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Mercredi de la 3ème semaine de Carême

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1960.


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

La Station est à Saint-Sixte, sur la voie Appienne, église paroissiale de Rome au Ve siècle. C’est à ce saint Pontife, et, pensent quelques auteurs, en cet endroit, que S. Laurent qui fut toujours plein de respect et de déférence pour son Père en Dieu, demanda de pouvoir l’accompagner comme son ministre dans le sacrifice qu’il allait faire de lui-même.

Textes de la Messe

Feria Quarta
Mercredi de la 3ème semaine de Carême
III Classis
3 ème Classe
Statio ad S. Xystum
Station à St Sixte
Ant. ad Introitum. Ps. 30, 7-8.Introït
Ego autem in Dómino sperábo : exsultábo et lætábor in tua misericórdia : quia respexísti humilitátem meam.Pour moi, j’espérerai dans le Seigneur. Je tressaillirai de joie et d’allégresse dans votre miséricorde, car vous avez regardé mon état humilié.
Ps. ib., 2.
In te, Dómine, sperávi, non confúndar in ætérnum : in iustítia tua líbera me et éripe me.J’ai espéré en vous, Seigneur ; que je ne sois jamais confondu ; dans votre justice, délivrez-moi et sauvez-moi.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Præsta nobis, quǽsumus, Dómine : ut salutáribus ieiúniis erudíti, a nóxiis quoque vítiis abstinéntes, propitiatiónem tuam facílius impetrémus. Per Dóminum.Faites, nous vous en supplions, Seigneur, que, formés par ces jeûnes salutaires, et nous éloignant aussi des vices si nuisibles, nous obtenions plus facilement les effets de votre miséricorde. Par Notre-Seigneur.
Léctio libri Exodi.Lecture du livre de l’Exode.
Exodi 20, 12-24.
Hæc dicit Dóminus Deus : Hónora patrem tuum et matrem tuam, ut sis long.vus super terram, quam Dóminus, Deus tuus, dabit tibi. Non occídes. Non mœcháberis. Non furtum fácies. Non loquéris contra próximum tuum falsum testimónium. Non concupísces domum próximi tui : nec desiderábis uxórem eius, non servum, non ancíllam, non bovem, non ásinum nec ómnia, quæ illíus sunt. Cunctus autem pópulus vidébat voces, et lámpades, et sónitum búccinæ, montémque tumántem : et, pertérriti ac pavóre concússi, stetérunt procul, dicéntes Móysi : Lóquere tu nobis, et audiámus : non loquátur nobis Dóminus, ne forte moriámur. Et ait Móyses ad pópulum : Nolite timére : ut enim probáret vos, venit Deus, et ut terror illíus esset in vobis, et non peccarétis. Stetítque pópulus de longe. Móyses autem accéssit ad calíginem, in qua erat Deus. Dixit prætérea Dóminus ad Móysen : Hæc dices fíliis Israël : Vos vidístis, quod de cælo locútus sim vobis. Non faciétis deos argénteos, nec deos áureo s faciétis vobis. Altáre de terra faciétis mihi, et offerétis super eo holocáusta et pacífica vestra, oves vestras et boves in omni loco, in quo memória fúerit nóminis mei.Ainsi parle le Seigneur : Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviez longtemps sur la terre que le Seigneur votre Dieu vous donnera. Vous ne tuerez point. Vous ne commettrez point d’adultère. Vous ne déroberez point. Vous ne porterez point de faux témoignage contre votre prochain. Vous ne désirerez point la maison de votre prochain ; vous ne désirerez point sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune de toutes les choses qui lui appartiennent. Or tout le peuple entendait les tonnerres et le son de la trompette, et voyait les lampes ardentes et la montagne toute couverte de fumée. Et dans la crainte et l’effroi dont ils étaient saisis, ils se tinrent éloignés. Et ils dirent à Moïse : Parlez-nous vous-même, et nous vous écouterons ; mais que le Seigneur ne nous parle point, de peur que nous ne mourions. Moïse répondit au peuple : Ne craignez point, car Dieu est venu pour vous éprouver et pour imprimer sa crainte en vous, afin que vous ne péchiez point. Le peuple demeura donc à distance, et Moïse s’approcha de la nuée où était Dieu. Le Seigneur dit encore à Moïse : Vous direz ceci aux enfants d’Israël : Vous avez vu que c’est du ciel que je vous ai parlé. Vous ne ferez point de dieux d’argent, ni de dieux d’or. Vous me dresserez un autel de terre sur lequel vous m’offrirez vos holocaustes et vos hosties pacifiques, vos brebis et vos bœufs, en tous les lieux où la mémoire de mon nom sera établie.
Graduale. Ps. 6, 3-4.Graduel
Miserére mei, Dómine, quóniam infírmus sum : sana me, Dómine.Ayez pitié de moi, Seigneur, car je suis sans force ; guérissez-moi, Seigneur.
V/. Conturbáta sunt ómnia ossa mea : et ánima mea turbáta est valde.Mes os sont ébranlés et mon âme est toute troublée.
Tractus. Ps. 102, 10.Trait.
Dómine, non secúndum peccáta nostra, quæ fécimus nos : neque secúndum iniquitátes nostras retríbuas nobis.Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés, et ne nous punissez pas selon nos iniquités.
V/.Ps. 78, 8-9. Dómine, ne memíneris iniquitátum nostrarum antiquarum : cito antícipent nos misericórdiæ tuæ, quia páuperes facti sumus nimis.Seigneur, ne vous souvenez plus de nos anciennes iniquités ; que vos miséricordes viennent en hâte au-devant de nous, car nous sommes réduits à la dernière misère.
(Hic genuflectitur) V/. Adiuva nos, Deus, salutáris noster : et propter glóriam nóminis tui, Dómine, libera nos : et propítius esto peccátis nostris, propter nomen tuum.On se met à genoux V/. Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous et pardonnez-nous nos péchés, à cause de votre nom.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth 15, 1-20.
