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Samedi dans l’Octave de la Fête-Dieu (avant 1955)

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l'Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave de la Fête-Dieu. Depuis, au bréviaire, l’Office est réduit à la lecture de l’Écriture occurrente (ancien premier nocturne des Matines), la psalmodie est celle du jour de la semaine et non plus celle du Jour de la Fête.

On trouvera une introduction à l’Octave au Vendredi, et les commentaires généraux sur le jour même de la Fête ici.

Nous donnons ici l’Office des Matines avec les deux lectures patristiques propres à chaque jour, et les commentaires habituels.

Textes de la Messe

Pendant tous les jours de l’Octave, sauf le Dimanche, la Messe est dite comme au jour de la Fête

Office

L’Office est celui de la Fête, sauf les lectures des Matines.

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Christum Regem adorémus dominántem Géntibus : * Qui se manducántibus dat spíritus pinguédinem. Adorons le Christ-Roi, dominateur des nations : * Qui donne à ceux qui le mangent l’abondance de son esprit.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne [1]
Sacris solémniis iuncta sint gáudia,
Et ex præcórdiis sonent præcónia ;
Recédant vétera, nova sint ómnia,
Corda, voces, et ópera.
Qu’à ces solennités sacrées se joignent nos joies,
que du fond des cœurs résonne les louanges ;
loin de nous la vétusté, que tout soit nouveau,
les cœurs, les voix et les œuvres.
Noctis recólitur cœna novíssima,
Qua Christus créditur agnum et ázyma
Dedísse frátribus, iuxta legítima
Priscis indúlta pátribus.
Nous célébrons la mémoire de la dernière cène,
de cette nuit où nous savons que le Christ
partagea aux frères l’agneau et les azymes,
selon les rites légaux donnée à leurs pères [2].
Post agnum týpicum, explétis épulis,
Corpus Domínicum datum discípulis,
Sic totum ómnibus, quod totum síngulis,
Eius fatémur mánibus.
Après l’agneau figuratif, le repas terminé,
le corps du Seigneur fut donné aux disciples
tout entier à tous, tout entier à chacun,
par ses mains : c’est notre foi.
Dedit fragílibus córporis férculum,
Dedit et trístibus sánguinis póculum,
Dicens : Accípite quod trado vásculum ;
Omnes ex eo bíbite.
Aux faibles, il donna son corps en aliment,
aux tristes, il donna son sang en boisson,
disant : Prenez la coupe que je livre ;
buvez-en tous.
Sic sacrifícium istud instítuit,
Cuius offícium commítti vóluit
Solis presbýteris, quibus sic cóngruit,
Ut sumant, et dent céteris.
C’est ainsi qu’il institua ce sacrifice
dont il a voulu que le ministère
fût confié aux seuls prêtres : à eux il appartient
de s’en nourrir et d’en donner aux autres.
Panis Angélicus fit panis hóminum ;
Dat panis cǽlicus figúris términum ;
O res mirábilis : mandúcat Dóminum
Pauper servus et húmilis.
Le pain des Anges devient le pain des hommes ;
le pain du ciel met fin aux figures ;
o prodige admirable : il mange son Seigneur,
le pauvre, l’esclave, le tout petit.
Te, trina Déitas únaque, póscimus ;
Sic nos tu vísita, sicut te cólimus :
Per tuas sémitas duc nos quo téndimus,
Ad lucem quam inhábitas.
Amen.
O Dieu unique et Trine, nous vous le demandons ;
visitez-nous en ce jour où nous vous honorons ;
et, par vos sentiers [3], conduisez-nous au but auquel nous tendons,
vers la lumière que vous habitez !
Amen.
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. 1 Fructum salutíferum * gustándum dedit Dóminus mortis suæ témpore.Ant. 1 C’est un fruit apportant le salut * que le Seigneur nous a donné à savourer au temps de sa mort [4].
Psaume 1
Ant. 2 A fructu fruménti * et vini multiplicáti fidéles in pace Christi requiéscunt.Ant. 2 Multipliés par l’abondance du froment * et du vin, les fidèles se reposent dans la paix du Christ [5].
Psaume 4
Ant. 3 Communióne cálicis, * quo Deus ipse súmitur, non vitulórum sánguine, congregávit nos Dóminus.Ant. 3 C’est par la communion au calice * où l’on se nourrit de Dieu lui-même et non par le sang des taureaux, que le Seigneur nous a rassemblés [6].
Psaume 15
V/. Panem cæli dedit eis, allelúia.V/. Il leur a donné le pain du ciel [7], alléluia.
R/. Panem Angelórum manducávit homo, allelúia.R/. L’homme a mangé le pain des Anges, alléluia.
Lectio i1ère leçon
De libro primo Regum.Du premier Livre des Rois.
Cap. 3, 1-7.
Puer autem Sámuel ministrábat Dómino coram Heli, et sermo Dómini erat pretiósus in diébus illis : non erat vísio manifésta. Factus est ergo in quadam, Heli iacébat in loco suo, et óculi eius caligáverant, nec póterant vidére. Lucérna Dei ántequam exstinguerétur, Sámuel dormiébat in templo Dómini, ubi erat arca Dei. Et vocávit Dóminus Sámuel, qui respóndens ait : Ecce ego. Et cucúrrit ad Heli et dixit : Non vocávi : revértere et dormi. Et ábiit et dormívit. Et adiécit Dóminus rursum vocáre Samuélem. Consurgénsque Sámuel ábiit ad Heli, et dixit : Ecce ego, quia vocásti me. Qui respóndit : Non vocávi te, fili me : revértere et dormi. Porro Sámuel necdum sciébat Dóminum, neque revelátus fúerat ei sermo Dómini.Or, l’enfant Samuel servait le Seigneur devant Héli, et la parole du Seigneur était précieuse en ces jours-là ; il n’y avait pas de vision manifeste. Il arriva donc un certain jour qu’Héli était couché en son lieu (or ses yeux étaient obscurcis, et il ne pouvait pas voir) ; avant que la lampe de Dieu fût éteinte, Samuel dormait dans le temple du Seigneur où était l’arche de Dieu. Et le Seigneur appela Samuel, qui répondant, dit : Me voici. Alors il courut à Héli et dit : Me voici ; car vous m’avez appelé. Héli répondit : Je ne t’ai pas appelé : retourne-t’en, et dors. Et il s’en alla, et il dormit. Mais le Seigneur recommença à appeler de nouveau Samuel. Et Samuel se levant, s’en alla vers Héli et dit : Me voici, parce que vous m’avez appelé. Et Héli répondit : Je ne t’ai pas appelé, mon fils, retourne-t’en et dors. Or, Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas été révélée.
R/. Immolábit hædum multitúdo filiórum Israël ad vésperam Paschæ : * Et edent carnes et ázymos panes.R/. La multitude des enfants d’Israël immolera un chevreau au soir delà Pâque [8] : * Et ils en mangeront les chairs avec des pains azymes.
V/. Pascha nostrum immolátus est Christus : ítaque epulémur in ázymis sinceritátis et veritátis.V/. Notre agneau pascal, le Christ, a été immolé : mangeons-le avec les azymes de la sincérité et de la vérité [9].
* Et edent carnes et ázymos panes. * Et ils en mangeront les chairs avec des pains azymes.
Lectio ii2e leçon
Cap. 3, 8-12.
Et adiécit Dóminus et vocávit adhuc Samuélem tértio, qui consúrgens ábiit ad Heli et ait : Ecce ego, quia vocásti me. Intelléxit ergo Heli quia Dóminus vocáret púerum et ait ad Samuélem : Vade et dormi et, si deínceps vocáverit te, dices : Lóquere, Dómine, quia audit servus tuus. Abiit ergo Sámuel et dormívit in loco suo. Et venit Dóminus et stetit et vocávit, sicut vocáverat secúndo : Sámuel, Sámuel. Et ait Sámuel : Lóquere, Dómine, quia audit servus tuus. Et dixit Dóminus ad Samuélem : Ecce ego fácio verbum in Israël, quod quicúmque audíerit, tínnient ambæ aures eius. In die illa suscitábo advérsum Heli ómnia, quæ locútus sum super domum eius : incípiam et complébo.Et le Seigneur recommença, et il appela encore Samuel pour la troisième fois. Et Samuel, se levant, s’en alla vers Héli, et dit : Me voici, parce que vous m’avez appelé. Héli comprit donc que le Seigneur appelait l’enfant, et il dit à Samuel : Va, et dors : et si dans la suite il t’appelle, tu diras : Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute. Samuel s’en alla donc et dormit en son lieu. Et le Seigneur vint, et s’arrêta ; puis il appela, comme il avait appelé, par deux fois : Samuel, Samuel. Et Samuel répondit : Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute. Alors le Seigneur dit à Samuel : Voici que moi je vais faire entendre une parole dans Israël ; et quiconque l’entendra, ses deux oreilles tinteront. En ce jour-là, je susciterai contre Héli tout ce que j’ai dit sur sa maison ; je commencerai et j’achèverai.
