Accueil - Missel - Temporal - Temps Pascal

Jeudi de Pâques

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Card. Journet, L’apparition à Marie de Magdala  

Textes de la Messe

Feria Quinta infra Octavam Paschæ
Jeudi de Pâques
ante CR 1960 : semiduplex
semidouble
CR 1960 : I classis
1ère classe
Statio ad Ss. duodecim Apostolos
Station aux Douze-Apôtres
Ant. ad Introitum. Sap. 10, 20-21.Introït
Victrícem manum tuam, Dómine, laudavérunt páriter, allelúia : quia sapiéntia apéruit os mutum, et linguas infántium fecit disértas, allelúia, allelúia.Ils ont loué, tous ensemble, Seigneur, votre main victorieuse, alléluia ; car la sagesse a ouvert la bouche des muets, et a rendu éloquentes les langues des enfants, alléluia, alléluia.
Ps. 97, 1.
Cantáte Dómino cánticum novum : quia mirabília fecit.Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car il a opéré des merveilles.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui diversitátem géntium in confessióne tui nóminis adunásti : da, ut renátis fonte baptísmatis una sit fides méntium, et píetas actiónum. Per Dóminum.Dieu, qui avez réuni la diversité des nations dans la confession de votre nom : faites que, pour ceux qui ont eu la grâce de renaître dans la fontaine baptismale, la foi de l’esprit et la piété des œuvres soient une même chose.
Léctio Actuum Apostolórum.Lecture des Actes des Apôtres.
Act. 8, 26-40.
In diébus illis : Angelus Dómini locútus est ad Philíppum, dicens : Surge et vade contra meridiánum ad viam, quæ descéndit ab Ierúsalem in Gazam : hæc est desérta. Et surgens ábiit. Et ecce, vir Æthiops eunúchus, potens Candácis regínæ Æthíopum, qui erat super omnes gazas eius, vénerat adoráre in Ierúsalem : et revertebátur sedens super currum suum, legénsque Isaíam Prophétam. Dixit autem Spíritus Philíppo : Accéde et adiúnge te ad currum istum. Accúrrens autem Philíppus, audívit eum legéntem Isaíam Prophétam, et dixit : Putásne, intéllegis, quæ legis ? Qui ait : Et quómodo possum, si non áliquis osténderít mihi ? Rogavítque Philíppum, ut ascénderet et sedéret secum. Locus autem Scriptúræ, quam legébat, erat hic : Tamquam ovis ad occisiónem ductus est : et sicut agnus coram tondénte se, sine voce, sic non apéruit os suum. In humilitáte iudícium eius sublátum est. Generatiónem eius quis enarrábit, quóniam tollétur de terra vita eius ? Respóndens autem eunúchus Philíppo, dixit : Obsecro te, de quo Prophéta dicit hoc ? de se, an de álio áliquo ? Apériens autem Philíppus os suum, et incípiens a Scriptúra ista, evangelizávit illi Iesum. Et dum irent per viam, venérunt ad quandam aquam : et ait eunúchus : Ecce aqua, quid próhibet me baptizári ? Dixit autem Philíppus : Si credis ex toto corde, licet. Et respóndens, ait : Credo, Fílium Dei esse Iesum Christum. Et iussit stare currum : et descendérunt utérque in aquam. Philíppus et eunúchus, et baptizávit eum. Cum autem ascendíssent de aqua, Spíritus Dómini rápuit Philippum, et ámplius non vidit eum eunúchus. Ibat autem per viam suam gaudens. Philíppus autem invéntus est in Azóto, et pertránsiens evangelizábat civitátibus cunctis (donec veniret Cæsaréam) nomen Dómini Iesu Christi.En ce temps-là, un Ange du Seigneur parla à Philippe, et lui dit : Lève-toi et va vers le midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; cette route est déserte. Et se levant, il partit. Et voici qu’un Éthiopien, eunuque, officier de Candace, reine d’Ethiopie, et intendant de tous ses trésors, était venu adorer à Jérusalem. Il s’en retournait, assis sur son char, et lisait le prophète Isaïe. Alors l’Esprit dit à Philippe : Approche-toi et rejoins ce char. Et Philippe, accourant, l’entendit lire le prophète Isaïe, et lui dit : Crois-tu comprendre ce que tu lis ? Il répondit : Et comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me dirige ? Et il pria Philippe de monter et de s’asseoir auprès de lui. Or le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci : Comme une brebis il a été mené à la boucherie, et comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a point ouvert la bouche. Dans son abaissement son jugement a été aboli. Qui racontera sa génération, car sa vie sera retranchée de la terre ? L’eunuque, répondant à Philippe, lui dit : Je t’en prie, de qui le prophète dit-il cela ? de lui-même ou de quelque autre ? Alors Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage de l’Écriture, lui annonça Jésus. Et chemin faisant, ils rencontrèrent de l’eau ; et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. Il répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Il fit arrêter le char, et ils descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque. Lorsqu’ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus ; mais il continua son chemin, plein de joie. Quant à Philippe, il se trouva dans Azot, et il annonçait la bonne nouvelle au nom de Jésus-Christ à toutes les villes par où il passait, (jusqu’à ce qu’il fût arrivé à Césarée).
Graduale. Ps. 117, 24 et 22-23.Graduel
Hæc dies, quam fecit Dóminus : exsultémus et lætémur in ea.Voici le jour que le Seigneur a fait ; passons-le dans l’allégresse et dans la joie.
V/. Lápidem, quem reprobavérunt ædificántes, hic factus est in caput ánguli : a Dómino factum est istud, et est mirábile in óculis nostris.V/. La pierre rejetée par ceux qui bâtissaient, est devenue la pierre angulaire. C’est le Seigneur qui a fait cela, et c’est une chose merveilleuse à nos yeux.
Allelúia, allelúia. V/. Surréxit Christus, qui creávit ómnia : et misértus est humáno géneri.Allelúia, allelúia. V/. Il est ressuscité, le Christ qui a créé toutes choses, et qui a eu pitié du genre humain.
Sequentia. Séquence.
Víctimæ pascháli laudes ímmolent Christiáni.A la victime pascale, que les Chrétiens immolent des louanges.
Agnus rédemit oves : Christus ínnocens Patri reconciliávit peccatóres.L’Agneau a racheté les brebis : le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec son Père.
Mors et vita duéllo conflixére mirándo : dux vitæ mórtuus regnat vivus.La vie et la mort se sont affronté en un duel prodigieux : l’Auteur de la vie était mort, il règne vivant.
Dic nobis, María, quid vidísti in via ?Dis-nous, Marie, qu’as-tu vu en chemin ?
Sepúlcrum Christi vivéntis et glóriam vidi resurgéntis.J’ai vu le tombeau du Christ vivant, et la gloire du ressuscité.
Angélicos testes, sudárium et vestes.J’ai vu les témoins angéliques, le suaire et les linceuls.
Surréxit Christus, spes mea : præcédet vos in Galilǽam.Il est ressuscité, le Christ, mon espérance : il vous précèdera en Galilée.
Scimus Christum surrexísse a mórtuis vere : tu nobis, victor Rex, miserére. Amen. Allelúia.Nous le savons : le Christ est ressuscité des morts : ô Vous, Roi vainqueur, ayez pitié de nous. Amen. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 20, 11-18.
In illo témpore : María stabat ad monuméntum foris, plorans. Dum ergo fleret, inclinávit se et prospéxit in monuméntum : et vidit duos Angelos in albis, sedéntes, unum ad caput et unum ad pedes, ubi pósitum fúerat corpus Iesu. Dicunt ei illi : Mulier, quid ploras ? Dicit eis : Quia tulérunt Dóminum meum : et néscio, ubi posuérunt eum. Hæc cum dixísset, convérsa est retrórsum, et vidit Iesum stantem : et non sciébat, quia Iesus est. Dicit ei Iesus : Múlier, quid ploras ? quem quæris ? Illa exístimans, quia hortulánus esset, dicit ei : Dómine, si tu sustulísti eum, dícito mihi, ubi posuísti eum : et ego eum tollam. Dicit ei Iesus : María. Convérsa illa, dicit ei : Rabbóni (quod dícitur Magíster). Dicit ei Iesus : Noli me tángere, nondum enim ascéndi ad Patrem meum : vade autem ad fratres meos et dic eis : Ascéndo ad Patrem meum et Patrem vestrum, Deum meum et Deum vestrum. Venit María Magdaléne annúntians discípulis : Quia vidi Dóminum, et hæc dixit mihi.En ce temps-là : Marie se tenait dehors, près du sépulcre, pleurant. Et tout en pleurant elle se baissa, et regarda dans le sépulcre. Et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête, et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait été déposé le corps du Christ. Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et que je ne sais où ils l’ont mis. Ayant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que ce fut Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ? Pensant que c’était le jardinier, elle lui dit ; Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis, et je l’emporterai. Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit : Rabboni (c’est-à-dire, Maître) ! Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie-Madeleine vint annoncer aux disciples : J’ai vu te Seigneur, et voici ce qu’il m’a dit.
Credo
Ant. ad Offertorium. Exodi 13, 5.Offertoire
In die solemnitátis vestræ, dicit Dóminus, indúcam vos in terram fluéntem lac et mel, allelúia.Au jour de votre solennité, dit le Seigneur, je vous conduirai dans une terre où coulent le lait et le mie ! alléluia.
Secreta.Secrète
Súscipe, quǽsumus, Dómine, múnera populórum tuórum propítius : ut, confessióne tui nóminis et baptísmate renováti, sempitérnam beatitúdinem consequántur. Per Dóminum.Recevez, avec clémence, nous vous en supplions, Seigneur, les offrandes de vos peuples, afin que renouvelés par la confession de votre nom et par le baptême, ils obtiennent l’éternelle béatitude.
Præfatio, Communicántes et Hanc ígitur, ut in die Paschæ.. Préface, Communicantes et Hanc igitur du jour de Pâques
Ant. ad Communionem. 1. Petri 2, 9.Communion
Pópulus acquisitiónis, annuntiáte virtútes eius, allelúia : qui vos de ténebris vocávit in admirábile lumen suum, allelúia.Peuple que Dieu s’est acquis, annonce les grandeurs, alléluia : de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, alléluia.
Postcommunio.Postcommunion
Exáudi, Dómine, preces nostras : ut redemptiónis nostræ sacrosáncta commércia, et vitæ nobis cónferant præséntis auxílium, et gáudia sempitérna concílient. Per Dóminum.Exaucez nos prières, Seigneur, en sorte que le prix sacro-saint de notre rédemption nous procure votre secours dans la vie présente et nous obtienne les joies sans fin.
Post Dóminus vobíscum dicitur : Ite, Missa est, allelúia, allelúia.Après Dóminus vobíscum on dit : Ite, Missa est, allelúia, allelúia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.

