Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Ant. ad Introitum. Ps. 90, 15 et 16. | Introït |
Invocábit me, et ego exáudiam eum : erípiam eum, et glorificábo eum : longitúdine diérum adimplébo eum. | Il m’invoquera et je l’exaucerai ; je le sauverai et je le glorifierai, je le comblerai de jours. |
Ps. ibid., 1. | |
Qui hábitat in adiutório Altíssimi, in protectióne Dei cæli commorábitur. | Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui Ecclésiam tuam ánnua quadragesimáli observatióne puríficas : præsta famíliæ tuæ ; ut, quod a te obtinére abstinéndo nítitur, hoc bonis opéribus exsequátur. Per Dóminum. | O Dieu, qui purifiez chaque année votre Eglise par l’observation du Carême, faites que votre famille poursuive par ses bonnes œuvres le bien qu’elle s’efforce d’obtenir au moyen de l’abstinence. |
Léctio Epístolæ beáti Páuli Apóstoli ad Corínthios. | Lecture de l’Epître de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens. |
2 Cor. 6, 1-10. | |
Fratres : Exhortámur vos, ne in vácuum grátiam Dei recipiátis. Ait enim : Témpore accépto exaudívi te, et in die salútis adiúvi te. Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis. Némini dantes ullam offensiónem, ut non vituperétur ministérium nostrum : sed in ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros, in multa patiéntia, in tribulatiónibus, in necessitátibus, in angústiis, in plagis, in carcéribus, in seditiónibus, in labóribus, in vigíliis, in ieiúniis, in castitáte, in sciéntia, in longanimitáte, in suavitáte, in Spíritu Sancto, in caritáte non ficta, in verbo veritátis, in virtúte Dei, per arma iustítiæ a dextris et a sinístris : per glóriam et ignobilitátem : per infámiam et bonam famam : ut seductóres et veráces : sicut qui ignóti et cógniti : quasi moriéntes et ecce, vívimus : ut castigáti et non mortificáti : quasi tristes, semper autem gaudéntes : sicut egéntes, multos autem locupletántes : tamquam nihil habéntes et ómnia possidéntes. | Mes Frères : nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit : "Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai porté secours." Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut. Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit pas un objet de blâme. Mais nous nous rendons recommandables de toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande constance, dans les tribulations, dans les nécessités, dans les détresses, sous les coups, dans les prisons, au travers des émeutes, dans les travaux, les veilles, les jeûnes ; par la pureté, par la science, par la longanimité, par la bonté, par l’Esprit-Saint, par une charité sincère, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice ; parmi l’honneur et l’ignominie, parmi la mauvaise et la bonne réputation ; traités d’imposteurs, et pourtant véridiques ; d’inconnus, et pourtant bien connus ; regardés comme mourants, et voici que nous vivons ; comme châtiés, et nous ne sommes pas mis à mort ; comme attristés, nous qui sommes toujours joyeux ; comme pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre ; comme n’ayant rien, nous qui possédons tout. |
Graduale. Ps. 90,11-1 2. | Graduel |
Angelis suis Deus mandávit de te, ut custódiant te in ómnibus viis tuis. | Dieu a commandé pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies. |
V/. In mánibus portábunt te, ne umquam offéndas ad lápidem pedem tuum. | Ils te porteront dans leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre la pierre. |
Tractus. Ibid., 1-7 et 11-16. | |
Qui hábitat in adiutório Altíssimi, in protectióne Dei cæli commorántur. | Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel. |
V/. Dicet Dómino : Suscéptor meus es tu et refúgium meum : Deus meus, sperábo in eum. | Il dira au Seigneur : Vous êtes mon défenseur et mon refuge. Il est mon Dieu ; j’espérerai en lui. |
V/. Quóniam ipse liberávit me de láqueo venántium et a verbo áspero. | Car c’est lui qui m’a délivré du piège du chasseur, et de la parole âpre et piquante. |
V/. Scápulis suis obumbrábit tibi, et sub pennis eius sperábis. | Il te mettra à l’ombre sous ses épaules et sous ses ailes tu seras plein d’espoir. |
V/. Scuto circúmdabit te véritas eius : non timébis a timóre noctúrno. | Sa vérité t’environnera comme un bouclier ; tu ne craindras pas les frayeurs de la nuit. |
V/. A sagítta volánte per diem, a negótio perambulánte in ténebris, a ruína et dæmónio meridiáno. | Ni la flèche qui vole pendant le jour, ni les maux qui s’avancent dans les ténèbres, ni les attaques du démon de midi. |
V/. Cadent a látere tuo mille, et decem mília a dextris tuis : tibi autem non appropinquábit. | Mille tomberont à ton côté, et dix mille à ta droite ; mais la mort n’approchera pas de toi. |
V/. Quóniam Angelis suis mandávit de te, ut custódiant te in ómnibus viis tuis. | Car le Seigneur a commandé pour toi à ses anges de te garder dans toutes leurs voies. |
V/. In mánibus portábunt te, ne umquam offéndas ad lápidem pedem tuum. | Ils te porteront dans leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre la pierre. |
V/. Super áspidem et basilíscum ambulábis, et conculcábis leónem et dracónem. | Tu marcheras sur l’aspic et le basilic, et tu fouleras au pied le lion et le dragon. |
V/. Quóniam in me sperávit, liberábo eum : prótegam eum, quóniam cognóvit nomen meum. | Parce qu’il a espéré en moi, je le délivrerai ; je le protégerai, parce qu’il a connu mon nom. |
V/. Invocábit me, et ego exáudiam eum : cum ipso sum in tribulatióne. | Il criera vers moi, et je l’exaucerai ; je suis avec lui dans la tribulation. |
V/. Erípiam eum et glorificábo eum : longitúdine diérum adimplébo eum, et osténdam illi salutáre meum. | Je le sauverai et je le glorifierai. Je le comblerai de jours et je lui ferai voir mon salut. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 4, 1-11. | |
In illo témpore : Ductus est Iesus in desértum a Spíritu, ut tentarétur a diábolo. Et cum ieiunásset quadragínta diébus et quadragínta nóctibus, postea esúriit. Et accédens tentátor, dixit ei : Si Fílius Dei es, dic, ut lápides isti panes fiant. Qui respóndens, dixit : Scriptum est : Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo, quod procédit de ore Dei. Tunc assúmpsit eum diábolus in sanctam civitátem, et státuit eum super pinnáculum templi, et dixit ei : Si Fílius Dei es, mitte te deórsum. Scriptum est enim : Quia Angelis suis mandávit de te, et in mánibus tollent te, ne forte offéndas ad lápidem pedem tuum. Ait illi Iesus : Rursum scriptum est : Non tentábis Dóminum, Deum tuum. Iterum assúmpsit eum diábolus in montem excélsum valde : et ostendit ei ómnia regna mundi et glóriam eórum, et dixit ei : Hæc ómnia tibi dabo, si cadens adoráveris me. Tunc dicit ei Iesus : Vade, Sátana ; scriptum est enim : Dóminum, Deum tuum, adorábis, et illi soli sérvies. Tunc relíquit eum diábolus : et ecce, Angeli accessérunt et ministrábant ei. | En ce temps-là : Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Et le tentateur, s’approchant, lui dit : "Si vous êtes fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains." Il lui répondit : "Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu." Alors le diable l’emmena dans la ville sainte, et, l’ayant posé sur le pinacle du temple, il lui dit : "Si vous êtes fils de Dieu, jetez-vous en bas ; car il est écrit : Il donnera pour vous des ordres à ses anges, et ils vous prendront sur leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre une pierre." Jésus lui dit : "Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu." Le diable, de nouveau, l’emmena sur une montagne très élevée, et lui montrant tous les royaumes du monde, avec leur gloire, il lui dit : "Je vous donnerai tout cela, si, tombant à mes pieds, vous vous prosternez devant moi". Alors Jésus lui dit : "Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul." Alors le diable le laissa, et voilà que des anges s’approchèrent pour le servir. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Ps. 90, 4-5. | Offertoire |
Scápulis suis obumbrábit tibi Dóminus, et sub pennis eius sperábis : scuto circúmdabit te véritas eius. | Le Seigneur te mettra à l’ombre sous ses épaules et sous ses ailes tu seras plein d’espoir. |
Secreta. | Secrète |
Sacrifícium quadragesimális inítii sollémniter immolámus, te, Dómine, deprecántes : ut, cum epulárum restrictióne carnálium, a noxiis quoque voluptátibus temperémus. Per Dóminum. | Nous vous immolons solennellement, Seigneur, ce sacrifice, au début de la sainte Quarantaine en vous demandant instamment de nous accorder qu’en restreignant les repas et l’usage de la viande, nous supprimions de même aussi les plaisirs nuisibles. |
Præfatio de Quadragesima. | Préface du Carême . |
Ant. ad Communionem. Ps. 90,4-5. | Communion |
Scápulis suis obumbrábit tibi Dóminus, et sub pennis eius sperábis : scuto circúmdabit te véritas eius. | Le Seigneur te mettra à l’ombre sous ses épaules et sous ses ailes tu seras plein d’espoir. Sa vérité t’environnera comme un bouclier. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Qui nos, Dómine, sacraménti libátio sancta restáuret : et a vetustáte purgátos, in mystérii salutáris fáciat transíre consórtium. Per Dóminum. | Que la nourriture sainte offerte et reçue en votre sacrement nous fortifie, Seigneur, et qu’elle nous fasse parvenir, purifiés des anciennes souillures, à la plus étroite participation au mystère de notre salut. |
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Capitulum 2 Cor. 6, 1-2. | Capitule |
Fratres : Hortámur vos, ne in vácuum grátiam Dei recipiátis. Ait enim : Témpore accépto exaudívi te, et in die salútis adiúvi te. | Mes Frères : nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit : "Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai porté secours." |
Hymnus | Hymne |
Audi, benígne Cónditor,
Nostras preces cum flétibus, In hoc sacro ieiúnio Fusas quadragenário. | Écoutez, Créateur bienveillant,
nos prières accompagnées de larmes, répandues au milieu des jeûnes de cette sainte Quarantaine. |
Scrutátor alme córdium,
Infírma tu scis vírium : Ad te revérsis éxhibe Remissiónis grátiam. | Vous qui scrutez le fond des cœurs,
vous connaissez notre faiblesse : nous revenons à vous ; donnez-nous la grâce du pardon. |
Multum quidem peccávimus,
Sed parce confiténtibus : Ad nóminis laudem tui Confer medélam lánguidis. | Nous avons beaucoup péché ;
pardonnez-nous à cause de notre aveu : pour la gloire de votre Nom, apportez le remède à nos langueurs. |
Concéde nostrum cónteri
Corpus per abstinéntiam ; Culpæ ut relínquant pábulum Ieiúna corda críminum. | Faites que la résistance de notre corps
soit abattue par l’abstinence, et que notre cœur soumis à un jeûne spirituel ne se repaisse plus du péché. |
Præsta, beáta Trínitas,
Concéde, simplex Unitas ; Ut fructuósa sint tuis Ieiuniórum múnera. Amen. | Exaucez-nous, Trinité bienheureuse,
accordez-nous, Unité simple, que soit profitable à vos fidèles le bienfait du jeûne. Amen. |
V/. Angelis suis Deus mandávit de te. | V/. Dieu a ordonné à ses Anges. |
R/. Ut custódiant te in ómnibus viis tuis. | R/. De te garder dans toutes ses voies. |
Ad Magnificat Ant. Tunc invocábis, * et Dóminus exáudiet : clamábis, et dicet : Ecce adsum. | Ant. au Magnificat Alors tu invoqueras, * et le Seigneur t’exaucera ; tu crieras, et il dira : me voici. |
A MATINES. avant 1960
Invitatorium | Invitatoire |
Non sit vobis vanum mane súrgere ante lucem : * Quia promísit Dóminus corónam vigilántibus. | Ne pensez- pas que ce soit vain de vous lever le matin avant le jour : * Car le Seigneur a promis la couronne à ceux qui veillent. |
Hymnus | Hymne |
Ex more docti mýstico
Servémus hoc ieiúnium, Deno diérum círculo Ducto quater notíssimo. | Instruits par une tradition mystérieuse,
gardons avec soin ce jeûne célèbre qui parcourt le cercle de quarante journées. |
Lex et prophétæ prímitus
Hoc prætulérunt, póstmodum Christus sacrávit, ómnium Rex atque factor témporum. | La Loi, d’avance, et les Prophètes
en ont jadis montré le sens ; le Christ enfin l’a consacré, lui, des temps le Maître et le Roi. |
Utámur ergo párcius
Verbis, cibis et pótibus, Somno, iocis, et árctius Perstémus in custódia. | Servons-nous plus discrètement
du parler, du manger, du boire, du sommeil, des jeux, et restons en éveil contre le péché. |
Vitémus autem nóxia,
Quæ súbruunt mentes vagas : Nullúmque demus cállidi Hostis locum tyránnidi. | Apprenons à parer les coups
qui guettent l’homme inattentif ; ne donnons pas prise à la ruse de notre mortel ennemi. |
Flectámus iram víndicem,
Plorémus ante Iúdicem, Clamémus ore súpplici, Dicámus omnes cérnui : | Apaisons par notre regret
la juste colère du Juge, prions comme des suppliants, disons avec humilité : |
Nostris malis offéndimus
Tuam, Deus, cleméntiam : Effúnde nobis désuper, Remíssor, indulgéntiam. | Seigneur, nous avons insulté
votre bonté par nos offenses ; du ciel faites venir sur nous votre indulgence et vos pardons. |
Meménto quod sumus tui,
Licet cadúci, plásmatis : Ne des honórem nóminis Tui, precámur, álteri. | Souvenez-vous de vos travaux.