R/. Comedétis carnes, et saturabímini pánibus : * Iste est panis, quem dedit vobis Dóminus ad vescéndum.R/. Vous mangerez de la chair, et vous serez rassasiés de pain [10] : * Voici le pain que le Seigneur vous a donné à manger.
V/. Non Móyses dedit vobis panem de cælo, sed Pater meus dat vobis panem de cælo verum.V/. Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel [11].
* Iste est panis, quem dedit vobis Dóminus ad vescéndum. * Voici le pain que le Seigneur vous a donné à manger.
Lectio iii3e leçon
Cap. 3, 15-20.
Dormívit autem Sámuel usque mane aperuítque óstia domus Dómini. Et Sámuel timébat indicáre visiónem Heli. Vocávit ergo Heli Samuélem et dixit : Sámuel, fili mi. Qui respóndens ait : Præsto sum. Et interrogávit eum : Quis est sermo, quem locútus est Dóminus ad te ? oro te ne celáveris me. Hæc fáciat tibi Deus et hæc addat, si abscónderis a me sermónem, ex ómnibus verbis, quæ dicta sunt tibi. Indicávit ítaque ei Sámuel univérsos sermónes, et non abscóndit ab eo. Et ille respóndit : Dóminus est : quod bonum est in óculis suis fáciat. Crevit autem Sámuel, et Dóminus erat cum eo, et non cécidit ex ómnibus verbis eius in terram. Et cognóvit univérsus Israël a Dan usque Bersabée, quod fidélis Sámuel prophéta esset Dómini.Or, Samuel dormit jusqu’au matin, et il ouvrit les portes de la maison du Seigneur. Et Samuel craignait de déclarer la vision à Héli. Héli appela donc Samuel et dit : Samuel, mon fils ? Celui-ci, répondant, dit : Je suis présent. Et il l’interrogea : Quel est le discours que t’a tenu le Seigneur ? Je te prie de ne point me le celer. Que Dieu te fasse ceci, et qu’il ajoute cela, si tu me caches quelqu’une de toutes les paroles qui t’ont été dites. Samuel lui déclara donc toutes les paroles, et ne les lui cacha pas. Et Héli répondit : Il est le Seigneur ; qu’il fasse ce qui est bon à ses yeux. Or, Samuel grandit, et le Seigneur était avec lui, et nulle de ses paroles ne tomba par terre [12]. Et tout Israël connut, depuis Dan jusqu’à Bersabée, que Samuel était un fidèle prophète du Seigneur.
R/. Respéxit Elías ad caput suum subcinerícium panem : qui surgens comédit et bibit : * Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei.R/. Élie vit auprès de sa tête un pain cuit sous la cendre : se levant, il mangea et but [13] : * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu.
V/. Si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum.V/. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement [14].
* Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei. Glória Patri. * Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei.* Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu. Gloire au Père. * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 4 Memor sit Dóminus * sacrifícii nostri : et holocáustum nostrum pingue fiat.Ant. 4 Que le Seigneur se souvienne * de notre sacrifice, et que notre holocauste lui soit agréable [15].
Psaume 19
Ant. 5 Parátur * nobis mensa Dómini advérsus omnes, qui tríbulant nos.Ant. 5 Elle est dressée * pour nous, la table du Seigneur, contre tous ceux qui nous persécutent [16].
Psaume 22
Ant. 6 In voce exsultatiónis * résonent epulántes in mensa Dómini.Ant. 6 Que des accents d’allégresse * retentissent parmi les convives, à la table du Seigneur [17].
Psaume 41
V/. Cibávit illos ex ádipe fruménti, allelúia.V/. Il les a nourris de la fleur du froment [18], alléluia.
R/. Et de petra, melle saturávit eos, allelúia.R/. Et pour les rassasier, il a fait sortir le miel de la pierre [19], alléluia.
Lectio iv4e leçon
Sermo sancti Ioánnis Chrysóstomi.Sermon de saint Jean Chrysostome.
Homilia 61 ad populum Antiochenum
Necessárium est, dilectíssimi, mysteriórum díscere miráculum, quodnam sit, et quare sit datum, et quæ eius rei utílitas. Unum corpus effícimur : membra, inquit, ex carne eius et ex óssibus eius. Sequámur autem initiáti, quæ dicúntur. Ut ítaque non tantum per caritátem hoc fiámus, verum étiam ipsa re, in illam misceámur carnem : hoc namque per escam effícitur, quam largítus est nobis volens osténdere desidérium quod erga nos habet. Proptérea semetípsum nobis immíscuit, et corpus suum in nos contemperávit, ut unum quid simus tamquam corpus cápiti coaptátum ; ardénter enim amántium hoc est.Il est nécessaire d’apprendre, mes bien-aimés, à connaître la merveille de nos saints Mystères, ce qu’elle est, sa fin et son utilité. « Nous devenons un seul corps, est-il dit, des membres formés de sa chair et de ses os » [20]. Nous qui sommes initiés, observons ce qui est dit. Afin donc de le devenir, non par la charité seulement, mais dans la réalité même, unissons-nous intimement à cette chair ; ce qui a lieu au moyen de la nourriture que Jésus-Christ nous a donnée, voulant nous montrer l’ardent amour qu’il a pour nous. Car il s’est uni lui-même à nous, il a confondu son corps avec le nôtre, de façon que nous soyons une seule chose avec lui tel qu’est un corps joint à son chef : et c’est là le fait de ceux qui aiment ardemment.
R/. Cœnántibus illis, accépit Iesus panem, et benedíxit, ac fregit, dedítque discípulis suis, et ait : * Accípite et comédite : hoc est corpus meum.R/. Pendant qu’ils soupaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples, disant [21] : * Prenez et mangez : ceci est mon corps.
V/. Dixérunt viri tabernáculi mei : Quis det de cárnibus eius, ut saturémur ?V/. Les hommes qui demeurent sous ma tente ont dit : Qui nous donnera de nous rassasier de sa chair [22] ?
* Accípite et comédite : hoc est corpus meum. * Prenez et mangez : ceci est mon corps.
Lectio v5e leçon
Tamquam leónes ígitur ignem spirántes ab illa mensa recedámus, facti diábolo terríbiles, et caput nostrum mente revolvéntes, et caritátem quam erga nos osténdit. Nam paréntes quidem áliis sæpe fílios tradunt aléndos : ego autem, inquit, non ita, sed cárnibus meis alo, et meípsum vobis appóno, vos omnes generósos esse volens, et spem bonam de futúris vobis præbens : quippe qui vobis hic meípsum trádidi, multo magis id in futúro fáciam. Vólui frater vester fíeri, carni propter vos et sánguini communicávi : vobis vicíssim ipsam carnem et sánguinem, per quæ cognátus vester factus sum, trado.Revenons donc de cette table comme des lions respirant le feu, devenus terribles au démon ; nous occupant dans notre esprit de notre chef et de l’amour qu’il a montré envers nous. Parfois, les parents confient à d’autres leurs enfants pour les nourrir ; pour moi, dit Jésus-Christ, je n’agis pas ainsi, mais je fais de ma chair un aliment, je me donne moi-même à vous en nourriture, voulant que vous soyez tous généreux, et vous offrant la bonne espérance des choses futures. Et, en effet, moi qui me suis livré ici moi-même à vous, je le ferai beaucoup plus dans l’avenir. J’ai voulu devenir votre frère, j’ai pris une chair et un sang communs avec vous, à cause de vous : je vous livre à mon tour cette chair même et ce sang, par lesquels je suis devenu votre proche.
R/. Accépit Iesus cálicem, postquam cœnávit, dicens : Hic calix novum testaméntum est in meo sánguine : * Hoc fácite in meam commemoratiónem.R/. Jésus prit le calice après avoir soupe, disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang [23] : * Faites ceci en mémoire de moi.
V/. Memória memor ero, et tabéscet in me ánima mea.V/. J’en conserverai toujours la mémoire, et mon âme sera comme défaillante d’amour à ce souvenir [24].
* Hoc fácite in meam commemoratiónem. * Faites ceci en mémoire de moi.
Lectio vi6e leçon
