui manducáverit hoc corpus, fiet ei remíssio peccatórum, et non moriétur in ætérnum. Ergo non otióse, cum áccipis, tu dicis, Amen ; iam in spíritu cónfitens quod accípias corpus Christi. Dicit tibi sacérdos, Corpus Christi ; et tu dicis, Amen, hoc est, Verum. Quod confitétur lingua, téneat afféctus. | Revenez maintenant à ma proposition. Ce fut un grand et vénérable miracle que la manne tombant du ciel pour les Juifs ; mais comprenez quelle est la plus auguste de ces deux grâces de la manne du ciel, ou du corps du Christ. Sans aucun doute c’est le corps du Christ, du Créateur du ciel et de la terre. De plus, ils sont morts, ceux qui mangèrent la manne, mais celui qui aura mangé ce corps obtiendra la rémission de ses péchés et il ne mourra jamais. Ce n’est donc pas sans motif qu’en le recevant vous dites : Amen, professant d’esprit que c’est le corps du Christ que vous recevez. Le Prêtre vous dit : Le corps du Christ ; et vous répondez : Amen, c’est-à-dire : C’est vrai. Ce que votre langue confesse, que votre cœur le conserve. |
R/. Ego sum panis vitæ ; patres vestri manducavérunt manna in desérto, et mórtui sunt [25] : * Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur. | R/. Je suis le pain de vie ; vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts : * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas. |
V/. Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi : si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum. | V/. Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. |
* Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur. Glória Patri. * Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur. | * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas. Gloire au Père. * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas. |
In III Nocturno | Au 3ème Nocturne |
Ant. 7 Introíbo * ad altáre Dei : sumam Christum, qui rénovat iuventútem meam. | Ant. 7 Je viendrai * à l’autel de Dieu, je recevrai le Christ qui renouvelle ma jeunesse [26]. |
Psaume 42 | |
Ant. 8 Cibávit nos Dóminus * ex ádipe fruménti : et de petra, melle saturávit nos. | Ant. 8 Le Seigneur nous a nourris * de la fleur du froment, et pour nous rassasier il a fait sortir le miel de la pierre [27]. |
Psaume 80 | |
Ant. 9 Ex altári tuo, * Dómine, Christum súmimus : in quem cor et caro nostra exsúltant. | Ant. 9 A votre autel, * Seigneur, nous recevons le Christ, en qui exultent notre cœur et notre chair [28]. |
Psaume 83 | |
V/. Edúcas panem de terra, allelúia [29]. | V/. Faites sortir le pain de la terre, alléluia. |
R/. Et vinum lætíficet cor hóminis, allelúia. | R/. Et que le vin réjouisse le cœur de l’homme, alléluia. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem. | Lecture du saint Évangile selon saint Jean. |
Cap. 6, 56-59. | |
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus. Et réliqua. | En ce temps-là : Jésus, dit aux Juifs : Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Et le reste. |
Homilía sancti Hilárii Epíscopi. | Homélie de saint Hilaire, Évêque.. |
Liber 8 de Trinitate, ante medium | |
Non est humáno aut sǽculi sensu in Dei rebus loquéndum. Quæ scripta sunt, legámus, et quæ legérimus, intelligámus ; et tunc perféctæ fídei offício fungémur. De naturáli enim in nobis Christi veritáte quæ dícimus, nisi ab eo díscimus, stulte atque ímpie dícimus. Ipse enim ait : Caro mea vere est esca, et sanguis meus vere est potus. Qui edit carnem meam et bibit sánguinem meum, in me manet, et ego in eo. De veritáte carnis et sánguinis non relíctus est ambigéndi locus. | Il ne faut pas parler des choses de Dieu selon les pensées et les sentiments du monde. Lisons les Écritures, tâchons d’avoir l’intelligence de ce que nous aurons lu, et alors nous remplirons un devoir de foi parfaite. Ce que nous disons de la réelle présence du Christ en nous serait, de notre part, absurde et impie, si Jésus lui-même ne nous l’avait enseigné. Il nous a dit, en effet : « Ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment breuvage. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » [30]. Ces paroles ne laissent pas lieu de mettre en doute la réelle présence de son corps et de son sang. |
R/. Qui mandúcat meam carnem et bibit meum sánguinem, * In me manet, et ego in eo. | R/. Celui qui mange ma chair et boit mon sang [31], * Demeure en moi et moi en lui. |
V/. Non est ália nátio tam grandis, quæ hábeat deos appropinquántes sibi, sicut Deus noster adest nobis. | V/. Il n’est point d’autre nation, si grande qu’elle soit, qui ait des dieux s’approchant d’elle, comme notre Dieu est présent pour nous [32]. |
* In me manet, et ego in eo. | * Demeure en moi et moi en lui. |
Lectio viii | 8e leçon |
Nunc enim, et ipsíus Dómini professióne, et fide nostra, vere caro est, et vere sanguis est. Et hæc accépta atque hausta id effíciunt, ut et nos in Christo, et Christus in nobis sit. An ne hoc véritas non est ? Contíngat plane his verum non esse, qui Christum Iesum verum esse Deum negant. Est ergo in nobis ipse per carnem, et sumus in eo, dum secum hoc quod nos sumus, in Deo est. Quod autem in eo per sacraméntum communicátæ carnis et sánguinis simus, ipse testátur, dicens : Et hic mundus iam me non videt, vos autem me vidébitis : quóniam ego vivo, et vos vivétis : quóniam ego in Patre meo, et vos in me, et ego in vobis. | Notre foi se trouve d’accord avec la divine promesse, pour affirmer que c’est en vérité sa chair et son sang. Lorsque nous avons mangé ce corps et bu ce sang, ils font que nous sommes dans le Christ, et que le Christ est en nous. Ceci n’est-il pas la vérité ? Certes, on ne peut en douter, à moins de nier que Jésus-Christ soit véritablement Dieu. Il est donc lui-même en nous par sa chair ; et nous sommes en lui, tant, qu’avec lui, ce que nous sommes est en Dieu. Que nous sommes en lui quand nous participons au sacrement de son corps et de son sang, lui-même le déclare en disant : « Ce monde ne me verra plus ; mais vous me verrez, parce que je vis et que vous vivez aussi, car je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous » [33]. |