Office

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Surréxit Dóminus vere, * Allelúia.Le Seigneur est vraiment ressuscité, * Alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymni et capitula non dicuntur in aliqua horarum, nec versiculi, nisi in Nocturno. On ne dit les hymnes et les capitules à aucune heure, ni les verts sauf au Nocturne.
Ant. 1 Ego sum qui sum * et consílium meum non est cum ímpiis, sed in lege Dómini volúntas mea est, allelúia.Ant. 1 Je suis celui qui suis [1], * et mon conseil n’est pas avec les impies [2], mais ma volonté est dans la loi du Seigneur [3], alléluia.
Psaume 1
On répète l’antienne du psaume après chaque psaume.
Ant. 2 Postulávi Patrem meum, * allelúia : dedit mihi Gentes, allelúia, in hereditátem, allelúia.Ant. 2 J’ai demandé à mon Père, * alléluia : il m’a donné les nations, alléluia, en héritage, alléluia [4].
Psaume 2
Ant. 3 Ego dormívi, * et somnum cepi : et exsurréxi, quóniam Dóminus suscépit me, allelúia, allelúia.Ant. 3 Moi je me suis endormi, * j’ai sommeillé ; et je me suis levé parce que le Seigneur m’a pris sous sa protection [5].
Psaume 3
V/. Surréxit Dóminus de sepúlchro, allelúia.V/. Le Seigneur est ressuscité du tombeau, alléluia.
R/. Qui pro nobis pepéndit in ligno, allelúia.R/. Lui qui pour nous fut attaché au bois, alléluia.
Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 20, 11-18.
In illo témpore : María stabat ad monuméntum foris, plorans. Dum ergo fleret, inclinávit se, et prospéxit in monuméntum : et vidit duos Angelos in albis, sedéntes. Et réliqua.En ce temps-là : Marie se tenait dehors, près du sépulcre, pleurant. Et tout en pleurant elle se baissa, et regarda dans le sépulcre : Et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis. Et le reste.
Homilía sancti Gregórii Papæ.Homélie de saint Grégoire, Pape.
Homilía 25 in Evangelia
María Magdaléne, quæ fúerat in civitáte peccatrix, amándo veritátem, lavit lácrimis máculas críminis:et vox Veritátis implétur, qua dícitur : Dimíssa sunt ei peccáta multa, quia diléxit multum. Quæ enim prius frígida peccándo remánserat, póstmodum amándo fórtiter ardébat. Nam postquam venit ad monuméntum, ibíque corpus Domínicum non invénit, sublátum crédidit, atque discípulis nuntiávit : qui veniéntes vidérunt, atque ita esse, ut múlier díxerat, credidérunt. Et de eis prótinus scriptum est : Abiérunt ergo discípuli ad semetípsos : ac deínde subiúngitur : María autem stabat ad monuméntum foris, plorans.Marie-Madeleine qui avait été « connue dans la ville pour une pécheresse » [6], a lavé de ses larmes les taches de ses iniquités en aimant la vérité, et elle est accomplie, cette parole de la Vérité, disant : « Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé » [7]. Madeleine, qui auparavant était demeurée dans la froideur en péchant, brûlait dans la suite d’une véhémente ardeur en aimant. Quand elle vint au sépulcre et n’y trouva point le corps du Seigneur, elle crut qu’il avait été enlevé, et l’annonça aux disciples. Ceux-ci vinrent, regardèrent, et pensèrent qu’il en était comme cette femme l’avait dit. C’est d’eux qu’il est écrit immédiatement après : « Les disciples donc s’en retournèrent chez eux. » Et aussitôt l’Évangile ajoute : « Mais Marie se tenait dehors, près du sépulcre, pleurant. »
R/. Tulérunt Dóminum meum, et néscio ubi posuérunt eum. Dicunt ei Angeli : Múlier, quid ploras ? surréxit sicut dixit : * Præcédet vos in Galilǽam : ibi eum vidébitis, allelúia, allelúia.R/. Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. Les Anges lui dirent : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Il est ressuscité, comme il l’a dit : [8] * Il vous précédera en Galilée : c’est là que vous le verrez, alléluia, alléluia. [9]
V/. Cum ergo fleret, inclinávit se, et prospéxit in monuméntum : et vidit duos Angelos in albis, sedéntes, qui dicunt ei.V/. Or, tout en pleurant, elle se pencha, et regarda dans le sépulcre ; elle vit deux Anges vêtus de blanc, assis, qui lui dirent. [10]
R/. Præcédet vos in Galilǽam : ibi eum vidébitis, allelúia, allelúia.R/. Il vous précédera en Galilée : c’est là que vous le verrez, alléluia, alléluia.
Lectio ii2e leçon
Qua in re pensándum est, huius mulíeris mentem quanta vis amoris accénderat, quæ a monuménto Dómini, étiam discípulis recedéntibus, non recedébat. Exquirébat quem non invénerat : flébat inquíréndo, et amóris sui igne succénsa, eius, quem ablátum crédidit, ardébat desidério. Unde cóntigit, ut eum sola tunc vidéret, quæ remánserat ut quǽreret : quia nimírum virtus boni óperis, perseverántia est : et voce Veritátis dícitur : Qui autem perseveráverit usque in finem, hic salvus erit.Il faut considérer à ce sujet avec quelle force l’amour divin s’était allumé dans l’âme de cette femme, qui ne quittait point le sépulcre du Seigneur bien que les disciples se retirassent. Elle cherchait avec soin celui qu’elle n’avait pas trouvé, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée du feu de son amour, elle brûlait du désir de retrouver celui qu’elle croyait enlevé. Aussi arriva-t-il que Madeleine seule le vit alors, elle qui était restée pour le chercher ; car, ce qui donne de l’efficacité aux bonnes œuvres, c’est la persévérance, et la Vérité a dit. « Celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » [11].
R/. Congratulámini mihi, omnes qui dilígitis Dóminum, quia quem quærébam, appáruit mihi : * Et dum flerem ad monuméntum, vidi Dóminum, allelúia, allelúia.R/. Prenez part à ma joie vous tous qui aimez le Seigneur, car celui que je cherchais m’est apparu : [12] * Et tandis que je pleurais auprès du sépulcre, j’ai vu le Seigneur, alléluia, alléluia. [13]
V/. Recedéntibus discípulis, non recedébam, et amóris eius igne succénsa, ardébam desidério.V/. Tandis que les disciples se retiraient, je ne me retirais point, et, embrasée du feu de son amour, je brûlais de désir. [14]
* Et dum flerem ad monuméntum, vidi Dóminum, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Et dum flerem ad monuméntum, vidi Dóminum, allelúia, allelúia.* Et tandis que je pleurais auprès du sépulcre, j’ai vu le Seigneur, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Et tandis que je pleurais auprès du sépulcre, j’ai vu le Seigneur, alléluia, alléluia.
Lectio iii3e leçon
María ergo cum fleret, inclinávit se, et prospéxit in monuméntum. Certe iam monuméntum vácuum víderat, iam sublátum Dóminum nuntiáverat : quid est, quod se íterum inclínat, íterum vidére desíderat ? Sed amánti semel aspexísse non súfficit : quia vis amóris intentiónem multíplicat inquisitiónis. Quæsívit ergo prius, et mínime invénit : perseverávit ut quǽreret, unde et cóntigit, ut inveníret : actúmque est, ut desidéria diláta créscerent, et crescéntia cáperent quod inveníssent.« Or, tout en pleurant, Marie se pencha, et regarda dans le sépulcre. » Elle avait déjà vu le sépulcre vide, et déjà elle avait annoncé que le corps du Seigneur était enlevé ; pourquoi s’incline-t-elle de nouveau, et désire-t-elle voir encore ? C’est qu’il ne suffit pas à celui qui aime d’avoir regardé une seule fois, car la force de l’amour multiplie les soins et l’attention de la recherche. Elle le chercha donc d’abord et ne le trouva pas ; elle persévéra à le chercher, et c’est ainsi qu’elle obtint de le trouver. Il arriva que ses désirs augmentèrent d’autant plus que leur réalisation fut différée, et que, dans leur accroissement, ils purent jouir du bien qu’ils avaient obtenu.
Te Deum

A LAUDES.

Ant. 1 Angelus autem Dómini * descéndit de cælo, et accédens revólvit lápidem, et sedébat super eum, allelúia, allelúia.Ant. 1 Un Ange du Seigneur * descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus, alléluia, alléluia [15].
Psaume 92
Ant. 2 Et ecce terræmótus * factus est magnus : Angelus enim Dómini descéndit de cælo, allelúia.Ant. 2 Et voilà qu’un tremblement de terre, * très grand se produisit : car un Ange du Seigneur descendit du ciel, alléluia.
Psaume 99
Ant. 3 Erat autem * aspéctus eius sicut fulgur, vestiménta autem eius sicut nix, allelúia, allelúia.Ant. 3 Or il avait * l’aspect d’un éclair, et ses vêtements étaient comme la neige, alléluia, alléluia.
Psaume 62
Ant. 4 Præ timóre autem eius * extérriti sunt custódes, et facti sunt velut mórtui, allelúia.Ant. 4 Par crainte de lui * les gardes furent épouvantés, et ils devinrent comme morts, alléluia.
Cantique des trois Enfants
Ant. 5 Respóndens autem Angelus, * dixit muliéribus : Nolíte timére : scio enim quod Iesum quǽritis, allelúia.Ant. 5 Et l’Ange répondant * dit aux femmes : ne craignez point : je sais que vous cherchez Jésus, alléluia.
Psaume 148
Capitulum, hymnus et V/. Non dicuntur, sed eorum loco dicitur antiphona : On ne dit pas le capitule, l’hymne et le verset, mais à leur place, on dit l’antienne :
Ant. Hæc dies, * quam fecit Dóminus : exsultémus, et lætémur in ea.Ant. Voici le jour * qu’a fait le Seigneur [16] : réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour.
Ad Bened. Ant. María stabat * ad monuméntum plorans, et vidit duos Angelis in albis, sedéntes, et sudárium quod fúerat super caput Iesu, allelúia. Ant. au Bénédictus Marie se tenait * près du sépulcre, pleurant, et elle vit deux Anges vêtus de blanc, assis, et le suaire qui avait été mis sur la tête de Jésus, alléluia.
Benedictus
OratioPrière
Deus, qui diversitátem géntium in confessióne tui nóminis adunásti : da, ut renátis fonte baptísmatis una sit fides méntium, et píetas actiónum. Per Dóminum.Dieu, qui avez réuni la diversité des nations dans la confession de votre nom : faites que, pour ceux qui ont eu la grâce de renaître dans la fontaine baptismale, la foi de l’esprit et la piété des œuvres soient une même chose.
V/. Benedicámus Dómino, allelúia, allelúia.V/. Bénissons le Seigneur, alléluia, alléluia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Rendons grâces à Dieu, alléluia, alléluia.

AUX VÊPRES.