Attendámus ítaque nobis ipsis, dilectíssimi, tálibus fruéntes bonis : et, cum áliquid turpe dícere voluérimus, vel nos ab ira córripi vidérimus, vel álio quópiam huiúsmodi vítio, considerémus quibus facti sumus digni ; talísque cogitátio nobis irrationabílium mótuum sit corréctio. Quotquot ígitur huius partícipes córporis effícimur, quotquot sánguinem degustámus ; cogitémus quod illum sursum sedéntem, qui ab Angelis adorátur incorruptíbili vicínus virtúti, hunc degustámus. Hei mihi, quot ad salúte nobis viæ ! Nos corpus suum effécit ; nobis suum communicávit corpus : et horum nos nihil a malis avértit.Étant donc en possession de pareils biens, veillons sur nous, bien-aimés frères. Et lorsque nous serons sur le point de prononcer une parole inconvenante ou que nous nous sentirons emportés soit par la colère, soit par tout autre vice semblable, considérons de quels biens nous avons été faits dignes ; et que cette réflexion réprime nos mouvements déraisonnables. Aussi souvent donc que nous participons à ce corps, aussi souvent que nous goûtons ce sang, rappelons-nous que celui qui pénètre en nous est le même que les Anges adorent, assis au plus haut des cieux, à la droite invincible du Père. Malheur à moi ! Que de voies pour aller au salut ! Il nous a faits son corps, il nous a communiqué son corps ; et rien de tout cela ne nous détourne du mal.
R/. Ego sum panis vitæ ; patres vestri manducavérunt manna in desérto, et mórtui sunt [25] : * Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur.R/. Je suis le pain de vie ; vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts : * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas.
V/. Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi : si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum.V/. Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
* Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur. Glória Patri. * Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur.* C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas. Gloire au Père. * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas.
In III NocturnoAu 3ème Nocturne
Ant. 7 Introíbo * ad altáre Dei : sumam Christum, qui rénovat iuventútem meam.Ant. 7 Je viendrai * à l’autel de Dieu, je recevrai le Christ qui renouvelle ma jeunesse [26].
Psaume 42
Ant. 8 Cibávit nos Dóminus * ex ádipe fruménti : et de petra, melle saturávit nos.Ant. 8 Le Seigneur nous a nourris * de la fleur du froment, et pour nous rassasier il a fait sortir le miel de la pierre [27].
Psaume 80
Ant. 9 Ex altári tuo, * Dómine, Christum súmimus : in quem cor et caro nostra exsúltant.Ant. 9 A votre autel, * Seigneur, nous recevons le Christ, en qui exultent notre cœur et notre chair [28].
Psaume 83
V/. Edúcas panem de terra, allelúia [29].V/. Faites sortir le pain de la terre, alléluia.
R/. Et vinum lætíficet cor hóminis, allelúia.R/. Et que le vin réjouisse le cœur de l’homme, alléluia.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 6, 56-59.
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus, dit aux Juifs : Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni Epíscopi.Homélie de saint Augustin, Évêque.
Tract. 27 in Ioann., ante medium
Díximus, fratres, hoc Dóminum commendásse in manducatióne carnis suæ et potatióne sánguinis sui, ut in illo maneámus, et ipse in nobis. Manémus autem in illo, cum sumus membra eius ; manet autem ipse in nobis, cum sumus templum eius. Ut autem simus membra eius, únitas nos compáginat : ut compáginet únitas, quæ facit, nisi cáritas ? Et cáritas Dei unde ? Apóstolum intérroga. Cáritas, inquit, Dei diffúsa est in córdibus nostris per Spíritum Sanctum, qui datus est nobis.Nous l’avons dit, mes frères, ce que le Seigneur nous recommande lorsque nous mangeons sa chair et buvons son sang, c’est que nous demeurions en lui et qu’il demeure en nous, Or, nous demeurons en lui lorsque nous sommes ses membres ; il demeure en nous, lorsque nous sommes son temple. Mais pour que nous soyons ses membres, il faut que l’unité nous joigne à lui ; et cette union étroite, qui la fait, sinon la charité ? Et d’où vient la charité de Dieu ? Interroge l’Apôtre : « La charité de Dieu, répond-il, a été répandue en nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné » [30].
R/. Qui mandúcat meam carnem et bibit meum sánguinem, * In me manet, et ego in eo.R/. Celui qui mange ma chair et boit mon sang [31], * Demeure en moi et moi en lui.
V/. Non est ália nátio tam grandis, quæ hábeat deos appropinquántes sibi, sicut Deus noster adest nobis.V/. Il n’est point d’autre nation, si grande qu’elle soit, qui ait des dieux s’approchant d’elle, comme notre Dieu est présent pour nous [32].
* In me manet, et ego in eo. * Demeure en moi et moi en lui.
Lectio viii8e leçon
Ergo spíritus est qui vivíficat ; spíritus enim facit viva membra : nec viva membra spíritus facit, nisi quæ in córpore, quod végetat ipse spíritus, invénerit. Nam spíritus, qui est in te, o homo, quo constas ut homo sis, numquid vivíficat membrum quod separátum invénerit a carne tua ? Spíritum tuum dico ánimam tuam. Anima tua non vivíficat, nisi membra quæ sunt in carne tua : unum si tollas, iam non vivificátur ex ánima tua, quia unitáti córporis tui non copulátur.« C’est » donc « l’esprit qui vivifie » [33], car c’est l’esprit qui communique la vie aux membres ; mais il ne peut les rendre vivants qu’à la condition de les trouver unis au corps dont il est la vie. En effet, ô homme, l’esprit qui est en toi et qui fait que tu es un homme, peut-il donner la vie à un membre séparé de ton corps ? Ce que j’entends par ton esprit, c’est ton âme : or, ton âme ne vivifie que les membres unis à ton corps ; si tu en retranches un, il n’est plus vivifié par ton âme, parce qu’il a cessé de faire partie de l’unité de ton corps.
R/. Misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem : * Et qui mandúcat me, vivet propter me.R/. Mon Père qui vit m’a envoyé, et je vis par mon Père [34] : * Et celui qui me mange vivra aussi par moi.
V/. Cibávit illum Dóminus pane vitæ et intelléctus.V/. Le Seigneur l’a nourri du pain de vie et d’intelligence [35].
* Et qui mandúcat me, vivet propter me. Glória Patri. * Et qui mandúcat me, vivet propter me.* Et celui qui me mange vivra aussi par moi. Gloire au Père. * Et celui qui me mange vivra aussi par moi.
Lectio ix9e leçon
Hæc dicúntur, ut amémus unitátem et timeámus separatiónem. Nihil enim sic debet formidáre Christiánus quam separári a córpore Christi. Si enim separátur a córpore Christi, non est membrum eius, non vegetátur Spíritu eius. Quisquis autem, inquit Apóstolus, Spíritum Christi non habet, hic non est eius. Spíritus ergo est, qui vivíficat, caro autem non prodest quidquam. Verba, quæ ego locútus sum vobis, spíritus et vita sunt. Quid est, Spíritus et vita sunt ? Spiritáliter intelligénda sunt. Intellexísti spiritáliter ? Spíritus et vita sunt. Intellexísti carnáliter ? Etiam sic illa spíritus et vita sunt, sed tibi non sunt.Je vous parle ainsi, pour vous faire aimer l’unité et craindre la division. Un Chrétien ne doit rien tant redouter que d’être séparé du corps du Christ ; s’il se sépare du corps de Jésus-Christ, il n’est plus du nombre de ses membres ; et s’il ne fait plus partie de ses membres, il n’est plus vivifié par son Esprit. « Or, dit l’Apôtre, celui qui n’a point l’Esprit du Christ, celui-là n’est point à lui » [36]. « C’est donc l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien : or les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie » [37]. Elles sont esprit et vie, que signifie cela ? Qu’il faut les entendre dans un sens spirituel. Les as-tu entendues spirituellement ? « Elles sont esprit et vie » ; les as-tu comprises d’une manière charnelle « elles sont » encore « esprit et vie, » mais elles ne le sont pas pour toi.
Te Deum