R/. Misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem : * Et qui mandúcat me, vivet propter me. | R/. Mon Père qui vit m’a envoyé, et je vis par mon Père [34] : * Et celui qui me mange vivra aussi par moi. |
V/. Cibávit illum Dóminus pane vitæ et intelléctus. | V/. Le Seigneur l’a nourri du pain de vie et d’intelligence [35]. |
* Et qui mandúcat me, vivet propter me. Glória Patri. * Et qui mandúcat me, vivet propter me. | * Et celui qui me mange vivra aussi par moi. Gloire au Père. * Et celui qui me mange vivra aussi par moi. |
Lectio ix | 9e leçon |
Quod autem in nobis naturális hæc únitas sit, ipse ita testátus est : Qui edit carnem meam et bibit sánguinem meum, in me manet, et ego in eo. Non enim quis in eo erit, nisi in quo ipse fúerit ; eius tantum in se assúmptam habens carnem, qui suam súmpserit. Perféctæ autem huius unitátis sacraméntum supérius iam docúerat, dicens : Sicut me misit vivens Pater, et ego vivo per Patrem ; et qui mandúcat meam carnem, et ipse vivet per me. Vivit ergo per Patrem : et quo modo per Patrem vivit, eódem modo nos per carnem eius vivémus. | Qu’entre nous et lui cette unité soit véritable, il l’a lui-même attesté. « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » [36]. Personne donc ne peut résider en lui sans le posséder en soi, et il n’y a que celui qui mange sa chair qui puisse être fait un avec lui. Déjà il avait enseigné le mystère de cette union : « Comme mon Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis par mon Père, ainsi celui qui mange ma chair vivra aussi par moi » [37]. Donc il vit par le Père, et de même qu’il vit par le Père, ainsi devons-nous vivre par sa chair. |
Te Deum | |
A LAUDES.
Comme au jour de la Fête, ici.
AUX VÊPRES.
Premières Vêpres de l’Octave, comme au jour de la Fête, ici.
Mes jours ont fui comme l’ombre ; mes os, ma chair, mon cœur sont desséchés comme l’herbe des champs, parce que j’ai oublié de manger mon pain ». Ainsi gémit le psaume cent unième, prière du pauvre en son angoisse devant le Seigneur [38]. Ce pauvre, c’est Adam, c’est le genre humain héritier de sa misère. Dieu lui avait donné sa loi pour nourriture, le pain de l’âme, le Verbe de Dieu. Poussé par le serpent, séduit par la femme, il a touché le fruit défendu, oublié le Verbe. Justement donc il a été frappé comme l’herbe des champs ; à bon droit s’est desséché son cœur pour avoir méconnu le fruit de vie, absorbé le poison, préféré la cendre à sa vraie nourriture.
Mais voici qu’apparaît, vrai pain des cieux, Celui dans la chair duquel il t’est loisible de retrouver le Verbe oublié. De l’abîme de ta pauvreté crie vers le ciel ; reviens à ton ancienne abondance. Mange ; car tu es membre de Celui qui a dit : « Je suis le pain vivant descendu du ciel » [39]. Tu avais oublié de manger ton pain ; mais, lui crucifié, « tous les contins de la terre se ressouviendront, toutes les nations se convertiront au Seigneur » [40]. Foin desséché, ta chair [41] reverdira sous le sang du Sauveur [42] ; pareille sera-t-elle à l’herbe sacrée du pré virginal couchée pour toi dans la crèche [43].
Oiseau du désert, hibou gémissant au sein de la nuit dans ta masure en ruines, ton isolement faisait le jouet des puissances ennemies. Mais le Seigneur, Dieu rédempteur, a brisé les fers des captifs. Peuples et rois, rassemblés en Sion, publient son Nom dans l’unité. C’est leur réponse à sa victoire, réponse de force et de grandeur [44]. « Jérusalem notre mère revenue d’exil, entourée de ses fils nombreux, lui répond donc dans l’unité, dit saint Augustin ;qui n’est dans l’unité ne répond pas. Lui le Seigneur est un ; l’Église est unité : à l’un répond seule l’unité » [45]. Et le Seigneur, le chef, la tête de cette unité triomphante qui renverse l’empire de la confusion dans Babylone, répond lui-même à son Père : « Ma louange montera vers vous de la grande assemblée. En leur présence je vous rendrai mes vœux, j’offrirai l’hostie salutaire ; et les pauvres mangeront, et ils seront rassasiés, et leurs cœurs desséchés revivront à jamais » [46].
Gloire au Christ Sauveur, qui nous rend ainsi dans sa chair immolée le pain de vie et d’intelligence [47] ! Corps de Jésus, temple auguste que s’est bâti la Sagesse éternelle ! C’est de son côté [48], violemment ouvert, que sort le fleuve sacré dont les flots portent le Verbe à nos bouches altérées. Visitant la terre, Jésus l’enivre ; il prépare leur nourriture aux fils des hommes. Mais la coupe qu’il présente est celle du Sacrifice, la table qu’il dresse est un autel ; car telle est la préparation de cette nourriture [49] : c’est une victime qui nous donne sa chair à manger, son sang à boire ; l’immolation est donc la préparation directe et nécessaire du banquet où elle se livre aux convives.