Ant. 1 Angelus autem Dómini * descéndit de cælo, et accédens revólvit lápidem, et sedébat super eum, allelúia, allelúia.Ant. 1 Un Ange du Seigneur * descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus, alléluia, alléluia.
Psaume 109
Ant. 2 Et ecce terræmótus * factus est magnus : Angelus enim Dómini descéndit de cælo, allelúia.Ant. 2 Et voilà qu’un tremblement de terre, * très grand se produisit : car un Ange du Seigneur descendit du ciel, alléluia.
Psaume 110
Ant. 3 Erat autem * aspéctus eius sicut fulgur, vestiménta autem eius sicut nix, allelúia, allelúia.Ant. 3 Or il avait * l’aspect d’un éclair, et ses vêtements étaient comme la neige, alléluia, alléluia.
Psaume 111
Ant. 4 Præ timóre autem eius * extérriti sunt custódes, et facti sunt velut mórtui, allelúia.Ant. 4 Par crainte de lui * les gardes furent épouvantés, et ils devinrent comme morts, alléluia.
Psaume 112
Ant. 5 Respóndens autem Angelus, * dixit muliéribus : Nolíte timére : scio enim quod Iesum quǽritis, allelúia.Ant. 5 Et l’Ange répondant * dit aux femmes : ne craignez point : je sais que vous cherchez Jésus, alléluia.
Psaume 113
Capitulum, hymnus et V/. Non dicuntur, sed eorum loco dicitur antiphona : On ne dit pas le capitule, l’hymne et le verset, mais à leur place, on dit l’antienne :
Ant. Hæc dies, * quam fecit Dóminus : exsultémus, et lætémur in ea.Ant. Voici le jour * qu’a fait le Seigneur : réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour.
Ad Magnif. Ant. Tulérunt Dóminum meum, * et néscio ubi posuérunt eum : si tu sustulísti eum, dícito mihi, allelúia : et ego eum tollam, allelúia. Ant. au Magnificat Ils ont enlevé mon Seigneur, * et je ne sais où ils l’ont mis : si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis, alléluia : et je l’emporterai, alléluia. [17]
Magnificat
OratioPrière
Deus, qui diversitátem géntium in confessióne tui nóminis adunásti : da, ut renátis fonte baptísmatis una sit fides méntium, et píetas actiónum. Per Dóminum.Dieu, qui avez réuni la diversité des nations dans la confession de votre nom : faites que, pour ceux qui ont eu la grâce de renaître dans la fontaine baptismale, la foi de l’esprit et la piété des œuvres soient une même chose.
V/. Benedicámus Dómino, allelúia, allelúia.V/. Bénissons le Seigneur, alléluia, alléluia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Rendons grâces à Dieu, alléluia, alléluia.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Après avoir glorifié l’Agneau de Dieu, et salué le passage du Seigneur à travers l’Égypte où il vient d’exterminer nos ennemis ; après avoir célébré les merveilles de cette eau qui nous délivre et nous introduit dans la Terre de promission ; si maintenant nous reportons nos regards sur le divin Chef dont tous ces prodiges annonçaient et préparaient le triomphe, nous nous sentons éblouis de tant de gloire. Comme le prophète de Pathmos, nous nous prosternons aux pieds de cet Homme-Dieu, jusqu’à ce qu’il nous dise, à nous aussi : « Ne craignez point : je suis le premier et le dernier ; je suis vivant et j’ai été mort ; je vis dans les siècles des siècles, et je tiens les clefs de la mort et du tombeau » [18].

Il est maître, en effet, désormais de celle qui l’avait tenu captif ; il tient les clefs du tombeau ; c’est-à-dire, selon le langage de l’Écriture, il commande à la mort ; elle lui est soumise sans retour. Or le premier usage qu’il fait de sa victoire, c’est de l’étendre à la race humaine tout entière. Adorons cette infinie bonté ; et fidèles au désir de la sainte Église, méditons aujourd’hui la Pâque dans ses rapports avec chacun de nous.

Le Fils de Dieu dit à l’Apôtre bien-aimé : « Je suis vivant et j’ai été mort ; » par la vertu de la Pâque, le jour viendra où nous dirons aussi avec l’accent du triomphe : « Nous sommes vivants, et nous avons été morts. »

La mort nous attend ; elle est prête à nous saisir ; nous ne fuirons pas sa faux meurtrière. « La mort est la solde du péché, » dit le livre sacré [19] ; avec cette explication, tout est compris : et la nécessité de la mort, et son universalité. La loi n’en est pas moins dure ; et nous ne pouvons nous empêcher de voir un effrayant désordre dans cette rupture violente du lien qui unissait ensemble, dans une vie commune, ce corps et cette âme que Dieu avait lui-même unis. Si nous voulons comprendre la mort telle qu’elle est, souvenons-nous que Dieu créa l’homme immortel ; nous nous rendrons raison alors de l’invincible horreur que la destruction inspire à l’homme, horreur qui ne peut être surmontée que par un sentiment supérieur à tout égoïsme, par le sentiment du sacrifice. Il y a dans la mort de chaque homme un monument honteux du péché, un trophée pour l’ennemi du genre humain ; et pour Dieu même il y aurait humiliation, si sa justice n’y paraissait, et ne rétablissait ainsi l’équilibre.

Quel sera donc le désir de l’homme, sous la dure nécessité qui l’opprime ? Aspirer à ne pas mourir ? Ce serait folie. La sentence est formelle, et nul n’y échappera. Se flatter de l’espoir qu’un jour ce corps, qui devient d’abord un cadavre, et qui ensuite se dissout jusqu’à ne plus laisser la moindre trace visible de lui-même, pourrait revivre et se sentir uni de nouveau à l’âme, pour laquelle il avait été créé ? Mais qui opérera cette réunion impossible d’une substance immortelle avec une autre substance qui lui fut unie un jour, et qui depuis semble être retournée aux éléments desquels elle avait été empruntée ? O homme ! Il en est pourtant ainsi. Tu ressusciteras ; ce corps oublié, dissous, anéanti en apparence, revivra et te sera rendu. Que dis-je ? Aujourd’hui même il sort du tombeau, en la personne de l’Homme-Dieu ; notre résurrection future s’accomplit dès aujourd’hui dans la sienne ; il devient aujourd’hui aussi certain que nous ressusciterons qu’il est assuré que nous mourrons ; et c’est là encore la Pâque. Dieu, dans son courroux salutaire, cacha d’abord à l’homme cette merveille de son pouvoir et de sa bonté. Sa parole fut dure à Adam : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre de laquelle tu as été tiré ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière » [20]. Pas un mot, pas une allusion qui donne au coupable la plus légère espérance au sujet de cette portion de lui-même vouée ainsi à la destruction, à la honte du sépulcre, il fallait humilier l’ingrat orgueil qui avait voulu s’élever jusqu’à Dieu. Plus tard, le grand mystère fut manifesté, quoique avec mesure ; et il y a quatre mille ans, un homme dont le corps, dévoré d’affreux ulcères, tombait par lambeaux, pouvait dire déjà : « Je sais que j’ai un Rédempteur qui est vivant, et qu’au dernier jour je me lèverai de terre ; que mes membres seront de nouveau recouverts de ma peau, et que je verrai Dieu dans ma chair. Cette espérance repose dans mon cœur » [21].

Mais pour que l’attente de Job se réalisât, il fallait que ce Rédempteur, en qui il espérait, parût sur la terre, qu’il vint attaquer la mort, lutter corps à corps avec elle, qu’il la terrassât enfin. Il est venu au temps marqué, non pour faire que nous ne mourions pas : l’arrêt est trop formel ; mais pour mourir lui-même, et ôter ainsi à la mort tout ce qu’elle avait de dur et d’humiliant Semblable à ces médecins généreux que l’on a vus s’inoculer à eux-mêmes le virus de la contagion, il a commencé, selon l’énergique expression de saint Pierre, par « absorber la mort » [22]. Mais la joie de cette ennemie de l’homme a été courte ; car il est ressuscité pour ne plus mourir, et il a acquis en ce jour le même droit à nous tous.

De ce moment, nous avons dû considérer le tombeau sous un nouvel aspect. La terre nous recevra, mais pour nous rendre, comme elle rend l’épi, après avoir reçu le grain de blé. Les éléments, au jour marqué, seront contraints, par la puissance qui les tira du néant, de restituer ces atomes qu’ils n’avaient reçus qu’en dépôt ; et au son de la trompette de l’Archange, le genre humain tout entier se lèvera de terre, et proclamera la dernière victoire sur la mort. Pour les justes ce sera la Pâque : mais une Pâque qui ne sera que la suite de celle d’aujourd’hui.

Avec quel ineffable bonheur nous retrouverons cet ancien compagnon de notre âme, cette partie essentielle de notre être humain, dont, nous aurons été séparés si longtemps ! Depuis des siècles, peut-être, nos âmes étaient ravies dans la vision de Dieu ; mais notre nature d’hommes n’était pas représentée tout entière dans cette béatitude souveraine ; notre félicité, qui doit être aussi la félicité du corps, n’avait pas son complément ; et au sein de cette gloire, de ce bonheur, il restait encore une trace non effacée du châtiment qui frappa la race humaine, dès les premières heures de son séjour sur la terre. Pour récompenser les justes par sa vue béatifique, le grand Dieu a daigné ne pas attendre le moment où leurs corps glorieux seront réunis aux âmes qui les animèrent et les sanctifièrent ; mais le ciel tout entier aspire à cette dernière phase du sublime mystère de la Rédemption de l’homme. Notre Roi, notre Chef divin qui, du haut de son trône, prononce avec majesté ces paroles : « Je suis vivant, et j’ai été mort, » veut que nous les répétions à notre tour dans l’éternité. Marie qui, trois jours après son trépas, reprit sa chair immaculée, désire voir autour d’elle, dans leur chair purifiée par l’épreuve du tombeau, les innombrables fils qui l’appellent leur Mère.

Les saints Anges, dont les élus de la terre doivent renforcer les rangs, se réjouissent dans l’attente du magnifique spectacle qu’offrira la cour céleste, lorsque les corps des hommes glorifiés, comme les fleurs du monde matériel, émailleront de leur éclat la région des esprits. Une de leurs joies est de contempler par avance le corps resplendissant du divin Médiateur qui, dans son humanité, est leur Chef aussi bien que le nôtre ; d’arrêter leurs regards éblouis sur l’incomparable beauté dont resplendissent les traits de Marie qui est aussi leur Reine. Quelle fête complète sera donc pour eux le moment où leurs frères de la terre, dont les âmes bienheureuses jouissent déjà avec eux de la félicité, se revêtiront du manteau de cette chair sanctifiée qui n’arrêtera plus les rayons de l’esprit, et mettra enfin les habitants du ciel en possession de toutes les grandeurs et de toutes les beautés de la création ! Au moment où, dans le sépulcre, Jésus, rejetant les linceuls qui le retenaient, se dressa ressuscité dans toute sa force et sa splendeur, les Anges qui l’assistaient furent saisis d’une muette admiration à la vue de ce corps qui leur était inférieur par sa nature, mais que les splendeurs de la gloire rendaient plus éclatant que ne le sont les plus radieux des Esprits célestes ; avec quelles acclamations fraternelles n’accueilleront-ils pas les membres de ce Chef victorieux se revêtant de nouveau d’une livrée glorieuse à jamais, puisqu’elle est celle d’un Dieu !

