Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Ant. ad Introitum. Ps. 25, 11-12. | Introït |
Rédime me, Dómine, et miserére mei : pes enim meus stetit in via recta : in ecclésiis benedícam Dóminum. | Délivrez-moi, Seigneur, et ayez pitié de moi, car mon pied s’est tenu dans la voie droite : je bénirai le Seigneur dans les assemblées. |
Ps. ibid., 1. | |
Iúdica me, Dómine, quóniam ego in innocéntia mea ingréssus sum : et in Dómino sperans, non infirmábor. | Jugez-moi, Seigneur, parce que j’ai marché dans mon innocence ; et comme j’espère au Seigneur, je ne serai point affaibli. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut fámilia tua, quæ se, affligéndo carnem, ab aliméntis ábstinet : sectándo iustítiam, a culpa ieiúnet. Per Dóminum. | Daignez faire, ô Dieu tout-puissant, que vos fidèles, qui, pour mortifier leur chair, observent l’abstinence, jeûnent aussi du péché, en pratiquant la justice. |
Léctio Daniélis Prophétæ. | Lecture du Prophète Daniel. |
Dan. 9, 15-19. | |
In diébus illis : Orávit Dániel Dóminum, dicens : Dómine, Deus noster, qui eduxísti pópulum tuum de terra Ægýpti in manu forti, et fecísti tibi nomen secúndum diem hanc ; peccávimus, iniquitátem fécimus, Dómine, in omnem iustítiam tuam : avertátur, óbsecro, ira tua et furor tuus a civitáte tua Ierúsalem et monte sancto tuo. Propter peccáta enim nostra et iniquitátes patrum nostrórum. Ierúsalem et pópulus tuus in oppróbrium sunt ómnibus per circúitum nostrum. Nunc ergo exáudi, Deus noster, oratiónem servi tui et preces eius : et osténde fáciem tuam super sanctuárium tuum, quod desértum est, propter temetípsum. Inclína, Deus meus, aurem tuam, et audi : áperi óculos tuos, et vide desolatiónem nostram et civitátem, super quam invocátum est nomen tuum : neque enim in iustificatiónibus nostris prostérnimus preces ante fáciem tuam, sed in miseratiónibus tuis multis. Exáudi, Dómine, placáre, Dómine : atténde et fac : ne moréris propter temetípsum, Deus meus : quia nomen tuum invocátum est super civitátem et super pópulum tuum, Dómine, Deus noster. | En ces jours-là, Daniel adressa cette prière au Seigneur : Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple du pays d’Égypte avec une main puissante, et qui vous êtes fait un nom tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité. Seigneur, selon toute votre justice, je vous en conjure, que votre colère et votre fureur se détournent de votre ville de Jérusalem et de votre montagne sainte ; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous environnent. Maintenant donc, écoutez, notre Dieu, les prières et les supplications de votre serviteur ; montrez votre face sur votre sanctuaire, qui est désert ; faites-le pour vous-même. Abaissez, mon Dieu, votre oreille et écoutez ; ouvrez vos yeux, et voyez notre désolation et cette ville sur laquelle votre nom a été invoqué ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos prières, mais à cause de vos nombreuses miséricordes. Exaucez, Seigneur, apaisez-vous, Seigneur ; soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, mon Dieu, pour vous-même, parce que votre nom a été invoqué sur cette ville et sur votre peuple, ô Seigneur notre Dieu. |
Graduale. Ps. 69,6 et 3. | Graduel |
Adiútor meus et liberátor meus esto : Dómine, ne tardáveris. | Vous êtes mon aide et mon libérateur, Seigneur, ne tardez pas. |
V/. Confundántur et revereántur inimíci mei, qui quærunt ánimam meam. | Qu’ils soient confondus et couverts de honte, ceux qui cherchent à m’ôter la vie. |
Tractus. Ps. 102, 10. | Trait. |
Dómine, non secúndum peccáta nostra, quæ fécimus nos : neque secúndum iniquitátes nostras retríbuas nobis. | Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés, et ne nous punissez pas selon nos iniquités. |
V/.Ps. 78, 8-9. Dómine, ne memíneris iniquitátum nostrarum antiquarum : cito antícipent nos misericórdiæ tuæ, quia páuperes facti sumus nimis. | Seigneur, ne vous souvenez plus de nos anciennes iniquités ; que vos miséricordes viennent en hâte au-devant de nous, car nous sommes réduits à la dernière misère. |
(Hic genuflectitur) V/. Adiuva nos, Deus, salutáris noster : et propter glóriam nóminis tui, Dómine, libera nos : et propítius esto peccátis nostris, propter nomen tuum. | On se met à genoux V/. Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous et pardonnez-nous nos péchés, à cause de votre nom. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 8, 21-29. | |
