Psalmus 83 | Psaume 83 [1] |
Quam dilécta tabernácula tua, Dómine virtútum : * concupíscit, et déficit ánima mea in átria Dómini. | Que vos tabernacles sont aimables, Seigneur des armées : * mon âme soupire et languit après les parvis du Seigneur. |
Cor meum, et caro mea : * exsultavérunt in Deum vivum. | Mon cœur et ma chair : * ont tressailli pour le Dieu vivant [2]. |
Etenim passer invénit sibi domum : * et turtur nidum sibi, ubi ponat pullos suos. | Car le passereau se trouve une maison : * et la tourterelle un nid pour y placer ses petits [3]. |
Altária tua, Dómine virtútum : * Rex meus, et Deus meus. | Vos autels, Seigneur des armées : * mon Roi et mon Dieu. |
Beáti, qui hábitant in domo tua, Dómine : * in sǽcula sæculórum laudábunt te. | Heureux ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur : * ils vous loueront dans les siècles des siècles. |
Beátus vir, cuius est auxílium abs te : * ascensiónes in corde suo dispósuit, in valle lacrimárum in loco, quem pósuit. | Heureux l’homme qui reçoit de vous son secours : * en son cœur il a disposé des degrés pour s’élever [4] dans la vallée des larmes, jusqu’au lieu qu’il a déterminé [5]. |
Etenim benedictiónem dabit legislátor, ibunt de virtúte in virtútem : * vidébitur Deus deórum in Sion. | Car le divin législateur donnera sa bénédiction, ils iront de vertu en vertu [6] : * et le Dieu des dieux sera vu dans Sion. |
Dómine, Deus virtútum, exáudi oratiónem meam : * áuribus pércipe, Deus Iacob. | Seigneur, Dieu des armées, exaucez ma prière : * prêtez l’oreille, Dieu de Jacob. |
Protéctor noster, aspice, Deus : * et respice in fáciem Christi tui. | Dieu, notre protecteur, regardez : * et jetez les yeux sur le visage de votre christ [7]. |
Quia mélior est dies una in átriis tuis : * super millia. | Car un seul jour passé dans vos parvis : * vaut mieux que mille ailleurs [8]. |
Elégi abiéctus esse in domo Dei mei : * magis quam habitáre in tabernáculis peccatórum. | J’ai choisi d’être des derniers dans la maison de mon Dieu : * plutôt que d’habiter dans les tentes des pécheurs. |
Quia misericórdiam et veritátem díligit Deus : * grátiam et glóriam dabit Dóminus. | Car Dieu aime la miséricorde et la vérité [9] : * le Seigneur donnera la grâce et la gloire [10]. |
Non privábit bonis eos, qui ámbulant in innocéntia : * Dómine virtútum, beátus homo, qui sperat in te. | Il ne privera pas de ses biens ceux qui marchent dans l’innocence : * Seigneur des armées, heureux l’homme qui espère en vous [11]. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] Applications liturgiques. Ne respirant que l’amour de la maison de Dieu, ce psaume est chanté à l’office de la Dédicace : IIe Nocturne. Il reçoit aussi une très riche application à la Fête-Dieu : IIIe Nocturne, et à la Transfiguration : IIe Nocturne. Tous les versets du psaume y sont d’un à propos ravissant (Le P. Emmanuel).
[2] Une grande tristesse apparaît dans ces paroles du Prophète : Mon âme languit ; car il n’a point ce qu’il désire si vivement. (Saint Augustin). Il faudra la mort douloureuse du Sauveur pour rouvrir à l’humanité les portes du ciel. Quant à nous, plus favorisés que les justes de l’ancienne loi, visitons souvent les parvis du Seigneur, ils sont pour nous comme le vestibule du ciel ; notre cœur et notre chair y tressaillent pour le Dieu vivant quand il vient par la communion les préparer à la vie éternelle.
[3] Le Seigneur, par sa providence, assure des asiles aux plus petits oiseaux, que ne fera-t-il pas pour nous ? (Berthier). Soit donc que je mène la vie active comme le passereau qui se plaît dans les lieux fréquentés, soit que je mène la vie contemplative comme la tourterelle qui cherche les lieux solitaires, je choisis, ô Dieu, vos autels, pour le refuge où je prendrai quelque repos, et le nid où je déposerai mes désirs, mes prières et mes louanges.
[4] En cette vie la fragilité de notre chair nous empêche de voler au séjour du bonheur. Comment parvenir à ces hauteurs ? Qui me délivrera du corps de cette mort ? La grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur (Rom., VII, 22-25). Mais quelle est l’action de Dieu dans celui qu’il entreprend de sauver par cette grâce ? Dieu lui fait des degrés pour monter. Où les lui fait-il ? Dans le cœur. Concluez donc que plus vous aimerez, plus vous monterez. (Saint Augustin).
[5] C’est dans cette vallée de larmes que sont les degrés de l’ascension, car pleurer c’est semer. Où doivent nous élever ces degrés ? Au lieu que Dieu nous a destiné et que l’œil n’a point vu (I. Cor. II, 9). Il sait où il veut se conduire, celui qui a disposé des degrés dans son cœur. (S. Augustin).
[6] Chaque pas fait pour Dieu est une force nouvelle qui rend possibles de plus grands efforts et de plus héroïques sacrifices. Comme il s’agit ici surtout de force morale, il s’ensuit que le serviteur de Dieu marche de vertus en vertus. (Lesêtre).
[7] David demande que le Seigneur jette ses regards sur le Messie, médiateur entre Dieu et les hommes, et dont les mérites s’étendent à tous les temps et à tous les peuples. (Berthier).
[8] Telle est la beauté de la vérité, telle est la douceur de la lumière éternelle que, même si l’on ne pouvait y demeurer plus d’un jour, on mépriserait à bon droit pour les joies de ce seul jour, d’innombrables années d’une vie pleine de délices dans l’affluence des biens temporels sur la terre. (Saint Augustin. Du libre arbitre, livre III, chapitre dernier).
[9] La miséricorde et la vérité, c’est-à-dire la fidélité à ses promesses, Dieu aime à les manifester. Il donne d’abord la grâce en pardonnant les péchés, puis la gloire en .couronnant les mérites. (S, Jérôme).
[10] Dieu est miséricordieux, c’est pour cela qu’il donne la grâce ; Dieu est vrai dans ses paroles, c’est pour cela qu’il confère la gloire. La grâce précède la gloire et la gloire suppose le bon usage de la grâce. Quand Dieu nous donne la gloire, il couronne nos mérites, qui sont le fruit de sa grâce. (Berthier).
[11] Dieu te réserve des biens. Lui qui a donné au pécheur la mort de son Fils, que n’aura-t-il pas pour celui qu’a sauvé son Fils expirant ? (Saint Augustin).