L’homme sensuel est indifférent à la gloire et à la félicité du corps dans l’éternité ; le dogme de la résurrection de la chair ne le touche pas. Il s’obstine à ne voir que le présent ; et, dans cette préoccupation grossière, son corps n’est pour lui qu’un jouet dont il faut se hâter de profiter ; car il ne dure pas. Son amour pour cette pauvre chair est sans respect ; voilà pourquoi il ne craint pas de la souiller, en attendant qu’elle aille aux vers, sans avoir reçu d’autre hommage qu’une préférence égoïste et ignoble. Avec cela, l’homme sensuel reproche à l’Église d’être l’ennemie du corps ; à l’Église qui ne cesse d’en proclamer la dignité et les hautes destinées. C’est trop d’audace et d’injustice. Le christianisme nous avertit des dangers que l’âme court de la part du corps ; il nous révèle la dangereuse maladie que la chair a contractée dans la souillure originelle, les moyens que nous devons employer pour o faire servir à la justice nos membres qui pourraient se prêter à l’iniquité » [23] ; mais, loin de chercher à nous déprendre de l’amour de notre corps, il nous le montre destiné à une gloire et à une félicité sans fin. Sur notre lit funèbre, l’Église l’honore par le Sacrement de l’Huile sainte, dont elle marque tous ses sens pour l’immortalité ; elle préside aux adieux que l’âme adresse à ce compagnon de ses combats, jusqu’à la future et éternelle réunion ; elle brûle respectueusement l’encens autour de cette dépouille mortelle devenue sacrée depuis le jour où l’eau du baptême coula sur elle ; et à ceux qui survivent elle adresse avec une douce autorité ces paroles : « Ne soyez pas tristes comme ceux qui n’ont point d’espérance. » [24] Or quelle est notre espérance, sinon celle qui consolait Job : Dans ma propre chair, je verrai Dieu ?

C’est ainsi que notre sainte foi nous révèle l’avenir de notre corps, et favorise, en l’élevant, l’amour d’instinct que l’âme porte à cette portion essentielle de notre être. Elle enchaîne indissolublement le dogme de la Pâque à celui de la résurrection de notre chair ; et l’Apôtre ne fait pas difficulté de nous dire que « si le Christ n’était pas ressuscité, notre foi serait vaine ; de même que si la résurrection de la chair n’avait pas lieu, celle de Jésus-Christ aurait été superflue » [25] ; tant est étroite la liaison de ces deux vérités qui n’en font, pour ainsi dire, qu’une seule. Aussi devons-nous voir un triste signe de l’affaiblissement du véritable sentiment de la foi, dans l’espèce d’oubli où semble tombé, chez un grand nombre de fidèles, le dogme capital de la résurrection de la chair. Ils le croient, assurément, puisque le Symbole le leur impose ; ils n’ont pas même à ce sujet l’ombre d’un doute ; mais l’espérance de Job est rarement l’objet de leurs pensées et de leurs aspirations. Ce qui leur importe pour eux-mêmes et pour les autres, c’est le sort de l’âme après cette vie ; et certes, ils ont grandement raison ; mais le philosophe aussi prêche l’immortalité de l’âme et les récompenses pour le juste dans un monde meilleur. Laissez-le donc répéter la leçon qu’il a apprise de vous, et montrez que vous êtes chrétiens ; confessez hardiment la Résurrection de la chair, comme fit Paul dans l’Aréopage. On vous dira peut-être, ainsi qu’il lui fut dit : « Nous vous entendrons une autre fois sur ce sujet » [26] ; mais que vous importe ? vous aurez rendu hommage à celui qui a vaincu la mort, non seulement en lui-même , mais en vous ; et vous n’êtes en ce monde que pour rendre témoignage à la vérité révélée, et par vos paroles et par vos œuvres.

Lorsque l’on parcourt les peintures murales des Catacombes de Rome, on est frappé d’y rencontrer partout les symboles de la résurrection des corps ; c’est, avec le Bon Pasteur, le sujet qui se retrouve le plus souvent sur ces fresques de l’église primitive ; tant ce dogme fondamental du christianisme occupait profondément les esprits, à l’époque où l’on ne pouvait se présenter au baptême sans avoir rompu violemment avec le sensualisme. Le martyre était le sort au moins probable de tous les néophytes ; et quand l’heure de confesser leur foi était arrivée, pendant que leurs membres étaient broyés ou disloqués dans les tortures, on les entendait, ainsi que leurs Actes en font foi à chaque page, proclamer le dogme de la résurrection de la chair comme l’espérance qui soutenait leur courage. Plusieurs d’entre nous ont besoin de s’instruire à cet exemple, afin que leur christianisme soit complet, et s’éloigne toujours davantage de cette philosophie qui prétend se passer de Jésus-Christ, tout en dérobant çà et là quelques lambeaux de ses divins enseignements.

L’âme est plus que le corps ; mais dans l’homme le corps n’est ni un étranger, ni une superfétation passagère. C’est à nous de le conserver avec un souverain respect pour ses hautes destinées ; et si, dans son état présent, nous devons le châtier, afin qu’il ne se perde pas et l’âme avec lui, ce n’est pas dédain, c’est amour. Les martyrs et les saints pénitents ont aimé leur corps plus que ne l’aiment les voluptueux ; en l’immolant, afin de le préserver du mal, ils l’ont sauvé ; en le flattant, les autres l’exposent au plus triste sort. Que l’on y prenne garde : l’alliance du sensualisme avec le naturalisme est facile à conclure. Le sensualisme suppose la destinée de l’homme autre qu’elle n’est, afin de pouvoir le dépraver sans remords ; le naturalisme craint les vues de la foi ; mais c’est par la foi seule que l’homme peut pénétrer son avenir et sa fin. Que le chrétien se tienne donc pour averti ; et si, en ces jours, son cœur ne tressaille pas d’amour et d’espérance à la vue de ce que le Fils de Dieu a fait pour nos corps, en ressuscitant glorieux, qu’il sache que la foi est faible en lui ; et s’il ne veut pas périr, qu’il s’attache désormais avec une entière docilité à la parole de Dieu, qui seule lui révélera ce qu’il est dès à présent, et ce qu’il est appelé à devenir.

A Rome, la Station est dans la Basilique des Douze-Apôtres. On convoquait les néophytes aujourd’hui dans ce sanctuaire dédié aux Témoins de la résurrection, et où reposent deux d’entre eux, saint Philippe et saint Jacques. La Messe est remplie d’allusions au rôle sublime de ces courageux hérauts du divin ressuscité, qui ont fait entendre jusqu’aux extrémités de la terre leur voix dont les échos retentissent, sans s’affaiblir, à travers tous les siècles.

A LA MESSE.

Le cantique d’entrée est tiré du livre de la Sagesse, et célèbre l’éloquence divine des Apôtres, muets d’abord par la crainte et timides comme des enfants. La Sagesse éternelle en a fait d’autres hommes, et toute la terre a connu par eux la victoire de l’Homme-Dieu.

La Collecte nous montre toutes les nations réunies en une seule par la prédication apostolique. Les néophytes ont été admis dans cette unité par leur baptême ; la sainte Église demande à Dieu de les y maintenir par sa grâce.

ÉPÎTRE.

Ce passage des Actes des Apôtres était destiné à rappeler aux néophytes la sublimité de la grâce qu’ils avaient reçue dans le baptême, et la condition à laquelle ils avaient été régénérés. Dieu avait placé sur leur chemin l’occasion du salut, comme il envoya Philippe sur la route que devait parcourir l’eunuque. Il leur avait inspiré le désir de connaître la vérité, comme il mit dans le cœur de cet officier de la reine d’Éthiopie l’heureuse curiosité qui le conduisit à entendre parler de Jésus-Christ. Mais tout n’était pas consommé encore. Ce païen aurait pu n’écouter qu’avec défiance et sécheresse d’âme les explications de l’envoyé de Dieu, et fermer la porte à cette grâce qui le cherchait ; loin de là, il ouvrait son cœur, et la foi le remplissait. De même ont fait nos néophytes ; ils ont été dociles, et la parole de Dieu les a éclairés ; d’une lumière ils sont montés à une autre, jusqu’à ce que l’Église ait reconnu en eux de véritables disciples de la foi. Alors sont venus les jours de la Pâque, et cette mère des âmes s’est dit à elle-même : « Voici de l’eau, l’eau qui purifie, l’eau qui est sortie du côté de l’Époux ouvert par la lance sur la croix ; qui empêche de les baptiser ? » Et quand ils ont eu confessé que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, ils ont été plongés, comme notre Éthiopien, dans la fontaine du salut ; maintenant, à son exemple, ils vont continuer à marcher dans le chemin de la vie, tout remplis de joie ; car ils sont ressuscites avec le Christ, qui a daigné associer les joies de leur nouvelle naissance à celles de son propre triomphe.

ÉVANGILE.

Nous sommes dans la Basilique des Apôtres ; et la sainte Église, au lieu de nous faire entendre aujourd’hui quelqu’un des récits du saint Évangile où sont rapportées les diverses apparitions du Sauveur ressuscité à ses Apôtres, nous lit celui dans lequel est relatée la faveur que Jésus fit à Madeleine. Pourquoi cet oubli apparent du caractère et de la mission qui furent conférés à ces ambassadeurs de la nouvelle loi ? La raison en est aisée à saisir. En honorant aujourd’hui dans ce Sanctuaire la mémoire de celle que Jésus-Christ choisit pour être l’Apôtre de ses Apôtres, l’Église achève d’exprimer dans toute leur adorable vérité les circonstances du jour de la Résurrection. C’est par Madeleine et ses compagnes qu’a commencé l’Apostolat du plus grand des mystères du Rédempteur ; elles ont donc un droit véritable à recevoir aujourd’hui l’honneur dans cette Basilique dédiée aux saints Apôtres.

Comme il est tout-puissant, Dieu aime à se manifester dans ce qu’il y a de plus faible ; de même que, dans sa bonté, il se fait gloire de reconnaître l’amour dont il est l’objet : voilà pourquoi le Rédempteur prodigua d’abord toutes les preuves de sa résurrection et tous les trésors de sa tendresse à Madeleine et à ses compagnes. Elles étaient plus faibles encore que les bergers de Bethléhem : elles eurent donc la préférence ; les Apôtres eux-mêmes étaient plus faibles que la moindre des puissances du monde qu’ils devaient soumettre : voilà pourquoi ils furent initiés à leur tour. Mais Madeleine et ses compagnes avaient aimé leur Maître jusqu’à la croix et jusqu’au tombeau, tandis que les Apôtres l’avaient abandonné : c’était donc aux premières, et non aux seconds, que Jésus devait les premières faveurs de sa bonté.

Sublime spectacle de l’Église, à ce moment où elle s’élève sur la foi de la Résurrection qui est sa base ! Après Marie, la Mère de Dieu, en qui la lumière ne vacilla jamais, et à qui était due, comme Mère et comme toute parfaite, la première manifestation, qui voyons-nous illuminées de cette foi par laquelle vit et respire l’Église ? Madeleine et ses compagnes. Pendant plusieurs heures, Jésus se complaît à la vue de son œuvre, si faible à l’œil humain, mais en réalité si grande. Encore un peu de temps, et ce petit troupeau d’âmes choisies va s’assimiler les Apôtres eux-mêmes ; que dis-je ? Le monde entier viendra à elles. Par toute la terre, en ces jours, l’Église chante ces paroles : « Qu’avez-vous vu au tombeau, Marie ? Dites-le-nous. » Et Marie Madeleine répond à la sainte Église : « J’ai vu le tombeau du Christ qui était vivant ; j’ai vu la gloire du Christ ressuscité. »

Et ne nous étonnons pas que des femmes aient seules formé autour du Fils de Dieu ce premier groupe de croyants, cette Église véritablement primitive qui resplendit des premiers rayons de la résurrection ; car c’est ici la continuation de l’œuvre divine sur le plan irrévocable et sublime dont nous avons déjà reconnu le début. Par la prévarication de la femme, l’œuvre de Dieu fut renversée au commencement ; c’est dans la femme qu’elle sera d’abord relevée. Au jour de l’Annonciation, nous nous sommes inclinés devant la nouvelle Ève qui réparait par son obéissance la désobéissance de la première ; mais dans la crainte que Satan ne s’y trompât, et ne voulût voir en Marie que l’exaltation de la personne, et non la réhabilitation du sexe, Dieu veut qu’aujourd’hui les faits mêmes déclarent sa suprême volonté. « La femme, nous dit saint Ambroise, avait goûté la première le breuvage de la mort ; ce sera donc elle qui, la première, contemplera la résurrection. En prêchant ce mystère, elle compensera sa faute [27] ; et c’est avec raison qu’elle est envoyée pour annoncer aux hommes la nouvelle du salut, pour manifester la grâce qui vient du Seigneur, celle qui autrefois avait annoncé le péché à l’homme [28]. » Les autres Pères relèvent avec non moins d’éloquence ce plan divin qui donne à la femme la primauté dans la distribution des dons de la grâce, et ils nous y font reconnaître non seulement un acte du pouvoir du maître souverain, mais en même temps la légitime récompense de l’amour que Jésus trouva dans le cœur de ces humbles créatures, et qu’il n’avait pas rencontré dans celui de ses Apôtres, auxquels, durant trois ans, il avait prodigué les plus tendres soins, et de la part desquels il était en droit d’attendre un plus mâle courage.

