Textes de la Messe |
Office |
Dom Gaspard Lefebvre, La Croisade Liturgique. |
Les commentaires du jour-même de la Fête du Sacré-Cœur se trouvent ici
En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave du Sacré-Cœur institué en 1929. Les jours dans l’octave sont devenus des féries du Temps après la Pentecôte, où l’on reprend la Messe de la Ste Vierge au samedi, celle du 3ème dimanche après la Pentecôte du lundi au vendredi. Au bréviaire, l’Office est réduit à la lecture de l’Écriture occurrente (ancien premier nocturne des Matines), la psalmodie est celle du jour de la semaine et non plus celle du Jour de la Fête.
Le Code des Rubriques de 1960 a entériné cet état de fait.
L’Octave de la Fête était de IIIème ordre [1] : c’est-à-dire que les jours pendant l’Octave cédaient la place aux fêtes doubles, le jour Octave ne le cédait qu’aux fêtes de Ière ou de IInde classe.
Nous donnerons donc ici l’Office des Matines avec les deux lectures propres à chaque jour(Merci à Alexandre du FC pour les traductions des lectures patristiques du 3ème Nocturne des Matines), et les commentaires habituels.
Le 1er nocturne des Matines était consacré (sauf le jour de la fête : lecture du Prophète Isaïe) à la lecture continue de l’Écriture comme il convient en temps de férie (lecture continue du Ier Livre des Rois.
Le 2nd nocturne, qui le jour de la Fête était consacré à un historique de la dévotion au Sacré-Cœur, est consacré le reste de l’Octave à la lecture de l’Encyclique de Pie XI Miserentissimus Redemptor, sauf le jour Octave où l’on trouve un sermon de St Bernard.
Le 3ème nocturne concerne bien sûr (sauf le Dimanche qui a son Évangile propre) l’Évangile du jour de la fête (Jean. 19, 31-37.) et son commentaire :
le samedi : St Jean Chrysostome, homélie 85/84 sur St Jean.
le lundi : St Laurent Justinien
le mardi : St Bernardin de Sienne
le mercredi : St Pierre Canisius
le jeudi : St Cyrille d’Alexandrie
le vendredi, jour Octave : St Augustin
Le Dimanche dans l’Octave, pour commenter l’Évangile de saint Luc sur la brebis perdue, le bréviaire fait appel à St Grégoire (Homélie 34).
Comme au jour de la Fête
A MATINES
Invitatorium | Invitatoire |
Cor Iesu amóre nostri vulnerátum * Veníte, adorémus. | Le Cœur de Jésus blessé par son amour pour nous, * Venez, adorons. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymnus | Hymne |
Auctor beáte sǽculi,
Christe, Redémptor ómnium, Lumen patris de lúmine, Deúsque verus de Deo : | Bienheureux créateur du monde,
Christ, universel rédempteur, lumière jaillie de la lumière du Père, Dieu vrai sorti de Dieu : |
Amor coégit te tuus
Mortále corpus súmere, Ut, novus Adam, rédderes, Quod vetus ille abstúlerat. | C’est votre amour qui vous a contraint
à prendre un corps mortel, pour nous rendre, nouvel Adam, ce que l’ancien, nous avait pris. |
Ille amor almus ártifex
Terræ marísque et síderum, Erráta patrum míserans Et nostra rumpens víncula. | Cet amour, auguste artisan
de la terre, de la mer et des astres, prit en pitié les égarements de nos pères et rompit nos liens. |
Non Corde discédat tuo
Vis illa amóris íncliti : Hoc fonte gentes háuriant Remissiónis grátiam. | Que de votre Cœur ne se retire pas
la force de ce merveilleux amour ; qu’à cette source les nations puisent la grâce du pardon. |
Percússum ad hoc est láncea
Passúmque ad hoc est vúlnera, Ut nos laváret sórdibus, Unda fluénte et sánguine. | Si la lance le frappa,
s’il endura ses blessures, c’était pour nous laver de nos taches par l’eau et le sang répandu. |
Iesu tibi sit glória,
Qui Corde fundis grátiam, Cum Patre, et almo Spíritu, In sempitérna sǽcula. Amen. | Jésus, à Vous soit la gloire,
Vous dont le Cœur répand l’amour, ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier, dans les siècles sempiternels. Amen. |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. 1 Cogitatiónes * Cordis eius in generatióne et generatiónem. | Ant. 1 Les pensées * de son Cœur subsistent de génération en génération [2]. |
Psaume 32 | |
Ant. 2 Apud te * est fons vitæ ; torrénte voluptátis tuæ potábis nos, Dómine. | Ant. 2 En Vous * est la source de la vie ; Vous nous ferez boire au torrent de vos délices, Seigneur [3]. |
Psaume 35 | |
Ant. 3 Homo * pacis meæ, qui edébat panes meos, magnificávit super me supplantatiónem. | Ant. 3 L’homme * de ma paix, qui mangeait mes pains, a fait éclater sa trahison contre moi [4]. |
Psaume 40 | |
V/. Tóllite iugum meum super vos et díscite a me. | V/. Prenez sur vous mon jour et apprenez de moi [5]. |
R/. Quia mitis sum et húmilis Corde. | R/. Que je suis doux et humble de Cœur. |
Lectio i | 1ère leçon |
De libro primo Regum | Du premier livre des Rois. |
Cap. 9, 1-4. | |
Et erat vir de Béniamin nómine Cis, fílius Abiel, fílii Seror, fílii Béchorath, fílii Aphia, fílii viri Iémini, fortis róbore. Et erat ei fílius vocábulo Saul eléctus et bonus, et non erat vir de fíliis Israël mélior illo : ab húmero et sursum eminébat super omnem pópulum. Períerant autem ásinæ Cis patris Saul, et dixit Cis ad Saul fílium suum : Tolle tecum unum de púeris et consúrgens vade et quære ásinas. Qui, cum transíssent per montem Ephraim et per terram Salísa et non inveníssent, transiérunt étiam per terram Salim, et non erant, sed et per terram Iémini, et mínime reperérunt. | Or, il était un homme de Benjamin nommé Cis, fils d’Abiel, fils de Séror, fils de Béchorath, fils d’Aphia, fils d’un homme de Jémini, courageux et robuste. Et il avait un fils du nom de Saül, distingué et bon ; et il n’était pas d’homme parmi les enfants d’Israël meilleur que lui ; de l’épaule et de la tête, il surpassait tout le peuple. Or les ânesses de Cis, père de Saül, s’étaient perdues ; et Cis dit à Saul, son fils : Prends avec toi un des serviteurs, et, te levant, va, et cherche les ânesses. Ceux-ci ayant passé par la montagne d’Éphraïm, et par la terre de Salisa, et ne les ayant point trouvées, passèrent aussi par la terre de Salim, et elles n’y étaient pas ; et aussi par la terre de Jémini, et ils ne les rencontrèrent pas du tout. |