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Ego vado, et quærétis me, et in peccáto vestro moriémini. Quo ego vado, vos non potéstis veníre. Dicébant ergo Iudǽi : Numquid interfíciet semetípsum, quia dixit : Quo ego vado, vos non potéstis veníre ? Et dicébat eis : Vos de deórsum estis, ego de supérnis sum. Vos de mundo hoc estis, ego non sum de hoc mundo. Dixi ergo vobis, quia moriémini in peccátis vestris : si enim non credidéritis, quia ego sum, moriémini in peccáto vestro. Dicébant ergo ei : Tu quis es ? Dixit eis Iesus : Princípium, qui et loquor vobis. Multa habeo de vobis loqui et iudicáre. Sed qui me misit, verax est : et ego quæ audívi ab eo, hæc loquor in mundo. Et non cognovérunt, quia Patrem eius dicébat Deum. Dixit ergo eis Iesus : Cum exaltavéritis Fílium hóminis, tunc cognoscétis quia ego sum, et a meípso fácio nihil : sed, sicut dócuit me Pater, hæc loquor : et qui me misit, mecum est, et non relíquit me solum : quia ego, quæ plácita sunt ei, fácio semper. | En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Là où je vais, vous ne pouvez venir. Les Juifs disaient donc : Est-ce qu’il se tuera lui-même, puisqu’il dit : Là où je vais, vous ne pouvez venir ? Et il leur dit : Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi je ne suis pas de ce monde. Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car, si vous ne croyez pas à ce que je suis, vous mourrez dans votre péché. Ils lui dirent donc : Qui êtes-vous ? Jésus leur répondit : Je suis le principe, moi qui vous parle. J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous. Mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai appris de lui, je le dis dans le monde. Ils ne comprirent pas qu’il disait que Dieu était son Père. Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez, qui je suis et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle de ce que le Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 15, 7 et 8. | Offertoire |
Benedícam Dóminum, qui tríbuit mihi intelléctum : providébam Dóminum in conspéctu meo semper : quóniam a dextris est mihi, ne commóvear. | Je bénirai le Seigneur qui m’a donné l’intelligence. Je prenais soin d’avoir toujours le Seigneur devant mes yeux ; car il est à ma droite pour que je ne sois pas ébranlé. |
Secreta. | Secrète |
Hæc hóstia, Dómine, placatiónis et laudis, tua nos protectióne dignos effíciat. Per Dóminum. | Que cette hostie de propitiation et de louange nous rende dignes, Seigneur, de votre protection. |
Præfatio de Quadragesima. | Préface du Carême . |
Ant. ad Communionem. Ps. 8, 2. | Communion |
Dómine, Dóminus noster, quam admirábile est nomen tuum in univérsa terra ! | Seigneur notre maître, que votre nom est admirable dans toute la terre ! |
Postcommunio. | Postcommunion |
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per Dóminum. | Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes et qu’elle nous unisse inséparablement à Celui qui s’est fait le remède céleste de nos âmes. |
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo. | Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu. |
Oratio. | Prière |
Adésto supplicatiónibus nostris, omnípotens Deus : et, quibus fidúciam sperándæ pietátis indúlges ; consuétæ misericórdiæ tríbue benígnus efféctum. Per Dóminum. | Soyez attentif à nos supplications, ô Dieu tout-puissant, et dans votre bonté, accordez l’effet de votre habituelle miséricorde à ceux à qui vous donnez la confiance d’espérer cela de votre bienveillance. |
A MATINES
Ex more docti mýstico (matines du Carême)
Lectio i | 1ère leçon |
Léctio sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Lecture du saint Évangile selon saint Jean. |
Cap. 8, 21-29 | |
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Ego vado, et quærétis me, et in peccáto vestro moriémini. Et réliqua. | En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs : « Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Et le reste. [1] |
Homilía sancti Augustíni Epíscopi | Homélie de saint Augustin, évêque |
Tract. 38 in Ioánnem, post initium | |
Locútus est Dóminus Iudǽis, dicens : Ego vado. Christo enim Dómino mors proféctio fuit illo, unde vénerat, et unde non discésserat. Ego, inquit, vado, et quærétis me, non desidério, sed ódio. Nam illum póstea quam abscéssit ab óculis hóminum, inquisiérunt et qui óderant, et qui amábant : illi persequéndo, isti habére cupiéndo. In Psalmis ait ipse Dóminus per Prophétam : Périit fuga a me, et non est qui requírat ánimam meam. Et íterum ait alio loco in Psalmo : Confundántur et revereántur requiréntes ánimam meam. | Le Seigneur a parlé aux Juifs en ces termes : « Je m’en vais. » Pour le Christ Seigneur, la mort fut un départ vers ce lieu d’où il venait, d’où jamais il ne s’était éloigné. « Je m’en vais, dit-il, et vous me chercherez », non par désir, mais par haine. Car après qu’il se fût éloigné loin des regards des hommes, ceux-là qui le haïssaient, ceux-là qui l’aimaient, tous le cherchèrent, les uns par la persécution, les autres par le désir de la possession. Le Seigneur dit lui-même, dans les psaumes, par le prophète : « Le refuge se dérobe à moi, pas un qui cherche mon âme » [2]. Et encore, à un autre endroit dans un psaume : « Honte et déshonneur sur tous ceux-là qui cherchent mon âme » [3]. |
R/. Dum iret Iacob de Bersabée, et pérgeret Haram, locútus est ei Dóminus, dicens : * Terram, in qua dormis, tibi dabo, et sémini tuo. | R/. Lorsque Jacob [4], sorti de Bersabée, poursuivait son chemin vers Haran, le Seigneur lui parla, disant : * La terre sur laquelle tu dors, je la donnerai à toi et à ta postérité. |