Mais eux-mêmes ne sont-ils pas la nourriture du Christ à cette table sacrée ? S’il donne tout ce qu’il est, n’est-ce pas pour tout prendre à son tour en sa faim dévorante ? Quels seront donc, quant à nous, les apprêts du festin, sinon ceux-là mêmes par où il passe ? Ce n’est point une victime, mais des victimes que la Sagesse immole, pour le banquet mystérieux de pain et de vin qu’elle dresse en sa maison [50]. Et le message que, déjà dans la chair, elle dirige aux invités du festin des noces, ne diffère point de celui que portaient ses servantes convoquant les peuples à la citadelle et aux remparts : « Voici que j’ai préparé mon dîner : mes taureaux, mes grasses victimes sont égorgées ; tout est prêt, venez donc maintenant » [51].
Qu’est-ce à dire, sinon que pour les membres eux-mêmes du Christ, qui sont ces victimes nombreuses engraissées de l’Esprit par avance, la vraie préparation immédiate au banquet sacré n’est autre encore que l’immolation, le Sacrifice même, la Messe, célébrée ou suivie dans l’union la plus parfaite possible avec la grande et principale Victime ?
Chrétiens qu’un même amour, qu’une même soif du Dieu fort [52] réunit autour de la table sainte, sachez donc qu’il se donnera à vous d’autant mieux et plus intimement, que ce même Sacrifice qui vous le livre aura fait de vous l’aliment substantiel et parfait de son propre amour. L’heure du Sacrifice est celle où l’Épouse, cueillant son Bien-Aimé sur l’arbre de la Croix comme un bouquet de myrrhe, le place en son sein [53] ; où, dans les délices du cellier royal, se fond en sa bouche la grappe d’Engaddi préparée sous le pressoir de l’amour [54]. Mais c’est l’heure aussi, pour l’Époux, de la moisson et de la vendange ; alors que le vent du midi, l’Esprit qui préside aux Mystères, soufflant de toutes parts sur le jardin qui est l’Épouse pour en faire découler les parfums [55], l’Époux lui-même descend en son jardin pour y manger ses fruits, moissonner sa myrrhe avec ses aromates, et boire le vin dont les délices enivrantes l’ont attiré du ciel en terre [56] : ce vin qui est la substance même de l’Épouse liquéfiée par l’amour [57], vin excellent, digne d’être bu par le Bien-Aimé et savouré à loisir en sa bouche divine [58]. Que l’âme donc se prépare au banquet du Bien-Aimé, par les apprêts du festin que lui-même attend d’elle. Qu’avec lui, dès le matin [59], elle se lève en cette pensée. Recueillant ses puissances, elle visitera diligemment cette terre de son cœur devenue pour Dieu, dans le saint baptême, un domaine plus vaste et plus aimé que toutes les possessions des princes d’ici-bas. Qu’elle descende au jardin [60], qu’elle veille aux suaves parfums des fleurs, à la fraîcheur des lis [61] ; qu’elle coure au champ, rassemblant ses fruits anciens et nouveaux [62] ; qu’elle voie à cette vigne tant prisée de l’Époux qu’il s’en réserve la vendange [63] : qu’elle s’inquiète si les ceps ont fleuri, si les fleurs annoncent des fruits [64] et promettent ces grappes embaumées que l’Époux vient cueillir [65]. Qu’enfin, s’enfermant avec lui dans la maison de sa mère, la sainte Église, elle y reçoive au Sacrifice les leçons de l’amour [66] , et, nouvelle Esther, abreuve à son tour le véritable Assuérus de ce vin généreux dans la chaleur duquel le roi lui livre sa puissance, octroie toutes ses demandes et perd ses ennemis [67].
Ivresse terrible du Dieu fort, dont les retours soudains font trembler l’enfer [68] ! vin mélangé, breuvage exquis [69], dont la composition est le secret de l’Église ! C’est pour cela que l’Épouse, voulant servir au Bien-Aimé le vin qui réjouit son âme et le pain qui conforte son cœur [70], le saisit et l’entraîne à la maison de sa mère [71], et s’enferme avec lui dans l’appartement le plus retiré, dans la chambre même où elle vint au jour [72].
C’est là en effet, dans ce sanctuaire d’amour, que Rébecca, la mère de deux peuples ennemis [73], prépare à son Époux les mets qu’il aime [74], et qui doivent attirer la bénédiction d’Isaac sur le fils de sa préférence. Tandis que, figure du Juif indocile et charnel qui méconnaît l’Église et l’esprit des promesses divines, Esaü s’attarde au dehors à la poursuite d’une proie sauvage, image fidèle de ses instincts farouches, Jacob, le fils doux et soumis, habitant paisible des tentes maternelles [75], prête son concours à la femme forte poursuivant dans la foi l’accomplissement des intentions du ciel. Revêtu par elle des vêtements d’Esaü, insigne du sacerdoce, vêtements précieux du premier-né gardés par la mère, il prend dans le troupeau et immole comme victime deux chevreaux excellents : image à la fois, nous disent les Pères, du Christ par leur douceur [76], et des deux peuples juif et gentil devenus par leur réconciliation dans son sang [77] la nourriture de Dieu [78]. Mais c’est Rébecca qui conduit Jacob, et, recevant de lui la victime égorgée, en fait par ses apprêts intelligents l’aliment délectable : c’est l’Église qui, au Sacrifice, dirigeant le Prêtre et unifiant les peuples, prépare au Seigneur le mets qu’elle sait lui plaire [79].