R/. Fériam eis pactum sempitérnum et non désinam eis benefácere et timórem meum dabo in corde eórum * Ut non recédant a me. | R/. Je ferai avec eux une alliance éternelle, et Je ne cesserai pas de leur faire du bien, et Je mettrai ma crainte dans leur cœur, * Afin qu’ils ne se retirent pas de moi [6]. |
V/. Et lætábor super eis cum bene eis fécero in toto Corde meo. | V/. Et Je me réjouirai à leur sujet, lorsque Je leur aurai fait du bien de tout mon Cœur [7]. |
* Ut non recédant a me. | * Afin qu’ils ne se retirent pas de moi. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 9, 5-8. | |
Cum autem veníssent in terram Suph, dixit Saul ad púerum, qui erat cum eo : Veni et revertámur, ne forte dimíserit pater meus ásinas et sollícitus sit pro nobis. Qui ait ei : Ecce vir Dei est in civitáte hac, vir nóbilis : omne quod lóquitur, sine ambiguitáte venit ; nunc ergo eámus illuc, si forte índicet nobis de via nostra, propter quam vénimus. Dixítque Saul ad púerum suum : Ecce íbimus : quid ferémus ad virum Dei ? panis defécit in sitárciis nostris, et spórtulam non habémus, ut demus hómini Dei, nec quidquam áliud. Rursum puer respóndit Sauli et ait : Ecce invénta est in manu mea quarta pars statéris argénti : demus hómini Dei, ut índicet nobis viam nostram. | Mais lorsqu’ils furent venus dans la terre de Suph, Saül dit au serviteur qui était avec lui : Viens, et retournons-nous-en, de peur que mon père n’ait laissé de côté les ânesses et qu’il ne soit inquiet sur nous. Le serviteur lui dit : Voilà qu’il y a un homme de Dieu dans cette ville, homme célèbre, tout ce qu’il dit arrive certainement. Maintenant donc allons là ; peut-être nous renseignera-t-il sur la route, à cause de laquelle nous sommes venus ; Alors Saül dit à son serviteur : Eh bien, nous irons ; que porterons-nous à l’homme de Dieu ? Le pain a manqué dans nos panetières, nous n’avons pas de présent pour donner à l’homme de Dieu, ni quelque autre chose que ce soit. Le serviteur répondit de nouveau à Saül, et dit : Voici que se trouve dans ma main la quatrième partie d’un statère d’argent, donnons-la à l’homme de Dieu, afin qu’il nous indique notre route. |
R/. Si inimícus meus maledixísset mihi, sustinuíssem útique * Tu vero homo unánimis qui simul mecum dulces capiébas cibos. | R/. Si mon ennemi m’avait maudit, je l’aurais supporté [8]. * Mais toi, qui ne faisais qu’un avec moi, qui avec moi partageais les doux mets de ma table [9]. |
V/. Et si is qui me óderat super me magna locútus fuísset, abscondíssem me fórsitan ab eo. | V/. Et si celui qui me haïssait avait parlé de moi avec insolence, peut-être me serais-je caché de lui [10]. |
* Tu vero homo unánimis qui simul mecum dulces capiébas cibos. | * Mais toi, qui ne faisais qu’un avec moi, qui avec moi partageais les doux mets de ma table. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 9, 14-17. | |
Et ascendérunt in civitátem. Cumque illi ambulárent in médio urbis, appáruit Sámuel egrédiens óbviam eis, ut ascénderet in excélsum. Dóminus autem reveláverat aurículam Samuélis, ante unam diem quam veníret Saul, dicens : Hac ipsa hora, quæ nunc est, cras mittam virum ad te de terra Béniamin, et unges eum ducem super pópulum meum Israël, et salvábit pópulum meum de manu Philisthinórum, quia respéxi pópulum meum ; venit enim clamor eórum ad me. Cumque aspexísset Sámuel Saulem Dóminus dixit ei : Ecce vir, quem dixeram tibi : iste dominábitur pópulo meo | Et ils montèrent à la ville. Et comme ils marchaient au milieu de la ville, parut Samuel, sortant au-devant d’eux, pour monter sur le haut lieu. Or, le Seigneur avait ouvert l’oreille de Samuel, un jour avant que n’arrivât Saül, disant : A cette heure même qui est maintenant, demain, j’enverrai vers toi un homme de la terre de Benjamin, et tu l’oindras chef sur mon peuple d’Israël ; et il sauvera mon peuple de la main des Philistins, parce que j’ai regardé mon peuple ; car leur clameur est venue jusqu’à moi. Et lorsque Samuel eut regardé Saül, le Seigneur lui dit : Voici l’homme dont je t’avais parlé, c’est celui-là qui régnera sur mon peuple. |
R/. Cum essémus mórtui peccátis, convivificávit nos Deus in Christo * Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos. | R/. Lorsque nous étions morts par nos péchés, Dieu nous a rendu la vie dans le Christ [11] * A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés [12]. |
V/. Ut osténderet in sǽculis superveniéntibus abundántes divítias grátiæ suæ. | V/. Afin de montrer dans les siècles à venir les richesses surabondantes de sa grâce [13]. |
* Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos. Glória Patri. * Propter nímiam caritátem suam qua diléxit nos. | * A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés. Gloire au Père. * A cause de l’amour extrême dont Il nous a aimés. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Rex omnis terræ * Deus ; regnábit super Gentes. | Ant. 4 Le Roi de toute la terre * c’est Dieu ; Il régnera sur les Nations [14]. |
Psaume 46 | |