A LAUDES.

Comme au jour de la Fête, ici.

AUX VÊPRES.

Les premières Vêpres du Dimanche, ici.

Dom Guéranger, l'Année Liturgique

L’homme a vu s ouvrir devant lui les horizons désolés de la terre d’exil. L’arbre de vie n’est plus qu’un douloureux souvenir ; fixé au sol fortuné qui l’a vu naître, il n’a point suivi l’homme pécheur dans sa migration vers la vallée des larmes. Il reste au Paradis ; loin du séjour de la souffrance et du regard des hommes mortels, il demeure comme le témoin des premières intentions divines, toutes de paix, d’innocence et d’amour.

Nous le retrouverons plus tard : il doit faire l’ornement de la terre nouvelle où le Seigneur introduira ses élus, au jour de la grande Pâque et du rétablissement de toutes choses [38]. Jour heureux auquel, dit l’Apôtre, aspire toute créature maintenant gémissante et soumise, pour une faute qui n’est point la sienne, à l’inconstance de changements sans fin ! Celui qui, contre le gré de la création, l’a soumise à cette servitude de corruption, lui conserve l’espoir qu’alors délivrée, elle-même en sa mesure participera de la glorieuse liberté des enfants de Dieu [39]. Car la gloire du nouveau Paradis sera plus grande que celle du premier. Ce n’est plus en effet sous l’ombre vide des symboles, ou dans un rapprochement fugitif, que doit s’y opérer l’union déifiante ; mais la Sagesse s’y donnera substantiellement et sans voile à l’humanité dans un embrassement éternel.

C’est dans le temps toutefois, et sur la terre, que doit se contracter cette union dont la jouissance parfaite et stable est pour l’éternité. Car telle est l’économie du plan divin, qu’en toutes choses la vie future a ses racines dans la vie présente, et n’est que la révélation dans la lumière de gloire des ineffables réalités constituées ici-bas par la grâce. Quelles seront donc, après la chute, les conditions de l’alliance dont l’éternelle Sagesse ne s’est point départie ?

O profondeur des trésors de la Sagesse de Dieu [40] ! Fort comme la mort est son amour [41] ; mais non moins sublimes apparaîtront, à la suite du péché, les délicatesses infinies de cet amour même. Loin d’elle la mésalliance ! Loin d’elle tout compromis avec la souillure d’une race coupable ! La miséricorde infinie suffisait à pardonner l’offense au seul désaveu du pécheur : en sa noblesse et dignité d’Épouse, elle ne veut point, pour l’homme, de ce pardon qui eût dissimulé sous le couvert de l’oubli divin sa faute inexpiée. Au défaut de son insuffisance, elle prétend solder elle même intégralement la dette du coupable, et le réhabiliter dans la justice, avant de l’épouser dans l’amour : « Je t’épouserai dans la justice et le jugement » [42], dit Dieu à l’homme tombé, par le prophète Osée.

Et il ajoute : « Je t’épouserai dans la foi » [43]. Car de même que l’entrée de la divine Sagesse en ce monde, qu’elle vient sauver de l’orgueil par l’humilité, sera sans gloire et sans apparence extérieure ; ainsi l’union divine s’opérera-t-elle dans le mystère des espèces sacrées du banquet nuptial, qui ne présenteront aux yeux que le pain et le vin des tables communes. Mais la foi percera le voile ; et l’ineffable dignité des fils des hommes, manifestée dans ce festin des cieux, rejaillira sur la création entière.

Sous l’impression de l’attente universelle des créatures implorant, à leur manière, cette déclaration merveilleuse des fils de Dieu [44] qu’emporte de soi l’alliance avec la Sagesse du Père, le prophète continue dans un style plein d’enthousiasme : « En ce jour-là, dit le Seigneur, j’exaucerai les cieux, et ils exauceront la terre ; et la terre exaucera le froment, le vin et l’huile ; et ceux-ci exauceront Jezrahel, la race de Dieu » [45], lui donnant avec le froment et le vin la matière des Mystères, et par l’huile, le sacerdoce qui doit les transformer en la dot de l’alliance dans l’acte même du Sacrifice. Car c’est par le Sacrifice, et dans le sang, que doit se consommer cette alliance de justice et d’amour.

L’Écriture rapporte que Moïse traversant un jour le désert, chargé d’une transgression légale, fut assailli par l’Ange du Seigneur qui l’eût exterminé, si Séphora, l’épouse du chef futur d’Israël, n’eût conjuré la vengeance divine par la circoncision violente et précipitée de son fils Eliézer ; et, teignant de ce sang du fruit de ses entrailles les pieds du coupable, elle s’écriait : « Vous m’êtes un époux de sang [46] ! » Ainsi, et bien mieux, peut s’écrier à l’humanité la divine Sagesse ; car elle ne sauvera l’homme, et n’arrivera jusqu’à lui, que dans le sang de ce fils de l’homme qui est elle-même.

Mais loin de l’ébranler, il semble que cette perspective, qui mettra son amour en plus vive lumière, ait encore augmenté son ardeur. « Je dois être baptisé d’un baptême, dira l’Homme-Dieu plus tard, et quelle est la violence de mon désir jusqu’à ce qu’il soit accompli [47] ! » Mais dès maintenant, et depuis que l’expiation est apparue comme la voie royale qui peut lui rendre l’humanité redevenue digne d’elle par l’effusion d’un sang divin sous le pressoir, la Sagesse n’a plus d’autre pensée. Aussi trompera-t-elle d’ici là son impatience, en préludant par mille essais figuratifs à l’immolation du Calvaire, et au banquet de la grande victime devenu le festin des noces.

Son jardin, le lieu de délices, n’est plus pour elle le Paradis, mais cette terre aride où plus que jamais l’homme a besoin de son amour. O Chérubin, sentinelle vigilante, inexorable au pécheur, protégez l’arbre de vie contre les retours de son désespoir : l’épée terrible, qui s’échappe de vos mains en jets de flamme, n’arrêtera point au Paradis l’adorable Sagesse. Elle rejoindra le genre humain dans son exil. Entendons-la, au livre de l’Ecclésiastique, chanter sa fuite miséricordieuse et célébrer ses expédients divins. Si elle était l’arbre, elle est de même le fleuve de vie. « Or, dit-elle, comme un filet d’eau, comme l’écoulement d’un grand fleuve, ruisseau sans apparence, je suis sortie du Paradis. J’ai dit : J’arroserai les plantes de mon jardin, j’enivrerai de fécondité ma prairie. Et voici que mon ruisseau a élargi a ses rives, et, devenu fleuve, il ressemble à une mer. Dès le point du jour, j’illumine tout de ma doctrine, et je la ferai retentir jusque dans le lointain des siècles. Je descendrai dans tous les abîmes, je visiterai tous ceux qui dorment, t j’éclairerai tous ceux qui espèrent dans le Seigneur » [48].

Cette vive lumière qui, dès le point du jour, illumine tout de la divine Sagesse, est l’enseignement varié des prophéties ou figures divinement ordonnées dans la série des siècles, et projetant jusqu’au point de départ du genre humain l’ombre imposante du Messie. Par ce multiple enseignement, la Sagesse se fait jour au milieu des nations chez les âmes saintes [49], réveille l’homme endormi dans le découragement [50], nourrit l’espérance en son coeur et tient ses regards tournés vers l’avenir.