In illo témpore : Accessérunt ad Iesum ab Ierosólymis scribæ et pharisǽi, dicéntes : Quare discípuli tui transgrediúntur traditiónem seniórum ? Non enim lavant manus suas, cum panem mandúcant. Ipse autem respóndens, ait illis : Quare et vos transgredímini mandátum Dei propter traditiónem vestram ? Nam Deus dixit : Hónora patrem et matrem. Et : Qui male díxerit patri vel matri, morte moriátur. Vos autem dícitis : Quicúmque díxerit patri vel matri : munus quodcúmque est ex me, tibi próderit : et non honorificábit patrem suum aut matrem suam : et írritum fecístis mandátum Dei propter traditiónem vestram. Hypócritæ, bene prophetávit de vobis Isaías, dicens : Pópulus hic lábiis me honórat : cor autem eórum longe est a me. Sine causa autem colunt me, docéntes doctrínas et mandáta hóminum. Et convocátis ad se turbis, dixit eis : Audíte, et intellégite. Non quod intrat in os, coínquinat hóminem : sed quod procédit ex ore, hoc coínquinat hóminem. Tunc accedéntes discípuli eius, dixérunt ei : Scis, quia pharisǽi, audíto verbo hoc, scandalizáti sunt ? At ille respóndens, ait : Omnis plantátio, quam non plantávit Pater meus cæléstis, eradicábitur. Sínite illos : cæci sunt et duces cæcórum. Cæcus autem si cæco ducátum præstet, ambo in fóveam cadunt. Respóndens autem Petrus, dixit ei : Edíssere nobis parábolam istam. At ille dixit : Adhuc et vos sine intelléctu estis ? Non intellégitis, quia omne, quod in os intrat, in ventrem vadit, et in secéssum emíttitur ? Quæ autem procédunt de ore, de corde éxeunt, et ea coínquinant hóminem : de corde enim exeunt cogitatiónes malæ, homicídia, adultéria, fornicatiónes, furta, falsa testimónia, blasphémiæ. Hæc sunt, quæ coínquinant hóminem. Non lotis autem mánibus manducáre, non coínquinat hóminem.En ce temps-là, des Scribes et des Pharisiens venus de Jérusalem, s’approchèrent de Jésus, en disant : Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens ? Car ils ne lavent pas leurs mains lorsqu’ils mangent du pain. Mais Jésus leur répondit : Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu, à cause de votre tradition ? Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort. Mais vous, vous dites : Quiconque aura dit à son père ou à sa mère : Tout don que je fais à Dieu vous profitera, ne sera pas tenu d’honorer son père et sa mère [1]. Ainsi vous avez annulé le commandement de Dieu par votre tradition. Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous, quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ; ils me rendent un culte inutile, enseignant des doctrines et des ordonnances humaines. Puis, ayant appelé à lui les foules, il leur dit : Écoutez et comprenez. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme. Alors les disciples, s’approchant, lui dirent : Savez-vous que les pharisiens, en entendant cette parole, se sont scandalisés ? Mais il répondit : Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée. Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux dans la fosse. Pierre, prenant la parole, lui dit : Expliquez-nous cette parabole. Et Jésus dit : Vous aussi, êtes-vous sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, et est jeté dans un lieu à part ? Mais ce qui sort de la bouche part du cœur, et c’est là ce qui souille l’homme. Car c’est du cœur que sortent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes. Voilà les choses qui souillent l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains ne souille pas l’homme.
Ant. ad Offertorium. Ps. 108, 21.Offertoire
Dómine, fac mecum misericórdiam tuam, propter nomen tuum : quia suávis est misericórdia tua.Seigneur, traitez-moi selon votre miséricorde, à cause de votre nom, parce que votre miséricorde est pleine de douceur.
Secreta.Secrète
Suscipe, quǽsumus, Dómine, preces pópuli tui cum oblatiónibus hostiárum : et tua mystéria celebrántes, ab ómnibus nos defénde perículis. Per Dóminum.Recevez, nous vous en supplions, Seigneur, les prières de votre peuple avec l’offrande des hosties et défendez-nous de tous périls comme nous célébrons vos mystères. Par Notre-Seigneur.
Præfatio de Quadragesima. Préface du Carême .
Ant. ad Communionem. Ps. 15, 10.Communion
Notas mihi fecísti vias vitæ : adimplébis me lætítia cum vultu tuo, Dómine.Vous m’avez fait connaître les voies de la vie ; vous me comblerez de joie par votre visage, Seigneur.
Postcommunio.Postcommunion
Sanctíficet nos, Dómine, qua pasti sumus, mensa cæléstis : et a cunctis erróribus expiátos, supérnis promissiónibus reddat accéptos. Per Dóminum.Que le banquet céleste auquel nous avons pris part, nous sanctifie, Seigneur, et qu’après nous avoir purifiés de toutes les erreurs il nous rende dignes des promesses éternelles. Par Notre-Seigneur.
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo.Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu.
Oratio.Prière
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui protectiónis tuæ grátiam qu.rimus, liberáti a malis ómnibus, secúra tibi mente serviámus. Per Dóminum.Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, à nous qui cherchons la grâce de votre protection, d’être délivrés de tous les maux et de vous servir d’une âme confiante. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Office