Car, tombés nous restons votre œuvre. Veuillez ne pas céder à l’Autre la gloire due à votre Nom. |
Laxa malum, quod fécimus,
Auge bonum, quod póscimus : Placére quo tandem tibi Possímus hic, et pérpetim. | Ôtez le mal que nous faisons,
aidez au bien que nous voulons, pour que nous plaisions à vos yeux aujourd’hui et dans tous les temps. |
Præsta, beáta Trínitas,
Concéde, simplex Unitas, Ut fructuósa sint tuis Ieiuniórum múnera. Amen. | Exaucez-nous, Trinité bienheureuse,
accordez-nous, Unité simple, que soit profitable à vos fidèles le bienfait du jeûne. Amen. |
Lectio i | 1ère leçon |
De Epistola secúnda beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios | De la Seconde Epître de saint Paul apôtre aux Corinthiens |
Cap. 6, 1-10 | |
Adiuvántes autem exhortámur, ne in vácuum grátiam Dei recipiátis. Ait enim : Témpore accépto exaudívi te, et in die salútis adiúvi te. Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis. Némini dantes ullam offensiónem, ut non vituperétur ministérium nostrum : sed in ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia, in tribulatiónibus, in necessitátibus, in angustiis, in plagis, in carcéribus, in seditiónibus, in labóribus, in vigiliis, in ieiuniis, in castitate, in sciéntia, in longanimitáte, in suavitáte, in Spíritu Sancto, in caritáte non ficta, in verbo veritátis, in virtúte Dei, per arma iustítiæ a dextris, et a sinístris, per glóriam, et ignobilitátem, per infámiam, et bonam famam : ut seductóres, et veráces, sicut qui ignóti, et cógniti : quasi moriéntes, et ecce vívimus : ut castigáti, et non mortificáti : quasi tristes, semper autem gaudéntes : sicut egéntes, multos autem locupletántes : tamquam nihil habéntes, et ómnia possidéntes. | Puisque nous sommes ses collaborateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. En effet, il dit : « Au moment favorable, je t’exauce ; au jour du salut, je te viens en aide. » [1] C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut. Nous ne donnons à personne aucune occasion de chute, pour que notre ministère ne soit pas décrié. Au contraire, nous nous comportons en tout comme il convient à des ministres de Dieu : avec une grande endurance dans les calamités, les détresses, les angoisses, dans les coups, les prisons, les émeutes, dans les fatigues, les veilles, les jeûnes ; avec intégrité, intelligence, patience, affabilité ; dans l’Esprit-Saint, dans la charité sincère, dans la Parole de vérité, dans la puissance de Dieu ; avec les armes de la justice pour attaquer et nous défendre ; à travers gloire et déshonneur, à travers blâmes et éloges ; on nous prend pour des imposteurs, quand nous sommes véridiques ; pour des inconnus, quand nous sommes bien connus ; pour des mourants, et voilà que nous vivons ; pour des gens qu’on châtie, et nous échappons à la mort ; pour des gens tristes, quand nous sommes toujours joyeux ; pour des pauvres, quand nous faisons tant de riches ; pour des gens qui n’ont rien, quand nous possédons tout. |
R/. Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis : commendémus nosmetípsos in multa patiéntia, in ieiúniis multis, * Per arma iustítiæ virtútis Dei. | R/. C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut. [2] Rendons-nous recommandables par une grande patience, par des jeûnes nombreux. * Par les armes de la justice de la puissance de Dieu. |
V/. In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia, in ieiúniis multis. | V/. Montrons-nous en toutes choses comme des ministres de Dieu, dans une grande patience, dans des jeûnes fréquents. |
R/. Per arma iustítiæ virtútis Dei. | R/. Par les armes de la justice de la puissance de Dieu. |
Lectio ii Cap. 6, 11-16 | 2e leçon |
Os nostrum patet ad vos, o Corínthii, cor nostrum dilatátum est. Non angustiámini in nobis : angustiámini autem in viscéribus vestris : eamdem autem habéntes remuneratiónem, tamquam fíliis dico, dilatámini et vos. Nolíte iugum dúcere cum infidélibus. Quæ enim participátio iustítiæ cum iniquitáte ? Aut quæ socíetas luci ad ténebras ? Quæ autem convéntio Christi ad Bélial ? Aut quæ pars fidéli cum infidéli ? Qui autem consénsus templo Dei cum idólis ? Vos enim estis templum Dei vivi, sicut dicit Deus : Quóniam inhabitábo in illis, et inambulábo inter eos, et ero illórum Deus, et ipsi erunt mihi pópulus. | Nous vous avons parlé en toute liberté, Corinthiens ; notre cœur s’est grand ouvert. Vous n’êtes pas à l’étroit chez nous ; c’est dans vos cœurs que vous êtes à l’étroit. Payez-nous donc de retour ; je vous parle comme à mes enfants, ouvrez tout grand votre cœur, vous aussi. Ne formez pas avec des incroyants d’attelage disparate. Quel rapport en effet entre la justice et l’iniquité ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Bélial ? Quelle association entre le croyant et l’incroyant ? Quel accord entre le temple de Dieu et les idoles ? Or, c’est nous qui le sommes, le temple du Dieu vivant, ainsi que Dieu l’a dit : « J’habiterai au milieu d’eux et j’y marcherai ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. » [3] |
R/. In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia : * Ut non vituperétur ministérium nostrum. | R/. Montrons-nous en toutes choses comme des ministres de Dieu, par une grande patience : * afin que notre ministère ne soit pas décrié. [4] |
V/. Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis : commendémus nosmetípsos in multa patiéntia. | V/. C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut. Rendons-nous recommandables par une grande patience. |
R/. Ut non vituperétur ministérium nostrum. | R/. afin que notre ministère ne soit pas décrié. [5] |
Lectio iii Cap. 7, 4-9 | 3e leçon |
Replétus sum consolatióne, superabúndo gáudio in omni tribulatióne nostra. Nam et, cum venissémus Macedóniam, nullam réquiem hábuit caro nostra, sed omnem tribulatiónem passi sumus : foris pugnæ, intus timóres. Sed qui consolátur húmiles, consolátus est nos Deus in advéntu Titi. Non solum autem in advéntu eius, sed étiam in consolatióne, qua consolátus est in vobis, réferens nobis vestrum desidérium, vestrum fletum, vestram æmulatiónem pro me, ita ut magis gaudérem. Quóniam etsi contristávi vos in epístola, non me pœnitet : et si pœnitéret, videns quod epístola illa (etsi ad horam) vos contristávit ; nunc gáudeo : non quia contristáti estis, sed quia contristáti estis ad pœniténtiam. | Je suis tout rempli de consolation ; je surabonde de joie dans toutes nos tribulations. De fait, à notre arrivée en Macédoine, notre pauvre être ne connut pas d’apaisement. De tous côtés des tribulations : au dehors, des luttes ; au dedans des craintes. Mais le Dieu qui console les faibles nous a consolés par l’arrivée de Tite. Il nous a consolé non seulement par son arrivée, mais encore par la consolation que vous-mêmes lui aviez donnée. Il nous a fait part de votre ardent désir, de votre désolation, de votre zèle pour moi, si bien que ma joie s’en est encore accrue. Vraiment, si je vous ai attristés par ma lettre, je ne le regrette pas. Et si je l’ai regretté, – je vois bien que cette lettre vous a, ne fût-ce qu’un instant, attristés –, je m’en réjouis à présent. Non certes de ce que vous avez été attristés, mais de ce que cette tristesse vous a portés au repentir. |
R/. In ieiúnio et fletu orábunt sacerdótes, dicéntes : * Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem. | R/. Les prêtres [6] prieront dans le jeûne et dans les larmes, disant : * Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition. |
V/. Inter vestíbulum et altáre plorábunt sacerdótes, dicéntes. | V/. Entre le portail et l’autel les prêtres pleureront et diront : |
* Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem. Glória Patri. * Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem. | * Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition. Gloire au Père. * Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition. |
Lectio iv | 4e leçon |
Sermo sancti Leónis Papæ | Sermon de saint Léon, pape |
Sermo 4 de Quadrag. | |
Prædicatúrus vobis, dilectíssimi, sacratíssimum maximúmque ieiúnium, quo áptius utar exórdio, quam ut verbis Apóstoli, in quo Christus loquebátur, incípiam, dicámque quod lectum est : Ecce, nunc tempus acceptábile : ecce, nunc dies salútis ? Quamvis enim nulla sint témpora, quæ divínis non sint plena munéribus, et semper nobis ad misericórdiam Dei per ipsíus grátiam præstétur accéssus : nunc tamen ómnium mentes maióri studio ad spiritáles proféctus movéri, et amplióri fidúcia opórtet animári, quando ad univérsa pietátis offícia, illíus nos diéi, in quo redémpti sumus, recúrsus invítat : ut excéllens super ómnia passiónis Domínicæ sacraméntum, purificátis et corpóribus et ánimis celebrémus. | Pour vous prêcher, frères très aimés, le jeûne le plus sacré et le plus solennel, pourrais-je trouver exorde mieux adapté que les mots de l’Apôtre en qui le Christ lui-même parlait ? Je commence donc par vous redire ce qui vient d’être lu : « C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut. » Sans doute, il n’est aucun temps qui ne soit plein des dons divins et toujours par sa propre grâce nous est offert l’accès à la miséricorde de Dieu ; maintenant cependant il convient que tous les esprits portés avec plus d’ardeur au progrès spirituel soient animés d’une confiance plus assurée, alors que le retour du jour de notre Rédemption nous invite à tous les devoirs de la miséricorde. Ainsi, le corps et l’âme purifiés, nous célébrerons le mystère, qui l’emporte sur tous les autres, de la Passion du Seigneur. |
R/. Emendémus in mélius, quæ ignoránter peccávimus : ne súbito præoccupáti die mortis, quærámus spátium pœniténtiæ, et inveníre non possímus : * Attende, Dómine, et miserére, quia peccávimus tibi. | R/. Réparons en agissant mieux, les fautes que l’ignorance nous a fait commettre, de peur que surpris tout à coup par le jour de la mort, nous cherchions le temps de faire pénitence et ne puissions pas le trouver. * Ecoutez [7], Seigneur, et ayez pitié, parce que nous avons péché contre vous. |
V/. Adiuva nos, Deus, salutáris noster, et propter honórem nóminis tui, Dómine, líbera nos. | V/. Aidez-nous [8], ô Dieu notre Sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous. * Ecoutez. |