Au milieu de ses heureuses compagnes, Madeleine s’élève comme une reine dont les autres forment la cour. Elle est la bien-aimée de Jésus, celle qui aime le plus, celle dont le cœur a été le plus brisé par la douloureuse Passion, celle qui insiste avec plus de force pour revoir et embaumer de ses larmes et de ses parfums le corps de son cher maître. Quel délire dans ses paroles, tant qu’elle le cherche ! Quel élan de tendresse, quand elle le reconnaît vivant et toujours rempli d’amour pour Madeleine ! Jésus cependant se dérobe aux démonstrations d’une joie trop terrestre : « Ne me touche pas, lui dit-il ; car je ne suis pas monté encore vers mon Père ».

Jésus n’est plus dans les conditions de la vie mortelle ; en lui l’humanité demeurera éternellement unie à la divinité ; mais sa résurrection avertit l’âme fidèle que les relations qu’elle aura désormais avec lui ne sont plus les mêmes. Dans la première période, on l’approchait comme on approche un homme ; sa divinité paraissait à peine ; maintenant c’est le Fils de Dieu, dont l’éclat éternel se révèle, et dont les rayons jaillissent à travers même son humanité. C’est donc le cœur qui doit le chercher désormais plus que l’œil, l’affection respectueuse plus que la tendresse sensible. Il s’est laissé toucher à Madeleine, lorsqu’elle était faible et que lui-même était encore mortel ; il faut maintenant qu’elle aspire à ce souverain bien spirituel qui est la vie de l’âme, Jésus au sein du Père. Madeleine, dans le premier état, a fait assez pour servir de modèle à l’âme qui commence à chercher Jésus ; mais qui ne voit que son amour a besoin d’une transformation ? A force d’être ardent, il la rend aveugle ; elle s’obstine à « chercher parmi les morts celui qui est vivant ».

Le moment est venu où elle doit s’élever à une voie supérieure, et chercher enfin par l’esprit celui qui est esprit.

« Je ne suis pas monté encore vers mon Père », dit le Sauveur à cette heureuse femme ; comme s’il lui disait : « Retiens pour le moment ces caresses trop sensibles qui t’arrêteraient à mon humanité. Laisse-moi d’abord monter dans ma gloire ; un jour tu y seras admise près de moi ; alors il te sera donné de me prodiguer toutes les marques de ton amour, parce qu’alors il ne sera plus possible que mon humanité te dérobe la vue de ma nature divine. » Madeleine a compris la leçon de son maître tant aimé ; un renouvellement s’opère en elle ; et bientôt, sur les rochers arides de la Sainte-Baume, seule avec ses souvenirs qui s’étendent depuis la première parole de Jésus qui fondit son cœur et l’enleva aux amours terrestres, jusqu’à la faveur dont il l’honore aujourd’hui en la préférant aux Apôtres, elle s’élancera chaque jour vers son souverain bien, jusqu’à ce que, épurée par l’attente, devenue l’émule des Anges qui la visitent et consolent son exil, elle monte enfin pour toujours vers Jésus, et saisisse dans un embrassement éternel ces pieds sacrés où elle retrouve la trace ineffaçable de ses premiers baisers.

L’Offertoire rappelle le lait et le miel de la Terre promise, au sein de laquelle la prédication des saints Apôtres a introduit nos néophytes. Mais l’autel sur lequel se prépare le festin du Seigneur leur réserve une nourriture plus douce encore.

La sainte Église recommande à Dieu, dans la Secrète, l’offrande de ses nouveaux enfants ; ce pain transformé par les paroles divines deviendra pour eux l’aliment fortifiant qui conduit le voyageur jusqu’au port de l’éternité.

Dans l’Antienne de la Communion, la voix du Collège apostolique se fait entendre par l’organe de Pierre. Il félicite avec une effusion paternelle ce peuple nouveau-né des faveurs dont il a été l’objet de la part du souverain auteur de la lumière, qui a daigné rendre les ténèbres fécondes.

Les effets de la divine Eucharistie sont exprimés avec effusion dans la Postcommunion. Ce mystère sacré confère tout bien à l’homme ; il le soutient dans le voyage de cette vie, et il le met d’avance en possession de sa fin éternelle.

L’œuvre du Fils de Dieu se développe de plus en plus ; les êtres vivants paraissent aujourd’hui sur notre terre ; les eaux et les airs se peuplent d’habitants. Dans les eaux, c’est déjà le mouvement de la vie ; dans les airs, c’est le mouvement, la vie, avec un chant vif et mélodieux, qui vient rompre enfin le solennel silence de la terre, où l’on n’avait encore entendu que le bruissement des arbres, lorsque le souffle des vents agitait leur feuillage. Les deux mondes, naturel et surnaturel, se pénètrent encore ici. Les eaux donneront naissance, par le saint Baptême, à d’autres poissons ; et de la terre s’élanceront vers le ciel, sur les ailes de la contemplation, d’autres oiseaux, lorsque le Seigneur créateur aura visité, sous la forme humaine, ce monde dont sa main puissante élabore successivement et sans effort les diverses et mystérieuses parties. Aidons-nous de cette belle prière du Bréviaire Mozarabe pour rendre nos actions de grâces au Verbe divin, en ce cinquième jour de la création.

CAPITULA.
Deus qui, in operatione quinti diei reptilia animarum vivarum, homines scilicet renovatos per sacramentum Baptismatis, condidisti : et volatilia cœli, animas videlicet sanctorum ad superna volantes, manifesta virtutum luce, formasti ; præbe animabus nostris invictum de tua resurrectione solatium : ut per te renovati resurgamus ad gloriam, per quem regenerati sumus ad vitam.O Dieu qui, dans l’œuvre du cinquième jour, avez créé les poissons des eaux vives, qui signifient les hommes renouvelés par le sacrement du Baptême : et qui avez formé les oiseaux du ciel, qui représentent les âmes des saints dont le vol tend vers les régions supérieures par l’éclatante lumière des vertus : accordez à nos âmes l’invincible consolation qu’apporte votre Résurrection ; afin que, par vous renouvelés, nous ressuscitions pour la gloire, ayant été par vous régénérés à la vie.

A la louange de la glorieuse Marie-Madeleine, dont la sainte Église exalte aujourd’hui les mérites, nous plaçons ici deux des nombreuses Séquences que le moyen âge lui avait consacrées, et qui se chantaient autrefois dans l’Octave de Pâques. Pleines d’une touchante naïveté, elles respirent l’amour le plus tendre envers cette bien-aimée du Christ, dont le nom est lié pour jamais au récit de la Résurrection, et dont le crédit est si grand sur le cœur de celui qui daigna la choisir la première pour attester aux Apôtres et à tous les siècles la victoire de la vie sur la mort.