A MATINES

Ex more docti mýstico (matines du Carême)

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du saint Evangile selon saint Matthieu.
Cap. 15, 1-20
In illo témpore : Accessérunt ad Iesum ab Ierosólymis scribæ et pharisǽi, dicéntes : Quare discípuli tui transgrediúntur traditiónem seniórum ? Et réliqua.En ce temps-là, des scribes et des pharisiens de Jérusalem s’approchèrent de Jésus, en disant : « Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens ? ». Et le reste. [2]
Homilía sancti Hierónymi PresbýteriHomélie de saint Jérôme, prêtre
Lib. 2 Comment in cap. 15 Matth.
Mira pharisæórum scribarúmque stultítia. Dei Fílium árguunt, quare hóminum traditiónes et præcépta non servet : Non enim lavant manus suas, cum panem mandúcant. Manus, id est ópera, non córporis útique, sed ánimæ lavándæ sunt, ut fiat in illis verbum Dei. Ipse autem respóndens ait illis : Quare et vos transgredímini mandátum Dei propter traditiónem vestram ? Falsam calúmniam vera responsióne confútat. Cum, inquit, vos propter traditiónem hóminum præcépta Dómini negligátis : quare discípulos meos arguéndos putátis, quod seniórum iussa parvipéndant, ut Dei scita custódiant ?Étonnante folie des pharisiens et des scribes ! Ils reprochent au Fils de Dieu de ne pas garder les traditions et les préceptes des hommes : « Car ils ne se lavent pas les mains lorsqu’ils mangent du pain. » Les mains, c’est-à-dire les œuvres, qu’il faut laver, ce ne sont pas celles du corps, mais celles de l’âme afin qu’en elles se réalise la parole de Dieu. « Il leur répondit : Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu au nom de votre tradition ? » Par une réponse toute de vérité il réfute une calomnie toute de mensonge. Alors que vous, vous négligez, dit-il, les préceptes du Seigneur à cause d’une tradition des hommes, comment pensez-vous que mes disciples méritent un blâme parce qu’ils font peu de cas des prescriptions des anciens pour garder les préceptes de Dieu ?
R/. Mérito hæc pátimur, quia peccávimus in fratrem nostrum, vidéntes angústias ánimæ eius, dum deprecarétur nos, et non audívimus : * Idcírco venit super nos tribulátio.R/. C’est justement [3] que nous souffrons tout ceci, parce que nous avons péché contre notre frère, voyant l’angoisse de son âme, quand il nous priait et nous ne l’avons pas écouté : * C’est pour cela qu’est venu sur nous cette tribulation.
V/. Dixit Ruben frátribus suis : Numquid non dixi vobis, Nolíte peccáre in púerum ; et non audístis me ?V/. Ruben dit à ses frères : Ne vous ai-je pas dit : ne péchez pas contre cet enfant ? Et vous ne m’avez pas écouté.
R/. Idcírco venit super nos tribulátio.R/. C’est pour cela qu’est venu sur nous cette tribulation.
Lectio ii2e leçon
Nam Deus dixit : Honóra patrem et matrem ; et, Qui maledíxerit patri, vel matri, morte moriátur. Vos autem dícitis : Quicúmque díxerit patri, vel matri : Munus quodcúmque est ex me, tibi próderit : et non honorificábit patrem suum, aut matrem suam. Honor in Scriptúris non tantum in salutatiónibus et officiis deferéndis, quantum in eleemósynis, ac múnerum oblatióne sentítur. Honóra, inquit Apóstolus, víduas, quæ vere víduæ sunt. Hic honor donum intellígitur. Et in álio loco : Presbýteri dúplici honóre honorándi sunt, máxime qui labórant in verbo et doctrína Dei. Et per hoc mandátum iubémur bovi trituránti os non cláudere : et dignus sit operárius mercéde sua.« Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère, et aussi : Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort. Mais vous, vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère : ‘Les secours que tu aurais pu recevoir de moi, j’en ai fait une offrande sacrée’, celui-là n’aura pas à honorer son père ou sa mère. » Dans l’Écriture, l’honneur est bien moins dans les salutations et les marques de déférence que dans les aumônes et l’offrande de présents. « Honore les veuves, dit l’Apôtre, qui sont vraiment veuves. » [4] Ici, l’honneur signifie un don. Et dans un autre passage : « Les presbytres qui exercent bien la présidence méritent un double honneur, surtout ceux qui peinent à la parole et à l’enseignement divin. » [5] Ce précepte nous commande de ne pas museler le bœuf quand il foule le grain [6] ; aussi, que l’ouvrier mérite son salaire ! [7]
R/. Dixit Ruben frátribus suis : Numquid non dixi vobis, Nolíte peccáre in púerum, et non audístis me ? * En, sanguis eius exquíritur.R/. Ruben [8] dit à ses frères : Nous vous ai-je pas dit : ne péchez pas contre cet enfant ? et vous ne m’avez pas écouté : * Voilà que son sang est redemandé.
V/. Mérito hæc pátimur, quia peccávimus in fratrem nostrum, vidéntes angústias ánimæ eius, dum deprecarétur nos, et non audívimus.V/. C’est justement que nous soufrons tout ceci, parce que nous avons péché contre notre frère voyant l’angoisse de son âme, quand il nous priait et nous ne l’avons pas écouté.
R/. En, sanguis eius exquíritur.R/. Voilà que son sang est redemandé.
Lectio iii3e leçon
Præcéperat Dóminus, vel imbecillitátes, vel ætátes, vel penúrias paréntum consíderans, ut fílii honorárent, étiam in vitæ necessáriis ministrándis, paréntes suos. Hanc providentíssimam Dei legem voléntes scribæ et pharisǽi subvértere, ut impietátem sub nómine pietátis indúcerent, docuérunt péssimos fílios, ut si quis ea, quæ paréntibus offerénda sunt, Deo vovére volúerit, qui verus est pater, oblátio Dómini præponátur paréntum munéribus : vel certe ipsi paréntes, quæ Deo consecráta cernébant, ne sacrilégii crimen incúrrerent, declinántes, egestáte conficiebántur. Atque ita fiébat, ut oblátio liberórum sub occasióne templi et Dei, in sacerdótum lucra céderet.En considération des infirmités, du grand âge ou de l’indigence des parents, le Seigneur avait ordonné aux enfants d’honorer leurs parents même en subvenant aux besoins de leur existence. Désireux d’annuler cette loi de Dieu si pleine de sagesse, tout en s’efforçant de travestir leur impiété sous le nom de piété, les scribes et les pharisiens enseignèrent aux enfants pervers que s’ils voulaient vouer à Dieu, leur père véritable, ce qui devait être offert à leurs parents, l’offrande au Seigneur passait avant le don aux parents ; ou bien sans doute, par crainte d’être incriminés de sacrilège, les parents eux-mêmes refusaient les biens qu’ils voyaient consacrés à Dieu et sombraient dans la misère. Et il arrivait que l’offrande des enfants, sous prétexte de servir au Temple de Dieu, passait au profit des prêtres.
R/. Lamentabátur Iacob de duóbus fíliis suis : Heu me, dolens sum de Ioseph pérdito, et tristis nimis de Béniamin ducto pro alimóniis : * Precor cæléstem Regem, ut me doléntem nímium fáciat eos cérnere.R/. Jacob se lamentais ainsi sur la perte de ses deux fils : Malheureux que je suis, la perte de Joseph me plonge dans la douleur, et ma tristesse est profonde de voir Benjamin emmené pour obtenir des vivres : * Je prie le Roi des cieux d’avoir pitié de mon extrême affliction, et de me les faire revoir.
V/. Prostérnens se Iacob veheménter cum lácrimis pronus in terram, et adórans ait.V/. Jacob se prosterna contre terre avec beaucoup de larmes et adora disant.
* Precor cæléstem Regem, ut me doléntem nímium fáciat eos cérnere. Glória Patri. * Precor cæléstem Regem, ut me doléntem nímium fáciat eos cérnere.* Je prie le Roi des cieux d’avoir pitié de mon extrême affliction, et de me les faire revoir. Gloire au Père. * Je prie le Roi des cieux d’avoir pitié de mon extrême affliction, et de me les faire revoir.