Déjà le symbole s’était déclaré avec une lumière non moins grande près du chêne de Mambré, sous la tente de l’humanité voyageuse, quand, au nom de sa postérité innombrable, le père des croyants offrit aux trois hôtes divins représentant la Trinité auguste le repas plein d’enseignements profonds raconté dans les saints Livres [80]. Pénétrant le mystère de la trine Unité : « Daigne, Seigneur, dit-il aux trois, te reposer chez ton esclave, et prendre ici quelque nourriture ». Et courant vers sa tente, il dit à Sara : « Pétris promptement trois mesures de farine, et fais des pains cuits sous la cendre ». Époux plein d’égards, observe saint Ambroise, il ne frustre point son épouse de la participation à l’œuvre de religion qu’il veut accomplir, mais divise toutes choses entre lui et la compagne de sa piété, type de l’Église. Que l’homme donc coure au veau gras, et l’immole en figure de la Passion du Seigneur [81] : le rôle de la femme est ici encore de préparer l’homme lui-même comme aliment divin. Les trois mesures de farine signifient, en effet, la triple descendance de Noé formant les trois races dont se compose l’humanité entière [82]. Elles reparaissent, avec le même sens, dans l’Évangile [83] ; et la femme, l’Église, s’y retrouve aussi, pour en faire, en y mêlant le levain du froment sacré [84], l’unique pain du corps entier du Christ, devenu, par cette assimilation mutuelle du Christ et de l’homme au banquet eucharistique, l’aliment de Dieu même et les délices de la Trinité souveraine.
Heureux l’homme, s’écrie saint Ambroise, que savoure et dévore en toute suavité la Sagesse divine [85] ! Mais ce zèle de Dieu, cette chaleur de la foi, cette ferveur de dévotion qui doivent, d’après lui, nous amollir et nous transformer dans le Christ en douce nourriture [86], à qui les demander, par conséquent, sinon à l’Église dont cette préparation est l’œuvre spéciale dans les Mystères sacrés ? Et cette préparation n’étant autre que le Sacrifice même pour le Chef et les membres, le chrétien qui se dispose au banquet divin peut-il avoir rien de mieux à faire que de se laisser docilement conduire par cette Mère des vivants dans sa Liturgie ? Pourrait-il craindre de s’abandonner sans réserve à celle à qui le Christ lui-même s’en est remis entièrement, pour la détermination des règles qui devaient présider à l’administration du Sacrement de son amour, pour l’ordonnance, la solennité, les apprêts, l’accompagnement du Sacrifice dont la Communion est à la fois le complément et le terme glorieux ?
La Communion, tout ce qui précède en cette Octave le démontre suffisamment, n’est point une œuvre de dévotion privée : la dévotion privée ne saurait disposer l’homme comme il convient à cette visite du Seigneur, dont le but est de resserrer toujours plus nos liens avec le Christ chef et tous ses membres, unifiés déjà dans l’immolation même de l’unique et universel Sacrifice à la gloire du Père. La fonction sacrée bien comprise, attentivement suivie, la marche progressive des cérémonies et formules sanctifiées, en ce qu’elles ont d’accessible aux fidèles, est seule de nature à placer complètement l’âme qui soupire vers son Dieu au grand point de vue catholique qui est celui du Seigneur. Que l’âme ne craigne point d’affaiblir ainsi le recueillement, d’attiédir l’amour qu’à bon droit elle veut porter à la table sainte : elle s’y présentera d’autant plus agréable et mieux parée aux regards de l’Époux, que l’égoisme inconscient, l’individualisme étroit, fruits trop fréquents des méthodes particulières, seront plus sûrement bannis de son cœur à la grande école de l’Église et sous l’action puissante de la Liturgie.
Ainsi l’avaient compris les Apôtres et leurs disciples immédiats, fondateurs autorisés des Liturgies du premier âge ; et ils ne craignirent point d’exposer au danger d’un refroidissement la piété des nouveaux convertis, par tout cet appareil de pompes extérieures qu’ils tendirent dès l’origine à rendre comme inséparable de la participation aux sacrés Mystères. Ainsi le pratiquèrent nos aieux les martyrs dans le glorieux secret des catacombes, déployant en ces étroits souterrains des splendeurs que nous ne connaissons plus ; comme Sixte II, le Pontife de Laurent, immolé sur la chaire où il présidait dans la majesté apostolique, entouré des ministres nombreux des fonctions saintes, ils ne craignaient point de braver jusque sous le feu de la persécution les fureurs impériales, pour sauvegarder la solennité des assemblées chrétiennes, où, dans le banquet commun du Pain des forts, se resserrait le lien des âmes et s’animait leur courage. Ainsi continua de faire et fit mieux encore l’Église délivrée, dans l’or et la lumière des basiliques qui remplacèrent les cryptes des cimetières au siècle du triomphe. Les Pères de l’Église et ses Docteurs, tous les Saints des grands âges, ne connurent point d’autre préparation habituelle au divin Sacrement que les magnificences de la Liturgie, les pompes du Sacrifice offert avec le concours de tous et cette participation active du peuple chrétien que nous avons rapportée [87]. Or, il ne paraît point que ce concours obligé, cette dépense extérieure, cette attention soutenue aux rites sacrés, aient gêné leur essor ou frustré le Seigneur. On ne voit nullement que leur compréhension des choses divines en ait été amoindrie, que leur sainteté en ait souffert, ou que la société, dont ils étaient les guides obéis, se soit trouvée plus qu’eux retenue par là dans un état d’enfance qui l’empêche de soutenir toute comparaison avec la nôtre. Faudrait-il croire cependant que l’Église eût été mieux inspirée en les rendant à eux-mêmes, en laissant dans le silence et la paix plus de loisir à leurs méditations ? On n’oserait le dire. Telle n’est pas du moins encore la pensée d’où s’inspira le souffle de foi et de génie qui, dans les XIIIe, XIVe et XVe siècles, lança dans les airs les arceaux et les voûtes de nos cathédrales pour des rites en rapport avec les proportions de ces monuments.
Mais peut-être le temps est-il venu, où, dégagée des sens par les procédés perfectionnés d’une ascèse trop peu connue de l’époque primitive, l’âme humaine n’aura plus besoin désormais, pour aller à Dieu, des secours extérieurs qui purent être utiles aux temps d’Augustin, de Léon le Grand, d’Hildegarde ou de saint Bernard, mais ne sont point nécessaires à la génération spiritualiste dont nous serions les membres fortunés. Jugeons de l’arbre à son fruit [88]. Qu’est-il résulté de l’abandon en ce point des voies tracées par l’Église et suivies par nos pères ?