V/. Ædificávit ex lapídibus altáre in honórem Dómini, fundens óleum désuper : et benedíxit eum Deus, dicens. | V/. Il éleva avec des pierres un autel en l’honneur de Dieu, répandant de l’huile dessus ; et Dieu le bénit, disant. |
R/. Terram, in qua dormis, tibi dabo, et sémini tuo. | R/. La terre sur laquelle tu dors, je la donnerai à toi et à ta postérité. |
Lectio ii | 2e leçon |
Culpávit, qui non requírerent : damnávit requiréntes. Bonum est enim quǽrere ánimam Christi, sed quo modo eam quæsiérunt discípuli : et malum est quǽrere ánimam Christi, sed quo modo eam Iudǽi quæsiérunt : illi enim ut habérent, isti ut pérderent. Dénique istis, quia sic quærébant more malo, corde pervérso, quid secútus adiúnxit ? Quærétis me ; et ne putétis, quia bene me quærétis, in peccáto vestro moriémini. Hoc est Christum male quǽrere, in peccáto suo mori : hoc est illum odisse, per quem possit solum salvus esse. | Le Christ a tenu pour coupables ceux qui ne cherchaient point son âme. Il a condamné ceux qui la recherchaient. C’est un bien en effet de chercher l’âme du Christ mais comme les disciples l’ont cherchée, et c’est un mal de chercher l’âme du Christ, mais comme les Juifs l’ont cherchée, ceux-là pour la posséder, ceux-ci pour la perdre. Aussi qu’ajoute-t-il à ses paroles à l’intention de ceux qui le cherchaient à la manière mauvaise, d’un cœur pervers ? « Vous me chercherez, mais » – pour que vous ne pensez pas que vous me cherchez bien, – « vous mourrez dans votre péché. » C’est là mal chercher le Christ : mourir dans son péché. C’est là haïr celui par qui seul on peut être sauvé. |
R/. Appáruit Deus Iacob, et benedíxit eum, et dixit : Ego sum Deus Bethel, ubi unxísti lápidem, et votum vovísti mihi : * Créscere te fáciam, et multiplicábo te. | R/. Dieu apparut à Jacob [5], le bénit et lui dit : Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint une pierre, et où tu m’as voué un vœu ; * Je te ferai croître [6] et je te multiplierai. |
V/. Vere Dóminus est in loco isto, et ego nesciébam. | V/. Vraiment le Seigneur est en ce lieu, et moi je ne le savais pas. |
R/. Créscere te fáciam, et multiplicábo te. | R/. Je te ferai croître [7] et je te multiplierai. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cum enim hómines, quorum spes in Deo est, non debeant mala reddere nec pro malis ; reddébant isti mala pro bonis. Prænuntiávit ergo illis Dóminus, dixitque senténtiam prǽscius, quod in suo peccáto moreréntur. Deínde adiúnxit : Quo ego vado, vos non potéstis veníre. Hoc et discípulis suis alio loco dixit : nec tamen eis dixit : In peccáto vestro moriémini. Quid autem dixit ? quod et istis : Quo ego vado, vos non potéstis veníre. Non ábstulit spem, sed prædíxit dilatiónem. Quando enim hoc discípulis Dóminus loquebátur, tunc non póterant veníre, quo ille ibat, sed póstea ventúri erant : isti autem numquam, quibus prǽscius dixit, In peccáto vestro moriémini. | Tandis que les hommes dont l’espoir est en Dieu ne doivent point rendre le mal, même pour le mal, ceux-ci rendaient le mal pour le bien. Le Seigneur leur prédit donc leur sort ; dans sa prescience, il prononce le jugement : ils mourront dans leur péché. Ensuite, il ajoute : « Là où je vais, vous ne pouvez pas venir. » Ceci, il l’a dit aussi à ses disciples à un autre endroit, néanmoins, il ne leur a pas dit : « Vous mourrez dans votre péché. » Qu’a-t-il dit au juste ? Dans les mêmes termes qu’à ceux-là : « Là où je vais, vous ne pouvez pas venir. » Il n’enlève pas l’espoir, mais il prédit le retard. Quand le Seigneur parlait ainsi à ses disciples, alors, ils ne pouvaient venir là où il allait, mais plus tard, ils y viendraient. Jamais par contre, n’y viendraient ceux-là auxquels, dans sa prescience, il a dit : « Vous mourrez dans votre péché. » |
R/. Det tibi Deus de rore cæli et de pinguédine terræ abundántiam : sérviant tibi tribus et pópuli : * Esto dóminus fratrum tuórum. | R/. Que Dieu te donne de la rosée du ciel [8], et l’abondance des graisses de la terre, que les tribus et les peuples te servent : * |
V/. Et incurvéntur ante te fílii matris tuæ. | V/. Et que les fils de ta mère se courbent devant toi. |
* Esto dóminus fratrum tuórum. Glória Patri. * Esto dóminus fratrum tuórum. | * Sois le maître de tes frères. Gloire au Père. * Sois le maître de tes frères. |
A LAUDES
O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)
Ad Bened. Ant. Ego princípium, * qui et loquor vobis. | Ant. au Bénédictus Je suis le principe, * moi qui vous parle. |
AUX VÊPRES
Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)
Ad Magnificat Ant. Qui me misit, * mecum est, et non relíquit me solum : quia quæ plácita sunt ei, fácio semper. | Ant. au Magnificat Celui qui m’a envoyé * est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul : parce que je fais toujours ce qui lui plaît. |
La Station est dans l’Église de Saint-Clément, Pape et Martyr. De toutes les Églises de Rome elle est celle qui a le plus conservé l’antique disposition des premières basiliques chrétiennes. Sous son autel repose le corps du saint Patron, avec les restes de saint Ignace d’Antioche et du consul saint Flavius Clémens.