A LAUDES

O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)

Ad Bened. Ant. Audíte et intellígite * traditiónes, quas Dóminus dedit nobis. Ant. au Bénédictus Écoutez et comprenez * les traditions que le Seigneur nous a données.

Benedictus

AUX VÊPRES

Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)

Ad Magnificat Ant. Non lotis mánibus * manducáre, non coínquinat hóminem. Ant. au Magnificat Ne pas s’être lavé les mains * pour manger, cela ne souille point l’homme.

Magnificat

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La Station, à Rome, est dans l’Église de Saint-Sixte, sur la Voie Appienne. On l’appelle aujourd’hui Saint-Sixte-le-Vieux, pour la distinguer d’une autre consacrée à la mémoire du même saint Pape et Martyr.

LEÇON.

L’Église nous rappelle aujourd’hui les préceptes du Seigneur qui ont rapport au prochain, en commençant par celui qui prescrit le respect des parents. Dans ce temps de réforme et de conversion, il est utile aux fidèles de se souvenir que c’est sur l’autorité de Dieu que reposent nos devoirs envers les hommes : d’où il suit que c’est Dieu même que nous avons offensé, quand nous avons péché contre nos semblables. Le Seigneur réclame d’abord ses propres droits ; il veut être adoré et servi ; il défend le culte grossier des idoles ; il prescrit l’observation du Sabbat, les sacrifices, les cérémonies ; mais en même temps il veut que l’homme aime son prochain comme lui-même ; il se déclare le vengeur de nos frères quand nous les avons lésés, si nous ne réparons pas le tort ou l’injure. La voix de Jéhovah est aussi tonnante sur le Sinaï, quand elle réclame les droits de notre prochain, que lorsqu’elle retentit pour déclarer à l’homme ses obligations envers son Créateur. Étant ainsi éclairés sur l’origine de nos devoirs, nous comprendrons mieux l’état de nos consciences, et combien nous sommes redevables à la justice de Dieu. Mais si l’ancienne loi, gravée sur des tables de pierre, sanctionne avec tant d’autorité le précepte de l’amour du prochain ; combien plus la nouvelle, scellée du sang de Jésus-Christ mourant sur la croix pour ses frères ingrats, nous révèlera-t-elle l’étendue du précepte de la charité fraternelle ! Ces deux lois sont devant nous ; elles sont le double texte sur lequel nous serons jugés ; hâtons-nous donc de nous conformer à ce qu’elles prescrivent, afin que cette parole du Sauveur s’accomplisse en nous : « Tout le monde verra que vous êtes mes disciples à l’affection que vous aurez les uns pour les autres [9]. »

ÉVANGILE.