Les sacrifices sanglants, établis au seuil de l’Eden comme expression rituelle de la religion du premier âge, poursuivront l’humanité de cette divine lumière jusque dans les abîmes où l’entraînera plus tard l’égarement du polythéisme. Grâce à eux, si le fleuve des traditions primitives, traversant le temps et l’espace, doit se charger de nombreux éléments étrangers et rouler bien des scories, on le verra néanmoins porter fidèlement jusqu’aux pieds du Christ lui-même les désirs et l’attente non interrompue des nations [51]. Lors même en effet que le serpent usurpateur aura détourné vers ses autels impurs la fumée de ces sacrifices qui n’étaient dus qu’au seul vrai Dieu, il ne se peut que cette expiation figurative des fautes de l’homme par le sang d’une victime innocente et pure, substituée au coupable, ne réveille plus d’une fois, dans l’âme la plus distraite, quelque notion du Médiateur à venir. L’antique ennemi verra donc le culte des divinités de son invention prolonger lui-même en tous lieux, sur ce point important, les échos de la foi des patriarches. Représailles merveilleuses, et dignes en tout de l’éternelle Sagesse : comme au désert [52], la vue même du serpent, devenu pour le fils de Jessé le signe des peuples [53], aura guéri ceux qui s’étaient tournés vers lui de sa propre morsure ! Car chez les cœurs droits de la gentilité, la Sagesse achèvera dans l’amour l’œuvre de salut commencée par la puissance de ses divins rayons pénétrant ainsi jusqu’au sein de la nuit profonde. O racine de Jessé, racine de la Sagesse du Très-Haut, qui vous connaît ? Qui pénétra jamais les artifices de votre amour [54] ? Vraiment l’emportez-vous sur la lumière ; car elle cède à la nuit, mais de vous ne triomphe point la noirceur du mal [55].

Impuissants à produire la grâce et le démontrant assez par leur multiplicité même [56], les sacrifices sanglants auront donc pour but de conserver dans l’humanité la conscience de la chute et l’attente du Sauveur, maintenant ainsi, dans l’esprit de tous, la base des actes surnaturels nécessaires à la justification et au salut. Mais les sublimes retouches apportées au plan divin depuis la chute ne seront point seules représentées dans ce rite important ; l’union de Dieu et de sa créature, objet primitif et toujours principal des intentions du Créateur, l’union de l’homme et de la divine Sagesse au banquet dressé par elle-même, y trouvera son expression figurative dans le partage de la victime entre Dieu et l’homme, entre la divinité apaisée par l’effusion du sang et l’humanité réhabilitée, nourrie de cette chair innocente devenue pour elle désormais l’aliment d’une vie nouvelle et divine. Telle sera chez toutes les nations la règle générale des sacrifices, que dans le temps où montera vers le ciel par le feu la part divine, un repas commun, vrai signe de communion entre le Ciel et la Terre, devra ne faire plus qu’un des assistants eux-mêmes dans la consommation des restes de l’hostie. Admirable harmonie ! Prophétie vivante, redite à tous les échos par les mille voix des victimes égorgées chaque jour en tous lieux ! En elles, l’Agneau divin qu’elles annoncent est immolé dès l’origine du monde [57] : appliqué par l’espérance et la foi, son sang déjà coule à flots sur les âmes, emportant les péchés des générations successives ; et, tenue en éveil par les prescriptions inspirées de son rituel mystérieux, l’humanité se prépare dès lors au banquet des noces de l’Agneau [58].

Que la divine Sagesse exalte son triomphe ! Elle a fait naître au ciel une lumière qui ne s’éteint pas, enveloppé comme une nuée la terre entière ; elle a fait seule le tour des cieux, pénétré jusqu’au fond de l’abîme, traversé les mers, parcouru le monde en souveraine ; sur tout peuple, sur toute nation elle a eu l’empire, foulant de ses pieds doucement victorieux les cœurs des puissants et des humbles [59].

Cependant les temps d’exil ont avancé dans leur cours ; la longue série des siècles d’attente est plus qu’à moitié parcourue. Moins éloignée désormais, la consommation de l’alliance va devenir chez plusieurs l’objet d’aspirations plus ardentes ; et, comme se recueillant elle-même, l’adorable Sagesse ambitionne le repos d’une préparation plus intime au grand œuvre qu’elle doit accomplir. Où s’arrêteront ses pas ? Le Créateur de toutes choses lui a fait entendre sa voix toujours obéie ; le Père très-haut, qui la destine à ses élus dès le commencement, a fixé sa tente ; il lui a dit : « Habite en Jacob, et qu’Israël soit ton héritage. » Ainsi prend-elle pied en Sion, pour se reposer dans la cité sainte et régner en Jérusalem [60] : Jérusalem, ville de paix, théâtre prédestiné des merveilles de l’avenir, où déjà la douceur du fils de la promesse portant sur ses épaules le bois de l’immolation, et remplacé par le bélier mystérieux sous le glaive paternel, avait marqué la montagne du vrai Sacrifice ; cité bénie, qui, dans le même temps, avait pour chef le roi-pontife semblable au Fils de Dieu [61], Melchisédech offrant le pain et le vin de la future alliance, et révélant au Père des croyants, dont les regards inspirés plongeaient dans l’avenir, le grand jour du Christ son fils [62] !

C’est là qu’au moment où les foules égarées n’adressent plus qu’aux faux dieux l’hommage de leurs sacrifices, la divine Sagesse se retire avec le peuple qui porte en ses veines le sang rédempteur. En lui du moins veut-elle maintenir les droits du Père, et garder toujours pure la lumière de l’espérance des nations. Par mille prodiges elle l’arrache au joug égyptien [63]. Le festin de l’agneau pascal, égorgé le jour même où plus tard aura lieu la vraie Cène du Seigneur et l’immolation de l’Agneau divin, donne le signal de la délivrance et delà marche à travers les flots vers la montagne où se conclut, dans le sang des victimes, le pacte d’union qui fait de la maison de Jacob l’épouse de Dieu [64], la nation sainte et sacerdotale [65]. Figure en toutes choses du vrai peuple élu traversant le désert du monde, Israël s’abreuve aux eaux divinement sorties de la pierre qui est le Christ [66] ; un pain tombé chaque jour des cieux soutient ses forces dans la fatigue de la route et des combats, et cette nourriture des Anges s’adapte à tous les besoins, se prête à tous les goûts [67]. Dieu même habite avec lui sous la tente ; et sur l’unique autel élevé devant ce tabernacle qui rappelle l’exemplaire montré sur la montagne [68], une famille choisie doit seule offrir, sous la direction du pontife suprême, les différents sacrifices légaux redisant en un multiple langage les circonstances variées de l’unique Sacrifice signifié par eux tous.

De cet autel, où brûle un feu qui ne s’éteint pas, monte sans interruption vers le ciel la fumée de la chair et du sang des victimes égorgées. Elles implorent la venue de l’Hostie salutaire qui doit mettre fin à ces hécatombes ; tandis que les offrandes de farine et de vin, nécessaire accompagnement de l’holocauste et de l’hostie pacifique, annoncent l’auguste Mémorial qui doit de même prolonger et parfaire le divin sacrifice de la Croix dans une application non sanglante. Rapprochement mystérieux : il est dès lors un sacrifice qui ne s’appelle pas autrement que de ce nom de mémorial, et c’est l’oblation isolée de la farine et des gâteaux ou pains de froment sans levain [69]. Les douze pains de proposition toujours présents à l’intérieur du voile, comme chose sainte entre toutes, monument perpétuel de sacrifice et d’alliance [70], expriment aussi déjà non moins clairement la future présence eucharistique, maintenue dans l’Église sous les espèces sacrées, en dehors de la célébration des Mystères.

