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5ème Dimanche après Pâques

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

La liturgie continue à chanter le Christ ressuscité et nous exhorte, en cette semaine des Rogations, à nous unir à sa prière ; cette prière par laquelle il a demandé à Dieu de faire partager à son humanité, par l’Ascension, la gloire qu’il possède de toute éternité comme Dieu (Off). Cette gloire qu’il a obtenue, nous la posséderons aussi un jour, parce qu’il nous a délivrés du péché par la vertu de son sang (Intr., All., Com.). Aussi faut-il que, contrairement à celui qui se regarde au miroir et oublie aussitôt comment il est, nous ayons le regard attaché sur la loi parfaite de la liberté et la mettions continuellement en pratique » (Ep.). Et puisque le Christ nous a laissé comme consolation à son départ « de pouvoir prier en son nom pour que notre joie soit pleine », demandons à Dieu « par Notre-Seigneur » de ne pas rester sans fruits dans la connaissance de Jésus, afin que croyant « qu’il est sorti de Dieu » (Ev.), nous méritions d’entrer avec lui dans le royaume de son Père.

Textes de la Messe

Dominica Quinta post Pascha
5ème dimanche après Pâques
ante CR 1960 : semiduplex
Semidouble
CR 1960 : II classis
2nde classe
Ant. ad Introitum. Is. 48, 20.Introït
Vocem iucunditátis annuntiáte, et audiátur, allelúia : annuntiáte usque ad extrémum terræ : liberávit Dóminus pópulum suum, allelúia, allelúia.Avec des cris de joie, publiez-le, faites-le savoir, alléluia ; proclamez-le jusqu’aux extrémités de la terre : le Seigneur a délivré son peuple, alléluia, alléluia.
Ps. 65, 1-2.
Iubiláte Deo, omnis terra, psalmum dícite nómini eius : date glóriam laudi eius.Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière ; chantez un hymne à son nom ; rendez glorieuse sa louange.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, a quo bona cuncta procédunt, largíre supplícibus tuis : ut cogitémus, te inspiránte, quæ recta sunt ; et, te gubernánte, eadem faciámus. Per Dóminum.Dieu, de qui procèdent tous les biens, accordez à vos serviteurs suppliants : que, par votre inspiration, nos pensées se portent à ce qui est bien ; et que notre volonté, guidée par vous, l’accomplisse.
Léctio Epístolæ beáti Iacóbi Apóstoli.Lecture de l’Épître du Bienheureux Apôtre Jacques.
Iac. 1, 22-27.
Caríssimi : Estóte factóres verbi, et non auditóres tantum : falléntes vosmetípsos. Quia si quis audítor est verbi et non factor : hic comparábitur viro consideránti vultum nativitátis suæ in spéculo : considerávit enim se et ábiit, et statim oblítus est, qualis fúerit. Qui autem perspéxerit in legem perfectam libertátis et permánserit in ea, non audítor obliviósus factus, sed factor óperis : hic beátus in facto suo erit. Si quis autem putat se religiósum esse, non refrénans linguam suam, sed sedúcens cor suum, huius vana est relígio. Relígio munda et immaculáta apud Deum et Patrem hæc est : Visitáre pupíllos et viduas in tribulatióne eórum, et immaculátum se custodíre ab hoc sǽculo.Mes bien-aimés, mettez cette parole en pratique, et ne vous contentez pas de l’écouter, vous trompant vous-mêmes. Car si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé s’en va, et oublie aussitôt quel il était. Mais celui qui aura considéré attentivement la loi parfaite de la liberté, et qui l’aura fait avec persévérance, arrivant ainsi, non à écouter pour oublier, mais à pratiquer l’œuvre prescrite celui-là trouvera le bonheur dans son activité. Si quelqu’un croit être religieux, et ne met pas un frein à sa langue, mais trompe son propre cœur, la religion de cet homme est vaine. La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leur tribulation, et à se conserver pur du siècle présent.
Allelúia, allelúia. V/. Surréxit Christus, et illúxit nobis, quos rédemit sánguine suo.Allelúia, allelúia. V/. Le Christ est ressuscité, et il a fait lever sa lumière sur nous, qu’il a rachetés de son sang.
Allelúia. V/. Ioann. 16, 28. Exívi a Patre, et veni in mundum : íterum relínquo mundum, et vado ad Patrem. Allelúia.Allelúia. V/. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais auprès du Père. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Suite du Saint Évangile selon saint Jean.
Ioann. 16, 23-30.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Amen, amen, dico vobis : si quid petiéritis Patrem in nómine meo, dabit vobis. Usque modo non petístis quidquam in nómine meo : Pétite, et accipiétis, ut gáudium vestrum sit plenum. Hæc in provérbiis locútus sum vobis. Venit hora, cum iam non in provérbiis loquar vobis, sed palam de Patre annuntiábo vobis. In illo die in nómine meo petétis : et non dico vobis, quia ego rogábo Patrem de vobis : ipse enim Pater amat vos, quia vos me amástis, et credidístis quia ego a Deo exívi. Exívi a Patre et veni in mundum : íterum relínquo mundum et vado ad Patrem. Dicunt ei discípuli eius : Ecce, nunc palam loquéris et provérbium nullum dicis. Nunc scimus, quia scis ómnia et non opus est tibi, ut quis te intérroget : in hoc crédimus, quia a Deo exísti.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. Je vous ai dit ces choses en paraboles. L’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement du Père. En ce jour-là, vous demanderez en mon nom ; et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ; car le Père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais auprès du Père. Ses disciples lui dirent : Voici que, maintenant, vous parlez ouvertement, et vous ne dites plus de parabole. Maintenant nous savons que vous savez toutes choses, et que vous n’avez pas besoin que personne ne vous interroge ; voilà pourquoi nous croyons que vous êtes sorti de Dieu.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 65, 8-9 et 20.Offertoire
Benedícite, gentes, Dóminum, Deum nostrum, et obaudíte vocem laudis eius : qui pósuit ánimam meam ad vitam, et non dedit commovéri pedes meos : benedíctus Dóminus, qui non amóvit deprecatiónem meam et misericórdiam suam a me, allelúia.Nations, bénissez notre Dieu et faites entendre les accents de sa louange ; c’est lui qui a conservé la vie à mon âme, et qui n’a point permis que mes pieds soient ébranlés. Béni soit Dieu qui n’a pas rejeté ma prière ni éloigné de moi sa miséricorde, alléluia.
Secreta.Secrète
Súscipe, Dómine, fidélium preces cum oblatiónibus hostiárum : ut, per hæc piæ devotiónis offícia, ad cæléstem glóriam transeámus. Per Dóminum.Recevez, Seigneur les prières des fidèles avec l’oblation de ces hosties, afin que, par ces pieux témoignages de notre dévotion, nous parvenions à la gloire céleste.
Præfatio paschalis, in qua dicitur : in hoc potíssimum. Préface pascale
Ant. ad Communionem. Ps. 95, 2.Communion
Cantáte Dómino, allelúia : cantáte Dómino et benedícite nomen eius : bene nuntiáte de die in diem salutáre eius, allelúia, allelúia.Chantez au Seigneur alléluia, chantez au Seigneur et bénissez son nom, annoncez de jour en jour son salut, alléluia, alléluia.
Postcommunio.Postcommunion
Tríbue nobis, Dómine, cæléstis mensæ virtúte satiátis : et desideráre, quæ recta sunt, et desideráta percípere. Per Dóminum. Accordez-nous, Seigneur, après nous avoir rassasiés par la vertu du céleste banquet, de désirer ce qui est juste, et de recevoir ce que nous désirons.

Office

AUX 1ères VÊPRES

Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes.
Psaume 143, i
Psaume 143, ii
Psaume 144, i
Psaume 144, ii
Psaume 144, iii
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum Iac. 1. 22-24. Capitule
Caríssimi : Estóte factóres verbi, et non auditóres tantum : falléntes vosmetípsos. Quia, si quis audítor est verbi, et non factor : hic comparábitur viro consideránti vultum nativitátis suæ in spéculo : considerávit enim se, et ábiit, et statim oblítus est, qualis fúerit.Mes bien-aimés : pratiquez cette parole, et ne l’écoutez pas seulement, vous trompant vous-mêmes. Car si quelqu’un écoute la parole et ne la pratique pas, celui-là sera comparé à un homme qui regarde dans un miroir le visage qu’il a reçu en naissant. Il s’est regardé, et il s’en est allé, et aussitôt il a oublié quel il était.
Hymnus Hymne
Ad cenam Agni próvidi (ancienne hymne des vêpres au Temps Pascal)
Ad régias Agni dapes,
Stolis amícti cándidis,
Post tránsitum Maris Rubri,
Christo canámus Príncipi :
Au royal banquet de l’Agneau,
revêtus de nos robes blanches,
après le passage de la mer Rouge,
chantons au Christ notre Chef :
Divína cuius cáritas
Sacrum propínat sánguinem,
Almíque membra córporis
Amor sacérdos ímmolat.
C’est lui dont la charité divine
nous verse à boire le sang sacré,
son amour est le sacrificateur qui immole
les membres du corps nourricier.
Sparsum cruórem póstibus
Vastátor horret Angelus :
Fugítque divísum mare ;
Mergúntur hostes flúctibus.
Le sang dont nos portes sont marquées
remplit de crainte l’Ange exterminateur :
la mer, divisée en deux, fuit devant nous ;
les ennemis sont submergés dans les flots.
Iam Pascha nostrum Christus est,
Paschális idem víctima,
Et pura puris méntibus
Sinceritátis ázyma.
Notre Pâque, maintenant, c’est le Christ :
il est notre victime pascale ;
il est pour les cœurs purs,
le pur azyme de la sincérité.
O vera cæli víctima,
Subiécta cui sunt tártara,
Solúta mortis víncula,
Recépta vitæ prǽmia.
O victime véritable, venue du ciel,
par qui les enfers sont domptés,
les liens de la mort brisés,
les dons de la vie recouvrés !
Victor subáctis ínferis,
Trophǽa Christus éxplicat ;
Cælóque apérto, súbditum
Regem tenebrárum trahit.
Vainqueur de la mort terrassée,
le Christ déploie son étendard ;
il rouvre le ciel, et traîne
en captif le roi des ténèbres.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.
V/. Mane nobíscum, Dómine, allelúia. V/. Restez avec nous, Seigneur, alléluia.
R/. Quóniam advesperáscit, allelúia.R/. Car le soir tombe, alléluia. [1]
Ad Magnif. Ant. Usque modo * non petístis quidquam in nómine meo : pétite, et accipiétis, allelúia. Ant. au Magnificat Jusqu’ici * vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez, alléluia.
Magnificat
OratioPrière
Deus, a quo bona cuncta procédunt, largíre supplícibus tuis : ut cogitémus, te inspiránte, quæ recta sunt ; et, te gubernánte, eadem faciámus. Per Dóminum.Dieu, de qui procèdent tous les biens, accordez à vos serviteurs suppliants : que, par votre inspiration, nos pensées se portent à ce qui est bien ; et que notre volonté, guidée par vous, l’accomplisse.

