Psaume 143, ii

Psalmus 143, ii Psaume 143, ii [1]
Deus, cánticum novum cantábo tibi : * in psaltério decachórdo psallam tibi.Dieu, je vous chanterai un cantique nouveau : * je vous célébrerai sur la lyre à dix cordes.
Qui das salútem régibus : * qui redemísti David, servum tuum, de gládio malígno : éripe me.Vous qui procurez le salut aux rois : * qui avez sauvé David, votre serviteur, du glaive meurtrier : délivrez-moi.
Et érue me de manu filiórum alienórum, quorum os locútum est vanitátem : * et déxtera eórum, déxtera iniquitátis :Et arrachez-moi des mains des fils des étrangers, dont la bouche a proféré la vanité, * et leur droite est une droite d’iniquité [2] :
Quorum fílii, sicut novéllæ plantatiónes * in iuventúte sua.Leurs fils sont comme de nouvelles plantes * dans leur jeunesse.
Fíliæ eórum compósitæ : * circumornátæ ut similitúdo templi.Leurs filles sont parées : * et ornées à la manière d’un temple.
Promptuária eórum plena, * eructántia ex hoc in illud.Leurs greniers sont remplis, * et débordent de l’un dans l’autre.
Oves eórum fœtósæ, abundántes in egréssibus suis : * boves eórum crassæ.Leurs brebis sont fécondes et innombrables quand elles vont aux pâturages : * leurs vaches sont grasses.
Non est ruína macériæ, neque tránsitus : * neque clamor in platéis eórum.Il n’y a pas de brèche à leur clôture, ni de passages : * et jamais un cri sur leurs places publiques.
Beátum dixérunt pópulum, cui hæc sunt : * beátus pópulus, cuius Dóminus Deus eius.Ils disent heureux le peuple qui jouit de ces biens [3] : * (mais plutôt) heureux le peuple [4] qui a le Seigneur pour son Dieu [5].
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts :
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

[1] Dans cette seconde partie du psaume nous voyons que : Les méchants sont pleins de fourberie, (v. 9 et 12), pourtant ils prospèrent ici-bas : a) dans leurs enfants, car ils ont des fils qui ressemblent à de jeunes plantations en pleine croissance (v. 13), ils ont des filles parées avec luxe, si parées même tout alentour qu’on peut les comparer non sans quelque ironie à un temple (v. 14) ; b) dans leurs biens car leurs greniers sont pleins, leurs troupeaux abondants (v. 16), leurs bâtiments bien entretenus (v. 17) ; c) en eux-mêmes en ce qu’ils semblent avoir la paix (v. 17).

[2] C’est donc à leurs œuvres et à leurs discours que vous pourrez reconnaître ces étrangers, comme J.-C. le déclare : (S. Matth., VII, 16) « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. » (Saint Chrysostome).

[3] N’est-ce donc point là le bonheur ? Soit, mais le bonheur du temps, périssable et matériel. Ces hommes n’étaient point vains et méchants parce qu’ils le possédaient, mais parce qu’ils l’estimaient plus que les biens de l’éternité. Si les richesses se trouvent chez vous en abondance, n’y attachez point votre cœur. (Saint Augustin).

[4] Les richesses de la terre s’écoulent avec rapidité ; la félicité immuable c’est d’avoir le Seigneur pour Dieu, pour trésor, pour sécurité, pour rempart. Ne vous laissez donc pas troubler par le souci des biens de la terre ; laissez les ombres pour vous attacher à la vérité, n’estimez dignes d’envie que ceux qui servent Dieu. Cherchons toujours cette véritable félicité afin d’obtenir les biens de la vie future. (Saint Chrysostome).

[5] Le dernier verset nous donne en quelques mots la conclusion. On les a dits heureux ! Tel est le jugement du monde ; mais nous proclamons sous l’influence de l’Esprit de vérité et à l’exemple de David, que seul il possède le bonheur réel, le peuple (ou l’homme) qui a pour Dieu, non le plaisir ou la richesse, mais le Seigneur. L’opposition est frappante, la terminaison sublime. (Bx. Bellarmin).