LEÇON.
Cette lamentable supplication que Daniel adressait à Dieu du sein de la captivité de Babylone fut exaucée ; et après soixante-dix ans d’exil, Israël revit sa patrie, releva le Temple du Seigneur, et reprit le cours de ses destinées merveilleuses. Mais voici qu’aujourd’hui encore, et depuis dix-huit siècles, ces tristes paroles du Prophète sont à peine l’expression suffisante de la nouvelle désolation qui est venue fondre sur Israël. La fureur de Dieu est sur Jérusalem, les ruines mêmes du temple ont péri, le peuple toujours vivant est dispersé par toute la terre et donné en spectacle aux nations. Une malédiction pèse sur lui ; il est errant comme Caïn ; et Dieu veille à ce qu’il ne soit jamais anéanti. Terrible problème pour la science rationaliste ; mais pour le chrétien, châtiment toujours visible du plus grand des forfaits. Telle est l’explication de ce phénomène : « La lumière est venue au milieu des ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise [9]. » Si les ténèbres eussent accepté la lumière, aujourd’hui elles ne seraient plus ténèbres ; mais il n’en fut pas ainsi : Israël a mérité son abandon. Plusieurs de ses fils ont consenti à reconnaître le Juste, et ils sont devenus enfants de la lumière ; et c’est même par eux que la lumière s’est levée sur le monde entier. Quand le reste d’Israël ouvrira-t-il les yeux ? Quand ce peuple consentira-t-il à adresser au Seigneur la prière de Daniel ? Il la possède, il la lit souvent : et elle ne pénètre point jusqu’à son cœur fermé par l’orgueil. Nous, les derniers venus de la famille, prions pour nos aînés. Quelques-uns d’entre eux, chaque année, se séparent de la masse maudite ; ils viennent demander à Jésus de les admettre dans le nouvel Israël. Que leur arrivée soit bénie ; et daigne le Seigneur, dans sa bonté, faire que leur nombre s’accroisse de plus en plus, afin que toute créature humaine adore en tous lieux le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, avec son Fils Jésus-Christ qu’il a envoyé !
ÉVANGILE.
Je m’en vais : parole terrible ! Jésus est venu pour sauver ce peuple ; il n’a rien épargné pour lui prouver son amour. Ces jours derniers, nous l’avons vu repousser durement la Chananéenne, et dire qu’il n’est venu que pour les brebis perdues de la maison d’Israël ; et ces brebis perdues méconnaissent leur pasteur. Il avertit les Juifs qu’il va se retirer bientôt, et qu’ils ne pourront le suivre où il va : cette parole ne les éclaire pas. Ses œuvres attestent qu’il est venu du ciel ; mais eux ne songent qu’à la terre. Toute leur espérance est dans un Messie terrestre et glorieux à la façon des conquérants. C’est donc en vain que Jésus passe au milieu d’eux en faisant le bien [10], en vain que la nature est soumise à ses lois, en vain que sa sagesse et sa doctrine surpassent tout ce que les hommes ont entendu de plus sublime ; Israël est sourd, il est aveugle. Les plus farouches passions fermentent dans son cœur ; elles ne seront satisfaites que le jour où la Synagogue pourra laver ses mains dans le sang du Juste. Mais en ce jour, la mesure sera comblée, et la colère de Dieu fera un exemple qui doit retentir dans tous les siècles. On frissonne en songeant aux horreurs de ce siège de Jérusalem, de cette extermination de la ville et du peuple qui avaient demandé la mort de Jésus. Le Sauveur lui-même nous dit que depuis le commencement du monde il n’y avait jamais eu un si affreux désastre, et que la suite des siècles n’en verra pas un pareil. Dieu est patient ; il attend avec longanimité ; mais quand sa fureur si longtemps contenue vient à éclater, elle entraîne tout, et les monuments de ses vengeances sont l’effroi de toutes les générations qui viennent après. O pécheurs, qui jusqu’aujourd’hui n’avez tenu aucun compte des avertissements de l’Église, qui n’avez pas songé encore à convertir votre cœur au Seigneur votre Dieu, tremblez à cette parole : Je m’en vais. Si ce Carême passe comme les autres, sans vous avoir changés. sachez que cette menace vous regarde : Vous mourrez dans votre péché. Voulez-vous aussi demander la mort du Juste, dans quelques jours ? Crierez-vous aussi : Qu’il soit crucifié ? Prenez-y garde : il a brisé un peuple entier, un peuple qu’il avait comblé de faveurs, qu’il avait protégé et sauvé mille fois ; ne vous flattez pas qu’il vous ménage. Il faut qu’il triomphe ; si ce n’est par la miséricorde, ce sera par la justice.