Ant. 5 Dum anxiarétur * Cor meum, in petra exaltásti me. | Ant. 5 Lorsque s’angoissait * mon Cœur, Vous m’avez élevé sur la pierre. [15]. |
Psaume 60 | |
Ant. 6 Secúndum multitúdinem * dolórum meórum in Corde meo, consolatiónes tuæ lætificavérunt ánimam meam. | Ant. 6 Selon la multitude * des douleurs dans mon Cœur, Vos consolations ont rempli de joie mon âme [16]. |
Psaume 93 | |
V/. Ego dixi, Dómine, miserére mei. | V/. Moi, j’ai dit : Seigneur, ayez pitié de moi [17]. |
R/. Sana ánimam meam quia peccávi tibi. | R/. Guérissez mon âme, car j’ai péché contre Vous. |
Lectio iv | 4e leçon |
Ex lítteris Encýclicis Pii Papæ undécimi. | Des Encycliques du Pape Pie XI. |
Ex. Litt. Encycl. Miserentissimus Redemptor | |
Inter cétera infinítæ Redemptóris nostri benignitátis documénta, illud potíssimum elúcet, quod, defervescénte christifidélium caritáte, ipsa Dei cáritas ad honorándum peculiári cultu propósita est, eiúsque bonitátis divítiæ late patefáctæ sunt per eam religiónis formam qua sacratíssimum Cor Iesu cólitur, « in quo sunt omnes thesáuri sapiéntiæ et sciéntiæ abscónditi ». Nam, ut quondam humánæ genti a Noética arca exeúnti, amíci fœderis signum illucéscere Deus vóluit « arcum apparéntem in núbibus », sic turbulentíssimis recentióris ævi tempóribus, cum vaférrima ómnium sérperet hæresis illa ianseniána, amóri in Deum pietatíque inimíca, quæ Deum non tam diligéndum ut patrem quam extimescéndum ut implacábilem iúdicem prædicábat, benigníssimus Iesus Cor suum sacratíssimum, quasi pacis et caritátis vexíllum elátum géntibus osténdit, haud dúbiam porténdens in certámine victóriam. | Parmi les nombreuses preuves de l’infinie bonté de notre Sauveur, il en est une qui brille d’un éclat tout particulier. Alors que la charité des fidèles allait se refroidissant, ce fut la charité même de Dieu qui se proposa pour être honorée d’un culte spécial, et les trésors de sa bonté se répandirent largement, grâce à la forme du culte rendu au Cœur sacré de Jésus, dans lequel sont cachés tous les trésors de la science et de la sagesse [18]. Jadis, à la sortie de l’arche de Noé, Dieu notifia par un signe son pacte d’amitié avec le genre humain, en faisant briller un arc resplendissant dans les nuées [19]. De même, à l’époque si troublée où se répandait l’hérésie, perfide entre toutes, du jansénisme qui étouffait l’amour et la piété dus à Dieu, en le présentant moins comme un Père digne d’amour que comme un juge à craindre pour sa sévérité implacable, Jésus vint, dans sa bonté infinie, nous montrer son Cœur sacré tel un symbole de paix et de charité offert aux regards des peuples ; c’était un gage assuré de victoire dans les combats. |
R/. Prope est Dóminus ómnibus invocántibus eum, * Omnibus invocántibus eum in veritáte. | R/. Le Seigneur est près de tous ceux qui L’invoquent, de * Tous ceux qui L’invoquent avec sincérité [20]. |
V/. Miserátor et miséricors Dóminus, pátiens et multum miséricors. | V/. Le Seigneur est clément et miséricordieux, patient et tout à fait miséricordieux [21]. |
* Omnibus invocántibus eum in veritáte. | * Tous ceux qui L’invoquent avec sincérité. |
Lectio v | 5e leçon |
Síquidem appósite felícis recordatiónis decéssor Noster Leo décimus tértius in Lítteris Encyclicis « Annum Sacrum », tantam cultus sacratíssimi Cordis Iesu opportunitátem admirátus, edícere non dubitávit : « Cum Ecclésia per próxima origínibus témpora cæsáreo iugo premerétur, conspécta sublíme adolescénti imperatóri crux, amplíssimæ victóriæ, quæ mox est consecúta, auspex simul atque efféctrix. En álterum hódie oblátum óculis auspicatíssimum divinissimúmque signum : vidélicet Cor Iesu Sacratíssimum, superimpósita cruce, splendidíssimo candóre inter flammas elúcens. In eo omnes collocándæ spes ; ex eo hóminum peténda atque exspectánda salus ». | Aussi Notre prédécesseur d’heureuse mémoire, Léon XIII, considérant justement, dans sa Lettre encyclique Annum sacrum, l’admirable opportunité du culte envers le Cœur sacré de Jésus, n’hésitait pas à dire : « Quand l’Église, encore toute proche de ses origines, gémissait sous le joug des Césars, une croix apparut dans le ciel à un jeune empereur ; elle était le présage et la cause d’un insigne et prochain triomphe. Aujourd’hui, un autre symbole divin d’heureux augure apparaît à nos yeux : c’est le Cœur très sacré de Jésus, surmonté de la croix et resplendissant d’un éclat incomparable au milieu des flammes. Nous devons placer en lui toutes nos espérances, c’est à lui que nous devons demander le salut des hommes, et c’est de lui qu’il faut l’attendre » [22]. |
R/. Confíteor tibi, Pater, Dómine cæli et terræ, quia abscondísti hæc a sapiéntibus et prudéntibus * Et revelásti ea párvulis. | R/. Je Vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux habiles * Et de l’avoir révélé aux tous petits [23]. |
V/. Ita, Pater, quóniam sic fuit plácitum ante te. | V/. Oui, Père, car tel a été votre bon plaisir [24]. |
* Et revelásti ea párvulis. | * Et de l’avoir révélé aux tous petits. |
Lectio vi | 6e leçon |