A MATINES (Avant 1960)

Invitatorium Invitatoire
Surréxit Dóminus vere, * Allelúia.Le Seigneur est vraiment ressuscité, * Alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne
Rex sempitérne cǽlitum,
Rerum Creátor ómnium,
Æquális ante sǽcula
Semper Parénti Fílius :
Roi éternel des habitants des cieux,
créateur de toutes choses,
égal dès avant les siècles
toujours au Père, vous le Fils :
Nascénte qui mundo faber
Imáginem vultus tui
Tradens Adámo, nóbilem
Limo iugásti spíritum.
A la naissance du monde, vous, artisan
imprimant le sceau de votre visage,
au front d’Adam avez uni
un noble esprit au limon.
Cum livor et fraus dǽmonis
Fœdásset humánum genus :
Tu, carne amíctus, pérditam
Formam refórmas ártifex.
Quand l’envie et la ruse du démon
eurent dégradé la race humaine :
Vous, artisan, revêtu de la chair,
réformez la forme perdue
Qui, natus olim e Vírgine,
Nunc e sepúlcro násceris,
Tecúmque nos a mórtuis
Iubes sepúltos súrgere.
Né d’abord de la Vierge,
vous renaissez maintenant du sépulcre,
et vous nous commandez, à nous ensevelis,
de nous lever avec vous d’entre les morts.
Qui, pastor ætérnus, gregem
Aqua lavas baptísmatis :
Hæc est lavácrum méntium :
Hæc est sepúlcrum críminum.
Pasteur éternel, vous lavez
votre troupeau dans l’eau baptismale ;
c’est là le bain purificateur des âmes,
c’est le sépulcre des crimes.
Nobis diu qui débitæ
Redémptor affíxus cruci,
Nostræ dedísti pródigus
Prétium salútis sánguinem.
Attaché comme rédempteur à la croix,
qui depuis longtemps nous était due,
vous avez prodigué votre sang,
la rançon de notre salut
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio, qui a mórtuis
Surréxit, ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels.
Ainsi soit-il.
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. Allelúia, * lapis revolútus est, allelúia : ab óstio monuménti, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * la pierre a été roulée, alléluia : de la porte du tombeau, alléluia, alléluia.
Psaume 1
Psaume 2
Psaume 3
Ant. Allelúia, * lapis revolútus est, allelúia : ab óstio monuménti, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * la pierre a été roulée, alléluia : de la porte du tombeau, alléluia, alléluia.
V/. Surréxit Dóminus de sepúlchro, allelúia.V/. Le Seigneur est ressuscité du tombeau, alléluia.
R/. Qui pro nobis pepéndit in ligno, allelúia.R/. Lui qui pour nous fut attaché au bois, alléluia.
Lectio i1ère leçon
Incipit Epístola prima beáti Petri Apóstoli.Commencement de la première Épitre du bienheureux Apôtre Pierre.
Cap. 1, 1-5.
Petrus, Apóstolus Iesu Christi, eléctis ádvenis dispersiónis Ponti, Galátiæ, Cappadóciæ, Asiæ, et Bithýniæ secúndum præsciéntiam Dei Patris, in sanctificatióne Spíritus, in obediéntiam, et aspersiónem sánguinis Iesu Christi : Grátia vobis, et pax multiplicétur. Benedíctus Deus et Pater Dómini nostri Iesu Christi, qui secúndum misericórdiam suam magnam regenerávit nos in spem vivam, per resurrectiónem Iesu Christi ex mórtuis, in hereditátem incorruptíbilem, et incontaminátam, et immarcescíbilem, conservátam in cælis in vobis, qui in virtúte Dei custodímini per fidem in salútem, parátam revelári in témpore novíssimo.Pierre, Apôtre de Jésus-Christ, aux étrangers de la dispersion [2] dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, élus, selon la prescience de Dieu le Père, pour être sanctifiés par l’Esprit, pour obéir et être arrosés du sang de Jésus-Christ : qu’en vous la grâce et la paix s’accroissent. Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une vive espérance, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, qui n’est pas souillé, qui ne peut se flétrir, réservé dans les cieux pour vous, qui, par la vertu de Dieu, êtes gardés au moyen de la foi pour le salut qui doit être révélé à la fin des temps.
R/. Si oblítus fúero tui, allelúia, obliviscátur mei déxtera mea : * Adhǽreat lingua mea fáucibus meis, si non memínero tui, allelúia, allelúia.R/. Si je t’oublie [3], alléluia, que ma main droite soit livrée à l’oubli : * Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, alléluia, alléluia.
V/. Super flúmina Babylónis illic sédimus et flévimus, dum recordarémur tui, Sion.V/. Sur les fleuves [4] de Babylone, là nous nous sommes assis et nous avons pleuré, comme nous nous souvenions de Sion.
* Adhǽreat lingua mea fáucibus meis, si non memínero tui, allelúia, allelúia. * Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, alléluia, alléluia.
Lectio ii2e leçon
Cap. 1, 6-12.
In quo exsultábitis, módicum nunc si opórtet contristári in váriis tentatiónibus : ut probátio vestræ fídei multo pretiósior auro (quod per ignem probátur) inveniátur in laudem, et glóriam, et honórem, in revelatióne Iesu Christi : quem cum non vidéritis, dilígitis : in quem nunc quoque non vidéntes créditis : credéntes autem exsultábitis lætítia inenarrábili et glorificáta : reportántes finem fídei vestræ, salútem animárum. De qua salúte exquisiérunt atque scrutáti sunt prophétæ, qui de futúra in vobis grátia prophetavérunt ; scrutántes in quod vel quale tempus significáret in eis Spíritus Christi : prænúntians eas quæ in Christo sunt passiónes et posterióres glórias : quibus revelátum est, quia non sibimetípsis, vobis autem ministrábant ea, quæ nunc nuntiáta sunt vobis per eos, qui evangelizavérunt vobis, Spíritu Sancto misso de cælo, in quem desíderant Angeli prospícere.Où vous serez transportés de joie, bien qu’il faille maintenant que pour peu de jours vous soyez contristés par diverses tentations, afin que l’épreuve de votre foi, beaucoup plus précieuse que l’or (qu’on éprouve par le feu), soit trouvée digne de louange, de gloire et d’honneur, à la révélation de Jésus-Christ, que vous aimez, quoique vous ne l’ayez point vu ; en qui vous croyez, sans le voir encore maintenant ; or, croyant ainsi, vous tressaillirez d’une joie ineffable et glorifiée ; obtenant comme fin de votre foi le salut de vos âmes ; salut qu’ont recherché et scruté lès Prophètes qui ont prédit la grâce que vous deviez recevoir. Et, comme ils cherchaient quel temps et quels circonstances l’Esprit du Christ qui était en eux indiquait, en prédisant les souffrances du Christ et les gloires qui devaient les suivre, il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient dispensateurs des choses qui vous sont annoncées maintenant par ceux qui vous ont évangélisés par l’Esprit-Saint envoyé du ciel, et que les Anges désirent contempler [5].
R/. Vidérunt te aquæ, Deus, vidérunt te aquæ, et timuérunt : * Multitúdo sónitus aquárum vocem dedérunt nubes, allelúia, allelúia, allelúia.R/. Les eaux vous ont vu [6], ô Dieu, les eaux vous ont vu, et elles ont craint : * Il y a eu un grand bruit des eaux, les nuées ont fait entendre leur voix, alléluia, alléluia.
V/. Illuxérunt coruscatiónes tuæ orbi terræ : vidit et commóta est terra.V/. Vos éclairs ont brillé sur le globe de la terre : la terre l’a vu et a tremblé.
* Multitúdo sónitus aquárum vocem dedérunt nubes, allelúia, allelúia, allelúia. * Il y a eu un grand bruit des eaux, les nuées ont fait entendre leur voix, alléluia, alléluia.
Lectio iii3e leçon
Cap. 1, 13-21.
Propter quod succíncti lumbos mentis vestræ, sóbrii perfécte speráte in eam, quæ offértur vobis, grátiam in revelatiónem Iesu Christi : quasi fílii obediéntiæ, non configuráti prióribus ignorántiæ vestræ desidériis : sed secúndum eum, qui vocávit vos, Sanctum ; et ipsi in omni conversatióne sancti sitis : quóniam scriptum est : Sancti éritis, quóniam ego sanctus sum. Et si Patrem invocátis eum, qui sine acceptióne personárum iúdicat secúndum uniuscuiúsque opus, in timóre incolátus vestri témpore conversámini. Sciéntes quod non corruptibílibus auro vel argénto redémpti estis de vana vestra conversatióne patérnæ traditiónis : sed pretióso sánguine quasi agni immaculáti Christi, et incontamináti : præcógniti quidem ante mundi constitutiónem, manifestáti autem novíssimis tempóribus propter vos, qui per ipsum fidéles estis in Deo, qui suscitávit eum a mórtuis, et dedit ei glóriam, ut fides vestra et spes esset in Deo.C’est pourquoi, ayant ceint les reins de votre âme [7], et étant sobres, espérez entièrement en cette grâce qui vous est offerte pour la révélation de Jésus-Christ ; comme des enfants d’obéissance, ne vous conformant pas aux anciens désirs de votre ignorance ; mais, comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite ; car il est écrit : Soyez saints, parce que moi je suis saint [8]. Et, puisque vous invoquez comme Père celui qui, sans acception de personnes, juge selon les œuvres de chacun, vivez dans la crainte durant le temps de votre pèlerinage ; sachant que ce n’est point avec des choses corruptibles, de l’or ou de l’argent, que vous avez été rachetés des vaines pratiques que vous teniez de vos pères ; mais par le sang précieux du Christ, comme d’un agneau sans tache et sans souillure, déjà connu avant la fondation du monde, mais manifesté dans les derniers temps à cause de vous, qui par lui croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire, afin que votre foi et votre espérance fussent en Dieu.
R/. Narrábo nomen tuum frátribus meis, allelúia : * In médio Ecclésiæ laudábo te, allelúia, allelúia.R/. Je raconterai [9] votre nom à mes frères, alléluia : * Je vous louerai au milieu de l’assemblée, alléluia, alléluia.
V/. Confitébor tibi in pópulis, Dómine, et psalmum dicam tibi in Géntibus.V/. Je vous louerai [10] parmi les peuples, Seigneur, et je dirai un psaume en votre honneur parmi les Nations.
* In médio Ecclésiæ laudábo te, allelúia, allelúia. Glória Patri. * In médio Ecclésiæ laudábo te, allelúia, allelúia.* Je vous louerai au milieu de l’assemblée, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Je vous louerai au milieu de l’assemblée, alléluia, alléluia.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. Allelúia, * quem quæris, múlier ? allelúia : vivéntem cum mórtuis, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * qui cherches-tu, femme ? alléluia : un vivant parmi les morts, alléluia, alléluia.
Psaume 8
Psaume 9, i
Psaume 9, ii
Ant. Allelúia, * quem quæris, múlier ? allelúia : vivéntem cum mórtuis, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * qui cherches-tu, femme ? alléluia : un vivant parmi les morts, alléluia, alléluia.
V/. Surréxit Dóminus vere, allelúia.V/. Le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
R/. Et appáruit Simóni, allelúia.R/. Et il est apparu à Simon, alléluia.
Lectio iv4e leçon
Ex libro sancti Ambrósii Epíscopi de fide resurrectiónis.Du livre de saint Ambroise, Évêque ‘De la Foi en la Résurrection’.
Cap. Post medium
Quóniam Dei mori non póterat Sapiéntia, resúrgere autem non póterat quod mórtuum non erat ; assúmitur caro, quæ mori posset : ut dum móritur quod solet, quod mórtuum fúerat, hoc resúrgeret. Neque enim póterat esse, nisi per hóminem, resurréctio : quóniam sicut per hóminem mors, ita et per hóminem resurréctio mortuórum. Ergo resurréxit homo, quóniam homo mórtuus est : resuscitátus homo, sed resúscitans Deus. Tunc secúndum carnem homo, nunc per ómnia Deus. Nunc enim secúndum carnem iam nóvimus Christum, sed carnis grátiam tenémus, ut ipsum primítias quiescéntium, ipsum primogénitum ex mórtuis novérimus.Comme la sagesse de Dieu ne pouvait pas mourir, et comme on ne peut ressusciter que si l’on meurt, le Verbe a pris une chair mortelle, afin de mourir en cette chair sujette au trépas, et d’y ressusciter une fois mort. La résurrection ne pouvait avoir lieu, en effet, qu’au moyen d’un homme, puisqu’il est dit : « Par un homme, la mort ; par un homme aussi, la résurrection des morts » [11]. Jésus-Christ donc est ressuscité en tant qu’homme, parce qu’il est mort en tant qu’homme : il est tout ensemble, et homme ressuscité et Dieu ressuscitant ; il s’est alors montré homme en ce qui regarde la chair, il se montre maintenant Dieu en toutes choses, car nous ne le connaissons plus tel qu’il était selon la chair ; mais sa chair est cause que nous le connaissons comme prémices de ceux qui ont fermé les yeux, comme premier-né d’entre les morts.