R/. Attende, Dómine, et miserére, quia peccávimus tibi. | R/. Ecoutez [9], Seigneur, et ayez pitié, parce que nous avons péché contre vous. |
Lectio v | 5e leçon |
Debebátur quidem tantis mystériis ita incessábilis devótio, et continuáta reveréntia, ut tales permanerémus in conspéctu Dei, quales nos in ipso Pascháli festo dignum est inveníri. Sed quia hæc fortitúdo paucórum est : et dum carnis fragilitáte austérior observántia relaxátur, dumque per várias actiónes vitæ huius sollicitúdo disténditur, necésse est de mundáno púlvere étiam religiósa corda sordéscere : magna divínæ institutiónis salubritáte provísum est, ut ad reparándam méntium puritátem quadragínta nobis diérum exercitátio mederétur, in quibus aliórum témporum culpas, et pia ópera redímerent, et ieiúnia casta decóquerent. | De tels mystères certes exigeraient une dévotion sans défaillance et une révérence sans relâche en sorte que nous demeurions sous le regard de Dieu, tels qu’il convient de nous trouver en la fête même de Pâques. Mais cette force d’âme n’est l’apanage que d’un petit nombre ! Une observance plus austère se relâche par suite de la fragilité de la chair, tandis que le zèle se détend sous l’effet des activités diverses de cette vie, il est inévitable que les cœurs même religieux se ternissent de la poussière du monde. Aussi la Providence divine a-t-elle ménagé une institution salutaire afin qu’un entraînement de quarante jours nous procure un remède pour restaurer la pureté de nos âmes. Pendant ces jours, les fautes des autres temps sont rachetées par les œuvres de miséricorde et consumées par des jeûnes rigoureux. |
R/. Derelínquat ímpius viam suam, et vir iníquus cogitatiónes suas, et revertátur ad Dóminum, et miserébitur eius : * Quia benígnus et miséricors est, et præstábilis super malítia Dóminus Deus noster. | R/. Que l’impie [10] abandonne sa voie, et l’homme inique ses pensées, et qu’il retourne au Seigneur, et il aura pitié de lui, * Car le Seigneur notre Dieu [11] est bon et miséricordieux, et sa bonté surpasse notre malice. |
V/. Non vult Dóminus mortem peccatóris, sed ut convertátur et vivat. | V/. Le Seigneur [12] ne veut point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. |
R/. Quia benígnus et miséricors est, et præstábilis super malítia Dóminus Deus noster. | R/. Car le Seigneur notre Dieu [13] est bon et miséricordieux, et sa bonté surpasse notre malice. |
Lectio vi | 6e leçon |
Ingressúri ígitur, dilectíssimi, dies mýsticos, et purificándis ánimis atque corpóribus sacrátius institútos, præcéptis apostólicis obédire curémus, emundántes nos ab omni inquinaménto carnis ac spíritus : ut castigátis colluctatiónibus, quæ sunt inter utrámque substántiam, ánimus, quem sub Dei gubernáculis constitútum, córporis sui decet esse rectórem, dominatiónis suæ obtineat dignitátem : ut némini dantes ullam offensiónem, vituperatiónibus obloquéntium non simus obnóxii. Digna enim ab infidélibus reprehensióne carpémur, et nostro vítio linguæ impiæ in iniúriam se religiónis armábunt, si ieiunántium mores a puritáte perféctæ continéntiæ discrepárint. Non enim in sola abstinéntia cibi stat nostri summa ieiúnii : aut fructuóse corpori esca subtráhitur, nisi mens ab iniquitáte revocétur. | Nous allons donc, mes chers frères, aborder ces jours mystiques et consacrés à la purification des âmes ainsi qu’aux jeûnes salutaires. Veillons à observer les préceptes de l’Apôtre, « purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit. » Alors, après répression des conflits qui opposent l’un à l’autre ces deux éléments, l’âme qui, placée sous la conduite de Dieu, doit à son tour diriger le corps, obtiendra la dignité de son empire. Désormais, nous ne donnerons à personne aucune occasion de chute, pour que nous ne soyons plus exposés aux reproches des contradicteurs. En effet, c’est à bon droit que les infidèles nous adresseront des critiques et c’est dans nos vices mêmes que les langues impies trouveront des armes pour nuire à la religion si la manière de vivre de ceux qui jeûnent est en désaccord avec la pureté d’une parfaite abstinence. Ce n’est pas en effet dans la seule abstention de nourriture que réside le tout de notre jeûne et il n’y a aucun profit à soustraire la nourriture au corps si l’âme ne se détourne de l’injustice. |
R/. Paradísi portas apéruit nobis ieiúnii tempus : suscipiámus illud orántes, et deprecántes : * Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur. | R/. Le temps du jeûne ouvre les porte du paradis : entreprenons ce jeûne en priant et suppliant, * Afin qu’au jour de la résurrection nous participions à la gloire du Seigneur. |
V/. In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia. | V/. Montrons-nous [14] en toutes choses comme des ministres de Dieu, par une grande patience. |
* Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur. Glória Patri. * Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur. | * Afin qu’au jour de la résurrection nous participions à la gloire du Seigneur. Gloire au Père. * Afin qu’au jour de la résurrection nous participions à la gloire du Seigneur. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du saint évangile selon saint Matthieu. |
Cap. 4, 1-11 | |
In illo témpore : Ductus est Iesus in desértum a Spíritu, ut tentarétur a diabolo. Et cum ieiunásset quadragínta diébus et quadragínta nóctibus, póstea esúriit. Et réliqua. | En ce temps-là, Jésus fut conduit dans le désert par l’Esprit, pour être tenté par le diable. Et lorsqu’il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Et le reste. [15] |
Homilía sancti Gregórii Papæ | Homélie de saint Grégoire, pape |
Homilía 2 in Evangelia | |
Dubitári a quibúsdam solet, a quo spíritu sit Iesus ductus in desértum, propter hoc quod súbditur : Assúmpsit eum diábolus in sanctam civitátem : et rursum : Assúmpsit eum in montem excélsum valde. Sed vere et absque ulla quæstióne conveniénter áccipitur, ut a Sancto Spíritu in desértum ductus credátur : ut illuc eum suus Spíritus dúceret, ubi hunc ad tentándum malígnus spíritus inveníret. Sed ecce cum dícitur Deus homo vel in excélsum montem, vel in sanctam civitátem a diábolo assúmptus, mens réfugit crédere, humánæ hoc audíre aures expavéscunt. Qui tamen non esse incredibília ista cognóscimus, si in illo et ália facta pensámus. | Plus loin il est dit : « Le diable l’emmène dans la Ville Sainte » ; et encore, « Il l’emmène sur une montagne très haute. » Ceci porte habituellement certains à se demander par quel esprit Jésus fut conduit au désert. Mais nous devons croire comme assuré, et hors de question, qu’il fut conduit au désert par le Saint-Esprit. Ainsi son Esprit l’a conduit là où l’esprit malin le trouvera pour le mettre à l’épreuve. Mais, quand il est dit que l’Homme-Dieu fut emmené par le diable sur une haute montagne ou dans la Ville Sainte, voilà que l’âme se refuse à le croire ; les oreilles humaines ont horreur de l’entendre. Or, si nous réfléchissons à d’autres faits le concernant, nous verrons que ceux-ci ne sont pas incroyables. |
R/. Scíndite corda vestra, et non vestiménta vestra : et convertímini ad Dóminum Deum vestrum : * Quia benígnus et miséricors est. | R/. Déchirez vos cœurs [16] et non vos vêtements, et convertissez-vous au Seigneur votre Dieu ; * Parce qu’il est bon et miséricordieux. |
V/. Derelínquat ímpius viam suam, et vir iníquus cogitatiónes suas, et revertátur ad Dóminum, et miserébitur eius. | V/. Que l’impie [17] abandonne sa voie, et l’homme inique ses pensées, et qu’il retourne au Seigneur, et il aura pitié de lui. |
R/. Quia benígnus et miséricors est. | R/. Parce qu’il est bon et miséricordieux. |
Lectio viii | 8e leçon |
Certe iniquórum ómnium caput diábolus est : et huius cápitis membra sunt omnes iniqui. An non diaboli membrum fuit Pilatus ? an non diáboli membra Iudǽi persequéntes, et milites crucifigéntes Christum fuérunt ? Quid ergo mirum, si se ab illo permisit in montem duci, qui se pértulit étiam a membris illíus crucifigi ? Non est ergo indignum Redemptóri nostro quod tentári vóluit, qui vénerat occídi. Iustum quippe erat, ut sic tentatiónes nostras suis tentatiónibus vínceret, sicut mortem nostram vénerat sua morte superare. | Il n’y a pas de doute. Le diable est la tête de tous les méchants. Et tous les méchants sont les membres de cette tête. Ou bien Pilate, ne fut-il pas membre du diable ? Ou bien ne furent-ils pas membres du diable les Juifs qui ont fait condamner le Christ, et les soldats qui l’ont crucifié ? Alors, pourquoi s’étonner s’il se laisse emmener sur la montagne par celui dont les membres ont pu le crucifier ? Il n’est donc pas indigne de notre Rédempteur d’avoir voulu être tenté, lui qui était venu se faire tuer. Il était même juste qu’ainsi, par ses tentations, il surmontât nos tentations, tout comme il était venu par sa mort vaincre notre mort. |
R/. Frange esuriénti panem tuum, et egénos vagósque induc in domum tuam : * Tunc erúmpet quasi mane lumen tuum, et anteíbit fáciem tuam iustítia tua. | R/. Romps ton pain [18] pour celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les indigents et ceux qui errent : * Alors ta lumière éclatera comme le matin et ta justice marchera devant ta face. |
V/. Cum víderis nudum, óperi eum, et carnem tuam ne despéxeris. | V/. Lorsque tu verras quelqu’un nu, couvre le, et ne méprise point ta chair. |
R/. Tunc erúmpet quasi mane lumen tuum, et anteíbit fáciem tuam iustítia tua. | R/. Alors ta lumière éclatera comme le matin et ta justice marchera devant ta face. |
Lectio ix | 9e leçon |
Sed sciéndum nobis est, quia tribus modis tentátio agitur : suggestióne, delectatióne et consénsu. Et nos cum tentamur, plerumque in delectatiónem, aut étiam in consénsum lábimur : quia de carnis peccáto propagati, in nobis ipsis étiam gérimus, unde certámina tolerámus. Deus vero, qui in útero Vírginis incarnatus, in mundum sine peccáto vénerat, nihil contradictiónis in semetípso tolerábat. Tentári ergo per suggestiónem pótuit : sed eius mentem peccáti delectátio non momórdit. Atque ídeo omnis diabolica illa tentátio foris, non intus fuit. | Cependant il nous faut savoir que la tentation comporte trois moments : la suggestion, la complaisance, et le consentement. Nous, quand nous sommes tentés nous glissons le plus souvent dans la complaisance, ou même dans le consentement, parce que, engendrés du péché charnel, nous portons aussi en nous-mêmes la source de la lutte subie. Mais Dieu, incarné dans un sein virginal était venu sans aucun péché dans le monde ; il n’admettait en lui aucune opposition. Il a donc pu être tenté par suggestion. Mais la complaisance du péché n’a pas mordu son âme. Ainsi donc, toute cette tentation diabolique fut au-dehors, nullement au-dedans. |