Ac iure id quidem ; in illo enim auspicatíssimo signo atque in ea, quæ exínde conséquitur, pietátis forma nonne totíus religiónis summa atque ádeo perfectióris vitæ norma continétur, quippe quæ et ad Christum Dóminum pénitus cognoscéndum mentes condúcat expedítius et ad eúndem veheméntius diligéndum pressiúsque imitándum ánimos infléctat efficácius ? Nemo ígitur mirétur, hanc probatíssimam religiónis formam decessóres Nostros continénter et a calumniatórum criminatiónibus vindicásse et summis láudibus extulísse et veheménti provexísse stúdio, prout témporum rerúmque ratiónes postulárent. Dei autem adspiránte númine factum est ut pia christifidélium erga sacratíssimum Cor Iesu volúntas maióra in dies increménta cáperet. | Et c’est à juste titre. Car ce signe éminemment propice et la forme de dévotion qui en découle ne renferment-ils point la synthèse de la religion et la norme d’une vie d’autant plus parfaite qu’elle achemine les âmes à connaître plus profondément et plus rapidement le Christ Seigneur, à l’aimer plus ardemment et à l’imiter avec plus d’application et plus d’efficacité ? Qu’on ne s’étonne point dès lors que Nos prédécesseurs aient constamment défendu cette forme si excellente de dévotion contre les accusations de ses détracteurs, qu’ils l’aient couverte de louanges et qu’ils aient mis tout leur zèle à la propager, suivant les exigences des temps et des lieux. Sous le souffle de Dieu, la piété des fidèles envers le Cœur sacré de Jésus n’a point cessé de croître. |
R/. Omnes gentes quascúmque fecísti vénient * Et adorábunt coram te, Dómine. | R/. Toutes les nations que Vous avez créées viendront * Et se prosterneront devant Vous, Seigneur [25]. |
V/. Et glorificábunt nomen tuum quóniam magnus es tu, et fáciens mirabília. | V/. Et elles rendront gloire à votre nom car Vous êtes grand, et Vous faites des prodiges. |
* Et adorábunt coram te, Dómine. Glória Patri. * Et adorábunt coram te, Dómine. | * Et se prosterneront devant Vous, Seigneur. Gloire au Père. * Et se prosterneront devant Vous, Seigneur. |
In III Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 7 Qui dilígitis Dóminum, * confitémini memóriæ sanctificatiónis eius. | Ant. 7 Vous qui aimez le Seigneur, * célébrez la mémoire de sa sanctification [26]. |
Psaume 96 | |
Ant. 8 Vidérunt * omnes términi terræ salutáre Dei nostri. | Ant. 8 Tous les confins * de la terre ont vu le salut de notre Dieu [27]. |
Psaume 97 | |
Ant. 9 Psallam tibi * in natiónibus, quia magna est super cælos misericórdia tua. | Ant. 9 Je Vous chanterai * parmi les nations, car votre miséricorde s’est plus grande que les cieux [28]. |
Psaume 107 | |
V/. Memóriam fecit mirabílium suórum miserátor Dóminus. | V/. Il a institué un mémorial de ses merveilles, lui, le Seigneur miséricordieux [29]. |
R/. Escam dedit timéntibus se. | R/. Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem. | Lecture du saint Évangile selon saint Jean. |
Cap. 19, 31-37. | |
In illo témpore : Iudǽi, quóniam parascéve erat, ut non remanérent in cruce córpora sábbato (erat enim magnus dies ille sábbati) rogavérunt Pilátum, ut frangeréntur eórum crura et tolleréntur. Et réliqua. | En ce temps-là : Ce jour étant celui de la Préparation, afin que les corps ne demeurassent pas en croix durant le Sabbat (car ce Sabbat était un jour très solennel), les Juifs prièrent Pilate qu’on leur rompît les jambes, et qu’on les enlevât. Et le reste. |
Homilía sancti Ioánnis Chrysóstomi. | Homélie de saint Jean Chrysostome. |
Homilia 85, alias 84 in Ioannem, num. 3 | |
Viden, quam fortis sit véritas ? Per Iudæórum stúdia implétur prophetía. Alia quoque prædíctio finem áccipit. Veniéntes enim mílites aliórum fregérunt crura, Christi non item. Attamen hi, in grátiam Iudæórum, eius latus láncea pérforant, et mórtuo córpori contuméliam ínferunt. O sceléstum et exsecrándum fácinus ! Sed ne turbéris, ne deiiciáris, dilécte. Nam quæ mala illi voluntáte faciébant, veritátem propugnábant ; prophetía namque erat : Vidébunt in quem transfixérunt. Neque hoc tantum ; sed étiam iis qui infidéles futúri erant, hoc fácinus demonstratióni fuit, ut Thomæ et ipsi simílibus. Ad hæc étiam mystérium ineffábile consummabátur. Exívit enim sanguis et aqua. Non sine causa vel casu hi fontes manárunt, sed quia ex hoc utróque Ecclésia constitúta est. | Voyez-vous quelle est la force de la vérité ? C’est par le soin même des Juifs que s’accomplit la prophétie. C’est par eux encore qu’une autre prophétie reçoit son accomplissement. Car les soldats vinrent et brisèrent les jambes des autres, mais non celles du Christ. Cependant, afin de plaire aux Juifs, ils percent son côté d’une lance, et ainsi outragent un cadavre. O crime horrible et maudit ! Mais ne vous laissez pas troubler et abattre, mon ami. Car les actes mêmes qu’ils accomplissent par une volonté perverse, militent en faveur de la vérité. Il existait en effet une prophétie qui disait : « Ils regarderont celui qu’ils auront transpercé » [30]. Et ce n’est pas tout, car cet attentat devint encore un argument de foi pour ceux qui devaient douter, comme Thomas et autres semblables. En même temps se consommait un mystère ineffable ; car « il sortit du sang et de l’eau » [31]. Ce n’est pas sans raison et par hasard que jaillirent ces sources : mais parce que d’elles deux fut constituée l’Église. |
R/. Ego si exaltátus fúero a terra * Omnia traham ad meípsum. | R/. Moi, quand J’aurai été élevé de terre * J’attirerai tout à Moi [32]. |
V/. Hoc autem dicébat signíficans qua morte esset moritúrus. | V/. Il disait cela, pour marquer de quelle mort Il devait mourir [33]. |
* Omnia traham ad meípsum. | * J’attirerai tout à Moi. |
Lectio viii | 8e leçon |
De vite mystica Cap. 3 | |