La loi que Dieu avait donnée à Moïse prescrivait un grand nombre de pratiques et de cérémonies extérieures ; et les Juifs fidèles les observaient avec zèle et ponctualité. Jésus lui-même, bien qu’il fût le législateur suprême, s’y conforma en toute humilité. Mais les Pharisiens avaient ajouté des traditions humaines et superstitieuses aux lois et aux ordonnances divines, et ils faisaient consister la religion dans ces inventions de leur orgueil. Le Sauveur vient au secours des faibles et des simples que ce faux enseignement pouvait égarer, et il rétablit le véritable sens des prescriptions extérieures. Les Pharisiens pratiquaient dans le cours de la journée un grand nombre de lotions, prétendant que s’ils ne se fussent pas ainsi lavé les mains, et même une fois par jour tout le corps, leur nourriture aurait été impure, à raison des souillures qu’ils avaient contractées par la rencontre ou le contact de mille choses qui n’étaient point signalées dans la loi. Jésus veut arracher les Juifs à ce joug humiliant et arbitraire, et il reproche aux Pharisiens d’avoir perverti la loi de Moïse.

Venant ensuite à juger le fond de ces pratiques, il enseigne qu’il n’y a point de créature impure par elle-même, que la conscience d’un homme ne saurait être souillée par le seul fait de la nourriture qui descend dans son estomac. « Ce qui a rend l’homme coupable, ce sont, dit le Sauveur, les pensées mauvaises, les œuvres mauvaises, qui montent du cœur. » Les hérétiques ont prétendu trouver dans ces paroles la réprobation des pratiques extérieures qu’impose l’Église, et spécialement la condamnation des abstinences qu’elle prescrit ; mais en cela ils méritent qu’on leur applique à leur tour ce que Jésus-Christ disait aux Pharisiens : « Ce sont des aveugles qui conduisent d’autres aveugles. » En effet, de ce que les péchés que l’homme commet à propos des choses matérielles doivent être mis sur le compte de la volonté qui est spirituelle, il ne s’ensuit pas que cette volonté puisse innocemment user des choses matérielles, lorsque Dieu, ou son Église qui commande en son nom, le défendent. Dieu défendit à nos premiers pères, sous peine de mort, de manger du fruit d’un certain arbre ; ils en mangèrent et furent coupables. Est-ce parce que le fruit en lui-même était impur ? Non ; ce fruit était une créature de Dieu comme les autres fruits du jardin ; mais le cœur de nos premiers parents accueillit la pensée de la désobéissance et s’y livra : voilà comment le péché fut commis à l’occasion d’un fruit. Par sa loi donnée sur le Sinaï, Dieu avait interdit aux Hébreux l’usage de la chair de certaines espèces d’animaux ; s’ils en mangeaient, ils devenaient coupables, parce qu’ils avaient désobéi au Seigneur, et non parce que ces viandes étaient maudites en elles-mêmes. Les préceptes de l’Église relatifs au jeûne et à l’abstinence sont de même nature que ceux que nous venons de rappeler. Afin de nous donner lieu d’appliquer en nous, et uniquement dans notre intérêt, le principe de la pénitence chrétienne, l’Église nous prescrit l’abstinence dans une certaine mesure ; si nous violons sa loi, ce ne sont pas les mets dont nous usons qui nous souillent : c’est la révolte contre un pouvoir sacré que Jésus-Christ recommandait hier à notre respect avec tant d’énergie, qu’il ne faisait pas difficulté de nous dire que quiconque n’écoute pas l’Église doit être tenu par nous au rang des païens.

L’Église gothique d’Espagne nous offrira encore aujourd’hui une des solennelles Supplications qu’elle adressait à Dieu, pendant le Carême.

PRECES.
Breviar. Mozarab. Ad Sextam in IV Feria V Hebdomadæ.
Ad te, Redemptor omnium, rex summe, oculos nostros sublevamus flentes : exaudi, Christe, supplicantium preces.Rédempteur de tous, roi suprême, nous élevons vers vous nos yeux baignés de pleurs ; exaucez, ô Christ, vos suppliants.
R/. Et miserere.R/. Ayez pitié.
V/. Dextra Patris, lapis angularis, via salutis, janua cœlestis, ablue nostri maculas delicti. V/. Droite du Père, pierre angulaire, voie du salut, porte du ciel, lavez les taches de nos péchés.
R/. Et miserere.R/. Ayez pitié.
V/. Rogamus. Deus, tuam majestatem : auribus sacris gemitus exaudi : crimina nostra placidus indulge. V/. Nous prions, ô Dieu, votre majesté ; que votre oreille sacrée écoute nos gémissements ; dans votre indulgence, remettez nos crimes.
R/. Et miserere.R/. Ayez pitié.
V/. Tibi fatemur crimina admissa, contrito corde pandimus occulta : tua, Redemptor, pietas ignoscat. V/. Nous vous confessons le mal commis ; d’un cœur contrit nous révélons nos secrets ; ô Rédempteur, que votre bonté pardonne !
R/. Et miserere.R/. Ayez pitié.
V/. Innocens captus, nec repugnans ductus : testibus falsis pro impiis damnatus : quos redemisti, tu conserva, Christe. V/. O vous l’innocent chargé de fers, entraîné par vos ennemis sans résistance, condamné sur de faux témoignages à la mort pour les impies ; conservez, ô Christ, ceux que vous avez rachetés.
R/. Et miserere.R/. Ayez pitié.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Collecte au titre de Balbine.
Station à Saint-Sixte.