Nous plaçons, aujourd’hui et les jours suivants, la belle Hymne de Prudence sur le Jeûne. Comme elle est d’une grande longueur, nous la partageons en fragments, réservant pour le Lundi de la semaine de la Passion ce qui a rapport à la pénitence de Ninive. Cette Hymne, en usage autrefois, pour quelques-unes de ses strophes, dans plusieurs Églises de la Liturgie Romaine, est employée tout entière au Bréviaire Mozarabe.
HYMNE. | |
O Nazarene, lux Bethlem, Verbum Patris,
Quem partus alvi virginalis protulit, Adesto castis, Christe, parcimoniis, Festumque nostrum Rex serenus aspice, Jejuniorum dum litamus victimam. | O Fils de Nazareth, astre de Bethléhem, Verbe du Père, toi qu’enfanta pour nous un sein virginal ; ô Christ ! agrée nos chastes abstinences. O Roi ! nous t’offrons la victime du jeûne : d’un œil serein regarde notre fête. |
Nil hoc profecto purius mysterio,
Quo fibra cordis expiatur vividi : Intemperata quo domantur viscera, Arvina putrem ne resudans crapulam, Obstrangulata ; mentis ingenium premat. | Rien de plus saint que ce rite mystérieux qui purifie la fibre vivante du cœur, qui dompte l’intempérance jusque dans son siège, de peur que la plénitude du corps n’étouffe l’ardeur de l’esprit. |
Hinc subjugatur luxus et turpis gula ;
Vini, atque somni degener socordia, Libido sordens, inverecundus lepos, Variaeque pestes languidorum sensuum Parcam subactæ disciplinam sentiunt. | Le jeûne subjugue la liberté des sens et la gourmandise honteuse ; l’assoupissement que produisent le vin et le sommeil, la licence qui souille, la mollesse impudente, tous les vices de notre nature paresseuse y ressentent le joug d’une étroite discipline. |
Nam si licenter diffluens potu, et cibo,
Jejuna rite membra non coerceas, Sequitur, frequenti marcida oblectamine Scintilla mentis ut tepescat nobilis, Animusque pigris stertat in præcordiis. | Si l’homme se laisse aller sans frein au manger et au boire, s’il ne contient ses membres par le jeûne, la noble flamme de l’esprit s’attiédit bientôt ; elle s’amoindrit dans des jouissances qui la flétrissent ; l’âme s’endort dans la lâcheté du corps. |
Frænentur ergo corporum cupidines, Detersa et intus emicet prudentia : Sic excitato perspicax acumine. Liberque flatu laxiore spiritus Rerum parentem rectius precabitur. | Réfrénons donc le désir de la chair ; que la prudence se ravive et brille au dedans de nous-mêmes ; la pointe de notre esprit s’aiguisera, l’âme aspirera d’un souffle plus libre, et sa prière s’adressera plus dignement à celui qui l’a créée. |
La basilique des deux médecins anargyres s’élève sur le Forum ; elle n’est autre que l’adaptation, faite par Félix IV, des antiques salles de l’Eroon de Romulus, et du temple Sacrae Urbis où l’on gardait les archives cadastrales de la Ville. A l’époque byzantine, elle eut le renom d’un insigne sanctuaire, où les deux martyrs accomplissaient toutes sortes de guérisons miraculeuses en faveur de ceux qui les priaient.