Hoc sciunt initiáti, qui per aquam regenerántur, ac per sánguinem et carnem nutriúntur. Hinc inítium mystéria sumunt, ut, cum ad treméndum póculum accésseris, sic vénias ac si ex hoc látere potatúrus esses. Et qui vidit testimónium perhíbuit, et verum est testimónium eius. Hoc est : Non ab áliis audívi, sed ipse præsens vidi, et verum est testimónium. Mérito sane. Contuméliam narrat, non magnum quid et mirábile, ut possis contra suspicári ; verum ille hæreticórum ora cómprimens et futúra prænúntians mystéria, atque conténtum in ipsis thesáurum consíderans, minutátim recénset et quæ gesta sunt. Impléta est autem prophetía illa : Os eius non commínuent. Etiámsi enim hoc de Iudæórum agno dictum sit, tamen propter veritátem figúra præcéssit, et in hoc magis complétum est. Ideo prophétam in médium addúcit. | Ils le savent les initiés qui sont régénérés par l’eau et se nourrissent du Sang et de la Chair. C’est là que prennent leur source les saints mystères : aussi lorsque vous approchez de la coupe redoutable, venez comme si vous alliez boire à ce côté même. « Et celui qui a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai » [34]. C’est-à-dire je ne l’ai pas entendu d’autres, mais je l’ai vu moi-même étant présent, et mon témoignage est vrai. Et c’est tout naturel : car c’est un acte outrageant qu’il raconte ; il ne raconte rien de grand ni de merveilleux, qui vous puisse faire suspecter sa parole. Mais, fermant la bouche aux hérétiques, il annonce les mystères à venir, considère le trésor qu’ils renferment et rapporte minutieusement ce qui s’est passé. Elle s’accomplit encore cette autre prophétie : « On ne brisera aucun de ses os » [35]. Si en effet cela fut dit de l’agneau des Juifs, c’est pourtant en vue de la réalité que la figure a précédé, et elle s’est ici plus pleinement accomplie. Voilà pourquoi il fait intervenir le prophète. |
R/. Simus ergo imitatóres Dei * Et ambulémus in diléctione. | R/. Soyons donc les imitateurs de Dieu * Et marchons dans l’amour [36]. |
V/. Sicut et Christus diléxit nos et trádidit semetípsum pro nobis. | V/. Comme le Christ, qui nous a aimés, et qui s’est livré Lui-même pour nous. |
* Et ambulémus in diléctione. Glória Patri. * Et ambulémus in diléctione. | * Et marchons dans l’amour. Gloire au Père. * Et marchons dans l’amour. |
Lectio ix | 9e leçon |
Cum sese testem áfferens ubíque non viderétur fide dignum habéri, addúcit Móysen, ut ínnuat hoc non casu factum esse, sed iam olim scripto fuísse prænuntiátum. Hoc illud dictum est : Os eius non comminuétur. Rursúmque ex seípso Prophétæ fidem facit. Hæc dixi, inquit, ut discátis magnam esse affinitátem inter figúram et veritátem. Viden, quantam curam adhíbeat, ut credátur illud quod turpe et ignominiósum vidétur ? Nam corpus a mílite contumélia áffici, longe peius erat quam crucifígi. Attamen et hæc dixi, inquit, et cum magna diligéntia dixi, ut credátis. Nemo ítaque fidem neget, neque præ pudóre nostris nóceat. Nam quæ máxime contumeliósa vidéntur, hæc sunt bonórum nostrórum honestíssima. | En effet, comme, se mettant lui-même en avant, il pouvait ne pas sembler digne de foi, il allègue Moïse, donnant à entendre que ceci ne s’était pas produit par hasard, mais avait été annoncé autrefois. Et voici ce qui a été dit : « On ne brisera aucun de ses os ». Et à son tour l’évangéliste confirme par lui-même le témoignage du prophète. Ce que j’ai raconté, dit-il, c’est afin que vous appreniez l’étroite parenté qui unit la figure et la réalité. Voyez-vous quel soin il prend, afin que l’on ajoute foi à ce qui paraît ignominieux et déshonorant ? L’outrage fait par le soldat à un cadavre était beaucoup plus grand que celui de la crucifixion. Néanmoins je l’ai narré aussi, dit-il, et je l’ai narré avec grand soin, « afin que vous croyez » [37]. Que nul ne refuse donc sa foi, et n’aille, par un sentiment de honte, compromettre notre cause. Car les faits qui semblent les plus ignominieux sont les plus vénérables de nos biens. |
Te Deum | |
A LAUDES.
Comme au jour de la Fête.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Les 1ères Vêpres du Dimanche dans l’Octave.
Institué en 1929, l’Octave du Sacré-Cœur ne peut pas avoir été commenté dans l’Année Liturgique de Dom Guéranger ; le Bhx Cardinal Schuster, ne commentant que les textes du Missel, ne donne qu’un commentaire de la Messe qu’on retrouvera ici. Quand à Dom Pius Parsch, il n’en parle que pour le Dimanche dans l’Octave pour relier l’évangile de la brebis perdue et du bon Pasteur au thème du Sacré-Cœur.
C’est pourquoi nous donnons ici des commentaires glanés ci et là…
Préambule [38]
Le cœur étant le symbole de l’amour, c’est l’ardent amour de Jésus qu’on honore en vénérant son Cœur de chair.
Cet amour s’est particulièrement manifesté lors de la passion du Sauveur car il a dit lui-même : « Personne n’a de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’il aime » [39].
Sa vie il l’a offerte pour nous sur la croix en expiation de nos fautes, pour nous réconcilier avec son Père en nous obtenant son pardon et la vie de la grâce qui est celle des enfants de Dieu.
C’est ainsi que le Cœur de Jésus nous est représenté blessé par la lance d’un soldat et répandant du sang et de l’eau, symboles des sacrements par lesquels la grâce divine se répand dans nos âmes.
Pie XII a particulièrement insisté, dans son Encyclique Haurietis aquas (1956) sur ce cœur transpercé qui met en évidence le caractère sacerdotal et sacrificiel de l’œuvre rédemptrice, consommée sur la croix et dont le Christ, glorieux dans les cieux, renouvelle l’oblation par le ministère de ses prêtres sur les autels du monde entier.
Cette œuvre à la fois d’amour (cœur) et de réparation (blessure) exige de notre part, comme le dit l’oraison de ce jour : « Que nous lui rendions le fervent hommage de notre amour et que nous lui offrions aussi le devoir d’une juste satisfaction ».