Le XVIe siècle avait vu l’enfer triompher sur les ruines fumantes des autels renversés dans l’Allemagne, l’Angleterre et les pays du Nord ; le délaissement des solennités liturgiques amenait chez plus d’un fidèle, aux siècles suivants, l’amoindrissement et l’oubli de la notion du Sacrifice même. L’auguste mystère eucharistique devait en venir à se résumer, pour plus d’une âme pieuse, dans la divine présence du Seigneur demeurant au milieu des siens pour recevoir leurs visites particulières, et descendre lui-même en eux par la Communion à des intervalles plus ou moins rapprochés. Mais le Christ immolé par le glaive des paroles redoutables, expiant encore les crimes des hommes, rendant au nom de tous à son Père les grands devoirs communs d’adoration et d’action de grâces, sauvant chaque jour le monde de la malédiction par les supplications enflammées de notre mère l’Église, devenues les siennes au grand Sacrifice : la Messe, en un mot, dit beaucoup moins au cœur de ces chrétiens fervents que l’Exposition, la Bénédiction, le Salut solennel, ou même parfois une simple visite bien privée et bien silencieuse au divin Sacrement. La Messe n’est pour eux qu’une condition préliminaire à tout le reste, ayant pour but de produire le Seigneur en sa présence réelle. Aussi, contre les règles même établies par l’Église, préféreront-ils de beaucoup à toute autre celle qui sera célébrée devant le Très Saint Sacrement exposé, comme mettant par avance sous leurs yeux tout ce qu’ils en attendent. Hormis ce cas, ils abandonnent volontiers la Grand’ Messe au peuple chrétien, comme trop distrayante ; ou bien on les voit, ne soupçonnant même pas les effets puissants de salut que produirait en eux la force incommunicable de la Liturgie, demander religieusement à de pieuses lectures des considérations qui ne dépassent jamais l’homme qui les inspire. Le signal de la clochette annonçant l’élévation de l’Hostie salutaire n’est pour eux que le signal de la simple arrivée du Seigneur ; ils adorent, mais sans songer à s’unir à la Victime, sans s’immoler avec l’Église aux grandes intentions catholiques dont le double Cycle, en sa variété, ramène chaque année l’expression fidèle. S’ils doivent communier ce jour-là, peut-être laisseront-ils alors de côté le livre pieux qui les tenait saintement occupés en leur intérieur, pour s’entretenir doucement dans les émotions plus ou moins factices qu’ils y ont puisées : jusqu’au moment où, reçus à la table sainte de l’unité, le Christ devra chercher dans la grâce lointaine de leur baptême, bien plus que dans leurs affections ou pensées du moment, cette indispensable qualité de membre de l’Église que la Communion requiert sur toutes autres et vient surtout affermir.
Est-il donc surprenant qu’en un grand nombre d’âmes, la Religion, dont la vraie base est le Sacrifice, ne repose plus bientôt que sur un sentimentalisme vague, sous l’influence duquel s’effacent toujours plus chaque jour les notions fondamentales du domaine divin, de la justice souveraine, du culte proprement dit par la réparation, le service et l’hommage, qui sont nos premiers devoirs envers la suprême Majesté ? D’où vient, chez tant de chrétiens qui se confessent et communient, cette faiblesse de la foi, cette absence totale de la notion pratique de l’Église, qui s’est révélée si douloureusement au cœur des Pasteurs à l’époque du Concile ? sinon de ce que le culte ayant perdu pour eux, avec les pompes de la Liturgie qu’ils ne connaissent plus, son caractère social, la Communion elle-même a perdu son vrai sens, et laisse dans leur isolement satisfait ces hommes pour qui elle n’est plus le lien d’unité, par le Christ Chef, avec le corps entier dont ils sont devenus les membres au baptême. En dehors même de ces catholiques de nom, pour qui l’Église semble n’être plus déjà qu’un terme d’histoire incompris, est-il bien des âmes admises à la Communion fréquente ou de tous les jours, qui comprennent aujourd’hui cet axiome de saint Augustin : L’Eucharistie est notre pain quotidien, parce que la vertu qu’elle signifie est l’unité, santé du corps et des membres [89] ?
Reprenant, au XIIe siècle, contre de nouveaux adversaires du Sacrement divin, la plume deux fois déjà victorieuse des fils de saint Benoît [90], Alger, moine de Cluny, exprimait cette vérité toujours la même dans un livre en tout digne de ses devanciers, et dont le caractère dogmatique excluait l’hyperbole. « Le mystère de la vraie chair du Christ au Sacrement de l’autel, disait-il, ne profite qu’à ceux qui, dans le même Sacrement, reçoivent aussi le mystère de ses membres, à savoir la société du corps entier qui est l’Église ; parce que, de même que la tête est sans influence vitale, séparée du corps, ainsi le Christ ne communique à personne la vie sans l’unité du corps de l’Église : inséparable de son corps mystique, le Christ n’est vraiment reçu dans son Sacrement qu’il ne le soit tout entier » [91].
Doctrine profonde, faisant pénétrer la grandeur du spectacle qu’offrait autrefois l’immense assemblée des fidèles, concluant la solennité des rites imposants du Sacrifice par la Communion non moins solennelle de tous à la grande Victime ! Cet unanime concours des baptisés à la table sainte est loin d’une génération perdue par l’immoralité, le doute, et la peur lâche du respect humain. D’autre part, ceux-là mêmes de ses enfants dont l’assiduité fervente au banquet divin console l’Église de la désertion du plus grand nombre, ne peuvent toujours attendre, pour s’approcher du Sacrement auguste, l’heure trop tardive de la Messe solennelle qui les placerait mieux dans l’esprit du mystère, et répondrait davantage aux désirs de l’Église.