R/. In ecclésiis benedícite Deo, allelúia : * Dómino de fóntibus Israël, allelúia, allelúia.R/. Dans les assemblées [12], bénissez Dieu, alléluia : * Bénissez le Seigneur, vous qui êtes sortis des sources d’Israël, alléluia, alléluia.
V/. Psalmum dícite nómini eius, date glóriam laudi eius.V/. Dites [13] un psaume à son nom, rendez gloire à sa louange.
* Dómino de fóntibus Israël, allelúia, allelúia. * Bénissez le Seigneur, vous qui êtes sortis des sources d’Israël, alléluia, alléluia.
Lectio v5e leçon
Primítiæ útique eiúsdem sunt géneris atque natúræ, cuius et réliqui fructus : quorum pro lætióre provéntu primitíva Deo múnera deferúntur ; sacrum munus pro ómnibus, et quasi reparátæ quædam liba natúræ. Primítiæ ergo quiescéntium Christus. Sed utrum suórum quiescéntium, qui quasi mortis exsórtes, dulci quodam sopóre tenéntur, an ómnium mortuórum ? Sed sicut in Adam omnes moriúntur, ita et in Christo omnes vivificabúntur. Itaque sicut primítiæ mortis in Adam, ita étiam primítiæ resurrectiónis in Christo omnes resúrgent. Sed nemo despéret, neque iustus dóleat commúne consórtium resurgéndi, cum præcípuum fructum virtútis exspéctet. Omnes quidem resúrgent, sed unusquísque, ut ait Apóstolus, in suo órdine. Commúnis est divínæ fructus cleméntiæ, sed distínctus ordo meritórum.Les prémices sont de la même espèce et de la même nature que le reste des fruits, dont on offre à Dieu la première récolte, en reconnaissance d’une production abondante : présent sacré pour tous ses dons, offrande pour ainsi dire de la nature renouvelée. Les prémices donc de ceux qui sont dans le repos, c’est le Christ. Mais l’est-il seulement de ceux qui reposent en lui, qui, débarrassés de la mort, sont sous l’empire d’un doux sommeil, ou l’est-il de tous les morts ? « Tous meurent en Adam, tous aussi recevront la vie dans le Christ » [14]. C’est pourquoi de même que les prémices de la mort se trouvaient en Adam, de même, les prémices de la résurrection sont dans le Christ : tous ressusciteront. Que personne donc ne désespère, et que le juste ne s’afflige pas de cette résurrection commune, alors qu’il a à attendre une récompense toute spéciale de sa vertu. « Tous ressusciteront, dit l’Apôtre, mais chacun en son rang. » Le fruit de la clémence divine est commun à tous, mais on distinguera l’ordre des mérites.
R/. In toto corde meo, allelúia, exquisívi te, allelúia : * Ne repéllas me a mandátis tuis, allelúia, allelúia.R/. Je vous ai recherché [15], alléluia, de tout mon cœur, alléluia : * Ne me repoussez pas de vos commandements, alléluia, alléluia.
V/. Benedíctus es tu, Dómine, doce me iustificatiónes tuas.V/. Vous êtes béni [16], Seigneur, enseignez-moi vos justifications.
* Ne repéllas me a mandátis tuis, allelúia, allelúia. * Ne me repoussez pas de vos commandements, alléluia, alléluia.
Lectio vi6e leçon
Advértimus, quam grave sit sacrilégium, resurrectiónem non crédere. Si enim non resurgémus, ergo Christus gratis mórtuus est, ergo Christus non resurréxit. Si enim nobis non resurréxit, útique non resurréxit, qui sibi cur resúrgeret, non habébat. Resurréxit in eo mundus, resurréxit in eo cælum, resurréxit in eo terra. Erit enim cælum novum, et terra nova. Sibi autem non erat necessária resurréctio, quem mortis víncula non tenébant. Nam etsi secúndum hóminem mórtuus, in ipsis tamen erat liber inférnis. Vis scire quam liber ? Factus sum sicut homo sine adiutório, inter mórtuos liber. Et bene liber, qui se póterat suscitáre, iuxta quod scriptum est : Sólvite hoc templum, et in tríduo resuscitábo illud. Et bene liber, qui álios descénderat redemptúrus.Remarquons combien est grave le sacrilège de ne pas croire à la résurrection. Car si nous ne ressuscitons pas, c’est donc en vain que le Christ est mort, le Christ n’est donc pas ressuscité. En effet, si ce n’est pas pour nous que le Christ est ressuscité, il n’est ressuscité en aucune manière, lui qui n’avait aucune raison de ressusciter pour lui-même. Le monde est ressuscité en lui, le ciel est ressuscité en lui, la terre est ressuscitée en lui ; il y aura un ciel nouveau, et une terre nouvelle. A celui que les liens de la mort ne retenaient pas, la résurrection n’était point nécessaire ; car bien qu’il soit mort comme homme, il demeurait néanmoins libre jusque dans les enfers. Voulez-vous savoir combien il y était libre ? « Je suis devenu, nous dit-il, comme un homme sans secours, libre entre les morts » [17]. Et certes, il était libre, lui qui avait le pouvoir de se ressusciter, selon ce qui est écrit : « Détruisez ce temple, et je le relèverai en trois jours » [18]. Et certes, il était libre, celui qui était descendu pour racheter les autres.
R/. Hymnum cantáte nobis, allelúia : * Quómodo cantábimus cánticum Dómini in terra aliéna ? allelúia, allelúia.R/. Chantez-nous [19] un hymne, alléluia : * Comment chanterons-nous un cantique du Seigneur dans une terre étrangère ? alléluia, alléluia.
V/. Illic interrogavérunt nos, qui captívos duxérunt nos, verba cantiónum.V/. Ceux-là qui nous avaient emmenés captifs, nous demandèrent les paroles de nos chants.
* Quómodo cantábimus cánticum Dómini in terra aliéna ? allelúia, allelúia. Glória Patri. * Quómodo cantábimus cánticum Dómini in terra aliéna ? allelúia, allelúia.* Comment chanterons-nous un cantique du Seigneur dans une terre étrangère ? alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Comment chanterons-nous un cantique du Seigneur dans une terre étrangère ? alléluia, alléluia.
In III NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. Allelúia, * noli flere, María, allelúia : resurréxit Dóminus, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * ne pleure pas, Marie, alléluia : le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia.
Psaume 9, iii
Psaume 9, iv
Psaume 10
Ant. Allelúia, * noli flere, María, allelúia : resurréxit Dóminus, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * ne pleure pas, Marie, alléluia : le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia.
V/. Gavísi sunt discípuli, allelúia.V/. Les disciples se sont réjouis, alléluia.
R/. Viso Dómino, allelúia.R/. A la vue du Seigneur, alléluia.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 16, 23-30.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Amen, amen, dico vobis : si quid petiéritis Patrem in nómine meo, dabit vobis. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni Epíscopi.Homélie de saint Augustin, Évêque.
Tract. 102 in Ioannem
Dómini verba nunc ista tractánda sunt : Amen, amen, dico vobis : Si quid petiéritis Patrem in nómine meo, dabit vobis. Iam dictum est in superióribus huius Domínici sermónis pártibus, propter eos, qui nonnúlla petunt a Patre in Christi nómine, nec accípiunt : non peti in nómine Salvatóris, quidquid pétitur contra ratiónem salútis. Non enim sonum litterárum ac syllabárum, sed quod sonus ipse signíficat, et quod eo sono recte ac veráciter intellígitur, hoc accipiéndus est dícere, cum dicit : In nómine meo.Il nous faut maintenant expliquer ces paroles du Seigneur : « En vérité, en vérité, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. » Déjà, en traitant des premières parties de ce discours du Seigneur, nous avons dit, pour l’instruction de ceux qui adressent à Dieu le Père, au nom de Jésus-Christ, des prières qui ne sont pas exaucées, que toute prière contraire aux intérêts du salut, n’est point faite au nom du Sauveur. Car par ces paroles : « En mon nom ; » il faut entendre non pas un bruit de lettres et de syllabes, mais ce que ce son signifie et ce que l’on doit comprendre avec justesse et vérité par ce son.
R/. Deus, cánticum novum cantábo tibi, allelúia : * In psaltério decem chordárum psallam tibi, allelúia, allelúia.R/. O Dieu [20], je vous chanterai un cantique nouveau, alléluia : * Je vous chanterai un psaume sur le psaltérion à dix cordes, alléluia, alléluia.
V/. Deus meus es tu, et confitébor tibi : Deus meus es tu, et exaltábo te.V/. C’est vous [21] qui êtes mon Dieu, et je vous louerai : c’est vous qui êtes mon Dieu, et je vous exalterai.
* In psaltério decem chordárum psallam tibi, allelúia, allelúia. * Je vous chanterai un psaume sur le psaltérion à dix cordes, alléluia, alléluia.
Lectio viii8e leçon
Unde qui hoc sentit de Christo, quod non est de único Dei Fílio sentiéndum, non petit in eius nómine, etiámsi non táceat lítteris ac sýllabis Christum : quóniam in eius nómine petit, quem cógitat cum petit. Qui vero quod est de illo sentiéndum sentit, ipse in eius nómine petit : et áccipit quod petit, si non contra suam salútem sempitérnam petit. Accipit autem quando debet accípere. Quædam enim non negántur : sed ut cóngruo dentur témpore differúntur. Ita sane intelligéndum est quod ait : Dabit vobis : ut ea benefícia significáta sciántur his verbis, quæ ad eos, qui petunt, próprie pértinent. Exaudiúntur quippe omnes Sancti pro seípsis, non autem pro ómnibus exaudiúntur vel amícis, vel inimícis suis, vel quibúslibet áliis : quia non utcúmque dictum est, Dabit ; sed, Dabit vobis.Aussi celui qui pense de Jésus-Christ ce qui ne doit pas être pensé du Fils unique de Dieu ne demande pas en son nom, bien qu’il prononce les lettres et les syllabes qui forment le nom de Jésus-Christ ; car il prie au nom de celui qui est présent à sa pensée au moment de sa prière. Celui, au contraire, qui pense de Jésus-Christ ce qu’il en doit penser, celui-là prie en son nom, et reçoit ce qu’il demande, si toutefois il ne demande rien de contraire à son salut éternel : il reçoit lorsqu’il est bon pour lui qu’il reçoive. Il est des grâces qui ne nous sont point refusées, mais qui sont différées, pour nous être accordées au temps opportun. On doit donc entendre que, par ces paroles : « Il vous donnera, » notre Seigneur a voulu désigner les bienfaits particuliers à ceux qui les demandent. Tous les saints, en effet, sont toujours exaucés pour eux-mêmes, mais ils ne le sont pas toujours pour tous, pour leurs amis, pour leurs ennemis ou pour d’autres ; car notre Seigneur ne dit pas absolument : « Il donnera, » mais : « Il vous donnera. »
R/. Bonum est confitéri Dómino, allelúia : * Et psállere, allelúia.R/. Il est bon [22] de louer le Seigneur, alléluia : * Et de lui chanter des psaumes, alléluia.
V/. In decachórdo psaltério, cum cántico et cíthara.V/. Sur le psaltérion [23] à dix cordes, avec un cantique sur la harpe.
* Et psállere, allelúia. Glória Patri. * Et psállere, allelúia.* Et de lui chanter des psaumes, alléluia. Gloire au Père. * Et de lui chanter des psaumes, alléluia.
Lectio ix9e leçon
Usque modo, inquit, non petístis quidquam in nómine meo. Pétite, et accipiétis, ut gáudium vestrum sit plenum. Hoc quod dicit, gáudium plenum, profécto non carnále, sed spiritále gáudium est : et quando tantum erit, ut áliquid ei iam non sit addéndum, proculdúbio tunc erit plenum. Quidquid ergo pétitur, quod pertíneat ad hoc gáudium consequéndum, hoc est in nómine Christi peténdum, si divínam intellígimus grátiam, si vere beátam póscimus vitam. Quidquid autem áliud pétitur, nihil pétitur : non quia nulla omníno res est, sed quia in tantæ rei comparatióne quidquid áliud concupíscitur, nihil est.« Jusqu’à présent, dit notre Seigneur, vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète. » Cette joie qu’il appelle une joie pleine, n’est pas une joie des sens, mais une joie spirituelle, et quand elle sera si grande qu’on ne pourra plus rien y ajouter, alors, sans le moindre doute, elle sera pleine. Nous devons donc demander au nom du Christ ce qui tend à nous procurer cette joie si nous comprenons bien la nature de la grâce divine, si l’objet de nos prières est la vie véritablement heureuse. Demander toute autre chose, c’est ne rien demander : non pas qu’il n’existe absolument autre chose, mais parce qu’en comparaison d’un si grand bien, tout ce que l’on désire en dehors de lui n’est rien.
Te Deum