Par la liturgie de la parole et du sacrifice puisons :
1 et 2 : Aux sources de l’Ancien et du Nouveau Testament.
La liturgie fait ressortir l’amour miséricordieux, qui émane du Cœur de Jésus et nous a valu le salut, en puisant dans le psautier quelques-uns des éléments du propre de la messe de ce jour :
Introït : Psaume 32, 11-19. « Les desseins de son cœur subsistent d’âge en âge ; arracher leur âme à la mort, et les faire vivre au temps de la famine ».
Le cœur de Dieu, par où on entend son amour, a formé de toute éternité le dessein d’arracher le genre humain à la mort éternelle, juste châtiment de la faute d’Adam et des hommes qu’il avait prévue dans sa préscience divine.
Au cours des âges ce miséricordieux dessein de Dieu a toujours prévalu malgré l’opposition que lui ont faite les pécheurs.
Et aux temps messianiques, ainsi préparés par la Providence divine, cette charité toute gratuite de Dieu s’est manifestée avec surabondance par tous les événements de la vie du Fils de Dieu fait homme dont l’Église poursuit l’œuvre et la poursuivra jusqu’à la fin des temps.
Le sacrifice du Calvaire et son prolongement par le sacrifice de la messe sont les deux foyers de cette immense charité du Cœur du Christ. La mort du divin crucifié, nous préserve de la mort du péché et de ses conséquences funestes. L’Eucharistie alimente nos âmes et les préserve de la mort spirituelle.
Verset : Psaume 32, 1. « Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, la louange sied aux cœurs droits ».
A la pensée de cet amour immense et incessant de Dieu et de son Christ à notre égard, comment ne pas exulter de joie et glorifier le Seigneur.
Graduel : Psaume 24, 8-9. « Le Seigneur est bon et juste ; aux égarés il montre le chemin. Il fait marcher les humbles dans la droiture ; aux malheureux il enseigne sa voie ».
David exprima dans ce psaume combien grande était sa confiance en Dieu qui lui a toujours fait connaître ses voies et donné ses enseignements comme règle de vie.
L’Église fait nôtres ces élans de l’âme du Roi-Prophète car le divin Maître a dit : Alléluia, Matth. 11, 29 : « Venez à moi, vous tous qui êtes las et surchargés et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes ».
Offertoire : PS. 68, 21. « L’opprobre m’a brisé le cœur, je suis perdu ; j’attendais la pitié, mais en vain, des consolateurs et je n’en ai point trouvé ».
Ce psaume est une douloureuse lamentation d’un serviteur de Dieu persécuté par ses ennemis.
C’est un psaume messianique qui traduit la grande souffrance du Christ au cours de sa passion.
Assumant devant son Père la responsabilité de tous les péchés des hommes, ses frères en humanité, il ressentit très vivement quel abîme les sépare du Dieu de toute sainteté. Et pour les en délivrer en expiant en toute justice à leur place, il voulut souffrir en quelque façon ce redoutable isolement qu’accentuèrent encore la haine de ses ennemis, la trahison de Judas, l’abandon de ses apôtres et l’indifférence ou la faiblesse de ceux qui, au lieu de lui venir en aide, le lâchèrent ou l’accablèrent de leurs injustes sarcasmes et avanies. Il prévit aussi à ce moment l’ingratitude future des hommes à son égard et l’inutilité de ses souffrances pour ceux qui, au cours des siècles, le rejetteront volontairement en mourant en état de péché mortel et en se détournant ainsi à jamais de lui-même et de son Père.
Ce refoulement de l’amour de Dieu par les pécheurs endurcis transperça, plus encore que la lance, son divin Cœur.
Jean parle en témoin dans l’Évangile, et le caractère d’authenticité qu’il donne à ce témoignage indique l’importance qu’il attache à ce que nous y croyons.
Il s’agit, en effet, de la réalisation de deux prophéties qui montrent aux fidèles que la nouvelle alliance dans le sang de Jésus, conclue sur le Golgotha, fait suite à l’ancienne alliance, conclue aussi dans le sang, au pied du Sinaï, et qu’en contemplant avec le regard de la foi la divine Victime qu’ils auront transpercée et en se lamentant sur elle, les hommes y trouveront une source de salut.
« Car, explique saint Jean, cela est arrivé pour que s’accomplît cette parole de l’Écriture : « Au-un de ses os ne sera brisé » ; et cette autre encore, qui dit : « ils cegarderont celui qu’ils auront transpercé ».
Le premier oracle se rapporte à l’agneau pascal dont il était interdit de briser les os [40] en raison même du caractère prophétique de cette victime qui figurait le véritable Agneau de Dieu, immolé sur la croix et reçu en nourriture à la table du Seigneur.
Jésus ne devait pas subir comme nous la décomposition du tombeau. Il devait y être déposé intact et ressusciter sans qu’il ait subi de mutilation.
Le second oracle fait allusion à un texte de Zacharie qui est messianique. « En ce jour-là je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de bienveillance et de supplication. Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé ; ils se lamenteront sur lui comme on le fait pour un fils unique et ils pleureront comme on pleure un premier-né... En ce jour-là il y aura une source ouverte à la maison de David et aux habitants de Jérusalem, pour le péché et l’impureté » [41].
Ce Fils unique, ce premier-né d’entre beaucoup de frères, comme l’appelle saint Paul, c’est Jésus dont le côté et le cœur transpercé sont pour tous les hommes une source salutaire.
Le sang est l’instrument de propitiation [42].
Il fut répandu au calvaire pour notre rédemption et il est offert à Dieu chaque fois qu’on réalise le sacrifice eucharistique.
L’eau est le symbole de l’Esprit qui donne la fécondité spirituelle. « Celui qui croit en moi, a dit Jésus, des fleuves d’eau vive couleront de son sein. Il disait cela de l’Esprit que rêvaient recevoir ceux qui croiraient en lui » [43].
Et c’est en « naissant de l’eau et de l’Esprit » [44] par le baptême que les âmes sont purifiées et remplies de la vie surnaturelle de la grâce.
Les Pères ont donc vu à juste titre dans ce sang et cette eau, qui ont jailli du côté de Jésus, le symbole des deux sacrements grâce auxquels l’Église, nouvelle Ève sortant du côté du nouvel Adam, vit, est nourrie et se propage.