Nous connaissons déjà le titre de Balbine sur le petit Aventin ; l’église de Saint-Sixte est à peu de distance de là, sur la voie Appia, et, avant qu’on y ait transporté, du cimetière de Callixte, le corps du martyr Sixte II, elle était connue sous le nom de titre de Tigride, qui était celui de sa fondatrice. Un monastère de vierges y était annexé ; Honorius III le céda par la suite à saint Dominique.

Dans l’antiquité, c’est aujourd’hui que commençait le scrutin des catéchumènes qui voulaient être admis au baptême la veille de Pâques ; la messe a donc un caractère nettement catéchétique, spécialement dans ses lectures. L’introït est emprunté au psaume 30. C’est l’âme qui exulte dans le Seigneur, parce que l’espérance en son aide n’a pas été vaine.

La collecte s’adresse au Seigneur, afin que, complétant le jeûne corporel par la purification intérieure de l’esprit qui se tient éloigné de toute faute, nous puissions plus sûrement espérer obtenir le pardon. Il faut avoir toujours présent à la pensée le caractère nettement pénitentiel qu’assumait le Carême autrefois pour ceux qui se préparaient au baptême. Le plus souvent, il s’agissait d’adultes, de convertis, et, par suite, la sainte quarantaine était pour eux le temps par excellence de faire pénitence, de détester le péché et de se préparer au bain régénérateur in remissionem peccatorum.

La lecture de l’Exode, avec la promulgation solennelle du Décalogue (XX, 12-24) s’adresse surtout aux catéchumènes.

Le Nouveau Testament suppose l’Ancien, dont il est la continuation, et la loi évangélique de l’amour n’est que l’achèvement et la dernière perfection donnée par le Verbe incarné à la Thora mosaïque. La catéchèse chrétienne commence donc avec le Décalogue, et se termine avec le dernier sermon prononcé à la Cène par Jésus.

Il convient de remarquer que l’ordre primitif des lectures aux jours des scrutins baptismaux a été un peu troublé ; les documents romains du VIIIe siècle prescrivent en ce jour la lecture d’Ézéchiel (XXXVI, Effundam super vos aquam) qui, dans le missel actuel se lira mercredi prochain, jour où se faisait le second scrutin. L’évangile de ce jour, au lieu d’être celui du XVe chapitre de saint Matthieu, assigné maintenant par notre missel, était la péricope Confiteor tibi Pater (Matth., xi) désormais réservée à la fête de saint Mathias. Ces passages de rechange pour les scrutins n’avaient probablement pas de place fixe, comme les jours assignés aux scrutins eux-mêmes, qui, de trois qu’ils étaient d’abord, passèrent à sept au VIIe siècle.

Le graduel est tiré du psaume 6 : « O Seigneur, ayez pitié de moi, parce que je suis infirme. Mes os me font mal et mon esprit est dans l’angoisse. » Voilà ce que saint Paul appelle stipendium peccati, les conséquences de la faute : l’affliction et la mort.

La lecture évangélique (Matth., XV, 1-20) rappelle celle de l’Exode, faite tout à l’heure. Aux futiles questions des pharisiens relativement à l’observance des traditions du Sanhédrin, Jésus répond en les accusant d’avoir perverti le Décalogue avec leurs usages, et il cite le cas des fils qui, grâce à la tradition du Talmud, toute au profit des ministres intéressés du Sanctuaire, laissaient mourir de faim leurs parents. La sainteté des pharisiens était toute rituelle et toute extérieure, tandis que Jésus-Christ insiste sur la valeur spirituelle et morale que doit revêtir en nous le culte de Dieu. Il n’est pas dit pour cela que les rites extérieurs soient à négliger ; il est nécessaire que le composé humain tout entier, c’est-à-dire l’âme et le corps, adorent et servent Dieu selon leur nature propre, mais la part principale revient évidemment à l’âme, appelée comme elle l’est à adorer le Père in spiritu et veritate. Le corps doit servir simplement d’instrument et d’aide.

L’antienne ad offerendum est prise du psaume 108 : « Seigneur, pour votre nom lui-même, agissez avec moi selon votre miséricorde, puisque suave est votre bonté. » Voici le motif dernier et décisif de l’amour que Dieu nourrit pour l’homme. Ce ne sont pas nos mérites ni notre amabilité qui le poussent à nous aimer, mais Il nous aime gratuitement, Il aime parce qu’il est amour, et en nous aimant, Il crée en nous les vertus qui correspondent à son amour, Il nous fait bons : imagini bonitatis suae conformes.

Dans la collecte sur les oblations, nous supplions le Seigneur d’accueillir notre sacrifice et nos prières, afin que sa grâce nous fasse échapper à tout péril. Il faut remarquer cette dernière phrase qui peut être mise en relation avec l’histoire de Sixte II et de ses six diacres, qui, surpris dans le cimetière de Callixte tandis qu’ils célébraient la synaxe eucharistique, et décapités à l’autel même, joignirent leur sacrifice à celui du Christ.