R/. Angelis suis Deus mandávit de te, ut custódiant te in ómnibus viis tuis : * In mánibus portábunt te, ne umquam offéndas ad lápidem pedem tuum. | R/. Dieu a commandé [19] à ses Anges à ton sujet, de te garder dans toutes tes voies : * Ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte jamais contre une pierre. |
V/. Super áspidem et basilíscum ambulábis, et conculcábis leónem et dracónem. | V/. Tu marcheras sur l’aspic et le basilic, et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon. |
* In mánibus portábunt te, ne umquam offéndas ad lápidem pedem tuum. Glória Patri. * In mánibus portábunt te, ne umquam offéndas ad lápidem pedem tuum. | * Ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte jamais contre une pierre. Gloire au Père. * Ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte jamais contre une pierre. |
Capitulum 2 Cor. 6, 1-2. | Capitule |
Fratres : Hortámur vos, ne in vácuum grátiam Dei recipiátis. Ait enim : Témpore accépto exaudívi te, et in die salútis adiúvi te. | Mes Frères : nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit : "Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai porté secours." |
Hymnus | Hymne |
O sol salútis, íntimis,
Iesu, refúlge méntibus, Dum, nocte pulsa, grátior Orbi dies renáscitur. | O Jésus, soleil de salut,
resplendissez au plus intime de notre âme, à cette heure où la nuit ayant disparu, le jour renaît pour réjouir l’univers. |
Dans tempus acceptábile,
Da lacrimárum rívulis Laváre cordis víctimam, Quam læta adúrat cáritas. | Dans ce temps riche de bienfaits
donnez-nous des ruisseaux de larmes ; pour purifier la victime spirituelle, qu’embrasera une joyeuse charité. |
Quo fonte manávit nefas,
Fluent perénnes lácrimæ, Si virga pœniténtiæ Cordis rigórem cónterat. | La source d’où jaillirent nos fautes
répandra des larmes sans fin, si la verge de la pénitence, brise la dureté de nos cœurs. |
Dies venit, dies tua,
In qua reflórent ómnia : Lætémur et nos, in viam Tua redúcti déxtera. | Le jour se lève, votre jour,
dans lequel tout va refleurir ; réjouissons-nous, nous aussi, ramenés par votre main sur la bonne voie. |
Te prona mundi máchina,
Clemens, adóret, Trínitas, Et nos novi per grátiam Novum canámus cánticum. Amen. | Que prosterné devant Vous, l’édifice
du monde vous adore, clémente Trinité, et renouvelés par la grâce, nous vous chanterons un cantique nouveau. Amen. |
V/. Angelis suis Deus mandávit de te. | V/. Dieu a ordonné à ses Anges. |
R/. Ut custódiant te in ómnibus viis tuis. | R/. De te garder dans toutes ses voies. |
Ad Bened. Ant. Ductus est Jesus * in desértum a Spíritu, ut tentarétur a diábolo : et cum ieiunásset quadragínta diébus et quadragínta nóctibus, póstea esúriit. | Ant. au Bénédictus Jésus fut conduit * dans le désert par l’Esprit, pour être tenté par le diable : et après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. |
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Capitulum 2 Cor. 6, 1-2. | Capitule |
Fratres : Hortámur vos, ne in vácuum grátiam Dei recipiátis. Ait enim : Témpore accépto exaudívi te, et in die salútis adiúvi te. | Mes Frères : nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit : "Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai porté secours." |
Hymnus | Hymne |
Audi, benígne Cónditor,
Nostras preces cum flétibus, In hoc sacro ieiúnio Fusas quadragenário. | Écoutez, Créateur bienveillant,
nos prières accompagnées de larmes, répandues au milieu des jeûnes de cette sainte Quarantaine. |
Scrutátor alme córdium,
Infírma tu scis vírium : Ad te revérsis éxhibe Remissiónis grátiam. | Vous qui scrutez le fond des cœurs,
vous connaissez notre faiblesse : nous revenons à vous ; donnez-nous la grâce du pardon. |
Multum quidem peccávimus,
Sed parce confiténtibus : Ad nóminis laudem tui Confer medélam lánguidis. | Nous avons beaucoup péché ;
pardonnez-nous à cause de notre aveu : pour la gloire de votre Nom, apportez le remède à nos langueurs. |
Concéde nostrum cónteri
Corpus per abstinéntiam ; Culpæ ut relínquant pábulum Ieiúna corda críminum. | Faites que la résistance de notre corps
soit abattue par l’abstinence, et que notre cœur soumis à un jeûne spirituel ne se repaisse plus du péché. |
Præsta, beáta Trínitas,
Concéde, simplex Unitas ; Ut fructuósa sint tuis Ieiuniórum múnera. Amen. | Exaucez-nous, Trinité bienheureuse,
accordez-nous, Unité simple, que soit profitable à vos fidèles le bienfait du jeûne. Amen. |
V/. Angelis suis Deus mandávit de te. | V/. Dieu a ordonné à ses Anges. |
R/. Ut custódiant te in ómnibus viis tuis. | R/. De te garder dans toutes ses voies. |
Ad Magnificat Ant. Ecce nunc tempus * acceptábile, ecce nunc dies salútis : in his ergo diébus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia, in ieiúniis, in vigíliis, et in caritáte non ficta. | Ant. au Magnificat Voici maintenant le temps * favorable, voici le jour du salut : en ces jours, montrons-nous comme ministres de Dieu, en grande patience, dans les jeûnes, les veilles et une charité sincère. |
Ce dimanche, le premier de ceux qui se rencontrent dans la sainte Quarantaine, est aussi l’un des plus solennels de Tannée. Son privilège, qu’il partage avec le Dimanche de la Passion et celui des Rameaux, est de ne cédera aucune fête, pas même à celle du Patron, du Saint titulaire de l’Église, ou de la Dédicace. Sur les anciens Calendriers, il est appelé Invocabit, à cause du premier mot de l’Introït de la Messe. Au moyen âge on le nommait le Dimanche des brandons, par suite d’un usage dont le motif ne semble pas avoir été toujours ni partout le même ; en certains lieux, les jeunes gens qui s’étaient trop laissé aller aux dissipations du carnaval devaient se présenter ce jour-là à l’église, une torche à la main, pour faire satisfaction publique de leurs excès.
C’est aujourd’hui que le Carême apparaît dans toute sa solennité. On sait que les quatre jours qui précèdent ont été ajoutés assez tardivement, pour former le nombre de quarante jours de jeûne, et que, le Mercredi des Cendres, les fidèles n’ont pas l’obligation d’entendre la Messe. La sainte Église, voyant ses enfants rassemblés, leur adresse la parole, à l’Office des Matines, en se servant de l’éloquent et majestueux langage de saint Léon le Grand :
« Très chers fils, leur dit-elle, ayant à vous annoncer le jeûne sacré et solennel du Carême, puis-je mieux commencer mon discours qu’en empruntant les paroles de l’Apôtre en qui Jésus-Christ parlait, et en répétant ce qu’on vient de vous lire : Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut ? Car encore qu’il n’y ait point de temps dans l’année qui ne soient signalés par les bienfaits de Dieu, et que, par sa grâce, nous ayons toujours accès auprès de sa miséricorde ; néanmoins nous devons en ce saint temps travailler avec plus de zèle à notre avancement spirituel et nous animer d’une nouvelle confiance. En effet, le Carême, nous ramenant le jour sacré dans lequel nous fûmes rachetés, nous invite à pratiquer tous les devoirs de la piété, afin de nous disposer, par la purification de nos corps et de nos âmes, à célébrer les mystères sublimes de la Passion du Seigneur.
« Il est vrai qu’un tel mystère mériterait de notre part un respect et une dévotion sans bornes, et que nous devrions toujours être devant Dieu tels que nous voulons être dans la fête de Pâques ; mais comme cette constance n’est pas le fait du grand nombre ; que la faiblesse de la chair nous oblige à relâcher l’austérité du jeûne. et que les diverses occupations de cette vie divisent et partagent nos sollicitudes : il arrive que les cœurs religieux sont sujets à contracter quelque peu de la poussière de ce monde. C’est donc avec une grande utilité pour nous qu’a été établie cette institution divine qui nous donne quarante jours pour recouvrer la pureté de nos âmes, en rachetant par la sainteté de nos œuvres et par le mérite de nos jeûnes les fautes des autres temps de l’année.
« A notre entrée, mes très chers fils, en ces jours mystérieux qui ont été saintement institués pour la purification de nos âmes et de nos corps, ayons soin d’obéir au commandement de l’Apôtre, en nous affranchissant de tout ce qui peut souiller la chair et l’esprit, afin que le jeûne réprimant cette lutte qui existe entre les deux parties de nous-mêmes, l’âme recouvre la dignité de son empire, étant elle-même soumise à Dieu et se laissant gouverner par lui. Ne donnons à personne l’occasion de se plaindre de nous ; ne nous exposons point au juste blâme de ceux qui veulent trouver à redire. Car les infidèles auraient sujet de nous condamner, et nous armerions nous-mêmes, par notre faute, leurs langues impies contre la religion, si la pureté de notre vie ne répondait pas à la sainteté du jeûne que nous avons embrassé. Il ne faut donc pas s’imaginer que toute la perfection de notre jeûne consiste dans la seule abstinence des mets ; car ce serait en vain que l’on retrancherait au corps une partie de sa nourriture, si en même temps on n’éloignait pas son âme de l’iniquité. » [20]
Chacun des Dimanches de Carême offre pour objet principal une lecture des saints Évangiles destinée à initier les fidèles aux sentiments que l’Église veut leur inspirer dans la journée. Aujourd’hui, elle nous donne à méditer la tentation de Jésus-Christ au désert. Rien de plus propre à nous éclairer et à nous fortifier que l’important récit qui nous est mis sous les yeux.
Nous confessons que nous sommes pécheurs, nous sommes en voie d’expier les pèches que nous avons commis ; mais comment sommes-nous tombés dans le mal ? Le démon nous a tentés ; nous n’avons pas repoussé la tentation. Bientôt nous avons cédé à la suggestion de notre adversaire, et le mal a été commis. Telle est notre histoire dans le passé, et telle elle serait dans l’avenir, si nous ne profitions pas de la leçon que nous donne aujourd’hui le Rédempteur.