La basilique de Saint-Clément s’élève sur les salles d’une ancienne domus romaine qu’une tradition très accréditée met en relation avec le pontife homonyme. Rien n’empêche de croire que Clément, au lendemain des massacres néroniens, ait recueilli en effet le troupeau dispersé des chrétiens sous ces mêmes voûtes de la maison que nous visitons aujourd’hui, et les y ait exhortés à persévérer avec constance dans la foi. Il semble que par la suite, durant la dernière persécution, on ait voulu délibérément en profaner le souvenir chrétien, y installant Mithra, qui, toutefois, sous Constantin, dut à nouveau céder la place au Christ. D’une étude attentive sur la topographie de l’édifice basilical, on peut conclure que l’architecte a voulu faire correspondre l’autel à une ancienne salle située à un étage inférieur, et qui était peut-être particulièrement indiquée comme celle ayant naguère servi à Clément. Saint Jérôme mentionne expressément le dominicum clementis ; et comme à Rome, dans les premiers temps, on n’érigeait de basiliques aux martyrs que sur leur tombe ou dans leur habitation, ainsi la tradition romaine relativement à la maison de Clément semble-t-elle ne pouvoir admettre aucun doute. La basilique actuelle fut érigée par Paschal II, après que, dans l’incendie de Robert Guiscard, la basilique primitive, qui maintenant se trouve à un niveau inférieur, eut été gravement endommagée.
L’introït est tiré du psaume 25 et possède une exquise saveur de circonstance. Rappelons-nous que nous sommes dans la maison d’un martyr, et, qui plus est, dans l’un des premiers édifices ecclésiastiques de Rome. « Rachetez-moi, ô Seigneur, et ayez pitié de moi, car j’ai marché dans la voie droite, — c’est le martyr titulaire qui parle ; je vous magnifierai au milieu de l’assemblée », — c’est-à-dire ces synaxes organisées par Clément dans sa maison, et qui préludaient à nos réunions stationnales. « Levez-vous pour me rendre justice, Seigneur, parce que je suis innocent et, me confiant en Vous, je ne tomberai pas en défaillance. »
Dans la collecte, nous demandons à Dieu que, outre la grâce du jeûne corporel qui affaiblit le corps, il nous donne celle de nous abstenir des vices et de pratiquer la justice. Il s’agit donc de deux dons : l’un, négatif, declina a malo ; l’autre, positif, et fac bonum, sans quoi la piété ne serait pas vertu. Toute vertu en effet nous exerce à bien faire, et l’on ne saurait concevoir une vertu qui ne tendrait à aucun acte.
La lecture si décourageante de Daniel (IX, 15-19), reflète aussi les tristes conditions de Rome au VIIe siècle, alors que, à plusieurs reprises, elle fut enserrée par les sièges, dévastée par la guerre, par la famine, par la peste et par les tremblements de terre, à ce point que Grégoire le Grand n’attendait plus désormais que le cataclysme final du monde. Pourtant une confiance illimitée en Dieu, et une espérance assurée gît au fond de toute cette pathétique supplication, bien plus, elle l’inspire, et comme Daniel en Babylonie, ainsi à Rome les Romains sont certains que les mérites de leurs saints Apôtres sauveront la Ville sainte, et la mettront au niveau des destins qui lui furent promis par le divin Rédempteur.
Le trait provient du psaume 69 : « Ne tardez pas, Seigneur, mon bouclier et mon salut. Que soient confondus et couverts de honte tous ceux qui attentent à ma vie. »
Après sa prédication et son épiscopat à Rome, où alla Clément ? Une antique tradition le fait mourir en Chersonèse, et peut-être la lecture de ce jour (Jean, VIII, 21-29), avec Jésus qui annonce son départ de la Judée et l’impossibilité où sont les Juifs de le suivre, veut-elle être une application liturgique à la situation de Clément, exilé de Rome même après sa mort, sans que son entourage païen qui ne voulut pas accueillir sa prédication romaine, mais le traîna en exil dans les mines de Crimée, ait pu le suivre dans les sublimes régions de la foi et de la gloire céleste.
Le verset d’offertoire tiré du psaume 15 remercie Dieu qui s’est fait le docteur intérieur de l’âme fidèle. Celle-ci considère sans cesse le Seigneur comme lui étant présent, puisque en effet Il est à ses côtés, afin qu’elle ne soit pas ébranlée par la tentation.
La collecte sur les oblations supplie le Seigneur afin que l’Hostie de propitiation et de louange nous vaille sa protection.
L’antienne pour la communion est tirée du premier verset du psaume huitième : « Seigneur, quelle magnificence rayonne de votre nom sur toute la terre ! » Ce nom de Dieu qui, sur notre terre, le représente ? C’est, avant tout, Jésus-Christ, Verbe éternel de Dieu, et, dans sa nature humaine, image parfaite du Père. En second lieu c’est nous, en tant que créés à la ressemblance de Dieu, et élevés, au moyen de la grâce, à participer, à notre manière, à la nature divine, et à la reproduire à la suite de Jésus-Christ par la sainteté de notre vie chrétienne.
La prière après la communion est commune à de nombreuses messes : « Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes et nous rende participants de votre céleste rédemption. »
Dans la bénédiction finale sur le peuple, nous supplions le Seigneur afin que nous ayant mis au cœur l’espérance du pardon, il nous accorde aussi la grâce de son habituelle miséricorde.