A LAUDES.

Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi cum cantico.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes avec le cantique.
Psaume 92
Psaume 99
Psaume 62
Cantique des trois Enfants
Psaume 148
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum Iac. 1. 22-24. Capitule
Caríssimi : Estóte factóres verbi, et non auditóres tantum : falléntes vosmetípsos. Quia, si quis audítor est verbi, et non factor : hic comparábitur viro consideránti vultum nativitátis suæ in spéculo : considerávit enim se, et ábiit, et statim oblítus est, qualis fúerit.Mes bien-aimés : pratiquez cette parole, et ne l’écoutez pas seulement, vous trompant vous-mêmes. Car si quelqu’un écoute la parole et ne la pratique pas, celui-là sera comparé à un homme qui regarde dans un miroir le visage qu’il a reçu en naissant. Il s’est regardé, et il s’en est allé, et aussitôt il a oublié quel il était.
Hymnus Hymne
Auróra cælum púrpurat,
Æther resúltat láudibus,
Mundus triúmphans iúbilat,
Horrens avérnus ínfremit :
L’aurore empourpre le ciel,
l’air retentit de louanges,
le monde triomphant jubile,
et l’enfer horrifié frémit :
Rex ille dum fortíssimus
De mortis inférno specu
Patrum senátum líberum
Edúcit ad vitæ iubar.
Quand le Roi très puissant,
de l’antre infernal de la mort
le sénat enfin libre des Patriarche
ramène à l’éclat de la vie.
Cuius sepúlcrum plúrimo
Custóde signábat lapis,
Victor triúmphat, et suo
Mortem sepúlcro fúnerat.
La pierre de son tombeau était
scellée par une garde nombreuse,
victorieux, il triomphe, et dans son
tombeau, il ensevelit la mort.
Sat fúneri, sat lácrimis,
Sat est datum dolóribus :
Surréxit exstínctor necis,
Clamat corúscans Angelus.
Assez de deuil, assez de larmes,
assez de temps donné à la douleur :
il est ressuscité, le destructeur de la mort,
un Ange éclatant de lumière le proclame.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels.
Ainsi soit-il.
V/. In resurrectióne tua, Christe, allelúia. V/. O Christ, en votre résurrection, alléluia.
R/. Cæli et terra læténtur, allelúia.R/. Le ciel et la terre se réjouissent, alléluia.
Ad Bened. Ant. Usque modo * non petístis quidquam in nómine meo : pétite, et accipiétis, allelúia. Ant. au Bénédictus Jusqu’ici * vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez, alléluia.
Benedictus
OratioPrière
Deus, a quo bona cuncta procédunt, largíre supplícibus tuis : ut cogitémus, te inspiránte, quæ recta sunt ; et, te gubernánte, eadem faciámus. Per Dóminum.Dieu, de qui procèdent tous les biens, accordez à vos serviteurs suppliants : que, par votre inspiration, nos pensées se portent à ce qui est bien ; et que notre volonté, guidée par vous, l’accomplisse.
AUX VÊPRES.
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes.
Psaume 109
Psaume 110
Psaume 111
Psaume 112
Psaume 113
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum Iac. 1. 22-24. Capitule
Caríssimi : Estóte factóres verbi, et non auditóres tantum : falléntes vosmetípsos. Quia, si quis audítor est verbi, et non factor : hic comparábitur viro consideránti vultum nativitátis suæ in spéculo : considerávit enim se, et ábiit, et statim oblítus est, qualis fúerit.Mes bien-aimés : pratiquez cette parole, et ne l’écoutez pas seulement, vous trompant vous-mêmes. Car si quelqu’un écoute la parole et ne la pratique pas, celui-là sera comparé à un homme qui regarde dans un miroir le visage qu’il a reçu en naissant. Il s’est regardé, et il s’en est allé, et aussitôt il a oublié quel il était.
Hymnus Hymne
Ad cenam Agni próvidi (ancienne hymne des vêpres au Temps Pascal)
Ad régias Agni dapes,
Stolis amícti cándidis,
Post tránsitum Maris Rubri,
Christo canámus Príncipi :
Au royal banquet de l’Agneau,
revêtus de nos robes blanches,
après le passage de la mer Rouge,
chantons au Christ notre Chef :
Divína cuius cáritas
Sacrum propínat sánguinem,
Almíque membra córporis
Amor sacérdos ímmolat.
C’est lui dont la charité divine
nous verse à boire le sang sacré,
son amour est le sacrificateur qui immole
les membres du corps nourricier.
Sparsum cruórem póstibus
Vastátor horret Angelus :
Fugítque divísum mare ;
Mergúntur hostes flúctibus.
Le sang dont nos portes sont marquées
remplit de crainte l’Ange exterminateur :
la mer, divisée en deux, fuit devant nous ;
les ennemis sont submergés dans les flots.
Iam Pascha nostrum Christus est,
Paschális idem víctima,
Et pura puris méntibus
Sinceritátis ázyma.
Notre Pâque, maintenant, c’est le Christ :
il est notre victime pascale ;
il est pour les cœurs purs,
le pur azyme de la sincérité.
O vera cæli víctima,
Subiécta cui sunt tártara,
Solúta mortis víncula,
Recépta vitæ prǽmia.
O victime véritable, venue du ciel,
par qui les enfers sont domptés,
les liens de la mort brisés,
les dons de la vie recouvrés !
Victor subáctis ínferis,
Trophǽa Christus éxplicat ;
Cælóque apérto, súbditum
Regem tenebrárum trahit.
Vainqueur de la mort terrassée,
le Christ déploie son étendard ;
il rouvre le ciel, et traîne
en captif le roi des ténèbres.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.
V/. Mane nobíscum, Dómine, allelúia. V/. Restez avec nous, Seigneur, alléluia.
R/. Quóniam advesperáscit, allelúia.R/. Car le soir tombe, alléluia. [24]
Ad Magnif. Ant. Pétite, et accipiétis, * ut gáudium vestrum sit plenum : ipse enim Pater amat vos, quia vos me amástis, et credidístis, allelúia. Ant. au Magnificat Demandez et vous recevrez, * afin que votre joie soit complète ; car mon Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru, alléluia.
Magnificat
OratioPrière
Deus, a quo bona cuncta procédunt, largíre supplícibus tuis : ut cogitémus, te inspiránte, quæ recta sunt ; et, te gubernánte, eadem faciámus. Per Dóminum.Dieu, de qui procèdent tous les biens, accordez à vos serviteurs suppliants : que, par votre inspiration, nos pensées se portent à ce qui est bien ; et que notre volonté, guidée par vous, l’accomplisse.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Encore quatre jours, et le divin Ressuscité, dont la société nous était si chère et si précieuse, aura disparu de la terre. C’est par cette annonce que ce cinquième dimanche après la joyeuse Pâque semble nous préparer à la séparation. Le dimanche suivant ouvrira la longue série de ceux qui doivent se succéder d’ici qu’il revienne pour juger le monde. A cette pensée, le cœur du chrétien se serre ; car il sait qu’il ne verra son Sauveur qu’après cette vie ; et il s’unit à la tristesse que ressentirent les Apôtres à la dernière Cène, lorsqu’il leur dit cette parole : « Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus [25] ».

Mais après la résurrection de leur Maître, quelle dut être l’angoisse de ces hommes privilégiés qui comprenaient enfin ce qu’il était, lorsqu’ils s’aperçurent comme nous que l’heureuse quarantaine, si rapidement écoulée, touchait bientôt à sa fin ! Avoir vécu, pour ainsi dire, avec Jésus glorifié, avoir ressenti les effets de sa divine condescendance, de son ineffable familiarité, avoir reçu de sa bouche tous les enseignements qui devaient les mettre en état d’accomplir ses volontés, en fondant sur la terre cette Église qu’il était venu choisir pour son Épouse ; et se trouver tout d’un coup livrés à eux-mêmes, privés de sa présence visible, ne plus voir ses traits, ne plus entendre sa voix, et mener jusqu’au bout leur carrière avec de tels souvenirs : c’est le sort qui attendait les Apôtres et qu’ils avaient à accepter.

Nous éprouverons quelque chose de ce qu’ils durent ressentir, si nous nous sommes tenus unis à notre mère la sainte Église. Depuis le jour où elle ouvrit en notre faveur la série des émotions qui la transportent chaque année, lorsqu’elle repasse successivement tant de sublimes anniversaires, à partir de celui de la Naissance de son Emmanuel, jusqu’à celui de sa triomphante Ascension au ciel, n’est-il pas vrai que nous aussi nous avons vécu en société avec son divin Époux, qui est en même temps notre Rédempteur, et qu’au moment de le voir disparaître aux regards de notre foi attentive jusqu’à cette heure à le suivre dans tous ses états, l’émotion que ressentirent les Apôtres vient nous gagner nous-mêmes ?