Ce n’est pas sans raison que l’Apôtre, nous exposant l’ineffable miséricorde de ce divin consolateur des hommes, qui a daigné s’assimiler en toutes choses à ses frères, insiste sur les tentations qu’il a daigné souffrir [21]. Cette marque d’un dévouement sans bornes ne nous a pas manqué ; et nous contemplons aujourd’hui l’adorable patience du Saint des Saints, qui ne répugne pas à laisser approcher de lui ce hideux ennemi de tout bien, afin de nous apprendre comment il en faut triompher.
Satan a vu avec inquiétude la sainteté incomparable qui brille en Jésus. Les merveilles qui accompagnèrent sa naissance, ces bergers convoqués par des Anges à la crèche, ces mages venus de l’Orient sous la conduite d’une étoile ; cette protection qui a soustrait l’enfant à la fureur d’Hérode ; le témoignage qu’a rendu Jean-Baptiste au nouveau prophète : tout cet ensemble de faits qui contrastent si étrangement avec l’humilité et l’obscurité qui ont semblé couvrir d’une apparence vulgaire les trente premières années du Nazaréen, excite les craintes du serpent infernal. L’ineffable mystère de l’incarnation s’est accompli loin de ses regards sacrilèges ; il ignore que Marie toujours vierge est celle que la prophétie d’Isaïe annonçait comme devant enfanter l’Emmanuel [22] ; mais il sait que les temps sont venus, que la dernière semaine de Daniel a ouvert son cours, que le monde païen lui-même attend de la Judée un libérateur. Dans son anxiété, il ose aborder Jésus, espérant tirer de sa bouche quelque parole dont il pourra conclure qu’il est ou qu’il n’est pas le Fils de Dieu, ou du moins l’induire à quelque faiblesse qui fera voir que l’objet de tant de terreurs pour lui n’est qu’un homme mortel et pécheur.
L’ennemi de Dieu et des hommes devait être déçu dans son attente. Il approche du Rédempteur ; mais tous ses efforts ne tournent qu’à sa confusion. Avec la simplicité et la majesté du juste, Jésus repousse toutes les attaques de Satan ; mais il ne révèle pas sa céleste origine. L’ange pervers se retire sans avoir pu reconnaître autre chose en Jésus qu’un prophète fidèle au Seigneur. Bientôt, lorsqu’il verra les mépris, les calomnies, les persécutions s’accumuler sur la tête du Fils de l’homme, quand ses efforts pour le perdre sembleront réussir si aisément, il s’aveuglera de plus en plus dans son orgueil ; et ce n’est qu’au moment où Jésus, rassasié d’opprobres et de souffrances, expirera sur la Croix, qu’il sentira enfin que sa victime n’est pas un homme, mais un Dieu, et que toutes les fureurs qu’il a conjurées contre le Juste n’ont servi qu’à manifester le dernier effort de la miséricorde qui sauve le genre humain, et de la justice qui brise à jamais la puissance de l’enfer.
Tel est le plan de la Providence divine, en permettant que l’esprit du mal ose souiller de sa présence la retraite de l’Homme-Dieu, lui adresser la parole et porter sur lui ses mains impies ; mais étudions les circonstances de cette triple tentation que Jésus ne subit que pour nous instruire et nous encourager.
Nous avons trois sortes d’ennemis à combattre, et notre âme est vulnérable par trois côtés ; car, comme parle le bien-aimé Disciple : « Tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie [23]. » Par la concupiscence de la chair, il faut entendre l’amour des sens qui convoite tout ce qui flatte la chair, et entraîne l’âme, s’il n’est pas contenu, dans les voluptés illicites. La concupiscence des yeux signifie l’amour des biens de ce monde, des richesses, de la fortune, qui brillent à nos regards avant de séduire notre cœur. Enfin l’orgueil de la vie est cette confiance en nous-mêmes qui nous rend vains et présomptueux, et nous fait oublier que nous tenons de Dieu la vie et les dons qu’il a daigné répandre sur nous.
Il n’est pas un seul de nos péchés qui ne provienne de l’une de ces trois sources, pas une de nos tentations qui n’ait pour but de nous faire accepter la concupiscence de la chair, ou la concupiscence des yeux, ou l’orgueil de la vie. Le Sauveur, notre modèle en toutes choses, devait donc s’assujettir à ces trois épreuves.
Satan le tente d’abord dans la chair, en lui suggérant la pensée d’employer son pouvoir surnaturel à soulager sans délai la faim qui le presse. Dites que ces pierres deviennent des pains : tel est le conseil que le démon adresse au Fils de Dieu. Il veut voir si l’empressement de Jésus à donner satisfaction à son corps ne dénotera pas un homme faible et sujet à la convoitise. Lorsqu’il s’adresse à nous, tristes héritiers de la concupiscence d’Adam, ses suggestions vont plus avant : il aspire à souiller l’âme par le corps ; mais la souveraine sainteté du Verbe incarné ne pouvait permettre que Satan osât faire un tel essai du pouvoir qu’il a reçu de tenter l’homme dans ses sens. C’est donc une leçon de tempérance que nous donne le Fils de Dieu ; mais nous savons que pour nous la tempérance est mère de la pureté, et que l’intempérance soulève la révolte des sens.
La seconde tentation est celle de l’orgueil. Jetez-vous en bas ; les Anges vous recevront dans leurs mains. L’ennemi veut voir si les faveurs du ciel ont produit dans l’âme de Jésus cet élèvement, cette ingrate confiance qui fait que la créature s’attribue à elle-même les dons de Dieu, et oublie son bienfaiteur pour régner en sa place. Il est déçu encore, et l’humilité du Rédempteur épouvante l’orgueil de l’ange rebelle.
Il fait alors un dernier effort. Peut-être, pense-t-il, l’ambition de la richesse séduira celui qui s’est montré si tempérant et si humble. Voici tous les royaumes du monde dans leur éclat et leur gloire ; je puis vous les livrer ; seulement, adorez-moi. Jésus repousse cette offre méprisable avec dédain, et chasse de sa présence le séducteur maudit, le prince du monde, nous apprenant par cet exemple à dédaigner les richesses de la terre toutes les fois que, pour les conserver ou les acquérir, il faudrait violer la loi de Dieu et rendre hommage à Satan. Or, comment le Rédempteur, notre divin chef, repousse-t-il la tentation ? Écoute-t-il les discours de son ennemi ? Lui laisse-t-il le temps de faire briller à ses yeux tous ses prestiges ? C’est ainsi que trop souvent nous avons fait nous-mêmes, et nous avons été vaincus. Jésus se contente d’opposer à l’ennemi le bouclier de l’inflexible Loi de Dieu. Il est écrit, lui dit-il : L’homme ne vit pas seulement de pain. Il est écrit : Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu. Il est écrit : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul. Suivons désormais cette grande leçon. Ève se perdit, et avec elle le genre humain, pour avoir lié entretien avec le serpent. Qui ménage la tentation y succombera. Dans ces saints jours, le cœur est plus attentif, les occasions sont éloignées, les habitudes sont interrompues ; purifiées par le jeûne, la prière et l’aumône, nos âmes ressusciteront avec Jésus-Christ ; mais conserveront-elles cette nouvelle vie ? Tout dépendra de notre attitude dans les tentations. Dès le début de la sainte Quarantaine, l’Église, en mettant sous nos yeux le récit du saint Évangile, veut joindre l’exemple au précepte. Si nous sommes attentifs et fidèles, la leçon fructifiera en nous ; et lorsque nous aurons atteint la fête de Pâques, la vigilance, la défiance de nous-mêmes, la prière, avec le secours divin qui ne manque jamais, assureront notre persévérance.
L’Église grecque célèbre aujourd’hui une de ses plus grandes solennités. Cette fête est appelée l’Orthodoxie, et a pour but d’honorer le rétablissement des saintes Images à Constantinople et dans l’empire d’Orient, en 842, lorsque l’impératrice Théodora, avec le secours du saint patriarche Méthodius, mit fin à l’affreuse persécution des iconoclastes, et fit replacer dans toutes les églises les effigies sacrées que la fureur des hérétiques en avait fait disparaître.
A LA MESSE.
La Station, à Rome, est dans la Basilique patriarcale de Saint-Jean-de-Latran. Il était juste qu’un Dimanche aussi solennel fût célébré dans l’Église Mère et Maîtresse de toutes les Églises, non seulement de la ville sainte, mais du monde entier. C’est là que les Pénitents publics étaient réconciliés le Jeudi saint ; là aussi, dans le Baptistère de Constantin, que les Catéchumènes recevaient le saint Baptême, dans la nuit de Pâques ; nulle autre Basilique ne convenait autant pour la réunion des fidèles, en ce jour où le jeûne quadragésimal fut promulgué tant de fois par la voix des Léon et des Grégoire.
L’Introït est tiré du Psaume 90, qui forme à lui seul la matière de tous les chants de cette Messe. Nous avons parlé déjà de l’appropriation que l’Église a faite de ce beau cantique, à la situation du chrétien durant le Carême. Tout nous y entretient de l’espérance que l’âme chrétienne doit concevoir dans le secours divin, en ces jours où elle a résolu de se livrer tout entière à la prière et à la lutte contre les ennemis de Dieu et d’elle-même. Le Seigneur lui promet, dans l’Introït, que sa confiance ne sera pas vaine.
Dans la Collecte, l’Église recommande à Dieu tous ses enfants, et demande que leur jeûne non seulement les purifie, mais obtienne d’en haut ce secours puissant qui les rendra féconds en bonnes œuvres pour leur salut.
ÉPÎTRE.
Ce passage de l’Apôtre nous montre la vie chrétienne sous un aspect bien différent de celui sous lequel l’envisage ordinairement notre mollesse.
Pour en éviter la portée, nous serions aisément disposés à penser que de tels conseils convenaient au premier âge de l’Église, où les fidèles, sans cesse exposés à la persécution et à la mort, avaient besoin d’un degré particulier de renoncement et d’héroïsme. Cependant ce serait une grande illusion de croire que tous les combats du chrétien sont finis. Reste toujours la lutte avec les démons, avec le monde, avec la chair et le sang ; et c’est pour cela que l’Église nous envoie au désert avec Jésus-Christ pour y apprendre à combattre. C’est là que nous comprendrons que la vie de l’homme sur la terre est une milice [24], et que si nous ne luttons pas courageusement et toujours, cette vie que nous voudrions passer dans le repos finira par notre défaite. C’est pour nous faire éviter ce malheur que l’Église nous dit aujourd’hui, par l’organe de l’Apôtre : « Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut. » Agissons donc en toutes choses « comme des serviteurs de Dieu » ; et tenons ferme jusqu’à la fin de cette sainte carrière. Dieu veille sur nous, comme il a veillé sur son Fils au désert.
Le Graduel nous assure de la protection des saints Anges, dont la sollicitude ne nous abandonne ni le jour ni la nuit. Durant le Carême, ils redoublent d’efforts contre nos ennemis, et se réjouissent de voir le pécheur accepter enfin la pénitence qui doit le sauver.
Le Trait se compose du Psaume 90, auquel sont empruntés le Graduel, l’Introït et les autres cantiques de cette Messe. Que notre cœur se rassure donc : tout nous parle de la bonté de Dieu et de sa vigilance paternelle sur des enfants ingrats dont il veut faire ses amis fidèles et les cohéritiers de son royaume.