3 : Aux sources de l’Église par le ministère de laquelle le Christ, unique grand-prêtre, continue l’œuvre de notre salut et nous y fait participer activement.
L’œuvre toute d’amour de Jésus, qui consista à arracher les âmes au démon pour les ramener, à titre d’enfants, dont il est comme homme aîné, à Dieu son Père dans le royaume des cieux, fut accomplie très méritoirement dans le passé, mais elle doit être mise à présent à notre portée pour que nous puissions en bénéficier.
C’est à l’Église qu’il revient de le faire sous la conduite de l’Esprit-Saint par lequel, du haut du ciel et dans l’eucharistie, Jésus lui-même continue inlassablement à travailler à notre salut.
La célébration des mystères du Sauveur dans le cadre des fêtes du cycle liturgique a été établie dans ce but, et l’Église convie tous les fidèles à y prendre part au moins chaque dimanche par une assistance active à la Sainte Messe.
Le calvinisme au XVIe siècle et le jansénisme au XVIIe, ayant prôné un christianisme où l’amour de Dieu pour tous les hommes était essentiellement défiguré, l’Église affirma le caractère universel et constant de cet amour en instituant la fête du Sacré-Cœur. Un premier office et une messe du Sacré-Cœur furent composés au XVIIe siècle par Jean Eudes. A la suite des apparitions de notre Seigneur à Ste Marguerite-Marie Alacoque en 1675, la fête du Sacré-Cœur, fut célébrée le Vendredi qui suit le 2e dimanche après la Pentecôte (et qui venait à cette époque après l’octave de la Fête-Dieu).
Étendue à toute l’Église par Pie IX en 1856, elle fut portée par Pie XI à un rang plus élevé.
Cette solennité récapitule toutes les phases de l’existence du Sauveur célébrées depuis l’Avent jusqu’à la Fête-Dieu. Ce Cœur que l’on adore, en tant qu’appartenant au Fils de Dieu auquel est dû le culte de latrie, fut formé dans le sein de la Vierge (Temps de l’Avent). C’est celui qui battait déjà d’amour pour nous dans la poitrine de l’enfant de la crèche et qui élaborait, dans l’atelier de Nazareth, le sang généreux qui circulait dans les veines du divin ouvrier (Temps de Noël) ; c’est celui que dévorait le zèle de la maison de Dieu et du salut des âmes lors des tournées apostoliques du Sauveur en Palestine (Temps du Carême) ; c’est celui qui ressentit les angoisses de l’agonie sanglante au jardin des Oliviers et qui, après avoir été transpercé (Temps de la Passion) ressuscita à une vie nouvelle et glorieuse (Pâques) ; et c’est celui enfin qui monta au ciel (Ascension) et qui chaque jour se rend présent sur nos autels où on le vénère dans l’Eucharistie (Fête-Dieu).
Le Cœur de Jésus, symbole de son amour, résume donc toute l’œuvre de la rédemption accomplie par le Sauveur. Sa fête, venant à la suite de la célébration de tous les mystères du Christ au cours de l’année, montre que c’est à l’immense charité du Fils de Dieu que nous devons notre salut. Elle évoque, dans une plénitude saisissante « la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur » de cette charité » comme le dit l’épître de ce jour où saint Paul reprend les expressions suggérées par l’admiration de Job devant la sagesse divine [45].
L’apôtre, écrivant aux Éphésiens, évoque, en effet le mystérieux dessein du salut des hommes conçu de toute éternité par Dieu dont l’amour miséricordieux est sans limites.
C’est dans et par le Christ que cet amour du Père nous est révélé et c’est dans le Christ et par l’Esprit-Saint que cette incomparable œuvre de salut se réalise au sein de l’Église.
Unis vitalement au Christ, comme des membres à leur Chef, tous les hommes sans exception sont appelés à participer à la filiation du Verbe incarné et à devenir par lui, avec lui et en lui enfants du Père.
Cette paternité divine n’exclut personne. Par le Fils tous doivent aller au Père dans l’unité de l’Esprit. Unité de foi et d’amour qui constitue ce que saint Paul appelle l’homme intérieur et qui nous remplit, par l’effet de la grâce surnaturelle, de la plénitude même de Dieu.
C’est à cet Apôtre des Gentils qu’il revint de leur annoncer ce mystérieux dessein d’amour dont les anges eux-mêmes n’ont la révélation qu’au fur et à mesure de sa réalisation au cours des siècles. Et il en bénit le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ de qui il tire son nom toute paternité aux cieux et sur la terre.
Voilà du reste son contexte qui met en plein relief l’amour de Dieu en Jésus-Christ, objet formel de la fête de ce jour : « Oui, frères, à moi, le plus infime de tous les saints, a été donnée cette grâce d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ, et de mettre en lumière le plan de ce mystère, tenu caché depuis l’origine des siècles en Dieu le créateur de toutes choses, afin que, par le moyen de l’Église soit maintenant révélée aux principautés et dominations qui sont dans les cieux la sagesse infiniment diverse de Dieu. Et cela, conformément à l’éternel dessein qu’il a réalisé dans le Christ Jésus notre Seigneur, qui nous donne, si nous avons foi en lui, la hardiesse de nous approcher de Dieu avec confiance. C’est pourquoi je fléchis les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, de qui tire son nom toute paternité aux cieux et sur la terre. Qu’il vous accorde, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit, pour que grandisse en vous l’homme intérieur ; que le Christ habite en vos œuvres par la foi ; soyez enracinés dans la charité et fondés sur elle, afin de pouvoir comprendre avec tous les saints ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur et al profondeur, et connaître l’amour du Christ, qui défie toute connaissance. Ainsi serez-vous remplis de la plénitude même de Dieu » [46].
Si toute l’œuvre du Christ est une œuvre d’amour qui se concentre dans le Calvaire, puisque c’est là surtout qu’il a donné sa vie pour nous, ainsi que le montre son Cœur transpercé, c’est maintenant dans le Sacrifice eucharistique que cette charité divine se manifeste avec le plus d’intensité et d’efficacité puisque Jésus lui-même, par le ministère des prêtres, continue à s’y offrir pour que ses mérites soient appliqués à nos âmes.