Ils en sont le plus souvent empêchés par leur santé ou d’autres considérations dont nous ne prétendons point contester la valeur ; et cette tendre Mère comprend elle-même les impossibilités qui s’opposeraient au retour quelque peu général, en ce point, de l’ancienne coutume. Ce n’est pas néanmoins sans jeter un regard de regret sur ces temps heureux, où chaque fidèle ne manquait point de participer sacramentellement au Sacrifice célébré dans l’assemblée commune [92]. Toutefois, et sans même leur en faire un commandement exprès, elle ne formule en ce sens d’intentions précises qu’à l’égard des ministres mêmes du Sacrifice. « Qu’ils sachent », leur dit-elle dans le saint concile de Trente, « qu’il serait d’une convenance souveraine qu’au moins les jours des Dimanches et des fêtes, ils reçussent la sainte Communion de l’autel où ils remplissent leur ministère » [93]. Résumant enfin, mieux que nous ne saurions le faire et avec l’autorité même de l’Esprit-Saint, l’enseignement traditionnel que nous nous sommes efforcés de rappeler aux fidèles en ces jours, les Pères de Trente s’expriment ainsi dans la session XIIIe : « Le saint concile, de toute son affection paternelle, avertit, exhorte, prie et conjure par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu tous ceux qui portent le nom de chrétiens et chacun d’eux, de se réunir enfin unanimement dans ce signe de l’unité, dans ce lien de la charité, dans ce symbole de la concorde. Qu’ils aient souvenir de la souveraine majesté, de l’ineffable amour de Jésus-Christ notre Seigneur, qui, livrant sa précieuse vie pour prix de notre salut, nous a donné sa chair en nourriture. Qu’ils croient et confessent avec une telle constance et fermeté ces sacrés Mystères de son Corps et de son Sang, qu’ils les honorent et révèrent avec tant de dévouement et d’amour qu’ils puissent recevoir fréquemment ce pain au-dessus de toute substance. Puisse-t-il être pour eux la vraie vie, la santé perpétuelle de l’âme ! Qu’ainsi confortés par sa vigueur, ils passent du pèlerinage de cette terre malheureuse à la patrie des cieux, pour y manger sans voiles ce même pain des Anges qui les nourrit ici-bas sous le voile sacré des espèces » [94].
L’Église d’Arménie chante aujourd’hui encore, pendant la Communion, un cantique admirable qui fera dignement suite aux appels sublimes que nous adressait hier l’antique foi des Églises de l’Irlande et des Gaules.
DUM COMMUNICANT QUI DIGNI SUNT, Chorus modulatur hoc Canticum.
Mère de la foi, ô Église, théâtre sacré des noces mystérieuses, lit nuptial sublime, demeure de l’Époux immortel qui t’a parée pour l’éternité !
Tu es un second Ciel admirable qui s’élève de gloire en gloire. Tu nous enfantes comme la lumière, dans le baptême où nous devenons tes fils.
Tu distribues le pain de pureté, tu donnes à boire ce sang redoutable : il est à toi ; par lui tu nous entraines aux sphères incréées du monde des esprits.
Venez, enfants de la nouvelle Sion, approchez-vous, dans la sainteté, du Seigneur. Goûtez et voyez combien est doux le Seigneur notre Dieu, le Dieu des vertus.
L’ancienne Sion divisa le Jourdain, et toi la mer des péchés du monde ; elle eut Josué pour chef illustre, et toi Jésus consubstantiel au Père.
L’ancienne fut ta figure, mais ton autel est supérieur. Elle a brisé les portes de diamant, mais toi celles de l’enfer sur leurs fondements terribles.
Ce pain est le corps du Christ, cette coupe contient le sang de la nouvelle Alliance. Le mystère caché se déclare à nos âmes : en lui se manifeste Dieu même.
C’est ici le Christ, Dieu Verbe assis à la droite du Père, tandis qu’immolé sous nos yeux, il ôte les péchés du monde.
Béni soit-il à jamais comme le Père et l’Esprit, maintenant et toujours plus à l’avenir, et sans fin dans les siècles !
Au moment de la Communion, le dialogue suivant s’établit dans l’Église syrienne entre le prêtre et le Diacre.
DUM CALIX CIRCUFERTUR
Saint, Saint, Saint vous êtes, ô Seigneur, crie l’Église. Béni soit celui qui m’a livré son Corps et son Sang, pour que par lui j’obtienne grâce.
Le Diacre. Alléluia, Alléluia. Gloire à celui qui m’a donné son Corps et son Sang où réside la vie, pour que par lui j’obtienne grâce.
Le Prêtre. Seigneur, au jour du jugement, que vos Mystères supplient pour nous devant le tribunal redoutable et terrible.
Le Diacre. Alléluia. Alléluia. Gloire à celui dont l’Église s’abreuve avec ses fils, chantant sa louange.
Le Prêtre. Alléluia. Alléluia. A lui soit gloire, lui dont le Corps est notre aliment et le Sang notre breuvage pour la rémission des péchés.
Le Diacre. Quand le feu voit ce Corps, il est dans la crainte ; et voici que les hommes le portent solennellement sur leurs mains.
Le Prêtre. Alléluia. Alléluia. A lui soit gloire, lui qui jeûna et qui pria, lui qui nous enseigne à prier.
Le Diacre. C’est là le calice dont le Seigneur composa le mélange au sommet de la croix. Approchez, mortels : buvez-en pour la rémission de vos fautes
Le Prêtre. Alléluia. Alléluia. Et gloire à celui dont s’abreuvent les brebis du Fils en s’y purifiant.
Le Diacre. Frères, prenez le Corps du Fils, crie l’Église, buvez son Sang avec foi et chantez-lui gloire.
Le Prêtre. Alléluia. Alléluia. Et gloire à celui dont se nourrit l’Église avec ses fils, lui chantant des psaumes.
Le Diacre. Je suis le pain de vie, a dit notre Seigneur ; quiconque me mangera avec foi possédera la vie.