Mais il est sur la terre, à la veille du jour où Jésus doit la quitter pour le ciel, une créature dont nous ne pourrons jamais sonder ni décrire les sentiments ; c’est Marie qui avait retrouvé son fils, et qui voit approcher le moment où il va s’éloigner encore. Jamais cœur ne fut plus soumis aux volontés de son Maître souverain ; mais jamais aussi semblable sacrifice ne fut demandé à une créature. Jésus veut que l’amour de Marie croisse encore, et c’est pour cela qu’il la soumet à l’épreuve de l’absence. Il veut en outre qu’elle coopère à la formation de l’Église, qu’elle ait la main dans ce grand œuvre qui ne devait s’élever qu’avec son concours. C’est en cela que se montre encore l’amour de Jésus pour sa mère ; il désire pour elle le mérite le plus grand, afin de déposer sur sa tète le diadème le plus glorieux, au jour où elle montera au ciel à son tour pour y occuper le trône qui a été préparé pour elle au-dessus de toute la création glorifiée.

Ce n’est plus, il est vrai, un glaive de douleur qui transpercera le cœur de Marie ; c’est le feu d’un amour que nul langage ne saurait décrire qui consumera ce cœur dans une angoisse à la fois poignante et délicieuse, sous l’effort de laquelle elle tombera un jour, comme le fruit mûr que la branche de l’arbre ne soutient plus, parce qu’elle n’a plus rien à lui donner. Mais à ces instants suprêmes où nous sommes, dans les dernières étreintes de ce fils divin qui va la laisser en exil, quel serrement au cœur d’une telle mère qui n’a joui que durant quarante jours du bonheur de le voir glorieux et triomphant, et de recevoir ses divines et filiales caresses !

C’est la dernière épreuve de Marie ; mais en face de cette épreuve elle n’a encore que sa même réponse : « Voici la servante du Seigneur. ; qu’il me soit fait selon votre parole. » Sa vie tout entière est dans le bon plaisir de Dieu, et c’est ainsi qu’elle devient toujours plus grande, plus rapprochée de Dieu. Une sainte âme du XVIIe siècle, favorisée des plus sublimes révélations, nous a appris que le choix fut donné à Marie d’entrer dans le repos de la gloire avec son fils, ou de demeurer encore sur la terre dans les labeurs de l’enfantement de la sainte Église ; mais qu’elle préféra retarder les joies maternelles que lui réservait l’éternité, et servir, aussi longtemps qu’il plairait à la divine Majesté, au grand œuvre qui importait tant à l’honneur de son fils et au bien de la race humaine, dont elle était devenue aussi la mère.

Si un tel dévouement éleva la coopératrice de notre salut au plus haut degré de la sainteté, en lui faisant atteindre le point culminant de sa mission, on est en droit de conclure que l’amour de Jésus pour sa mère s’accrut encore, lorsqu’il reçut d’elle une marque si sensible de l’union qu’elle avait aux plus intimes désirs de son cœur sacré. De nouveaux témoignages de sa tendresse furent pour Marie la récompense de cet oubli d’elle-même, et de cette conformité aux desseins qui l’appelaient à être véritablement dès ici-bas la Reine des Apôtres, comme l’appelle l’Église, et la coadjutrice de leurs travaux.

Le Seigneur, durant ces dernières heures, allait multipliant les témoignages de sa bonté envers tous ceux qu’il avait daigné admettre dans sa familiarité. Pour plusieurs d’entre eux la séparation devait être longue. Jean le bien-aimé aurait à attendre plus de cinquante années sa réunion à son Maître divin. Ce ne serait qu’après trente ans que Pierre monterait à son tour sur l’arbre de la croix, pour se réunir à celui qui lui avait confié les clefs du royaume des cieux. Le même intervalle de temps devait être rempli par les soupirs enflammés de Madeleine ; mais aucun d’eux ne murmurait ; car tous sentaient qu’il était juste que le divin Rédempteur du monde, ayant suffisamment établi la foi de sa résurrection, « entrât enfin dans sa gloire [26] ».

Jésus avait fait donner ordre à ses disciples par les Anges, le jour même de sa résurrection, de se rendre en Galilée pour y jouir de sa présence. Nous avons vu comment ils obéirent à cet ordre, et en quelle manière le Sauveur se manifesta à sept d’entre eux sur les bords du lac de Génésareth ; ce fut la huitième des manifestations que les Évangiles ont enregistrées. La neuvième eut lieu pareillement dans la Galilée. Jésus aimait cette contrée, au sein de laquelle il avait pris la plupart de ses disciples, où Marie et Joseph avaient habité, et où lui-même avait passé tant d’années dans le travail et l’obscurité. La population, plus simple et plus morale que celle de la Judée, l’attirait davantage. Saint Matthieu nous révèle que la plus solennelle des manifestations de Jésus ressuscité, celle que nous compterons pour la dixième de fait, et pour la neuvième de celles que rapportent les Évangélistes, eut lieu sur une montagne de cette contrée [27].

Selon le sentiment de saint Bonaventure et celui du pieux et savant Denys le Chartreux, cette montagne fut le Thabor, dont le sommet avait déjà été honoré par le mystère de la Transfiguration. Là se trouvèrent réunis, comme nous l’apprenons de saint Paul, plus de cinq cents disciples de Jésus [28], assemblée formée en grande partie des habitants de la Galilée qui avaient cru en Jésus dans le cours de sa prédication, et qui avaient mérité d’être témoins de ce nouveau triomphe du Nazaréen. Jésus se montra à leurs regards, et leur donna une telle certitude de sa résurrection que l’Apôtre des Gentils, écrivant aux chrétiens de Corinthe, invoque leur témoignage à l’appui de ce mystère fondamental de notre foi.

Désormais nous demeurons sans renseignements positifs sur ce qui se passa encore dans la Galilée, quant à ce qui est des manifestations du Sauveur ressuscité ; mais nous savons qu’il intima à ses disciples l’ordre de se rendre à Jérusalem, où il devait bientôt reparaître à leurs yeux une dernière fois, avant de monter aux cieux. Suivons en ces jours la marche des disciples vers la ville coupable. Combien de fois, dans cette même ville, Jésus avait voulu réunir ses fils comme la poule ramasse ses poussins sous ses ailes, et elle ne l’a pas voulu [29] ! Il va revenir dans ses murs ; mais elle ne le saura pas. Il ne se montrera pas à elle, il ne se révélera qu’à ses amis, et il partira en silence, pour ne plus revenir qu’au jour où il viendra juger ceux qui n’ont pas connu le temps de sa visite.

Le cinquième dimanche après Pâques, dans l’Église grecque, est appelé le dimanche de l’Aveugle-né, parce qu’on y lit le récit de l’Évangile où est rapportée la guérison de cet aveugle. On l’appelle aussi le dimanche de l’Épisozomène, qui est un des noms par lesquels les Grecs désignent le mystère de l’Ascension, dont la solennité, chez eux comme chez nous, interrompt le cours de cette semaine liturgique.

A LA MESSE.

Isaïe, le plus sublime des Prophètes, a fourni la matière de l’Introït. Sa voix éclatante et mélodieuse convie toutes les nations de la terre à célébrer la victoire que le divin Ressuscité a remportée, et dont le prix a été notre délivrance.

Dans la Collecte, la sainte Église nous apprend que nos pensées et nos actions, pour être méritoires de la vie éternelle, ont besoin de la grâce qui inspire les unes et aide notre volonté à accomplir les autres.

ÉPÎTRE.

Le saint Apôtre dont nous venons d’entendre les conseils avait reçu les leçons du Sauveur ressuscité ; nous ne devons donc pas être étonnés du ton d’autorité avec lequel il nous parle. Jésus, ainsi que nous l’avons raconté, avait même daigné lui accorder une de ses manifestations particulières : ce qui nous montre l’affection dont il honorait cet Apôtre, auquel les liens du sang le rattachaient par sa mère nommée aussi Marie. Nous avons vu cette sainte femme se rendre au sépulcre, avec Salomé sa sœur, dans la compagnie de Madeleine. Jacques le Mineur est véritablement l’Apôtre du Temps pascal, où tout nous parle de la vie nouvelle que nous devons mener avec le Christ ressuscité. Il est l’Apôtre des œuvres, et c’est lui qui nous a transmis cette maxime fondamentale du christianisme, que si la foi est nécessaire avant tout au chrétien, cette vertu, sans les œuvres, est une foi morte qui ne pourrait le sauver. Il insiste aujourd’hui sur l’obligation où nous sommes de cultiver en nous-mêmes l’attention aux vérités que nous avons une fois comprises, et de nous tenir en garde contre cet oubli coupable qui cause tant de ravages dans les âmes inconsidérées. Parmi ceux en qui s’est accompli le mystère de la Pâque, il en est qui n’y persévéreront pas ; et ce malheur leur arrivera, parce qu’ils se livreront au monde, au lieu d’user du monde comme n’en usant pas [30]. Rappelons-nous toujours que nous devons marcher dans une vie nouvelle, à l’imitation de celle de notre divin Ressuscité qui ne peut plus mourir.

Les deux Versets de l’Alléluia célèbrent l’éclat de sa résurrection ; mais déjà son Ascension prochaine y est annoncée. Sorti du Père éternellement, descendu dans le temps jusqu’à notre terrestre demeure, il nous avertit que sous peu de jours il va remonter à son Père.

ÉVANGILE.

Lorsque le Sauveur, à la dernière Cène, annonçait ainsi à ses Apôtres son prochain départ, ils étaient loin encore de comprendre tout ce qu’il était. Déjà cependant ils croyaient « qu’il était sorti de Dieu ». Mais cette croyance était faible, puisqu’elle devait s éteindre sitôt. Dans les jours où nous sommes, entourant leur Maître ressuscité, illuminés par sa parole, ils savent mieux ce qu’il est. Le moment est arrivé « où il ne leur parle plus en paraboles » ; nous avons vu quels enseignements il leur donne, comme il les prépare à devenir les docteurs du monde. C’est maintenant qu’ils peuvent lui dire : « O Maître, vous êtes véritablement sorti de Dieu. » Mais par là même ils comprennent davantage la perte dont ils sont menacés ; ils ont l’idée du vide immense que son absence leur fera sentir.

Jésus commence à recueillir le fruit que sa divine bonté a semé en eux, et qu’il a attendu avec une si ineffable patience. Si, lorsqu’ils étaient autour de lui à la table de la Cène, il les félicitait déjà sur leur foi ; maintenant qu’ils l’ont vu ressuscité, qu’ils l’ont entendu, ils méritent bien autrement ses éloges ; car ils sont devenus plus fermes et plus fidèles. « Le Père vous aime, leur disait-il lors de cette dernière cène, parce que vous m’avez aimé ; » combien plus le Père doit-il les aimer, maintenant que leur amour s’est accru ! Que cette parole nous donne espérance. Avant la Pâque, nous aimions faiblement le Sauveur, nous étions chancelants à son service ; maintenant que nous avons été instruits par lui, nourris de ses mystères, nous pouvons espérer que le Père nous aimera ; car nous aimons davantage, nous aimons mieux son Fils. Ce divin Rédempteur nous invite à demander au Père en son nom tous nos besoins. Le premier de tous est la persévérance dans l’esprit de la Pâque ; insistons pour l’obtenir, et offrons à cette intention la divine Victime qui dans peu d’instants sera présentée sur l’autel.

L’Offertoire est emprunté des Psaumes ; c’est un chant d’action de grâces que le fidèle, uni à Jésus ressuscité, offre à Dieu qui a daigné l’établir dans la vie nouvelle, en lui faisant part de ses miséricordes les plus choisies.