Les voies de la vie chantées par l’antienne pour la communion (Ps. 15) sont celles de la croix, du sépulcre et de la descente aux limbes, qui conduisirent en effet Jésus à la gloire de la résurrection. Dieu veut éprouver l’âme dans le creuset de la douleur, avant de se révéler à elle dans les splendeurs de la gloire.

La collecte eucharistique exprime le vœu que le céleste banquet sanctifie le peuple fidèle, lui obtienne le pardon de ses erreurs et le dispose à mériter ce qui a été promis par Dieu.

Dans la bénédiction finale sur le peuple, le prêtre — comme encore impressionné par la sanglante tragédie de Sixte II et de ses diacres massacrés non loin de là — insiste auprès du Seigneur pour réclamer sa protection, afin que libres de tout péril et avec un cœur dégagé de toute crainte, nous puissions vaquer à son divin service.

Le respect et la vénération pour l’autorité paternelle qui est la première de toutes les autorités naturelles, est la condition essentielle et la base de tout ordre social. L’enfant — et, en beaucoup de choses, l’humanité est toujours enfant — avant de comprendre, a besoin de croire à l’autorité de celui qui l’enseigne et qui le dirige. Sans cette docilité, toute éducation est impossible, ainsi que tout progrès. Si la société moderne commence à sentir toute l’horreur de l’état d’anarchie où elle se débat, elle doit toutefois en rechercher l’origine première dans ce renversement des bases de l’ordre social, substituant au Décalogue le code de l’égoïsme et du culte de l’état.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION A SAINT-SIXTE

Le Christ, le législateur nous donne la loi.

1. Tradition des commandements. — La messe d’aujourd’hui forme un tout unique et est entièrement consacrée au thème des catéchumènes. Dans l’Église ancienne, c’était aujourd’hui un jour important. On soumettait les catéchumènes au premier scrutin, leurs noms étaient inscrits dans le livre baptismal, « dans le livre de vie » ; aujourd’hui aussi, on leur remettait les dix commandements de Dieu (c’est pourquoi dans, la leçon et l’Évangile, il est question des commandements). Nous, les fidèles, vivons en esprit avec les catéchumènes. L’Église nous propose de nouveau les commandements de Dieu ; nous les recevons même des mains du Christ.

La leçon nous enseigne le grand respect que nous devons avoir pour les commandements de Dieu ; ils sont, en effet, la volonté expressément déclarée de la divine majesté. Le respect est le pivot du monde, dit Shakespeare ; le respect de Dieu est la base de toute morale. C’est la grande faiblesse de notre temps de ne plus avoir ce profond respect de la majesté divine et, par suite, de ne plus prendre les commandements autant au sérieux. L’histoire du salut nous montre pourtant quelle importance Dieu attribue à l’observation des commandements. Nous le voyons au paradis terrestre, après la transgression du premier commandement ; la malédiction de l’humanité, l’océan de misères qui découla du péché originel nous l’attestent ; ce qui nous le montre encore plus, c’est la mort du Christ sur la Croix, car cette mort est, en somme, le jugement et le châtiment du péché. L’Évangile nous fait entrer dans un autre ordre de pensées : nous chrétiens, nous devons accomplir les commandements en esprit et de tout cœur. Pour nous, ce ne sont pas, à proprement parler, des commandements ; pour nous, la volonté de Dieu est une joie : nous sommes comme de bons enfants qui accomplissent avec joie la volonté de leurs parents et qui, au lieu d’y voir un joug pénible, font, de leur obéissance, une preuve et une expression de leur amour. C’est pourquoi nous ne devons pas seulement accomplir la lettre de la loi, mais encore en comprendre et en observer l’esprit. L’esprit de la loi est l’amour, l’amour de Dieu et du prochain.

Encore une considération : Aujourd’hui a lieu le premier scrutin. Les fidèles se rassemblent pour porter un jugement sur les catéchumènes, pour décider s’ils sont dignes d’être admis dans leurs rangs. Nous nous trouvons dans un cas tout à fait semblable. Nous sommes les catéchumènes du ciel. Ce que les « illuminés » étaient pour l’Église, nous le sommes pour le ciel. La mort est, pour nous, le baptême qui nous fait entrer dans le véritable royaume du ciel. Et les saints, les citoyens du ciel, tiennent, pour ainsi dire, conseil pour décider si nous sommes déjà assez mûrs pour entrer dans le sanctuaire éternel. Quand nous récitons aujourd’hui le Confiteor, nous pouvons nous représenter, d’une manière vivante, ce scrutin du ciel. Sur le trône est assis l’Évêque éternel, les saints sont rangés autour de lui : Marie, Michel, les Apôtres et tous les saints ; tous doivent m’accuser à cause de ma transgression des commandements — je me fais tout petit ; mea culpa, mea maxima culpa. Cependant, la cour céleste ne me condamne pas, mais prie pour moi. — Considérons le Carême comme un temps de catéchuménat pour le ciel. Pâques et le temps pascal sont l’avant-goût de la vie du ciel. A Pâques, nous devons être mûrs pour entrer dans la communauté des citoyens du ciel.

2. La messe (Ego autem). — Le saint de station est le pape Xyste ou Sixte II (+258), que nous voyons apparaître dans le martyre de saint Laurent. Ce saint était très vénéré ; notre église de station lui fut dédiée et on y transporta ses ossements du tombeau des papes de la Catacombe de Saint-Calliste. C’est sous sa conduite que les catéchumènes se rendent à la sainte cérémonie et nous nous y rendons avec eux. Introït : Comme les catéchumènes devaient se réjouir d’avoir fait un pas de plus vers le but ! « Dieu a regardé leur misère. » Le psaume 30 est toute une histoire des âmes, il montre comment elles ont souffert, lutté et comme elles sont, enfin, parvenues au terme heureux (thème pascal).