Les ravages faits par l’envie sont terribles, et nous les voyons décrits au vif par saint Clément dans son épître à l’Église de Corinthe, où il attribue à cette passion honteuse le martyre même des apôtres Pierre et Paul et des foules immolées par Néron, dans le cirque Vatican. L’évangile de ce jour décrit la jalousie de la Synagogue — l’implacable marâtre de l’Église dans tous les siècles de l’histoire — contre le divin Rédempteur, mais son châtiment est annoncé : « Vous me chercherez dans votre rage, dans votre désespoir, mais vous ne me trouverez pas ; vous ne pouvez arriver à me nuire, et vous succomberez, au contraire, à votre iniquité elle-même. »
Je m’en vais.
La journée d’aujourd’hui nous permet de signaler une petite évolution dans la liturgie du Carême. Assurément, on ne peut pas parler d’une construction systématique des messes du Carême, car elles ne datent pas de la même époque. Nous découvrons cependant, dans les grandes lignes, un mouvement en avant. Les quatre premiers jours forment une unité ; ils veulent nous conduire à une pratique du jeûne agréable à Dieu. La première semaine, elle aussi, peut être considérée comme formant un tout. La pensée directrice est celle-ci : Le Christ, Moïse, Élie nous enseignent à voir, dans le jeûne de quarante jours, une arme contre le diable et le chemin qui nous mènera à la transfiguration pascale. Aujourd’hui, nous voyons apparaître au premier plan le thème de la Passion. Le Seigneur se dispose à mourir. Les Évangiles annoncent sa Passion. D’autres pièces (Leçon, Offertoire) nous montrent le Seigneur comme médiateur et rédempteur. Les leçons préfèrent les récits.
1. Le thème de la Passion. — Aujourd’hui, pour la première fois, nous voyons le Seigneur en lutte contre le judaïsme. Il parle aussi de sa mort. L’Évangile commence par cette parole significative : Je m’en vais. Le Christ parle de son « élévation » sur la Croix. La leçon est la prière de Daniel qui est, ici, la figure du Christ ; c’est la prière du Seigneur mourant pour les péchés. Qu’est donc le Sauveur dans la messe d’aujourd’hui ? Il est le Daniel priant, qui prend sur lui la dette des péchés d’Israël (de l’Église), qui prend aussi nos péchés. Il est animé, aujourd’hui, des mêmes sentiments d’offrande et d’abandon qu’il avait durant sa vie, des sentiments dont il parle dans l’Évangile et qu’il a manifestés dans sa mort sur la Croix.
2. La messe (Redime me). — Le saint de station, le pape saint Clément, est le troisième successeur de saint Pierre sur la chaire épiscopale de Rome. Ce pape très vénéré (90-101) fut exilé dans la presqu’île de Crimée et y mourut martyr. La basilique élevée en son honneur remonte au IVe siècle, mais la tradition rapporte que c’est dans cette maison que Clément réunissait les chrétiens avant la persécution sanglante de Trajan. Cette église serait donc un des plus anciens sanctuaires chrétiens de Rome. Les ossements de saint Clément furent rapportés à Rome par les apôtres des Slaves, saint Cyrille et saint Méthode, et déposés dans cette église ; c’est là que repose le corps de saint Cyrille. Cette église a conservé intacte la décoration des anciennes églises romaines, telle qu’elle servait, dans l’antiquité finissante, pour la célébration de l’office de station.
L’Introït est un cantique de voyage : « Mon pied se tient sur la voie droite, je m’avance dans l’innocence. » Cette parole est-elle mise dans la bouche des catéchumènes qui implorent la Rédemption et sont heureux d’avoir trouvé le vrai chemin ? Ou bien mettons-nous ces paroles dans la bouche du saint de station qui nous accueille dans sa maison ?
L’oraison est une des oraisons typiques des stations de Carême, qui font du jeûne corporel le symbole du « jeûne du péché ».
La leçon est une prière saisissante du Prophète Daniel en exil. Daniel est l’image du Christ qui prend sur lui les péchés de l’humanité, les expie, souffre pour eux et prie pour sa ville, l’Église, et pour son peuple. Jérusalem détruite est le symbole de l’Église dans son humiliation du Carême : « A cause de nos péchés, Jérusalem est dans la honte. » L’Église pense, en premier lieu, aux pénitents. Ceux-ci ont été tirés de l’Égypte (baptisés), mais ils sont dans l’exil (excommuniés). Toute la leçon est une belle prière de pénitence. L’Église veut maintenant se purifier, elle veut restaurer bien des temples spirituels détruits : « Montre ta face sur ton sanctuaire » (thème pascal). Toute messe est une prière rédemptrice efficace du divin Daniel. « Ne tarde pas », supplie la leçon ; nous insistons à notre tour : « Ne tarde pas » (Graduel).