Le Prêtre. Alléluia. Alléluia. Et gloire à celui dont nous avons pris le calice, entrant par lui en possession d’une vie nouvelle.
Le Diacre. Seigneur, que les morts qui ont mangé votre Corps et bu votre Sang, éprouvent votre Clemenceau jour du jugement, quand vous paraîtrez.
Recevez, ô vous notre Seigneur, les offrandes de vos adorateurs et, dans votre miséricorde, pardonnez à leurs morts.
Faisons un dernier emprunt à la Liturgie des Constitutions apostoliques (Livre VIIIe). La formule suivante d’Action de grâces après la Communion, manifestera l’esprit de l’Église et ce qu’elle attend de nous en cet instant solennel. Elle s’y montre préoccupée sur toute chose des grands intérêts de l’Époux. Dans cette extase de son amour, dans ce moment d’union si intime avec le Seigneur, elle s’efforce d’arracher ses fils aux pensées mesquines, aux intentions trop exclusivement personnelles d’une dévotion privée hors de saison dans ces grands Actes de la vie chrétienne, qui sont le Sacrifice et la Communion à la Victime universelle. A peine donc est achevée la distribution des espèces sacrées, que le Diacre s’écrie : « Surgamus, Levons-nous » ; et tous, debout, s’unissent à la prière que prononce le Pontife.
INVOCATIO POST COMMUNIONEM.
Seigneur Dieu tout-puissant, Père de votre Christ et béni Fils ; exauçant qui vous invoque dans la droiture, connaissant la prière même de qui se tait : nous vous rendons grâces de nous avoir jugés dignes d’être admis à la participation de vos saints Mystères. Vous nous les avez donnés comme l’affermissement de la foi, la garde de l’amour, la remise des péchés ; car le nom de votre Christ a été invoqué sur nous, et nous sommes devenus vos familiers.
O vous qui nous avez séparés de la communion des impies, unissez-nous à ceux qui vous sont consacrés, fixez-nous dans la vérité par votre Esprit-Saint, dissipez nos ignorances, suppléez aux lacunes, confirmez les notions acquises.
Conservez les prêtres sans reproche dans votre service. Gardez les rois dans la paix, les magistrats dans la justice, les saisons dans l’équilibre, les récoltes dans l’abondance, le monde dans la main de votre toute-puissante providence. Apaisez les nations belliqueuses. Convertissez ceux qui sont dans l’erreur. Sanctifiez votre peuple ; conservez les vierges ; gardez la fidélité des époux, la force des continents ; conduisez les enfants à l’âge mûr ; affermissez les nouveaux baptisés ; instruisez les catéchumènes, rendez-les dignes de l’initiation ; et rassemblez-nous tous au royaume des cieux, dans le Christ Jésus notre Seigneur :
Avec qui soit à vous et au Saint-Esprit gloire, honneur, adoration dans les siècles. Amen.
L’Octave reprenant la Messe de la Fête, le Bhx Schuster ne donne pas de commentaire propre. On trouvera ses commentaires sur la Messe ici
La manne de la Nouvelle Alliance.
1. La prière des Heures. — Nous lisons un passage du célèbre livre de saint Ambroise sur les sacrements (ce sont des prédications aux catéchumènes). « Qui est l’auteur des sacrements, sinon le Seigneur Jésus ? C’est du ciel que vinrent les sacrements. Car tout le dessein vient du ciel. Ce fut vraiment un grand et divin miracle quand Dieu fit pleuvoir la manne du ciel et que, sans avoir besoin de travailler, le peuple trouva sa nourriture. Tu dis peut-être : mon pain à moi est ordinaire. Mais ce pain n’est du pain qu’avant les paroles sacramentelles. Dès qu’a lieu la consécration, ce pain devient la chair du Christ. Il nous faut expliquer cela. Comment peut-il se faire que ce qui est pain soit la chair du Christ ? Par la Consécration. Par quels mots et par quelles paroles se fait la consécration ? Par les paroles de Jésus-Christ. Tout le reste (dans la messe) est une louange de Dieu : auparavant, on fait une prière pour le peuple, les princes et les autres. Mais quand vient le moment d’accomplir le vénérable sacrement, le prêtre n’emploie plus ses propres paroles, mais les paroles du Christ. C’est donc la parole du Christ qui accomplit le sacrement. Qu’est donc la parole du Christ ? Sans aucun doute, celle par laquelle tout a été fait. Le Seigneur commanda et le ciel fut ; le Seigneur commanda et la terre fut ; le Seigneur commanda et il y eut des mers ; le Seigneur commanda et toute la création fut faite. Tu vois donc combien efficace est la parole du Christ. Or, s’il y a une telle force dans la parole de Jésus que ce qui n’était pas commence d’être, combien ne sera-t-elle pas plus efficace encore quand il s’agit de changer ce qui est déjà dans une autre chose ! Le ciel n’était pas ; la mer n’était pas ; la terre n’était pas. Mais écoute celui qui dit : Il dit et ce fut fait... Ainsi donc pour te répondre : le pain n’était pas le corps du Christ avant la consécration, mais, après la consécration, je te dis que c’est le corps du Christ. Il dit et cela se fait ; il ordonna et ce fut créé... Toi-même tu étais, mais tu étais une ancienne créature. Après avoir été sanctifié, tu as commencé à être une nouvelle créature. Chacun, est-il écrit, est dans le Christ une nouvelle créature... C’est quelque chose de grand et de vénérable que la manne soit tombée du ciel pour les Juifs. Mais examine ce qui est le plus grand, la manne du ciel ou le corps du Christ ? C’est assurément le corps du Christ, qui est l’auteur du ciel. Ensuite, celui qui a mangé de la manne est mort ; mais celui qui mange ce corps reçoit la rémission des péchés et ne mourra pas éternellement. C’est pourquoi ce n’est pas en vain que tu dis en le recevant : Amen. Le prêtre te dit : Le corps du Christ et tu dis : Amen, c’est-à-dire : c’est vrai. Ce que la langue confesse, que le cœur le garde ! »
2. Lecture d’Écriture (1 Rois, chap. 7). — Samuel rassembla le peuple et célébra avec lui une cérémonie de pénitence. Samuel dit : « Assemblez tout Israël à Maspha, et je prierai le Seigneur pour vous. Et ils s’assemblèrent à Maspha. Ils puisèrent de l’eau qu’ils répandirent devant le Seigneur et ils jeûnèrent ce jour-là en disant : « Nous avons péché contre le Seigneur ». Et Samuel jugea les enfants d’Israel à Maspha. Les Philistins apprirent que les enfants d’Israël s’étaient rassemblés à Maspha, et les princes des Philistins montèrent contre Israël. Les enfants d’Israël l’apprirent et eurent peur des Philistins. Ils dirent à Samuel : « Ne cesse pas de crier vers le Seigneur, notre Dieu, afin qu’il nous sauve de la main des Philistins ». Samuel prit un agneau de lait et l’offrit tout entier au Seigneur en holocauste ; et Samuel cria vers le Seigneur pour Israël ; et le Seigneur l’exauça. Pendant que Samuel offrait l’holocauste, les Philistins commencèrent le combat avec Israël. Mais le Seigneur fit retentir, en ce jour-là, le tonnerre avec un grand bruit sur les Philistins ; il les mit en déroute et ils furent battus par Israël.