De même qu’il n’y a qu’un autel en Jacob, pour ramener dans l’unité la pensée vers Celui qui doit être à la fois la victime et l’autel : ainsi n’y a-t-il qu’un seul lieu, le tabernacle et ses abords, et plus tard le temple et la ville sainte, où il soit permis de célébrer ces banquets sacrés de communion qui, chez tous les peuples, terminent le sacrifice dont ils font partie. « Vous n’offrirez point vos victimes indifféremment en tous lieux », dit Moïse à son peuple une dernière fois rassemblé sous ses yeux dans les plaines du Jourdain ; mais toutes vos offrandes en victimes, prémices, dîmes et oblations volontaires, seront apportées au lieu que le Seigneur aura choisi pour y manifester sa gloire. C’est là que vous célébrerez le sacré banquet, en présence du Seigneur votre Dieu, vous, vos fils et vos filles, vos serviteurs et vos servantes, et les lévites qui habitent vos cités ; et vous serez dans o la joie, et vous recueillerez les fruits des bénédictions du Seigneur votre Dieu » [71].

La prospérité matérielle promise au peuple juif comme récompense de sa fidélité à garder les prescriptions figuratives de la loi du Sinaï, n’était elle-même que la figure des bénédictions divines qui devaient transformer l’âme, et la préparer à l’avènement de la divine Sagesse en la chair. Mais Israël a peine à s’élever au dessus des sens. Il s’offre comme une proie facile à tous les scandales des nations ; si, maté par la verge, il comprend enfin que l’unique salut est pour lui dans sa loi, c’est pour s’y enfermer comme en désespéré dans la lettre même des préceptes rituels, et n’y plus voir le sens principal qui est celui de l’avenir et du monde des âmes. Que de fois cependant Dieu l’avertit par ses prophètes, et cherche à le ramener à l’esprit de l’institution première ! Il se répand, dans les Psaumes, en remontrances où la douceur du père absorbe encore ineffablement l’amertume de la plainte : « Ecoute, ô mon peuple, et je te parlerai ; Israël, je t’instruirai de ma vraie pensée. Moi, ton Dieu, je ne te reprendrai point sur tes sacrifices, tes holocaustes sont toujours sous mes yeux. Mais je n’ai besoin ni des veaux de ta maison, ni des boucs de tes troupeaux : toutes les bêtes de la forêt sont miennes, miens aussi les animaux des montagnes et les bœufs des prairies. Si j’ai faim, je ne te le dirai point, car l’univers est à moi et tout ce qu’il renferme ; mais mangerai-je donc la chair des taureaux, boirai-je le sang des boucs ? Elève-toi jusqu’au sacrifice de louange : c’est dans cette voie que je te montrerai le Christ salut de Dieu » [72].

Mais plus tard, devant cette race à la tête dure, aux oreilles et au coeur incirconcis [73], s’enfonçant toujours dans le formalisme étroit ou réside pour elle toute vertu, Dieu ne sait plus dissimuler le dégoût suprême que lui inspirent ces immolations auxquelles ne se rattache plus le sens prophétique, qui seul les relevait à ses yeux : « Qu’ai-je besoin de toutes vos victimes ! s’écrie-t-il par Isaïe. Elles me sont à nausée ; les holocaustes de vos béliers, la graisse de vos troupeaux, le sang des veaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus. Qui vous a priés jamais d’en souiller mes parvis ? Ne m’offrez plus à l’avenir ces vains sacritices : votre encens m’est en abomination » [74].

Inutiles avertissements : l’orgueil croît, dans le Juif charnel, en proportion de l’étroitesse du cœur et des pensées. Il ne rêve plus qu’un Messie conquérant ; et ce Messie dont ses victimes lui prédisent sans cesse les divins caractères, il le reniera, parce qu’il leur sera trop semblable en effet dans la souffrance et la douceur.

Se tournant donc vers les nations qui, moins privilégiées qu’Israël, ont cependant conservé l’attente du Sauveur et le reconnaîtront avec amour, le dernier des Prophètes, Malachie, proclame au nom du ciel l’abrogation définitive de ce culte incompris, et son remplacement par le divin Mémorial qui, le même en tous lieux, réunira tous les peuples dans la puissante participation du grand Sacrifice. « Ma volonté n’est plus en vous, dit le Seigneur des armées ; je ne recevrai point vos présents. Car du lever du soleil à son couchant, mon Nom est grand chez les nations, et en tout lieu s’offre à mon Nom le sacrifice d’une oblation pure [75] ».

Les temps sont accomplis. Maintenant donc, ô nations, bénissez le Seigneur [76]. Trop longtemps, la vie n’a été pour vous que le songe creux d’une vision nocturne. Vous aviez faim du fruit de vie ; vous aviez soif de l’eau jaillissante. Mais comme l’affamé qui rêve, en dormant, d’un festin copieux, et n’arrive point à satisfaire la faim qui le dévore ; comme l’homme altéré qui boit en songe, et retrouve au réveil sa soif brûlante et le vide de son âme : ainsi étaient vos multitudes égarées [77]. Mais voici que l’étendard de Jessé paraît enfin sur la montagne, et vient rallier les peuples. Gentils, étrangers autrefois, repaissez-vous en vos déserts devenus fertiles [78]. L’eau du rocher déborde en vos terres arides. La gloire du Liban, la beauté du Carmel et de Saron couronnent vos montagnes et décorent vos plaines désolées ; la solitude tressaille et fleurit comme le lis, elle pousse et germe de toutes parts [79]. La pluie ne manquera plus à vos semences ; délicieux va devenir le pain fourni par vos moissons [80]. Le laboureur en effet labourera-t-il toujours ? Ne doit-il pas semer enfin ? Travaillera-t-il sans cesse à fendre et à sarcler sa terre ? Non sans doute ; et le temps en est venu : lorsqu’elle est aplanie et broyée, il y jette la semence et distribue le froment dans les sillons. Or, c’est ici la conduite du Seigneur Dieu des armées sur les nations : conduite merveilleuse, exaltant à la fois et la stabilité de ses divins conseils, et l’infinie magnificence de ses justices [81].

Non ; l’éternelle Sagesse n’avait point abandonné ses ineffables projets d’amour. Elle marchait avec le genre humain dans l’épreuve. Mais elle se devait à elle-même d’éprouver en effet l’homme coupable, de lui faire sentir, avant de l’en relever, la profondeur de sa chute. C’est pour cela qu’elle laisse fondre sur lui la nuit, la fraveur et l’angoisse ; elle-même l’exerce dans la souffrance, jusqu’à ce que, l’ayant amené à sonder l’abîme effrayant de sa misère native, elle puisse se confier derechef à son âme humiliée. Alors elle le redresse par le repentir, l’affermit dans l’espérance, et, revenant à lui toute joyeuse, lui découvre à nouveau sa ravissante beauté et entasse en lui les trésors de son amour [82].

En ce jour du samedi, saluons Marie devenue pour les nations le Siège de la Sagesse. C’est en son sein qu’a lieu la bénie rencontre, objet de l’attente des siècles. Son sang très pur a fourni la substance de ce corps sans tache, dans la splendeur duquel le plus beau des fils des hommes conclut l’indissoluble alliance de notre nature avec la Sagesse éternelle ; et son âme ravie contemple l’ineffable mystère des noces divines accomplies dans ses chastes entrailles. Marie, jardin fermé, où, plus délicieusement qu’aux premiers jours dans l’orbe des cieux, la Sagesse se joue dans la lumière et l’amour ; lit fleuri du Cantique [83], embaumé par l’Esprit des parfums les plus suaves ; tabernacle auguste de la Vierge-Mère, plus saint mille fois que celui de Moïse ! C’est là, sous le voile immaculé de cette chair virginale, que, par l’ineffable embrassement des deux natures en l’unité du Fils unique, l’Esprit-Saint verse à flots l’onction qui fait à la fois l’Époux et le Pontife à jamais selon l’Ordre de Melchisédech.

Que l’homme donc respire enfin : déjà le pain du ciel, le pain de l’alliance, est descendu en terre ; et si neuf mois nous séparent encore de la nuit fortunée qui doit le produire aux yeux de tous en Bethléhem, déjà le Pontife est à l’œuvre en son temple saint. « Vous n’avez point voulu des victimes et des oblations, dit-il au Père ; mais vous m’avez formé un corps. Les holocaustes et les sacrifices pour le péché n’ont point su vous plaire. Alors j’ai dit : Voici que je viens, selon qu’il est écrit de moi en tête du Livre, pour faire, ô Dieu, votre volonté » [84].