L’Eucharistie est le sacrement suprême de l’amour qui unit toute la communauté chrétienne dans les liens de la charité du Christ et qui fait du divin Cœur le roi et le centre de tous les cœurs.
C’est par l’Eucharistie surtout, qui est à la fois sacrifice et sacrement, que renonçant de plus en plus à notre égoïsme nous nous ouvrons toujours davantage à la charité dont le Sacré-Cœur est le foyer brûlant et débordant. « A ceci, dit saint Jean, nous avons connu l’amour : c’est qu’il a donné sa vie pour nous. Nous devons donc à notre tour donner aussi notre vie pour nos frères » [47].
But final du drame rédempteur : l’apothéose céleste dont la liturgie est l’annonce, la préparation et le prélude ici-bas.
C’est en union avec le Sacré-Cœur, uni substantiellement au Verbe de Dieu, que les anges et les saints glorifient Dieu dans le ciel, et qu’ici-bas nous rendons au Père, notamment à la sainte messe, tout honneur et toute gloire.
Nous préludons par là à l’action de grâces et à la louange toute d’amour que, dans les effusions de l’Esprit-Saint, tous les élus ne cesseront d’adresser durant l’éternité, à la très Sainte Trinité pour le don ineffable qu’elle nous a fait du Sacré-Cœur, source de vie et de sainteté, propitiation pour nos péchés, source de toute consolation, notre vie et notre résurrection.
La fête de ce divin Cœur nous prépare donc à la béatitude céleste, elle en est comme un avant-goût. « Seigneur Jésus, demande l’Église dans la Postcommunion, que vos mystères sacrés suscitent en nous une ferveur divine, qui, nous faisant goûter la suavité de votre cœur très aimant, nous apprenne à mépriser les choses de la terre et à aimer celles du ciel ».
Notre engagement personnel et communautaire dans la célébration liturgique de la fête du Sacré-Cœur.
Pour bénéficier pleinement de cette fête en nous pénétrant de son esprit, faisons nôtres ces belles formules de la messe.
Collecte : « Dieu, qui dans le cœur de votre Fils, blessé par nos péchés, nous prodiguez avec miséricorde des trésors infinis de charité, faites qu’en lui rendant le fervent hommage de notre amour, nous lui offrions aussi nos devoirs de juste réparation ».
Secrète : « Considérez, Seigneur, l’amour ineffable du cœur de votre Fils bien-aimé, afin que notre offrande vous soit agréable et nous obtienne l’expiation de nos péchés ».
Préface : « II est vraiment juste et nécessaire, c’est notre devoir et c’est notre salut, de vous rendre grâces toujours et partout, Seigneur, Père saint, Dieu éternel et tout-puissant, qui avez voulu que votre Fils unique, suspendu à la croix, fût transpercé de la lance du soldat afin que son Cœur ouvert, sanctuaire des libéralités divines, épanchât sur nous des torrents de miséricorde et de grâce, et qu’embrasé pour nous d’un amour qui ne se dénient jamais, il fût pour les âmes ferventes le lieu du repos et s’ouvrit aux pénitents en refuge de salut ».
[1] Pour rappel :
Octaves de Ier ordre : Pâques et Pentecôte, ne le cèdent à aucune fête ;
Octaves de IInd ordre : Épiphanie, Fête-Dieu, ne cèdent que devant les fêtes de Ière classe ;
Octaves de IIIème ordre : Noël, Ascension, Sacré-Cœur, cèdent devant les fêtes doubles ;
Octaves Communes : Immaculée Conception, Assomption, St Jean-Baptiste, Patronage de St Joseph, Sts Pierre et Paul, Toussaint, Dédicace et Titulaire d’une église, Dédicace et Titulaire de l’église Cathédrale, Patrons principaux du lieu, Fêtes de Ière classe avec Octave…
Octaves Simples : Nativité de la Ste Vierge, St Jean Apôtre, St Etienne, Sts Innocents, Fêtes de IIème classe avec Octave.
[2] Ps. 32, 11. Les desseins de bonté du Cœur du Christ sont immuables et fidèles comme ceux de Dieu. Tel est le sens de cette Antienne comprise d’après le sens du verset du Psaume dont elle est extraite.
[3] Ps. 35, 9-10.
[4] Ps. 40, 10.
[5] Matth. 11, 29.
[6] Jer. 32, 40.
[7] Jer. 32, 41.
[8] Ps. 54, 13.
[9] Ps. 54, 14-15.
[10] Ps. 54, 13.
[11] Eph. 2, 5.
[12] Eph. 2, 4.
[13] Eph. 2, 7.
[14] Ps. 46, 8-9.
[15] Ps. 60, 2. Vous m’avez rend fermeté et sécurité. Cela a été vrai du Sacré-Cœur vivant sur terre et c’est encore vrai du cœur de ses fidèles.
[16] Ps. 93, 19.
[17] Ps. 40, 4.
[18] Coloss., II, 3.
[19] Gen., II, 14.
[20] Ps. 144, 18.
[21] Ps. 144, 8.
[22] Léon XIII, 25 mai 1899.
[23] Matth. 11, 25.
[24] Matth. 11, 26.
[25] Ps. 85, 9-10
[26] Ps. 96, 11 & 13.
[27] Ps. 97, 5.
[28] Ps. 107, 3-4.
[29] Ps. 110, 4.
[30] Zach. 12, 10.
[31] Jn 19, 34.
[32] Jn. 12, 32.
[33] Jn. 12, 33.
[34] Jn 19, 35.
[35] Ex. 12, 46.
[36] Ephes. 5, 1-2.
[37] Jn. 19, 35.
[38] La Croisade Liturgique à l’École et au Foyer, avril-mai-juin 1957, pp. 394-399.
[39] Jn. 15, 13.
[40] Ex. 12, 46 ; Nombr. 9, 12.
[41] Zach. 12, 9-10 ; 13, 1.
[42] 1 Rom. 3, 25 ; 1 Jn. 1, 7 ; Ap. 1, 7.
[43] Jn. 7, 38-39.
[44] Jn. 3, 5.
[45] Job 11, 8-9.
[46] Ephes. 3, 8-19.
[47] 1 Jn. 3, 16.