Ière SÉQUENCE.
Surgit Christus cum trophæo,
Jam ex Agno factus
Leo Solemni victoria.
D’Agneau devenu Lion, le Christ victorieux se lève avec gloire, armé de son trophée.
Mortem vicit sua morte,
Reseravit seram portæ
Suæ mortis gratia.
Par sa mort il a vaincu la mort : par son trépas il a ouvert les portes.
Hic est Agnus qui pendebat,
Et in cruce redimebat
Totum gregem ovium.
C’est cet Agneau qui fut suspendu à la croix, et qui racheta le troupeau tout entier.
Cui cum nullus condolebat,
Magdalenam consumebat
Doloris incendium.
Nul alors ne lui compatissait ; mais une douleur ardente consumait le cœur de Madeleine.
Dic, Maria, quid vidisti
Contemplando crucem Christi ?
Dites-nous, Marie, que vîtes-vous en contemplant la croix du Christ ?
Vidi Jesum spoliari,
Et in cruce sublevari
Peccatorum manibus.
J’ai vu Jésus que l’on dépouillait, et les mains des pécheurs qui relevaient en croix.
Dic, Maria, quid vidisti
Contemplando crucem Christi ?
Dites-nous, Marie, que vîtes-vous en contemplant la croix du Christ ?
Spinis caput coronatum,
Vultum sputis maculatum,
Et plenum livoribus.
J’ai vu sa tète couronnée d’épines, son visage souillé de crachats, et tout livide de meurtrissures.
Dic, Maria, quid vidisti
Contemplando crucem Christi ?
Dites-nous, Marie, que vîtes-vous en contemplant la croix du Christ ?
Clavos manus perforare,
Hastam latus vulnerare,
Vivi fontis exitum.
J’ai vu des clous percer ses mains, une lance blesser son côté, et une source vive qui en découlait.
Dic, Maria, quid vidisti
Contemplando crucem Christi ?
Dites-nous, Marie, que vîtes-vous en contemplant la croix du Christ ?
Quod se Patri commendavit,
Et quod caput inclinavit
Et emisit spiritum.
Je l’ai vu se recommander à son Père, puis il inclina sa tête et rendit l’esprit.
Dic, Maria, quid fecisti,
Postquam Jesum amisisti ?
Dites-nous, Marie, que fîtes-vous, après avoir perdu Jésus ?
Matrem flentem sociavi,
Cum qua domum remeavi,
Et in terram me prostravi,
Et utrumque deploravi.
J’accompagnai la Mère en pleurs ; avec elle je revins à la maison. Là, je me prosternai contre terre, et je pleurai sur le fils et sur la mère.
Dic, Maria, quid fecisti,
Postquam Jesum amisisti ?
Dites-nous, Marie, que fîtes-vous, après avoir perdu Jésus ?
Post unguenta comparavi,
Et sepulcrum visitavi,
Planctus meos duplicavi.
Ensuite je préparai des parfums ; j’allai visiter le sépulcre, et mes sanglots redoublèrent.
Dic, Maria, quid fecisti,
Postquam Jesum amisisti ?
Dites-nous, Marie, que fîtes-vous, après avoir perdu Jésus ?
Angelus hæc dixit clare :
O Maria, noli flere ;
Jam surrexit Christus vere.
Un Ange m’adressa ces paroles : « Ne pleure pas, ô Marie ! Le Christ est déjà ressuscité ! »
Dic, Maria, quid fecisti,
Postquam Jesum amisisti ?
Dites-nous, Marie, que fîtes-vous, après avoir perdu Jésus ?
Certe multis argumentis,
Vidi signa resurgentis
Filii omnipotentis.
Enfin par moi-même je reconnus les signes évidents de la résurrection du Fils du Tout-Puissant.
Dic nobis, Maria,
Quid vidisti in via ?
Dites-nous, Marie, qu’avez-vous vu, quand vous allâtes au tombeau ?
Sepulcrum Christi viventis
Et gloriam vidi resurgentis.
J’ai vu le tombeau du Christ qui était vivant ; j’ai vu la gloire du Christ ressuscité.
Angelicos testes,
Sudarium et vestes.
Les Anges étaient témoins, avec le suaire et les linceuls.
Surrexit Christus spes mea,
Præcedet suos in Galileam.
Il est ressuscité, le Christ, mon espérance ; il précédera les siens en Galilée.
Credendum est magis soli Mariæ veraci,
Quam Judæorum turbæ fallaci.
Croyons plutôt à Marie seule et véridique, qu’à la tourbe perfide des Juifs.
Scimus Christum surrexisse
A mortuis vere ;
Tu nobis, victor rex, miserere.
Amen.
Nous aussi, nous savons que le Christ est vraiment ressuscité des morts ; mais vous, ô Roi vainqueur, prenez pitié de nous. Amen.
IIe SÉQUENCE
Mane prima Sabbati
Surgens Dei Filius,
Nostra spes et gloria.
Au matin du Dimanche, le Fils de Dieu, notre espérance et notre gloire, s’est levé du tombeau.
Victo rege sceleris,
Rediit ab inferis,
Cum summa victoria.
Vainqueur du roi du péché, il est remonté des enfers avec les honneurs du triomphe ;
Resurgentis itaque
Maria Magdalena
Facta est prænuntia.
Et Marie-Madeleine a été la messagère de sa résurrection glorieuse.
Ferens Christi fratribus,
Ejus morte tristibus,
Expectata gaudia.
Elle est allée porter aux frères du Christ, si désolés de sa cruelle mort, la nouvelle joyeuse et désirée.
O beati oculi,
Quibus regem sæculi,
Morte jam deposita,
Primum est intuita !
Heureux les veux qui, les premiers, contemplèrent le maître du monde affranchi de la mort !
Hæc est illa femina,
Cujus cuncta crimina
Ad Christi vestigia
Ejus lavit gratia.
C’est cette femme dont tous les péchés furent laves aux pieds du Christ, par sa grâce.
Quas dum plorat et mens orat,
Facto clamat quod cor amat,
Jesum super omnia.
Elle pleurait, son âme priait ; ses actions annonçaient ce que son cœur aimait, Jésus par-dessus tout.
Non ignorat quem adorat,
Quod precatur jam deletur,
Quod mens timet conscia.
Celui qu’elle adorait, elle le reconnaissait déjà ; ce qu’elle implorait, déjà elle l’avait obtenu : le pardon des fautes qui effrayaient sa conscience.
O Maria, mater pia,
Stella Maris appellaris,
Operum per menta.
O Marie, douce mère, ton nom veut dire Etoile de la mer ; tes œuvres ont mérité un tel nom.
Matri Christi coæquata,
Dum fuisti sic vocata,
Sed honore subdita.
Tu partages l’honneur de ce nom avec la Mère du Christ ; mais tes honneurs s’effacent devant les siens.
Illa mundi imperatrix,
Ista beata peccatrix :
Lætitiæ primordia
Fuderunt in Ecclesia.
L’une est l’impératrice du monde ; l’autre, l’heureuse pécheresse : toutes deux furent le principe de la joie dans l’Église.
Illa enim fuit porta,
Per quam salus est ex orta :
Hæc resurgentis nuntia
Mundum replet lætitia.
La première est la Porte par laquelle le salut est venu ; la seconde a rempli le monde d’allégresse en proclamant la Résurrection.
O Maria Magdalena,
Audi vota laude plena,
Apud Christum chorum istum
Clementer concilia.
O Marie-Madeleine, écoute nos vœux et nos louanges ; présente au Christ notre assemblée ; daigne nous obtenir sa faveur.
Ut fons summæ pietatis
Qui te lavit a peccatis,
Servos suos atque tuos
Mundet data venia.
Il est la source de toute bonté, lui qui t’a lavée de tes fautes ; prie-le de nous purifier aussi, et de nous donner pardon, à nous ses serviteurs et tes clients.
Amen dicant omnia.A cette prière, que toute créature dise Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station aux Saints-Apôtres.

Aujourd’hui, la fête stationnale est en l’honneur de tout le Collège apostolique. Toutefois comme l’autel principal du vénérable Apostoleion érigé en mémoire de la victoire de Narsès, garde seulement les reliques des apôtres Jacques et Philippe, la liturgie romaine identifiant à tort, semble-t-il, Philippe, l’évangéliste de Césarée, avec l’Apôtre du même nom, prescrit en ce jour la lecture du récit du baptême administré par le célèbre diacre à l’eunuque de Candace, reine d’Éthiopie. Cette station du jeudi de Pâques dans une basilique byzantine nous reporte au temps où, à Rome, les Byzantins détenant le pouvoir, la liturgie papale subit une forte influence orientale.

L’introït est tiré de la Sagesse (X, 20-21) : « Ils célébrèrent en chœur votre bras victorieux. En effet, la Sagesse ouvrit les lèvres du muet et rendit éloquente la bouche des petits enfants. » Cette sagesse, qui infuse tant de jugement aux enfants, c’est la foi chrétienne qu’ont à leur tour professée solennellement dans la nuit de Pâques les nouvelles recrues de l’Église. Leur exemple est éloquent, puisque la propagation rapide et persuasive de l’Évangile chez tous les peuples est le meilleur argument pour démontrer la divinité de ce mouvement de conversion du monde au Christ.

Dans la collecte on met en relief l’unité de la confession catholique dans la multiplicité des peuples qui la professent. C’est là le caractère qui distingue l’Église des anciennes religions nationales. Nombreux sont les peuples et les nations, mais unique est le Credo, unique la hiérarchie, unique la discipline, unique la piété.

L’unité de la famille chrétienne fut le vœu suprême du Sauveur. Plus nous nous tiendrons serrés à Lui et plus intense sera notre union ici-bas ; puisque l’unité du corps mystique de Jésus est troublée si quelqu’un, s’éloignant de ce centre divin, recherche quæ sua sunt, non quæ Iesu Christi.

La lecture des Actes des Apôtres, avec le récit de la conversion du trésorier de la reine Candace, grâce à l’intervention de l’évangéliste et diacre Philippe (VIII, 26-40), prétend donc être en l’honneur de l’apôtre du même nom, Philippe, dont quelques reliques sont sous l’autel. Le passage où Isaïe décrit la passion du Serviteur de Dieu, qui, l’évangéliste le démontre, ne peut se rapporter à nul autre qu’à Jésus, décida la conversion de l’Éthiopien.

Cette scène de Philippe montant dans le char du puissant ministre d’Éthiopie et qui le convertit durant la route, nous remet en mémoire une anecdote de la vie de saint François de Sales. Celui-ci était en France chargé d’une mission diplomatique par son prince, quand vint le trouver un Calviniste qui lui dit d’un air décidé : « Monseigneur, je voudrais savoir si les Apôtres allaient en carrosse, comme vous le faites ? — Assurément, quand l’occasion s’en présentait. — Et pourriez-vous le démontrer, l’Écriture en main ? — Volontiers. Ne vous souvenez-vous pas du diacre Philippe qui monta en carrosse avec l’eunuque de la reine d’Éthiopie, et durant le voyage lui annonça la foi de Jésus-Christ ? — Le carrosse n’était pas à Philippe, interrompit le Calviniste, mais il appartenait à la cour de l’officier d’Éthiopie. — Il en va de même pour moi, répondit le saint Évêque de Genève, car je suis pauvre et le carrosse dont je me sers actuellement n’est pas à moi, mais la bonté du Roi l’a mis à ma disposition. — Vous êtes donc un évêque pauvre ? répliqua le Calviniste. — Oui, répondit le saint, depuis que vos coreligionnaires de Genève se sont emparés de tout le patrimoine de mon Église. » Il est inutile de dire que l’hérétique fut fortement impressionné par ce dialogue avec saint François de Sales.

Le répons-graduel est pris, comme les autres jours, du psaume 117 : « Voici le jour que le Seigneur a fait ; exultons et réjouissons-nous. La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la tête d’angle. C’est le Seigneur qui a accompli cette œuvre, et elle est merveilleuse à nos yeux. » — Cette pierre est le Christ, comme il l’expliqua lui-même au Sanhédrin. Exclu de l’édifice d’Israël, bien plus, renié et maudit, il est devenu la pierre fondamentale de l’Église.

Suit le verset alléluiatique : « Le Christ ressuscita, lui qui créa tout et fit miséricorde au genre humain. » Au jour de sa Passion, il accumula les mérites, et dans la solennité pascale il les reversa sur le monde, lui donnant part à la résurrection, d’abord au moyen de la grâce, puis finalement au moyen de la gloire béatifique.

Tout procède non point avec un ordre méthodique, car la liturgie n’est pas une science exacte, mais avec un art qui, dans un sentiment délicat s’inspire des principes religieux les plus élevés. Après le récit des apparitions de Jésus aux Apôtres, sacrifiant quelque peu l’ordre chronologique, on évoque aujourd’hui la scène de l’apparition du divin Maître à Marie Madeleine qui, historiquement, a eu lieu le matin même du dimanche. Le sénat apostolique méritait certes cet égard, mais d’autre part, on ne pouvait omettre la consolante apparition de Jésus à la pauvre pénitente de Magdala, dont le récit attendrissait tant saint Grégoire le Grand, lorsque, dans ses homélies, il le commentait au peuple romain.

Puissance du cœur d’une femme ! (Ioan. XX, 11-18.) Les Apôtres se retirent, mais Marie est constante et demeure, intrépide, pleurant près du tombeau de Jésus. Elle ne craint pas les ennemis, et ne se retire pas devant les difficultés : si le jardinier a dérobé le cher cadavre, qu’il confie son secret à Madeleine, et à elle seule elle l’emportera. Vraiment, cette pauvre pécheresse a beaucoup aimé, et c’est pourquoi elle a mérité que beaucoup lui soit pardonné. Bien plus, de préférence aux Apôtres et à Pierre lui-même, elle mérite la grâce de voir la première le Rédempteur ressuscité ; « Va vers mes frères, lui dit Jésus, et annonce-leur que je vais monter à mon Père. » Marie exécuta l’ordre et ainsi la pauvre Pénitente de Magdala obtint le privilège d’annoncer ce dogme central de la théologie chrétienne au collège apostolique, c’est-à-dire à ceux que le Seigneur constituait prédicateurs infaillibles du saint Évangile. C’est pour cette raison que l’Église, au jour de la fête de sainte Marie de Magdala, fait réciter le Credo à la messe, comme aux fêtes des saints Apôtres.