Continuons de citer, en abrégeant, la Préface grandiose qui nous est fournie par la Liturgie du Livre VIIIe des Constitutions apostoliques.

CONSTITUTIO JACOBI.

Et non seulement, ô Dieu, vous avez usé de miséricorde envers l’homme tombé, après l’avoir châtié dans votre justice ; mais ainsi encore, des fils sans nombre qu’il dut à votre bénédiction fécondante, vous avez glorifié les fidèles et puni les révoltés, recevant le sacrifice d’Abel innocent, rejetant les dons de Caïn l’impie fratricide.

Car vous êtes l’ouvrier du genre humain, le principe de la vie, la source des biens, l’auteur des lois, récompensant les soumis, terrible aux transgresseurs. Contre la multitude des impies vous lançâtes le déluge sur le monde, sauvant dans l’arche Noé le juste et huit âmes vivantes : fin du passé, point de départ de l’avenir. Embrassant du l’eu terrible les cinq villes coupables, vous délivrâtes de 1’incendie Loth innocent.

C’est vous qui, délivrant Abraham de l’erreur de ses pères, l’avez fait héritier du monde et lui avez montré votre Christ. Vous avez désigné Melchisédech comme pontife du culte divin. Vous avez fait d’Isaac le fils de la promesse. Vous avez conduit Jacob en Egypte.

Vous souvenant, Seigneur, des promesses faites à leurs pères, vous n’avez point abandonné les Hébreux sous le joug égyptien. Et lorsque les hommes, corrompant la loi naturelle, regardaient la création comme le produit du hasard, ou l’honoraient plus qu’il ne convient, vous n’avez point permis qu’ils fussent entraînés par l’erreur ; mais, leur envoyant votre serviteur Moïse, vous avez donné par lui la loi écrite en aide à celle de nature ; vous avez montré que les créatures étaient votre ouvrage, et convaincu le polythéisme d’erreur.

Vous avez décoré de la dignité sacerdotale Aaron et ses descendants. Vous châtiiez les Hébreux coupables, et receviez leur repentir. Vous tiriez par dix plaies vengeance de l’Egypte ; vous divisiez la mer pour le passage des Israélites et engloutissiez les Egyptiens sous les flots. Vous adoucissiez par le bois l’eau amère, et faisiez couler l’eau du rocher ; vous faisiez pleuvoir du ciel la manne, et leur ameniez par les airs des cailles pour nourriture ; vous les éclairiez la nuit par une colonne de feu, et les protégiez durant le jour contre la chaleur sous une colonne de nuée. Par Josué, qu’ils reçurent de vous pour chef, vous avez détruit sept nations, divisé le Jourdain, desséché les fleuves impétueux et renversé sans machines de guerre les remparts des cités.

Pour toutes ces choses gloire à vous, Seigneur tout-puissant.

Vous êtes adoré par les innombrables légions des Anges, des Archanges, des Trônes, des Dominations, des Principautés, des Puissances, des Vertus ; les Chérubins aussi vous adorent ; de même les Séraphins aux six ailes, de deux voilant leurs pieds, de deux voilant leurs têtes, et volant des deux autres. Sans cesse, avec les milliers nombreux des Archanges et les myriades sans fin des Anges, ils disent et proclament d’une voix éclatante et qui ne s’arrête jamais :

Saint, Saint, Saint le Seigneur des armées : les cieux et la terre sont remplis de sa gloire : béni soit-il dans les siècles ! Amen.

Empruntons comme hier au Missel ambrosien quelques-unes de ses Antiennes de Communion au Temps après la Pentecôte. La première est celle-là même de la fête du Corps du Seigneur.

TRANSITORIUM.
Te laudamus, Domine, omnipotens, qui sedes super Cherubim et Seraphim : quem benedicunt Angeli et Archangeli, et laudant Prophetæ, et Apostoli. Te laudamus, Domine, orando, qui venisti peccata solvendo. Te deprecamur magnum Redemptorem, quem Pater misit ovium Pastorem. Tu es Christus Dominus Salvator, qui de Maria Virgine es natus. Hunc sacrosanctum Calicem sumentes, ab omni culpa libera nos semper.Nous vous louons, Seigneur, Tout-puissant, qui êtes assis sur les Chérubins et les Séraphins, que bénissent les Anges et les Archanges, que louent les Prophètes et les Apôtres. Nous vous louons dans la prière, Seigneur qui êtes venu dénouer les liens de nos péchés. Nous vous prions, grand Rédempteur envoyé par le Père comme Pasteur des brebis. Vous êtes le Christ Seigneur et Sauveur, qui êtes né de la Vierge Marie. Nous qui prenons ce Calice très saint, gardez-nous toujours de toute faute.
Sacramentum cœleste cum timore accipite, et satiamini de Christi dulcedine Panem cœli dedit nobis Dominus : Panem Angelorum manducavit homo. Alleluia, alleluia.Recevez avec crainte le Sacrement des cieux, rassasiez-vous de la douceur du Christ. Le Seigneur nous a donné le Pain du ciel ; l’homme a mangé le Pain des Anges. Alleluia, alleluia.
Diligamus nos invicem ; quia charitas Deus est ; et, qui diligit fratrem suum, ex Deo natus est, et videt Deum ; et in hoc charitas Dei perfecta est ; et, qui facit voluntatem Dei, manet in æternum.Aimons-nous mutuellement ; car Dieu est amour. Celui qui aime son frère est né de Dieu, et il voit Dieu ; et la charité de Dieu est parfaite en lui. Or celui qui fait la volonté de Dieu demeure à jamais.
Accedite ad Altare Dei : purificate corda vestra, et replemini Spiritu Sancto, sumentes Corpus, et Sanguinem Christi in remissionem peccatorum.Approchez de l’Autel de Dieu ; purifiez vos cœurs, et soyez remplis de l’Esprit-Saint, pour recevoir le Corps et le Sang du Christ en rémission des péchés.
Da pacem, Domine Pater, Sacerdotibus, et Levitis frangentibus Corpus Domini : da pacem Regibus nostris, et populo, sumentibus Corpus Domini. Alleluia, alleluia, alleluia.Seigneur, ô Père, donnez la paix aux Prêtres et aux Lévites qui rompent le Corps du Seigneur ; donnez la paix à nos Rois et leur peuple recevant le Corps du Seigneur. Alleluia, alleluia, alleluia.
Odor Christi congregavit nos omnes. Venite : satiamini de Christi dulcedine.Rassemblés tous par le parfum du Christ, venez : rassasiez-vous de sa douceur.

Nous terminerons aujourd’hui nos emprunts à l’Office de la Bienheureuse Julienne par l’Hymne suivante, assignée pour l’Office des Complies dans les anciens livres de l’Église Saint-Martin-au-Mont.

HYMNE.
Christus noster vere cibus,
Christus noster vere potus,
Caro Christi vere cibus,
Sanguis Christi vere potus.
Le Christ est vraiment notre nourriture,
il est vraiment notre breuvage ;
sa chair est pour nous un aliment réel,
et son sang nous abreuve en vérité.
Vera caro quam sumimus,
Quam assumpsit de Virgine :
Verus sanguis quem bibimus,
Quem effudit pro homine.
C’est sa vraie chair que nous recevons,
cette chair qu’il a prise de la Vierge ;
c’est son vrai sang que nous buvons,
ce sang qu’il a versé pour l’homme.
Vere tali convivio,
Verbum caro comeditur :
Per quod viget Religio,
Per quod cœlum ingredimur.
Dans ce festin, c’est du Verbe
fait chair que nous sommes nourris,
du Verbe sur qui repose le culte de Dieu,
du Verbe qui nous ouvre le ciel.
Panis iste dulcedinis
Totus plenus, et gratiæ,
Alvo gestatus Virginis,
Rex est æternæ gloriæ.
Ce pain renferme la plénitude
de la douceur et de la grâce ;
c’est le Roi de l’éternelle gloire,
celui que la Vierge porta dans son sein.
Hujus panis angelici
Saginemur pinguedine :
Ut tam pii viatici
Delectemur dulcedine.
Engraissons-nous de la substance
de ce pain angélique ;
délectons-nous dans la douceur
de ce miséricordieux viatique.
O cœleste convivium !
O redemptorum gloria !
O requies humilium !
Æterna confer gaudia.
O festin céleste,
ô gloire des rachetés,
ô repos des cœurs humbles,
conduis-nous aux joies éternelles.
Præsta Pater per Filium,
Præsta per almum Spiritum :
Quibus hoc das edulium,
Prosperum serves exitum.
Amen.
Daigne, ô Père, par ton Fils,
par ton Esprit puissant,
conduire à la fin bienheureuse
ceux auxquels ici-bas tu donnes un tel aliment.
Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

L’Octave reprenant la Messe de la Fête, le Bhx Schuster ne donne pas de commentaire propre. On trouvera ses commentaires sur la Messe ici

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

L’homme a mangé le pain des anges.