ÉVANGILE.
Admirons l’ineffable bonté du Fils de Dieu qui, non content d’expier par la croix tous nos pèches, a daigné, pour nous encourager à la pénitence, s’imposer un jeûne de quarante jours et de quarante nuits. Il n’a pas voulu que la justice de son Père pût exiger de nous un sacrifice qu’il n’eût offert lui-même le premier en sa personne, et toujours avec des circonstances mille fois plus rigoureuses que celles qui peuvent se rencontrer en nous. Que sont nos œuvres de pénitence, si souvent encore disputées à la justice de Dieu par notre lâcheté, si nous les comparons à la rigueur de ce jeûne du Sauveur sur la montagne ? Chercherons-nous encore à nous dispenser de ces légères satisfactions dont le Seigneur daigne se contenter, et qui sont si loin de ce qu’ont mérite nos fautes ? Au lieu de plaindre une légère incommodité, une fatigue de quelques jours, compatissons plutôt à ce tourment de la faim qu’éprouve notre Rédempteur innocent, durant ces longs jours et ces longues nuits du désert.
La prière, le dévouement pour nous, la pensée des justices de son Père le soutiennent dans ses défaillances ; mais, à l’expiration de la quarantaine, la nature humaine est aux abois. C’est alors que la tentation vient l’assaillir ; mais il en triomphe avec un calme et une fermeté qui doivent nous servir d’exemple. Quelle audace chez Satan d’oser approcher du Juste par excellence ! Mais aussi quelle patience en Jésus ! Il daigne souffrir que le monstre de l’abîme mette la main sur lui, qu’il le transporte par les airs d’un lieu à un autre. L’âme chrétienne est souvent exposée à de cruelles insultes de la part de son ennemi ; quelquefois même, elle serait tentée de se plaindre à Dieu de l’humiliation qu’elle souffre. Qu’elle songe alors à Jésus, le Saint des Saints, donné, pour ainsi dire, en proie à l’esprit du mal. Il n’en est pas moins le Fils de Dieu, le vainqueur de l’enfer ; et Satan n’aura recueilli qu’une honteuse défaite. De même, l’âme chrétienne, sous l’effort de la tentation, si elle résiste de toute son énergie, n’en reste pas moins l’objet des plus tendres complaisances de Dieu, à la honte et au châtiment éternel de Satan.
Unissons-nous aux Anges fidèles qui, après le départ du prince des ténèbres, s’empressent de réparer les forces épuisées du Rédempteur, en lui présentant de la nourriture. Comme ils compatissent à ses divines fatigues ! Comme ils réparent, dans leurs adorations, l’horrible outrage dont Satan vient de se rendre coupable envers le souverain Maître de toutes choses ! Comme ils admirent cette charité d’un Dieu qui, dans son amour pour les hommes, semble avoir oublié jusqu’à sa dignité, pour ne plus songer qu’aux malheurs et aux besoins des enfants d’Adam !
Dans l’Offertoire, l’Église, empruntant toujours les paroles de David, nous montre le Seigneur couvrant d’une protection spéciale le troupeau fidèle, et l’armant contre toute attaque de ce bouclier invincible que nous offre la foi [25].
Le Carême ne consiste pas seulement dans le jeune ; il ne sera efficace pour la réforme de notre âme que si nous y joignons la fuite des occasions nuisibles, qui détruiraient en un instant l’œuvre de la grâce divine. C’est pourquoi l’Église demande pour nous, dans la Secrète, un secours particulier à cet effet.
Afin d’inculquer plus fortement encorda confiance dans nos âmes, la sainte Église répète dans l’Antienne de la Communion les paroles d’espérance qu’elle nous a proposées dans l’Offertoire. Le Sacrifice qui vient d’être offert nous est un nouveau gage de la bonté divine.
Dans la Postcommunion, l’Église nous apprend à regarder la sainte Eucharistie comme le grand moyen d’accroître nos forces, en purifiant nos souillures. Que le pécheur se hâte donc de faire sa paix avec Dieu, et qu’il n’attende pas le festin de la Pâque pour faire l’essai de l’aliment divin qui nous sauve de la divine justice, en nous incorporant l’auteur même du salut.
Nous finirons la journée par ces deux belles Préfaces que nous empruntons, la première au Missel Mozarabe, et la seconde au Missel Ambrosien. Elles résument avec autant d’onction que d’éloquence les vérités que l’Église nous propose aujourd’hui.
PRIÈRE DU MISSEL MOZARABE.
(Illatio. Feria VI Hebdom. IV Quadragesimœ.)
Il est juste et équitable que nous vous rendions grâces. Dieu tout-puissant et éternel, par Jésus-Christ votre Fils notre Seigneur, qui par le jeune a obtenu sur le diable un glorieux triomphe, et a enseigne à ses soldats, par son exemple, l’art de combattre. Étant Dieu et le Seigneur de tous, il jeûna quarante jours et quarante nuits, afin de montrer que, vrai Dieu, il avait pris la véritable nature de l’homme, et de réparer par son abstinence ce qu’Adam avait perdu par sa gourmandise. Le diable vient donc attaquer le fils de la Vierge ; il ignore qu’il a affaire au Fils unique de Dieu. Dans sa ruse consommée, il espère séduire le second Adam par les artifices qui lui ont servi à renverser le premier, mais il est impuissant ; pas une de ses séductions ne réussit à tromper un si redoutable adversaire. Jésus jeûne quarante jours et quarante nuits ; et ensuite il éprouve la faim, lui qui durant quarante années nourrit d’un pain céleste une multitude innombrable. C’est lui qui, fort de sa propre puissance, a combattu avec le diable, prince des ténèbres, et qui l’ayant terrassé, a remporté avec honneur le trophée de la victoire jusque dans les cieux.
PRIERE DU MISSEL AMBROSIEN.
(Praefatio. Dominica I in Quadrag.)
Il est juste et digne, équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui dans ce saint temps du jeûne nourrit la foi des fidèles, élève leur espérance et fortifie leur charité. C’est lui qui est le pain vivant et véritable, qui est l’aliment de l’éternité et la nourriture de la vertu. Votre Verbe, Seigneur, par qui tout a été fait, est non seulement l’aliment des âmes humaines, mais le Pain des Anges mêmes. Fortifié de ce Pain, Moïse votre serviteur, lorsqu’il reçut la loi, jeûna quarante jours et quarante nuits : il s’abstint de la nourriture charnelle, afin d’être plus en état de savourer votre douceur. Il ne sentait pas la faim dans son corps, et il oubliait la nourriture terrestre, parce que la vue de votre gloire l’illuminait ; et que, par le souffle de l’Esprit, la parole de Dieu le nourrissait. Ne cessez donc pas, Seigneur, de nous donner à nous aussi ce Pain pour lequel vous nous exhortez d’entretenir en nous une faim continuelle.
En quelques fêtes plus solennelles de l’année, la liturgie romaine célèbre la station dans la basilique de l’ancienne maison de Fausta, qui appartenait déjà sous Néron aux Laterani. Constantin la donna au pape Melchiade, et le palais devint dès lors, et pour tout le moyen âge, la résidence habituelle des Papes, 1’’episcopium ou le patriarchium du Latran. Saint-Pierre est l’antique cathédrale liturgique des pontifes romains, qui s’y transportaient pour officier en toutes les grandes solennités du cycle ; pourtant, le siège habituel, la résidence normale des Papes est au Latran, en sorte que sa basilique du Sauveur a pu revendiquer le titre de Mère et Maîtresse de toutes les églises de la Ville et du monde.
Il est donc convenable que le sacrifice inaugural de la sainte période quadragésimale soit immolé aujourd’hui au Latran, dans la basilique insigne consacrée au Sauveur, laquelle, plus tard seulement, et de l’usage établi, reçut le nom de Saint-Jean. Aux deux saints Jean, à la vérité, c’est-à-dire au baptiste et à l’évangéliste, n’auraient été dédiés que deux petits oratoires, érigés près du baptistère du pape Hilaire, en monument votif de son heureuse délivrance des violences de ce conciliabule que l’histoire a, par la suite, appelé le brigandage d’Éphèse.
Sous l’autel-majeur du Latran et dans les oratoires de Saint-Venance, de Saint-Laurent, etc., qui y sont contigus, l’on conserve beaucoup de précieuses reliques de martyrs, en sorte que l’antique chapelle papale du Patriarchium s’appelle encore aujourd’hui Sancta Sanctorum. Au moyen âge, il n’y avait pas moins de quatre monastères avec un nombreux chœur de chantres pour vaquer à l’office divin de jour et de nuit dans la basilique du Latran.
Le dimanche ne comportant pas le jeûne, il n’y a pas aujourd’hui de collecte précédant la procession stationnale, rite de caractère nettement pénitentiel, et peu conciliable par suite avec la solennité dominicale.
Dans la messe de ce jour, les honneurs sont réservés au psaume 90, celui-là même qui fut cité au Christ par le Satan tentateur. Nous le répéterons à l’introït, au graduel, à l’offertoire et à la communion, comme pour faire acte de protestation et de réparation pour la suggestion téméraire. D’autre part, le psaume 90 exprime si bien les sentiments de l’âme qui revient à Dieu par la pénitence et met en lui toute sa confiance, que l’Église en a fait comme le chant quadragésimal par excellence.
L’introït commence en exprimant les magnifiques promesses que Dieu fait à celui qui recourt à Lui : « Il m’invoquera, et moi je l’écouterai ; je le délivrerai des périls et l’exalterai ; je lui donnerai de longues années de vie. »
Voici la collecte ; « O Dieu qui purifiez annuellement votre Église au moyen de l’abstinence quadragésimale, faites que votre famille rende fructueuses, au moyen des bonnes œuvres, ces grâces qu’elle s’efforce d’obtenir par la diminution des aliments. »
Les saints Pères, et saint Léon en particulier, font remarquer avec insistance que le Carême est le temps spécialement acceptable à Dieu, comme l’Apôtre l’explique bien dans la lecture suivante (II Cor., VI, 1-10) ; temps de miséricorde, où, avec les catéchumènes et les pénitents, tous les fidèles sont invités à changer de vie. Dans l’antiquité en effet, le Carême avait pour ainsi dire la signification d’un grand cours d’exercices spirituels annuels pour toute la chrétienté. C’est pourquoi le passage de saint Paul qu’on lit aujourd’hui, contient comme un vaste plan de réforme intérieure qui demande à être bien médité, spécialement par le clergé à qui il s’adresse de préférence. L’Apôtre expose, telle qu’elle se réalise pour lui-même, la double signification de la profession chrétienne ; signification négative, c’est-à-dire pauvreté, calomnies, persécutions, mortification du corps et de l’esprit ; signification positive, qui est le résultat des conditions énumérées à l’instant, richesses ultérieures, libéralités envers les pauvres, joie de l’esprit, édification du prochain, possession de toutes choses en Dieu.