Dans la Secrète, l’Église demande pour nous l’entrée dans la gloire céleste, dont la Pâque terrestre est l’introduction. Tous les mystères divinement opérés ici-bas ont pour but de nous sanctifier, afin que nous devenions mûrs pour la vision et la possession éternelle de Dieu ; c’est ce que l’Église, instruite par les divines Écritures, appelle la gloire.

L’Antienne de la Communion est un chant de jubilation qui exprime l’allégresse continue de la Pâque, et dont les accents sont empruntés au Roi-Prophète.

La sainte Église nous suggère dans la Postcommunion la formule de nos demandes à Dieu. Il nous faut désirer le bien ; demandons ce désir, et continuons notre prière jusqu’à ce que le bien lui-même nous arrive. La grâce descendra alors, et ce sera à nous de ne la pas négliger.

Nous terminons la journée par cette grave exhortation que l’Église gothique d’Espagne adressait aux fidèles au milieu même des joies pascales, afin de les avertir des précautions qui leur étaient nécessaires pour conserver en eux la vie nouvelle qu’ils avaient reçue.

MISSA.Feria V post Pascha.
Habeant, dilectissimi fratres, vota cautelam, festa diligentiam, gaudia disciplinam. Exsultare decet quod resurrexerimus : sed timere convenit ne cadamus. Inter novam vitam veteremque mortem oportet scire quid evasimus, oportet eligere quid amemus. Npn enim error, sed contemptus est peccare commonitum. Major post veniam pœna sequitur contumaces : gravius est captivos fieri jam redemptos. Habet ista pietas potestatem, habet potestas ista terrorem, habet terror iste vindictam. Non enim fuisset pius in homine, nisi prius iratus fuisset in dæmone.Confortamur gratia doni, si non corrumpamur lege peccati. Ratio parcendi est prævisio corrigendi. Non mutamur indulgentia, si non renovetur offensa. Qui nobis quod peccavimus indulsit, et ne ultra peccaremus admonuit. Profuit clementia, si profecit disciplina. Jam quidem hominem gratia adoptavit, sed necdum dæmonem gehenna suscepit. Violentia peccatum perdidit, non naturam. Dimicandi est facultas, non securitas otiandi. Spoliatus est adversarius, non exstinctus. Gravius necesse est ut frendeat in amissis, quibus præerat dominando subjectis. Accepimus castra per fidem, arma per crucem, signa per carnem, vexilla per sanguinem : restat causa certaminis. Qui enim auferre necessitatem noluit pugnæ, spem voluit probare victoriæ. Præcessit quidem in adoptione donum, sed adhuc restat in conversatione judicium. Hic promissio est de munere, illic vicissitudo futura est post laborem. Sit itaque ille ante oculos nostros Domini miserantis affectus, quod in taxatione nostra non argenti pondus, non auri talentum dedit, non gratiarum fudit ornatum, sed convitio subdidit se patibuli, sepulcro sustinens carneam iniuriam, sepulturam. Nihil majus potuit dare, nihil melius. Ut utique sit probandum quod diligentius nos sibi servire voluit, qui pretiosius nos redemit. Ergo ut in nobis redemptionis suæ beneficia dignetur perficere, constanter nos convenit ac perseveranter orare.Sachons, frères bien aimés, unir nos transports avec la réserve, nos fêtes avec la vigilance, nos joies avec la règle. Il est juste que nous soyons dans l’allégresse, puisque nous sommes ressuscités ; mais il nous faut craindre aussi, de peur qu’il ne nous arrive de tomber. Entre la vie nouvelle et la mort qui l’a précédée, connaissons bien celle des deux à laquelle nous avons échappé, et choisissons celle que nous devons aimer. Ce n’est pas erreur, c’est mépris, de pécher quand on est averti. Une peine plus sévère attend après la récidive celui qui fut d’abord gracié ; et ce serait une chose indigne si celui que l’on a racheté allait de nouveau retomber dans les fers. Outre la bonté, Dieu possède la puissance ; cette puissance est de nature à nous faire trembler, et la crainte qu’elle inspire vient de ce qu’elle est vengeresse. Si Dieu s’est montré si miséricordieux envers l’homme, c’est que sa colère s’était déchargée d’abord contre le démon. Une grâce toute gratuite nous a rendu nos forces : n’allons pas retomber par le péché dans notre première maladie. C’est dans le but de nous voir corrigés que Dieu nous a octroyé le pardon, et son indulgence demeurera sur nous, si nos offenses ne se renouvellent pas. En nous remettant nos péchés, il nous a avertis de ne pécher plus. Sa clémence a été pour nous un bien, si la pénitence nous a changés. La grâce divine a daigné adopter un pécheur ; mais l’enfer n’a pas encore reçu le démon, et ne s’est pas refermé sur lui. On lui a arraché violemment le pécheur ; mais la nature qui produit le péché est restée. L’arène du combat est ouverte, et le repos n’aurait aucune sûreté. L’adversaire a été dépouillé, mais non tué ; sa rage doit être au comble d’avoir perdu les sujets qu’il dominait avec tant d’empire. La foi est devenue pour nous un camp, la croix une arme, la chair et le sang du Christ un étendard ; reste à attendre le moment de la bataille. Celui qui a voulu nous assujettir au combat comme à une nécessité, approuve en nous l’espoir de la victoire. Il a commencé par nous octroyer le don de l’adoption ; le jugement lui reste à porter sur notre vie. Maintenant il nous promet ses bienfaits : après l’heure du travail viendra le moment critique. Ayons donc devant les yeux le bienfait du Seigneur plein de miséricorde qui, lorsqu’il s’est agi de notre rançon, n’a pas versé un poids d’argent, un talent d’or, ne s’est pas borné à répandre ses grâces, mais s’est soumis à un infâme gibet, acceptant jusqu’à la plus sanglante insulte dans sa chair, l’insulte du tombeau. Certes, il ne pouvait rien faire de plus grand que ce qu’il a fait pour nous, rien de plus avantageux ; mais il a dû exiger que notre service envers lui fût d’autant plus soigneux, qu’il a daigné nous racheter à un plus grand prix. Afin donc qu’il daigne achever en nous les bienfaits de sa rédemption, attachons-nous avec constance et persévérance à la prière.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

L’Église appelle Pascha nostrum la résurrection de Jésus-Christ parce que, après son triomphe sur la mort et sur le péché, il répandit sur son corps mystique la plénitude de sa vie divine, la grâce, les charismes du Paraclet et la suprême gloire de l’éternité ; aussi saint Ambroise put-il dire que le monde tout entier est ressuscité avec le Sauveur. Aujourd’hui les antiennes de l’introït, de l’offertoire et de la communion sont inspirées par un vif sentiment de reconnaissance pour un si grand bienfait, et chantent la victoire de Jésus ressuscité, dont l’écho se prolonge jusqu’aux extrémités de la terre. L’introït est tiré d’Isaïe (XLVIII, 20) ; c’est un cri de joie jusqu’aux derniers confins du monde, là même où, comme en Afrique, en Australie, parmi les peuples les plus sauvages où l’on serait tenté de voir comme un trait d’union entre l’homme et la bête féroce, est annoncé le Christ crucifié, Rédempteur du genre humain.

Dans la collecte nous rappelons que Dieu est la source de l’être, et nous le supplions donc d’abord de nous inspirer des sentiments conformes à la justice et à la piété, nous donnant ensuite la force de les traduire en actes. Ceci nous montre quelle petite part de gloire nous pouvons revendiquer pour le peu de bien que nous faisons. L’idée première, la détermination de la volonté libre, l’exécution du bon propos, tout cela nous vient de Dieu, en sorte qu’il n’y a de nôtre que la seule coopération à la grâce, comme cela convient à des créatures raisonnables, et cela encore vient de Dieu. Quels sentiments d’humble sujétion à Dieu et de défiance de nous-mêmes ne doit pas nous inspirer cette vérité de la doctrine catholique ? Tant il est vrai que l’humilité détermine le rythme de nos relations avec Dieu.

La lecture de saint Jacques se continue (I, 22-27), et nous y sommes mis en garde contre la fausse piété, qui fait tout consister en affections sentimentales ou en rites extérieurs, sans le renoncement à nous-mêmes, sans efforts, sans labeur. Au contraire, la vraie religion est active et se reconnaît aux bonnes œuvres. L’Apôtre en énumère quelques-unes, telles que la prudence dans les paroles, les œuvres de bienfaisance, etc., puis il mentionne une vertu de caractère général et qui est comme la condition de toutes les autres : ne pas participer au mauvais esprit du monde mais vivre au contraire de l’esprit de l’Évangile.

Combien devraient y penser tant de chrétiens de nos jours, pour qui tout le christianisme se réduit à être baptisé, et à accomplir, vaille que vaille, ces actes cultuels qu’on appelle très improprement devoirs religieux. Le christianisme de ces soi-disant pratiquants se réduit à cela. Et pourtant, au jour de leur baptême, ils ont promis de renoncer au démon et à ses pompes — c’est-à-dire à l’esprit du monde, qui est la glorification de Satan. Ils savent que Jésus s’est positivement refusé à prier pour le monde — pro eis rogo, non pro mundo [31] — et que l’esprit de l’Évangile est un esprit de mortification, d’humilité, de charité, de pureté. Au contraire nous n’en voyons que trop parmi ces chrétiens pratiquants de nos jours : ils ont à peu près oublié leur catéchisme ; ils jouissent de la vie, et ils pensent que Dieu et l’Église doivent leur savoir gré d’orner de leur nom les cercles catholiques, et de daigner honorer quelquefois de leur présence les cérémonies paroissiales. Vaine illusion ! Saint Jacques nous enseigne que ce peuple se trompe lui-même, et que sa religiosité est privée de bases solides. Nous devons nous habituer à accomplir nos pratiques religieuses par conviction et non par convention ; et nous devons ensuite mettre tous les actes de notre vie, toutes les intentions de notre âme, tous les battements de notre cœur, d’accord avec cette conviction intime.

Dans le verset, on chante encore une fois la victoire du Triomphateur de la mort, laquelle est d’autant plus glorieuse que Jésus, après une mort ignominieuse, est ressuscité du tombeau, et a partagé son triomphe avec l’humanité tout entière. Il a triomphé, non par les armes terribles de sa divinité, mais dans la faiblesse de son humanité. Le démon lutte contre lui, le Saint et l’Innocent, mais il s’épuise dans cette lutte inutile, et ses armes s’émoussent, en sorte qu’elles n’ont plus aucune efficacité contre nous.

Dans le chant alléluiatique qui précède l’Évangile, nous décrivons, avec les paroles du Sauveur, toutes les phases de notre vie. Comme Jésus, nous aussi nous venons de Dieu, et nous sommes au monde pour accomplir une mission. Laquelle ? Celle du salut de l’âme et du retour à Dieu. La vie est donc un voyage. Où allons-nous ? Le torrent impétueux nous transporte dans l’océan de l’éternité. Nous allons à Dieu, que nous le voulions ou non, justes et pécheurs, et la vie ne peut avoir d’autre signification que celle de rechercher Dieu. Le rechercher, nous entendons comme Père et comme Rédempteur, sur la route de l’Évangile, afin de le trouver plus tard comme Juge compatissant près de notre lit d’agonie. Pour le trouver alors, il faut le chercher maintenant qu’il fait jour. Celui qui attend pour le chercher que la vie arrive à son déclin et que les ténèbres de la mort l’enveloppent, celui-là s’expose au risque de ne plus jamais trouver Dieu, ni alors ni durant toute l’éternité.