1. La prière des Heures. — Le grand prédicateur, saint Jean Chrysostome, nous parle de la dignité de ce grand sacrement : « Revenons de cette table comme des lions qui soufflent le feu, devenus terribles pour le diable, et considérant notre chef (le Christ) qui nous témoigne une telle charité. En effet, les parents donnent souvent leurs enfants à élever à d’autres ; quant à moi, dit-il, je ne fais rien de tel, je vous nourris de ma chair et je m’offre moi-même à vous comme nourriture, car je veux que vous soyez tous nobles et je veux vous présenter une bonne espérance pour l’avenir. Car si je me suis moi-même livré pour vous, je ferai beaucoup plus encore dans l’avenir. Je voulais être votre frère ; c’est pourquoi, à cause de vous, j’ai pris chair et sang ; je vous livre, à mon tour, ce corps et ce sang par lesquels j’ai contracté une parenté avec vous. Faisons donc attention à nous, mes très chers, nous qui jouissons de tels biens. Quand nous sommes tentés de dire quelque chose de honteux, quand nous sommes entraînés par la colère ou en butte à quelque autre passion, rappelons-nous de quels biens nous avons été jugés dignes. Que cette pensée éloigne de nous les tendances pécheresses. Nous tous qui participons à ce corps, qui goûtons à ce sang, rappelons-nous que nous recevons celui qui trône là-haut, qui est adoré des anges, qui est tout près de la divine majesté. Hélas ! que de voies de salut s’offrent à nous ! Il a fait de nous un seul corps avec lui ; il nous a fait participer à son corps et aucun de ces dons ne nous détourne du mal ». Quelle parole saisissante !

2. Lecture d’Écriture (1 Rois, III, 1-19). — Le jeune Samuel était, en tout, l’opposé des deux fils impies d’Héli. Il servait avec fidélité et conscience devant la face du Seigneur et était « agréable aussi bien à Dieu qu’aux hommes ». Il accomplissait son service qui consistait à ouvrir et à fermer les portes de la maison de Dieu et à s’acquitter d’autres emplois. Dieu le jugea digne de ses révélations. Un jour qu’il dormait dans la maison de Dieu, c’est-à-dire dans le vestibule du Tabernacle où l’on avait dressé des tentes pour les lévites de service, la voix de Dieu appela l’enfant : « Samuel, Samuel ». Samuel pensa qu’Héli l’avait appelé et avait besoin de ses services. Il se rendit immédiatement auprès de lui et lui dit : « Me voici, parce que tu m’as appelé ». Héli lui répondit : “Je ne t’ai pas appelé ; retourne dormir ». La même chose se renouvela deux fois. Héli, alors, se rendit compte que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant et il lui dit : « Si tu es encore appelé, dis : parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». De fait, le Seigneur l’appela une quatrième fois et Samuel répondit : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. Alors, le Seigneur lui fit cette révélation : « Voici que je vais faire dans Israël une œuvre que personne n’entendra sans que les oreilles lui tintent. En ce jour-là, je ferai tomber sur Héli tout ce que j’ai promis au sujet de sa maison... Je lui ai dit que j’allais juger sa maison à jamais, à cause du crime dont il avait connaissance et par lequel ses fils se sont rendus indignes sans qu’il les ait châtiés ». Samuel craignait de communiquer cette révélation à Héli. Héli l’ayant forcé, il lui raconta tout sans rien lui cacher. Héli répondit : C’est le Seigneur ; ce qui lui semble bon, qu’il le fasse !

[1] St Thomas d’Aquin.

[2] de l’ancienne alliance.

[3] Puisque les voies que vous avez choisies pour venir et fixer votre séjour au milieu de nous sont celles de l’amour, du sacrifice et de l’anéantissement, que nous n’en suivions pas d’autres pour arriver, sous votre conduite, au but auquel nous tendons, à la lumière que vous habitez. (L’abbé Pimont.)

[4] Ps. 1, 3.

[5] Ps. 4, 8.

[6] Heb. 9, 12.

[7] Ps. 77, 24.

[8] Ex. 12, 6.

[9] I Cor. 5, 7.

[10] Ex. 16, 12.

[11] Jn. 6, 32.

[12] C.-à-d. ne demeura sans être accomplie.

[13] III Reg. 19, 6.

[14] Jn. 6, 52.

[15] Ps. 19, 4.

[16] Ps. 22, 5.

[17] Ps. 41, 5.

[18] Ps. 80, 17.

[19] De miel sauvage déposé par les abeilles dans le creux des rochers.

[20] Ephes. 5, 30.

[21] Matth. 26, 26.

[22] Job. 31, 31.

[23] Luc. 22, 20.

[24] Lament. 3, 20.

[25] Jn. 6, 48.

[26] Ps. 42, 4.

[27] Ps. 80, 17.

[28] Ps. 83, 3.

[29] Ps. 103, 4.

[30] Rom. 5, 5.

[31] Jn. 6, 57.

[32] Deut. 4, 7.

[33] Jn. 6, 64.

[34] Jn. 6, 58.

[35] Eccli. 15, 3.

[36] Rom. 8, 9.

[37] Jn. 6, 64.

[38] Apoc. XXII, 2.

[39] Rom VIII 19-22.

[40] Ibid. XI, 33.

[41] Cant. VIII, 6.

[42] Ose. II, 19.

[43] Ibid. 20.

[44] Rom. VIII 19.

[45] Ose. 11, 21-22.

[46] Exod. IV, 24-26.

[47] Luc. XII, 50.

[48] Eccli. XXIV, 41-45.

[49] Sap. VII, 27.

[50] Psalm. CXVIII, 28.

[51] Gen. XLIX, 10 ; Agg. II, 8.

[52] Num. XXI, 6-9.

[53] Isai. XI, 10.

[54] Eccli. I, 6.

[55] Sap. VII, 29, 30.

[56] Heb. X, 1-4.

[57] Apoc. XIII, 8.

[58] Ibid. XIX, 7-9.

[59] Eccli. XXIV, 6-11.

[60] Ibid. 11-15.

[61] Heb. VII, 3.

[62] Johan. VIII, 56.

[63] Sap. X, 15.

[64] Ezech. XVI ; Ose. II, etc.

[65] Exod. XIX, 6.

[66] I Cor. X, 4, 11.

[67] Sap. XVI, 20-29.

[68] Exod. XXVI, 30.

[69] Levit. II, 2, 9.

[70] Ibid. XXIV, 7-9.

[71] Deut. XII, 7, 11-13.

[72] Psalm. XLIX, 7-14, 23.

[73] Act. VII, 51.

[74] Isai. I, 11-13.

[75] Malach. I, 10-11.

[76] Psalm. LXV, 8.

[77] Isai. XXIX, 7, 8.

[78] Ibid. V, 17.

[79] Ibid. XXXV, 1-7.

[80] Ibid. XXX, 23.

[81] Isai. XXVIII, 24-29.

[82] Eccli. IV, 18-21.

[83] Cant. I, 15.

[84] Heb. X, 5-7.