Le répons-graduel annonce, en l’honneur de Jésus, cet hommage que tous les Anges doivent au Caput hominum et Angelorum, et dont, tout à l’heure, dans l’évangile, Satan prendra précisément motif pour le tenter : « Par égard pour toi, Dieu commanda à ses anges de garder partout tes pas. Ils t’élèveront sur leurs mains, pour que ton pied ne trébuche pas. » Ce verset se rapporte au Christ dans sa sainte humanité, et dans son corps mystique. Le service rendu par les anges à Jésus dans son humanité, est un service de juste adoration, car le Rédempteur n’a pu avoir besoin de l’aide des esprits angéliques. La garde de l’Église et des fidèles, confiée aux saints anges est, de la part de Jésus, un acte de condescendance qu’il accomplit en admettant ces esprits bienheureux à la gloire de coopérer avec lui au salut des hommes. De la part des anges, cette tutelle, outre qu’elle est un service de justice qu’ils rendent au Sauveur dans son corps mystique, est aussi un office qui leur convient souverainement, en tant que par là ils reflètent sur la créature de degré un peu inférieur au leur, cette lumière et cette grâce qu’ils puisent aux sources divines. Ainsi rien n’arrive-t-il du centre d’un cercle jusqu’à la circonférence, sinon au moyen des rayons.
Quant au ministère et à la garde des saints anges à notre endroit, ils correspondent à un vrai besoin de notre part, et l’aide est tout à fait proportionnée à la nécessité. Nous devons en effet soutenir la lutte contre les démons, spiritualia nequitiae in cœlestibus, comme saint Paul les appelle, il est donc nécessaire que d’autres créatures spirituelles, bonnes et plus puissantes, viennent à notre aide et soient égales et même supérieures à nos terribles adversaires. De plus, selon le sentiment des saints Pères, les prédestinés doivent remplir les vides laissés dans les phalanges angéliques par la défection de Lucifer et de ses adeptes. Il est donc convenable que les bons anges coopèrent avec Jésus-Christ à compléter leurs milices.
Le trait, cela va sans dire, est formé du psaume 90 : « Demeurant à l’abri du Très-Haut, et à l’ombre du Tout-Puissant, je m’adresse à Dieu, mon refuge, ma forteresse, en qui je me confie. Car il te sauvera du lacs, du piège et du précipice ; il t’accueillera sous ses ailes, et tu t’y réfugieras. Sa vérité est un bouclier, et tu ne craindras pas les angoisses de la nuit, ni la flèche volant pendant le jour, ni la peste qui erre dans l’obscurité, ni le malin désolant de midi. A tes côtés en tomberont mille, et dix mille à ta droite, néanmoins ils n’approcheront pas de toi. Car, pour toi, il commande à ses anges de te garder dans toutes tes voies. Ils t’élèveront sur leurs mains, de peur que ton pied ne trébuche sur les pierres ; tu marcheras sur le reptile et sur la vipère, tu fouleras au pied le lionceau et le dragon. Parce qu’il est uni à moi, je le sauverai ; je le protège parce qu’il confesse mon nom. Qu’il m’invoque, et moi je lui répondrai ; je serai avec lui dans la tribulation ; je le sauverai, je le glorifierai, je le rassasierai d’une longue suite de jours, et je lui révélerai mon Sauveur. »
Il faut remarquer que, à l’origine, le graduel et le trait non seulement avaient deux places distinctes, c’est-à-dire après la première et après la seconde lecture scripturaire, mais en outre ils différaient complètement comme genre de psalmodie mélodique. Le trait de ce jour est un des rares exemples subsistants de l’extension qu’avait d’abord ce chant, qui consistait ordinairement en un psaume tout entier.
La lecture évangélique (MATTH., IV, 1-11) décrit les tentations de Jésus dans le désert, quand Satan, mis en éveil par sa vie admirable, et voulant s’assurer si c’était lui le Messie promis, lui suggéra d’abord de prouver son caractère messianique en transformant les pierres en pain, puis en se précipitant en bas du pinacle du temple ; et enfin de l’adorer comme maître du monde.
Jésus ne daigna pas lui donner une réponse directe, mais il lui fit observer, relativement à sa première suggestion, que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de la parole divine, et que, par suite, le prodige demandé était superflu. Quant au second miracle, la présomption de l’obtenir sur un pur caprice du démon aurait été tenter Dieu. Enfin pour ce qui est de la troisième tentation, Jésus ne toléra plus désormais tant d’audace, mais il chassa de sa présence Satan, en disant que Dieu seul doit être adoré et servi.
Les saints Pères, et spécialement saint Grégoire, dans une homélie célèbre qui fut prononcée en ce même jour devant le peuple assemblé au Latran, se demandent comment Jésus put consentir à être tenté par Satan ; ils observent qu’il agit ainsi pour participer à l’infirmité de notre nature, pour humilier et pour vaincre le tentateur à notre profit, et pour nous obtenir la grâce de surmonter nos tentations par les mérites de sa victoire. Jésus voulut nous montrer aussi que le mal n’est pas d’être tenté, mais de céder au tentateur. En outre, les tentations de Jésus furent tout extérieures, puisque sa très sainte humanité ne pouvait aucunement s’y complaire, et, moins encore, y consentir.
Les fidèles doivent professer une dévotion spéciale à ce mystère de Jésus tenté dans le désert, puisqu’il n’y a rien de plus profond que la manière dont la divine Providence fait rentrer dans le plan de notre sanctification les hostilités mêmes du démon, transformant la tentation en un creuset de purification, et en une occasion de plus grande grâce et de profit pour les voies spirituelles.
Voici l’antienne du psaume d’offertoire : « Dieu te cachera sous ses ailes, il t’y abritera ; sa vérité est protection. »
Aujourd’hui s’inaugure le Carême ; aussi l’Église le consacre-t-elle au moyen de ce Sacrifice parfait et définitif qui centralise en soi et sanctifie tout autre acte cultuel rendu à Dieu dans tout le cours des siècles, selon la pensée de l’Apôtre : Una enim oblatione consummavit in sempiternum sanctificatos (Hebr., X, 14). Voici la splendide collecte sur les oblations : « Nous vous immolons, Seigneur, ce solennel sacrifice inaugural du Carême, vous suppliant que, par la restriction de la nourriture matérielle, nous refrénions aussi nos penchants pervers. »
Quoique les fidèles jeûnent depuis mercredi, la liturgie célèbre néanmoins aujourd’hui seulement le commencement du Carême. Jusqu’à ce dimanche en effet, rien n’est changé dans l’office divin ni dans la messe. Les deux stations des IVe et VIe féries sont un souvenir du primitif jeûne hebdomadaire du mercredi et du vendredi, dont il est parlé pour la première fois dans la Didaché, quand elle les oppose au ieiuno bis in sabbato des Pharisiens qui consacraient à l’abstinence le lundi et le jeudi. Les messes du jeudi et du samedi de quinquagésime représentent une addition postérieure, du temps de Grégoire II. Saint Grégoire le Grand est explicite sur ce point, quand il atteste, dans sa XVIe homélie sur l’Évangile, que le Carême romain comprenait alors en réalité trente-six jours seulement de jeûne.
La secrète mentionnée plus haut se trouve déjà dans le Gélasien. Il faut remarquer ces mots : sollemniter immolamus. En effet, le véritable caractère des messes décrites dans les sacramentaires est, régulièrement, ce caractère public et solennel des synaxes stationnales auxquelles prenait part, avec le clergé, toute la communauté des fidèles. Dans les messes privées cotidianae, comme on les appelait alors, de caractère quasi votif, on employait probablement un formulaire plus simple.
L’antienne ad Communionem est identique à celle de l’offertoire.
Voici le texte de l’Eucharistia, ou action de grâces après la sainte Communion : « Que l’offrande sacrée de votre sacrement, Seigneur, nous fasse revivre ; et, nous purifiant de nos fautes passées, qu’elle nous initie à la participation du mystère d’éternel salut. »
Dans cette collecte est insinuée l’idée, très commune dans les anciennes liturgies, que le carême, en tant qu’il commence déjà le drame pascal, est une période de renouvellement intérieur, à l’image du Christ ressuscité. Le Sacramentaire Gélasien revient plusieurs fois sur cette pensée en ces premiers jours de la sainte quarantaine. En voici quelques exemples : Sacrificium, Domine, observantiae paschalis exerimus... (Fer. VI in quinq.) ; Aufer a nobis... ut ad Sancta Sanctorum (= Pâques)... mereamur... introire (a quinquag. ad quadrag.) ; ieiuniis paschalibus convenienter aptari (Fer. VI in quinquag.) ; Paschalibus actionibus inhaerentes (Fer. VII in quinquag.) [26].
Il manque, dans le missel actuel du Concile de Trente, la préface propre à ce premier dimanche, et la collecte sur le peuple avant de le congédier de l’église. Cette collecte se retrouve toutefois, tant dans le Gélasien — le Léonien est mutilé dès le commencement — que dans le Grégorien. La voici : « Nous vous supplions, Seigneur, afin que votre bénédiction descende, abondante, sur votre peuple, et y répande la consolation, fortifie la sainte foi, rende fermes dans la vertu ceux qui ont été rachetés par vous. »
La famille chrétienne ne pourrait commencer le jeûne pascal sous de plus heureux auspices. Jésus la précède au désert de l’expiation ; puis vient l’Apôtre, qui, en l’un des plus sublimes passages de ses lettres, oppose aux jeûnes, aux persécutions, aux souffrances corporelles, les dons surabondants du Saint-Esprit, la longanimité, la suavité, le bonheur de souffrir pour l’amour de Dieu, la joie d’aider le prochain, en coopérant avec le Christ au sublime ministère de la rédemption du monde.
La première semaine de Carême.
1. Veille du dimanche. — Avec les premières vêpres, qu’à partir d’aujourd’hui on célèbre avant le repas de midi, nous entrons dans le Carême complet. Les Vêpres, sans doute, n’ont pas, comme en Avent, des antiennes propres, mais elles ont un capitule propre et l’hymne est celle de l’ordinaire du Carême. Les Vêpres nous font déjà entendre tous les thèmes du premier dimanche du Carême. Le capitule annonce que le temps de grâce a commencé. L’antienne de Magnificat nous fait entendre, de la bouche de notre Mère l’Église, une parole consolante : « Alors tu appelleras et le Seigneur t’exaucera, tu crieras et il te répondra : me voici. »
2. Après les quatre jours de préparation, l’Église commence, avec le premier dimanche, le Carême (Quadragesima) proprement dit. La messe du dimanche est l’introduction solennelle dans le saint temps, dont elle nous donne en même temps le programme. Les deux premières semaines mettent en lumière ces pensées : le combat du Christ conduit à la victoire ; de même, notre combat de Carême nous conduira à la gloire pascale. Dans la semaine qui commence, l’Église célèbre aussi la vénérable solennité des Quatre-Temps. Les trois messes (mercredi, vendredi et samedi) sont antiques et toutes remplies de pensées du Carême : par le combat de Carême, nous marchons vers la gloire pascale.
Le 1er Dimanche
Suivons le Christ dans sa mortification et ses combats.
1. Premières impressions. — Le dimanche de la Septuagésime, nous nous rendions au tombeau de saint Laurent ; le dimanche de la Sexagésime, à celui de saint Paul ; et le dimanche de la Quinquagésime, à celui de saint Pierre. Aujourd’hui, la liturgie nous conduit dans le sanctuaire du « Saint Sauveur », dans la première église de la chrétienté romaine. Cela nous indique, déjà, que ce jour est d’une grande importance. Il est très important, en effet. C’est dans l’église du Baptiste, l’homme du désert, que nous accompagnons le Seigneur au désert pour son jeûne de quarante jours. C’est dans cette église baptismale, que nous reviendrons, dans quarante jours, célébrer, dans la nuit pascale, le mystère de la Résurrection. Nous venons y demander, aujourd’hui, la grâce pour le temps de la préparation. L’église de station est donc le cadre qui convient pour célébrer aujourd’hui le commencement du Carême.