L’Évangile nous transporte dans le combat du Christ contre les ténèbres. C’est au moment de la fête des Tabernacles, les vagues de la haine se soulèvent. Le Seigneur annonce sa mort : « Je m’en vais » ; « quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme... ». Il creuse le fossé entre l’Église et le monde : « Vous êtes d’en bas je suis d’en haut. » Il annonce aux Juifs la mort éternelle. La conclusion est d’une beauté particulière : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme », alors ses ennemis reconnaîtront qu’il est Dieu. Nous aussi, nous devons lever les yeux vers le Christ élevé en Croix ; c’est précisément dans ses souffrances que nous apprendrons à le connaître. (A ce passage, les regards des chrétiens s’élevaient, sans doute, vers la magnifique croix de l’abside de Saint-Clément). Il y a comme un écho de la voix divine au moment de la Transfiguration dans ces paroles : « Celui qui m’a envoyé est avec moi et ne me laisse pas seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (« en lui j’ai mis ma complaisance »). — L’obéissance, pour moi aussi, est le chemin qui mène à la gloire.
Les dernières paroles du Seigneur, dans l’Évangile, résonnent encore aux oreilles des fidèles au moment de l’Offertoire ; c’est pourquoi nous chantons presque les mêmes paroles : dans notre procession vers l’autel, nous regardons vers le Golgotha mystique : « J’ai toujours le Seigneur devant les yeux, il se tient à ma droite afin que je ne chancelle pas. » Certes « il ne me laisse pas seul », quand je m’en vais au combat du Carême.
A la Communion, nous chantons le cantique de l’abaissement de Dieu vers l’homme et de l’élévation de l’homme jusqu’à la hauteur de Dieu (Ps. 8). Comme ce cantique a une signification profonde à la communion !
A la chute du jour, à Magnificat, nous chantons : « Celui qui m’a envoyé est avec moi et il ne me laisse pas seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît. » Ah ! si ces paroles pouvaient sortir de notre bouche ! Quelle belle oraison jaculatoire !
3. Le psaume 8. — L’homme est semblable à Dieu et roi.
Seigneur, notre Seigneur,
Que ton nom est admirable sur toute la terre !
Tu as revêtu les cieux de ta majesté.
De la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle,
tu t’es préparé une louange pour confondre tes ennemis,
pour imposer silence aux adversaires et aux blasphémateurs.
Quand je contemple les cieux, l’ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu as créées, (je m’écrie) :
Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui
et le fils de l’homme pour que tu en prennes soin ?Tu ne l’as placé que peu au-dessous de Dieu,
tu l’as couronné de gloire et d’honneur,
tu l’as établi roi de tes œuvres,
tu as mis toutes choses sous ses pieds :
les brebis et les bœufs, tous ensemble,
et tous les animaux des champs ;
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer
et tout ce qui parcourt les sentiers des mers.Seigneur, notre Seigneur,
que ton nom est admirable sur toute la terre !
Plan :
Introduction : grandeur de Dieu, (verset refrain).
I.
— 1. Gloire de Dieu dans la nature (ciel nocturne) 2-4.
— 2. Condescendance de Dieu pour l’homme, 5.
II. Élévation de l’homme.
— 1. Jusqu’à la hauteur de Dieu, 6.
— 2. L’homme, roi de la création, 7-9.
Conclusion : la grandeur de Dieu (verset refrain).
Le cardinal Faulhaber résume ainsi le contenu. Le nom de Dieu brille merveilleusement sur le front de l’enfant, dans les étoiles du ciel, sur le front de l’homme, du roi de la création.
Le psaume est un cantique d’action de grâces pour remercier Dieu, le Créateur éternel, d’avoir accordé une grâce si élevée à l’homme misérable et d’en avoir fait le roi de la création. Remarquons qu’au v. 6 il est dit, dans le texte hébreu : tu ne l’as placé que peu au-dessous de Dieu (dans la vulgate : au-dessous des anges). Le texte hébreu donne une pensée bien plus puissante : l’homme est élevé presque jusqu’à la hauteur de Dieu ; le point de comparaison est la royauté sur la création. Le psaume est simple, mais d’une grande solennité.
[1] Là où je vais, vous ne pouvez venir. » Les Juifs disaient donc : « Est-ce qu’il se tuera lui-même, puisqu’il dit : Là où je vais, vous ne pouvez venir ? » Et il leur dit : « Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car, si vous ne croyez pas à ce que je suis, vous mourrez dans votre péché. » Ils lui dirent donc : « Qui êtes-vous ? » Jésus leur répondit : « Je suis le principe, moi qui vous parle. J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous. Mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai appris de lui, je le dis dans le monde. » Ils ne comprirent pas qu’il disait que Dieu était son Père. Jésus leur dit donc : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. »
[2] Ps 141, 5
[3] Ps 39, 15
[4] Gen. 38, 10
[5] Gen. 31, 13
[6] Gen. 28, 16
[7] Gen. 28, 16
[8] Gen. 27, 28
[9] Johan. I, 5.
[10] Act. X, 38.