[1] St Thomas d’Aquin.
[2] de l’ancienne alliance.
[3] Puisque les voies que vous avez choisies pour venir et fixer votre séjour au milieu de nous sont celles de l’amour, du sacrifice et de l’anéantissement, que nous n’en suivions pas d’autres pour arriver, sous votre conduite, au but auquel nous tendons, à la lumière que vous habitez. (L’abbé Pimont.)
[4] Ps. 1, 3.
[5] Ps. 4, 8.
[6] Heb. 9, 12.
[7] Ps. 77, 24.
[8] Ex. 12, 6.
[9] I Cor. 5, 7.
[10] Ex. 16, 12.
[11] Jn. 6, 32.
[12] III Reg. 19, 6.
[13] Jn. 6, 52.
[14] Ps. 19, 4.
[15] Ps. 22, 5.
[16] Ps. 41, 5.
[17] Ps. 80, 17.
[18] De miel sauvage déposé par les abeilles dans le creux des rochers.
[19] Matth. 26, 26.
[20] Job. 31, 31.
[21] Jn. 1, 3.
[22] Ps. 32, 9.
[23] Luc. 22, 20.
[24] Lament. 3, 20.
[25] Jn. 6, 48.
[26] Ps. 42, 4.
[27] Ps. 80, 17.
[28] Ps. 83, 3.
[29] Ps. 103, 4.
[30] Jn. 6, 56.
[31] Jn. 6, 57.
[32] Deut. 4, 7.
[33] Jn. 14, 19.
[34] Jn. 6, 58.
[35] Eccli. 15, 3.
[36] Jn. 6, 57.
[37] Jn. 6, 58.
[38] Psalm. CI, 1.
[39] Johan. VI, 51.
[40] Psalm. XXI, 28.
[41] Isai XL, 6-8.
[42] Aug. in Ps. CI.
[43] Bernard. Ad mil. templ. VI.
[44] Psalm. CI, 24.
[45] In Psalm. CI.
[46] Psalm. XXI, 23-27.
[47] Eccli. XV, 3.
[48] Ezech. XLVII, 2.
[49] Psalm LXIV, 10.
[50] Prov. IX, 2.
[51] Matth. XXII, 4.
[52] Psalm. XLI, 3.
[53] Cant. I, 12.
[54] Ibid. I, 3, 15 ; II, 3-4.
[55] Ibid. IV, 16.
[56] Ibid. V, 1.
[57] Ibid. 6.
[58] Ibid. VII, 9.
[59] Ibid. 12.
[60] Ibid. VI, 10.
[61] Ibid. II, 16.
[62] Cant. VII, 11, 13.
[63] Ibid. VIII 11-12.
[64] Ibid. VII, 12.
[65] Ibid. 7-8.
[66] Ibid. VIII, 2.
[67] Esth. V, 4-8 ; VII, 1-10.
[68] Psalm. LXXVII, 65-66.
[69] Cant. VIII, 2.
[70] Psalm. CIII, 14.
[71] Cant. VIII, 2.
[72] Ibid. III, 4.
[73] Gen. XXV, 23.
[74] Ibid. XXVII, 14.
[75] Gen. XXV, 27.
[76] Ambr. De Jacob et vit. beat. Lib. II, c. 2.
[77] Eph. II, 11-16.
[78] Comm. in Gen. Lib. II, ap. Euch.
[79] Gen. XXVII.
[80] Ibid. XVIII, 1-9.
[81] Ambr. De Abr. Lib. I, c. 5.
[82] Ap. Euch. Comm. in Gen. Lib. II.
[83] Matth. XIII, 33.
[84] Johan. XII, 24 ; Ap. Ambr. Serm. XIII.
[85] In Psalm. CXVIII, Serm. 18.
[86] Ibid.
[87] Cf. Commentaires du jour de la Fête-Dieu.
[88] Luc. VI, 44.
[89] Aug. Serm. 57, 137.
[90] Saint Paschase Radbert et Lanfranc, contre Scot Erigène et Bérenger.
[91] De Sacram. Corp. et Sang. Dom. Lib. I, C. 3.
[92] Sessio XXII, De sacrif. Miss. c. 6.
[93] Sess. XXIII, De Reform. c. 13. Cf. Pontificale Romanum, De Ordinibus conferendis ; Caeremoniale Episcoporum, II, XXXI, 5.
[94] Sessio XIII, de Euchar. c. 8.