Psalmus 4 | Psaume 4 [1] |
Cum invocárem exaudívit me Deus iustítiæ meæ : * in tribulatióne dilatásti mihi. | Lorsque je l’invoquais, il m’a exaucé, le Dieu de ma justice : * dans la tribulation, vous m’avez mis au large [2]. |
Miserére mei, * et exáudi oratiónem meam. | Ayez pitié de moi, * et exaucez ma prière. |
Fílii hóminum, úsquequo gravi corde ? * ut quid dilígitis vanitátem, et quǽritis mendácium ? | Fils des hommes, jusqu’à quand aurez-vous le cœur lourd ? * Pourquoi aimez-vous la vanité, et cherchez-vous le mensonge [3] ? |
Et scitóte, quóniam mirificávit Dóminus sanctum suum : * Dóminus exáudiet me cum clamávero ad eum. | Sachez donc que le Seigneur a glorifié son saint : * le Seigneur m’exaucera, lorsque je crierai vers lui. |
Irascímini et nolíte peccáre : quæ dícitis in córdibus vestris, * in cubílibus vestris conpungímini. | Irritez-vous [4] et ne péchez pas : et ce que vous dites en vos cœurs, * pleurez-le sur vos lits avec componction. |
Sacrificáte sacrifícium iustítiæ, et speráte in Dómino. * Multi dicunt : Quis osténdit nobis bona ? | Offrez un sacrifice de justice [5], et espérez dans le Seigneur. * Beaucoup disent : Qui nous montrera le bonheur [6] ? |
Signátum est super nos lumen vultus tui, Dómine : * dedísti lætítiam in corde meo. | La lumière de votre visage a été gravée sur nous, Seigneur [7] : * vous avez donné la joie à mon cœur. |
A fructu fruménti, vini, et ólei sui * multiplicáti sunt. | Par le fruit de leur froment, de leur vin et de leur huile, * ils se sont multipliés [8]. |
In pace in idípsum * dórmiam et requiéscam ; | Dans la paix tout à la fois * je m’endormirai et je reposerai [9] ; |
Quóniam tu, Dómine, singuláriter in spe * constituísti me. | Parce que vous, Seigneur, vous seul, dans l’espérance * m’avez établi. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] Applications liturgiques. L’Église chante ce psaume aux Matines des saints martyrs avec, l’antienne : « sachez donc que Dieu a glorifié son saint ». Elle le répète aux Matines des saints Confesseurs, avec une antienne qui rappelle la prière des saints sur la terre, et leur bonheur dans la paix éternelle. Ce psaume est appliqué à Jésus-Christ lui-même, aux Matines du samedi saint : c’est la prière du Sauveur au tombeau. La mention des sacrifices de justice (v. 6) et celle du froment et du vin ont mérité à ce psaume une place dans l’office du Saint-Sacrement. (Le P. Emmanuel).
[2] Dieu met au large dans la tribulation : 1° quand il console l’homme affligé ; 2° quand il se sert de la souffrance pour nous délivrer de nos passions. (Saint Chrysostome). Il nous donne plus alors que dans la prospérité.
[3] Les plaisirs terrestres sont mensonge, ils promettent ce qu’ils ne peuvent donner.
[4] De cette sainte indignation qu’inspire le zèle.
[5] Un sacrifice de justice, celui d’une âme droite. Qu’elle s’offre et s’immole sur l’autel de la foi, pour être consumée par le feu divin ou par le Saint-Esprit. Un sacrifice de justice peut bien s’entendre de celui qu’offre une âme pénitente. Quoi de plus juste que de s’irriter contre ses propres fautes et de s’immoler à Dieu en se châtiant ? Que l’âme purifiée s’offre et s’immole sur l’autel de la foi, pour être consumée par le feu divin ou par le Saint-Esprit. (S. Augustin).
[6] C’était le cri de David, c’est le cri de toutes les âmes. Chaque génération répète en passant cette unique question qui domine et comprend toutes les autres. La réponse est toujours la même (verset suivant : La lumière de votre visage a été gravée sur nous, Seigneur ; vous avez donne la joie à mon cœur. Le bonheur est en Dieu seul et ne vient que de lui : il est la lumière de sa face se reflétant sur l’âme humaine. Et, pour qu’aucun nuage ne voile cette lumière, pour qu’aucune ombre ne s’interpose entre le ciel et nous, il faut qu’incessamment un sacrifice de justice soit offert au Seigneur : Offrez un sacrifice de justice et espérez dans le Seigneur. (L’abbé Buathier).
[7] Il en est de Dieu comme de César qui exige que son image soit empreinte sur la monnaie ; rendez donc à Dieu votre âme marquée à la lumière de sa face. (Saint Chrysostome).
[8] La Providence permet qu’ici-bas les méchants récoltent des biens temporels ; mais que sont leur froment, leur vin, leur huile ? « Il y a aussi un froment de Dieu » qui est le pain descendu du Ciel ; un vin, dont les enfants seront enivrés dans l’abondance de sa maison ; une huile de Dieu, dont il est dit (Ps. 22, 5) Votre huile a parfumé ma tête ». (S. Augustin).
[9] Repos de la conscience, repos du cœur, repos dans le recueillement, paix en Dieu, paix dans l’attente du dernier sommeil : voilà ce que produisent nos espérances.