Dans la lecture évangélique on continue le discours de Jésus prononcé à l’occasion de la dernière Cène. (Ioan. XVI, 23-30). Par l’ascension de Jésus au ciel, notre élévation à la dignité de fils de Dieu, moyennant l’effusion du Saint-Esprit, devient parfaite et complète. A cette transformation radicale de notre être doivent correspondre des relations tout à fait nouvelles avec Dieu. Maintenant nous ne sommes plus simplement des sujets et des serviteurs, nous sommes des fils qui, en priant, font valoir des droits imprescriptibles sur le cœur de leur Père. C’est en ce sens que Jésus dit qu’absolument parlant, sa prière au Père en notre faveur ne serait point nécessaire, parce que, pour son compte, le Père nous aime tendrement. En fait, pourtant, Jésus prie toujours pour nous au ciel, soit pour nous attester ainsi son amour, soit parce qu’il ne peut jamais être absent de nos relations avec Dieu. Si le Père nous aime, s’il nous adopte pour ses fils, s’il nous prédestine à la grâce et ensuite à la gloire, c’est toujours en Jésus et par Jésus. Aussi l’Église termine-t-elle ainsi son hymne consécratoire de l’Eucharistie : Per Ipsum, et cum Ipso, et in Ipso est Tibi Deo Patri Omnipotenti in unitate Spiritus Sancti omnis honor et gloria [32].

Le verset de l’offertoire est le même qu’au mercredi des grands scrutins baptismaux. Dieu n’a pas rejeté ma supplication au jour de la tribulation, c’est-à-dire quand il fut dit aux satellites : « Voici votre moment et l’heure du pouvoir du prince des ténèbres. » Dieu m’a rendu à une vie nouvelle, sans que mes adversaires puissent se vanter de m’avoir renversé de la place centrale que j’occupe dans l’histoire des siècles. Vous tous, ô peuples, qui avez part à une si grande miséricorde, rendez grâces et faites retentir les hymnes de fête jusqu’aux coins les plus reculés du globe, annonçant partout les gloires de la Rédemption.

Dans la collecte sur les oblations, on supplie Dieu d’accueillir les prières du peuple fidèle qui accompagnent les offrandes présentées par celui-ci à l’autel comme symbole de sa dévotion. Au moyen de ces offrandes, dans l’antiquité, les fidèles exprimaient la participation active qu’ils entendaient prendre au sacrifice du prêtre. Maintenant, la dévotion diminuée a induit l’Église à modifier sur ce point sa discipline primitive ; mais dans les premiers siècles, pour que le sacrifice festif que l’évêque ou le prêtre offrait pour tout le peuple, représentât même matériellement l’offrande sociale de toute la communauté fidèle, chacun des assistants, sans exception, y compris même le Pape à Rome, présentait à l’autel sa propre oblation. Au Latran on faisait une seule exception en faveur des petits chantres de l’orphanotrophium musical, qui toutefois devaient du moins présenter à la messe l’eau à verser dans le calice du divin sacrifice.

Durant les siècles postérieurs, cette discipline primitive fut remplacée par l’usage d’offrir au célébrant des sommes d’argent, dites aumônes, pour la messe. Il conviendrait que les fidèles comprissent toute l’importance que doit avoir leur contribution personnelle pour soutenir les dépenses du culte et qu’ils l’envisagent non comme un rite de dévotion funèbre lors du décès de l’un de leurs proches, mais comme une part de leurs devoirs de chrétiens et comme une conséquence du précepte imposé jadis par Dieu aux Israélites, de concourir par leurs offrandes aux dépenses cultuelles du temple et à l’entretien de ses ministres. Ce devoir crée aujourd’hui une obligation plus grave, depuis que les gouvernements libéraux ont confisqué presque tous les revenus ecclésiastiques, contraignant l’Église non pas simplement à subsister, mais aussi à soutenir toutes ses nombreuses institutions de bienfaisance, de propagande, etc., avec les seules aumônes de ses enfants.

L’antienne pour la Communion provient du psaume 95. C’est un cri d’allégresse qui fait un doux écho à celui de l’introït : Chantez au Seigneur, bénissez le nom nouveau qui lui a été attribué en récompense de sa douloureuse passion. Ce nom qui est au-dessus de tout autre nom, et à l’audition duquel, malgré eux, sont contraints de plier le genou en tremblant même les esprits infernaux, c’est Jésus, qui veut dire Sauveur du genre humain. Ce nom, quand il fut imposé au divin Enfant le jour de sa circoncision, représentait un programme prophétique qui maintenant enfin a atteint sa réalisation, depuis que le Sauveur, au matin de Pâques, a inauguré un jour nouveau, un jour non pas humain, mais que seul le Seigneur a fait, l’ère messianique de la Rédemption.

Dans la collecte eucharistique, comme fruit de la sainte Communion, nous demandons que Jésus répande en nous une grande faim et une grande soif de bien, de saint idéal, de justice, de vérité. Bienheureuses ces âmes qui, imitant Daniel, vivent de ces saints désirs ! Celui qui allume en elles cette sainte flamme, qui excite dans leur cœur cette faim et cette soif de Dieu, saura bien la rassasier.

Aller au Père, voilà tout le sens et le mouvement de la vie. Il n’y en a pas d’autre. Aller à la suite de Jésus, par la via Crucis des devoirs d’état, voilà l’holocauste sublime imposé par l’esprit évangélique. Mais combien rares sont les âmes qui, à l’égal de saint Philippe Neri, prennent la généreuse résolution de ne s’arrêter jamais pour regarder quoi que ce soit sur la route, et de ne jamais chercher d’autre repos du cœur qu’en contemplant de loin le but final du ciel !

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Cette semaine est une des plus riches de l’année en cérémonies liturgiques. Le bon chrétien devrait célébrer cinq fois l’Eucharistie. Le dimanche, naturellement ; les trois jours suivants sont les Rogations, et la fête de l’Ascension est une fête d’obligation. Si nous voulons résumer en deux mots ce qui se passe dans l’Église cette semaine, nous dirons : ce sont les Rogations et c’est la fête de l’Ascension. Quelle relation y a-t-il entre ces deux pensées ? Au début, la relation entre les Rogations et la fête de l’Ascension n’était pas voulue ; cependant, il est facile de l’établir. Le Christ est prêt à partir pour le ciel. Avant son départ, nous voulons lui confier nos besoins et nos prières pour qu’il les présente à son Père céleste dans l’éternelle patrie.

C’est pourquoi ce dimanche est un jour de préparation au départ du Seigneur ; c’est, en même temps, un jour de prière. L’Église veut nous inspirer une grande confiance dans la prière. Dans les jours qui vont suivre, nous confions au Seigneur toutes nos demandes et toutes nos intentions pour l’année entière. Prions donc avec, une grande ferveur, dans nos besoins temporels et spirituels, pour nous-mêmes, pour les nôtres, pour notre pays et pour toute la chrétienté. Et, jeudi, nous accompagnerons avec joie le Seigneur montant au ciel. Samedi soir. Les pensées du dimanche de prière se reflètent, déjà, dans l’antienne du samedi soir : « Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez et vous recevrez, Alléluia ».

Cinquième Dimanche après Pâques.

Demandez et vous recevrez.

Que ce dimanche soit entièrement dominé par les pensées de la prière, cela apparaît déjà dans les deux antiennes directrices du matin et du soir. « Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez » (Ant. Bened.). « Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit pleine ; le Père lui-même vous aime, parce que vous m’aimez et que vous croyez en moi, Alléluia » (Ant. Magn.)

1. La messe (Vocem jucunditatis). — Plus le départ du Christ approche, plus est grande la Jubilation de l’Alléluia (l’Église ne s’attache pas à un deuil sentimental du départ) : « Que le cri de la joie résonne et que tous l’entendent : Alléluia ! Annoncez-le jusqu’aux extrémités de la terre : le Seigneur a racheté son peuple, Alléluia, Alléluia ». De nouveau, nous chantons le cantique de l’action de grâces pour la délivrance de l’exil. C’est le psaume 65, le canticum resurrectionis (Intr.).

Dans l’oraison, notre Mère l’Église demande pour nous deux dons importants : que nous comprenions la dignité de l’état de chrétien et que nous vivions conformément à cet état. L’oraison nous fait déjà pressentir les pensées des deux lectures. L’Évangile se préoccupe toujours volontiers du dogme et du mystère, alors que l’Épître nous instruit plutôt de la morale et de la vie. C’est le cas, ici.

L’Épître nous fait pénétrer dans la vie chrétienne pratique. Depuis le troisième dimanche, l’Église s’efforce de nous former à la vie rude. L’Apôtre saint Jacques qui, la semaine dernière, nous a donné tant de leçons substantielles et pratiques, se fait, aujourd’hui encore, notre prédicateur. Cet homme qui, à force de prier, avait des « durillons » aux genoux, est parfaitement qualifié pour être notre docteur en ce dimanche de prière. Il développe l’une des demandes de l’oraison. Il ne suffit pas d’écouter la parole de Dieu, il faut la pratiquer ; il faut mettre un frein à sa langue et se garder pur de ce monde.

L’Alléluia est comme un écho de l’Épître. Nous devons être de petits soleils, des lumières, un reflet du Ressuscité qui se lève au-dessus de nous comme le Soleil de Pâques. Le second verset est une pièce magnifique :

« Je suis sorti de mon Père
Et je suis venu dans le monde ;
Je quitte de nouveau le monde
Et je vais à mon Père ».

L’Église nous expose toute la vie du Seigneur dans ces quatre phrases brèves et majestueuses. Comme quatre colonnes, elles portent l’œuvre de la Rédemption. Mais, en chantant ces paroles, nous pouvons nous en faire l’application. Nous pouvons tous les jours les redire.

A l’Évangile, le Seigneur nous donne sa parole sacrée que la prière faite en son nom sera exaucée. C’est vraiment, en ce dimanche de prière, le « joyeux message » sur lequel s’appuient les trois jours qui vont suivre. Ensuite, le Seigneur parle de l’éclat du temps messianique. L’ère messianique est le commencement, pour les enfants de Dieu, de deux grands bienfaits. Ils trouvent un cœur paternel qui leur est ouvert (la prière au nom de Jésus). Le Saint-Esprit exprime sans image, d’esprit à esprit, la vérité intérieure. La réalisation de ces bienfaits, nous la trouvons dans toute la vie liturgique cultuelle de l’Église. Le Christ, dans cet Évangile, a donné la plus belle définition de la sainte liturgie. Envisagée de notre point de vue, c’est la parole, la prière adressée au Père au nom de Jésus ; du point de vue de Dieu, c’est la manifestation sans voile de la vérité et la communication directe de la grâce par notre Père céleste à ses enfants. Les quatre magnifiques phrases de la bouche du Seigneur sont comme la conclusion et le résumé de sa vie avant son Ascension. Il veut, avant son départ, nous dire encore une fois : voilà quelle fut mon œuvre !

A l’Offertoire, nous chantons encore le cantique pascal (Ps. 65). Dans la personne des néophytes, nous remercions le Seigneur de ce qu’il « a donné la vie à notre âme » et nous a délivrés des filets de Satan. A la Secrète, nous demandons que passant par les fêtes eucharistiques, nous puissions arriver à la gloire céleste » (par conséquent, que nous puissions suivre le Seigneur au ciel). L’antienne de la Communion est, elle aussi, remplie de jubilation et de joie.