Dans la leçon, nous voyons un drame puissant. Les enfants d’Israël campent dans le désert, devant le mont Horeb, et la montagne semble un autel fumant. Alors apparaît la « Majesté du Seigneur » au milieu des éclairs et des tonnerres et Dieu promulgue les commandements. Dans le Saint-Sacrifice, la « Majestas Domini » paraît aussi aujourd’hui sous la douce et modeste apparence du pain et nous donne sa loi. Mais c’est le moment de nous humilier. Y a-t-il un commandement dont nous puissions dire : « Je n’ai commis aucune faute grave contre ce commandement ? »

C’est pourquoi nous récitons, au Graduel, le psaume 6, qui est un psaume de pénitence, et nous y ajoutons le Trait.

L’Évangile nous fait monter d’un degré : L’Ancien Testament ne voyait que l’acte, le Nouveau voit aussi le cœur. Malheur à nous si, comme les Pharisiens, nous déformons la loi en en faisant une lettre morte. Notre service de Dieu ne doit pas être un service des lèvres. La prière et la vie doivent être en harmonie. Le véritable travail de Carême consiste dans la sanctification et la purification du cœur.

A l’Offertoire, nous retombons dans notre misère, nous implorons miséricorde en récitant le sombre psaume 108, mais, cependant, avec l’antienne : « car douce est ta miséricorde. »

A la Communion, la communauté voit déjà la gloire pascale du Seigneur. L’antienne de communion est un cantique de procession : « les chemins de la vie » sont les exercices de Carême et, quand nous sommes rendus au terme, à Pâques, nous pouvons dire « tu nous remplis de joie devant ta face brillante. »

La messe contient donc deux pensées : la douleur du péché et l’allégresse pascale. C’est l’image de la vie chrétienne.

3. Psaume 15. — Le Seigneur est mon partage. — Ce psaume, au sens littéral, est la prière d’action de grâces d’un prêtre juif pour sa part d’héritage qui est le Seigneur. Cependant le psaume est un cantique messianique, dans lequel le Christ exprime son abandon complet à Dieu ; en même temps, la Résurrection du Seigneur est prédite. Nous récitons ce psaume comme action de grâces pour le bonheur de la filiation divine. D’autres ont des biens terrestres ; nous, nous possédons Dieu.

Garde-moi, Seigneur, en toi je me confie,
j’ai dit au Seigneur : « tu es mon Dieu,
mon seul bien c’est toi ».
Les saints qui sont dans le pays, les illustres,
sont l’objet de toute mon affection.
On multiplie les idoles,
on court après les dieux étrangers.
Je ne prends point part à leurs libations sanglantes
et leur nom ne vient pas sur mes lèvres.
Le Seigneur est la part de mon héritage et de ma coupe,
c’est toi qui m’assures mon héritage.
Le cordon a mesuré pour moi une part magnifique ;
oui, un splendide héritage m’est échu.
Je bénis le Seigneur qui m’a donné l’intelligence,
même dans la nuit mon cœur me presse.
J’ai toujours le Seigneur devant mes yeux,
car il est à ma droite, je ne chancellerai point.
Aussi mon cœur tressaille et ma langue jubile,
et mon corps lui-même repose en sécurité,
Car tu ne livreras pas mon âme à l’enfer
et tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption.
Tu me feras connaître le sentier de la vie,
tu me rempliras de joie devant ta face,
de délices éternelles à ta droite.

[1] Les Pharisiens disaient qu’il suffisait à quelqu’un d’offrir à Dieu sa fortune en prononçant le mot : Don, pour qu’il fût dispensé de venir en aide à ses parents sous prétexte que ces biens ainsi dédiés à la Divinité ne pouvaient plus être aliénés.

[2] « Car ils ne lavent pas leurs mains lorsqu’ils mangent du pain. » Mais Jésus leur répondit : « Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu, à cause de votre tradition ? Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort. Mais vous, vous dites : Quiconque aura dit à son père ou à sa mère : ‘Tout don que je fais à Dieu vous profitera’, ne sera pas tenu d’honorer son père ou sa mère. Ainsi, vous avez annulé le commandement de Dieu par votre tradition. Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous, quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ; ils me rendent un culte inutile, enseignant des doctrines et des ordonnances humaines. » Puis, ayant appelé à lui les foules, il leur dit : « Écoutez et comprenez. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme. » Alors les disciples, s’approchant, lui dirent : « Savez-vous que les pharisiens, en entendant cette parole, se sont scandalisés ? » Mais Il répondit : « Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée. Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux dans la fosse. » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Expliquez-nous cette parabole. » Et Jésus dit : « Vous aussi, êtes-vous sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, et est jeté dans un lieu secret ? Mais ce qui sort de la bouche part du cœur, et c’est là ce qui souille l’homme. Car c’est du cœur que sortent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes. Voilà les choses qui souillent l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains ne souille pas l’homme. »

[3] Gen 42, 21

[4] 1 Tim 5, 3

[5] 1 Tim 5, 17

[6] Deut 25, 4

[7] Luc 10, 7

[8] Gen 42, 22

[9] Johan. XIII, 35.