L’antienne de l’offertoire s’inspire de l’Exode (XIII, 5) : « Au jour de votre solennité, dit le Seigneur, je vous introduirai dans un pays où coulent le lait et le miel. » Pour indiquer la fécondité spirituelle de cette région plantée par la droite de Dieu et arrosée par les eaux de la rédemption, dans l’antiquité, au moins depuis l’époque de Tertullien, on présentait aux néophytes, après le baptême, un breuvage bénit composé de lait et de miel. Le lait signifie la nourriture vivifiante que les Sacrements donnent à l’âme ; le miel marque la douceur qu’on éprouve à servir le Seigneur.

La prière secrète sur l’oblation revient sur l’idée du baptême, lequel comporte la continuelle profession de l’Évangile du Christ, et, en conséquence, la rénovation des mœurs.

L’antienne pour la Communion a été tirée de la Ire Épître de saint Pierre (II, 9) : « Peuple de conquête, annoncez la puissance de Celui qui, des ténèbres, vous appela à sa lumière admirable. » C’est une allusion à la vocation des Gentils qui représentent pour Dieu un peuple d’acquisition (racheter équivaut à acheter de seconde main), tandis qu’Israël est son peuple à titre de véritable héritier. La vocation des Gentils à la Foi représente donc une miséricorde de Dieu d’autant plus grande et gratuite que les païens étaient plus dépourvus de titres à l’héritage messianique d’Abraham.

Dans la collecte après la Communion nous prions ainsi : « Seigneur, accueillez nos prières, afin que le prix sacrosaint de notre rachat nous soit une protection dans la vie présente et nous obtienne les joies de la vie future. Par notre Seigneur, etc. »

Les mots sacrosancta commercia redemptionis employés ici par la liturgie, empruntent avec délicatesse une métaphore aux usages du négoce. Le commercium est un échange de marchandises. Dans le cas qui nous occupe Jésus se donne lui-même à la divine justice comme prix de notre rachat de l’esclavage du péché et celle-ci nous remet à Jésus.

Jésus parlant de nous à la pénitente de Magdala lui dit : « Dis à mes frères : voici que je m’en vais à mon Père et à votre Père. » Quelle suavité ont pour nous de telles paroles, et combien sont ineffables les intimes relations que la résurrection du Rédempteur est venue établir avec l’humanité ! Jésus est vraiment notre Frère, Dieu est notre Père. Par la mort de Jésus nous avons acquis beaucoup plus que nous n’avions perdu par le péché, et c’est en ce sens que le diacre chante dans le Præconium pascal : « O heureuse faute, qui mérita d’avoir un si grand Rédempteur ! »

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION AUX DOUZE SAINTS APÔTRES

Jésus dit : « Marie » ; elle se détourna et dit : « Mon Maître ».

Nous sommes invités, aujourd’hui, à participer avec Marie-Madeleine à l’apparition du Seigneur. Cette apparition est certainement la plus tendre de toutes.

Jusqu’ici, nous nous sommes présentés aux grands personnages de la famille de Dieu à Rome : Marie, Pierre, Paul et Laurent. Nous nous rendons, aujourd’hui, auprès des pères vénérés de notre foi, auprès des douze Apôtres.

1. L’Office des Heures. — De nuit comme de jour, notre pensée, aujourd’hui, s’attache à Marie-Madeleine. Aux matines, c’est saint Grégoire qui nous explique l’Évangile, si beau et si touchant. « Marie avait été une pécheresse publique, mais, dans son amour pour le Christ, elle lava ses fautes dans les larmes de la douleur. Elle réalisa en elle-même la parole de la Vérité : « Beaucoup de péchés lui seront remis parce qu’elle a beaucoup aimé » (Luc, VII, 47). Elle, qui avait été froide par suite de son péché, s’enflamma par son amour d’une grande ardeur. Étant venu au tombeau et n’ayant pas trouvé le corps du Seigneur, elle crut qu’il avait été enlevé et l’annonça aux disciples. Ceux-ci vinrent, virent et crurent qu’il en était comme Madeleine le leur avait raconté. Mais on dit immédiatement des disciples : « Ils s’en retournèrent » (Jean, XX, 10). Par contre, on dit ensuite de Marie : « Marie se tenait dehors, auprès du tombeau, et pleurait ». Il nous faut considérer ici quelle fournaise d’amour brûlait dans le cœur de cette femme puisqu’elle ne quittait pas le tombeau du Seigneur alors que les disciples eux-mêmes s’étaient éloignés. Elle chercha celui qu’elle n’avait pas trouvé ; elle chercha dans les larmes, enflammée du feu de son amour ; elle brûlait d’un ardent désir pour celui dont elle croyait qu’il avait été enlevé. Ainsi il arriva qu’elle seule vit alors, elle qui était restée pour le chercher. C’est que la force de la bonne action consiste dans la persévérance ; la voix de la Vérité dit : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé ». Une prescription de la loi (de Moïse) ordonne, quand on offre des animaux en sacrifice, d’offrir aussi la queue. La queue est ce qu’il y a de plus extérieur dans l’animal. Celui-là fait donc un sacrifice convenable qui accomplit des bonnes œuvres jusqu’à la dernière limite de ce qui est dû. C’est pourquoi il est dit de Joseph qu’il portait, parmi ses frères, une robe qui descendait jusqu’aux chevilles. Une telle robe descendant jusqu’aux chevilles est la bonne œuvre exécutée jusqu’à la perfection. Or, comme Marie pleurait, elle se pencha à l’intérieur du tombeau. Elle avait pourtant déjà vu le tombeau vide, elle avait même annoncé aux disciples que le corps du Seigneur avait été enlevé. Pourquoi donc se penche-t-elle de nouveau et veut-elle le voir une fois encore ? Il ne suffit pas à une âme aimante d’examiner une seule fois ; la force de l’amour la pousse à de fréquentes recherches. Elle persévéra dans la recherche et c’est pourquoi elle parvint à trouver. Ainsi il arriva que son ardent désir, par le retard même, ne fit que s’accroître et le désir accru fut apaisé par la possession de celui qu’elle trouva. »

« Félicitez-moi, vous tous qui aimez le Seigneur
Car celui que je cherchais, m’est apparu :
Et j’ai vu le Seigneur comme je pleurais près du tombeau,
Alleluia, Alleluia.
Quand les disciples s’en allèrent, je ne retournai pas.
Brûlant du feu de l’amour pour lui,
J’étais consumée de désir pour lui,
Et j’ai vu le Seigneur comme je pleurais près du tombeau,
Alleluia, Alleluia ». (Répons)

Les antiennes directrices nous parlent également de Madeleine : « Marie se tenait toute en larmes près du tombeau et elle vit deux anges assis, vêtus de blanc, et le suaire qui avait été sur la tête de Jésus. Alleluia » (Ant. Bened.). « Ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais où ils l’ont mis ; si tu l’as enlevé, dis-le-moi, Alleluia, et j’irai le prendre, Alleluia » (Ant. Magn.).

2. La messe (Vitricem). — La basilique des douze saints Apôtres ne nous est pas inconnue : c’est l’église de réconciliation de Rome ; c’est là que le Jeudi Saint nous avons été réconciliés avec l’Église. Tous les vendredis des Quatre-Temps, nous nous y rendons pour expier et réparer les péchés de la saison écoulée. La messe d’aujourd’hui a de nombreuses relations avec cette église de station. C’est là que reposent les ossements des Apôtres Philippe et Jacques. C’est peut-être qui a déterminé le choix de la leçon où il est question du disciple Philippe (sans doute ce n’est pas la même personne, mais la liturgie se contente souvent de la similitude du nom). Cette église est la seule église romaine qui soit construite dans le style architectural grec et elle était considérée comme le symbole de l’union des peuples dans le Christ par le baptême. Ce symbolisme nous fera comprendre l’Oraison qui parle d’un seul baptême, d’une seule foi et d’une seule piété. L’Évangile même de Madeleine est en relation avec l’église de station. Madeleine pénitente était particulièrement honorée dans l’église de la réconciliation (cf. le vendredi des Quatre-Temps de septembre). Madeleine est envoyée par le Seigneur vers les Apôtres, « ses frères » ; elle est donc en quelque sorte apôtre. Son souvenir est donc à sa place dans l’église des Apôtres. La messe d’aujourd’hui parle aussi d’apostolat. A l’Introït, nous voyons le chœur des Apôtres louer la main victorieuse de Dieu parce que le Christ, à travers les temps, a « ouvert la bouche de beaucoup de muets », c’est-à-dire a amené un grand nombre de gens à la foi. Les deux lectures nous donnent des exemples d’apostolat. Dans la leçon, il est question d’un homme qui apporte au chambellan de la reine Candace le message pascal ; dans l’Évangile, c’est une femme, Madeleine, qui est envoyée par le Seigneur comme messagère vers les Apôtres. Enfin le thème du baptême tient une grande place. Déjà, dans l’Introït, les Apôtres louent Dieu, cause de la grâce de notre baptême. Dans la leçon, nous lisons le récit de la conversion du chambellan et de son baptême. A l’Offertoire, nous chantons que Dieu nous a introduits dans la terre où coulent le lait et le miel. A la Communion, l’Église s’adresse à nous (en tant que néophytes) et nous appelle « un peuple d’élection que Dieu a appelé des ténèbres dans son admirable lumière ». Tous ces textes sont nos lettres de noblesse baptismale. Cette messe est d’une grande richesse de pensées. Ce jour est consacré à Marie-Madeleine ; c’est le jour où nous célébrons l’apparition dont elle fut favorisée. Ayons aujourd’hui l’âme de Madeleine et écoutons le Seigneur nous appeler par notre nom. Il nous appelle réellement ; il nous a appelés au moment du baptême ; il nous a appelés chaque jour par notre nom ; tantôt, c’était un appel d’avertissement sérieux ; tantôt, un appel rempli d’amour. Pendant le Carême, son appel était celui du Père qui invite son enfant à rentrer à la maison ; en ces jours de Pâques, c’est l’appel de l’Époux à l’âme, son épouse ; cet appel a la même douceur que celui qu’il adressa à Madeleine. Dans chaque messe, le bon Pasteur appelle ses brebis par leur nom ; « il connaît les siens et les siens le connaissent ».

Card. Journet, L’apparition à Marie de Magdala

Pâques 1965. In Nova et Vetera, XL-2, pp 143-147.

A l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un tombeau neuf où personne encore n’avait été mis (Jean, 19, 41). C’est là que ses amis secrets, Joseph d’Arimathie et Nicodème, déposèrent Jésus.

C’était le vendredi, au soir. Puis vint le sabbat, le lourd, accablant, irrespirable silence du sabbat. Toute l’ardente attente des siècles bibliques, toute la sainte espérance du monde semblait s’être effondrée avec la mort de Jésus. Il s’était fait connaître comme le Messie, les gens de Samarie avaient acclamé en lui le Sauveur du monde. Il était venu pour triompher du Mal sous toutes ses formes. Il était plus fort que le péché, la maladie, la mort. Avant de ressusciter Lazare, il avait dit : Je suis la résurrection et la vie. Puis on l’avait cloué sur une croix et bafoué : « Il est Roi d’Israël ! Qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui » (Mt., 27, 42). Et il n’était pas descendu de la croix. Il avait même crié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt., 27, 46). Tout finissait dans le sang, et apparemment dans le désespoir.