2. Lecture d’Écriture (1 Pierre, 1, 1-21). — Cette semaine, l’Église nous fait lire les deux Épîtres de l’Apôtre saint Pierre. Ce sont les lettres pastorales du premier pape à l’Église. Nous lirons donc ces deux Épîtres avec un grand respect. Au début de la première Épître, saint Pierre parle, en termes solennels, de la vie de la grâce. « Béni soit Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés par la Résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour une vivante espérance, pour un héritage incorruptible, sans souillure et inflétrissable, qui vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi pour le salut, qui est prêt à se manifester au dernier moment. Dans cette pensée, vous tressaillez de joie, bien qu’il vous faille encore, pour un peu de temps, être affligés par diverses épreuves, afin que l’épreuve de votre foi, beaucoup plus précieuse que l’or périssable qu’on ne laisse pourtant pas d’éprouver par le feu, vous soit un sujet de louange, de gloire et d’honneur, lorsque se manifestera Jésus-Christ. Vous l’aimez sans l’avoir jamais vu ; vous croyez en lui bien que, maintenant encore, vous ne le voyiez pas. C’est pourquoi vous tressaillerez d’une joie ineffable et pleine de gloire, quand vous aurez atteint le but de votre foi, le salut de votre âme ». Ensuite, saint Pierre exhorte à la conduite sainte : « Soyez saints dans toute votre conduite, comme est saint celui qui vous a appelés ». Il est écrit, en effet : « Soyez saints parce que je suis saint ». Si vous donnez le nom du Père à celui qui, sans acception de personne, juge chacun selon ses œuvres, vivez dans la crainte ; pendant que vous êtes des étrangers ici-bas. Vous savez, en effet, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous teniez de vos pères, non par des biens périssables, de l’or et de l’argent mais par le sang précieux du Christ qui est comme un Agneau innocent et immaculé. Il a été choisi pour cela, dès avant la création du monde, et est apparu dans les derniers temps à cause de vous. C’est par lui que vous êtes parvenus à la foi en Dieu qui l’a ressuscité des morts et l’a glorifié. Ainsi votre foi est en même temps, votre espérance Dieu ».

3. Les enseignements liturgiques de ce dimanche. — Nous avons déjà pu observer, pendant les deux derniers dimanches, que l’Église dirige notre regard vers l’avenir. La Pentecôte est précisément, dans l’esprit de la liturgie, l’époque de la maturité. A Pâques, nous avons reçu de nouveau la filiation divine ; à la Pentecôte, nous devons recevoir la maturité spirituelle. A la Pentecôte, l’Église nous laisse aller dans le monde : nous sommes des chrétiens complets. C’est pourquoi, dans la seconde moitié du temps pascal, la liturgie s’est appliquée à nous donner des leçons et des avis pratiques. Le troisième dimanche, elle nous dit que nous sommes des étrangers et que nous n’appartenons pas au monde ; le quatrième dimanche, elle nous a lu l’Épître : si pratique, de saint Jacques et nous a exhortés à la patience. Aujourd’hui encore, nous recevons une série de conseils pour notre vie. Le Sauveur nous recommande très instamment la prière fervente en son nom et l’Épître de saint Jacques nous donne des leçons pratiques.

Mais nous découvrons, aujourd’hui à la messe, trois enseignements particuliers pour une association liturgique ou pour les amis de la liturgie.

1. Le premier enseignement est la prière au nom de Jésus. Qu’est-ce qu’une prière au nom de Jésus ? C’est une prière faite selon les intentions du Christ et appuyée sur les mérites du Christ, mais aussi une prière dont les demandes puissent être soutenues par le Christ. Cette prière n’est autre que la prière liturgique. La prière liturgique se fait au nom de l’Église et du Christ ; c’est la prière du corps mystique du Christ. Combien la prière liturgique est élevée au-dessus de la prière privée ! Dans la prière privée, c’est le moi qui prie ; dans la prière liturgique, c’est l’Église. Ma prière privée n’a de valeur qu’autant que j’en ai moi-même devant Dieu ; quant à la prière de l’Église, elle a toujours une grande valeur, car l’Église est l’Épouse sans tache du Christ, son corps mystique. Quand l’Église prie, c’est le Christ qui prie ; sa prière est donc, au sens le plus élevé, la prière au nom du Christ.

Quelles sont ces prières liturgiques faites au nom de Jésus ? D’abord le bréviaire. Ce n’est pas la prière du prêtre, mais la prière de l’ensemble de l’Église. Certes, les fidèles ne peuvent pas réciter cette prière tout entière, mais ils peuvent en réciter quelques parties avec l’Église. La messe, aussi, est une prière de l’Église ; c’est même la plus sublime prière au nom de Jésus. Dans chaque messe, nous ne nous contentons pas d’en appeler à la parole du Christ, mais nous recevons de lui un gage : nous pouvons offrir au Père céleste son corps et son sang. Rappelons-nous aussi que chaque oraison se termine ainsi : « Par Notre-Seigneur Jésus-Christ », ce qui veut dire que le Sauveur est le médiateur de cette prière. Chrétiens, cultivons avec ardeur la prière liturgique.

2. Nous découvrons encore un second enseignement liturgique dans la messe d’aujourd’hui. Le Seigneur nous expose, à grands traits, sa vie de Rédempteur : « Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde et je vais au Père ». L’Église souligne ces paroles en les chantant à l’Alléluia. Elle veut donc que nous leur donnions une attention particulière et que nous les méditions. Si nous les examinons de plus près, nous verrons que le Seigneur indique, par là, le double cycle festival de l’année liturgique. « Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde », c’est le cycle de Noël. « Je quitte de nouveau le monde et je vais au Père », c’est le contenu principal du cycle pascal : La messe d’aujourd’hui nous recommande donc de vivre en union avec l’année liturgique. Mais nous entendons encore, de la bouche du Seigneur, une parole mystérieuse : « Je vous ai dit ces choses en paraboles. Mais l’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais je vous parlerai ouvertement du Père ». Que veut dire cela ? La vie du Christ, ses miracles et ses actions étaient des figures de son action dans l’Église et dans les âmes. Notre tâche est d’étudier la vie du Seigneur et d’y voir l’image de son action salutaire en nous. Cela nous donne la clef qui nous fera pénétrer réellement dans le sens de la Sainte Écriture. Nous ne nous appliquerons pas à voir dans l’Évangile uniquement le récit historique ; ce n’est pas la manière de la liturgie. L’Église ne veut pas nous annoncer du passé, mais du présent. Les dispositions, les pensées, les sentiments, les actions du Christ sont aujourd’hui les mêmes qu’autrefois. Le Christ, autrefois, « disait ces choses en paraboles » ; il nous parle aujourd’hui sans paraboles. Il faut donc que nous considérions les faits évangéliques dans notre cœur. Les paroles du Christ nous sont adressées à nous aussi, ou bien elles sont prononcées pour nous. Toute la plénitude des évangiles appartient aussi à l’Église et, dans l’Église, nous appartient. Quand nous lisons dans l’Évangile le récit des miracles du Christ, quelle en est la signification, sinon celle que l’Église nous indique ? C’est une Image de l’action du Christ dans notre âme. Jadis, le Seigneur guérissait les maladies corporelles ; il guérit, actuellement, les maladies de l’âme. Jadis, le Seigneur ressuscitait les morts ; il ressuscite, maintenant, les morts spirituels. Bref, toute la vie du Seigneur, avec ses miracles et ses actions, est une grande image, une figure de son action dans l’Église et dans les âmes Tel est le second enseignement pour les amis de la liturgie.

Nous accueillons avec joie et reconnaissance les deux premiers enseignements. Nous en recevons un troisième, un avis, qui, peut être, nous fera rougir ; « Ne vous contentez pas d’écouter la parole, mettez-la aussi en pratique ; autrement, vous vous trompez vous-mêmes ». Que veut dire cela ? L’Église nous dit : c’est très bien d’aller exactement aux offices, d’écouter les paroles du prédicateur, bref, de participer avec zèle aux solennités de la sainte liturgie. Mais ce n’est pas assez. Vous devez aussi, dans le monde, vous conduire selon l’esprit de la liturgie. Le chrétien liturgique a aussi des devoirs dans le monde. Nous sommes assurément les enfants de prédilection de l’Église et du Christ ; c’est pourquoi nous avons le devoir strict de transporter la liturgie dans notre vie. Rappelons-nous la prière que nous faisons le dimanche blanc : nous devons garder l’esprit de Pâques dans notre conduite et notre vie. Nous pouvons en dire autant de chaque fête, de chaque dimanche. Ce que nous avons fêté aujourd’hui doit se réaliser pendant toute la semaine dans notre vie. Les chrétiens liturgiques doivent être des chrétiens pratiques. Saint Jacques, le grand homme de prière, l’Apôtre liturgique, nous indique comment nous devons faire. Il nous dit : Si vous voulez vraiment être liturgiques, exercez aussi la liturgie de la vie ; gardez votre langue, prenez soin des pauvres, gardez-vous des souillures de ce monde. La langue qui, dans les saintes solennités, loue le Seigneur, la langue qui se rougit du sang du Christ, doit rester sainte. L’âme qui, dans les offices religieux, appelle Dieu son Père, doit, dans le monde, traiter les hommes comme des frères. Le corps qui sert Dieu dans la liturgie doit aussi se garder des souillures du monde.

Tel est l’idéal des chrétiens liturgiques : prier avec l’Église, vivre avec l’Église et l’année liturgique, et faire passer la liturgie dans la vie.

[1] Luc. 24, 29.

[2] Les Juifs qui n’habitaient pas la Judée étaient appelés de la dispersion et se regardaient comme étrangers, là où ils étaient établis.

[3] Ps. 136, 5.

[4] Ps. 136, 1.

[5] « En contemplant l’Esprit-Saint, les Anges voient aussi le Père et le Fils, parce que les trois personnes divines ont une même essence : cette vision fait leur bonheur, et accomplit constamment leur désir. Ils désirent aussi contempler les opérations et les dons du Saint-Esprit, qui sont l’ornement des fidèles et de l’Église ; ils nous apportent et nous procurent ces dons, car ils sont chargés d’un ministère concernant le gouvernement de l’Église et notre salut. Saint Pierre a nommé ici l’Esprit-Saint, parce que l’œuvre de notre vocation et de notre sanctification est une œuvre de grâce et d’amour. » (Corn. a Lapide).

[6] Ps. 76, 17.

[7] « Par les reins de l’âme, Saint Pierre entend les puissances, les facultés les affections, les désirs, les passions de l’âme, et il nous ordonne de les ceindre pour ne pas leur laisser une liberté dangereuse, qui entraverait notre course vers le ciel. » (Corn. a Lap.).

[8] Lév. 11, 44.

[9] Ps. 21, 23.

[10] Ps. 56, 10.

[11] I Cor. 15, 21.

[12] Ps. 67, 27.

[13] Ps. 65, 2.

[14] I Cor. 15, 22.

[15] Ps. 118, 10.

[16] Ps. 118, 12.

[17] Ps. 87, 5.

[18] Jn. 2, 19.

[19] Ps. 136, 3.

[20] Ps. 143, 2.

[21] Ps. 117, 28.

[22] Ps. 81, 1.

[23] Ps. 91, 4.

[24] Luc. 24, 29.

[25] Johan. XVI, 16.

[26] Luc. XXIV, 26.

[27] Matth. XXVIII, 16.

[28] I Cor. XV, 5.

[29] Matth. XXIII, 37.

[30] I Cor. VII, 31.

[31] Je prie pour eux, non pour le monde, Jn. 17, 9.

[32] « Par Lui, avec Lui et en Lui, à Vous, Dieu le Père Tout-Puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire », Canon Romain, doxologie.