La liturgie de ce jour est très ancienne. Nous ne trouvons qu’un petit nombre de ces messes antiques et classiques, dans le missel. L’Église nous propose aujourd’hui trois choses :
1. L’invitation au Carême et le programme de ce saint temps ;
2. Un modèle, et
3. Un chant de combat.
a) L’invitation a un ton très solennel. Je la compare à celle du premier dimanche de l’Avent. L’Église considérait tout le cycle de Noël comme un seul jour, dont l’aurore est le premier dimanche de l’Avent, alors que le jour de Noël en est le lever du soleil et l’Épiphanie, le plein midi. Il y a quelque chose de semblable dans le cycle pascal. Tout ce temps est « le jour du salut » qui se lève aujourd’hui. A Pâques, le soleil monte à l’horizon et, à la Pentecôte, il est à son zénith. L’Église nous rappelle notre devoir de « ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu ».
Maintenant, le programme de Carême. Il est vrai que nous avons déjà dit bien des choses, pendant l’avant-Carême, sur notre travail de Carême : l’invitation à se rendre dans la vigne, à prendre part à la lutte ; la préparation du sol pour recevoir la semence ; la primauté de la charité. Aujourd’hui, l’Église nous donne de nouveau un programme de Carême : Ce qui est encore plus important que le jeûne, la prière et l’aumône, c’est une bonne vie chrétienne qui surmonte toutes les difficultés. L’Église formule ce programme dans l’antienne de Magnificat : « Voici le temps de grâce, voici les jours du salut ; dans ces jours, montrons-nous les serviteurs de Dieu dans beaucoup de patience, dans le jeûne, dans la vigilance, dans la charité non feinte. » Le travail principal, c’est une vie chrétienne véritable, une vie sanctifiée, un cœur purifié du péché et de l’amour-propre. — Saint Paul nous expose d’une manière merveilleuse sa propre vie chrétienne et nous la propose en exemple : « traités d’imposteurs et pourtant véridiques ; d’inconnus et pourtant bien connus ; regardés comme mourants bien que nous vivions, comme châtiés et nous ne sommes pas mis à mort, comme attristés nous qui sommes toujours joyeux, comme pauvres nous qui enrichissons plusieurs, comme dépourvus de tout nous qui possédons tout. » C’est là le sort du chrétien dans sa pauvreté extérieure et sa richesse intérieure. C’est ce double état que doit nous faire acquérir le Carême, le dépouillement (par le jeûne) et la possession de tout (nous serons d’autant plus riches dans notre âme).
b) L’Évangile nous montre le Christ sous un double aspect : le Christ mortifié et le Christ combattant. Nous suivons maintenant le Christ mortifié, dans le désert du renoncement, pour y jeûner quarante jours avec lui. Son jeûne sanctifie le nôtre, parce que nous jeûnons en union avec lui et participons à son propre jeûne. Cette pensée doit nous rendre le Carême plus vénérable ; les membres sont unis à leur Chef. Le jeûne du Christ appartient à son œuvre rédemptrice ; de même, notre jeûne de quarante jours contribue à édifier le royaume de Dieu sur la terre. C’est peut-être le temps le plus important de toute l’année. Ainsi donc, le Chef et les membres entrent dans la grande période de la pénitence.
Le Seigneur nous précède aussi comme combattant. Nous voyons le divin héros remporter la victoire dans trois passes d’armes. Les deux princes sont en face l’un de l’autre, le prince du monde et le prince du royaume de Dieu. Ils se mesurent dans le combat. Le prince de ce monde fait avancer toute son armée : le monde avec toutes ses pompes, l’enfer, le moi avec ses désirs insatiables. Le Christ est vainqueur. Le champ de bataille où nous entrons n’est pas loin de nous, il est dans notre âme ; l’homme inférieur y lutte contre l’homme supérieur. Mais le Christ, qui est en nous, doit vaincre. C’est là, pour nous, une force et une consolation. Nous ne sommes pas seuls au combat : le Chef et les membres combattent, le Chef et les membres doivent remporter la victoire. Ainsi l’Évangile nous mène à l’école de combat du Christ ; aujourd’hui, nous ne sommes encore que des recrues ; à Pâques, nous devons être des vainqueurs.
Autrefois, nous nous sommes peut-être représenté notre travail de Carême comme une œuvre purement personnelle et nous l’avons accompli sans tenir compte de la grande communauté. Aujourd’hui, nous apprenons et nous comprenons, d’une manière toujours plus profonde, que nous devons accomplir ce travail comme membres de l’Église et membres du Christ. L’oraison nous dit, d’une manière caractéristique, que Dieu, « par l’exercice du jeûne de quarante jours, purifie son Église ». Tout péché que nous commettons souille aussi l’Église, toute vertu qui orne notre âme ajoute une parure à la robe de l’Église. Disons plus. L’Église est le Christ mystique dont nous sommes les membres. Nous devons ressembler en tout au Christ, ici-bas dans l’humiliation, là-haut dans la gloire. Le travail du Carême nous rend semblables au Christ.
c) Nous comprendrons mieux maintenant le troisième morceau liturgique, le psaume directeur du jour, le psaume 90. C’est notre char de combat pendant tout le temps de Carême. Le psaume décrit le champ de bataille horrible ; des milliers tombent à droite et à gauche, les flèches sifflent ; il faut marcher sur des aspics et des dragons. Néanmoins, la troupe des héros ne craint rien : elle est enveloppée des ailes de Dieu et les anges la gardent sur son chemin. Son épée est la confiance en Dieu. Voici le texte du psaume :
Celui qui se tient sous la protection du Très-Haut, qui habite sous la garde du Roi du ciel,
Il peut dire au Seigneur : « Tu es mon refuge et ma forteresse, mon Dieu, en toi je me confie. »
Car c’est lui qui te délivre des filets de l’oiseleur et de la peste funeste.
Il te couvrira de ses ailes et, sous ses plumes, tu trouveras un refuge ;
Sa fidélité est un bouclier et une cuirasse.
Tu n’auras à craindre ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole pendant le jour, ni la peste qui se glisse dans les ténèbres, ni l’attaque du démon en plein midi.
Que mille tombent à ton côté et dix mille à ta droite, tu ne seras pas atteint.
Mais de tes yeux tu regarderas et tu verras la rétribution des méchants.
« Tu es mon refuge, ô Dieu » ;
Oui, tu as fait du Très-Haut ton refuge.
Aucun malheur ne t’atteindra, aucun fléau n’approchera de ta tente,
Car il ordonnera pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies.
Ils te porteront dans leurs mains, pour que tu ne heurtes pas ton pied à la pierre.
Tu marcheras sur l’aspic et le basilic et tu fouleras aux pieds les lions et les dragons.
« Puisqu’il a espéré en moi, je le délivrerai, je le protégerai, car il honore mon nom ;
Il m’invoquera et je l’exaucerai, je serai avec lui dans la détresse,
Je le délivrerai et le glorifierai, je le rassasierai de longs jours et je lui ferai voir mon salut. ».
Ce que l’on chante ici déborde de cœur et de sens. Entrons donc avec courage dans le combat. L’Église nous donne l’arme la plus puissante ; c’est le « Saint Sauveur » lui-même, dans l’église duquel nous nous trouvons. Nous nous y sentons sous sa protection. Le divin Maître de maison se tient à la porte et nous parle ainsi : « Il m’invoquera et je le délivrerai et je le glorifierai, je le rassasierai de longs jours » (Introït). Quand, aujourd’hui, à l’Offertoire et à la Communion, nous nous approchons de l’autel (l’autel est le Christ), nous sentons bien que, dans le Saint-Sacrifice, le Christ est notre bouclier protecteur, l’aile qui nous couvre.
2. La messe (Invocabit). — La messe a la simplicité d’un monument classique. A l’Introït, le Christ nous accueille comme ses compagnons de combat et nous adresse cette parole de consolation : Après le combat de Carême viendra la « gloire » du Baptême et le « rassasiement de la vie éternelle ». L’oraison nous dit que Dieu, par le jeûne de quarante jours, « purifie » son Église. C’est donc la grande purification du temple de Dieu. Elle nomme en même temps deux moyens de purification : l’abstinence et la pratique des bonnes œuvres. L’Épître est l’invitation solennelle de l’Église, ainsi que son programme pour le temps qui commence. Aujourd’hui, l’Église prend les candidats au baptême sous son aile tutélaire. Alors même que tout l’enfer est déchaîné contre eux, ils sont protégés ; l’armée céleste les accompagne. Au Trait, nous chantons presque en entier le psaume 90 comme introduction à l’Évangile. Dans les deux processions eucharistiques (l’Offertoire et la Communion), nous entrons dans le combat héroïque du Christ, protégés par les ailes et le bouclier de Dieu, c’est-à-dire l’Eucharistie.
3. La prière des Heures. — La prière des Heures d’aujourd’hui nous apparaît comme un monument d’antiquité. Peu de jours présentent une pareille unité et une telle beauté classique. Les leçons du premier nocturne nous annoncent le programme du Carême, c’est l’Épître, plus développée ; au second nocturne, nous entendons un beau sermon de Carême du pape saint Léon 1er. Au troisième nocturne, c’est saint Grégoire-le-Grand qui est notre docteur ; il nous donne une explication édifiante de l’Évangile. Saint Paul, saint Léon, saint Grégoire, trois voix qui nous viennent de Rome ! Les répons qui suivent les neuf leçons sont riches de pensées et de sentiments ; ils chantent le caractère sérieux de la pénitence et disent notre travail de Carême. Voici quelques-uns de ces répons :
[1] Is 49, 8
[2] 2 Cor 6, 2
[3] Lév 26, 12
[4] 2 Cor 6, 4
[5] 2 Cor 6, 4
[6] Joël 2, 17
[7] Baruch 3,2
[8] Ps 78, 9
[9] Baruch 3,2
[10] Is 55, 7
[11] Joël 2, 13
[12] Ez 33, 11
[13] Joël 2, 13
[14] 2 Cor 6, 4
[15] Et le tentateur, s’approchant, lui dit : « Si vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains. » Jésus répondit : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ » Alors le diable le transporta dans la cité sainte, et le plaça sur le haut du temple ; et il lui dit : « Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas ; car il est écrit : ‘Il a donné des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront dans leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre.’ » Jésus lui dit : « Il est aussi écrit : ‘Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu.’ » Le diable le transporta encore sur une montagne tout à fait élevée, et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire ; et lui dit : « Je vous donnerai toutes ces choses, si, vous prosternant, vous m’adorez. » Alors Jésus lui dit : « Retire-toi, Satan ; car il est écrit : ‘Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.’ » Alors le diable le laissa, et voici que les anges s’approchèrent, et ils le servaient.
[16] Joël 2, 13
[17] Is 55, 7
[18] Is 58, 7
[19] Ps 90, 11
[20] Textes du second nocturnes, donnés plus haut dans l’Office avec une autre traduction.
[21] Hebr. IV, 15.
[22] Isai. VII, 14.
[23] I. Johan. II, 16.
[24] Job, VII, 1.
[25] Eph. VI, 16.
[26] Il s’agit du samedi de quinquagésime, qui, dans le Gélasien, est indiqué ainsi. (N. de l’A.)