Apparemment. Car, en fait, la rédemption du monde s’était accomplie au cœur même des ténèbres de ce Vendredi saint. « Ayez confiance, j’ai vaincu le monde », avait dit Jésus (Jean, 16, 33). Oui, mais qu’elle est mystérieuse, la victoire dont il parle ! Il faudra toute la foi des fidèles de tous les temps jusqu’à la fin du monde, pour en déchiffrer la signification ; et, pour manifester que cette foi des fidèles n’est pas folie, il faudra, au matin de Pâques, le miracle de la résurrection.

Marie de Magdala se tenait seule près du sépulcre. Elle était venue très tôt, alors qu’il faisait obscur, obscur en dehors, et plus encore dans son cœur. La pierre avait été ôtée. Elle avait pensé à une profanation. Les plus aimés des disciples, Pierre et Jean, avaient trouvé le tombeau vide, les bandelettes à terre, le linge qui couvrait la tête plié à part. Et soudain, ils avaient compris. Non, le tombeau n’avait pas été violé. Le Christ était parti. Il s’était levé de la mort, ressuscité. Mais qu’est-ce que cela pouvait signifier ?

Était-il transféré dans l’au-delà, ne le verrait-on plus jamais ? Ou bien était-il ressuscité comme Lazare, se cachant quelque part, dans un autre pays ? C’était le désarroi. Les deux disciples s’en retournèrent chez eux.

Mais Marie se tenait près du sépulcre, en dehors, pleurante. Elle n’a pas encore compris que Jésus est ressuscité. Elle pense toujours que ses ennemis l’ont arraché. Mais où aller le chercher ? Elle ne peut se détacher de ce lieu. Elle attend, sans savoir quoi, avec l’obstination de l’amour.

Et comme elle pleurait, elle se pencha vers le tombeau et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis là où reposait le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds. C’est sur la place qui est entre les deux anges, que tout de suite se porte son regard. Cette place est vide. Le Seigneur n’est plus là. Pourtant les anges ne sont pas inquiets. Ils ne s’agitent pas. Ils sont assis. Le temps de la tragédie est terminé. C’est déjà, dans ce tombeau, la paix suprême de l’éternité. L’un des anges est vers les pieds de Seigneur ; elle les avait naguère, chez Simon le Pharisien, arrosés de ses larmes, essuyés de ses cheveux, couverts de ses baisers, oints de parfum. La place de la Madeleine dans l’iconographie chrétienne restera pour toujours aux pieds de Jésus. A la tête, nimbée par les épines et les rayons de gloire qui lui traversent les mains, Fra Angelico, lui, mettra la Vierge Marie.

Les anges lui dirent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle ne s’émeut pas de leur présence. Bérulle a ici un grand mot : elle ne s’attarde pas aux anges, elle cherche le Roi des anges.

« Femme, pourquoi pleures-tu ? » Jésus va reprendre lui-même ces mots. Mais, il veut, pour que le choc ne soit pas trop violent, qu’ils lui soient d’abord portés par ses anges. Quand Dieu pense donner de très grandes grâces, ou de lumière ou de souffrance, - soit au genre humain soit à quelque âme particulière -, il les fait ordinairement pressentir obscurément, pour que nous ne soyons pas écrasés sous l’épreuve et que nous puissions la soutenir sans être brisés ni défaillir. « Femme, pourquoi pleures-tu ? » C’est un premier signal. Elle répond en disant sa douleur : Ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais où ils l’ont mis.

En disant cela elle se retourna. Elle venait de sentir tout à coup, derrière elle, une présence. Elle se retourna et elle vit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Elle avait les yeux pleins de larmes. Et puis, Jésus avait mis comme un voile entre elle et lui. Il pouvait tempérer le rayonnement et la puissance de sa présence, comme il le fera, le soir même de ce jour de Pâques, avec les disciples d’Emmaüs.

Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? C’est bien Jésus qui parle, mais d’une voix neutre, distante, étrangère. Il reprend la question des anges ; et il ajoute : « Qui cherches-tu ? » Ah ! il sait bien qui elle cherche, mais il veut le lui faire dire, le lui faire crier, parce qu’en le criant elle attisera davantage la flamme de son désir. C’est aussi comme cela que Jésus nous traite. Il veut que nous lui criions, à certains moments, que nous l’aimons. Il nous met peut-être lui-même dans la sécheresse, l’impuissance, la ténèbre, pour que les grandes demandes du Pater que nous répétons quotidiennement se changent parfois dans nos cœurs en appels de détresse.

Et elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et j’irai le prendre. Quelle parole ! C’est pure folie. Elle ne mesure même pas l’impossibilité de ce qu’elle dit. Mais qu’importe ! Jésus a obtenu maintenant ce qu’il voulait, qu’elle crie son amour.

Jésus lui dit, mais avec sa voix à lui, cette voix avec laquelle il lui avait dit une première et inoubliable fois : « Tes péchés sont pardonnés ». Cette voix de Jésus, on aimerait tant l’avoir entendue, au moins une fois ; la couleur de ses yeux, l’avoir vue, au moins une fois.

Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu Rabbouni ! c’est-à-dire Maître ! Jésus lui dit : Ne me touche pas, « Noli me tangere ».

Elle a fait un mouvement. Était-ce pour se précipiter vers lui ? A l’Arena de Padoue, on voit la Madeleine à genoux qui tend les mains avidement vers le Sauveur. Mais lui l’évite et la tient à distance. Il est penché pour s’éloigner. Sa main est sur la même verticale que les deux mains de Madeleine, c’est le seul lien qui les unit. Voilà le Noli me tangere de Giotto.

Il y a celui de Fra Angelico au couvent de Saint-Marc à Florence. Dans le petit jardin de Pâques le Christ est en blanc, la Madeleine, à genoux, en rose. Elle ne le regarde pas. Ses deux mains sont tendues, mais on voit bien qu’elle n’essaiera même pas de le prendre. A quoi bon ? Elle l’a dans le cœur. C’est une contemplative, elle n’a pas besoin d’aller quérir son Dieu au dehors. Elle ne tend les mains que pour livrer le don de son amour. Le tombeau est ouvert derrière elle ; c’est elle qui en semble sortie pour entrer dans l’éternité,

Il y a la peinture de la Sainte-Baume, où, devant la majesté impériale et rayonnante d’un grand Christ byzantin, la Madeleine lève les mains pour se protéger et détourne son visage.

Et il y a le texte de Pascal. Il pense à l’apôtre Thomas et il écrit : « Il me semble que Jésus-Christ ne laisse toucher que ses plaies après sa résurrection. Noli me tangere. Il ne faut nous unir qu’à ses souffrances. » Il se peut qu’en ce matin de Pâques, Madeleine se soit jetée aux pieds de Jésus en gloire, pour les baiser, une dernière fois, mais à l’endroit des stigmates.

Voilà ce que peut deviner la contemplation des peintres et des penseurs. En fait, que s’est-il passé ? Une rencontre inexprimable, qui ne nous livrera son secret que dans l’éternité.

Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Il n’est pas encore monté vers le Père. Il ne faut pas le toucher. Sinon par ses plaies. C’est bien lui, le Christ ressuscité, le Seigneur de la gloire, qui maintenant descend à nous, mais toujours à travers sa croix. Il n’y a d’autre moyen de le toucher que sous les apparences disjointes du pain et du vin où il ne veut nous arriver que dans les rayons de sa Croix sanglante. Oh ! nous aurions un autre désir, dont parle saint Paul dans la seconde épître aux Corinthiens, 5, 1-4, ne pas mourir, éluder la croix du Christ, toucher sans délai la gloire du Christ, afin, dit l’apôtre, que ce qui est mortel en nous soit englouti par la vie.

« Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père », cela veut dire : Dans l’autre vie, dans l’au-delà de la mort, alors oui, je vous toucherai par ma gloire, et il n’y aura plus ni deuil ni cri ni douleur, et je ferai toutes choses nouvelles, et le toucher de ma gloire transfigurera non seulement vos âmes, mais encore vos corps ressuscités, et l’univers tout entier, qui sera le lieu d’habitation des corps ressuscités, et qui lui aussi aura part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8, 21).

Mais va trouver les frères et dis leur : - Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu. Un texte porte : va trouver mes frères. Quel mot de tendresse ! Saint Paul le reprendra : « L’Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers, héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ. » Mais Jésus peut-il nous appeler frères ? Oui, si nous avons avec lui Dieu pour Père. Tout de suite, pourtant, se creuse la différence. Jésus est Fils unique du Père, par voie de génération éternelle, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, engendré et non créé, consubstantiel au Père. Nous sommes enfants de Dieu, de la Trinité tout entière, par voie d’abord de création, puis d’adoption. Entre la paternité de la génération éternelle et la paternité de la libre création et adoption, la dénivellation est infinie. Elle est marquée par Jésus : Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu.

Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur et qu’il lui avait dit ces choses. Bérulle écrira : « Marie de Magdala, apôtre des apôtres ». Certes elle n’est pas chargée d’une mission hiérarchique comme les apôtres, qui s’en iront porter l’Évangile à toutes les nations. On est aux premières heures de l’Église ; tout se fait dans le silence. Dans la pénombre de la prédication évangélique où se forment les convictions les plus secrètes et les plus intimes, Marie de Magdala annonce aux apôtres que le Christ ressuscité n’abandonne pas son Église, au moment où, pour lui permettre de remonter dans sa gloire, elle se présente afin de le relayer ici-bas sous la croix et dans les épreuves.

[1] Ex. 3, 14.

[2] Ps. 1, 2.

[3] La première partie de cette Antienne se rapporte à la nature divine de Notre-Seigneur, la seconde à sa nature humaine. Le 1er Psaume nous rappelle que le Christ, l’Homme nouveau a suivi fidèlement la loi du Seigneur, transgressée par le premier homme et que le Seigneur l’a comblé de gloire en ce jour de la Résurrection. Le 2e Psaume nous montre le complot de la Synagogue contre Jésus : les Juifs ont pu immoler le Messie qui devait les sauver ; ils n’ont pu l’enchaîner dans le sépulcre. Le 3e Psaume est une prophétie de la Résurrection du Christ : il s’est endormi dans le tombeau, mais le Seigneur l’a réveillé, et il sera toujours vainqueur de ceux qui s’élèveront contre lui.

[4] Ps. 2, 8.

[5] Ps. 3, 6.

[6] Luc. 7, 37.

[7] Luc. 7, 47.

[8] Jn. 20, 13.

[9] Matth. 28, 7.

[10] Jn. 20, 11.

[11] Matth. 10, 22.

[12] Cf. Luc. 15, 24 ; Ps. 96, 10.

[13] Jn. 20, 11.

[14] St. Grégoire, homélie.

[15] Toutes les antiennes sont de Matth. 28, 2-5

[16] « Le jour de la résurrection du Seigneur est appelé le jour que le Seigneur a fait, soit parce que le Christ ressuscitant l’a éclairé comme soleil de justice, soit parce que Dieu se l’est consacré d’une manière particulière » (St Bellarmin), soit encore parce que le triomphe du Seigneur a marqué le début de l’ère chrétienne qui peut bien s’appeler le jour du salut.

[17] Jn. 20, 13.

[18] Apoc. I, 17.

[19] Rom. VI, 23.

[20] Gen. III, 19.

[21] Job. XIX, 25-27.

[22] I Petr. III, 22.

[23] Rom. IV, 19

[24] I Thess. IV, 12.

[25] I Cor. XV.

[26] Act. XVII, 32.

[27] In Lucam, C. XXIV.

[28] De Spiritu Sancto, C. XII.